Lecture terminée le : 03 octobre 2020
Résumé : Louis a 12 ans. Ce matin, alors qu’il veut confier à sa mère, Thelma, qu’il est amoureux pour la première fois, il voit bien qu’elle pense à autre chose, à son travail sûrement. Alors il part, fâché et déçu, avec son skate, et traverse la rue à fond. Un camion le percute de plein fouet.
Le pronostic est sombre. Dans quatre semaines, s’il n’y a pas d’amélioration, il faudra débrancher le respirateur de Louis. En rentrant de l’hôpital, désespérée, Thelma trouve un carnet sous le matelas de son fils. À l’intérieur, il a dressé la liste de toutes ses « merveilles », c’est-à-dire les expériences qu’il aimerait vivre au cours de sa vie.
Thelma prend une décision : page après page, ces merveilles, elle va les accomplir à sa place. Si Louis entend ses aventures, il verra combien la vie est belle. Peut–être que ça l’aidera à revenir. Et si dans quatre semaines Louis doit mourir, à travers elle il aura vécu la vie dont il rêvait.
Mais il n’est pas si facile de vivre les rêves d’un ado, quand on a presque quarante ans…
Auteur : Julien Sandrel
Edition : Calmann-Lévy
Genre : Roman contemporain
Date de parution : 07 Mars 2018
Prix moyen : 18€
Mon avis : Quand on lit le quatrième de couverture, on se dit qu’on va lire un livre qui va nous tirer des larmes du début à la fin. Alors oui, certes, il y a beaucoup d’émotion et pour ceux et celles qui ont la larme facile, comme moi, autant vous dire qu’il vaut mieux garder la boite de mouchoirs à proximité.
Mais il y a aussi beaucoup d’espoir dans ce livre et beaucoup d’humour, les tâches que Thelma décide d’accomplir n’étant pas facile pour une femme adulte (comme faire un stage de foot avec des enfants de 8-12 ans).
J’ai beaucoup aimé le fait qu’on ait le point de vue de Louis, qui dans le coma, reste conscient de certaines choses et commente tout ce qu’il apprend des tribulations de sa mère.
J’ai aussi beaucoup aimé la mère de Thelma, la grand-mère de Louis. Même si au départ, quand elle apprend l’accident de Louis, elle se montre très dure devant l’état catatonique de sa fille, ensuite, c’est un vrai pilier pour cette dernière.
Thelma est le type même de la femme qui fait passer sa vie professionnelle avant tout, sans se rendre compte que les moments qu’elle rate auprès de son fils ne se rattraperont pas.
Le drame qu’elle vit va la faire relativiser et prendre conscience que non seulement aucune carrière ne vaut de négliger sa famille, mais qu’en plus elle est vraiment très mal traitée dans son entreprise qui est pleine de mec haut placée qui pensent que les remarques sexistes et insultantes sont de l’ordre du normal.
En suivant la liste de rêves de son fils, même si ce n’est pas toujours facile pour elle de s’y plier, elle apprend non seulement à mieux le connaitre mais à mieux se connaitre elle-même. Elle s’épanouit en se « lâchant » un peu.
Autour de Thelma, de Louis et de la grand-mère, gravite plusieurs personnages qui illustrent parfaitement l’expression « le monde est petit » : Il y a Charlotte, une des infirmières qui s’occupe de Louis, le prof de foot de Louis ainsi que la petite Isa, qui semble avoir tapé dans l’œil du jeune garçon.
A chaque étape du parcours de Thelma, on se demande ce que Louis a bien pu inventer pour la suite, et on sourit d’avance en imaginant la tête que fera Thelma en découvrant sa prochaine épreuve.
La fin est une très jolie fin qui va au-dela de Louis et de son entourage et qui montre que des pires drames peut sortir quelque chose de positif.
Un extrait : — Louis, c’est l’heure ! Allez, je ne le répète plus, s’il te plaît lève-toi et habille-toi, on va être à la bourre, il est déjà 9 h 20.
C’est à peu près comme ça qu’a commencé ce qui allait devenir la pire journée de toute mon existence. Je ne le savais pas encore, mais il y aurait un avant et un après ce samedi 7 janvier 2017, 10 h 32. Pour toujours il y aurait cet avant, cette minute précédente que je désirerais figer pour l’éternité, ces sourires, ces bonheurs fugaces, ces photographies gravées à jamais dans les replis sombres de mon cerveau. Pour toujours il y aurait cet après, ces “ pourquoi ”, ces “ si seulement ”, ces larmes, ces cris, ce mascara hors de prix sur mes joues, ces sirènes hurlantes, ces regards remplis d’une compassion dégueulasse, ces soubresauts incontrôlables de mon abdomen refusant d’accepter. Tout ça, bien sûr, m’était alors inaccessible, un secret que seuls les dieux – s’il en existait, ce dont je doutais fort – pouvaient connaître. Que se disaient-elles alors, à 9 h 20, ces divinités ? Un de plus, un de moins, qu’est-ce que ça peut bien faire ? Tu es sûr de toi ? Pas forcément, mais pourquoi pas ? C’est vrai après tout pourquoi pas, ça ne changera pas la face du monde. J’étais loin de tout ça, loin des dieux, loin de mon cœur. J’étais juste moi, à cet instant précis si proche du point de basculement, de rupture, de non-retour. J’étais moi, et je pestais contre Louis qui décidément ne faisait aucun effort.