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[Livre] Les sorcières de Pendle

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Lecture terminée le : 09 novembre 2020

 

Résumé : Lancashire, Pendle, 1612. A 17 ans, Fleetwood Shuttleworth est enceinte pour la quatrième fois. Mais après trois fausses couches, la maîtresse du domaine de Gawthorpe Hall n'a toujours pas donné d'héritier à son mari. Lorsqu'elle croise le chemin d'Alice Gray, une jeune sage-femme qui connaît parfaitement les plantes médicinales, Fleetwood voit en elle son dernier espoir. Mais quand s'ouvre un immense procès pour sorcellerie à Pendle, tous les regards se tournent vers Alice, accusée comme tant d'autres femmes érudites, solitaires ou gênantes.
Alors que le ventre de Fleetwood continue de s'arrondir, la jeune fille n'a plus qu'une obsession pour sauver sa vie et celle de son bébé : innocenter Alice. Le temps presse et trois vies sont en jeu. Etre une femme est le plus grand risque qui soit.


Auteur : Stacey Halls

 

Edition : Michel Lafon

 

Genre : Historique

 

Date de parution : 24 Septembre 2020

 

Prix moyen : 19€

 

Mon avis : Etre une femme n’a jamais été facile. Mais être une femme en 1612 était particulièrement dangereux ! Comme si ça ne suffisait pas de ne pas avoir son mot à dire sur grand-chose et surtout pas sur le choix de son mari, de risquer fortement de mourir en couche et d’être considérée comme seule responsable en cas d’absence d’enfants (ou pire, de naissance de filles uniquement), il fallait en plus qu’on leur colle sur le dos des accusations de sorcellerie dès lors qu’elles semblaient avoir quelques connaissances suspectes (la plupart du temps, une bête connaissance de l’utilisation des plantes médicinale, ce qu’une grande partie des paysannes, qui n’avaient guère les moyens de payer un médecin, d’empressaient d’apprendre pour tenter de garder leur famille en vie).
La première chose à savoir sur ce roman, la chose qui m’a d’ailleurs attiré vers lui comme une lampe attire les papillons de nuit, c’est que quasiment tous les faits relatés sont historiques. Le procès des sorcières de Pendle a bel et bien eu lieu. Tous les personnages du roman ont bel et bien existés. (D’ailleurs, si vous ne voulez pas vous spoiler, je vous conseille de ne pas aller lire la page wikipédia du procès tant que vous n’avez pas lu le livre parce que la fin y est dévoilée en partie). La seule chose qui ne soit pas historique (je dis la seule chose, mais dans l’arc narratif, cela reste quelque chose d’important) c’est la relation entre Fleetwood et Alice. Rien ne laisse en effet penser que ces deux femmes ne se soient jamais rencontrées.
Fleetwook, de haute naissance, et Alice, de basse extraction, ont une chose en commun : l’absence de choix.
Fleetwood a été mariée à 14 ans à son époux, Richard. A 17 ans, elle tente de menée sa quatrième grossesse à terme, les trois précédentes ayant terminées en fausse couche. Cette grossesse-ci à cela de particulier que Fleetwood a des raisons de penser que sa propre vie est en jeu.
Alice, elle, essaie de survivre, malgré la misère dans laquelle elle vit. Elle ne pense pas au mariage car pour elle, se marier ne changerait rien à sa vie, à part changer l’homme à qui elle devra obéir (c’est sûr que vu sous cet angle…)
La rencontre entre Fleetwood et Alice est un pur hasard mais la jeune femme découvre vite qu’Alice est une sage-femme et qu’elle a l’air de savoir ce qu’elle fait, elle décide donc de l’embaucher, persuadée que sans Alice, elle n’a aucune chance de survie.
Quand l’affaire des sorcières de Pendle éclate, Fleetwood est furieuse de voir les manigances de son voisin, Roger, qui, dans le but non dissimulé d’acquérir plus de pouvoir en se faisant mousser devant le roi, ne recule devant rien pour accuser les femmes.
La jeune fille n’hésite pas à le mettre face à ses contradictions, à la faiblesse de ses accusations et à son hypocrisie, mais, peu soutenue par son mari, qui n’ose pas vraiment de mettre à dos quelqu’un d’aussi puissant que Roger et qui ne veut que récupérer sa douce et docile petite épouse qu’on lui a changé contre une vraie furie, elle se fait renvoyer dans les cordes, quand cet odieux personnage ne la menace pas carrément.
Ce Roger m’est vraiment sorti par les yeux. Il se fiche bien d’envoyer des innocentes à la mort du moment que cela sert ses intérêts et il sait bien qu’entre sa paroles et la parole de miséreuses, c’est la sienne qui sera entendu.
Et c’est bien pour ça qu’il veut faire taire Fleetwood : Il n’a pas intérêt à ce qu’elle convainque son mari de s’en mêler pour de bon.
Richard… J’ai été partagée. Il y a des moments où il m’a fait enrager, même si finalement il n’est pas pire que n’importe quel homme de son époque. Et à d’autre, il est remonté dans mon estime. C’est un homme qui semble être pris entre son amour pour sa femme et son éducation. Mais j’ai souvent eu envie de lui foutre des baffes.
La mère de Fleetwood aussi est à baffer la plupart du temps et en même temps, elle aussi est une femme qui s’est retrouvée seule à une époque où une femme ne peut que dépendre d’un homme, alors même si son attitude envers Fleetwood peut rendre dingue, elle sait bien ce que risque une femme qui n’a plus de protection.
Le roman se lit très vite. Il fait bouillir à plusieurs reprises tant il met en avant le fait que les lois sont faites par les hommes, pour les hommes, rendant les femmes impuissantes devant leur toute-puissance, quel que soit leur naissance, qu’elles soient une châtelaine dormant dans des draps de soie ou une paysanne qui se roule en boule dans un taudis où le toit laisse passer la pluie.
J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman, j’ai tremblé pour les personnages féminin, j’ai détesté certains personnages (beaucoup masculins mais pas que), et j’ai été incapable de le poser avant d’arriver à la dernière ligne !

 

Un extrait : Les nausées se manifestaient matin, midi et soir, et me déchiraient les entrailles. Au pire, elles pouvaient survenir jusqu’à quarante fois par jour ; quand j’avais de la chance, deux fois seulement. Les veines de mon visage éclataient et dessinaient un fin lacis carmin autour de mes yeux, dont le blanc virait au rouge démoniaque. Une amertume atroce me lacérait la gorge des heures durant. Je n’arrivais plus à garder la nourriture. De toute façon, je n’avais plus d’appétit, au grand désespoir de la cuisinière. Même mes plaquettes de massepain, dont je raffolais tant, croupissaient intactes dans le garde-manger et les boîtes de sucre candi qu’on m’avait envoyées de Londres prenaient la poussière.

Les trois fois précédentes, j’avais été malade, mais pas à ce point. Cette fois, j’avais l’impression que l’enfant qui grandissait en moi cherchait à sortir par ma gorge, et non plus en passant entre mes jambes comme avant lui les autres, qui s’étaient annoncés prématurément dans des flots de sang le long de mes cuisses. Sous mes yeux, on avait enveloppé dans des linges leur petite forme flasque et monstrueuse, comme des miches de pain.

— Il en a plus pour bien longtemps, le pauvre petit, avait dit la dernière sage-femme en essuyant mon sang d’un revers de ses bras de bouchère.

Quatre années de mariage, trois enfantements et toujours pas d’héritier à placer dans le berceau en chêne que ma mère m’avait offert pour mes noces avec Richard. À la façon dont elle me regardait, je voyais bien que je trahissais leurs espoirs.

Malgré tout, je n’arrivais pas à m’imaginer que Richard m’avait laissée m’arrondir comme une dinde de Noël en dépit des mises en garde du médecin. J’avais trouvé la lettre au milieu d’une liasse de documents concernant mes trois précédentes couches, il était donc tout à fait possible que Richard ne l’ait pas vue.

 

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