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Selene raconte... - Page 203

  • [Livre] Petits paris entre ennemis

    Il n’y a pas d’âge pour être machiavélique

     Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

     

     

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    Résumé : Aristocrates dépravés, Agathe DuChatelet et Blaise de Brégny se préparent pour leur rentrée à l’université privée Saint-Marcus, mais avec d’autres préoccupations que leurs études. Agathe veut se venger de son ancien amant, qui compte se tourner vers la jeune Constance Chevalier. Son idée est de faire appel à Blaise pour dévergonder la jeune fille, mais celui-ci se lance un autre défi : séduire Éloïse Villiers, une roturière. Agathe ne peut ainsi compter que sur elle-même. Les paris sont lancés et le jeu pervers commence.

     

    Auteur : Camille C.

    Edition : Artalys

     

    Genre : Romance

     

    Date de parution : 19 janvier 2015

     

    Prix moyen : 1,99€

     

    Mon avis : Quand j’ai lu le résumé de « petits paris entre ennemis », je me suis dis : « hmmm un remake de « cruel intention » qui est lui-même un remake adolescent de « Valmont » et de « Les liaisons dangereuses » eux-mêmes adaptés à partir des liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos…et tout ça en 61 pages…
    Comme le disait l’éléphant dans le Tarzan de Disney : « Je nage dans un océan de perplexité ».

    Dès les premières pages, j’ai apprécié de retrouver le style épistolaire (bon ici, la correspondance se fait par mail, adolescence et modernité obligent…)
    L’histoire avance vite (ben oui 61 pages pour tout dire !) mais cela ne donne pas l’impression d’aller trop vite du fait des « coupures » qu’apportent les échanges de mails entre Agathe et Blaise.

    La fin est bien différente de celle de l’œuvre originale mais aussi bien moins dramatique. Elle m’a cependant beaucoup rappelé la fin de sexe intention 2 avec quelques modifications, mais infimes.
    Peut être est-ce une coïncidence. Il est vrai qu’on ne peut pas faire 36 000 fins différentes en se basant sur la même œuvre.
    C’était toutefois une nouvelle très agréable à lire, grâce certes à une écriture fluide et agréable mais surtout grâce à l’alternance entre le récit et les mails qu’échangent Agathe (l’avatar de Mme de Merteuil) et Blaise (celui du Vicomte de Valmont).

    La longueur était parfaite, je ne pense pas qu’il y avait matière à faire un roman de 300 pages sans tomber dans la répétition ou être à la limite du plagiat des œuvres cinématographiques citées plus haut.
    L’auteur a vraiment su trouver un équilibre entre ce qui a déjà été fait sur le sujet et sa touche personnelle.

    J’ai passé un bon moment.

    Un extrait : Où il est dit qu’il faut se méfier de la vengeance d’une femme

     

     

    Agathe DuChatelet à Blaise de Brégny

     

    27 août.

    Mon cher Blaise.

    Je suis en rage. Six ans de bons et loyaux services, six ans d’efforts, de nuits agitées. Je lui ai tout consacré et cet ingrat ose me dire qu’il ne pourra plus « me fréquenter de façon intime » ! Tu le crois ça ? Et pour qui ? Pour quoi ? Pour cette... cette chose stupide et prude qui sert de sœur à Daphné. Hugo veut Constance. Et il veut lui faire croire qu’il est devenu un saint par-dessus le marché ! Il veut être le premier à ravir cette chère petite de son univers de conte de fées et lui faire découvrir les délices du monde.

    Comme tu le sais, Daphné est mon amie, et elle se plaint si souvent de la naïveté de sa cadette que je ne pouvais que saisir l’occasion. Quelle serait la réaction de Hugo s’il apprenait qu’il fait tant d’efforts pour paraître irréprochable alors que sa proie qu’il croyait si pure et jamais foulée n’est en fait qu’une petite garce en puissance ?

    Et c’est là que tu entres en scène, mon Blaise ! Tss tss je te vois déjà fermer les paupières d’agacement. Détends-toi, je sais que tu aimes être libre de tes mouvements et ne servir aucun dessein sinon les tiens. Mais tu connais Constance, elle a tout le packaging de base que requièrent tes critères de beauté. Sans compter que d’après Daphné, les hormones commencent sévèrement à travailler sa sœur.

    Elle prend même des photos polaroid d’elle à moitié nue, obsédée qu’elle est par les changements physiques dont elle se préoccupe seulement maintenant. J’étais chez elles l’autre jour et j’en ai subtilisé une (je t’envoie ladite photo par courrier).

    Je ne t’impose donc rien mais je suis certaine que tu seras plus qu’heureux de m’aider à dévergonder cette petite sotte qui ne demande de toute manière que ça. La débaucher avant que Hugo n’y parvienne, n’est-ce pas là un challenge digne du grand de Brégny ?

    Bien, j’espère que tu auras le temps de répondre à mon e-mail avant la rentrée, je sais quel homme occupé tu es.

    À bientôt sur le campus.

    Amitiés platoniques.

    Agathe.

    PS : Tu es prié de ne pas salir la photo de la jeune Constance, je dois me débrouiller pour la remettre à sa place sans qu’elle ne s’aperçoive de sa disparition.

    PS 2 : Amitiés platoniques ? Tu y as vraiment cru ?

     

  • [Livre] Un cauchemar de voisine

    « Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés » Un adage que Colette ne semble pas connaître, au grand dam de son infortunée voisine, Christine.

    Je remercie les éditions « Mon petit éditeur » pour cette lecture

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    Résumé : Au début de l'histoire, c'était simplement V, comme Voisine. Au fil du temps, c'est devenu V, comme Visqueux, comme Venin, comme Vitriol... 
    Camille Malcotte-Gehenot a voulu narrer une histoire pénible et rocambolesque qui pourrait arriver à tout un chacun; on a vu pire. Afin de l'exorciser, elle a trempé sa plume dans un humour un peu caustique, qu'elle affectionne.

    Auteur : Camille Malcotte-Gehenot

    Edition : Mon petit éditeur

    Genre : Inclassable

    Date de parution : 06 octobre 2012

    Prix moyen : 14,25€

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce livre. Une écriture simple et directe. Une histoire tragi-comique très divertissante. On peut vraiment dire, dans ce cas là que le malheur des uns a fait, et fera le bonheur des autres (en l’occurrence des lecteurs).

    Concernant l’histoire en elle-même, cette voisine Colette est vraiment un cauchemar, le titre ne ment pas ! Elle fait partie de ces personnes que l’on adore détester.
    Mais, je n’ai pas trouvé la narratrice plus sympathique que son envahissante voisine. Dans un autre genre, c’est vrai, mais cela ne change rien.
    Je ne sais pas si cette histoire est une histoire vraie, car l’auteur emploie le mot « fiction » à un moment, et l’auteur et la narratrice n’ont pas le même prénom.

    J’ai trouvé la narratrice extrêmement snob et très similaire à celle qui l’agace : la voisine, Colette, met sans cesse en avant ses succès passés ou présents, qu’ils soient réels ou imaginaires. La narratrice elle, met sans arrêt en avant son instruction, qu’elle juge supérieure aux autres. Elle est pleine de préjugés et se montre très sévère dans ses jugements.
    Par exemple, elle parle de la pauvresse du vocabulaire de sa voisine et donne un peu plus loin comme exemple de cette pauvresse le fait que la voisine parle de « docteur » au lieu de « médecin »…
    Cela dit, on peut supposer que l’exaspération face à cette voisine très envahissante est en cause, plus que la personnalité de l’auteur, de ces réflexions.
    Cela dit je m’interroge sur un point : en prologue, l’auteur nous explique qu’elle est soulagée du déménagement de sa voisine qui était trop gentille et du coup envahissante. A présent, la voilà dotée d’une nouvelle voisine, qu’elle juge à nouveau envahissante. Ses rapports avec ses autres voisins semblent se cantonner à des bonjour-bonsoir… Ne serait-ce pas un peu de misanthropie ? Ce qu’elle appelle un envahissement n’est-il pas seulement une tentative d’avoir des rapports de bon voisinage ?

    Bon il est vrai que cette voisine là est un sacré « cas », mais lorsque cela se répète, soit on a vraiment pas de chance, soit il faut se remettre en question et se demander si on ne provoque pas, inconsciemment, l’attitude de l’autre.

    Pour moi ce livre a été un exemple typique du livre où aucun des protagonistes n’est sympathique, ils sont antipathiques à divers niveaux mais il est dur de plaindre la narratrice autant qu’il est dur de trouver des excuses à la voisine.

    En revanche, il y a bien un personnage sympathique dans ce bouquin, c’est le mari de la voisine, Jean. Le pauvre homme est un peu pris entre deux feux, entre son exaspérante épouse à qui il ne peut rien refuser, et sa personnalité : Il n’aime pas s’imposer et sa femme l’oblige à aller à l’encontre de ses principes.

    J’ai vraiment passé un bon moment à lire ce livre.

    Un extrait : À quarante-cinq ans, j’avais connu toutes sortes de voisins : des vieux mariés inséparables, des couples conflictuels, des gens sympathiques et discrets… et des envahisseurs. Pour ceux qui n’y auraient pas réfléchi, l’envahissement commence lorsque la sympathie déborde. Si l’envahissement persiste et s’amplifie, il s’apparente au harcèlement. J’en avais fait les frais !

    Au bout de trois ans, la locataire de la maison voisine venait de déménager, à mon vif soulagement. Non qu’elle fût méchante ; au contraire, elle était trop attentionnée.

    Normal ! Elle était libre comme l’air, alors que, moi, j’étais une fourmi diligente.

    Dépourvue de toute qualification, elle se laissait entretenir par son ouvrier de mari. Ils avaient une fille qui promettait de ressembler à sa mère.

    Ma voisine, Rita, vivait dans un joyeux désordre. Elle pouvait laisser se dessécher une vaisselle de deux jours, pour courir moissonner avec des copains.

    Une heureuse fille, quoi ! une bonne vivante.

    D’ailleurs, certains jours, il m’arrivait de l’envier. Elle débarquait chez moi à tout moment pour me raconter ses expéditions insouciantes, sans un regard pour la pile de dossiers qui m’attendaient sur la table. C’était Rita la meunière, un moulin à paroles. Au bout d’un long moment, la raison l’emportait sur ma stupide patience et je la priais, avec mille précautions, de me laisser travailler.

    Pas rancunière pour un sou, elle revenait le lendemain. Je suis pour la paix ; c’était sans issue.

    Vous l’aurez compris, j’avais donné. C’est à peu près à ce moment-là que je rencontrai mon compagnon, toujours d’actualité aujourd’hui.

    Depuis quelques années, j’avais perdu mon époux, après vingt ans de mariage.

    Il faut que je vous parle des deux maisons, théâtres des évènements. Toutes deux assez semblables, séparées par une ruelle, elles tournaient le dos à la rue, contrairement à toutes les autres.

    Elles avaient choisi de regarder vers le sud, pour capter le plus possible de lumière. Il est utile de le savoir, car cette posture particulière, en les isolant des autres maisons, les rapprochait, hélas !

    D’où cette connivence, souvent importune.

    Au départ de Rita, la maison fut vendue, afin d’être relouée. Quand je l’appris, j’avertis mon compagnon : « Encore de nouveaux voisins ! J’avoue que ça me fait peur. En tout cas, plus d’invasion ! Chacun chez soi. Bonjour, bonsoir, rien de plus. »

    Aurélien était de mon avis. Nous garderions les distances. Enfin, nous aurions la paix !

    Un après-midi, je vis arriver une voiture à côté de chez nous. À l’intérieur, se trouvait un couple qui attendait visiblement quelqu’un ou quelque chose.

    Cette attente dura environ un quart d’heure. L’homme sortit du véhicule et vint frapper à notre porte. La femme resta assise, l’air hautain, offusqué. « Bonjour, dit ce monsieur, aimablement, avec un fort accent de Liège. Excusez-moi, mais pourrais-je utiliser votre téléphone ? La propriétaire de la maison voisine nous avait fixé rendez-vous ; elle a presque une demi-heure de retard. C’est très joli, chez vous », ajouta-t-il, en promenant ses regards à travers la pièce.

    Je ne sais pourquoi, mais cette phrase et ce regard m’inquiétèrent. Je m’étais juré de ne plus fréquenter les voisins à venir et en voilà un, présumé, qui téléphonait chez moi !

    Bien sûr, on ne peut laisser quelqu’un dans l’embarras ; les portables n’avaient pas encore cours et c’était là un service normal.

    Après une brève conversation téléphonique, il se présenta : « Jean Durieux. »

    Il m’avisa que la propriétaire était en route et s’intéressa à nous.

    Sans raison valable, mon inquiétude s’accrut et me défendit d’inviter ces personnes à attendre chez nous.

    Bref, la tractation eut lieu et bientôt, un camion déchargea tout un mobilier ; nous avions d’autres voisins.

     

  • [Livre] Un matin différent

    Parfois la vie joue de drôles de tours. Des tours pas très sympathiques !

     Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

     

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    Résumé : Tout sépare la Balinaise Iluh Semarang de l’Australien William Fitzgerald. Elle est née dans la campagne indonésienne et a grandi dans la spiritualité ; il collectionne des bimbos conquises d’avance pour se livrer à la débauche. Mais ils travaillent au quatre-vingt-seizième étage de la tour nord du World Trade Center et se rencontrent.

    Touché par la grâce de la jeune femme, William parvient à gagner le cœur d’Iluh et obtient un rendez-vous dans un restaurant. C’est alors le matin du 11 septembre 2001. Minute par minute, la catastrophe approche. Il va leur rester très peu de temps pour vivre leur amour.

    À huit heures quarante-six, William revient vers Iluh après avoir rapidement parcouru la cinquantaine de mètres qui sépare son bureau de celui de son amie. La webmaster est installée au centre de la façade nord de la tour. Ils regardent tous les deux les vitres qui dominent la ville. Vingt-six secondes plus tard, l’impensable survient. Une ombre gigantesque obstrue le ciel…

    Auteur : Oksana et Gil Prou

    Edition : Artalys

    Genre : Drame

    Date de parution : 23 mars 2015

    Prix moyen : 14,90 €

    Mon avis : Ce livre est écrit dans un style qui plaira sans aucun doute à certaines personnes : Un mélange d’histoire d’amour, de drame et d’essai philosophique. Malheureusement ce n’est pas mon cas.
    Dès les premières pages du livre, je remarque que les auteurs répètent à plusieurs reprises les informations qui leur semblent importantes mais après avoir lu la moitié du roman, je pense qu’il n’était plus nécessaire de les rappeler (la date, la nationalité de la jeune femme, l’étage où ils se sont rencontrés et où ils travaillent).

    J’ai aussi été déroutée par les changements systématiques et intempestifs de temps : présent, passé simple, imparfait… J’ai trouvé la concordance des temps un peu hasardeuse et cela m’a gênée dans ma lecture, du moins au début.

    Ensuite, mais là c’est vraiment un détail, je trouve assez peu agréable de lire les dates en toutes lettres : deux mille un ; mille neuf cent quatre vingt dix huit…
    J’ai eu la sensation, avec les passages de réflexions existentielles, d’être coupée dans mon élan de lecture. Ce n’était pas forcément des passages inutiles ou inintéressants mais je les ai trouvés mal placés, le changement était trop brutal entre l’histoire et ces passages.

    Au fil de ma lecture, je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire à cause d’un style lourd et qui manque de fluidité. La rédaction est ampoulée et verbeuse, il est assez difficile de suivre le fil du récit.

    Ce n’est que dans le dernier paragraphe du chapitre 13 que l’histoire s’anime un peu (et pour cause…)
    Je n’ai pas compris le chapitre 14. Plutôt que de décrire la réactions des différents personnages secondaires lorsqu’ils entendent le bruit provoqué par l’avion, il ne s’arrête que sur l’ami de William, dont on a certes entendu parler mais que l’on a pas suivi un instant de tout le livre, et sur la colocataire d’Iluh, que l’on a à peine « croisée » mais dont il semble soudain important à l’auteur de nous raconter le passé. Je me suis dit, sur le moment, que ce chapitre avait sans doute sa raison d’être et que je la comprendrais dans les derniers chapitres.

    Et puis c’est fou tout ce qu’ont le temps de penser les personnages entre le moment où ils voient arriver l’avion qui se trouve à 22 mètres et avance (ce n’est pas moi qui le dis, c’est les auteurs qui le précisent) à une vitesse de 219 mètres/secondes.

    Alors il est clair que c’est voulu par les auteurs et cela montre bien le temps qui se fige pour ces personnes qui voient la mort arriver, mais je n’ai pas accroché. Il est vrai que c’est bien écrit et que le stress monte à chaque fois que l’on voit la mention de la distance qui reste à parcourir à l’avion avant l’impact (ça doit être pour ça que ça ne m’a pas plu, trop stressant, je suis une petite nature).

    Quant à la fin, elle est abrupte. Sans doute était-ce voulu par les auteurs, mais je me demande pourquoi avoir consacré un chapitre aux deux personnages secondaires si ce n’était pas pour faire un épilogue sur eux, sur leur ressenti après le drame ?

    C’est dommage ne n’avoir pas su mieux exploiter une idée qui était prometteuse. Le résumé donnait vraiment envie de lire le livre et la déception a été dure.

    En revanche, un des points forts du livre, à mon sens, c’est le vocabulaire recherché et varié que les auteurs emploient. J’ai été surprise de découvrir qu’on ne disait pas les infractuosités, comme je le croyais, mais les anfractuosités ! Comme quoi, on en apprend tous les jours sur notre langue ! 

     

    Un extrait : Planté devant la boutique de la fleuriste située au coin de sa rue, William hésite un instant. Un instant seulement car le nom de cette boutique est suffisamment évocateur : « Fleurs de feu, arbres de soie ».

    Il entre et se plante aussitôt devant la vendeuse.

    La jeune femme brune le regarde avec une mine interrogative car l’Australien semble presque fébrile. Quelques gouttelettes de sueur commencent à perler sur son front et à la lisière de ses cheveux alors que la température extérieure n’est pas encore caniculaire. Loin de là.

    « Puis-je vous aider ?

    — Oui. »

    William ne prolongeant pas sa phrase, la vendeuse insiste :

    « Vous voulez un bouquet ? Une plante d’appartement ?

    — Je veux un beau bouquet. »

    Puis, après un instant de silence, il complète :

    « Pour une femme. »

    La jeune vendeuse sourit et se dirige vers plusieurs bouquets composés, soit de roses, soit de fleurs très panachées, mais dont l’apparente fragilité semble inquiéter le spécialiste des voyages de rêves dans des contrées lointaines.

    « J’aimerais un bouquet qui tienne assez longtemps car…

    — Car ?

    — Je souhaite l’offrir à une personne qui compte beaucoup pour moi. »

    Ravie par cette confidence dont le caractère légèrement romantique l’émeut sans doute à l’orée de cette belle matinée de septembre, la vendeuse se campe alors face à William et lui dit :

    « J’ai ce qu’il vous faut !

    — Ah ?

    — Des Broméliacées. »

    Travaillant depuis plusieurs années déjà avec des hôtels nichés dans des zones équatoriales ou tropicales au climat privilégié, William connaît parfaitement l’apparence et l’exubérance des Broméliacées dont l’espèce la plus connue, bien qu’elle ne soit presque jamais utilisée dans des bouquets bien sûr, est l’ananas que l’on peut consommer en tranches craquantes ou en jus.

    Mais il n’avait pas pensé à ça en un premier temps et cette suggestion le désarçonne un peu.

    Il reprend donc :

    « Vous pensez que des Bromélac…

    — Ce sera parfait ! » tranche la jeune vendeuse qui prend fait et cause pour un homme pensant à offrir des fleurs à la femme qu’il aime avant huit heures du matin.

    Elle se retourne vers l’arrière de la petite boutique nichée entre deux immeubles imposants et montre un présentoir avec trois bouquets magnifiquement colorés.

    « Regardez celui-ci !

    — Au centre ?

    — Oui. Au centre.

    — Il est superbe en effet. C’est quoi ?

    — Essentiellement des Tillandsias cyanea et un beau Guzmania. »

    William Fitzgerald regarde très attentivement les belles inflorescences roses en forme de raquettes allongées qui se poursuivent par une vingtaine de fleurs violettes sur chaque Tillandsia cyanea. Au centre, trône un Guzmania conifera dont le feuillage vert et rubané forme une rosette au milieu de laquelle se loge une hampe florale érigée. Composée de bractées imbriquées de couleur orange et jaune, l’inflorescence ovoïde semble quasiment sortie d’une bande dessinée tant sa géométrie est parfaite.

    L’Australien est très satisfait. C’est ce bouquet-là qu’il veut offrir à Iluh !

    Il est persuadé que ces fleurs feront vaciller le cœur d’Iluh. Lors de leur discussion d’hier, la jeune femme lui a précisé à quel point les Balinais sont fascinés par l’élégance naturelle de la nature. C’est pour cette raison que les offrandes qu’ils font chaque jour à leurs divinités propitiatoires sont principalement réalisées avec des palmes, des feuilles de Pandanus et des fleurs. Plein de fleurs.

    Des monceaux de fleurs !

    Lors de ses deux premiers voyages à Bali (Darwin est à moins de deux mille kilomètres de l’« Île des Dieux » et c’est une destination fétiche pour les Australiens…), William avait moins de vingt ans. Il privilégiait donc le surf, la bière et les jolies filles. Mais, depuis qu’il travaille pour Beyond the Paradise, il regarde désormais l’île avec un regard très différent et une certaine affection, il faut bien le reconnaître.

    Cette multiplicité d’offrandes confectionnées à la hâte, piétinées dans l’heure qui suit et immédiatement refaites, l’a convaincu que l’éphémère peut acquérir une puissance qui outrepasse, parfois, le pérenne.

    Cependant, il aimerait bien que ce bouquet remémore d’excellents souvenirs à son amie balinaise pendant plusieurs semaines.

    Il demande donc :

    « Ce bouquet durera combien de temps ?

    — Avec une vaporisation tous les trois ou quatre jours, il peut tenir ainsi pendant au moins trois mois.

    — Trois mois ! C’est parfait. Je le prends. »

    À l’instant précis où la jeune vendeuse brune se dirige vers le bouquet qu’il a choisi, William précise :

    « Pouvez-vous le faire parvenir à un endroit précis et à une heure précise ?

    — Bien sûr. Donnez-moi le nom du destinataire, l’adresse et l’heure, et nous nous occuperons de tout.

    — O.K.. Il faudra le remettre à mademoiselle Iluh Semarang aujourd’hui à dix-sept heures trente.

    — Quelle adresse ?

    — Tour nord du WTC, quatre-vingt-seizième étage, société : Tropical Foods Incorporated.

    — Ce sera fait.

    — Je vous règle tout de suite. »

  • [Livre] La boîte

    Une version moderne de la boîte de Pandore... On ne l'ouvre qu'à ses risques et périls

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Malt et Jen, deux jeunes désœuvrés, traînent leur ennui dans la ville d’Edens. Chaque jour, ils viennent sur le même banc. Et un jour, sous ce même banc, ils trouvent une boîte. Qui contient de l’argent et un numéro de téléphone. Le lendemain, une autre boîte. Qui contient encore plus d’argent. Et un message en prime : « Plus d’argent en échange d’un service ». En acceptant cette proposition, ils entrent dans le maillage d’une organisation tentaculaire qui ne les laissera plus s’échapper. S’engage alors une course-poursuite haletante, sur fond de trahison et de secrets révélés dont personne ne sortira indemne.

    Auteur : Anne-Gaëlle Balpe

    Edition : Sarbacane

    Genre : Young Adult

    Date de parution : 5 février 2015

    Prix moyen : 15,50€

    Mon avis : La première impression que j’ai eue a été que ce style d’écriture n’était pas du tout ce que j’aimais.
    Alors imaginez ma surprise quand, alors que j’avais lu, quoi, 10 pages ? J’ai réalisé que le style n’était toujours pas mon style, mais que je ne pouvais plus lâcher ce roman. Il FALLAIT que je sache la suite ! Alors croyez-moi, là je dis chapeau à l’auteur, parce que me rendre accro à un bouquin dont le style d’écriture ne correspond pas à ce que j’aime d’ordinaire, faut le faire ! Me faire lire le livre, oui, je peux passer au dessus de ce genre de choses pour lire et même apprécier un livre malgré ça, mais me rendre accro…

    Au début de ma lecture, et c’est le seul vrai bémol que j’ai trouvé à ce roman, j’ai un peu tiqué sur la facilité avec laquelle l’auteur use et abuse des grossièretés. Alors certes, c’est vrai, les ados parlent souvent comme ça. Mais comment leur faire cesser de dire « putain » à tout bout de champ si le terme est banalisé dans un livre qui leur est destiné ? Pour peu que vous leur ayez acheté vous-même le livre, ils s’en donneront à cœur joie. Les ados sont diaboliques !

    Mais bon, ceci, n’est qu’un détail (oui je suis pinailleuse, ça fait partie de mon charme).
    Ma première impression sur Malt, l’un des personnages principaux, est que bien qu’il soit de toute évidence en crise d’ado (ma ville est pourrie, c’est mieux ailleurs, personne comprend rien) il semble avoir la tête sur les épaules. Il ne fonce pas forcément les yeux fermés, sans réfléchir. Jen, sa copine a l’air au premier abord, plus spontanée voire plus irréfléchie, elle ne voit que ce que va lui rapporter le « service » qu’on leur demande, alors même qu’elle ne sait rien dudit service. Malt se pose plus de questions, même si elle semble le mener par le bout du nez.
    L’histoire se met tranquillement en place, sans se presser. C’est parfois un peu long (Une fois que Malt a dit qu’il sentait pas l’affaire, était-il vraiment obligé de le redire plusieurs fois ?). Mais dès la fin du chapitre 8, les choses « débutent ».

    J’étais environ à la moitié du livre quand j’ai compris quel était exactement la teneur du « service » et je me suis dis : « pfiou…le quatrième de couverture mentait pas…ils vont jamais pouvoir arrêter…un truc comme ça…une fois dedans, c’est mort, tu en sors pas » Et avant ça, je ne l’avais vraiment pas vu venir (ou alors c’est moi qui suis une tanche…c’est possible aussi).

    Ma première impression sur Jen, au milieu du roman, reste la même, une ravissante idiote qui n’a aucune conscience que la vie et les contes de fées ce n’est pas franchement compatible.

    Bien sur tout va très vite s’accélérer et là, je vais faire un truc que je n’ai encore jamais fait dans une chronique et je pense que vous allez me détester mais : Oh – Mon – Dieu ! La fin du chapitre 16 ! C’est…indescriptible ! Dire que je ne l’avais pas vu venir est un euphémisme ! Voilà ! C’est dit ! Allez y : détestez moi !

    Ah et je suis contente, j’avais deviné un élément depuis quasiment le début…bon peut être qu’un ado ne verrait pas venir le truc…mais à plus de trente ans…on nous la fait pas hein ?

    J’ai été impressionnée du changement qui s’opère en Malt au fur et à mesure que l’histoire avance.
    Chaque chapitre, ou presque, nous dévoile une révélation qui nous coupe le souffle ! C’est épuisant mais exaltant !

    L’épilogue est à la hauteur du reste du livre. Je n’ai pas étonnée par Jen, je ne peux pas en dire plus sans dévoiler des détails importants, mais si vous lisez le livre, vous comprendrez.
    J’ai trouvé qu’il manquait un petit quelque chose à la fin pour mon coté idéaliste mais cette fin là était probablement plus vraisemblable que celle que j’espérais.

    Enfin, il m’a fallu plus de la moitié du livre pour mettre le doigt sur ce qui me « gênait » dans le style. Le récit est à la première personne, ce qui ne me pose pas de problème, vu que beaucoup de livres, en particulier la bit lit et les dystopies choisissent ce modèle, mais, alors que dans les livres que je lis d’ordinaire, le récit emploie tout de même un langage écrit très correct, ici, il adopte la réelle manière de parler et penser des adolescents.

    Comme ce livre leur est destiné, cela leur permettra sans doute de mieux l’appréhender, de mieux comprendre l’histoire et la « morale » qu’elle essaie de faire passer à travers ce récit. Mais c’est ce style « parlé » qui m’a un peu dérangée au début de la lecture. Heureusement, l’histoire prend vite le dessus.

    C’était une belle lecture. La preuve : je l’ai dévoré en deux jours et n’ai mis tant de temps que parce qu’il a bien fallu que je dorme.

    Un extrait : On était déjà venus à Concorde, chacun avec nos parents, en tant que gosses plutôt «chanceux» d’Edens (les autres ne dépassaient pas les frontières de la ville). Mais bon, ç’avait vraiment été du trajet express, avec départ de nuit et retour le soir même, pour ne pas avoir à payer l’hôtel. Et puis, visite rapide des monuments de base – l’immeuble Millénium, le parc bleu, le pont de l’Appel – et shopping de touriste, du genre porte-clefs, cartes postales, casquettes… Cette fois, avec nos liasses en poche, on pouvait dire que c’était différent. La question de l’hôtel a été vite réglée. D’après le magazine people qu’achetait la mère de Jen, l’acteur Rode Martinez était fan des hôtels Gold Fox. Or, Jen était fan de Rode Martinez depuis qu’elle l’avait vu dans la série Get Lucky; donc, on irait au Gold Fox de Concorde. Il n’y avait rien à ajouter, c’était imparable. Et comme l’hôtel avait un parking, ça avait suffi à me faire taire. Moi, je me foutais de savoir dans quel lit de luxe on irait dormir, mais je tenais à rapporter la voiture de Karen intacte, pour éviter que Jonas ait des ennuis.

    Passés les bouchons du tunnel de l’Embarquement, on a émergé dans la capitale avec l’impression d’être les rois de la ville. Du rêve dans le pare-brise: on avait une caisse pourrie mais du fric plein les poches, et ça nous donnait tout le pouvoir du monde. Le soleil se reflétait sur les façades des buildings. Sortir d’un tunnel noir et déboucher dans une lumière éblouissante… finalement, c’était ce qu’on avait attendu toute notre vie. On a roulé lentement en remontant la rue du Commandeur. Au croisement de l’avenue Haute, Jen était carrément hystérique de bonheur. La foule sur les trottoirs, les bouches de métro, les taxis, les magasins, les affiches de film, les hôtels de luxe… on y était, cette fois! En plein dedans. Elle était à fond. Elle avait sorti sa tête pour mieux admirer les gratte-ciel et poussait des cris à chaque fois qu’on passait devant un endroit qu’elle avait vu à la télé. Et puis, à un moment, on a aperçu le corsaire William E. Freyen haut de sa colonne. Qui nous contemplait, tout juste descendu de son trois-mâts, une main sur la hanche, comme pour nous dire : « Ça fait un bail que je vous attends ! ». J’ai contourné le rond point et on s’est retrouvés devant une immense façade incurvée, surplombée de ses deux tours de verre, lisses comme la lame d’un couteau. – T’as qu’à t’arrêter là! m’a lâché Jen, presque blasée. Y a un type qui va s’occuper de la garer. Un voiturier, quoi. J’ai obtempéré, tout en me demandant d’où Jen tenait ce type d’informations. Le voiturier a effectivement déboulé, et m’a ouvert la portière en la touchant du bout des gants. On le sentait légèrement gêné, le mec… Sans doute qu’il avait l’habitude de manipuler un autre genre de carrosserie! Je lui ai filé la clef, on est entrés dans le hall – et en me retournant, j’ai vu que le gars ne s’était pas encore mis au volant. – T’as vu Jen, il croit qu’on s’est gourés et qu’on va reprendre la bagnole! – Ha ha, ouais! Quel con!

    On avait beau pouvoir se payer une ou deux nuits dans cet hôtel, je n’en menais pas large. Le tapis épais, le sol en marbre, la sculpture en cristal joliment placée dans un coin, le lustre étincelant, et les comptoirs de bois derrière lesquels se tenaient des employés tirés à quatre épingles… je me demandais à quel moment on allait gentiment nous ordonner de dégager. Jen s’est avancée vers les comptoirs tandis que je restais en retrait. J’avais l’impression qu’on nous matait comme des bêtes de foire. Ma princesse ne s’est pas laissé impressionner. Elle a dégainé son permis de conduire en demandant si on pouvait payer en cash, et ça a tout de suite détendu l’atmosphère. Une liasse plus tard, on l’avait, notre suite. La Suite Grand Premier Baie de Mowlong, plus exactement. Jen ne faisait pas les choses à moitié; si on voulait tenir plus de deux jours dans le coin, fallait espérer que nos mystérieux bienfaiteurs nous diraient vite quel «petit service» on devait rendre pour avoir le reste du pognon.

  • [Livre] La Reine Clandestine

    Le destin à la fois incroyable et douloureux d’une jeune veuve que rien ne destinait à devenir reine

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    Résumé : 1464, L'Angleterre se déchire. La maison d'York, avec à sa tête le roi Édouard IV, s'oppose à la maison de Lancastre, qui souhaite lui reprendre le trône. Le jeune roi fait alors la connaissance d'Élisabeth Woodville, veuve et mère de deux garçons. Séduit par son extrême beauté, il l'épouse en secret.
    Richard Neville, comte de Warwick, cousin et principal conseiller du roi, réprouve cette union qui contrecarre ses desseins politiques. Il voit de plus son influence décroître au profit des proches d'Élisabeth. Neville passe alors à l'ennemi et rejoint la maison de Lancastre.

    Auteur : Philippa Gregory

    Edition : L’archipel

    Genre : Historique

    Date de parution : 3 janvier 2013

    Prix moyen : 8,65 €

    Mon avis : Après deux sœurs pour un roi, qui relate la période « Anne Boleyn », puis l’héritage Boleyn, qui raconte l’histoire d’Angleterre entre la mort de celle-ci et la mort d’Henry VIII (récit à plusieurs voix), Philippa Gregory revient en arrière, bien avant la folie conjugale d’Henry VIII, avec la reine clandestine qui nous fait connaître la période entre la guerre de pouvoirs des York et des Lancastre et la montée sur le trône d’Henry Tudor, sous le titre d’Henry VII.
    Voilà un jeune roi qui épouse en secret la veuve d’un homme du « camp adverse ». Elle verra le pouvoir changer de main, l’Angleterre s’enflammer. Elle tremblera pour elle-même et ses enfants. Elle sera la mère des princes de la Tour de Londres, les deux petits princes mystérieusement disparus, supposés assassinés, mais dont l’histoire n’a jamais pu déterminer le sort ni les assassins si assassins il y a. Philippa nous livre d’ailleurs sa version personnelle de l’affaire, un point de vue intéressant et aussi crédible que tous ceux qui ont été avancés au cours des années. Elle sera aussi la mère d’Elizabeth York, fiancée à Richard III, puis épouse d’Henry Tudor. Celle qui sera la mère d’Henry VIII et qui donnera son prénom à la plus grande reine que l’Angleterre ait connu : Elizabeth Ière.
    Comme à son habitude, Philippa Gregory nous livre une version romancée mais très documentée de l’histoire d’Angleterre. C’est vraiment un plaisir de la lire et d’être transportée, pour quelques heures à cette époque très belle mais d’une cruauté sans nom.
    Les mauvais points du livre (il faut bien qu’il y en ait) sont l’insertion dans l’histoire d’une descendance de la mère de l’héroïne de la fée Mélusine. L’histoire est assez riche sans avoir besoin de rajouter de la sorcellerie, surtout que de la manière dont c’est raconté, on ne pense pas seulement qu’Elizabeth et sa mère y croient seulement, mais que c’est un fait avéré. J’aurais préféré qu’elle insiste sur le fait que ces femmes croient qu’elles sont des sorcières, plutôt que de laisser entendre qu’elles en étaient effectivement.
    Le second point « négatif, est qu’il y a parfois quelques longueurs au milieu du bouquin. Mais rien d’insurmontable.
    Cela reste quand même un livre qui fait partie de mes coups de cœur 2014 !

    Un extrait : Automne 1469
    Warwick revient à la cour dans la peau de l’ami fidèle et du mentor loyal. Nous devons donner l’image d’une famille que les désaccords poussent parfois à se quereller mais dont l’affection ne se dément jamais. Édouard joue son rôle avec succès. Pour ma part, j’accueille le comte avec froideur. Il m’est imposé de recevoir avec aménité cet homme qui assassina mon père ainsi que mon frère et emprisonna mon époux. Fort bien, je ne laisserai échapper aucune récrimination. Toutefois, Warwick n’ignore nullement qu’il s’est attiré une dangereuse ennemie pour le restant de ses jours.

    — Votre Majesté, me salue-t-il d’un ton suave à son arrivée, sûr de son impunité.

    Je suis prise d’un sentiment familier d’infériorité en sa présence. Ce grand homme avait pris en main l’avenir du royaume quand je devais encore obéissance à mon premier époux et respect à la mère de celui-ci. À ses yeux, ma place est à Grafton, à nourrir les poules.

    J’aspire à me montrer froide mais je crains d’apparaître boudeuse en prononçant contre mon gré :

    — Je vous souhaite la bienvenue à la cour.

    — Votre Altesse est trop bonne, sourit-il. Une souveraine née.

    Mon fils, Thomas Grey, laisse échapper une exclamation encolérée et quitte la pièce. Le sourire de Warwick s’élargit.

    — Ah, la jeunesse, s’exclame-t-il. Que voici un jeune homme plein de promesses.

    — Je me réjouis seulement qu’il ne se soit point trouvé en compagnie de son oncle et de son grand-père à Edgecote Moor, réponds-je, le cœur débordant de fiel.

    — Oh, moi de même !

     Peut-être fait-il naître en moi ce sentiment d’être stupide et impuissante, mais je dispose d’autres forces. Au fond de mon coffret à bijoux gît un médaillon d’argent noirci. Dans celui-ci se trouvent son nom, Richard Neville, et celui de Georges, duc de Clarence, que j’écrivis de mon sang sur un fragment déchiré de l’ultime lettre de mon père. Ma malédiction pèse sur mes ennemis. Ils n’échapperont pas à la mort.

     

     

  • Quelques trouvailles fort différentes

    D'abord, des petites trouvailles qui datent déjà un peu, mais que je n'avais pas eu le temps de mettre sur le blog.
    Ce sont les dernières Monster High qui sont entrées dans ma petite collection (Depuis j'ai décidé de faire un break rapport que j'ai plus de place et que la crise du logement, c'est pas un mythe!)
    Donc voilà ces demoiselles:

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    C'est la plus ancienne de ce groupe. Faut dire que Draculaura, toute seule en pyjama, ça faisait un peu godiche...Ben oui une soirée pyjama toute seule... euh...oui bon, ok, c'est vrai, j'en fais quasiment toutes les semaines, mais elles c'est différent, donc il fallait une copine de pyj à Laura D.!

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    Après, comme entre garous, on doit plus ou moins s'entendre, j'ai photographié ensemble Toralei Sripe, fille du chat-garou et Clawdeen Wolf, fille du loup-garou.

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    Alors là ce sont mes préférées, surtout celle de droite, Viperine Gorgon, la cousine de Deuce Gongon. Elle fait Hippie, j'adore! Je la zieutais depuis longtemps et puis, comme d'hab, j'ai fini par craquer. L'autre c'était un bonus, je l'ai trouvée très classe, mais je sais seulement qu'elle s'appelle Catrine DeMew, je ne me suis pas renseignée sur son "histoire".

     

    Enfin j'ai fais, aujourd'hui même, un craquage livresque, mais ce n'est pas ma faute, votre honneur! C'est que c'était (grandement) le moment de faire mon achat trimestriel à France Loisirs alors bon...quand il faut...il faut (mais quel sens du sacrifice, vous avez vu ça?).
    Donc bon, ok, il faut en acheter au moins un, mais un seul ça fait mesquin, non? Alors que 2, de suite, ça fait plus sérieux... voilà...non, même pas honte (ou juste un peu)

     

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     Allez promis, demain, une chronique!

  • [Film] Royal Affair

    Tout est permis à une Reine… excepté l’amour

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    Titre original : En Kongelig Affære

    Réalisé par : Nikolaj Arcel

    Date de sortie : 21 novembre 2012

    Genre : Drame historique

    Pays d’origine : Danemark

    Durée : 2h16

    Casting : Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgaard

    Résumé : Danemark 1770. La passion secrète que voue la reine Caroline Mathilde au médecin du roi, l’influent Struensee, va changer à jamais le destin de la nation toute entière. Royal Affair relate une page capitale de l’histoire danoise, oubliée des manuels français. La relation amoureuse et intellectuelle entre Caroline Mathilde et Struensee, fortement influencée par les philosophes des Lumières, Rousseau et Voltaire en tête, conduira au renversement de l’ordre social établi, et annoncera les révolutions qui embraseront l’Europe vingt ans plus tard.

    Les récompenses : Le film a été nommé 23 fois dans diverses catégories, en particulier celle de meilleur film étranger. Le réalisateur a remporté l’ours d’argent du meilleur scénario et Mikkel Boe Folsgaard celui de meilleur acteur lors des Berlinale 2012.

     

    Mon avis : J’ai eu du plaisir à revoir Mads Mikkelsen dans un rôle un peu moins machiavélique que celui qu’il a dans la série Hannibal. Les autres acteurs sont des découvertes. Mikkel Boe Folsgaard est très convaincant et Alicia Vikander n’est pas à première vue une grande beauté mais révèle un charme certain au fil du film.
    Le réalisateur, Nikolaj Arcel, est très connu au Danemark pour avoir scénarisé Millenium (l’original, pas le remake réalisé par David Fincher).
    Bien qu’il avoue lui-même avoir pris quelques libertés scénaristiques, Royal Affair est tiré de l’histoire vraie de la brève relation entre la Reine Caroline Mathilde du Danemark (sœur de George III d’Angleterre) et le médecin allemand de son époux
    Johann Friedrich Struensee.

    Franchement on peut comprendre cette jeune reine. Mariée à 15 ans. A peine arrivée, ses livres lui sont confisqués, car censurés dans ce pays. Très rapidement, elle peut constater que son époux, le roi Christian, est de toute évidence atteint d’une maladie mentale et la délaisse pour les bas fonds du Danemark quand il ne l’humilie pas en public.
    L’arrivée du médecin est une vraie bouffée d’air frais. Il tempère Christian, sait comment le prendre pour calmer son impulsivité et le pousse à se montrer plus respectueux envers son épouse.
    Malheureusement, les idées libérales de Struensee lui attirent les foudres des ministres du roi et de la reine mère qui décident de chercher un moyen de l’évincer. Et lorsqu’on observe attentivement, on finit par se rendre compte de certaines choses.
    Comme toute aventure extraconjugale royale, du moins lorsqu’elle a lieu du coté de la Reine, il n’y a pas de happy end. Mais même si on connaît la fin (pour ceux qui s’intéressent à l’histoire) ou qu’on peut aisément la deviner, on ne peut qu’être happé par cette histoire qui n’est au final, que la tentative d’une femme pour trouver le bonheur.


     

    J'ai mis la bande annonce en VO, parce que d'une part les bandes-annonces françaises ne sont pas géniales et la bande-annonce québécoise y est allée un peu fort sur le volume de la musique!

     

  • [Livre] Rescapée de la scientologie

    La scientologie: religion ou secte? Son fonctionnement reste très secret. Mais après des années passées en son sein, la propre nièce du dirigeant actuel témoigne. Un récit qui fait froid dans le dos. 

     

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    RésuméJenna Miscavige Hill, la nièce du chef actuel de la Scientologie, dévoile, pour la première fois, comment elle a grandi dans la Scientologie et comment elle a réussi à en sortir. Le récent divorce de Tom Cruise et de Katie Holmes a attiré l’attention sur les conditions de vie des enfants dans la Scientologie. Dans son livre, Jenna révèle comment elle a été séparée de ses parents, et comment elle a intégré la Sea organisation qui chapeaute l'ensemble de la Scientologie dans le monde entier. Fondée en 1952 par L. Ron Hubbard, la Scientologie suscite dans le monde entier de nombreuses interrogations et controverses. Dans ce livre évènement Jenna Miscavige Hill met en lumière les aspects les plus troubles de l’organisation : des pratiques de récolte d’argent au travail des enfants. Jusqu’à révéler comment la Scientologie recrute des stars pour assurer la promotion de l’organisation.


    Auteur
    Jenna Miscavige Hill


    Edition: Kero

    Genre: Témoignage

    Date de parution: 06 février 2013

    Prix moyen: 19,90€

    Mon avis: Ce livre est effrayant. Il montre bien que la scientologie n'est pas une religion mais une secte. Voilà une petite fille qui grandit dès l'age de deux ou trois ans sans jamais voir ses parents car pour l'église, passer du temps avec ses enfants est du temps "volé" à l'église. Une petite fille qui veut tellement être comme ses parents et avoir la possibilité de les voir plus souvent qu'à l'age de 7 ans, elle signe un contrat pour un milliard d'années. Au ranch, là ou on élève les enfants, elle a le poste d'infirmière: à 7 ans!! Vous imaginez le danger dans lequel cela met les enfants?
    Les enfants servent littéralement d'esclaves, eux, comme les jeunes adultes, subissent de vrais lavages de cerveaux quand ils ne sont pas carrément envoyés dans des "camps de redressement". C'est de la séquestration, pure et simple.

    Sur une durée de près de cinq ans, elle a du voir ses parents deux fois, tout ce qu'elle dit, pense, ressent est analysé, extirpé et retourné contre elle.
    Il faut dire que l'église pense, ou du moins utilise cette excuse, que les enfants ne sont que les nouvelles enveloppes d’âmes plus anciennes, donc déjà adultes.
    Le simple fait de parler quelques minutes avec un garçon peut être vu comme un comportement inadéquat. Et entraîne des sanctions.
    Jenna a pu s'enfuir, car c'est bien le terme "s'enfuir", on ne quitte pas seulement l'église, il faut leur échapper, échapper à leur pression, à leurs menaces, leurs intimidations... Jenna donc a pu s'enfuir parce qu'elle n'était pas seule. Mais combien d'autres jeunes filles et jeunes hommes sont piégés dans une vie qui est la seule qu'ils connaissent mais dont ils sentent bien qu'elle n'est pas "normale".
    Bien entendu, toutes ces brimades, les "stars", les Tom Cruise et autres célébrités qui prônent l'adhésion à cette église, ces stars n'en subissent pas le tiers. Sans doute l'argent qu'ils donnent à l'Eglise les dispensent-ils de subir les mauvais côtés de la doctrine inventés par L. Ron Hubbard qui, rappelons le, est avant tout un écrivain de science fiction doublé d'un grand manipulateur.

    Un extraitLe lendemain, nous devions nous trouver à la base à onze heures du matin et, dès que j’y mis le pied, je compris que la discipline était plus stricte que jamais. J’appris rapidement que l’emploi du temps avait changé. Il n’y avait plus de périodes consacrées aux exercices personnels ; les pauses déjeuner étaient réduites à quinze minutes ; le projet Nettoyage du Navire – le seul moment de la semaine où nous pouvions faire notre lessive et notre ménage – ne durait plus que deux heures ; les privilèges de « cantinage » avaient été supprimés : nous n’avions plus le droit d’acheter quoi que ce soit à la cafétéria, y compris de la nourriture. Depuis trois mois, la base entière était punie, rétrogradée à une condition basse.

    Cette fois-ci, ce n’était pas seulement moi qui avait un problème avec ces traitements : Dallas était également perturbé. Nous étions du même avis sur l’Église, bien plus qu’avant de partir en Australie. Au moment de subir notre débriefing standard d’après-mission, je fus un peu étonnée que Dallas avoue avoir regardé des films et diverses émissions ; cela tombait mal. J’avais décidé d’en dire le moins possible, en particulier sur les sujets dont l’Église n’aurait rien pu savoir, mais la soumission de Dallas rendait cette décision inutile. Pendant mon propre interrogatoire, on me demanda d’estimer quelle quantité d’argent j’avais gaspillée en étant improductive et en gaspillant nos fonds ; je l’estimai donc à trois mois de loyer, plus les tickets de bus et la nourriture. C’est ainsi que se passaient les confessions. Si j’avais émis l’opinion que c’était l’Église qui gaspillait son argent et que nous lui avions bel et bien rapporté 75 000 dollars, j’aurais encore eu des ennuis.

    La situation sur la base était déjà inquiétante, mais le 13 mars, anniversaire de L. Ron Hubbard, nous vîmes clairement l’ampleur des dégâts. Pour des événements de cette importance, nous devions vendre des éditions nouvelles ou révisées des livres ou des conférences de Hubbard, en baratinant les gens comme des camelots. Il nous fallait absolument atteindre notre objectif de ventes, ce qui était toujours impossible. Cette année-là, l’ensemble du personnel, soit cinq cents personnes, resta toute la nuit au Sanctuaire à appeler les gens pour qu’ils nous achètent nos livres. Si nous n’étions pas au téléphone, on nous disait de nous mettre au travail. Il n’y avait ni eau ni nourriture, et nous n’avions pas le droit d’aller en chercher. La sécurité surveillait la porte pour que personne ne sorte avant sept heures et demie du matin.

    Certaines personnes réussirent à sortir plus tôt, comme une femme de soixante-dix ans souffrant d’emphysème, qui partit à trois heures du matin. Cependant, ces gens étaient traités durement au rassemblement du lendemain. Ils étaient appelés à sortir du rang et réprimandés ; on leur disait qu’ils étaient méprisables et que leur comportement était répugnant. En guise de punition, ils devaient nettoyer une benne à ordures pendant une heure. La semaine suivante, on nous avertit que si l’un d’entre nous essayait de sortir des rails, le groupe tout entier se retrouverait puni, à nettoyer des bennes.

  • [Livre] Violentée de Cathy Glass

    Quand une petite fille a vécu l'horreur, la patience d'une mère d'accueil suffira-t-elle à la sauver?

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    RésuméQuand Cathy Glass, mère d’accueil, se voit confier Jodie, huit ans, elle ignore encore qu’elle va vivre le cas le plus terrible de sa carrière. Jodie, qui est extrêmement violente, a le niveau mental et moteur d’une enfant de quatre ans, et souffre de dédoublement de la personnalité... Quelles atrocités ses parents ont-ils bien pu lui faire subir pour la détruire à ce point ? Sa mère d’accueil va découvrir l’horreur absolue...


    Auteur
    : Cathy Glass

     

    Edition: France Loisirs

     

    Genre: Témoignage

     

    Date de parution: 2011

     

    Prix moyen: 7,65€

     

    Mon avis:C'est le deuxième livre de Cathy Glass que je lis. D’ailleurs, j'ai pris les choses à l'envers car ce livre ci a été écrit avant "Ne dis rien" que j'ai pourtant lu en premier (ce qui ne gêne absolument pas la lecture cela dit).
    Dans ce livre on sent bien que l'enfant a de gros problèmes et pendant toute la lecture, on se demande si Cathy va pouvoir l'aider.
    Avec la petite Jodie, à chaque fois que Cathy fait un pas en avant, elle en fait deux en arrière et trois sur le coté. 
    Quand la fillette commence à s'ouvrir, à demi-mots d'abord, puis plus franchement, on commence à reprendre espoir.
    Mais les révélations de la gamine se font par bribes, et vont crescendo...à chaque fois qu'elle s'ouvre, elle décrit un cran supplémentaire dans l'horreur.
    Les vingt ans d'expérience de Cathy semble la laisser désemparée face à cette petite boule de nerfs dont elle est la 5ème ou 6ème famille d'accueil en 4 mois. Après maintes demandes, questionnements, ruses parfois, Cathy finit par comprendre que la fillette a été virée de ses autres foyers parce que les parents nourriciers en avaient peur.
    8 ans, et qui effraie tout le monde. Le challenge est de taille.

    Comme pour "Ne dis rien" Cathy pointe les défaillances du système et celles du personnel. Aucune surcharge de travail, aucun manque de personnel, aucune fatigue, ne justifie l'indifférence coupable de l'assistante sociale censée suivre le cas de Jodie. Une assistante sociale qui ne répond pas même à ses obligations légales en venant voir comment se passe le placement.

    On espère de toutes nos forces un "happy end" pas un "et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" mais presque.
    Et puis pas de happy end. Parce qu'on est pas dans Cendrillon. Mais plutôt une fin douce-amère. Certes on a retiré cette petite fille au monde d'horreur dans lequel elle vivait. Mais va-t-elle pour autant être heureuse? Trouver le bonheur? Vivre? A vous de le découvrir...

     

    Un extraitIl nous fallut presque deux heures pour terminer les achats de la semaine, et lorsque nous arrivâmes enfin aux caisses, Jodie aperçut l’étalage de confiseries, tentation suprême au coin de l’allée. Je commençai à poser les marchandises sur le tapis roulant, et lui dis de choisir un paquet de bonbons en cadeau, parce qu’elle avait été très gentille et m’avait aidée.

    — Un seul, répétai-je tandis que les sachets de sucreries se mettaient à pleuvoir dans le caddie.

    Mais je voyais son désir de coopérer fondre comme neige.

    — Prends les bonbons au chocolat, tu les aimes bien.

    — Je les veux tous ! cria-t-elle.

    Puis elle s’assit par terre d’un air de défi. La femme derrière nous dans la file, manifestement peu impressionnée par mes qualités de pédagogue, me décocha un regard dédaigneux. Je finis de poser les marchandises sur le tapis, bonbons inclus, et replaçai les sachets sur le présentoir. J’observai Jodie du coin de l’œil. Sa colère montait alors qu’elle repliait les jambes, croisait les bras et prenait un air sarcastique. Elle donna un coup de pied dans le chariot, qui me heurta les côtes. Je serrai les dents, feignant de n’avoir rien senti. Je tirai le caddie entre les caisses, tout au bout, prêt à recevoir les sacs.

    — Tu vas m’aider à ranger les affaires ? demandai-je à Jodie, essayant de la distraire. Tu m’as beaucoup aidée dans les rayons et tu me serais bien utile à présent.

    Elle fuyait mon regard ; je commençais à m’interroger sur la manière de la déloger de l’allée, mais j’étais résolue : elle n’obtiendrait pas satisfaction par une scène en public.

    — Je veux pas ces bonbons ! hurla-t-elle soudain. Je les aime pas.

    Je fixai mes yeux sur elle.

    — Ne crie pas, s’il te plaît. Je t’ai dit que tu pouvais en choisir un, mais dépêche-toi. Nous allons partir.

    Les gens nous dévisageaient ouvertement, désormais. De mauvaise grâce, Jodie se hissa sur ses pieds, empoigna un énorme sachet de berlingots et le jeta à la caissière.

    — Jodie !

    Je me tournai vers la caissière, occupée à échanger des regards éloquents avec la femme derrière nous.

    — Je suis vraiment navrée.

    Je payai, renouvelai mes excuses, et nous sortîmes.

     

  • [Livre] Ne dis rien de Cathy Glass

    Comment aider un enfant que la peur a muselé?

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    Résumé : Cathy Glass, mère d’accueil, a l’habitude de recevoir chez elle des enfants au passé douloureux et compliqué. Et pourtant le sort de Reece, 7 ans, va la bouleverser. Placé depuis seulement quelques semaines, il enchaîne les familles d’accueil après n’avoir connu que violence et danger auprès de ses parents. Découvrant jour après jour les terribles secrets que cache ce petit garçon violent et perdu, Cathy va l’aider à se reconstruire.

    Auteur : Cathy Glass

    Edition : France Loisirs

    Genre : Témoignage

    Date de parution : 2012

    Prix moyen : 8€

    Mon avis :Cathy Glass n'est pas le vrai nom de l'auteur, qui, comme elle est famille d'accueil, doit tenir à garder son anonymat pour garantir celui des enfants qui lui sont confiés. D'autant plus que leurs histoires sont souvent très difficiles...
    Je n'ai pas encore lu d'autres livres de cet auteur, mais comme j'adore les livres de Torey Hayden, qui sont sur un sujet assez proche (enfants en difficulté), quand j'ai trouvé celui-ci je lui ai littéralement sauté dessus.


    C'était un livre rapide à lire avec une écriture fluide. L'auteur nous donne les informations dans l'ordre et au moment où elles lui ont été données et on vit en même temps qu'elle l’incompréhension face au comportement de ce petit garçon.
    J'ai bien aimé qu'elle arrive, au fil de son écriture, à ne pas laisser entrevoir ce qu'elle sait, mais qu'elle a appris plus loin par rapport au déroulement du récit. Elle nous emporte vraiment dans son monde, un monde dur, mais plein de tendresse. Elle arrive merveilleusement à concilier la fermeté nécessaire pour "recadrer" ces enfants qui se sont souvent élevés seuls et n'ont eu que des mauvais exemples et une grande tendresse pour les reconstruire et leur rendre l'estime de soi qu'on leur a arrachée.

    Contrairement aux témoignages "direct" d'enfants maltraités, abusés etc... ici l'enfant n'est plus dans un climat de violence puisqu'il est retiré à ses parents et placé par la justice chez Cathy.
    Dans ce livre, on ne voit donc pas de scènes de violence parentale mais on en a des souvenirs, parfois à demi-mots, Reece ne se confiant pas facilement. Cathy met aussi en avant certaines incohérences du système entre assistant social trop nonchalant, directeur d'école hostile, enfant incompris, impossibilité pour elle de prendre certaines choses en main puisqu'elle n'a aucune autorité parentale. Chaque acte du quotidien, comme l'inscription scolaire, prend deux fois plus de temps car il faut passer par le juge, les services d'éducation, passer chercher des papiers à l'école et les envoyer à l'assistant social qui doit les signer puis les lui renvoyer pour qu'elle les ramène à l'établissement...
    A coté de cela, cette mère célibataire ne doit pas négliger ses propres enfants, qui bien que grands adolescents et jeunes adultes vivent parfois assez mal certaines situations ou révélations.
    Ici Cathy doit en plus composer avec une maman très agressive et qui vit à moins d'un kilomètre de chez elle et un enfant qui ne montre pas le même visage à la maison et à l'école sans qu'elle ne puisse comprendre pourquoi.
    Et cette manière qu'a le petit Reece de répondre "j'sais pas" à chaque question qu'on lui pose sur sa famille lui laisse à penser qu'on lui a bien recommandé de se taire. Mais de taire quels secrets?
    Et ce que va finir par découvrir Cathy dépasse tout ce qu'elle aurait pu imaginer...

    Un extrait— Je ne suis pas content du tout, commença celui-ci. On m’oblige à prendre cet enfant dans mon école, or nous ne disposons pas des moyens adéquats. Ce qu’il lui faut, c’est un établissement spécialisé !

    Il avait tout de même pris la peine de se présenter avant de commencer à se plaindre : Tom Fitzgerald.

    — J’ai déjà dit au directeur des services de l’éducation que mon école ne convenait pas. Pour tout dire, j’ai perdu beaucoup de temps à rédiger un dossier dans ce sens, mais il a choisi de l’ignorer. D’après ce qu’on m’a dit, un juge a décidé que Reece devait être scolarisé sans délai, alors on ne me laisse pas le choix : je dois le prendre !

    — Vraiment ? m’étonnai-je.

    J’étais prise au dépourvu. La bonne surprise initiale que représentait le coup de téléphone d’un directeur d’école se transformait en choc. Nous attendions depuis si longtemps ce nouveau départ ! Et voilà que le directeur appelait pour dire qu’il était contraint d’accepter Reece mais ne voulait pas de lui. Je n’avais jamais rien vécu de tel. Tous les directeurs d’école à qui j’avais eu affaire jusqu’alors avaient toujours été très accueillants et s’étaient mis en quatre pour que l’intégration des enfants se déroule au mieux.