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Young adults

  • [Livre] Vox

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    Lecture terminée le : 10 juillet 2020

     

    Résumé : Jean McClellan est docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé son pays. Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet, le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme moderne. Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole pourrait bien la laisser définitivement sans voix…


    Auteur : Christina Dalcher

     

    Edition : NiL

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 07 Mars 2019

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Ce livre a un petit air de « La servante écarlate » mais avec, il me semble, plus de détails sur comment les choses se sont déroulées, sur comment les femmes en sont arrivées là.
    L’histoire est cependant racontée de manière moins froide, moins détachée que dans « la servante écarlate ». La situation de la narratrice est différente de celle de Defred, mais surtout, on suit l’histoire de son point de vue et non à travers des enregistrements.
    Defred voulait laisser un témoignage de ce qu’il se passe à Gilead alors qu’on assiste aux évènements de Vox en même temps que Jean les vit et on a accès à ce qu’elle ressent.
    Si ici les femmes fertiles ne sont pas réduites au rôle de procréatrices en série, elles vivent tout de même la privation d’instruction, de lecture, d’écriture, de droits, de travail et de paroles.
    Les responsables du gouvernement parlent de retour aux années 50 mais ce sont les années 50 vues par les pires des misogynes, car si dans les années 50, les femmes étaient plus au foyer qu’aujourd’hui, elles disposaient quand même de droits.
    Ici on a donc un mélange d’années 50, d’un nouvel ordre moral, et d’un je ne sais quoi d’autre. J’ai vraiment adoré ce livre qui met l’accent sur l’importance de défendre ses droits au risque de les voir nous être retirés.
    Et comment faire entendre sa voix, quand on n’en a plus ?
    C’est le problème qui se pose à Jean. Elle a « laissé faire », un peu par incrédulité. On se dit toujours que « ce n’est pas possible », pas « de nos jours », pas en occident, dans un pays développé, éclairé, civilisé, démocratique… Et pourtant… Quand elle réalise le danger, il est déjà trop tard.
    Et une fois que la moitié du pays est réduite au silence, le reste est des plus simples : endoctrinement des plus jeunes, traque des « pécheurs » (le plus souvent des pécheresses, notez-bien) pour en faire un exemple public et instiller la peur dans la population, et toujours plus d’interdictions et obligations pour contrôler un peu plus la population.
    Autant vous dire que j’ai eu très envie de refermer ces saloperies de bracelets compte-mots sur les c******* de ces soi-disant dirigeants.
    Comme Jean, j’ai été horrifiée de voir son fils aîné être endoctriné et sa fille de six ans ne pas parler autant qu’elle en a le droit. J’ai également été enragée par la passivité de son mari pour qui le mot d’ordre semble être de ne pas faire de vague.
    Malgré l’opportunité qui se présente à Jean, je comprends ses hésitations. Je comprends qu’elle n’ait guère envie de venir en aide à l’un de ceux qui ont réduit les femmes au silence.
    Et en même-temps, quand on est une scientifique et que la possibilité nous est donnée de trouver le traitement que l’on a cherché toute sa vie, il y a de quoi réfléchir.
    Ce que j’ai le plus aimé dans ce livre, c’est sa crédibilité. Ce n’est pas un roman fantasy ou une histoire se déroulant dans un ou deux millénaires, non, c’est une histoire qui pourrait avoir lieu demain.
    Pour peu qu’un groupe de fanatiques profite d’une crise mondiale pour imposer leurs idées en jouant sur la peur des gens (au hasard, une crise économique à la suite d’une pandémie… ça ne vous rappelle rien ?) et il ne faudrait pas grand-chose pour que les connaissances scientifiques se retournent contre nous (Et par contre nous, je ne parle pas que des femmes, mais de tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule).
    J’ai essayé d’imaginer ce monde où les femmes n’ont droit qu’à 100 mots par jours et je me suis rendue compte que ça allait au-delà des mots prononcés : Lire ? Interdit ! Ecrire ? Interdit ! Parler par signes ? Interdit !
    Quand toutes les voies de communication sont coupées, existe-t-on encore vraiment ?
    Ce livre est un avertissement sur ce qui pourrait arriver si on « laisse faire », si on arrête de se battre. Il faut faire entendre nos voix pour qu’il soit plus difficile de les faire disparaître.
    La fin est peut-être un peu rapide, j’aurais aimé plus de développement, que la fin se déroule sur une période plus longue.
    Mais malgré sa rapidité, j’ai ressenti une certaine satisfaction face à cette fin et si le roman n’a pas atteint le coup de cœur (allez savoir pourquoi, il avait tout pour en être un), il va tout de même se faire une place parmi mes favoris.

     

    Un extrait : Si on m’avait dit qu’en une semaine, j’allais faire tomber le Président, le Mouvement Pur, et ce petit merdeux incompétent de Morgan LeBron, je n’y aurais pas cru. Mais je n’aurais pas protesté. Je n’aurais pas dit un mot.

    Je ne suis plus du genre bavarde.

    Ce soir, pendant le dîner, avant que je n’articule mes dernières syllabes de la journée, Patrick tend son bras pour tapoter l’appareil argenté qui ceint mon poignet gauche. Son geste est léger, comme s’il partageait ma douleur, à moins qu’il ne veuille me rappeler de rester silencieuse jusqu’à ce que le compteur se remette à zéro, à minuit. Le miracle aura lieu pendant mon sommeil, et je commencerai mon mardi avec une page blanche. Le compteur de ma fille Sonia fera de même.

    Mes fils ne portent pas de compte-mots.

    À table, ils sont là, en train de discuter de leur journée à l’école, comme d’habitude.

    Sonia aussi va à l’école, pourtant elle ne gaspille jamais ses mots à en parler. Entre deux bouchées d’un ragoût tout bête que j’ai cuisiné de mémoire, Patrick l’interroge sur ses progrès en histoire, en éducation civique. Est-ce qu’elle obéit bien à la maîtresse ? Est-ce qu’elle aura de bonnes notes ce trimestre ? Il sait parfaitement comment poser les bonnes questions : des questions fermées, auxquelles on peut répondre d’un simple mouvement de tête.

    Je les observe et j’écoute, mes ongles creusent des demi-lunes dans la chair de mes paumes. Sonia hoche la tête quand il faut, fronce le nez quand les petits jumeaux, sans comprendre l’importance des questions fermées et des réponses mimées, demandent à leur sœur de raconter comment est la maîtresse, comment ça se passe en classe, quelle est sa matière préférée. Tant et tant de questions ouvertes. Je refuse de croire qu’ils font exprès, qu’ils lui tendent des perches, qu’ils la taquinent pour lui arracher quelques syllabes. Ils sont assez grands pour comprendre.

     

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  • [Livre] Wild child

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    Lecture terminée le : 23 avril 2021

     

    Résumé : Eddie est un lutteur hors-pair.
    Battu pendant toute son enfance par son père, il écume sa rage sur le ring.
    Un jour, il explose et s’en prend à l’arbitre. Sa vie bascule. Il est exclu de son lycée et risque la prison.
    Mais Sunday, l’organisateur des plus grands combats illégaux du pays, a repéré depuis longtemps le talent de Mac, et souhaite qu’il rejoigne ses combattants.
    En échange : la richesse et la liberté.
    Eddie rentre alors dans un monde de violence et de fureur, un univers sans pitié soumis à la loi du plus fort.
    Pour l’entraîner, il est confié à Khadjee, une jeune adolescente qui évolue dans ce milieu depuis sa plus tendre enfance.
    Elle connaît les combats et les lutteurs mieux que quiconque.
    Si elle n’était pas une femme, elle serait, elle aussi, sur le ring.
    Ensemble, ils vont tenter de survivre et de ne pas laisser leurs démons prendre le contrôle.


    Auteur : Neil Connelly

     

    Edition : Bayard

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 21 Avril 2021

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : La première chose que j'ai remarqué quand j'ai reçu ce livre, c'est sa couverture. Ok, on est d'accord, ça ne fait pas tout, mais c'est quand même appréciable d'avoir un bel objet livre. J'ai trouvé que pour une fois, la couverture est en parfaite adéquation avec l'histoire (il y a trop souvent des couvertures dont on se demande le rapport avec le livre).

    Clairement, ce livre me fait sortir de ma zone de confort. Les combats, que ce soit la boxe, la lutte, ou plus encore des combats illégaux ou le but et de massacrer son adversaire pour le plaisir de quelques spectateur avides de sang, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. Je ne suis pas contre les batailles, les luttes, les combats, mais je préfère qu'ils aient un vrai sens.

    Bref, tout ça pour dire que je n'étais vraiment pas le public cible pour ce roman.

    Et pourtant...

    J'ai été entraînée, presque malgré moi, dans l'univers sombre des brawlers (les combattants de rue, sans règles, sans arbitres, sans limites) par la plume de Neil Connelly.

    Eddy est un adolescent qui porte en lui beaucoup de colère et de violence. S'il a été battu par son père toute son enfance, ce n'est pas cela qui l'a traumatisé, mais les coups que son père infligeait à sa mère et l'impuissance qu'il ressentait à lui venir en aide. Finalement, l'homme est allé trop loin, et a été arrêté et condamné à une lourde peine de prison.

    Malgré cette incarcération, Eddy est toujours à la recherche d'une vengeance contre son paternel. Lutteur dans l'équipe du lycée, il espère obtenir une bourse pour l'université mais est régulièrement sanctionné pour ses accès de violence sur le tapis. Il finit d'ailleurs par s'en prendre violemment à un arbitre ce qui lui vaut une exclusion définitive de son établissement, mais aussi la perspective de la prison, l'homme ayant déposé plainte.

    C'est là qu'entre en scène un homme qui semble avoir connu son père et qui, sous prétexte de le soustraire à la prison, l'introduit dans le milieu des combats clandestins.

    On a ici un monde d'hommes, que ce soit les combattants, ou ceux qui se font de l'argent sur leur dos.

    Dans ce roman il n'y a que trois femmes, mais je remarque que ce sont des femmes fortes.

    La mère d’Eddy, d'abord, qui, si elle était physiquement faible face à la violence de son mari, m'apparaît comme quelqu'un de psychologiquement très fort, quelqu'un qui ne s'est pas effondré, qui est allé de l'avant, qui a tout fait pour que son fils manque du moins de choses possibles malgré la situation.

    Il y a ensuite Khadjee qui entraîne les brawlers pour régler les dettes de son oncle, une jeune femme fière et solide, qui sans mettre en avant son orientation sexuelle ne la cache pas non plus et qui espère plus que tout finir par réussir à quitter ce milieu.

    Enfin, même si on la voit peu, il y a la policière qui avait arrêté le père d'Eddy et qui, aujourd'hui, essaie de son mieux de venir en aide au jeune homme.

    Ces trois femmes, qui dénotent au milieu de toute cette testostérone, sont un peu les Jiminy Cricket de Eddy. À travers leur regard, il prend conscience de ce qu'il est en train de devenir, et surtout il prend conscience qu’il n'aime pas du tout ce qu'il est en train de devenir.

    Eddy va devoir se battre, pour de bon, et autrement qu'avec les poings pour remettre sa vie sur les rails et sortir d'un univers qui ne libère que rarement ceux qui ont eu le malheur d'y entrer.

    L'évolution psychologique d'Eddy était vraiment très agréable à découvrir. Et malgré ce milieu qui ne m'attire pas du tout, j'ai été plongée dans l'histoire sans pouvoir m'en détacher avant le point final.

     

    Un extrait : Pour ajouter encore à l’effet dramatique, je dis cela en me détournant, si bien que je ne me retrouvai pas face à l’arbitre quand il siffla. Cela m’étonna quand même, puisqu’il avait déjà sifflé l’arrêt du combat. Quand je me retournai, je le vis croiser les poings au-dessus de sa tête et avancer calmement vers la table de pointage. Il se pencha pour parler à un officiel en cravate. Ils acquiescèrent en même temps, puis l’arbitre revint vers le centre du tapis. Il leva la main pour signaler une troisième conduite antisportive de ma part, avant d’avancer jusqu’à Dunkirk qui était toujours recroquevillé et continuait à saigner. Il se baissa, prit la main de Dunkirk et la leva, le désignant vainqueur. L’auditoire applaudit à tout rompre.

    Debout sur le tapis, j’étais abasourdi et comme paralysé. Gallaher posa les deux mains sur mes épaules.

    – Viens, on va s’asseoir.

    Je me dégageai brusquement pour foncer droit vers l’arbitre.

    – J’hallucine ! Qu’est-ce que c’est que cette connerie ? (Il se contenta de secouer la tête et j’ajoutai :) Vous avez fait quoi, là ?

    Cette fois il me regarda.

    – Je n’ai rien fait. Tu t’es disqualifié tout seul, fiston.

    C’est peut-être à cause de ce mot. Je ne suis pas sûr. Ou alors c’était l’adrénaline, ou les huées, ou la façon dont cet arbitre me regardait, comme si j’étais un raté. En tout cas, à cet instant, je perdis le contrôle. Je n’avais pas de pensée consciente, ni la moindre vision. Je ne sentis même pas les doigts de ma main droite se crisper. Je vis juste les yeux de l’arbitre s’écarquiller de stupeur et mon poing serré se lever pour lui claquer un uppercut sous le menton. Sa tête fut projetée en arrière, il recula de trois pas en titubant et s’effondra.

     

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  • [Livre] Vampyria - T01 - La cour des ténèbres

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    Lecture terminée le : 24 février 2021

     

    Résumé : EN L’AN DE GRÂCE 1715, le Roy-Soleil s’est transmuté en vampyre pour devenir le Roy des Ténèbres. Depuis, il règne en despote absolu sur la Vampyria : une vaste coalition à jamais figée dans un âge sombre, rassemblant la France et ses royaumes vassaux. Un joug de fer est imposé au peuple, maintenu dans la terreur et littéralement saigné pour nourrir l’aristocratie vampyrique.
    TROIS SIÈCLES PLUS TARD, Jeanne est arrachée à sa famille de roturiers et catapultée à l’école formant les jeunes nobles avant leur entrée à la Cour. Entre les intrigues des morts-vivants du palais, les trahisons des autres élèves et les abominations grouillant sous les ors de Versailles, combien de temps Jeanne survivra-t-elle ?


    Auteur : Victor Dixen

     

    Edition : Robert Laffont (R)

     

    Genre : SFFF

     

    Date de parution : 15 Octobre 2020

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : De Victor Dixen j'ai déjà lu Phobos, que j'ai beaucoup aimé, Animale, avec lequel j'ai eu un peu plus de mal sans trop savoir pourquoi car je me rappelle avoir tout autant aimé la plume de l'auteur, et enfin Cogito que j'ai adoré.

    J'avais prévu de lire d'abord Extincta, dans une sorte d'obsession de les lire selon l'ordre de leur sortie, mais mes copines sur Instagram avaient tellement envie de faire une lecture commune sur Vampyria, que je n'ai pas pu résister à bouleverser mon ordre de lecture.

    Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'auteur nous plonge dans le bain dès le premier chapitre. Le bain de sang même.

    La rapidité avec laquelle il extermine 90 % des personnages qu'il nous a présentés en ce début de roman coupe le souffle. Dès lors, un peu comme dans Game of Thrones, on se dit que personne n'est à l'abri.

    Dissimulée sous les traits de Diane, une jeune noble orpheline, Jeanne, la seule survivante du massacre de sa famille, est escortée à Versailles par le vampyre Alexandre de Mortange, vicomte de Clermont.

    Le but de Jeanne, en se faisant passer pour une jeune fille de la noblesse, n'est pas de survivre mais de poursuivre sa vengeance.

    Pour cela, il va d'abord lui falloir survivre à la Grande Ecurie, l'école qui forme les jeunes nobles à entrer à la cour de Versailles au service du Roy.

    Et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette école est un vrai panier de crabes. Si les filles et les garçons sont séparés, et que donc, puisqu'on suit Jeanne, on en sait un peu moins sur ces messieurs, le moins qu'on puisse dire c'est que les filles sont de vraies tigresses prêtes à toutes les bassesses pour tenir le haut du panier.

    Certaines plus que d'autres bien évidemment.

    Car il y a quand même des jeunes filles qui ont un cœur, comme Naoko qui vient du royaume allié du Japon, et qui semble se tenir à l'écart de toutes ces petites guerres intestines.

    Au fil du récit, Jeanne évolue, et pour se rapprocher de sa vengeance, prend des décisions qui me semblent être à l'encontre de sa personnalité. Elle se conduit de plus en plus comme les vampyres qu'elle a juré de détruire. Et malgré les avertissements de son amie, elle ne semble pas beaucoup se remettre en question.

    Et en même temps peut-on vraiment l'en blâmer, alors qu'à moins de 18 ans elle vient de voir sa famille se faire massacrer sous ses yeux.

    Victor Dixen nous mène par le bout du nez, quand on croit entrevoir une solution, il nous claque la porte au nez.

    Malgré le fait que ce tome, puisqu'il est le premier, avait la charge de planter le décor de cet univers, il ne comporte pas de longueur et n'est pas avare d'action.

    Peu de temps avant la fin, il y a un retournement de situation que je n'avais vraiment pas vu venir et qui m'a scotchée.

    Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai hâte de lire la suite, et heureusement je crois que je ne vais pas avoir trop longtemps à attendre, parce qu'il me semble que le tome 2 est prévu pour cette année.

    Ça tombe bien parce que j'ai plein de questions, plein qui découlent des événements relatés dans le tome 1 mais aussi plein sur l'univers en lui-même.

    Comme par exemple:

    - Que se cache-t-il sous le masque d'or de Louis XIV?

    - Il est dit que Louis XIV a été transmuté en vampyre peu avant sa mort humaine. A cet âge-là, il avait un arrière-petit-fils, le futur Louis XV, qui, puisque le roy est devenu immortel, ne règne pas. Je me demande donc si Louis XV, ou du moins sa descendance, va avoir un rôle dans cette histoire.

    - Enfin, le plus grand mystère de la période de Louis XIV a été celui entourant l'homme au masque de fer. Je me demande si cela va être repris dans l'histoire, ou si son symbole est seulement repris par le fait que Louis XIV porte un masque d'or depuis qu'il a été transformé.

    Plein de questions donc, sans avoir d'a priori sur les réponses (je ne serai pas, par exemple, déçue si Victor Dixen a purement et simplement supprimé Louis XV de l'histoire), mais j'ai vraiment hâte de lire la suite pour voir ce que cet auteur sadique nous a concocté.

     

    Un extrait : Une main blanche aux longs doigts élégants émerge des ombres, festonnée d’une manche de soie fine. La paume de marbre semble inviter la mienne. Au moment d’y poser mes doigts tremblants, j’ai l’impression de toucher la surface glacée d’une statue. Le faible rayon de lune filtrant à travers les voilages éclaire la chevalière volée à Diane, dont l’éclat doré luit à mon annulaire. « Vous êtes la fille unique du baron, n’est-ce pas ? » me demande le vampyre. Je hoche la tête, la gorge trop serrée pour articuler la moindre parole. Mon stratagème fonctionne : le visiteur n’a jamais rencontré celle dont j’usurpe l’identité. Mon odeur de roturière semble masquée par le parfum imprégnant le négligé. Mais il suffirait que la créature se retourne et observe la chambre, pour découvrir au-dessus de la cheminée un portrait qui n’est pas le mien ! Aurai-je alors le cran de prétendre qu’il s’agit d’une parente ? Aura-t-il la curiosité d’inspecter le cadavre mutilé pour y chercher une ressemblance ? Pour l’heure, toute son attention paraît dirigée sur ma seule personne. « Je crains que vous ne soyez désormais orpheline, mademoiselle… mademoiselle ? — Diane », je lâche dans un souffle. Voici donc le dernier oripeau de ma victime que je dois encore m’approprier : son prénom. Il sonne étrangement proche du mien, comme s’il m’était prédestiné. La baronnette l’avait emprunté à la plus grandes des chasseresses, et il m’échoit à présent, à moi qui braconnais sur les terres de son père. « Ne vous tourmentez pas, Diane, susurre le vampyre. Sa Majesté sait se montrer généreuse envers les mortels qui se sacrifient pour elle. » Il se penche en avant ; sa riche redingote de brocart bleu nuit entre dans le rayon de lune, puis le jabot de sa chemise piqué d’un gros saphir, et enfin sa tête tout entière. Elle m’évoque là aussi celle d’une statue. Son teint éclatant contraste avec sa longue chevelure d’un roux sombre et soyeux – rien à voir avec le nid à poussière informe qui coiffait le baron. Je suis frappée par la beauté juvénile émanant de ce visage parfaitement symétrique, d’un grain de peau si fin qu’il en devient indécelable, aux lèvres pleines et aux épais sourcils roux qu’on croirait peints sur de la porcelaine. Cet être semble avoir le même âge que moi, et sans doute était-ce le cas, la nuit où il est devenu vampyre – mais qui peut dire de quand date sa transmutation ? S’il l’a accomplie en même temps que le Roy, cela signifie qu’il infeste la terre depuis près de trois cents ans ! Au milieu de cette illusion de jeunesse, parmi cette candeur angélique, il y a tout de même un détail qui trahit sa nature monstrueuse : ses pupilles sont deux disques noirs tellement dilatés qu’ils dévorent presque tout le blanc des globes oculaires. Tels ceux des chats et des hiboux, les yeux des vampyres s’adaptent à l’obscurité ambiante, et voient dans la nuit comme en plein jour… « Mes hommages, dit-il en se penchant pour me faire un baise-main. Je suis Alexandre de Mortange, vicomte de Clermont. » Je détourne les yeux pour ne pas hurler, au moment où ses lèvres effleurent le revers de ma main de leur velours froid. Mon regard éperdu tombe à nouveau sur le miroir de la coiffeuse. Je m’y vois reflétée dans mon négligé souillé, dont la couleur brunit à mesure que le sang s’oxyde. Le visage du mort-vivant, en revanche, est invisible, de même que ses mains, comme si son habit de brocart n’était empli que de vide. Ce n’est donc pas un mythe : la peau des vampyres, ces démons immortels, ne se réfléchit pas dans les glaces… « Dès cette nuit, je vous emmène à Versailles, où je témoignerai devant la Cour de cette opération réussie contre la Fronde », dit-il en se redressant. Ses lèvres blêmes s’étirent pour dévoiler des dents plus blanches encore que son teint, prolongées de deux canines pointues, luisantes comme des agates. « Et dans quelques jours, Diane de Gastefriche, par la grâce des Ténèbres, vous aurez l’honneur de devenir pupille du Roy ! »

     

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  • [Livre] Missouri 1627

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    Lecture terminée le : 08 mars 2021

     

    Résumé : Veronica est une ado de 17 ans à qui tout réussit. Jolie fille populaire et major de sa promotion, elle vient d'être admise dans la prestigieuse université de Brown. Ses parents sont très fiers de sa réussite. Et effectivement, sa vie semble toute tracée ! Pourtant le jour où Veronica découvre qu'elle est enceinte : son monde s'écroule. Ses chances d'intégrer l'une des meilleures écoles sont menacées.
    Son petit ami est un loser et elle n'est pas prête à être mère. Mais Veronica vit dans le Missouri, un état où l'accord parental est indispensable pour qu'une mineure puisse avorter. Et elle sait qu'elle ne pourra jamais compter sur le soutien de ses parents. Sa seule solution : se rendre dans une clinique au Nouveau-Mexique, à près de 1 500 kilomètres de chez elle. Désespérée, elle se tourne vers son ex-meilleure amie, Bailey, punkette affranchie, pour effectuer les 14 heures de route qui les séparent de la clinique.


    Auteur : Ted Caplan et Jennifer Hendriks

     

    Edition : Bayard

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 24 février 2021

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Veronica, 17 ans, est l'adolescente parfaite. Elle a le petit ami parfait, des amies parfaites, est pressentie pour être major de sa promo, et a d'ores et déjà été accepté dans une université de l'Ivy league.

    Mais sa vie toute tracée et ses projets pourraient s'écrouler quand elle découvre qu'elle est enceinte. Il faut dire qu'elle sait déjà comment ses parents vont réagir puisque lorsque la même mésaventure était arrivée à sa sœur aînée, ils l'avaient pressée d'abandonner ses études d'infirmière pour épouser le responsable de son état qu'elle ne connaissait que depuis quelques semaines.

    Et pour Veronica, hors de question de renoncer à son avenir pour devenir l'épouse de Kevin et passer sa vie entre le foyer et l'église.

    Sans n’en parler à personne, elle se renseigne pour un avortement et apprend que dans son Etat, les mineurs ont besoin de l'autorisation de leurs parents pour avorter.

    Ce n'est pas forcément le cas dans tous les états des USA. Ainsi, la clinique la plus proche de chez Veronica où subir un avortement sans avoir besoin d'autorisation parentale est au Nouveau-Mexique, à Albuquerque, soit à 1627 km de chez elle.

    Ça tombe bien, Veronica est censée passer 3 jours dans un chalet avec ses meilleures amies pour réviser en vue des derniers examens.

    Demander à ses amies de la couvrir en leur disant qu'elle a envie de passer un weekend en tête à tête avec son petit ami, puis demander à celui-ci de l'accompagner au Nouveau-Mexique semble n'être qu'une formalité.

    Mais les choses ne vont pas se passer aussi facilement qu'elle l'escomptait et je vous laisserai découvrir pourquoi. Tout ce que je peux vous dire c'est que je ne m'attendais vraiment pas à ça et qu’on n’a pas fini d'entendre parler de Kevin dans ce livre.

    C'est donc finalement avec Bailey, seule à être au courant de sa grossesse, même si elle l'a appris par accident, qu'elle va faire les 14 heures de route qui la sépare de la clinique.

    Bailey, qui jusqu'à la fin du collège était sa meilleure amie et qui aujourd'hui semble être le paria du lycée.

    J'ai beaucoup aimé le ton utilisé par les auteurs dans leur roman.

    Il y a beaucoup d'humour, d'autant plus que le road trip des filles ne va pas exactement se dérouler comme prévu. On n’y parle pas que d'avortement d'ailleurs, mais aussi de tout un tas de sujets qui touchent les adolescents comme la découverte de sa sexualité, de son orientation sexuelle, des craintes envers l'avenir, de la pression ressentie, etc...

    Malgré l'humour, très présent mais jamais lourd, il y a eu des passages qui m'ont glacé le sang, d'autant plus que je n'arrive pas à comprendre certaines attitudes.

    Je comprends, par exemple, que l'on refuse de recourir à un avortement, mais je ne comprends pas que l'on veuille imposer ses choix à autrui y compris par la violence.

    J'ai eu aussi beaucoup de mal avec un certain personnage, qui ne semble pas comprendre à quel point son comportement est grave.

    J'ai beaucoup aimé Veronica, j'ai beaucoup apprécié son évolution, sa manière de se remettre en question sous le regard de Bailey, mais même avant cela, sa décision d'avorter pour avoir un avenir malgré toute l'éducation qu'elle a reçu et l'endoctrinement de son église (car plusieurs passages qui nous montrent ce qu'elle fait à l'église révèlent un véritable endoctrinement sectaire), montre sa force de caractère et sa capacité à réfléchir par elle-même sans tenir pour acquis tout ce qu'on lui a appris.

    Ce roman est plein de rebondissements et de péripéties, on ne s'ennuie pas une seconde, et le chapitrage par kilomètres nous offre un rythme assez décalé, avec des chapitres ne comportant qu'une ou deux phrases. Ça peut paraître bizarre, mais en réalité ça m’a donné l'impression d'être sur la route avec les deux héroïnes et je me suis senti encore plus immergée dans l'histoire.

    J'ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman et je ne peux que le conseiller, non seulement aux adolescents mais également aux adultes, car une fois retiré le problème de l'autorisation parentale, reste celui du choix à faire et des pressions que l'on peut subir à ce sujet.

     

    Un extrait : Au moment où on attaque les glaces, ma sœur s’éclaircit la gorge.

    – On a une nouvelle à vous annoncer.

    Je l’interroge :

    – Tu as décidé de passer ton diplôme d’infirmière ?

    – Non ! pouffe-t-elle, avant d’ajouter, rayonnante : On attend un bébé !

    Ma mère se lève d’un bond en poussant un cri de joie à déchirer les tympans. Mon père expire lentement et s’affaisse imperceptiblement sur sa chaise. Je vois son regard glisser vers ma main, comme pour vérifier que je porte toujours ma bague de virginité.

    Puis il plaque un sourire sur son visage et parvient à lancer un chaleureux « Félicitations » à ma sœur.

    Je tripote l’anneau à mon doigt, effleurant ses volutes et ses sillons familiers. C’était une idée de mon père, au départ. J’ai accepté avec enthousiasme, ravie de prêter serment devant toute l’église. Cette promesse de chasteté, qui ne voulait presque rien dire quand j’avais douze ans, m’a juste servi à lui montrer que je valais mieux que ma sœur. Je ne suis pas censée savoir, bien sûr, mais j’ai entendu les disputes. Notre maison n’est pas grande et les murs sont minces. Malgré ses allures de maman heureuse et dévouée, Melissa avait d’autres projets lorsqu’elle s’est retrouvée enceinte pour la première fois. Quand elle a fondu en larmes devant mes parents, ce soir-là, elle ne connaissait Pete que depuis quelques semaines, et elle commençait à peine ses études d’infirmière. Papa n’a pas crié. Il a laissé ce soin à ma mère. Non, mon père est resté calme, mais inflexible. Pour lui, ma sœur était devenue mère, et ses besoins passaient désormais après ceux de ses enfants. C’est ainsi qu’ils s’étaient comportés avec nous, maman et lui. Papa a contré tous les arguments de Melissa avec amour. Il l’a rassurée. Il lui a promis de l’aide. De l’argent. Du baby-sitting. Tout ce dont ils pourraient avoir besoin. Pour finir, il l’a suppliée, la voix pleine de larmes. À la fin de la semaine, ma sœur était fiancée et souriante, et elle avait oublié tout le reste. Comment nos rêves pourraient-ils faire le poids face à tant d’amour ?

    Je sais que les miens n’y résisteraient pas.

     

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  • [Livre] Meurtre mode d'emploi

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    Lecture terminée le : 24 janvier 2021

     

    Résumé : Il y a cinq ans, Sal Singh s'est accusé du meurtre de sa petite amie, Andie Bell, avant de se donner la mort. La police est sûre que l'affaire est résolue. Toute la ville aussi. Sauf Pippa...
    La jeune fille réouvre alors l'enquête et déterre un à un des secrets compromettants au sujet d'Andie.
    La liste des suspects se rallonge. Mais à trop s'approcher de la vérité, Pippa alerte aussi le véritable meurtrier... se mettant elle-même en danger.


    Auteur : Holly Jackson

     

    Edition : Casterman

     

    Genre : Thriller, Young Adult

     

    Date de parution : 29 Mai 2019

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J'ai lu ce livre en lecture commune sur Instagram, et je peux vous dire qu'il a été très difficile de ne pas le lire d'une traite.

    La première chose qui m'a frappé et que j'ai apprécié, c'est sa forme. Ainsi le récit alterne avec des éléments du dossier que construit Pippa, la protagoniste principale. Nous pouvons lire ses comptes-rendus au fur et à mesure de son enquête, mais aussi les transcriptions des interviews et des conversations téléphoniques, les copies des textos qu'elle a envoyés et reçus, et même les schémas qu'elle a tracés pour arriver à ses fins.

    Ce que j'apprécie particulièrement dans la forme de ce roman, c'est la possibilité pour le lecteur de mener sa propre enquête en parallèle de celle de Pippa et de peut-être pouvoir réussir à trouver la solution en même temps qu'elle, voire avant elle (aaah pauvres naïfs).

    Dès le départ, Pippa part du principe que Sal, le petit ami de la victime, qui s'est suicidé après la disparition de celle-ci, est innocent et que l'enquête a été bâclée.

    Pour autant, lorsque des éléments de son enquête pointent en direction de Sal, elle le place quand même dans la liste des suspects tout en gardant en tête que son but est de l'innocenter. J'ai apprécié que la jeune fille n'écarte pas d'un revers de la main les éléments qui ne corroboraient pas son hypothèse ou qui ne l'arrangeaient pas.

    C'est d'autant plus mature, quelle est aidée dans son enquête par le propre frère de Sal, qui veut faire la toute la lumière sur la mort de son frère.

    Pour ma part, l'innocence du jeune homme était bien ma seule certitude pour la simple et bonne raison que Pippa ne tarde pas recevoir nombre de menaces lui enjoignant d'arrêter immédiatement son enquête.

    Du coup, en dehors de Sal, qui est mort et qui peut donc difficilement proférer des menaces, de Pippa, Ravi, et ceux qui, comme eux, étaient trop jeunes au moment des faits pour y avoir une responsabilité, j'ai soupçonné absolument tout le monde.

    Plus l'enquête avance, et plus les suspects se multiplient. Mais pire encore, à chaque fois que l'on a une certitude sur un suspect, les éléments suivants viennent tout remettre en cause. Même Andie, la victime, a été suspecte à mes yeux, puisque son corps n'a jamais été retrouvé.

    La forme particulière du roman, ainsi que les multiples pistes qui s'offrent à nous, font que je ne me suis pas ennuyée une seconde pendant ma lecture et que j'ai presque regretté que ça s'arrête si vite (et pourtant le livre fait plus de 500 pages).

    Quant à la solution, je dois dire que non seulement je ne l'ai pas trouvée, mais qu'en plus j'étais partie totalement à l'opposé.

    Mais ça ne m'a pas dérangée, car je n'ai pas eu l'impression qu'il m'avait manqué des éléments pour trouver la solution, je les ai tous eu exactement au même moment que Pippa elle-même et j'aurais pu, en les interprétant différemment, arriver aux mêmes conclusions que la jeune fille.

    J'ai vraiment passé un excellent moment avec cette lecture. Il me semble qu'il y a plusieurs thrillers qui sont fait un peu sur le même modèle et je vais me faire un plaisir de les chercher et de les découvrir.

     

    Un extrait : Journal de bord - Point numéro 1

    Le journal de bord est censé répertorier tous les obstacles qu'on rencontre au cours de notre travail, ainsi que les progrès accomplis et les objectifs du rapport final. Le mien sera un peu différent : je vais y consigner les recherches que j'entreprends, qu'elles soient pertinentes ou non, parce que, pour l'instant, je ne sais pas vraiment ce qu'il y aura dans mon rapport final et donc ce qui se sera avéré pertinent. Mes objectifs sont encore flous. Je ferai le point à la fin de mes recherches et je verrai quel projet je peux en tirer a posteriori. [Ça commence à ressembler à un journal intime, non???]

    J'espère que ce ne sera pas le projet que j'ai proposé à Mme Morgan. J'espère que ce sera la vérité : qu'est-il réellement arrivé à Andie Bell le 20 avril 2012? Et si, comme j'en ai l'intuition, Salil "Sal" Singh n'est pas coupable, alors qui l'a tuée ?

    Je ne prétends pas réussir à résoudre l'énigme ni découvrir l'assassin d'André. Je ne suis pas de la police, je n'ai pas accès à un labo médico-légal (ça va sans dire) et je ne me fais pas trop d'illusions. Mais j'ai espoir que mes recherches pourront mettre au jour des événements et des témoignages qui jetteront un doute sur la culpabilité de Sal et qui montreront que la police a eu tort de clore son enquête sans creuser plus loin.

    Mes méthodes d'investigation consisteront donc a interviewer les personnes proches du dossier, éplucher à fond les réseaux sociaux et envisager chaque hypothèse, même les plus farfelues.

     

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  • [Livre] American royals

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    Lecture terminée le : 05 juin 2020

     

    Résumé : Et si une famille royale régnait sur les États-Unis ?
    Quand les États-Unis ont arraché leur indépendance aux Britanniques, George Washington, général en chef des armées américaines, s'est vu proposer la couronne. Et, au lieu d'insister pour que son pays devienne une république... il a accepté ! Deux cent cinquante ans plus tard, c'est donc la maison Washington qui est à la tête de la première puissance mondiale.
    À seulement vingt-et-un an, Béatrice, élevée pour régner, a la chance d’être la première future reine du pays, où jusque-là seuls des hommes pouvaient exercer le pouvoir... une réforme du droit de succession a bouleversé son existence, mais son avenir tout tracé devient soudain trop pesant pour elle. Samantha, elle, se soucie peu de briser les règles d'une cour qui se soucie peu de ses incartades – jusqu'au jour où sa sœur est soudain sommée d'épouser l'homme dont elle est tombée amoureuse... Sans oublier Jefferson, le frère jumeau de Samantha, relégué au troisième rang dans l'ordre de succession alors qu'il aurait dû régner, et pris dans une redoutable rivalité amoureuse.
    Déchirés entre leur devoir et des penchants bien humains, les membres de la famille royale américaine se débattent sous les feux des projecteurs et des réseaux sociaux.


    Auteur : Katharine McGee

     

    Edition : Lumen

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 05 Septembre 2019

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : Et si les Etats-Unis étaient une royauté ? Si on excepte le fait que, en bonne américaine, l’auteur semble croire que si les USA avaient été une monarchie, personne en Europe n’aurait fait de révolution (Ce qui est plus que discutable, ne serait-ce que parce que les USA, à l’époque de leur guerre d’indépendance, n’avaient clairement pas l’influence sur le monde qu’ils ont aujourd’hui), ce livre a été une bonne lecture.
    Si j’ai grincé des dents tout du long contre le chef du protocole, le roi et la reine avec leur manière de tout contrôler et leurs exigences dignes du XVIIème siècle, il y a un point de l’histoire que j’ai particulièrement apprécié, même si c’est relativement anecdotique : c’est la présence de l’homosexualité comme étant une chose parfaitement normale. Ce n’est pas particulièrement mis en avant (en mode : Vous avez vu, hein, on  fait ça bien), c’est intégré dans l’histoire, au détour d’une phrase. Comme quand on parle des ragots journalistiques et qu’il est fait mention du Duc de je ne sais plus quoi qui se serait disputé avec son mari, ou quand Nina mentionne ses parents et qu’on n’apprend que plus tard qu’elle a deux mères.
    Pour autant, les difficultés que peuvent rencontrer les homosexuels ne sont pas passées sous silence. Ainsi, une des mères de Nina explique à sa fille qu’en tant que femme latino et homosexuelle, elle a dû s’accrocher pour sa carrière.
    J’aime beaucoup ce traitement de l’homosexualité : sans en faire des caisses mais en n’occultant pas que les homosexuels sont victimes de discriminations…
    Des trois plus jeunes membres de la famille royale, chacun va se retrouver dans une situation amoureuse compliquée et qui n’est pas vue d’un bon œil par les grands officiels du Palais.
    Dès le début, on voit assez facilement qui va être en couple avec qui. Et par la même occasion, on voit immédiatement les problèmes que chacun d’entre eux vont devoir affronter.
    Pour Béatrice et Samantha, respectivement 1ère et 2nd dans l’ordre de succession, leurs choix (car même si elles semblent ne pas avoir le choix parfois, je n’en démordrai pas : c’est à elles d’imposer leurs choix, quitte à alerter l’opinion publique) sont irrémédiablement liés. Et je ne suis pas certaine que cela va améliorer leurs relations, déjà tendues.
    D’ailleurs, si leurs relations sont tendues, c’est uniquement la faute de leur entourage.
    Samantha se sent, à juste titre je dirai, considérée comme quantité négligeable par sa famille. On lui fait beaucoup plus de reproche qu’à son frère jumeau, Jefferson. Sous prétexte que lui est un garçon, on lui demande beaucoup moins de retenue.
    J’ai beaucoup aimé les jumeaux, ainsi que Nina, la meilleure amie de Sam.
    J’ai eu un peu plus de mal avec Béatrice que j’ai trouvée un peu trop passive. Mais bon, il faut reconnaître qu’un sacré poids pèse sur ses jeunes épaules et ce n’est pas facile pour elle de se rebeller à la fois contre des traditions qui durent depuis plusieurs siècle et contre un père qu’elle craint plus que tout de décevoir.
    La différence avec les royautés de la renaissance ? Les journalistes et les réseaux sociaux ! Une vraie plaie ! Et pourtant, Béatrice, Samantha et Jefferson y ont droit tous les jours.
    Et qui dit réseaux sociaux, dit commentaires de gens qui croient avoir leur mot à dire sur la vie de personnes qu’ils ne connaissent même pas (et les commentaires sont si réalistes !)

    Autour de la famille royale gravite plein de monde mais les trois qui m’ont le plus intéressée sont Connor, Daphné et Nina.
    Connor est le garde du corps de Béatrice, Nina, comme je l’ai déjà dit, la meilleure amie de Sam, et Daphné, l’ex petite amie de Jefferson.
    Pour cette dernière, j’ai eu des sentiments mitigés : d’un côté, c’est la reine des garces, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir un peu de peine pour elle.
    A priori, il s’agit d’une duologie, et vu tout ce qu’il se passe dans ce livre et surtout la fin, je suis curieuse de voir comment le tome 2 va dénouer ce sac de nœuds.
    Je me suis vraiment attachée aux personnages et j’espère que chacun d’entre eux va trouver, sinon le bonheur, mais au moins sa voie.

     

    Un extrait : La révolution et la naissance de la monarchie en Amérique… cette histoire, on la connaît tous par cœur.

     On l’a découverte dans les livres d’images de notre enfance… dans les pièces de théâtre où, au lieu du roi George ou de la reine Martha, on a dû incarner, malgré la déception, un simple cerisier. On l’a apprise à travers les chansons, les films et les manuels d’histoire – sans oublier la traditionnelle visite guidée du palais de Washington à laquelle on a tous un jour eu droit pour les vacances d’été.

     On l’a tellement entendu seriner qu’on pourrait la réciter par le menu, à commencer par le moment mythique où, après la bataille de Yorktown, le colonel Lewis Nicola est tombé à genoux devant le général en chef des forces américaines, George Washington, pour le supplier au nom du pays tout entier d’accepter la couronne. De devenir, ni plus ni moins, le premier roi d’Amérique.

     On le sait tous : il a dit oui, évidemment.

     Mais les historiens aiment débattre à n’en plus finir de la tournure que les événements auraient pu prendre si les choses s’étaient déroulées autrement. Que se serait-il passé si, au lieu d’accepter le titre de roi, Washington avait réclamé l’organisation d’élections ? S’il avait préféré, pourquoi pas, la charge de premier ministre… ou même inventé un nouveau mandat électoral, un poste complètement neuf, celui de président, par exemple ? D’autres nations auraient pu prendre modèle sur l’Amérique et en faire de même : France, Russie, Prusse, Autriche-Hongrie, Chine ou Grèce auraient peut-être renversé leurs monarchies respectives pour donner naissance à une ère nouvelle, celle de la démocratie.

     Ce n’est pas ce qui est arrivé, bien sûr – et vous n’avez pas ouvert ce livre pour lire des spéculations, d’ailleurs. Vous voulez connaître la vérité, lever le voile sur ce qui s’est passé ensuite, découvrir à quoi ressemble aujourd’hui, deux cent cinquante ans plus tard, cette Amérique toujours dirigée par les descendants de George Ier !

     Salles de bal et portes dérobées, secrets et scandales, passions et déceptions amoureuses… Voici l’histoire de la plus célèbre des lignées, celle dont les déboires se jouent sur la plus grande scène du monde.

     L’histoire de la famille royale américaine.

     

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  • [Livre] Cogito

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    Lecture terminée le : 25 mars 2020

     

    Résumé : Un don du ciel...

    Roxane, dix-huit ans, a plongé dans la délinquance quand ses parents ont perdu leur emploi, remplacés par des robots. Sa dernière chance de décrocher le Brevet d'Accès aux Corporations : un stage de programmation neuronale, une nouvelle technologie promettant de transformer n'importe qui en génie.

    ...ou un pacte avec le diable ?

    Pour les vacances de printemps, Roxane s'envole pour les îles Fortunées, un archipel tropical futuriste entièrement dédié au cyber-bachotage. Mais cette méthode expérimentale qui utilise l'intelligence artificielle pour " améliorer " la substance même de l'esprit humain est-elle vraiment sûre ? En offrant son cerveau à la science, Roxane a-t-elle vendu son âme au diable ?

    Demain, l'intelligence artificielle envahira toutes les strates de la société.

    L'ultime frontière sera notre cerveau.


    Auteur : Victor Dixen

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young adult, Science fiction

     

    Date de parution : 29 Mai 2019

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Après avoir adoré Phobos et eu beaucoup de mal à accrocher à Animale, je ne fais plus de pronostic sur les Victor Dixen, et surtout, je ne lis plus les avis de ceux qui les ont déjà lu.
    Malgré tout, je n’ai pas pu éviter de voir pas mal de critiques négatives sur le personnage principal que beaucoup ont semblé trouvé agaçante (pour rester polie) ou sur la première partie du roman (a priori, prendre le temps de construite l’histoire est devenu quelque chose de négatif).
    Déjà, il faut saluer le travail éditorial : la couverture est magnifique, des messages sont dissimulés dans les pages d’annonce de chapitres… C’est vraiment un ouvrage magnifique.
    Quant à l’histoire, j’ai accroché dès les premières lignes. Je n’ai absolument pas trouvé Roxane insupportable, je l’ai trouvé perdue, paumée, se cherchant beaucoup dans une société qui ne lui donne pas beaucoup de chances de s’en sortir. Il y a de quoi être perdue, non ?
    On voit que l’auteur s’est documenté sur l’intelligence artificielle et il nous montre une possible évolution de notre société si on continue l’automatisation à outrance avec des ordinateurs capables d’effectuer de plus en plus de tâches différentes et complexes sans intervention humaine ou presque.
    Victor Dixen étoffe son histoire de citations de philosophes comme Rousseau ou Descartes.
    J’ai beaucoup aimé l’évolution des personnages. Aussi bien celle de Roxane qui semble accepter de se donner une chance, que ces gosses de riches, arrogants et méprisants, qui prennent peu à peu conscience des réalités du monde que leurs parents contribuent à construire.
    Pourtant, la science-fiction, les robots, les intelligences artificielles, ce n’est pas vraiment mon domaine de prédilection, ça ne m’a jamais plus intéressée que ça.
    Mais là, Victor Dixen a su m’entraîner dans son univers avec les multiples références faites aux films du genre (Terminator, Matrix, I, robot…) dont se sert l’un des personnages pour appuyer ses théories du complot.
    Je n’ai eu à aucun moment de sensation de perte de rythme ou d’ennui et j’ai littéralement dévoré ce roman sans pouvoir le poser.
    Le prochain sur ma liste est « Extincta » et je suis curieuse de voir où l’imagination de l’auteur va nous entraîner cette fois…

     

    Un extrait : QUAND ROXANE SE DÉCIDERA-T-ELLE À UTILISER SON CERVEAU ? Ça fait des années que ses professeurs attendent, en vain. Sans parler de ses problèmes d’attitude. »

    Édouard Delaunay lève les yeux du carnet de correspondance qu’il vient de lire à voix haute, pour m’adresser un grand sourire.

    Ça me fait tout drôle.

    D’habitude, devant mes prouesses scolaires, les adultes ont tendance à tirer la gueule. Les profs secouent la tête d’un air résigné ; la coordinatrice lycée-corporations compulse ses fiches comme si elle avait hâte que je dégage de son bureau ; il n’y a que mon père pour me regarder bien en face, d’un regard aussi lourd que les valises qui le plombent.

    Je frissonne en repensant à cette image terrible : mon reflet dans les yeux de mon géniteur, délavés par la fatigue et par l’alcool. Un portrait si petit, si étriqué que j’ai l’impression d’étouffer.

    « La vie est difficile, qu’est-ce que tu crois ? » « Si tu rates ton BAC, tu rates ta vie ! » « Est-ce que tu n’es vraiment qu’une chiffe molle sans aucune volonté ? »

    Il faut toujours qu’il me prenne la tête, à jouer les durs. Mais il n’est pas dur, lui, il est faible. Sinon, pourquoi aurait-il sombré dans l’alcool, quand il a été viré de son job de comptable pour se retrouver agent auxiliaire à la botte d’une intelligence artificielle ? Pourquoi aurait-il laissé sa femme se tuer à la tâche pendant qu’il cuvait sa bière ? Et surtout, pourquoi se serait-il recasé avec cette garce de Jennifer après la mort de maman ?

    Je me tortille sur ma chaise, refoulant ces souvenirs amers. Au fond de moi, malgré tout ce que je reproche à mon père, je sais qu’il a raison. Je sais que dans notre société où il n’y a plus assez de travail pour tout le monde, le brevet d’accès aux corporations est le passeport obligatoire pour le futur. Depuis que les universités ont été supprimées, c’est à la fin du lycée que tout se joue. Ceux qui réussissent rejoignent les campus des corporations, pour apprendre un métier correspondant aux besoins de ces mégaentreprises. Ceux qui échouent sont automatiquement catalogués « improductifs » à la sortie du bahut, avec zéro perspective d’avenir.

     

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  • [Livre] Les nocturnes

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    Lecture terminée le : 04 septembre 2019

     

    Résumé : Un nom, un bloc, une couleur d'uniforme : Rouge ou Vert. Ce sont les seules informations dont disposent les deux-cent-cinquante pensionnaires de la Croix d'If, entrés dans l'institut sans le moindre souvenir et sans opportunité de sortir.
    Natt Käfig est un Rouge du bloc 3A. Il est le dernier à avoir vu Laura, une Verte, avant sa mystérieuse disparition. Il se fait approcher par un groupe d'élèves... Qui sont ces " Nocturnes " qui ont besoin de son aide et qui pensent que Laura avait découvert les raisons de leur présence dans l'institut ? Rouges et Verts vont devoir collaborer pour percer le secret de la Croix d'If et échapper à l'administration. Y parviendront-ils en apprenant qu'ils sont prisonniers pour des motifs différents ?


    Auteur : Tess Corsac

     

    Edition : Lynks

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 18 avril 2019

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Dès la première fois où j’ai entendu parler de ce roman, j’ai eu envie de le lire.
    La couverture est superbe, et, même si ce n’est pas essentiel, c’est quand même appréciable.

    L’histoire prend place dans un institut situé quelque part en France. 250 pensionnaires sont équitablement répartis entre les Rouges et les Verts. Ils n’ont aucun souvenir de leur passé, ne savent pas ce qu’ils font là et on leur fait miroiter une « réinsertion » qui ne semble jamais arriver.
    Les lieux ressemblent à une école (avec des cours, des niveaux) mais présentent des éléments qui font penser à un milieu carcéral : détecteur de métaux entre les pièces, présence de gardien, enceinte autour du site, couvre-feu…
    Mais les pensionnaires sont bien nourris, et la qualité de la nourriture fait plus penser à un pensionnat privé qu’à une prison.
    On suit Natt, un Rouge présent à l’institut depuis 4 ans, témoin de la tentative de fuite d’une camarade Verte.

    Quand la jeune fille est retrouvée morte, quelques élèves approchent Natt pour savoir ce qu’il a vu, ne croyant pas à la thèse de l’accident.
    Ce groupe, c’est les nocturnes, quelques élèves, de tout âge et venant des deux couleurs, bien décidés à découvrir la vérité sur leur présence en ces lieux.
    Même si j’ai compris relativement tôt de quelle nature était la distinction entre Rouge et Vert, j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt le déroulé de l’histoire car cette distinction n’est que le déclencheur des événements.
    La découverte de la raison de leur présence à l’institut va avoir des conséquences imprévisibles sur les pensionnaires.
    Certains vont très bien supporter les révélations qui leur sont faites, d’autres vont être bouleversés, et d’autres, enfin, vont réagir avec une incroyable violence.
    Et ce n’est pas ceux auxquels on pourrait penser qui vont réagir de la pire des façons.
    J’avoue que je n’ai pas ressentie d’empathie pour ces personnes-là qui, je trouve, se servent de leur histoire comme d’une excuse pour justifier leur attitude inqualifiable.
    Il n’y a aucun temps mort et on se sent presque submergés par les « adversaires » de Natt qui doit affronter à la fois la vérité et le système.
    Le côté psychologique est super bien mené et d’autant plus flippant qu’il ne serait pas impossible qu’un tel lieu existe.
    L’auteur semble avoir une idée très précise sur comment un tel institut pourrait fonctionner et on a vraiment l’impression d’y être.
    J’ai beaucoup aimé découvrir le passé de certains des personnages que l’on découvre au fil des pages sous le format de dossiers.
    La fin est frustrante mais attendue, les personnages eux-mêmes ayant perdue cette fin.
    Mais ça reste profondément énervant. Mais logique. Et crédible (Et énervant, je n’en démordrais pas).
    C’était une excellente lecture qui, une fois n’est pas coutume, tient en un seul tome.
    Mais si l’auteur publie un autre livre, il est certain que je me pencherai dessus. Sans hésitation.

     

    Un extrait : J’entends comme un chuintement venu de l’extérieur. Le bruit de la poudreuse écrasée par des bottes. Un battement régulier et étouffé. Je vois filer une silhouette juste sous mon nez et je ne discerne rien d’autre qu’un corps mince sous une parka épaisse et un visage angoissé retranché derrière une capuche.
    C’est une jeune femme. Je veux l'interpeller, mais mon cri reste bloqué dans ma gorge, je la vois s’éloigner dans une course effrénée, pliée en deux et mains serrées sur son abdomen. Elle a quelque chose de coincé dans le creux de son coude, on dirait une liasse de papiers. Elle disparaît vite dans les fourrés.
    A cet instant, j’hésite. Le couvre-feu n’est pas encore levé, on ne peut pas sortir des blocs sans autorisation expresse d’un gardien ou d’un professeur.
    Dois-je prévenir le gardien de notre groupe pour lui signaler une fugitive ? Dois-je feindre de n’avoir rien vu pour éviter tout émoi dans les dortoirs ? Je n’ai pas à me questionner longtemps. Deux minutes plus tard, une lumière tombe sur mes épaules : le faisceau jaune d’une puissante lampe de poche.

    - Tu as vu Laura ? m’aboie-t-on.

    C’est le gardien d’un bloc voisin qui s’adresse à moi par la fenêtre ouverte. Il a des traits creusés noyés dans une écharpe noire et il porte une chapka kaki. Deux hommes sont sur ses talons. On se presse à la rambarde.

    - Laura, je répète, dubitatif. C’était Laura ?

    C’est une élève de la classe supérieure, elle ne partage pas mon dortoir ni mes salles de cours, mais je la croise de temps en temps aux séances de sport mixtes. C’est une Verte. Que fait une Verte de ce côté du domaine ?, Méfiant, j’évite de m’avancer :

    - Elle vient de passer sur l’allée principale… Je ne sais pas où elle a filé, je l’ai à peine entendue depuis les sanitaires…

    Je préfère rester évasif. Je ne suis pas sûr de vouloir les aiguiller.

     

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  • [Livre] Grace and Fury

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    Lecture terminée le : 18 août 2019

     

    Résumé : « À Viridia, les femmes n'ont pas le droit de lire. Pas non plus le droit de choisir leur mari, leur métier, leur avenir. Ni d'avoir des idées. »
    Depuis toujours, Serina a été formée pour devenir une Grâce et satisfaire le prince héritier, s'il la choisit. Sa sœur Nomi, elle, a été entraînée pour servir Serina et l'aider à séduire le prince.
    Quand le jour de la sélection des Grâces arrive enfin, rien ne se passe comme prévu. Nomi est retenue à la place de sa sœur, et Serina envoyée en prison pour un crime qu'elle n'a pas commis.
    Aucune n'est prête à accepter ce destin qu'on leur impose.

    Pour survivre, les deux sœurs vont devoir s'adapter.

    Pour se retrouver, elles prendront tous les risques.

    La révolte ne fait que commencer...


    Auteur : Tracy Banghart

     

    Edition : Hachette

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 26 septembre 2018

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ma lecture mais j’ai eu de telles impressions de déjà-vu que je me suis demandée si l’auteur avait eu ne serait-ce qu’une idée par elle-même.
    Le début m’a fait penser à La sélection. Nomi, comme America, n’a aucune envie de se trouver là et d’ailleurs elle n’est même pas là en tant que candidate. C’est sa sœur, Serina, qui est destiné à cette tâche.

    Quand sa petite sœur, Nomi, est choisi pour être une des Grâce de l’héritier du royaume, c’est un choc pour Serina.
    Après tout, c’est elle qui s’est entrainée toute sa vie pour tenir ce rôle.
    Le lendemain de ce choix improbable de l’héritier, Serina est surprise avec un livre dans les mains. Or les femmes n’ont pas le droit de lire.
    Un pays où les femmes n’ont aucun droit, pas même celui de lire ? Oui, oui, on est en plein La servante écarlate.
    Serina va être envoyée sur une île-prison et rien dans son éducation ne l’a préparée à ce qui l’attend.
    Les chapitres alternent entre Nomi, au palais, et Serina, sur l’ile.
    du côté de Serine, on se retrouve plus ou moins dans Hunger games et je n’en dirai pas plus.
    Du côté de Nomi, la jeune fille doit contrôler son comportement explosif pour s’adapter à la vie au palais. Elle se lie d’amitié avec Asa, le frère cadet de l’héritier sans lequel elle aurait bien du mal à supporter sa vie de Grâce.
    Et là, on a peu ou prou le scénario de Red Queen.
    J’ai vraiment eu l’impression que l’auteur avait pris ses 4 livres préférés, en avait sorti les meilleurs éléments, et avait bricolé un univers autour de ces points pour donner l’impression d’avoir eu une idée originale.
    Après, comme ces quatre livres sont des livres que j’ai beaucoup aimés, je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé ma lecture.
    Normal, vu que tous les éléments qui ont fait que Hunger games, la servante écarlate, Red Queen et La sélection m’ont plus sont réunis ici !

    J’ai beaucoup aimé les deux sœurs, Serina et Nomi, même si Nomi m’est apparu vraiment très naïve. Son désir de voir les femmes être libérées de l’oppression masculine est puissant et totalement légitime, mais elle semble croire qu’elle va changer des siècles d’oppression en boudant et en tapant du pied.

    En revanche, j’ai vraiment aimé l’évolution de Serina qui est vraiment spectaculaire. De soumise et effacée, elle jette aux orties son éducation en un temps record pour s’élever contre le système et avec beaucoup plus de réalisme que sa sœur.

    Il y a trois autres personnages que j’ai beaucoup aimés :

    D’abord, Renzo, le frère des deux sœurs, qu’on voit peu mais qui semble trouver anormal le sort des femmes dans son pays. J’espère qu’on le verra un peu plus dans les prochains tomes.

    Ensuite, il y a Maris, une autre Grâce de l’héritier qui, comme Nomi, n’est pas ravie de se trouver là, mais pour d’autres raisons que la jeune fille.
    Et enfin Val, l’un des gardiens de l’ile-prison, qui, lui aussi, trouve le sort des femmes inacceptable.
    Malgré la prévisibilité de la fin, qui colle un peu trop à celle d’une autre roman, j’ai quand même très envie de voir ce que l’auteur va faire de la suite et si elle va s’affranchir des autres romans du genre pour suivre sa propre voie.

     

    Un extrait : Serina Tessaro se trouvait sur les marches de la fontaine au centre de la grand-place de Lanos, parmi neuf autres jeunes filles de son âge toutes vêtues de leur plus belle robe. Son sourire éclatant semblait inaltérable, alors même que le crépuscule étouffant, accompagné d’une brume charbonneuse, pesait sur elle.

    Signor Pietro jaugea chacune des candidates, les yeux mi-clos. Il les connaissait toutes depuis leur naissance, les observait, les évaluait, jugeait leur potentiel. Sa moustache poivre et sel frémit lorsqu’il pinça les lèvres.

    La silhouette sombre et imposante des montagnes dominait la ville couverte de suie, ne laissant passer que les ultimes lueurs du jour. La famille de Serina se tenait un peu en retrait de la foule, dans l’ombre. Seules les joues rougies de Nomi étaient visibles. Même à cette distance, Serina percevait la fureur dans le regard de sa sœur. Leur frère, Renzo, laissait une main sur le bras de celle-ci, comme pour la retenir. Serina ne pouvait pas déchiffrer son expression, cependant elle était convaincue qu’il ne partageait pas l’excitation qu’affichaient leurs parents.

    Signor Pietro se détourna des jeunes filles sur les marches de la fontaine pour s’adresser à l’assemblée réunie pour l’occasion. Il allait rendre son verdict. Serina sentait son cœur battre dans sa gorge, mais elle dissimulait son impatience derrière une apparente sérénité. Sa mère lui avait appris l’importance des masques.

    — Cette année, pour la première fois, l’Héritier reprendra la tradition et se choisira trois Grâces. Chaque province est autorisée à envoyer une concurrente dans l’espoir d’accéder à cet honneur. En tant que gouverneur de Lanos, il m’incombe de choisir celle de nos filles qui entreprendra le voyage jusqu’à Bellaqua.

    Peut-être marqua-t-il un silence. Peut-être chercha-t-il à faire durer le suspense. Et pourtant, contrairement à ce que Serina s’était imaginé, le temps ne ralentit pas. Le gouverneur continuait à égrener les mots de sa voix égale et dépassionnée, et ces mots étaient :

    — J’ai choisi Serina Tessaro.

    La foule applaudit. Une lueur d’espoir éclaira le regard de Mamma Tessaro. Nomi se décomposa.

    Hébétée, Serina fit un pas en avant puis exécuta une révérence. Elle n’en revenait pas. Elle irait à Bellaqua. Elle quitterait la ville sale et étouffante de Lanos.

    Elle en avait si souvent rêvé. Elle prendrait le train pour la première fois et traverserait les paysages luxuriants de Viridia. Elle découvrirait la ville du Supérieur, avec ses canaux et son immense palais de marbre. Elle rencontrerait l’Héritier. Il serait aussi beau qu’un prince de conte de fées.



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  • [Livre] Mission nouvelle Terre - T01 - Glow

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    Lecture terminée le : 12 juin 2019

    Résumé : Alors qu'elle vient de fêter son 15ème anniversaire, Waverly n'a connu qu'un seul foyer, l'Empyrée, une navette spatiale à destination de la Nouvelle Terre.

    Sa mission : mettre au monde les enfants qui peupleront la planète. Tous la destinent à Kieran, son ami d'enfance et le futur capitaine du vaisseau. Pourtant Waverly aspire à une autre vie et les silences de son ami Seth l'attirent davantage que les exploits de Kieran.

    Lorsque le navire jumeau de l'expédition attaque l'Empyrée pour enlever toutes les jeunes filles, plus le temps de s'interroger. Waverly et ses amies doivent survivre dans un milieu hostile aux pratiques très différentes des leurs.


    Auteur : Amy Kathleen Ryan

     

    Edition : le Masque

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 10 octobre 2012

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Pour un défi lecture, je devais lire une histoire qui ne se déroulait pas sur Terre. Et figurez-vous que depuis quelques temps (comprenez depuis la sortie du tome 3, soit depuis 2014), j’ai cette petite trilogie qui se passe au fin fond de l’espace et qui attend le bon moment pour avoir la vedette.
    L’auteur ne perd pas de temps pour entrer dans le feu de l’action. Dès les premières pages, Kieran, adolescent destiné à prendre le commandement un jour, se rend compte que le capitaine est préoccupé par la proximité d’un vaisseau spatial identique au leur, mais qui, étant parti un an plus tôt, devrait être bien plus avancé dans son voyage vers leur nouvelle planète habitable.
    On découvre progressivement la mission de l’Empyrée et les raison qui ont motivés le départ de la Terre vers une nouvelle planète.
    Le second vaisseau « le nouvel horizon », est inexplicablement hostile (enfin inexplicablement, ça dépend pour qui), au point d’attaquer l’Empyrée pour enlever toutes les filles. Et parmi elles, Waverly, la fiancée de Kieran.
    Vu la violence de l’attaque et la teneur du résumé, je m’attendais à un vaisseau rempli de machos jugeant que les filles sont un dû et se les attribuant comme des cartes pokémon.
    Alors, imaginez ma surprise quand j’ai découvert que le responsable de cette attaque était une femme !

    Autant je peux comprendre sa colère face à certains agissements du capitaine de l’Empyrée (présent et passés), autant cela n’excuse en rien son comportement manipulateur et fanatique.
    Waverly est bien décidée à ne pas se laisser faire et la voit devenir une femme forte et déterminée qui n’a aucune intention de capituler.
    Le récit alterne entre le point de vue de Wavely, prisonnière du nouvel horizon et celui de Kieran resté sur un Empyrée en sale état et dépouillé de tous ses adultes, morts durant l’attaque, gravement blessés ou tout bonnement portés disparus.

    Et Kieran n’est pas au bout de ses peines ! Les autres garçons cherchent un responsable, le vaisseau est endommagé et Seth, l’un des seuls autres adolescents de son âge et qui en pince pour Waverly, cherche à s’emparer du pouvoir.
    Difficile de choisir entre les deux.
    Kieran est de bonne volonté, mais on lui a tellement répété qu’il était l’héritier du capitaine qu’il prend le commandement un peu comme un dû. De plus il voudrait que rien ne change, mais n’a jamais pris assez de recul pour avoir conscience du réel comportement de ses idoles, surtout envers les femmes. Il se tourne de plus en plus vers la religion et ne semble pas admettre les critiques et la contestation.
    Seth, lui, au contraire, est parfaitement conscient des dérives comportementales présent sur le vaisseau et il veut y mettre un terme. Mais plutôt que de parler à cœur ouvert avec Kieran, il use de violence, tel un dictateur, pour imposer sa vision des choses par la terreur et la violence.
    Franchement, je n’ai apprécié aucun d’entre eux et je me demande comment Waverly va s’en sortir entre ces deux zigotos, surtout que clairement, elle est la seule à avoir l’âme d’un chef.
    La fin laisse présager de nombreux problèmes, plus dûs à l’orgueil des différents dirigeants qu’aux difficultés de coloniser une nouvelle Terre.
    Je pressens une lutte de pouvoir sanglante et puisque j’ai les trois tomes dans ma PAL, je ne pense pas attendre bien longtemps pour découvrir la suite.

     

    Un extrait : L’autre vaisseau était suspendu dans le ciel comme une pendeloque, luisant d’un éclat argenté à la lumière de la nébuleuse. Waverly et Kieran, allongés sur des meules de foin, l'observaient à tour de rôle dans la longue-vue. Ils savaient que cet astronef était la réplique parfaite du leur, pourtant dans l’immensité de l’espace, sans échelle de référence, il aurait pu être aussi minuscule qu’un scaphandre spatial ou aussi gigantesque qu’un astre.

    — Nos vaisseaux sont si laids, soupira Waverly. J’ai déjà vu des photos, mais en vrai...

    — Je sais, rétorqua Kieran en lui prenant la longue-vue des mains. On dirait qu’il a un cancer ou une maladie dans le genre.

    Le Nouvel Horizon était tout aussi biscornu que l’Empyrée, à bord duquel ils se trouvaient. De forme ovoïde, il était couvert de dômes qui accueillaient les différentes unités et rappelaient les bosses d’un topinambour, de ceux que Mme

    Stillwell donnait à Kieran et ses parents au moment de la récolte. Le vaisseau projetait une lueur bleue qui éclairait les particules de la nébuleuse et provoquait des explosions occasionnelles lorsque la chaleur des réacteurs enflammait une poche d’hydrogène.

    Naturellement, grâce à sa puissance d’accélération, il ne subissait jamais aucun dommage.

    — Tu crois qu’ils sont comme nous? demanda Waverly.

    — Bien sûr. Ils ont reçu les mêmes instructions, répondit Kieran tout en jouant avec les boucles brunes de sa compagne.

    — S’ils sont là, c’est qu’ils ont besoin de quelque chose, non ? insista-t-elle.

    — Que pourraient-ils vouloir ? la rassura-t-il. Nous n’avons rien qu’ils ne possèdent déjà.

    En son for intérieur, Kieran s’étonnait pourtant de la proximité du vaisseau.

    Selon toute logique, le Nouvel Horizon aurait dû devancer l’Empyrée de plusieurs billions de kilomètres, ayant été lancé avec une année d’avance sur celui-ci, quarante-trois ans plus tôt.

     

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