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Romans contemporains

  • [Livre] Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna

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    Lecture terminée le : 04 juin 2021

     

    Résumé : Ranee migre avec sa famille du Bengale à New York pour une vie meilleure.
    Tara, sa première fille, est admirée par tous, mais se sent obligée de jouer un rôle pour continuer à être aimée.
    Sonia, sa cadette, rebelle et engagée, provoque un véritable séisme au sein de la famille lorsqu'elle tombe amoureuse.
    Chantal, la fille de Sonia, talentueuse danseuse et athlète, est prise dans une lutte entre ses deux grands-mères et ses origines.
    Anna, enfin, reproche à sa mère, Tara, de l'avoir forcée à quitter l'Inde pour les États-Unis et doit trouver sa place à New York.
    Le fragile équilibre que les femmes de la famille Das peinent à trouver est chaque jour menacé par des blessures qui mettront des générations à cicatriser.


    Auteur :
    Mitali Perkins

     

    Edition : Bayard

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 02 Juin 2021

     

    Prix moyen : 14,90€

     

    Mon avis : Décidément, en ce moment, l'Inde sauve mes moments de lecture. J'ai un peu de mal à lire en ce moment et les deux seuls livres dans lesquels j'ai réussi à me plonger sont des livres qui soit se passent en Inde (les veuves de Malabar Hill), soit parlent beaucoup de la culture indienne (Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna).

    J'ai beaucoup aimé cette histoire qui court sur trois générations. La taille du roman et le fait de suivre 3 périodes fait qu'il n'y a pas de place pour les longueurs.

    La plume est agréable à lire, et les thèmes abordés intéressants. On voit beaucoup de livres qui observe l'immigration et l'intégration vers l'extérieur : la difficulté de se faire accepter, de s'adapter a un nouveau pays, de devoir faire face aux réactions des personnes déjà installées qui ne voient pas toujours d'un bon œil l'arrivée de nouveaux arrivants.

    Ici on observe tout cela de l'intérieur. Le problème n'est pas tant les personnes de l'extérieur que celles de l'intérieur. Comment s'adapter à un autre monde quand votre entourage proche ne supporte pas de vous voir vous éloigner de votre culture?

    Tara et Sonia ont beau être nées en Inde, elles ont grandi en Angleterre et émigrent à présent aux États Unis.

    Leur mère, Ranee, semble très hostile a tout ce qui n'est pas bengali. Elle continue à s'habiller exclusivement en sari, parle Bengali. Ce qui m'a le plus choquée, surtout pour quelqu'un qui est elle-même confrontée au problème, c'est son racisme avec les noirs. Ca va jusqu'à avoir du mal à supporter que sa fille cadette ait la peau plus foncée que sa fille aînée et elle-même.

    Et pourtant, Ranee, assez détestable pendant une bonne partie du livre est celle qui va avoir la plus belle évolution.

    J'ai aimé la solidarité qui existe entre les deux sœurs, Tara et Sonia, pourtant si différentes.

    Chacune à sa manière veut son indépendance et se détacher de coutumes qui les étouffent. Même si Sonia se montre bien plus déterminée que Tara, cette dernière soutien toujours sa sœur.

    J'ai trouvé intéressant que la génération suivant soit confrontée au problème presque inverse avec une adolescente qui ne veut pas abandonner sa culture Bengali tandis que sa cousine ne connaît quasiment pas cette culture.

    La cause féministe bat également son plein et on constate quelques dérives, comme par exemple le refus d'accorder de l'intimité aux adolescentes dans leur vestiaire au prétexte que les femmes ne doivent pas avoir honte de leur corps. Les femmes se sont tant battues pour ne plus avoir a cacher leur corps qu'elles en viennent à confondre pudeur et honte.

    J'ai trouvé vraiment passionnant de suivre l'évolution de chacun des personnages, de voir comment, chacun à leur manière, elles ont dû concilier leur culture d'origine et leur vie dans leur pays d'adoption.

    J'ai dévoré ce roman quasiment d'une traite tant j'avais envie de savoir comment tout ça allait se terminer. Même si, étant une histoire familiale, leur vie se prolonge bien au-delà du mot fin.

     

    Un extrait : Ma ferme les yeux pendant que les hôtesses procèdent aux incontournables démonstrations d’avant le décollage. Son visage (le même que celui de Starry en plus vieux) a les traits tirés par la fatigue. Avec un peu de chance elle va s’endormir. Les préparatifs de ce déménagement à New York ont été épuisants, mais elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Où qu’elle soit, elle n’est jamais satisfaite. Baba lui reproche de nous avoir obligés à quitter l’Inde. On l’a rejoint au Ghana pour quelques mois, mais Ma a détesté ce pays. Après ça, nous sommes restées à Londres pendant que Baba effectuait des voyages professionnels de courte durée à Singapour, en Malaisie, au Cameroun et aux Philippines. Comme il n’avait pas de revenus stables et que les propriétaires n’aimaient pas louer leur appartement à des « bouffeurs de curry », on a dû déménager à trois reprises. Pour couronner le tout, nos demandes de nationalité britannique étaient sans cesse rejetées. Baba a continué ses allers et retours, et chaque fois qu’il revenait à Londres les disputes entre Ma et lui empiraient. Surtout quand Starry a commencé à attirer les hommes en plus des garçons.

    Pendant que mon père était en Malaisie, un voisin complètement soûl est venu tambouriner à notre porte en hurlant : « Épouse-moi, ma belle princesse indienne ! » Quand il a appris ça, Baba a voulu nous rapatrier fissa à Calcutta. J’étais furieuse. Calcutta ? Là où mes grands-mères ont pleuré à ma naissance parce que je n’étais pas un garçon ?

    – Tu ne vas quand même pas laisser un ivrogne bouleverser nos vies ! ai-je lancé à mon père.

    – Le monde est bien triste, Mishti, et j’en suis désolé, crois-moi. Mais il est de mon devoir de vous protéger de ce genre d’idiots, ta sœur et toi.

    Pour une fois, Ma s’est rangée de mon côté.

    – Pas question de retourner vivre chez ta mère, a-t-elle dit à Baba. Les critiques à tout bout de champ, aucune intimité, aucune liberté, non merci !

    En pleine nuit (leur moment préféré pour se disputer), je me suis redressée dans mon lit et ma sœur s’est bouché les oreilles en entendant ma mère hurler à Baba :

    – Tu n’as qu’à te trouver un boulot fixe ! Et débrouille-toi pour que ce soit à New York !

    C’est ce qu’il a fait.

     

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  • [Livre] La vie est un cirque

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    Lecture terminée le : 02 mai 2021

     

    Résumé : Lise, trentenaire célibataire, travaille pour un fonds d'investissement et rêve de devenir l'associée de son patron froid et cynique. Sa vie va pourtant basculer le jour où un clown la demande à l'accueil.
    Un oncle dont elle ne connaissait pas l'existence, vient de mourir et lui lègue son cirque à Oslo. Une opportunité en or se dessine pour Lise qui voit dans la revente de ce patrimoine la possibilité de devenir la numéro deux de sa boîte. À la lecture du testament, elle fait la connaissance des neuf circassiens, loin d'être enthousiasmés par cette nouvelle.
    À la surprise de tous, il y a cependant une condition, et de taille, à l'héritage : Lise doit effectuer cinq représentations à la tête du cirque, costume pailleté, haut de forme et éléphante inclus...


    Auteur : Magne Hovden

     

    Edition : Seuil

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 20 Mai 2021

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : J'ai attendu plusieurs jours, après ma lecture, pour écrire ma chronique.

    Au moment de la lecture, j'ai pu constater que les pages se tournent rapidement, que l'histoire se déroule sans aucun accroc.

    Mais pour analyser ce que j'ai pu ressentir à la lecture, il me fallait un recul de quelques jours. Pendant ces quelques jours, j'ai regardé des avis qui avait déjà été postés, et une chose m'a sauté aux yeux : tout le monde s'accorde à dire que Lise, la protagoniste principale, est très antipathique, et ont tous pris fait et cause pour les artistes du cirque. Et moi, je n'ai pas eu le sentiment totalement inverse, mais presque.

    Le personnage que j'ai le plus détesté dans ce livre, c'est Filip, le clown qui ne fait rire que lui.

    J'ai trouvé j'ai trouvé son attitude non seulement absolument odieuse, mais à la limite de la légalité. Dès le départ, avant même de la connaître, il manque une immense hostilité à Lise pour le seul fait qu'elle ne s'effondre pas en apprenant la mort d'un oncle dont elle n'avait jamais entendu parler.

    Il se montre choqué qu'elle hésite à se rendre à l'enterrement car elle a des rendez-vous professionnels, mais pour elle c'est comme si elle avait ouvert la rubrique nécrologique, pointé du doigt un nom au hasard, et décidé de mettre sa vie professionnelle en danger pour aller assister à l'enterrement de cette personne à l'autre bout du pays.

    Parce qu'il ne faut pas déconner, les liens du sang ça ne veut absolument rien dire quand il n'y a pas d'attachement et d'histoire commune qui va avec.

    Ensuite, il me paraît plus vexé qu'autre chose de ne pas être le seul à être sur le testament de l'oncle en question : Hilmar.

    Il prétend avoir à cœur de préserver ce qu'a construit cet homme auquel il se dit profondément attaché, mais n'hésite pas une seconde à aller contre ces dernières volontés, et même à ridiculiser le cirque en demandant à ses camarades de saboter leur numéro. En ce qui me concerne, et vu ses diverses réactions, je pense que tout ce qui l'intéresse et d'être le propriétaire du cirque. Il montre un mépris total envers les spectateurs à qui il propose un spectacle au rabais, voire pas de spectacle du tout puisqu'il est prêt à refuser de se produire pour mettre Lise en difficulté.

    Même si la jeune femme à des intentions négatives envers le cirque, elle n'en pointe pas moins une réalité : le temps des cirques arrive à son terme, les enfants ne sont plus autant émerveillés qu'avant devant un clown ou une trapéziste, et la conscience des gens leur font de plus en plus refuser de voir des animaux vivre dans les conditions que leur impose le côté itinérant du métier.

    Alors oui, Lise fait un métier qui ne la rend pas particulièrement sympathique et dont on peut douter de l'utilité. Pour autant il y a des raisons à son apparent manque de cœur.

    Dès le départ il m'est apparu évident que la jeune femme s'était blindée au point de ne plus rien ressentir.

    Mais quels que soient les défauts de Lise (la seule, par ailleurs, à avoir une évolution dans le récit), cela ne dédouane pas Filip d'avoir intrigué pour obtenir la propriété du cirque. Cela revient quasiment à tuer quelqu'un pour en hériter. Ce n'est ni honnête, ni honorable, contrairement à ce que le roman laisse entendre.

    En dehors de cette manière de présenter les personnages qui m'a un peu hérissé le poil, l'histoire se lit bien, mais rien ne laisse entendre, à part le nom des villes, que l'on se trouve en Norvège. Après, même si j'aurais aimé un peu plus de dépaysement, je comprends bien que le livre a été à l'origine écrit pour les norvégiens, et qu'il n'était donc pas nécessaire pour l'auteur de faire de grande descriptions

    J'ai particulièrement aimé le retournement de situation à la quasi fin du roman, car je ne m'attendais pas à ce genre de manœuvre si près de la conclusion.

    Pour autant, s'il se lit facilement, ni les personnages, ni le fond de l'histoire, ne me feront le garder en mémoire.

    C'était une bonne lecture, sans plus. Du genre qu'on lit dans le train ou dans l'avion pour passer le temps, mais sans savoir vraiment peur d'être dérangé.

     

    Un extrait : _ Oui, bien sûr. Ce n'était pas seulement un directeur de cirque apprécié, c'était aussi un sadique notoire.

    _ Il voulait que tu trouves le bonheur. Le vrai.

    _Alors il n'avait pas à s'inquiéter. J'ai réussi à le trouver toute seule, comme une grande. À Oslo. Mon compte en banque est d'ailleurs plutôt bien rempli de bonheur. Bientôt presque suffisamment rempli.

    _ On peut mettre ce mot sur beaucoup de choses. Mais très rares sont celles qui le méritent.

     

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  • [Livre] Un petit carnet rouge

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    Lecture terminée le : 01 août 2020

     

    Résumé : Doris, âgée de 96 ans, habite seule dans un petit appartement de Stockholm. Ses journées sont rythmées par le défilé régulier d'auxiliaires de vie et par les appels de sa petite-nièce Jenny, sa seule famille et source de joie, qui vit aux Etats-Unis. Son bien le plus précieux est un carnet d'adresses, qu'elle possède depuis 1928. Ce petit objet rouge contient le souvenir des gens qu'elle a rencontrés tout au long de son existence.
    Au terme de sa vie, Doris décide de coucher sur le papier l'histoire de ces personnes dont elle a rayé les noms à mesure qu'elles ont disparu de ce monde. De la riche et excentrique Suédoise dont elle a été la domestique aux plus grands couturiers français qui l'ont vue porter leurs créations, de la veuve qui lui a appris l'anglais sur le bateau l'emmenant à New York à l'aube de la guerre à l'amour de sa vie rencontré à Paris, de l'artiste suédois truculent avec qui elle a correspondu pendant des années au pêcheur solitaire qui lui a sauvé la vie, l'existence de Doris est une épopée romantique, émouvante et parfois tragique.


    Auteur : Sofia Lundberg

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 30 Octobre 2019

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Âmes sensibles s’abstenir ! J’ai pleuré comme une madeleine pendant plus de la moitié du livre.

    J’ai eu un coup de cœur pour Doris dès les premières lignes. La brusquerie de son aide à domicile m’a donné envie de hurler. Ce n’est pas de la méchanceté ou de la maltraitance, juste l’oubli que l’on a affaire à un être humain et non à une marionnette.

    Doris a 96 ans et, n’ayant plus d’autres familles que sa petite nièce, Jenny, qui vit aux Etas-Unis, elle a décidé de rédiger ses mémoires. Pour ce faire, elle s’appuie sur un petit carnet rouge dans lequel elle a noté le nom et les coordonnées des gens qu’elle rencontrait avant de les rayer à leur décès.

    Et en près d’un siècle d’existence, Doris a vécu une vie riche en événements et changements en tout genre.

    A chaque nom inscrit dans ce carnet, et surtout à chaque nom rayé, correspond un pan de son histoire.

    Depuis son enfance où, après la mort de son père, sa mère l’a placée comme domestique chez une riche bourgeoise excentrique, par manque d’argent mais que la petite Doris a vécu comme un vrai rejet, jusqu’à son retour en suède, bien des années plus tard, Doris a vécu 1000 vies : de petite domestique, elle va devenir mannequin, ce qui s’apparente à de l’esclavage, elle va rencontrer un jeune homme qui va être son grand amour (mais que, personnellement, je n’ai pas vraiment apprécié, du moins pendant une partie du livre). Toujours, quel que soit la distance, elle restera proche d’un artiste désargenté, homosexuel et un brin maniaco-dépressif.

    Elle vit sa jeunesse durant la seconde guerre mondiale, s’exile aux USA pour fuir la guerre avant de décider de revenir en Europe.

    Certaines morts sont prévisibles, ne serait-ce qu’à cause de l’âge des protagonistes, mais d’autres m’ont prise totalement par surprise.

    La plupart m’ont fait fondre en larme, très peu m’ont laissée indifférente.

    L’autre personnage clé du roman est Jenny, la petite nièce de Doris. Elle souffre d’être aussi loin de sa grand-tante qui, en dehors de son mari et ses enfants, est sa seule famille.

    J’ai beaucoup aimé Jenny. Elle a la détermination et la bonté de sa tante.

    J’ai eu un peu de mal avec son mari qui pense beaucoup à son petit confort et trouve anormal de devoir assumer les tâches habituellement gérées par sa femme et qu’il trouve insurmontables (mais pas quand c’est elle qui s’en occupe). Mais Jenny a du répondant et n’est pas du genre à se laisser faire.

    Il y a tellement d’émotions dans ce roman que je ne suis pas prête d’oublier Doris et sa longue vie extraordinaire

     

    Un extrait : Il doit bientôt être l’heure de manger, songe-t-elle en passant la main sur son estomac. Elle ramasse la loupe d’une main tremblante pour lire l’heure sur sa fine montre en or. Les chiffres sont trop petits quand même, et elle doit renoncer. Elle joint les mains sur ses genoux et ferme les yeux en attendant le bruit familier de la porte d’entrée.

    « Eh bien, Doris, on s’est endormie ? »

    Une voix exagérément forte la tire du sommeil. Elle sent une main sur son épaule. Mal réveillée, elle sourit vaguement et acquiesce en regardant la jeune auxiliaire de vie penchée au-dessus d’elle.

    « J’ai dû m’assoupir quelques instants. » Les mots restent coincés et elle doit s’éclaircir la voix.

    « Tenez, buvez un verre d’eau. » L’aide à domicile revient rapidement avec un verre et Doris boit docilement une gorgée.

    « Merci… Pardon, je ne me rappelle plus comment vous vous appelez. » C’est encore une nouvelle jeune fille. L’autre a démissionné pour reprendre ses études.

    « C’est moi, Doris ! Ulrika ! Alors, comment allons-nous aujourd’hui ? » demande-t-elle. Puis elle s’en va sans attendre la réponse.

    Qui ne vient jamais, de toute façon.

    Doris observe en silence les gestes précipités d’Ulrika dans la cuisine. Elle sort le poivre du placard et range la salière qui était sur la table. Elle laisse derrière elle une nappe pleine de plis.

    « Pas de sel. Je vous l’ai déjà dit », gronde Ulrika sévèrement, agitant sous son nez la boîte qui contient son repas. Doris hoche la tête et soupire en regardant Ulrika arracher le film plastique. Elle verse la sauce, les pommes de terre, le poisson et les petits pois, mélangés en une bouillie indéfinie, sur une assiette en céramique brune qu’elle enfourne dans le micro-ondes en tournant le bouton sur deux minutes. L’appareil démarre avec un bourdonnement. Une odeur de poisson se répand dans l’appartement. En attendant, Ulrika tripote ses affaires. Elle rassemble les journaux et le courrier en un seul tas et vide le lave-vaisselle

     

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  • [Livre] La vie qu’on m’a choisie

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    Lecture terminée le :  19 avril 2021

     

    Résumé : Un soir d'été de 1931, Lilly Blackwood remarque les lumières d'un cirque depuis la fenêtre de sa mansarde. La petite fille a interdiction d'explorer les alentours de Blackwood Manor... Elle n'est même jamais sortie de sa petite chambre. C'est pour sa sécurité, lui répète sa mère, car Lilly fait peur. Mais cette nuit-là, elle est emmenée en dehors de la propriété, pour la première fois. Et elle est vendue au cirque.
    Deux décennies plus tard, Julia Blackwood hérite du manoir de ses parents et de leur élevage de chevaux. Elle espère que revenir sur le lieu de son enfance pourra effacer de douloureux souvenirs. Mais elle va découvrir une mansarde jamais ouverte, et les photos d'un cirque mettant en avant une étonnante jeune femme...


    Auteur : Ellen Marie Wiseman

     

    Edition : Faubourg Marigny

     

    Genre : Roman contemporain, Drame

     

    Date de parution : 09 Mars 2021

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Cette lecture a beau avoir été un coup de cœur, je ne crois pas avoir déjà ressenti autant de colère en lisant un livre.

    De la première page à la dernière ligne, j'ai fulminé contre l'un des personnages.

    Ce n'est clairement pas le seul personnage qui a provoqué ma colère, il y en a eu un sacré nombre dans ce roman, mais j'ai trouvé que dans le contexte, le personnage de Mrs Blackwood était vraiment le pire.

    Et étonnamment, c'est également celui que l'on voit le moins.

    Mais son seul souvenir, sa simple évocation, a eu le don de me faire remonter dans les tours en un instant.

    Il faut dire que tout au long du roman, plus on en apprend sur elle, et plus elle apparaît comme méprisable.

    Le récit alterne entre l'histoire de Lilly qui commence en 1931, et celle de Julia qui est se déroule au milieu des années 50.

    La plupart du temps dans ce genre de roman, il y a toujours une période, un personnage, que je préfère nettement à l'autre. Et si je lis sans problème l'intégralité du roman, je suis toujours pressée de revenir aux chapitres concernant ma période ou mon personnage préféré.

    Ici, pas du tout. J'étais tout aussi fascinée par la vie de Lilly que par les découvertes de Julia.

    Lilly, tout d'abord, est une petite fille d'une dizaine d'années qui n'est jamais sortie de ce qui lui sert de chambre. Sa mère est une fanatique religieuse et son père, il fait en sorte de lui apporter un peu de confort et de distraction, me fait rien pour remédier à la situation. Tout ce que l'on dit à la fillette est qu'elle est un monstre et qu'elle doit rester cachée pour sa protection.

    Jusqu'au jour où, en l'absence du père, sa mère l'emmène jusqu'au cirque voisin où elle la vend purement et simplement comme monstre de foire. Il va nous falloir un certain temps avant de savoir ce qui, chez Lilly, la fait qualifier de monstre. Quand on apprend la vérité, je me suis dit qu'il ne fallait pas exagérer, et que je ne voyais pas bien en quoi la jeune fille pouvait être considéré comme un monstre de foire. Hélas, j'avais oublié qu'on était dans les années 30, et plusieurs scènes m'ont montré à quel point l'ignorance des gens, y compris du corps médical, concernant ce qui touche Lilly, la propulse au rang d'anomalie.

    Certes, la jeune fille elle n'est plus enfermée à double tour, mais est-ce que cela change vraiment quelque chose pour elle?

    25 ans plus tard, Julia est informée de la mort de sa mère, survenu un an plus tôt. Il faut dire, que la jeune fille avait fugué de chez elle pour s'éloigner d'un foyer froid régit par un nombres de règles insupportables édictées par une mère intransigeante et facilement cruelle.

    Dès les premières lignes dans cette seconde époque, on sait que la mère de Lilly et Julia et la même personne: Mrs Blackwood.

    Et on peut aussi voir que malgré le temps passé, l'attitude de cette femme et toujours aussi froide et cruelle. Au fur et à mesure que Julia nous livre ses souvenirs, on ne s'étonne plus qu'elle ait décidé de fuir avant même sa majorité.

    À présent propriétaire du domaine des Blackwood, Julia explore la maison et ses nombreuses portes fermées à clé jusqu'à finir pas trouver des éléments faisant mention d'une certaine Lilly.

    Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'au fur et à mesure de sa petite enquête, c'est tout son passé, tout ce qu'elle croyait savoir de son histoire familiale, qui s'effondre lamentablement.

    Que ce soit l'univers impitoyable du cirque des années 30, où le propriétaire ne possédait pas seulement le chapiteau et les animaux mais également les artistes, ou celui tout aussi difficile d'un élevage de chevaux de course, avec ses méthodes plus que discutable, on se trouve embarquée aussi bien dans l'histoire des deux héroïnes que dans celle de leur entourage.

    Lilly et Julia, chacune à son époque, veulent faire bouger les choses, la seconde avec bien plus de succès que la première.

    Dans les parties consacrées à Lilly, il y a des scènes d'une dureté quasi insoutenable. Des scènes qu'après avoir visualisées, j'ai eu beaucoup de mal à chasser de mon esprit.

    Le seul petit reproche que je pourrais faire aux livres, mais qui ne m'a pas trop gêné dans ma lecture, a été le fait que le propriétaire du du cirque s'appelait une fois mr Barlow et la fois d'après mr Marlow. La toute première fois j'ai pensé à une simple coquille, mais ce changement de la première lettre du nom intervient à de nombreuses reprises. Heureusement, il n'y a pas de personnage ayant un nom approchant, et du coup, qu'on l'appelle Barlow ou Marlow, j'ai toujours su facilement de qui il s'agissait.

    Mais en dehors de cela, qui était au final plus amusant qu'autre chose, ce livre était vraiment une histoire géniale, pleine de rebondissements qui pour la plupart me faisaient sortir de mes gongs.

    Comme je le disais au début de ma chronique, ce roman s'est hissé sans difficulté au rang de coup de cœur.

     

    Un extrait : C’était un cirque.

    Et elle parvenait à le voir depuis sa chambre.

    Normalement, tout ce qu’elle voyait par sa fenêtre, c’était des chevaux et des champs, et Papa et son employé qui réparaient les clôtures blanches ou la grange à chevaux. Parfois, Maman traversait la pelouse, avec ses longs cheveux blonds qui flottaient derrière elle comme un voile. D’autres fois, des camions venaient et l’employé de Papa faisait entrer ou sortir des chevaux des remorques ou déchargeait des sacs et des ballots de paille. Une fois, deux hommes en guenilles (Papa les appelait des clochards) s’étaient aventurés dans l’allée et l’employé de Papa était sorti de la grange avec un fusil de chasse. Quand Lilly avait de la chance, un cerf sortait des bois, ou des ratons laveurs filaient le long de la clôture en direction du silo à grains, ou un train passait sur les rails. Dans ces moments-là, si elle collait son oreille à la fenêtre, elle parvenait à distinguer le souffle du moteur ou le sifflement de la vapeur.

    Mais là… il y avait un cirque. Un vrai cirque ! Pour la première fois de sa vie, elle voyait quelque chose de différent, et pas juste dans un livre d’images. Ça la rendait heureuse et en même temps, elle était un peu en colère contre elle-même. Si elle n’avait pas passé l’après-midi à lire, elle aurait peut-être vu le train s’arrêter pour le déchargement. Elle aurait pu assister au montage des tentes et apercevoir les éléphants et les zèbres et les clowns. Désormais, il faisait trop sombre pour distinguer autre chose que des lumières.

    Elle posa son livre et compta les planches autour de la fenêtre. Parfois, compter l’aidait à se sentir mieux. Un, deux, trois, quatre, cinq. Pas cette fois. Elle n’arrêtait pas de penser à ce qu’elle avait raté. Elle pressa son oreille contre le carreau. Peut-être qu’elle pourrait entendre les cris du maître de piste ou la musique du cirque.

    Sur le rebord de la lucarne, Abby se réveilla et cligna des yeux. Lilly passa un bras autour de la chatte rousse tigrée et l’attira contre elle pour enfouir son nez dans sa fourrure. Abby était sa meilleure amie et le chat le plus intelligent au monde. Elle savait se tenir sur ses pattes arrière pour donner des baisers et tendre la patte pour dire bonjour. Elle sautait même sur le lit de Lilly sur demande, et en descendait quand Lilly lui en donnait l’ordre.

    — Je parie que Maman va aller au cirque, dit Lilly. Elle n’a pas à s’inquiéter que les gens aient peur d’elle.

     

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  • [Livre] La vie de A à Z

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    Lecture terminée le : 02 août 2020

     

    Résumé : Poppy et Rose étaient auparavant aussi proches que peuvent l'être deux soeurs, mais cela fait plus de dix ans qu'elles ne se parlent plus. Jusqu'au jour où elles apprennent que leur mère est morte - sans avoir jamais eu la chance de voir ses filles réunies. Mais Andrea n'était pas le genre de femme à laisser la mort se mettre en travers de ses plans. Connaissant ses filles mieux qu'elles ne se connaissent elles-mêmes, elle leur a légué un dernier cadeau d'un genre unique dans l'espoir de les réconcilier : La Vie de A à Z.


    Auteur : Debbie Johnson

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 13 Juin 2018

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Encore un roman qui m’aura fait pleurer comme une madeleine.
    La démarche d’Andréa peut paraître étrange mais, étant donné les raisons de la brouille entre ses filles, je la comprends.
    Le roman alterne entre les chapitres au présent, où l’on voit les deux sœurs suivre tant bien que mal les petits cailloux semés par leur mère, et des flash-back du passé qui nous dévoilent peu à peu les raisons de la brouille entre Rose et Poppy.
    Les messages laissés par Andréa, alors qu’elle lutte contre le cancer (et la douleur), sont bouleversants.
    Ce sont surtout eux qui m’ont fait monter les larmes aux yeux et donnés très envie d’appeler ma mère juste pour voir si elle allait bien (c’est pas comme si on s’appelait tous les jours… ah…si, en fait).
    Rose et Poppy sont très attachantes, chacune dans son genre. On ne peut pas trouver plus opposées que ces deux-là. Difficile d’imaginer qu’elles aient pu être si proches qu’on en aurait dit des siamoises.
    Si l’attitude passée de Rose peut être excusée par la situation dans laquelle elle se trouvait (situation dont la complexité est admirablement décrite, du point de vue de la victime), on se demande pourquoi elle s’obstine dans cette attitude. Une fois qu’elle avait ouvert les yeux sur la situation, je ne m’explique pas qu’elle n’ait pas demandé des explications à sa sœur. Surtout une fois sortie de cette situation.
    L’attitude de Poppy est plus logique. Elle s’est forgé une carapace pour se protéger.
    Au-delà de l’histoire de la brouille entre les deux sœurs, on a surtout ici une histoire de deuil.

    Le chemin suivi par les sœurs ne doit pas seulement leur permettre de se retrouver mais aussi de faire le deuil de leur mère.
    Si Rose et Poppy (et dans une moindre mesure, Andréa) sont les personnages principaux, il y a deux personnages secondaire qu’on ne peut pas ne pas nommer.
    Le premier est Joe, le fils de Rose. Il est très affecté par la mort de sa grand-mère mais très excité de rencontrer enfin sa fameuse tante Poppy. Il est très protecteur envers sa mère, qu’il supporte mal de voir se détruire à petit feu.
    L’autre personnage est Lewis. Avocat en semi-retraite, il est le meilleur ami d’Andréa. Il m’a beaucoup touché car il doit mettre son deuil de côté et étouffer sa peine pour s’assurer que les dernières volontés de son amie sont bien respectées.
    Même si j’ai beaucoup pleuré, j’ai trouvé que ce livre était un vrai roman feel-good et j’ai passé un très bon moment en compagnie de ces personnages tous plus attachants les uns que les autres.

     

    Un extrait : Il tend le bras pour prendre l’une de ses mains dans la sienne. Il a des mains énormes – il est bâti comme un grizzly –, et celles d’Andrea sont minuscules. Il la tient délicatement, observant sa peau parcheminée, craignant qu’elle parte en poussière et s’envole au plus léger contact. Il sent ses doigts s’enrouler autour des siens et se réjouit de se trouver là. Certes, elle n’a pas ses filles, mais elle n’est pas seule.

    — Tu crois que tout est réglé, Lewis ? murmure-t-elle, le tirant de ses réflexions dans un sursaut.

    Il avait supposé qu’elle était sur le point de piquer l’un de ces sommes intermittents.

    — Tu crois que j’en ai fait assez ? dit-elle, lui agrippant les doigts.

    Elle avait plus que jamais besoin d’être rassurée.

    — Chérie, tout est réglé. Je ne t’ai jamais vue déployer de tels talents d’organisation que ces dernières semaines. Ça suffira, je te le promets. Alors ne t’inquiète de rien, je sais quoi faire. Tout est prêt, et je jouerai mon rôle à la perfection.

    — Ah, ce sera une première, alors…, chuchote-t-elle d’un ton sarcastique.

    Toujours la critique. Juste parce qu’une fois – une seule fois – il a lâché ce foutu crâne pendant une représentation d’Hamlet.

    Elle peine à se redresser pour s’asseoir. Il l’aide à s’incliner en avant et arrange le lit de telle sorte qu’elle soit calée bien droit. Il lui lance un dernier coup d’œil ; les cheveux aussi impeccables que possible, le maquillage appliqué, les oreilles débarrassées de leurs effroyables pendants. Elle a insisté pour porter des « vêtements convenables », même si désormais son chemisier en soie crème flotte sur ses épaules, et s’est aspergée de Coco Chanel, comme si les filles allaient percevoir les odeurs sur la vidéo.

    — OK, dit-elle en prenant une grande inspiration. Je pense que je suis prête. Je vois pratiquement un homme avec une faux qui rôde dans le couloir près du distributeur automatique, mon ange, alors on ferait mieux de s’y mettre. The show must go on. Tout est prêt ?

    Il acquiesce et allume la caméra. La technologie n’a jamais été son fort, et il a dû apprendre vite. S’il en a marre de jouer au bon avocat de province, il pourra toujours se reconvertir en génie du numérique.

    — Test, test, uno-dos-tres…, dit Andrea.

    Elle a une voix haute et ferme ; plus forte qu’il ne l’a entendue depuis des jours. Quelle professionnelle. Il ajuste ses angles, sachant qu’elle insistera pour faire une nouvelle prise si le résultat n’est pas conforme à ses grandes exigences, et lève le pouce pour lui donner le départ. Elle tourne vers lui ses yeux splendides et sourit à l’objectif. C’est un gros plan parfait, et elle l’interprète exactement comme il faut.

    — Mes chéries. Rosehip, Popcorn, mes seuls véritables amours. Je ne veux pas verser dans le mélo hollywoodien, mais si vous regardez cette cassette, cela ne peut signifier qu’une chose : j’ai quitté mon enveloppe charnelle… et vous allez avoir besoin plus que jamais l’une de l’autre. Vous devez mettre de côté vos différends et veiller l’une sur l’autre, comme vous le faisiez avant

     

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  • [Livre] Ce sera moi

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    Lecture terminée le : 04 décembre 2020

     

    Résumé : Skye Shin a tout entendu. Les filles grosses ne devraient pas danser. Elles ne devraient pas porter des couleurs vives. Elles ne devraient pas attirer l’attention sur elles. Mais Skye rêve de rejoindre le monde pailleté de la K-Pop, et pour cela elle est prête à briser toutes les règles que la société, les médias et même sa propre mère ont établies pour les filles comme elle.
    Skye se présente à un concours télévisé, avec à la clé un poste d’apprentie star de la K-Pop. Elle est prête à tout pour gagner, prête à affronter la fatigue des répétitions, les difficultés de la compétition, les drames de la télé-réalité. Mais rien ne l’avait préparée à la grossophobie des membres du jury, aux haters sur les réseaux sociaux… et encore moins à un rapprochement avec un de ses concurrents, Henry Cho. Pour autant, Skye n’oublie pas son objectif : devenir la première star grande taille de la K-Pop au monde. Ce qui signifie remporter la compétition… sans se perdre elle-même.


    Auteur : Lyla Lee

     

    Edition : Hachette

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 26 Août 2020

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : J'avais beaucoup entendu parler de ce roman qui parle de différence, notamment de grossophobie.
    Si j'ai bien aimé ma lecture, j'ai quelques reproches à lui faire.
    D'abord, même si c'est un détail sur lequel on passe rapidement, la multiplication des "Grrr" dans les dialogues quand Skye est irritée est tout simplement de trop. Ça casse le dialogue tant ce n'est pas naturel.

    Le second point que je reproche au bouquin est un petit peu plus important car il a été source d'une réelle déception.

    On a un livre qui parle de différence. Et c'est vrai que sur le sujet de la grossophobie, l'histoire est bien tournée (on y reviendra dans les points positifs, car oui, ne vous en faites pas, il y en a). Mais il y a un point qui, à mon avis, est de trop: c'est la bisexualité de Skye. En effet, dès les premières pages, on voit venir gros comme un camion la romance entre Skye et Henry, La jeune star coréenne.
    Il est dit à plusieurs reprises que leurs parents respectifs sont traditionalistes.
    Et donc, ils finissent chacun avec une personne coréenne, du sexe opposé. Donc exactement ce qu'attendent d’eux leurs parents.
    En fait, on aurait dit que la bisexualité de Skye n'est mentionnée que pour dire : « Vous avez vu ? Diversité ! »
    Parmi les participants à la compétition, il y a une jeune fille noire. Là oui, si on avait eu une histoire entre Skye et elle, les mentions à la sexualité et au traditionalisme des parents auraient eu un intérêt. Car dans l'état actuel des choses, j'ai l'impression qu'on m'a fait : « Pssst ! Viens voir ! », avant de me claquer la porte au nez.
    Pour autant, on ne peut pas dire que ce roman n'est pas une bonne lecture.
    Skye est une adolescente bien dans sa peau qui ne voit pas pourquoi elle devrait faire des régimes alors qu'elle est active et que le médecin lui assure qu'elle est en bonne santé.
    Sa relation avec sa mère est très tendue. Cette dernière ne lui apporte aucun soutien, bien au contraire, elle passe son temps à rabaisser et dénigrer sa fille. Alors ok, il y a une part de différence de culture, mais, si le père de Skye est capable d'ouverture d'esprit, pourquoi pas sa mère ? J'ai eu du mal à lui trouver des excuses et à comprendre son comportement.
    J'ai bien aimé le fait que Skye sache tenir tête à ceux qui la critiquent et/ou la harcèlent, mais qu'elle ne soit pas un rock insensible.
    Une fille de 16 ans inébranlable quoi qu'il arrive, ça n'aurait pas été crédible. Mais Skye a des moments de doute et de fragilité qui équilibrent son personnage.

    Skye n'est pas le seul personnage à être attachante.

    Henry montre les revers de la célébrité et est loin d'être aussi superficiel qu'on peut l'imaginer après sa première apparition.

    J'ai également beaucoup aimé les copines de Skye, la manager et de garde du corps de Henry, ainsi que le couple de jeunes filles qui participnt aussi à la compétition.

    Tous les personnages ne sont pas bienveillants, loin de là, mais Skye, en plus de son caractère, est quand même bien entourée.

    Même si j'ai ressenti une pointe de déception devant le côté trop prévisible et conventionnel, ce roman était quand même une bonne lecture portée par une plume agréable, à défaut d'être exceptionnelle, et, même si je ne suis pas du tout une adepte de la K-pop, je ne me suis pas senti perdue.
    L’attitude de Skye face au harcèlement est vraiment un exemple à suivre et ce livre à mettre entre les mains de tous ceux qui vivent ce genre de situation pour leur mettre un peu de baume au cœur.

     

    Un extrait : Les grosses ne savent pas danser.

    C’est ce que ma mère m’a dit quand j’étais petite, après un de mes spectacles de danse classique. Je ne me sentais déjà pas à ma place. Nous n’étions que cinq, mais les autres avaient perdu leur graisse de bébé, elles étaient minces et gracieuses alors que j’étais ronde comme un chérubin et qu’on voyait mes bourrelets ballotter depuis les sièges du balcon.

    Une gamine ordinaire aurait sans doute pleuré. Ou se serait découragée. Ou aurait même arrêté le ballet. Mais ma réaction a été tout autre : j’ai tapé du pied avec toute la force de mes cinq ans et j’ai crié à ma mère :

    — AH OUI ? Tu te trompes ! Tu verras !

    J’ai continué la danse classique pendant plusieurs années. Puis, quand j’en ai eu marre des filles snobs aux airs de diva, je me suis mise au hip-hop et à la danse moderne.

    Cette anecdote est assez représentative de ma relation avec ma mère. C’est pour cette raison que j’ai préféré ne pas lui parler de You’re My Shining Star, le concours survival de K-pop organisé à Los Angeles. C’est pour ça que je sèche les cours aujourd’hui et que j’ai pris le train pour aller passer l’audition.

    Heureusement, mon père m’a accompagnée au casting la semaine dernière. Il a fait la queue avec moi et a signé tous les formulaires d’autorisation parentale, ce que ma mère n’aurait jamais fait.

     

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  • [Livre] La chambre des merveilles

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    Lecture terminée le : 03 octobre 2020

     

    Résumé : Louis a 12 ans. Ce matin, alors qu’il veut confier à sa mère, Thelma, qu’il est amoureux pour la première fois, il voit bien qu’elle pense à autre chose, à son travail sûrement. Alors il part, fâché et déçu, avec son skate, et traverse la rue à fond. Un camion le percute de plein fouet.

    Le pronostic est sombre. Dans quatre semaines, s’il n’y a pas d’amélioration, il faudra débrancher le respirateur de Louis. En rentrant de l’hôpital, désespérée, Thelma trouve un carnet sous le matelas de son fils. À l’intérieur, il a dressé la liste de toutes ses « merveilles », c’est-à-dire les expériences qu’il aimerait vivre au cours de sa vie.

    Thelma prend une décision : page après page, ces merveilles, elle va les accomplir à sa place. Si Louis entend ses aventures, il verra combien la vie est belle. Peut–être que ça l’aidera à revenir. Et si dans quatre semaines Louis doit mourir, à travers elle il aura vécu la vie dont il rêvait.

    Mais il n’est pas si facile de vivre les rêves d’un ado, quand on a presque quarante ans…


    Auteur : Julien Sandrel

     

    Edition : Calmann-Lévy

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 07 Mars 2018

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Quand on lit le quatrième de couverture, on se dit qu’on va lire un livre qui va nous tirer des larmes du début à la fin. Alors oui, certes, il y a beaucoup d’émotion et pour ceux et celles qui ont la larme facile, comme moi, autant vous dire qu’il vaut mieux garder la boite de mouchoirs à proximité.
    Mais il y a aussi beaucoup d’espoir dans ce livre et beaucoup d’humour, les tâches que Thelma décide d’accomplir n’étant pas facile pour une femme adulte (comme faire un stage de foot avec des enfants de 8-12 ans).
    J’ai beaucoup aimé le fait qu’on ait le point de vue de Louis, qui dans le coma, reste conscient de certaines choses et commente tout ce qu’il apprend des tribulations de sa mère.
    J’ai aussi beaucoup aimé la mère de Thelma, la grand-mère de Louis. Même si au départ, quand elle apprend l’accident de Louis, elle se montre très dure devant l’état catatonique de sa fille, ensuite, c’est un vrai pilier pour cette dernière.
    Thelma est le type même de la femme qui fait passer sa vie professionnelle avant tout, sans se rendre compte que les moments qu’elle rate auprès de son fils ne se rattraperont pas.
    Le drame qu’elle vit va la faire relativiser et prendre conscience que non seulement aucune carrière ne vaut de négliger sa famille, mais qu’en plus elle est vraiment très mal traitée dans son entreprise qui est pleine de mec haut placée qui pensent que les remarques sexistes et insultantes sont de l’ordre du normal.
    En suivant la liste de rêves de son fils, même si ce n’est pas toujours facile pour elle de s’y plier, elle apprend non seulement à mieux le connaitre mais à mieux se connaitre elle-même. Elle s’épanouit en se « lâchant » un peu.
    Autour de Thelma, de Louis et de la grand-mère, gravite plusieurs personnages qui illustrent parfaitement l’expression « le monde est petit » : Il y a Charlotte, une des infirmières qui s’occupe de Louis, le prof de foot de Louis ainsi que la petite Isa, qui semble avoir tapé dans l’œil du jeune garçon.
    A chaque étape du parcours de Thelma, on se demande ce que Louis a bien pu inventer pour la suite, et on sourit d’avance en imaginant la tête que fera Thelma en découvrant sa prochaine épreuve.
    La fin est une très jolie fin qui va au-dela de Louis et de son entourage et qui montre que des pires drames peut sortir quelque chose de positif.

     

    Un extrait : — Louis, c’est l’heure ! Allez, je ne le répète plus, s’il te plaît lève-toi et habille-toi, on va être à la bourre, il est déjà 9 h 20.

    C’est à peu près comme ça qu’a commencé ce qui allait devenir la pire journée de toute mon existence. Je ne le savais pas encore, mais il y aurait un avant et un après ce samedi 7 janvier 2017, 10 h 32. Pour toujours il y aurait cet avant, cette minute précédente que je désirerais figer pour l’éternité, ces sourires, ces bonheurs fugaces, ces photographies gravées à jamais dans les replis sombres de mon cerveau. Pour toujours il y aurait cet après, ces “ pourquoi ”, ces “ si seulement ”, ces larmes, ces cris, ce mascara hors de prix sur mes joues, ces sirènes hurlantes, ces regards remplis d’une compassion dégueulasse, ces soubresauts incontrôlables de mon abdomen refusant d’accepter. Tout ça, bien sûr, m’était alors inaccessible, un secret que seuls les dieux – s’il en existait, ce dont je doutais fort – pouvaient connaître. Que se disaient-elles alors, à 9 h 20, ces divinités ? Un de plus, un de moins, qu’est-ce que ça peut bien faire ? Tu es sûr de toi ? Pas forcément, mais pourquoi pas ? C’est vrai après tout pourquoi pas, ça ne changera pas la face du monde. J’étais loin de tout ça, loin des dieux, loin de mon cœur. J’étais juste moi, à cet instant précis si proche du point de basculement, de rupture, de non-retour. J’étais moi, et je pestais contre Louis qui décidément ne faisait aucun effort.

     

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  • [Livre] Cadavre exquis

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    Lecture terminée le : 15 novembre 2020

     

    Résumé : Un virus a fait disparaître la quasi-totalité des animaux de la surface de la Terre. Pour pallier la pénurie de viande, des scientifiques ont créé une nouvelle race, à partir de génomes humains, qui servira de bétail pour la consommation. Ce roman est l’histoire d’un homme qui travaille dans un abattoir et ressent un beau jour un trouble pour une femelle de « première génération » reçue en cadeau. Or, tout contact inapproprié avec ce qui est considéré comme un animal d’élevage est passible de la peine de mort. À l’insu de tous, il va peu à peu la traiter comme un être humain.


    Auteur : Agustina Bazterrica

     

    Edition : Flammarion

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 21 Août 2019

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Âme sensible s’abstenir : ce roman est dur. Il est composé de scènes très difficiles, voire insoutenables.
    Je suis loin, très loin d’être végétarienne et je n’ai aucune intention de le devenir, mais je vous garantis que j’ai été contente de ne pas avoir mangé avant de lire ce livre ! Car l’auteur ne nous épargne pas grand-chose (pour ne pas dire rien  du tout).
    Je peux vous dire que si ce livre était un film, ce serait un film d’horreur et j’aurais été totalement incapable de le regarder : Mais en livre, ça va, ça passe…
    Concernant le virus censé avoir décimé les animaux et qui, à terme, a conduit à ce cannibalisme institutionnalisé, je suis aussi sceptique que le personnage principal. Je trouve que ce virus mortel tombe drôlement bien étant donné les problèmes de surpopulation que rencontraient les différents gouvernements et que tous ceux qui ont osé parler de complot se sont vu rapidement réduire au silence !
    Marcos Tejo travaillait dans l’abattoir de son père et aujourd’hui ce même abattoir abat des humains (même si on n’a pas le droit de les appeler comme ça, c’est illégal). Son travail le déprime mais il en a besoin, c’est un travail qui paye bien et Marcos a besoin d’argent pour payer la maison de retraite dans laquelle il a placé son père. Il faut dire que la plupart des maisons de retraite sont plutôt douteuses et que trouver un établissement correct a un prix plus que certain. Marcos ne peut donc pas se permettre de faire la fine bouche (sans mauvais jeu de mot) d’autant plus que sa sœur ne donne pas un centime pour participer aux frais.
    J’ai vraiment eu du mal à supporter sa sœur. Elle est stupide, cupide et intéressée. Elle agit comme un mouton et ne pense qu’à ce que les gens peuvent penser d’elle. Elle se fiche totalement de leur père mais affiche l’air concerné d’une bonne fille pour se donner bonne conscience tout en utilisant le soi-disant manque d’argent ou l’existence d’un couvre-feu pour ne s’occuper de rien.
    Afin de le remercier pour ses services (ou en guise de pot-de-vin), un éleveur offre à Marcos une femelle « Première Génération Pure », c’est-à-dire une « bête » de qualité supérieure. Pourtant Marcos se révèle incapable de la vendre, la faire abattre ou quoi que ce soit d’autre. Pire, il commence à la traiter en être humain. Et ce n’est pas anodin car les personnes qui donnent un statut d’humain à ceux que le gouvernement considère comme des animaux d’élevage risquent eux-mêmes d’être condamnés à mort et « déclassés » avant d’être conduit dans un abattoir public.
    Tejo est un homme à la dérive. Dès les premières pages, on apprend que sa femme est partie vivre chez sa mère, bien qu’on mette assez longtemps à en comprendre la raison.
    Le livre offre un contraste frappant entre les descriptions dans les abattoirs qui sont froides et presque cliniques et les états d’âmes de Tejo de ses visites à un ancien zoo à son comportement envers la femelle qu’il a baptisé Jasmin.
    Pendant une grande partie du roman, on fait des suppositions sur comment cette histoires va finir, comment elle peut finir. A-t-elle seulement une chance de bien finir au vue de la situation du pays, voire de la situation mondiale ?
    J’avais fait de nombreuses suppositions mais je peux vous dire que la fin m’a prise totalement au dépourvue. Je n’ai vraiment rien vu venir et le moins qu’on puisse dire c’est que cette fin est surprenante ! Mais je n’en dévoilerais pas plus !

     

    Un extrait : Demi-carcasse. Étourdisseur. Ligne d’abattage. Tunnel de désinfection. Ces mots surgissent et cognent dans sa tête. Le détruisent. Mais ce ne sont pas seulement des mots. C’est le sang, l’odeur tenace, l’automatisation, le fait de ne plus penser. Ils s’introduisent durant la nuit, quand il ne s’y attend pas. Il se réveille le corps couvert de sueur car il sait que demain encore il devra abattre des humains.

    Personne ne les appelle comme ça, pense-t-il, en s’allumant une cigarette. Lui non plus il ne les appelle pas comme ça quand il explique le cycle de la viande à un nouvel employé. On pourrait l’arrêter à ce seul motif, et même l’envoyer aux Abattoirs Municipaux pour se faire transformer. « Assassiner » serait le mot exact, mais ce mot-là n’est pas autorisé. En ôtant son maillot trempé, il cherche à chasser cette idée persistante selon laquelle c’est pourtant bien ce qu’ils sont, des humains, élevés pour être des animaux comestibles. Il va au frigo et se sert de l’eau glacée. Il la boit lentement. Son cerveau le prévient que certains mots dissimulent le monde.

    Il y a des mots convenables, hygiéniques. Légaux.

    Il ouvre la fenêtre, la chaleur l’étouffe. Il fume en respirant l’air calme de la nuit. Avec les vaches et les porcs, c’était facile. Il a appris le métier au Cyprès, la société d’abattage de son père, son héritage. D’accord, le cri d’un porc qu’on met à terre, ce pouvait être épouvantable, mais en utilisant des protections auditives, cela devenait vite un bruit parmi d’autres. Maintenant qu’il est le bras droit du chef, il doit surveiller et former les nouveaux. Enseigner à tuer, c’est pire que de le faire soi-même. Il passe sa tête par la fenêtre. Respire l’air compact, brûlant.

    Il voudrait s’anesthésier, ne plus rien ressentir. Agir automatiquement, regarder, respirer, voilà tout. Voir, savoir et ne rien dire. Mais les souvenirs sont là, ils restent.

    La majorité des gens a intégré ce que les médias s’obstinent à appeler la « Transition ». Mais pas lui, parce qu’il sait que transition est un mot qui ne dit pas que le processus a été bref et sans pitié. C’est un mot qui résume et archive un événement incommensurable. Un mot vide. Changement, transformation, tournant : autant de synonymes qui ont l’air de signifier la même chose, et pourtant le choix d’employer l’un ou l’autre dit une manière singulière de voir le monde. Les gens ont intégré le cannibalisme, pense-t-il. Cannibalisme, encore un mot qui pourrait lui attirer de sérieux problèmes.

     

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  • [Livre] A première vue

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    Lecture terminée le : 08 janvier 2021

     

    Résumé : Merit Voss sait qu’elle est une fille un peu bizarre. Elle collectionne, par exemple, les trophées qu’elle n’a pas gagné. C’est en voulant en acquérir dans une brocante qu’elle fait la connaissance d’un séduisant jeune homme, Sagan. Il lui plaît immédiatement mais elle va vite réaliser que la situation risque d’être un peu plus compliquée qu’elle ne le pensait et que l’alchimie qu’elle a cru percevoir entre eux, a peu de chances de se développer.
    Rien n’est jamais simple dans la famille Voss. Ses parents sont séparés officiellement mais vivent encore sous le même toit, celui d’une ancienne église désaffectée. Son père a épousé l’infirmière de son ex-épouse, qui l’a assistée lorsqu’elle a eu un cancer. Ses frères et sœurs ont des traits de caractère qu’elle n’apprécie pas et qui le rendent aussi étranges que leurs parents. Merit ne supporte plus cette famille dont elle juge sévèrement chaque membre.
    Mais, le pire est peut-être à venir quand elle découvre que les apparences sont peut-être trompeuses. Quand la vérité se dévoile, lorsque des secrets bien gardés commencent à émerger, Merit est confrontée à une tâche difficile : remettre toutes ses certitudes en question.


    Auteur : Colleen Hoover

     

    Edition : Hugo & cie

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 10 Octobre 2019

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Définitivement, j'aime le nouveau style de l'auteur. Autant j'ai trouvé ses premiers romans plats, clichés et sans grand intérêt (je sens que je vais me faire des amis), autant, à partir de "Jamais plus", je les ai trouvés excellents. Or l'auteur elle-même, tout comme les différents avis que j'ai pu lire, déclare que ces romans sont différents de ce qu'elle avait l'habitude d'écrire.
    J'espère vraiment qu'elle va continuer sur cette voie, mais ça m'a l'air bien parti.

    Ce roman, il m'a fallu une bonne cinquantaine de pages pour rentrer dedans. Mais, une fois harponnée, impossible de lâcher cette histoire. Déjà, j'ai adoré le fait que la romance, bien qu'elle existe, ne soit pas au centre de l'histoire.
    Non, cette fois-ci, le centre de l'histoire, c'est la famille. Or, la famille de Merit est quelque peu compliquée, dysfonctionnelle, on peut même dire carrément en vrac.
    4 enfants et 3 parents vivent dans une ancienne église. Oui, oui, 3 parents, vous avez bien lu. Car la première épouse de monsieur vit au sous-sol tandis que celui-ci vit à l'étage avec sa seconde épouse, les 3 enfants qu'il a eu avec la première épouse et le petit bout qu'il a eu avec la seconde ... Ça va, vous suivez?
    Ajoutez à cela le charmant Sagan qui s'installe à demeure ainsi que deux invités pas vraiment prévus au programme et qu'est-ce que ça donne ? Un joyeux bordel!!

    Merit, l'héroïne, pose un regard sans concession sur cette famille dont elle juge avec sévérité les nombreux secrets. Et c'est vrai que ces secrets gangrènent les relations des uns et des autres et surtout celles de Merit.
    J'ai beaucoup aimé cette adolescente. Elle est attachante, malgré ou peut-être à cause de son manque de confiance en elle. Elle se juge, par exemple, bien moins jolie que sa sœur Honor alors qu'elles sont des jumelles parfaites.
    Le caractère de Merit cache une vraie souffrance et on espère sans cesse qu'elle va se sentir mieux, plus apaisée, plus à sa place.
    Il faut dire que la jeune fille n'est guère aidée et que Moby, le petit frère de 4 ans, semble être le plus équilibré de cette sacrée famille.

    L'histoire nous ai racontée du point de vue de Merit et, comme celle-ci se croit responsable tous les malheurs du monde, elle nous apparaît comme le nœud de discorde de la famille.
    Ce n'est pas entièrement faux dans la mesure où Merit est la seule dépositaire de l'ensemble des secrets existants.

    Bien entendu, sans surprise, un événement va provoquer la révélation de tous ces secrets et faire exploser le fragile équilibre de la famille.
    Si la première partie était plein de tensions et de malaises, la seconde a des airs de "règlements de comptes à OK Corral".
    Ce roman aborde des sujets difficiles mais, comme pour tous ses romans depuis "jamais plus", la plume de l'auteur les traite avec finesse et talent.
    Et comme pour tous ses romans depuis "jamais plus", en plus d'être un coup de cœur, cette histoire m'a trotté dans la tête bien longtemps après que j'ai refermé le livre.

     

    Un extrait : Je possède une impressionnante collection de trophées que je n’ai pas gagnés.

    Pour la plupart, je les ai achetés dans des brocantes ou des vide-greniers. J’en ai reçu deux de mon père pour mon dix-septième anniversaire. Je n’en ai volé qu’un.

    C’est sans doute celui que j’aime le moins. Je l’ai pris dans la chambre de Drew Waldrup, juste après qu’il a rompu avec moi. On est sortis ensemble pendant deux mois et c’était la première fois que je le laissais passer la main sous mon tee-shirt. Je trouvais ça très agréable, jusqu’au moment où il a baissé les yeux sur moi et a laissé tomber :

    — Je crois que je n’ai plus envie de sortir avec toi, Merit.

    Alors que j’appréciais sa caresse sur mes seins, il ne pensait qu’à une chose : ne jamais recommencer. Stoïquement, je me suis levée. Après avoir rajusté mon tee-shirt, je me suis dirigée vers sa bibliothèque pour y prendre le plus gros de ses trophées. Il n’a pas dit un mot. J’estimais qu’après m’avoir larguée, la main sur mon cœur, il me devait bien ça.

    Ce trophée du championnat régional de football a lancé ma collection. Dès lors, j’en choisis au hasard dans les brocantes, chaque fois qu’il m’arrive des trucs nuls.

    Lorsque j’ai raté mon permis de conduire ? J’ai acquis le trophée du vainqueur du lancer de poids.

    Lorsque je n’ai pas été invitée au bal de promo ? Je me suis procuré celui de la plus brillante distribution pour une pièce en un acte.

    Lorsque mon père a demandé sa maîtresse en mariage ? J’ai trouvé la coupe des Champions de l’équipe junior.

     

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  • [Livre] Sauveur et fils – T01

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    Lecture terminée le : 31 mai 2020

     

    Résumé : Quand on s’appelle Sauveur, comment ne pas se sentir prédisposé à sauver le monde entier ? Sauveur Saint-Yves, 1,90 mètre pour 80 kg de muscles, voudrait tirer d’affaire Margaux Carré, 14 ans, qui se taillade les bras, Ella Kuypens, 12 ans, qui s’évanouit de frayeur devant sa prof de latin, Cyrille Courtois, 9 ans, qui fait encore pipi au lit, Gabin Poupard, 16 ans, qui joue toute la nuit à World of Warcraft et ne va plus en cours le matin, les trois soeurs Augagneur, 5, 14 et 16 ans, dont la mère vient de se remettre en ménage avec une jeune femme…

    Sauveur Saint-Yves est psychologue clinicien.

    Mais à toujours s’occuper des problèmes des autres, Sauveur oublie le sien. Pourquoi ne peut-il pas parler à son fils Lazare, 8 ans, de sa maman morte dans un accident ? Pourquoi ne lui a-t-il jamais montré la photo de son mariage ? Et pourquoi y a-t-il un hamster sur la couverture ?


    Auteur : Marie-Aude Murail

     

    Edition : L'École des loisirs

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 16 Mai 2018

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : A force d’entendre Alex, de la chaine Alex bouquine en Prada, vanter les mérites de ce livre et de cet auteur, j’ai fini par craquer et sortir de ma PAL le 1er tome de Sauveur et fils (qui y était depuis bien trop longtemps)

    Il y a beaucoup d’humour dans ce livre et pourtant les sujets abordés ne prêtent pas toujours à rire.
    Sauveur Saint-Yves est un psychologue clinicien qui reçoit des enfants et des adolescents.
    Les problèmes que rencontrent ses différents patients sont parfois très lourds à porter car on balaye tout un tas de sujet allant de la scarification à la manipulation en passant par la pédophilie, la transsexualité, la phobie scolaire ou encore l’insomnie et l’homoparentalité.

    Dans certains cas, il suffit de dédramatiser, d’écouter, de conseiller… Dans d’autres cas, c’est plus compliqué (aussi bien de libérer la parole de l’enfant  que d’apporter des solutions adaptée en cas d’urgence).
    Mais si Sauveur trouve toujours les bons mots pour aider ses jeunes patients, il n’en va pas de même avec son fils.
    Souvent occupé avec ses patients ou préoccupé par eux, il élude un peu trop souvent les questions que se pose son fils, notamment à propos de sa mère décédée.
    D’ailleurs ce dernier, à défaut d’obtenir des réponses de la part de son père, a pris l’habitude d’espionner les consultations qu’il donne ce qui lui fait se poser au final plus de question que cela lui apporte de réponses.
    Comme quoi, quand on est touché personnellement, ce n’est plus la même histoire et toutes les formations du monde ne sont d’aucun secours. En effet, quand l’affaire concerne Lazare, impossible de prendre la distance émotionnelle qui permet d’aider efficacement ses patients. Et le psychologue n’est plus qu’un père démuni comme un autre.
    Pour chaque patient, on ne tombe jamais dans le pathos et il y a toujours une note d’espoir.
    Ce livre est un petit bonbon et je suis ravie qu’il y a 5 tomes et donc qu’il me reste 4 tomes à découvrir (je ne sais pas s’il y aura d’autres tomes, mais j’ai déjà mis tous ceux disponibles dans ma PAL !)

     

    Un extrait : Son papa psychologue commençant ses consultations de bonne heure, Lazare se rendait seul à l’école Louis-Guilloux en traînant son cartable à roulettes. Ce mardi matin, les CE2 de madame Dumayet étaient encore sous tension après les attentats terroristes des 7 et 9 janvier. Certains d’entre eux avaient déposé une fleur ou un crayon aux pieds de Marianne, place de la République, en hommage aux journalistes assassinés.

     — C’est vrai qu’on peut vous tuer si on fait des dessins ? s’était inquiété Paul.

     — Mais c’était des dessins pour se moquer, lui avait répliqué la petite Océane. Hein, maîtresse, tu as dit qu’il fallait pas se moquer ?

     — Moi, avait déclaré Noam, je suis juif. Il y a des méchants qui vous tuent juste parce qu’on est juif.

     — C’est des nazis d’Hitler.

     — Non, c’est des Arabes.

     — Mais je suis arabe ! avait protesté Nour.

     Madame Dumayet, la maîtresse des CE2, avait essayé de leur répondre en son âme et conscience mais elle s’était sentie très démunie. Elle avait hâte qu’on revienne au « business as usual », comme disent les Américains.

     — Dépêchez-vous de vous installer ! Jeanne, retourne-toi. Mathis, si tu as quelque chose à dire, lève le doigt. Je vous mets le proverbe du jour au tableau.

    Sous la date du mardi 20 janvier, madame Dumayet écrivit : Chose promise, chose due.

     — Qui sait ce que ça signifie ? Oui, Mathis ?

     — J’ai oublié ma trousse chez mon père.

     — Mais on ne parle pas de ça maintenant ! Oui, Océane ?

     — J’ai oublié mon livre de maths chez maman.

     Sans se laisser abattre, madame Dumayet parcourut sa classe du regard à la recherche d’un doigt levé. Nour finissait sa nuit, les yeux dans le vide. Noam ramassait son bâton de colle qui venait de rouler sous la table d’Océane. Paul était en train de faire la démonstration à Lazare que sa règle en plastique, une fois frottée contre son pull-over, soulevait de table des petits bouts de papier.

     — Paul, apporte-moi cette règle ! le gronda madame Dumayet, qui se résigna ensuite à expliquer qu’« on est obligé de faire ce qu’on a promis ».