Lecture terminée le : 04 septembre 2019
Résumé : Un nom, un bloc, une couleur d'uniforme : Rouge ou Vert. Ce sont les seules informations dont disposent les deux-cent-cinquante pensionnaires de la Croix d'If, entrés dans l'institut sans le moindre souvenir et sans opportunité de sortir.
Natt Käfig est un Rouge du bloc 3A. Il est le dernier à avoir vu Laura, une Verte, avant sa mystérieuse disparition. Il se fait approcher par un groupe d'élèves... Qui sont ces " Nocturnes " qui ont besoin de son aide et qui pensent que Laura avait découvert les raisons de leur présence dans l'institut ? Rouges et Verts vont devoir collaborer pour percer le secret de la Croix d'If et échapper à l'administration. Y parviendront-ils en apprenant qu'ils sont prisonniers pour des motifs différents ?
Auteur : Tess Corsac
Edition : Lynks
Genre : Young Adult
Date de parution : 18 avril 2019
Prix moyen : 17€
Mon avis : Dès la première fois où j’ai entendu parler de ce roman, j’ai eu envie de le lire.
La couverture est superbe, et, même si ce n’est pas essentiel, c’est quand même appréciable.
L’histoire prend place dans un institut situé quelque part en France. 250 pensionnaires sont équitablement répartis entre les Rouges et les Verts. Ils n’ont aucun souvenir de leur passé, ne savent pas ce qu’ils font là et on leur fait miroiter une « réinsertion » qui ne semble jamais arriver.
Les lieux ressemblent à une école (avec des cours, des niveaux) mais présentent des éléments qui font penser à un milieu carcéral : détecteur de métaux entre les pièces, présence de gardien, enceinte autour du site, couvre-feu…
Mais les pensionnaires sont bien nourris, et la qualité de la nourriture fait plus penser à un pensionnat privé qu’à une prison.
On suit Natt, un Rouge présent à l’institut depuis 4 ans, témoin de la tentative de fuite d’une camarade Verte.
Quand la jeune fille est retrouvée morte, quelques élèves approchent Natt pour savoir ce qu’il a vu, ne croyant pas à la thèse de l’accident.
Ce groupe, c’est les nocturnes, quelques élèves, de tout âge et venant des deux couleurs, bien décidés à découvrir la vérité sur leur présence en ces lieux.
Même si j’ai compris relativement tôt de quelle nature était la distinction entre Rouge et Vert, j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt le déroulé de l’histoire car cette distinction n’est que le déclencheur des événements.
La découverte de la raison de leur présence à l’institut va avoir des conséquences imprévisibles sur les pensionnaires.
Certains vont très bien supporter les révélations qui leur sont faites, d’autres vont être bouleversés, et d’autres, enfin, vont réagir avec une incroyable violence.
Et ce n’est pas ceux auxquels on pourrait penser qui vont réagir de la pire des façons.
J’avoue que je n’ai pas ressentie d’empathie pour ces personnes-là qui, je trouve, se servent de leur histoire comme d’une excuse pour justifier leur attitude inqualifiable.
Il n’y a aucun temps mort et on se sent presque submergés par les « adversaires » de Natt qui doit affronter à la fois la vérité et le système.
Le côté psychologique est super bien mené et d’autant plus flippant qu’il ne serait pas impossible qu’un tel lieu existe.
L’auteur semble avoir une idée très précise sur comment un tel institut pourrait fonctionner et on a vraiment l’impression d’y être.
J’ai beaucoup aimé découvrir le passé de certains des personnages que l’on découvre au fil des pages sous le format de dossiers.
La fin est frustrante mais attendue, les personnages eux-mêmes ayant perdue cette fin.
Mais ça reste profondément énervant. Mais logique. Et crédible (Et énervant, je n’en démordrais pas).
C’était une excellente lecture qui, une fois n’est pas coutume, tient en un seul tome.
Mais si l’auteur publie un autre livre, il est certain que je me pencherai dessus. Sans hésitation.
Un extrait : J’entends comme un chuintement venu de l’extérieur. Le bruit de la poudreuse écrasée par des bottes. Un battement régulier et étouffé. Je vois filer une silhouette juste sous mon nez et je ne discerne rien d’autre qu’un corps mince sous une parka épaisse et un visage angoissé retranché derrière une capuche.
C’est une jeune femme. Je veux l'interpeller, mais mon cri reste bloqué dans ma gorge, je la vois s’éloigner dans une course effrénée, pliée en deux et mains serrées sur son abdomen. Elle a quelque chose de coincé dans le creux de son coude, on dirait une liasse de papiers. Elle disparaît vite dans les fourrés.
A cet instant, j’hésite. Le couvre-feu n’est pas encore levé, on ne peut pas sortir des blocs sans autorisation expresse d’un gardien ou d’un professeur.
Dois-je prévenir le gardien de notre groupe pour lui signaler une fugitive ? Dois-je feindre de n’avoir rien vu pour éviter tout émoi dans les dortoirs ? Je n’ai pas à me questionner longtemps. Deux minutes plus tard, une lumière tombe sur mes épaules : le faisceau jaune d’une puissante lampe de poche.
- Tu as vu Laura ? m’aboie-t-on.
C’est le gardien d’un bloc voisin qui s’adresse à moi par la fenêtre ouverte. Il a des traits creusés noyés dans une écharpe noire et il porte une chapka kaki. Deux hommes sont sur ses talons. On se presse à la rambarde.
- Laura, je répète, dubitatif. C’était Laura ?
C’est une élève de la classe supérieure, elle ne partage pas mon dortoir ni mes salles de cours, mais je la croise de temps en temps aux séances de sport mixtes. C’est une Verte. Que fait une Verte de ce côté du domaine ?, Méfiant, j’évite de m’avancer :
- Elle vient de passer sur l’allée principale… Je ne sais pas où elle a filé, je l’ai à peine entendue depuis les sanitaires…
Je préfère rester évasif. Je ne suis pas sûr de vouloir les aiguiller.