Lecture terminée le : 25 mars 2020
Résumé : Un don du ciel...
Roxane, dix-huit ans, a plongé dans la délinquance quand ses parents ont perdu leur emploi, remplacés par des robots. Sa dernière chance de décrocher le Brevet d'Accès aux Corporations : un stage de programmation neuronale, une nouvelle technologie promettant de transformer n'importe qui en génie.
...ou un pacte avec le diable ?
Pour les vacances de printemps, Roxane s'envole pour les îles Fortunées, un archipel tropical futuriste entièrement dédié au cyber-bachotage. Mais cette méthode expérimentale qui utilise l'intelligence artificielle pour " améliorer " la substance même de l'esprit humain est-elle vraiment sûre ? En offrant son cerveau à la science, Roxane a-t-elle vendu son âme au diable ?
Demain, l'intelligence artificielle envahira toutes les strates de la société.
L'ultime frontière sera notre cerveau.
Auteur : Victor Dixen
Edition : Robert Laffont
Genre : Young adult, Science fiction
Date de parution : 29 Mai 2019
Prix moyen : 20€
Mon avis : Après avoir adoré Phobos et eu beaucoup de mal à accrocher à Animale, je ne fais plus de pronostic sur les Victor Dixen, et surtout, je ne lis plus les avis de ceux qui les ont déjà lu.
Malgré tout, je n’ai pas pu éviter de voir pas mal de critiques négatives sur le personnage principal que beaucoup ont semblé trouvé agaçante (pour rester polie) ou sur la première partie du roman (a priori, prendre le temps de construite l’histoire est devenu quelque chose de négatif).
Déjà, il faut saluer le travail éditorial : la couverture est magnifique, des messages sont dissimulés dans les pages d’annonce de chapitres… C’est vraiment un ouvrage magnifique.
Quant à l’histoire, j’ai accroché dès les premières lignes. Je n’ai absolument pas trouvé Roxane insupportable, je l’ai trouvé perdue, paumée, se cherchant beaucoup dans une société qui ne lui donne pas beaucoup de chances de s’en sortir. Il y a de quoi être perdue, non ?
On voit que l’auteur s’est documenté sur l’intelligence artificielle et il nous montre une possible évolution de notre société si on continue l’automatisation à outrance avec des ordinateurs capables d’effectuer de plus en plus de tâches différentes et complexes sans intervention humaine ou presque.
Victor Dixen étoffe son histoire de citations de philosophes comme Rousseau ou Descartes.
J’ai beaucoup aimé l’évolution des personnages. Aussi bien celle de Roxane qui semble accepter de se donner une chance, que ces gosses de riches, arrogants et méprisants, qui prennent peu à peu conscience des réalités du monde que leurs parents contribuent à construire.
Pourtant, la science-fiction, les robots, les intelligences artificielles, ce n’est pas vraiment mon domaine de prédilection, ça ne m’a jamais plus intéressée que ça.
Mais là, Victor Dixen a su m’entraîner dans son univers avec les multiples références faites aux films du genre (Terminator, Matrix, I, robot…) dont se sert l’un des personnages pour appuyer ses théories du complot.
Je n’ai eu à aucun moment de sensation de perte de rythme ou d’ennui et j’ai littéralement dévoré ce roman sans pouvoir le poser.
Le prochain sur ma liste est « Extincta » et je suis curieuse de voir où l’imagination de l’auteur va nous entraîner cette fois…
Un extrait : QUAND ROXANE SE DÉCIDERA-T-ELLE À UTILISER SON CERVEAU ? Ça fait des années que ses professeurs attendent, en vain. Sans parler de ses problèmes d’attitude. »
Édouard Delaunay lève les yeux du carnet de correspondance qu’il vient de lire à voix haute, pour m’adresser un grand sourire.
Ça me fait tout drôle.
D’habitude, devant mes prouesses scolaires, les adultes ont tendance à tirer la gueule. Les profs secouent la tête d’un air résigné ; la coordinatrice lycée-corporations compulse ses fiches comme si elle avait hâte que je dégage de son bureau ; il n’y a que mon père pour me regarder bien en face, d’un regard aussi lourd que les valises qui le plombent.
Je frissonne en repensant à cette image terrible : mon reflet dans les yeux de mon géniteur, délavés par la fatigue et par l’alcool. Un portrait si petit, si étriqué que j’ai l’impression d’étouffer.
« La vie est difficile, qu’est-ce que tu crois ? » « Si tu rates ton BAC, tu rates ta vie ! » « Est-ce que tu n’es vraiment qu’une chiffe molle sans aucune volonté ? »
Il faut toujours qu’il me prenne la tête, à jouer les durs. Mais il n’est pas dur, lui, il est faible. Sinon, pourquoi aurait-il sombré dans l’alcool, quand il a été viré de son job de comptable pour se retrouver agent auxiliaire à la botte d’une intelligence artificielle ? Pourquoi aurait-il laissé sa femme se tuer à la tâche pendant qu’il cuvait sa bière ? Et surtout, pourquoi se serait-il recasé avec cette garce de Jennifer après la mort de maman ?
Je me tortille sur ma chaise, refoulant ces souvenirs amers. Au fond de moi, malgré tout ce que je reproche à mon père, je sais qu’il a raison. Je sais que dans notre société où il n’y a plus assez de travail pour tout le monde, le brevet d’accès aux corporations est le passeport obligatoire pour le futur. Depuis que les universités ont été supprimées, c’est à la fin du lycée que tout se joue. Ceux qui réussissent rejoignent les campus des corporations, pour apprendre un métier correspondant aux besoins de ces mégaentreprises. Ceux qui échouent sont automatiquement catalogués « improductifs » à la sortie du bahut, avec zéro perspective d’avenir.