Lecture terminée le : 08 mars 2021
Résumé : Veronica est une ado de 17 ans à qui tout réussit. Jolie fille populaire et major de sa promotion, elle vient d'être admise dans la prestigieuse université de Brown. Ses parents sont très fiers de sa réussite. Et effectivement, sa vie semble toute tracée ! Pourtant le jour où Veronica découvre qu'elle est enceinte : son monde s'écroule. Ses chances d'intégrer l'une des meilleures écoles sont menacées.
Son petit ami est un loser et elle n'est pas prête à être mère. Mais Veronica vit dans le Missouri, un état où l'accord parental est indispensable pour qu'une mineure puisse avorter. Et elle sait qu'elle ne pourra jamais compter sur le soutien de ses parents. Sa seule solution : se rendre dans une clinique au Nouveau-Mexique, à près de 1 500 kilomètres de chez elle. Désespérée, elle se tourne vers son ex-meilleure amie, Bailey, punkette affranchie, pour effectuer les 14 heures de route qui les séparent de la clinique.
Auteur : Ted Caplan et Jennifer Hendriks
Edition : Bayard
Genre : Young adult
Date de parution : 24 février 2021
Prix moyen : 15€
Mon avis : Veronica, 17 ans, est l'adolescente parfaite. Elle a le petit ami parfait, des amies parfaites, est pressentie pour être major de sa promo, et a d'ores et déjà été accepté dans une université de l'Ivy league.
Mais sa vie toute tracée et ses projets pourraient s'écrouler quand elle découvre qu'elle est enceinte. Il faut dire qu'elle sait déjà comment ses parents vont réagir puisque lorsque la même mésaventure était arrivée à sa sœur aînée, ils l'avaient pressée d'abandonner ses études d'infirmière pour épouser le responsable de son état qu'elle ne connaissait que depuis quelques semaines.
Et pour Veronica, hors de question de renoncer à son avenir pour devenir l'épouse de Kevin et passer sa vie entre le foyer et l'église.
Sans n’en parler à personne, elle se renseigne pour un avortement et apprend que dans son Etat, les mineurs ont besoin de l'autorisation de leurs parents pour avorter.
Ce n'est pas forcément le cas dans tous les états des USA. Ainsi, la clinique la plus proche de chez Veronica où subir un avortement sans avoir besoin d'autorisation parentale est au Nouveau-Mexique, à Albuquerque, soit à 1627 km de chez elle.
Ça tombe bien, Veronica est censée passer 3 jours dans un chalet avec ses meilleures amies pour réviser en vue des derniers examens.
Demander à ses amies de la couvrir en leur disant qu'elle a envie de passer un weekend en tête à tête avec son petit ami, puis demander à celui-ci de l'accompagner au Nouveau-Mexique semble n'être qu'une formalité.
Mais les choses ne vont pas se passer aussi facilement qu'elle l'escomptait et je vous laisserai découvrir pourquoi. Tout ce que je peux vous dire c'est que je ne m'attendais vraiment pas à ça et qu’on n’a pas fini d'entendre parler de Kevin dans ce livre.
C'est donc finalement avec Bailey, seule à être au courant de sa grossesse, même si elle l'a appris par accident, qu'elle va faire les 14 heures de route qui la sépare de la clinique.
Bailey, qui jusqu'à la fin du collège était sa meilleure amie et qui aujourd'hui semble être le paria du lycée.
J'ai beaucoup aimé le ton utilisé par les auteurs dans leur roman.
Il y a beaucoup d'humour, d'autant plus que le road trip des filles ne va pas exactement se dérouler comme prévu. On n’y parle pas que d'avortement d'ailleurs, mais aussi de tout un tas de sujets qui touchent les adolescents comme la découverte de sa sexualité, de son orientation sexuelle, des craintes envers l'avenir, de la pression ressentie, etc...
Malgré l'humour, très présent mais jamais lourd, il y a eu des passages qui m'ont glacé le sang, d'autant plus que je n'arrive pas à comprendre certaines attitudes.
Je comprends, par exemple, que l'on refuse de recourir à un avortement, mais je ne comprends pas que l'on veuille imposer ses choix à autrui y compris par la violence.
J'ai eu aussi beaucoup de mal avec un certain personnage, qui ne semble pas comprendre à quel point son comportement est grave.
J'ai beaucoup aimé Veronica, j'ai beaucoup apprécié son évolution, sa manière de se remettre en question sous le regard de Bailey, mais même avant cela, sa décision d'avorter pour avoir un avenir malgré toute l'éducation qu'elle a reçu et l'endoctrinement de son église (car plusieurs passages qui nous montrent ce qu'elle fait à l'église révèlent un véritable endoctrinement sectaire), montre sa force de caractère et sa capacité à réfléchir par elle-même sans tenir pour acquis tout ce qu'on lui a appris.
Ce roman est plein de rebondissements et de péripéties, on ne s'ennuie pas une seconde, et le chapitrage par kilomètres nous offre un rythme assez décalé, avec des chapitres ne comportant qu'une ou deux phrases. Ça peut paraître bizarre, mais en réalité ça m’a donné l'impression d'être sur la route avec les deux héroïnes et je me suis senti encore plus immergée dans l'histoire.
J'ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman et je ne peux que le conseiller, non seulement aux adolescents mais également aux adultes, car une fois retiré le problème de l'autorisation parentale, reste celui du choix à faire et des pressions que l'on peut subir à ce sujet.
Un extrait : Au moment où on attaque les glaces, ma sœur s’éclaircit la gorge.
– On a une nouvelle à vous annoncer.
Je l’interroge :
– Tu as décidé de passer ton diplôme d’infirmière ?
– Non ! pouffe-t-elle, avant d’ajouter, rayonnante : On attend un bébé !
Ma mère se lève d’un bond en poussant un cri de joie à déchirer les tympans. Mon père expire lentement et s’affaisse imperceptiblement sur sa chaise. Je vois son regard glisser vers ma main, comme pour vérifier que je porte toujours ma bague de virginité.
Puis il plaque un sourire sur son visage et parvient à lancer un chaleureux « Félicitations » à ma sœur.
Je tripote l’anneau à mon doigt, effleurant ses volutes et ses sillons familiers. C’était une idée de mon père, au départ. J’ai accepté avec enthousiasme, ravie de prêter serment devant toute l’église. Cette promesse de chasteté, qui ne voulait presque rien dire quand j’avais douze ans, m’a juste servi à lui montrer que je valais mieux que ma sœur. Je ne suis pas censée savoir, bien sûr, mais j’ai entendu les disputes. Notre maison n’est pas grande et les murs sont minces. Malgré ses allures de maman heureuse et dévouée, Melissa avait d’autres projets lorsqu’elle s’est retrouvée enceinte pour la première fois. Quand elle a fondu en larmes devant mes parents, ce soir-là, elle ne connaissait Pete que depuis quelques semaines, et elle commençait à peine ses études d’infirmière. Papa n’a pas crié. Il a laissé ce soin à ma mère. Non, mon père est resté calme, mais inflexible. Pour lui, ma sœur était devenue mère, et ses besoins passaient désormais après ceux de ses enfants. C’est ainsi qu’ils s’étaient comportés avec nous, maman et lui. Papa a contré tous les arguments de Melissa avec amour. Il l’a rassurée. Il lui a promis de l’aide. De l’argent. Du baby-sitting. Tout ce dont ils pourraient avoir besoin. Pour finir, il l’a suppliée, la voix pleine de larmes. À la fin de la semaine, ma sœur était fiancée et souriante, et elle avait oublié tout le reste. Comment nos rêves pourraient-ils faire le poids face à tant d’amour ?
Je sais que les miens n’y résisteraient pas.