Lecture terminée le : 26 mai 2020
Résumé : Le monde est sens dessus dessous. L’effondrement des arches a bel et bien commencé. Une seule solution pour l’enrayer : trouver le responsable. Trouver l’Autre. Mais comment faire sans seulement savoir à quoi il ressemble ? Ophélie et Thorn se lancent ensemble sur la piste des échos, ces étranges phénomènes qui semblent la clef de toutes les énigmes. Ils devront explorer plus en profondeur les coulisses de Babel ainsi que leur propre mémoire. Et pendant ce temps, sur Arc-en-Terre, Dieu pourrait bien obtenir le pouvoir qu’il convoite tant. De lui ou de l’Autre, qui représente la plus grande menace ?
Auteur : Christelle Dabos
Edition : Gallimard
Genre : Fantasy
Date de parution : 28 Novembre 2019
Prix moyen : 20€
Mon avis : Ce livre, je l’ai depuis sa sortie( novembre 2019) et il m’a fallu 6 mois pour me décider à le lire.
Pas à cause des avis négatifs (D’ailleurs, qu’on soit déçu qu’une série, une saga, ne corresponde pas à ce que l’on a imaginé ou à ce que l’on aurait souhaité, je le comprends, mais se montrer si virulent que l’auteur a dû désactiver la page facebook… les gens se prennent pour qui exactement ? C’est dingue cette nouvelle mode de s’en prendre aux auteurs/scénaristes quand le livre ou la série ne se fini pas comme on veut. On peut dire qu’on n’a pas aimé. Mais on peut le dire sans agresser), bref !, donc, pas à cause des avis négatifs mais tout simplement parce que j’avais peur de ce qu’il allait advenir d’Ophélie et Thorn.
Globalement, j’ai beaucoup aimé ce 4ème et dernier tome.
Il y a quand même quelques petits points qui m’ont déçue notamment le traitement (ou l’absence de traitement) de Victoire.
Autant je ne suis pas dérangée par l’absence, ou la quasi-absence de personnages tels que Berenilde, puisque, depuis le début de la saga, on suit essentiellement Ophelie, mais étant donné que l’auteur a décidé de donner une grande importance à Victoire, y compris dans ce tome, je n’ai pas bien compris pourquoi autant parler de cette gamine pour qu’au final elle ne serve à rien.
Mais franchement, ce n’est qu’un détail. Un peu agaçant sur le moment, mais un détail tout de même.
Ce tome ne se lit pas tout seul. Il est complexe, plein de pièces de puzzle éparpillées qui semblent former une image mais en forme une autre une fois assemblés.
Et n’imaginez pas qu’il y a des pages superflues dans ce livre. Chaque acte, chaque discussion, est une pièce du puzzle qui permettra de comprendre le dénouement.
Il y a une tension incroyable. Clairement, Thorn et Ophélie ne peuvent faire confiance à personne. C’est tout juste s’ils peuvent se faire confiance l’un à l’autre !
Le danger est partout, et pas uniquement à cause de Dieu et de l’Autre, qui ou quoi qu’ils soient.
Si l’arche du Pôle est dangereuse par la violence qui y règne, j’ai trouvé que l’arche de Babel était bien plus dangereuse.
Ophélie et Thorn ont bien du souci à se faire ! D’autant plus que les arches commencent à littéralement tomber en miettes.
Sérieux, imaginez l’angoisse : vous vous réveillez un matin, et à la place de la maison de votre voisin, il n’y a plus qu’un trou béant…
Ophélie gagne encore en détermination. On est loin de la petite conservatrice de musée, maladroite et invisible.
Au fil de la lecture, j’ai souvent eu l’impression d’être paumée, d’avoir raté un épisode, voire une saison entière. Mais l’auteur sait ce qu’elle fait. Si l’histoire est complexe, elle n’en est pas moins parfaitement maitrisée. Et si on est un peu perdu à certains moments, cela ne dure qu’un temps car les réponses nous sont données, au compte-goutte, certes, mais on finit par les avoir.
J’aime tellement le couple que forment Thorn et Ophélie, essentiellement parce qu’à première vue, ils ne vont absolument pas ensemble…
Et puis… aussi différents soient-ils… ça fonctionne… et je ne peux pas les imaginer l’un sans l’autre.
Quant à la fin… Oh purée ! Franchement, je ne m’attendais pas à ça. J’ai adoré, hein, je trouve cette fin géniale, mais je ne m’attendais vraiment pas à ça.
Mais quand on y réfléchit deux minutes, la fin est vraiment parfaite.
Pour ma part, je ne l’ai pas trouvé complètement ouverte. Enfin, elle est ouverte, oui, mais il n’est pas bien difficile de se projeter au-delà de la dernière phrase (à tous les coups, ça va donner lieu à plein de fanfictions !)
J’ai refermé le livre avec difficulté. Je serais bien restée plus longtemps avec notre couple d’enfer !
Un extrait : Ophélie conservait des jardins botaniques de Pollux un souvenir flamboyant. C’était le premier endroit qu’elle avait visité à Babel. Elle revoyait les imposantes terrasses en étages et les innombrables marches d’escalier qu’il lui avait fallu gravir pour s’extraire de la jungle.
Elle se rappelait les odeurs. Les couleurs. Les bruits.
Il ne restait plus rien.
Un glissement de terrain avait emporté dans le vide jusqu’au dernier brin d’herbe. Il avait aussi avalé un pont entier, la moitié du marché voisin et plusieurs arches mineures. Ainsi que toutes les vies qui s’y trouvaient.
Ophélie aurait dû être horrifiée. Elle ne ressentait que de la stupeur. Elle contemplait l’abîme à travers la grille qui avait été improvisée au bord de la nouvelle frontière entre terre et ciel. Elle essayait, du moins. La pluie avait cessé, mais la mer de nuages s’était mise à déborder sur la cité entière. Cette marée bouillante, en plus de rendre la visibilité aléatoire, recouvrait ses lunettes de buée.
– L’Autre existe bel et bien, constata-t-elle. Jusque-là, c’était une notion abstraite. On a eu beau me répéter que j’avais commis une bêtise en le libérant, qu’il allait provoquer l’effondrement des arches à cause de moi, que j’étais liée à lui que je le veuille ou non, je ne me suis pas vraiment sentie concernée. Comment aurais-je pu sortir une créature apocalyptique du miroir de ma propre chambre et ne pas être capable de m’en souvenir correctement ? Je ne sais même pas à quoi il ressemble, comment il s’y prend et pourquoi il fait ça.
Le brouillard était si dense autour d’Ophélie qu’elle avait l’impression de n’être qu’une voix désincarnée au milieu du néant. Elle se cramponna à la grille lorsqu’une trouée dévoila un fragment de ciel parmi les nuages, là où se dressait auparavant le quartier nord-ouest de la cité.
– Il n’y a plus rien. Et si Anima… peut-être même le Pôle…
Elle laissa sa phrase en suspens. Des hommes, des femmes et des enfants étaient tombés dans le vide qui lui faisait face, mais ses pensées allaient d’abord vers sa propre famille.
Un tourbillon d’oiseaux déboussolés cherchait les arbres disparus. Où finissaient les choses qui passaient par-dessus bord ? Toutes les arches, majeures et mineures, gravitaient autour d’un gigantesque océan de nuages où aucune forme de vie ne s’aventurait. L’on racontait que le noyau du monde n’était qu’une concentration d’orages perpétuels. Lazarus lui-même, le célèbre explorateur, n’était jamais allé jusque-là.
Ophélie espérait que personne n’avait souffert.
La veille encore, elle s’était sentie si apaisée. Si complète. Elle avait découvert la véritable identité du Dieu aux mille faces qui contrôlait leurs existences. Eulalie Dilleux. De connaître enfin son nom, de savoir que c’était à l’origine une petite romancière idéaliste, de comprendre que cette femme n’avait jamais eu aucune légitimité de décider ce qui était bien et ce qui était mal : tout cela avait libéré Ophélie d’un tel poids ! Sauf que l’ennemi le plus redoutable n’était peut-être pas celui qu’elle croyait.
« Tu me mèneras à lui. »
– L’Autre s’est servi de moi pour échapper au contrôle d’Eulalie Dilleux et aujourd’hui Eulalie Dilleux se sert de moi pour retrouver l’Autre. Puisque ces deux-là me mêlent à leurs crimes, j’en fais une affaire personnelle