Lecture terminée le : 23 avril 2021
Résumé : Eddie est un lutteur hors-pair.
Battu pendant toute son enfance par son père, il écume sa rage sur le ring.
Un jour, il explose et s’en prend à l’arbitre. Sa vie bascule. Il est exclu de son lycée et risque la prison.
Mais Sunday, l’organisateur des plus grands combats illégaux du pays, a repéré depuis longtemps le talent de Mac, et souhaite qu’il rejoigne ses combattants.
En échange : la richesse et la liberté.
Eddie rentre alors dans un monde de violence et de fureur, un univers sans pitié soumis à la loi du plus fort.
Pour l’entraîner, il est confié à Khadjee, une jeune adolescente qui évolue dans ce milieu depuis sa plus tendre enfance.
Elle connaît les combats et les lutteurs mieux que quiconque.
Si elle n’était pas une femme, elle serait, elle aussi, sur le ring.
Ensemble, ils vont tenter de survivre et de ne pas laisser leurs démons prendre le contrôle.
Auteur : Neil Connelly
Edition : Bayard
Genre : Young Adult
Date de parution : 21 Avril 2021
Prix moyen : 15€
Mon avis : La première chose que j'ai remarqué quand j'ai reçu ce livre, c'est sa couverture. Ok, on est d'accord, ça ne fait pas tout, mais c'est quand même appréciable d'avoir un bel objet livre. J'ai trouvé que pour une fois, la couverture est en parfaite adéquation avec l'histoire (il y a trop souvent des couvertures dont on se demande le rapport avec le livre).
Clairement, ce livre me fait sortir de ma zone de confort. Les combats, que ce soit la boxe, la lutte, ou plus encore des combats illégaux ou le but et de massacrer son adversaire pour le plaisir de quelques spectateur avides de sang, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. Je ne suis pas contre les batailles, les luttes, les combats, mais je préfère qu'ils aient un vrai sens.
Bref, tout ça pour dire que je n'étais vraiment pas le public cible pour ce roman.
Et pourtant...
J'ai été entraînée, presque malgré moi, dans l'univers sombre des brawlers (les combattants de rue, sans règles, sans arbitres, sans limites) par la plume de Neil Connelly.
Eddy est un adolescent qui porte en lui beaucoup de colère et de violence. S'il a été battu par son père toute son enfance, ce n'est pas cela qui l'a traumatisé, mais les coups que son père infligeait à sa mère et l'impuissance qu'il ressentait à lui venir en aide. Finalement, l'homme est allé trop loin, et a été arrêté et condamné à une lourde peine de prison.
Malgré cette incarcération, Eddy est toujours à la recherche d'une vengeance contre son paternel. Lutteur dans l'équipe du lycée, il espère obtenir une bourse pour l'université mais est régulièrement sanctionné pour ses accès de violence sur le tapis. Il finit d'ailleurs par s'en prendre violemment à un arbitre ce qui lui vaut une exclusion définitive de son établissement, mais aussi la perspective de la prison, l'homme ayant déposé plainte.
C'est là qu'entre en scène un homme qui semble avoir connu son père et qui, sous prétexte de le soustraire à la prison, l'introduit dans le milieu des combats clandestins.
On a ici un monde d'hommes, que ce soit les combattants, ou ceux qui se font de l'argent sur leur dos.
Dans ce roman il n'y a que trois femmes, mais je remarque que ce sont des femmes fortes.
La mère d’Eddy, d'abord, qui, si elle était physiquement faible face à la violence de son mari, m'apparaît comme quelqu'un de psychologiquement très fort, quelqu'un qui ne s'est pas effondré, qui est allé de l'avant, qui a tout fait pour que son fils manque du moins de choses possibles malgré la situation.
Il y a ensuite Khadjee qui entraîne les brawlers pour régler les dettes de son oncle, une jeune femme fière et solide, qui sans mettre en avant son orientation sexuelle ne la cache pas non plus et qui espère plus que tout finir par réussir à quitter ce milieu.
Enfin, même si on la voit peu, il y a la policière qui avait arrêté le père d'Eddy et qui, aujourd'hui, essaie de son mieux de venir en aide au jeune homme.
Ces trois femmes, qui dénotent au milieu de toute cette testostérone, sont un peu les Jiminy Cricket de Eddy. À travers leur regard, il prend conscience de ce qu'il est en train de devenir, et surtout il prend conscience qu’il n'aime pas du tout ce qu'il est en train de devenir.
Eddy va devoir se battre, pour de bon, et autrement qu'avec les poings pour remettre sa vie sur les rails et sortir d'un univers qui ne libère que rarement ceux qui ont eu le malheur d'y entrer.
L'évolution psychologique d'Eddy était vraiment très agréable à découvrir. Et malgré ce milieu qui ne m'attire pas du tout, j'ai été plongée dans l'histoire sans pouvoir m'en détacher avant le point final.
Un extrait : Pour ajouter encore à l’effet dramatique, je dis cela en me détournant, si bien que je ne me retrouvai pas face à l’arbitre quand il siffla. Cela m’étonna quand même, puisqu’il avait déjà sifflé l’arrêt du combat. Quand je me retournai, je le vis croiser les poings au-dessus de sa tête et avancer calmement vers la table de pointage. Il se pencha pour parler à un officiel en cravate. Ils acquiescèrent en même temps, puis l’arbitre revint vers le centre du tapis. Il leva la main pour signaler une troisième conduite antisportive de ma part, avant d’avancer jusqu’à Dunkirk qui était toujours recroquevillé et continuait à saigner. Il se baissa, prit la main de Dunkirk et la leva, le désignant vainqueur. L’auditoire applaudit à tout rompre.
Debout sur le tapis, j’étais abasourdi et comme paralysé. Gallaher posa les deux mains sur mes épaules.
– Viens, on va s’asseoir.
Je me dégageai brusquement pour foncer droit vers l’arbitre.
– J’hallucine ! Qu’est-ce que c’est que cette connerie ? (Il se contenta de secouer la tête et j’ajoutai :) Vous avez fait quoi, là ?
Cette fois il me regarda.
– Je n’ai rien fait. Tu t’es disqualifié tout seul, fiston.
C’est peut-être à cause de ce mot. Je ne suis pas sûr. Ou alors c’était l’adrénaline, ou les huées, ou la façon dont cet arbitre me regardait, comme si j’étais un raté. En tout cas, à cet instant, je perdis le contrôle. Je n’avais pas de pensée consciente, ni la moindre vision. Je ne sentis même pas les doigts de ma main droite se crisper. Je vis juste les yeux de l’arbitre s’écarquiller de stupeur et mon poing serré se lever pour lui claquer un uppercut sous le menton. Sa tête fut projetée en arrière, il recula de trois pas en titubant et s’effondra.