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[Livre] Un matin différent

Parfois la vie joue de drôles de tours. Des tours pas très sympathiques !

 Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

 

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Résumé : Tout sépare la Balinaise Iluh Semarang de l’Australien William Fitzgerald. Elle est née dans la campagne indonésienne et a grandi dans la spiritualité ; il collectionne des bimbos conquises d’avance pour se livrer à la débauche. Mais ils travaillent au quatre-vingt-seizième étage de la tour nord du World Trade Center et se rencontrent.

Touché par la grâce de la jeune femme, William parvient à gagner le cœur d’Iluh et obtient un rendez-vous dans un restaurant. C’est alors le matin du 11 septembre 2001. Minute par minute, la catastrophe approche. Il va leur rester très peu de temps pour vivre leur amour.

À huit heures quarante-six, William revient vers Iluh après avoir rapidement parcouru la cinquantaine de mètres qui sépare son bureau de celui de son amie. La webmaster est installée au centre de la façade nord de la tour. Ils regardent tous les deux les vitres qui dominent la ville. Vingt-six secondes plus tard, l’impensable survient. Une ombre gigantesque obstrue le ciel…

Auteur : Oksana et Gil Prou

Edition : Artalys

Genre : Drame

Date de parution : 23 mars 2015

Prix moyen : 14,90 €

Mon avis : Ce livre est écrit dans un style qui plaira sans aucun doute à certaines personnes : Un mélange d’histoire d’amour, de drame et d’essai philosophique. Malheureusement ce n’est pas mon cas.
Dès les premières pages du livre, je remarque que les auteurs répètent à plusieurs reprises les informations qui leur semblent importantes mais après avoir lu la moitié du roman, je pense qu’il n’était plus nécessaire de les rappeler (la date, la nationalité de la jeune femme, l’étage où ils se sont rencontrés et où ils travaillent).

J’ai aussi été déroutée par les changements systématiques et intempestifs de temps : présent, passé simple, imparfait… J’ai trouvé la concordance des temps un peu hasardeuse et cela m’a gênée dans ma lecture, du moins au début.

Ensuite, mais là c’est vraiment un détail, je trouve assez peu agréable de lire les dates en toutes lettres : deux mille un ; mille neuf cent quatre vingt dix huit…
J’ai eu la sensation, avec les passages de réflexions existentielles, d’être coupée dans mon élan de lecture. Ce n’était pas forcément des passages inutiles ou inintéressants mais je les ai trouvés mal placés, le changement était trop brutal entre l’histoire et ces passages.

Au fil de ma lecture, je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire à cause d’un style lourd et qui manque de fluidité. La rédaction est ampoulée et verbeuse, il est assez difficile de suivre le fil du récit.

Ce n’est que dans le dernier paragraphe du chapitre 13 que l’histoire s’anime un peu (et pour cause…)
Je n’ai pas compris le chapitre 14. Plutôt que de décrire la réactions des différents personnages secondaires lorsqu’ils entendent le bruit provoqué par l’avion, il ne s’arrête que sur l’ami de William, dont on a certes entendu parler mais que l’on a pas suivi un instant de tout le livre, et sur la colocataire d’Iluh, que l’on a à peine « croisée » mais dont il semble soudain important à l’auteur de nous raconter le passé. Je me suis dit, sur le moment, que ce chapitre avait sans doute sa raison d’être et que je la comprendrais dans les derniers chapitres.

Et puis c’est fou tout ce qu’ont le temps de penser les personnages entre le moment où ils voient arriver l’avion qui se trouve à 22 mètres et avance (ce n’est pas moi qui le dis, c’est les auteurs qui le précisent) à une vitesse de 219 mètres/secondes.

Alors il est clair que c’est voulu par les auteurs et cela montre bien le temps qui se fige pour ces personnes qui voient la mort arriver, mais je n’ai pas accroché. Il est vrai que c’est bien écrit et que le stress monte à chaque fois que l’on voit la mention de la distance qui reste à parcourir à l’avion avant l’impact (ça doit être pour ça que ça ne m’a pas plu, trop stressant, je suis une petite nature).

Quant à la fin, elle est abrupte. Sans doute était-ce voulu par les auteurs, mais je me demande pourquoi avoir consacré un chapitre aux deux personnages secondaires si ce n’était pas pour faire un épilogue sur eux, sur leur ressenti après le drame ?

C’est dommage ne n’avoir pas su mieux exploiter une idée qui était prometteuse. Le résumé donnait vraiment envie de lire le livre et la déception a été dure.

En revanche, un des points forts du livre, à mon sens, c’est le vocabulaire recherché et varié que les auteurs emploient. J’ai été surprise de découvrir qu’on ne disait pas les infractuosités, comme je le croyais, mais les anfractuosités ! Comme quoi, on en apprend tous les jours sur notre langue ! 

 

Un extrait : Planté devant la boutique de la fleuriste située au coin de sa rue, William hésite un instant. Un instant seulement car le nom de cette boutique est suffisamment évocateur : « Fleurs de feu, arbres de soie ».

Il entre et se plante aussitôt devant la vendeuse.

La jeune femme brune le regarde avec une mine interrogative car l’Australien semble presque fébrile. Quelques gouttelettes de sueur commencent à perler sur son front et à la lisière de ses cheveux alors que la température extérieure n’est pas encore caniculaire. Loin de là.

« Puis-je vous aider ?

— Oui. »

William ne prolongeant pas sa phrase, la vendeuse insiste :

« Vous voulez un bouquet ? Une plante d’appartement ?

— Je veux un beau bouquet. »

Puis, après un instant de silence, il complète :

« Pour une femme. »

La jeune vendeuse sourit et se dirige vers plusieurs bouquets composés, soit de roses, soit de fleurs très panachées, mais dont l’apparente fragilité semble inquiéter le spécialiste des voyages de rêves dans des contrées lointaines.

« J’aimerais un bouquet qui tienne assez longtemps car…

— Car ?

— Je souhaite l’offrir à une personne qui compte beaucoup pour moi. »

Ravie par cette confidence dont le caractère légèrement romantique l’émeut sans doute à l’orée de cette belle matinée de septembre, la vendeuse se campe alors face à William et lui dit :

« J’ai ce qu’il vous faut !

— Ah ?

— Des Broméliacées. »

Travaillant depuis plusieurs années déjà avec des hôtels nichés dans des zones équatoriales ou tropicales au climat privilégié, William connaît parfaitement l’apparence et l’exubérance des Broméliacées dont l’espèce la plus connue, bien qu’elle ne soit presque jamais utilisée dans des bouquets bien sûr, est l’ananas que l’on peut consommer en tranches craquantes ou en jus.

Mais il n’avait pas pensé à ça en un premier temps et cette suggestion le désarçonne un peu.

Il reprend donc :

« Vous pensez que des Bromélac…

— Ce sera parfait ! » tranche la jeune vendeuse qui prend fait et cause pour un homme pensant à offrir des fleurs à la femme qu’il aime avant huit heures du matin.

Elle se retourne vers l’arrière de la petite boutique nichée entre deux immeubles imposants et montre un présentoir avec trois bouquets magnifiquement colorés.

« Regardez celui-ci !

— Au centre ?

— Oui. Au centre.

— Il est superbe en effet. C’est quoi ?

— Essentiellement des Tillandsias cyanea et un beau Guzmania. »

William Fitzgerald regarde très attentivement les belles inflorescences roses en forme de raquettes allongées qui se poursuivent par une vingtaine de fleurs violettes sur chaque Tillandsia cyanea. Au centre, trône un Guzmania conifera dont le feuillage vert et rubané forme une rosette au milieu de laquelle se loge une hampe florale érigée. Composée de bractées imbriquées de couleur orange et jaune, l’inflorescence ovoïde semble quasiment sortie d’une bande dessinée tant sa géométrie est parfaite.

L’Australien est très satisfait. C’est ce bouquet-là qu’il veut offrir à Iluh !

Il est persuadé que ces fleurs feront vaciller le cœur d’Iluh. Lors de leur discussion d’hier, la jeune femme lui a précisé à quel point les Balinais sont fascinés par l’élégance naturelle de la nature. C’est pour cette raison que les offrandes qu’ils font chaque jour à leurs divinités propitiatoires sont principalement réalisées avec des palmes, des feuilles de Pandanus et des fleurs. Plein de fleurs.

Des monceaux de fleurs !

Lors de ses deux premiers voyages à Bali (Darwin est à moins de deux mille kilomètres de l’« Île des Dieux » et c’est une destination fétiche pour les Australiens…), William avait moins de vingt ans. Il privilégiait donc le surf, la bière et les jolies filles. Mais, depuis qu’il travaille pour Beyond the Paradise, il regarde désormais l’île avec un regard très différent et une certaine affection, il faut bien le reconnaître.

Cette multiplicité d’offrandes confectionnées à la hâte, piétinées dans l’heure qui suit et immédiatement refaites, l’a convaincu que l’éphémère peut acquérir une puissance qui outrepasse, parfois, le pérenne.

Cependant, il aimerait bien que ce bouquet remémore d’excellents souvenirs à son amie balinaise pendant plusieurs semaines.

Il demande donc :

« Ce bouquet durera combien de temps ?

— Avec une vaporisation tous les trois ou quatre jours, il peut tenir ainsi pendant au moins trois mois.

— Trois mois ! C’est parfait. Je le prends. »

À l’instant précis où la jeune vendeuse brune se dirige vers le bouquet qu’il a choisi, William précise :

« Pouvez-vous le faire parvenir à un endroit précis et à une heure précise ?

— Bien sûr. Donnez-moi le nom du destinataire, l’adresse et l’heure, et nous nous occuperons de tout.

— O.K.. Il faudra le remettre à mademoiselle Iluh Semarang aujourd’hui à dix-sept heures trente.

— Quelle adresse ?

— Tour nord du WTC, quatre-vingt-seizième étage, société : Tropical Foods Incorporated.

— Ce sera fait.

— Je vous règle tout de suite. »

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