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[Livre] Vampyria - T01 - La cour des ténèbres

Vampyria - T01 - La Cour des Tenebres - Victor Dixen.jpg

Lecture terminée le : 24 février 2021

 

Résumé : EN L’AN DE GRÂCE 1715, le Roy-Soleil s’est transmuté en vampyre pour devenir le Roy des Ténèbres. Depuis, il règne en despote absolu sur la Vampyria : une vaste coalition à jamais figée dans un âge sombre, rassemblant la France et ses royaumes vassaux. Un joug de fer est imposé au peuple, maintenu dans la terreur et littéralement saigné pour nourrir l’aristocratie vampyrique.
TROIS SIÈCLES PLUS TARD, Jeanne est arrachée à sa famille de roturiers et catapultée à l’école formant les jeunes nobles avant leur entrée à la Cour. Entre les intrigues des morts-vivants du palais, les trahisons des autres élèves et les abominations grouillant sous les ors de Versailles, combien de temps Jeanne survivra-t-elle ?


Auteur : Victor Dixen

 

Edition : Robert Laffont (R)

 

Genre : SFFF

 

Date de parution : 15 Octobre 2020

 

Prix moyen : 16€

 

Mon avis : De Victor Dixen j'ai déjà lu Phobos, que j'ai beaucoup aimé, Animale, avec lequel j'ai eu un peu plus de mal sans trop savoir pourquoi car je me rappelle avoir tout autant aimé la plume de l'auteur, et enfin Cogito que j'ai adoré.

J'avais prévu de lire d'abord Extincta, dans une sorte d'obsession de les lire selon l'ordre de leur sortie, mais mes copines sur Instagram avaient tellement envie de faire une lecture commune sur Vampyria, que je n'ai pas pu résister à bouleverser mon ordre de lecture.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'auteur nous plonge dans le bain dès le premier chapitre. Le bain de sang même.

La rapidité avec laquelle il extermine 90 % des personnages qu'il nous a présentés en ce début de roman coupe le souffle. Dès lors, un peu comme dans Game of Thrones, on se dit que personne n'est à l'abri.

Dissimulée sous les traits de Diane, une jeune noble orpheline, Jeanne, la seule survivante du massacre de sa famille, est escortée à Versailles par le vampyre Alexandre de Mortange, vicomte de Clermont.

Le but de Jeanne, en se faisant passer pour une jeune fille de la noblesse, n'est pas de survivre mais de poursuivre sa vengeance.

Pour cela, il va d'abord lui falloir survivre à la Grande Ecurie, l'école qui forme les jeunes nobles à entrer à la cour de Versailles au service du Roy.

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette école est un vrai panier de crabes. Si les filles et les garçons sont séparés, et que donc, puisqu'on suit Jeanne, on en sait un peu moins sur ces messieurs, le moins qu'on puisse dire c'est que les filles sont de vraies tigresses prêtes à toutes les bassesses pour tenir le haut du panier.

Certaines plus que d'autres bien évidemment.

Car il y a quand même des jeunes filles qui ont un cœur, comme Naoko qui vient du royaume allié du Japon, et qui semble se tenir à l'écart de toutes ces petites guerres intestines.

Au fil du récit, Jeanne évolue, et pour se rapprocher de sa vengeance, prend des décisions qui me semblent être à l'encontre de sa personnalité. Elle se conduit de plus en plus comme les vampyres qu'elle a juré de détruire. Et malgré les avertissements de son amie, elle ne semble pas beaucoup se remettre en question.

Et en même temps peut-on vraiment l'en blâmer, alors qu'à moins de 18 ans elle vient de voir sa famille se faire massacrer sous ses yeux.

Victor Dixen nous mène par le bout du nez, quand on croit entrevoir une solution, il nous claque la porte au nez.

Malgré le fait que ce tome, puisqu'il est le premier, avait la charge de planter le décor de cet univers, il ne comporte pas de longueur et n'est pas avare d'action.

Peu de temps avant la fin, il y a un retournement de situation que je n'avais vraiment pas vu venir et qui m'a scotchée.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai hâte de lire la suite, et heureusement je crois que je ne vais pas avoir trop longtemps à attendre, parce qu'il me semble que le tome 2 est prévu pour cette année.

Ça tombe bien parce que j'ai plein de questions, plein qui découlent des événements relatés dans le tome 1 mais aussi plein sur l'univers en lui-même.

Comme par exemple:

- Que se cache-t-il sous le masque d'or de Louis XIV?

- Il est dit que Louis XIV a été transmuté en vampyre peu avant sa mort humaine. A cet âge-là, il avait un arrière-petit-fils, le futur Louis XV, qui, puisque le roy est devenu immortel, ne règne pas. Je me demande donc si Louis XV, ou du moins sa descendance, va avoir un rôle dans cette histoire.

- Enfin, le plus grand mystère de la période de Louis XIV a été celui entourant l'homme au masque de fer. Je me demande si cela va être repris dans l'histoire, ou si son symbole est seulement repris par le fait que Louis XIV porte un masque d'or depuis qu'il a été transformé.

Plein de questions donc, sans avoir d'a priori sur les réponses (je ne serai pas, par exemple, déçue si Victor Dixen a purement et simplement supprimé Louis XV de l'histoire), mais j'ai vraiment hâte de lire la suite pour voir ce que cet auteur sadique nous a concocté.

 

Un extrait : Une main blanche aux longs doigts élégants émerge des ombres, festonnée d’une manche de soie fine. La paume de marbre semble inviter la mienne. Au moment d’y poser mes doigts tremblants, j’ai l’impression de toucher la surface glacée d’une statue. Le faible rayon de lune filtrant à travers les voilages éclaire la chevalière volée à Diane, dont l’éclat doré luit à mon annulaire. « Vous êtes la fille unique du baron, n’est-ce pas ? » me demande le vampyre. Je hoche la tête, la gorge trop serrée pour articuler la moindre parole. Mon stratagème fonctionne : le visiteur n’a jamais rencontré celle dont j’usurpe l’identité. Mon odeur de roturière semble masquée par le parfum imprégnant le négligé. Mais il suffirait que la créature se retourne et observe la chambre, pour découvrir au-dessus de la cheminée un portrait qui n’est pas le mien ! Aurai-je alors le cran de prétendre qu’il s’agit d’une parente ? Aura-t-il la curiosité d’inspecter le cadavre mutilé pour y chercher une ressemblance ? Pour l’heure, toute son attention paraît dirigée sur ma seule personne. « Je crains que vous ne soyez désormais orpheline, mademoiselle… mademoiselle ? — Diane », je lâche dans un souffle. Voici donc le dernier oripeau de ma victime que je dois encore m’approprier : son prénom. Il sonne étrangement proche du mien, comme s’il m’était prédestiné. La baronnette l’avait emprunté à la plus grandes des chasseresses, et il m’échoit à présent, à moi qui braconnais sur les terres de son père. « Ne vous tourmentez pas, Diane, susurre le vampyre. Sa Majesté sait se montrer généreuse envers les mortels qui se sacrifient pour elle. » Il se penche en avant ; sa riche redingote de brocart bleu nuit entre dans le rayon de lune, puis le jabot de sa chemise piqué d’un gros saphir, et enfin sa tête tout entière. Elle m’évoque là aussi celle d’une statue. Son teint éclatant contraste avec sa longue chevelure d’un roux sombre et soyeux – rien à voir avec le nid à poussière informe qui coiffait le baron. Je suis frappée par la beauté juvénile émanant de ce visage parfaitement symétrique, d’un grain de peau si fin qu’il en devient indécelable, aux lèvres pleines et aux épais sourcils roux qu’on croirait peints sur de la porcelaine. Cet être semble avoir le même âge que moi, et sans doute était-ce le cas, la nuit où il est devenu vampyre – mais qui peut dire de quand date sa transmutation ? S’il l’a accomplie en même temps que le Roy, cela signifie qu’il infeste la terre depuis près de trois cents ans ! Au milieu de cette illusion de jeunesse, parmi cette candeur angélique, il y a tout de même un détail qui trahit sa nature monstrueuse : ses pupilles sont deux disques noirs tellement dilatés qu’ils dévorent presque tout le blanc des globes oculaires. Tels ceux des chats et des hiboux, les yeux des vampyres s’adaptent à l’obscurité ambiante, et voient dans la nuit comme en plein jour… « Mes hommages, dit-il en se penchant pour me faire un baise-main. Je suis Alexandre de Mortange, vicomte de Clermont. » Je détourne les yeux pour ne pas hurler, au moment où ses lèvres effleurent le revers de ma main de leur velours froid. Mon regard éperdu tombe à nouveau sur le miroir de la coiffeuse. Je m’y vois reflétée dans mon négligé souillé, dont la couleur brunit à mesure que le sang s’oxyde. Le visage du mort-vivant, en revanche, est invisible, de même que ses mains, comme si son habit de brocart n’était empli que de vide. Ce n’est donc pas un mythe : la peau des vampyres, ces démons immortels, ne se réfléchit pas dans les glaces… « Dès cette nuit, je vous emmène à Versailles, où je témoignerai devant la Cour de cette opération réussie contre la Fronde », dit-il en se redressant. Ses lèvres blêmes s’étirent pour dévoiler des dents plus blanches encore que son teint, prolongées de deux canines pointues, luisantes comme des agates. « Et dans quelques jours, Diane de Gastefriche, par la grâce des Ténèbres, vous aurez l’honneur de devenir pupille du Roy ! »

 

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