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[Livre] Un cauchemar de voisine

« Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés » Un adage que Colette ne semble pas connaître, au grand dam de son infortunée voisine, Christine.

Je remercie les éditions « Mon petit éditeur » pour cette lecture

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Résumé : Au début de l'histoire, c'était simplement V, comme Voisine. Au fil du temps, c'est devenu V, comme Visqueux, comme Venin, comme Vitriol... 
Camille Malcotte-Gehenot a voulu narrer une histoire pénible et rocambolesque qui pourrait arriver à tout un chacun; on a vu pire. Afin de l'exorciser, elle a trempé sa plume dans un humour un peu caustique, qu'elle affectionne.

Auteur : Camille Malcotte-Gehenot

Edition : Mon petit éditeur

Genre : Inclassable

Date de parution : 06 octobre 2012

Prix moyen : 14,25€

Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce livre. Une écriture simple et directe. Une histoire tragi-comique très divertissante. On peut vraiment dire, dans ce cas là que le malheur des uns a fait, et fera le bonheur des autres (en l’occurrence des lecteurs).

Concernant l’histoire en elle-même, cette voisine Colette est vraiment un cauchemar, le titre ne ment pas ! Elle fait partie de ces personnes que l’on adore détester.
Mais, je n’ai pas trouvé la narratrice plus sympathique que son envahissante voisine. Dans un autre genre, c’est vrai, mais cela ne change rien.
Je ne sais pas si cette histoire est une histoire vraie, car l’auteur emploie le mot « fiction » à un moment, et l’auteur et la narratrice n’ont pas le même prénom.

J’ai trouvé la narratrice extrêmement snob et très similaire à celle qui l’agace : la voisine, Colette, met sans cesse en avant ses succès passés ou présents, qu’ils soient réels ou imaginaires. La narratrice elle, met sans arrêt en avant son instruction, qu’elle juge supérieure aux autres. Elle est pleine de préjugés et se montre très sévère dans ses jugements.
Par exemple, elle parle de la pauvresse du vocabulaire de sa voisine et donne un peu plus loin comme exemple de cette pauvresse le fait que la voisine parle de « docteur » au lieu de « médecin »…
Cela dit, on peut supposer que l’exaspération face à cette voisine très envahissante est en cause, plus que la personnalité de l’auteur, de ces réflexions.
Cela dit je m’interroge sur un point : en prologue, l’auteur nous explique qu’elle est soulagée du déménagement de sa voisine qui était trop gentille et du coup envahissante. A présent, la voilà dotée d’une nouvelle voisine, qu’elle juge à nouveau envahissante. Ses rapports avec ses autres voisins semblent se cantonner à des bonjour-bonsoir… Ne serait-ce pas un peu de misanthropie ? Ce qu’elle appelle un envahissement n’est-il pas seulement une tentative d’avoir des rapports de bon voisinage ?

Bon il est vrai que cette voisine là est un sacré « cas », mais lorsque cela se répète, soit on a vraiment pas de chance, soit il faut se remettre en question et se demander si on ne provoque pas, inconsciemment, l’attitude de l’autre.

Pour moi ce livre a été un exemple typique du livre où aucun des protagonistes n’est sympathique, ils sont antipathiques à divers niveaux mais il est dur de plaindre la narratrice autant qu’il est dur de trouver des excuses à la voisine.

En revanche, il y a bien un personnage sympathique dans ce bouquin, c’est le mari de la voisine, Jean. Le pauvre homme est un peu pris entre deux feux, entre son exaspérante épouse à qui il ne peut rien refuser, et sa personnalité : Il n’aime pas s’imposer et sa femme l’oblige à aller à l’encontre de ses principes.

J’ai vraiment passé un bon moment à lire ce livre.

Un extrait : À quarante-cinq ans, j’avais connu toutes sortes de voisins : des vieux mariés inséparables, des couples conflictuels, des gens sympathiques et discrets… et des envahisseurs. Pour ceux qui n’y auraient pas réfléchi, l’envahissement commence lorsque la sympathie déborde. Si l’envahissement persiste et s’amplifie, il s’apparente au harcèlement. J’en avais fait les frais !

Au bout de trois ans, la locataire de la maison voisine venait de déménager, à mon vif soulagement. Non qu’elle fût méchante ; au contraire, elle était trop attentionnée.

Normal ! Elle était libre comme l’air, alors que, moi, j’étais une fourmi diligente.

Dépourvue de toute qualification, elle se laissait entretenir par son ouvrier de mari. Ils avaient une fille qui promettait de ressembler à sa mère.

Ma voisine, Rita, vivait dans un joyeux désordre. Elle pouvait laisser se dessécher une vaisselle de deux jours, pour courir moissonner avec des copains.

Une heureuse fille, quoi ! une bonne vivante.

D’ailleurs, certains jours, il m’arrivait de l’envier. Elle débarquait chez moi à tout moment pour me raconter ses expéditions insouciantes, sans un regard pour la pile de dossiers qui m’attendaient sur la table. C’était Rita la meunière, un moulin à paroles. Au bout d’un long moment, la raison l’emportait sur ma stupide patience et je la priais, avec mille précautions, de me laisser travailler.

Pas rancunière pour un sou, elle revenait le lendemain. Je suis pour la paix ; c’était sans issue.

Vous l’aurez compris, j’avais donné. C’est à peu près à ce moment-là que je rencontrai mon compagnon, toujours d’actualité aujourd’hui.

Depuis quelques années, j’avais perdu mon époux, après vingt ans de mariage.

Il faut que je vous parle des deux maisons, théâtres des évènements. Toutes deux assez semblables, séparées par une ruelle, elles tournaient le dos à la rue, contrairement à toutes les autres.

Elles avaient choisi de regarder vers le sud, pour capter le plus possible de lumière. Il est utile de le savoir, car cette posture particulière, en les isolant des autres maisons, les rapprochait, hélas !

D’où cette connivence, souvent importune.

Au départ de Rita, la maison fut vendue, afin d’être relouée. Quand je l’appris, j’avertis mon compagnon : « Encore de nouveaux voisins ! J’avoue que ça me fait peur. En tout cas, plus d’invasion ! Chacun chez soi. Bonjour, bonsoir, rien de plus. »

Aurélien était de mon avis. Nous garderions les distances. Enfin, nous aurions la paix !

Un après-midi, je vis arriver une voiture à côté de chez nous. À l’intérieur, se trouvait un couple qui attendait visiblement quelqu’un ou quelque chose.

Cette attente dura environ un quart d’heure. L’homme sortit du véhicule et vint frapper à notre porte. La femme resta assise, l’air hautain, offusqué. « Bonjour, dit ce monsieur, aimablement, avec un fort accent de Liège. Excusez-moi, mais pourrais-je utiliser votre téléphone ? La propriétaire de la maison voisine nous avait fixé rendez-vous ; elle a presque une demi-heure de retard. C’est très joli, chez vous », ajouta-t-il, en promenant ses regards à travers la pièce.

Je ne sais pourquoi, mais cette phrase et ce regard m’inquiétèrent. Je m’étais juré de ne plus fréquenter les voisins à venir et en voilà un, présumé, qui téléphonait chez moi !

Bien sûr, on ne peut laisser quelqu’un dans l’embarras ; les portables n’avaient pas encore cours et c’était là un service normal.

Après une brève conversation téléphonique, il se présenta : « Jean Durieux. »

Il m’avisa que la propriétaire était en route et s’intéressa à nous.

Sans raison valable, mon inquiétude s’accrut et me défendit d’inviter ces personnes à attendre chez nous.

Bref, la tractation eut lieu et bientôt, un camion déchargea tout un mobilier ; nous avions d’autres voisins.

 

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