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Livres - Page 84

  • [Livre] Les femmes de la honte

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    Résumé : Dans son deuxième livre présenté à l'automne 2009, Les Femmes de la honte, Samia Shariff propose aux lecteurs de partager, en toute confiance, les péripéties survenues depuis son arrivée au Québec avec ses cinq enfants, dans cette enclave francophone des vastes Amériques, où règnent liberté et tolérance. Ecrit avec le cœur, son nouveau témoignage n'est pas une critique de l'islam, même s'il met en accusation le comportement abject de trop de Musulmans envers leurs femmes et leurs filles. Il est en effet clair pour Samia que si ces derniers suivaient vraiment les enseignements et les prescriptions de l'islam, les femmes n'en seraient jamais arrivées là, dans des conditions d'apartheid à peine concevables au XXIe siècle. Avec son second livre, Samia veut donc apporter de l'espoir à toutes les femmes qui se débattent et cherchent à survivre à la violence, quel que soit son visage. Car la peur n'est plus une maîtresse qui dicte sournoisement sa conduite. Même omniprésente, la peur n'a plus le dernier mot...

     

    Auteur : Samia Shariff

     

    Edition : JCL

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 2008

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Dans ce second livre, Samia raconte sa vie depuis la sortie du « voile de la peur » son premier roman, dans lequel elle rapportait les souffrances endurées auprès de sa famille et de son époux.
    Libre, enfin, et vivant au Canada, elle a du mal à se défaire complètement de son éducation, et certaines de ses réactions, hésitations irritent sa fille Norah qui voudrait que sa mère soit aussi libre dans sa tête.
    Elle flagelle sans compassion les arabo-musulmans, ne concédant que du bout des lèvres que tous ne sont pas des monstres.
    A chaque fois qu’elle voit une scène qui lui rappelle son passé, même de loin, elle essais, sans beaucoup de succès mais avec beaucoup d’imprudence et d’inconscience, de pousser les femmes à la révolte. Mais une telle révolte ne se décide pas comme ça, dans un terminal d’aéroport. Elle harangue un époux musulman qu’elle trouve odieux avec son épouse sans réfléchir au fait que c’est ladite épouse qui risque de faire les frais de l’irritation du mari, elle pousse sa sœur à fuir l’Algérie sans vraiment réfléchir aux dangers que cela pourrait comporter face à une famille méfiante qui s’est déjà « fait avoir » par leur aînée, elle encourage une égyptienne à divorcer parce que son mari souhaite une seconde épouse, la première ne pouvant plus lui donner d’enfants… Bref, elle se montre assez intrusive et vindicative et devrait prendre un peu de recul et réaliser que chaque cas est différent, que les dangers sont également différents et qu’on ne peut pas agir par impulsion en permanence.
    Autre chose étrange, dans toute la première partie de son récit, Samia parle du manque d’argent, du fait que ses filles doivent travailler (Norah à plein temps, Melissa après l’école) mais elle peut en même temps payer le voyage pour l’Algérie à ses trois fils pour qu’ils voient leur père (le second mari de Samia) et un voyage en Egypte pour elle-même... Depuis le Canada, ça ne doit pas être particulièrement donné…
    Je comprends son envie, presque son besoin, de venir en aide aux femmes qui subissent ce qu’elle-même a subi, parfois même pire. Mais elle le fait sans aucune réflexion, elle en vient à se surendetter et à ne plus pouvoir ni payer son loyer ni nourrir ses enfants.
    Quant à l’écriture, de toute évidence, comme il s’agit d’un second livre, son éditeur s’est dit qu’elle n’avait plus besoin d’autant de relecture. Du coup, on croule sous les répétitions, pas seulement de mots mais parfois de phrases entières.
    Les hommes qu’elle rencontre et qui tentent de justifier leur attitude envers les femmes m’ont énervée car ils invoquent le nom de Dieu comme justification de tout, alors même que les pratiques concernées ne sont pas marquées dans le Coran (quand celui-ci ne préconisent pas carrément le contraire).
    Mais l’auteur m’a tout autant agacée. Elle oscille entre inconscience et agressivité, veut « sauver le monde » seule plutôt que de rejoindre une association. En fait, elle veut tout régler, tout de suite, en oubliant que certaines actions prennent du temps.
    Cela dit, la lecture de cet ouvrage reste intéressante, et c’est un plaisir de découvrir comment les choses ont évoluées pour Samia et ses enfants depuis leur arrivée au Canada.

    Un extrait : Mes années d’enfance et d’adolescence ont non seulement baigné dans un profond climat d’insécurité et de carence affective, mais elles ont aussi été marquées par diverses atrocités. Mes proches nourrissaient l’idée que ces abominations avaient une fin, celle de me préparer à devenir une femme à part entière.

    Très jeune, j’ai constaté avec effroi qu’être femme dans un milieu où les hommes sont rois était une position intenable. Aspirer à devenir une femme libre dans une société croulant sous le poids des archaïsmes s’est révélé une mission impossible.

    Aux yeux de plusieurs, je n’étais qu’une prétentieuse qu’il fallait sans cesse rappeler à l’ordre.

    Et surtout, je n’étais qu’une femme, une vérité que je ne devais pas oublier. J’étais donc incapable par nature et il fallait tout me dicter, me confiner aussi sur un territoire de seconde zone, là où régnait et règne encore un pouvoir masculin absolu.

    Sur ce territoire, le gouvernement domine le peuple, le père régente la mère, le frère, la sœur et le mari, sa femme. Dans cette hiérarchie, le bébé mâle qui vient de naître occupe, il va sans dire, une position supérieure à la nouveau-née. La réalité est plus crue encore : un bébé mâle, encore vagissant, est déjà sacré supérieur à ses sœurs, même les plus âgées.

    Bienvenue dans un monde d’hommes qui n’a aucune pitié pour les révoltées comme moi, et moins encore pour celles plus révoltées et dont le nombre pourrait surprendre. Mais à quoi peut bien servir la révolte, si personne n’écoute, ou pire, si personne ne voit en nous un être humain à part entière qui possède des droits et qui partage un même besoin de s’affirmer et de s’épanouir?

    Un être, de l’espèce femme. Simplement.

    Alors que j’étais en pleine adolescence, mes parents ont scellé mon destin en m’imposant un mari qui, à peine la fête nuptiale achevée, m’a fait comprendre par la force que j’étais désormais sa propriété. Comme si cela se pouvait, ma situation s’est aggravée sans cesse, à un point où, aujourd’hui encore, je me demande comment j’ai pu y survivre pendant quinze ans.

    Sous le joug de cet homme d’une violence extrême et qui avait deux fois mon âge, j’ai résisté tant bien que mal, le plus souvent très mal. À travers cette grande noirceur, un terrible dilemme s’est peu à peu posé, puis imposé : fuir ou mourir.

    J’ai choisi de m’évader, contre vents et marées, contre traditions et soumission. J’ai choisi de me sauver et de sauver mes cinq enfants, surtout mes deux filles. J’ai enfin compris qu’elles subiraient le même sort que moi et qu’il fallait à n’importe quel prix tenter cette fuite téméraire, presque insensée.

    J’étais la seule adulte de cette famille et mon devoir exigeait de la soustraire à cette infamie.

     

  • [Livre] Une semaine légèrement agitée

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    Résumé : Va-t-elle survivre à une (longue, très longue) semaine de vacances avec (toute) sa famille?
    C’est le casse-tête obsédant de Chelsea Benton depuis que sa mère a lancé sa bombe : les réunir tous en hôtel-club à Lanzarote pour fêter ses 60 ans. Bien sûr, Chelsea les aime ! Mais… il y aura son petit neveu aux doigts poisseux (très mauvais pour les fringues de marque), sa nièce ado que tout « saoule », son grand-père adorable mais pas du genre à passer inaperçu, son beau-frère… Aucune chance de mettre à profit ces vacances forcées pour approfondir les relations avec le beau mec de l’avion (oui, celui qui est accompagnée de la petite peste de 6 ans).
    Mais la goutte d’eau qui fait déborder la piscine, c’est que la sœur de Chelsea est de la partie. La fille parfaite, mariée, femme au foyer exemplaire dont Chelsea se demande si elle doit l’envier (elle, elle vient encore de se faire larguer) ou la plaindre (franchement, lâcherait-elle son job d’esclave dans un magazine glamour à Londres pour devenir épouse et maman? Elle se tâte…).
    Bref des vacances (horribles) sans surprise ? Pas sûr. Des surprises, il va y en avoir au contraire. Et même, de vraies.

     

    Auteur : Chrissie Manby

     

    Edition : Mosaic

     

    Genre : Chick Lit

     

    Date de parution : 01 janvier 2015

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Une famille bas de gamme. C’est un peu le sentiment qu’a Chelsea au sujet de sa famille même si elle les aime beaucoup. Il faut dire que si elle emprunte des vêtements à son magazine pour faire croire au sien que sa vie à Londres est bien plus glamour que ce qu’elle est en réalité, l’attitude de la famille, elle, est difficilement excusable.
    Autant le grand père, qui hurle des insanités à tout bout de champ, est excusable de part sa démence sénile, autant on peut comprendre que Jack, le petit bout de 6 ans pose parfois des questions indiscrètes, autant la crise d’adolescence peut expliquer la mauvaise humeur de Sophie, autant, en revanche, le reste de la famille est franchement pénible.
    Les parents de Ronnie et Chelsea n’en ont que pour leur fille ainée, celle qui est mère au foyer, qui n’a pas beaucoup d’argent et qu’il faut soutenir. Chelsea, on la moque parce qu’elle a perdu l’accent du bled où elle est née après ses études et son travail à Londres, on lui lance des piques permanentes sur les différences entre leur vie simple et la vie qu’elle est supposée mener à Londres. Le genre d’«humour » bien lourd, qui ne fait en général rire que les beaufs.
    Chelsea qui se bat pour avoir le meilleur, n’est pas particulièrement enchantée de passer une semaine de vacances dans un hôtel bas de gamme, où le même buffet est réchauffé chaque jour, provoquant maux de ventre ou pire et affublés de chambres minables. Mais elle essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur, même si sa patronne continue à lui envoyer mai sur mail, comme si elle n’était pas en vacances.
    Ronnie est débordante de haine envers sa sœur, sans pour autant avoir de raison légitime. Elle lui reproche sa vie à Londres, elle lui reproche d’avoir un travail extrêmement prenant, de travailler pour un magazine qu’elle juge frivole. En réalité, elle lui reproche surtout d’être elle-même coincée dans une vie dont elle n’est pas sûre de vouloir encore, d’avoir abandonné ses études parce qu’elle s’est fait mettre enceinte à 17 ans. Elle reproche à Chelsea de ne pas être restée stoïquement à ses cotés, de ne pas avoir mis sa vie de coté pour lui servir de béquille. Mais Chelsea devait-elle payer pour les erreurs de sa sœur ?
    Chacune des deux sœurs pensent que l’autre est la préférée. Ronnie croit que Chelsea l’est parce qu’elle a fait des études, parce qu’elle vit à Londres, parce qu’elle a « réalisé ses rêves ». Elle ne se demande même pas d’ailleurs qu’elle est la vraie existence de sa sœur, ni si elle est heureuse.
    Chelsea garde le souvenir amer d’avoir du dormir deux ans sur le canapé trop court pour elle du salon, d’avoir du s’effacer devant sa sœur et son bébé. Elle a eu le sentiment d’être rejeté de la famille parce que « Chelsea est indépendante ». Elle pense que sa sœur a toujours eu le soutien de sa famille au contraire d’elle.
    L’histoire entre Adam et Chelsea reste en filigrane mais l’histoire principale reste focalisée sur les relations de famille et surtout sur la relation qui se tisse entre Chelsea et son neveu Jack.
    J’ai beaucoup aimé ce livre, même si les membres de la famille de Chelsea m’ont profondément agacée, de même qu’Adam, les trois quart du temps.


    Un extrait : En entendant la nouvelle, Mark s’était inquiété lui aussi ; mais, même s’il avait mollement protesté en disant que comme d’habitude ses beaux-parents étaient trop généreux, il avait l’air ravi, tout comme les enfants. Des vacances gratuites, ça ne se refusait pas, surtout des vacances au soleil, et contrairement à bien des gens Mark appréciait vraiment beaucoup sa belle-famille (qui ne l’était pas officiellement d’ailleurs). Sophie, du haut de ses quinze ans et demi, l’avait joué un peu blasée, évidemment, mais Ronnie savait que sa fille était contente et soulagée de pouvoir annoncer aux copines qu’en fin de compte elle partait en vacances à l’étranger cet été. De son côté, Jack, six ans, était encore à l’âge où rien n’est plus génial que des vacances en famille. Du moment que toute la famille suivait, il aurait été tout aussi excité de passer une semaine dans n’importe quel hôtel à Wolverhampton. Ses grands-parents l’adoraient, mais c’était surtout la perspective de revoir sa tatie Chelsea qui semblait le réjouir le plus.

    — Tatie Chelsea ! Elle vient, c’est vrai ? s’écria-t-il. C’est vrai ? Elle va jouer au cricket avec moi alors ! ajouta-t-il en se rappelant la dernière fois où il avait vu sa tante, deux ans plus tôt, à un barbecue familial.

    Cet après-midi-là, entre deux grimaces devant les hamburgers de Mark et deux jérémiades sur le travail accablant qu’elle avait dans son magazine de snob, Chelsea avait lancé deux ou trois balles à Jack. Franchement, elle ne lui avait pas montré beaucoup d’intérêt, mais bizarrement Jack gardait d’elle un souvenir inoubliable.

    — J’ai trop envie de la voir !

    — Oui, enfin, si elle daigne venir, maugréa Ronnie à l’intention de Mark. Ça m’étonnerait que mademoiselle je m’la pète ait envie de passer ses vacances dans un Hôtel-Club aux Canaries. Qu’est-ce qu’elle va dire au bureau ? J’imagine qu’elle peut en tirer un article irrésistible sur sa semaine en immersion dans la classe moyenne !

    Mark ne répondit rien. Sur le sujet des relations entre Ronnie et sa sœur, il préférait s’abstenir.

    Certaines personnes considèrent leurs frères et sœurs comme « leurs meilleurs amis ». Eh bien, ce n’était pas le cas de Ronnie et Chelsea. Elles ne se parlaient plus depuis deux ans.

     

  • [Livre] Le Joyau - T02 - La rose blanche

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    Résumé : LE JOYAU, HAUT LIEU ET CŒUR DE LA CITE SOLITAIRE, représente la vanité, la cruauté, la servitude.
    Après que la Duchesse du Lac l'a surprise avec Ash, le compagnon qu'elle avait loué pour sa nièce, Violet n'a plus le choix : elle doit s'enfuir sous peine d'être exécutée.
    Accompagnée de sa meilleure amie, Raven, et d’Ash Violet laisse donc derrière elle cette vie d'esclave. Mais personne n'a dit que sortir du Joyau serait une partie de plaisir : les régimentaires les traquent sans pitié à travers les anneaux de la Cité solitaire. Violet, pourtant, va découvrir que ses pouvoirs sont bien plus puissants qu'elle ne l'avait imaginé...

     

    Auteur : Amy Ewing

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 15 octobre 2015

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Le tome 2 du joyau reprend exactement où le 1er s’était arrêté. Violet et Ash viennent d’être arrêtés, la première enfermée dans sa chambre, le second dans les cachots.
    Après la révélation de la fin du tome 1, on ne s’étonne pas que Garnet prenne contact avec Violet et organise sa fuite.
    Après avoir successivement récupéré Ash dans son cachot, et Raven à la morgue, ils se lancent dans une périlleuse fuite pour atteindre la ferme, là où Lucien a dit qu’ils seraient en sécurité.
    Lucien est très secret, il ne dévoile ses cartes à Violet qu’à contrecœur et à plus d’une reprise, on se demande s’il est fiable. On se pose la même question pour Garnet car après tout, pourquoi cet enfant du joyau voudrait-il venir en aide à des mères porteuses ? Mais Raven semble lui faire confiance et sa parole, en terme de confiance, est presque d’or car elle ne se fie pas à son seul instinct. Sans trop en dévoiler, disons que les expériences auxquelles s’est livrée la comtesse de la Pierre sur elle ont laissé des effets secondaires.
    Lucien n’est pas le seul qui me laisse dubitative : Sil, la femme chez qui Violet et ses amis trouvent refuge provoque en moi de nombreuses interrogations. Je ne pense pas qu’elle ne soit pas sincère dans son désir de faire tomber la royauté (encore que ça ne serait pas la première fois que je me trompe), mais ce sont ses motivations qui me laissent perplexes. Je me demande si celles-ci sont aussi altruistes qu’elle le prétend ou si elle ne veut qu’assouvir une vengeance en se servant de Violet comme d’une arme. Mais je suis peut être paranoïaque… La suite (dont aucune date ne semble encore être arrêtée) nous le dira.
    Ici aussi, nous avons une révélation dans les dernières pages, mais contrairement à celle qu’on nous avait assénée à la fin du tome 1, celle-ci ne m’a pas surprise.
    En fait, dès lors que l’on apprend que la duchesse du lac manigance quelque chose, je me suis dit : je me demande si ça ne serait pas ça… et effectivement, j’avais vu juste.
    Mais même si, à mon sens, cette révélation était facile à deviner, il n’en reste pas moins que je suis vraiment très impatiente de lire la suite !
    Et comme je l’ai dit plus haut, aucune date de sortie de la suite n’a été donnée, ce qui n’est pas étonnant puisque le tome 2 n’est sorti qu’en octobre (mais c’est frustrant !!!!)

    Un extrait : L’arcane est muet.

    Je fixe des yeux le petit diapason argenté qui repose parmi les bijoux éparpillés sur ma coiffeuse. Les paroles de Garnet résonnent encore dans mes oreilles.

    Nous allons vous sortir d’ici.

    Je m’efforce de réfléchir, de repousser la terreur qui m’étreint, afin d’assembler les pièces de ce puzzle. Je suis retenue prisonnière dans ma chambre du palais du Lac. Comment se fait-il que Garnet, le propre fils de la duchesse, possède lui aussi un arcane ? Est-il de mèche avec Lucien, qui est non seulement le camériste de l’Électrice, mais aussi mon ami secret et mon sauveur ? Pourquoi Lucien m’aurait-il dissimulé cet élément ?

    Lucien t’a également caché que les mères porteuses meurent des suites de l’accouchement. Il ne te dit que ce qu’il juge nécessaire, rien de plus.

    La panique me saisit : j’imagine Ash en train de se vider de son sang dans le donjon où il est emprisonné. Ash, le compagnon des héritières de la royauté, qui en tombant amoureux de moi a risqué sa vie. Ash, la seule autre personne dans ce palais qui comprenne ce que cela fait d’être traité comme de la simple marchandise.

    Je scrute l’arcane pendant longtemps. Dix minutes, peut-être vingt…

    Il faut agir. Quand la duchesse nous a découverts ensemble dans la chambre d’Ash, il a été battu et jeté au cachot. Personne n’ira lui porter secours. Si Ash reste en prison, il mourra.

    La terreur jaillit en moi et me monte à la gorge comme un jet de bile. Je ferme les paupières et revis la scène. Les régimentaires surgissant dans sa chambre, l’empoignant par le col et le tirant de force de son lit. Son sang qui gicle sur la couverture quand un garde lui assène des coups au visage avec son pistolet. Cela sous le regard cruel de la duchesse.

    Et sous les yeux de Carnelian, la nièce de la duchesse. Une fille perfide. C’est elle qui nous a trahis.

    Un frisson me parcourt le corps. Je contemple mon reflet dans le miroir : mes cheveux sont ébouriffés, mes yeux rouges et bouffis. Ma lèvre est fendue à la commissure et un bleu s’épanouit déjà sur ma pommette. J’effleure ma joue qui porte encore la marque de la gifle de la duchesse.

    Bon sang, tant de rebondissements ont eu lieu depuis la Vente aux Enchères. Intrigues, machinations, complots, assassinats… La duchesse m’a achetée pour que je porte son enfant. Je me rappelle son regard haineux quand elle nous a surpris, Ash et moi, dans la même pièce, dans le même lit. Lorsque le chef des régimentaires a traîné Ash hors de la chambre, elle m’a traitée de « petite traînée ». Ses insultes ne me font ni chaud ni froid. C’est surtout la suite des événements qui m’inquiète.

    Lucien m’a remis un sérum que j’étais censée avaler ce soir. Un remède qui m’aurait donné l’apparence de la mort pendant quelques heures. Ainsi, il aurait pu me faire quitter le Joyau sans éveiller les soupçons, et il m’aurait conduite dans un lieu à l’abri de la royauté. Un endroit où on ne pourrait plus exploiter mon corps. Toutefois, je n’ai pas pris le produit. Non, je l’ai donné. À Raven.

    Quelque part dans l’enceinte du palais de la Pierre, voisin du mien, se trouve ma meilleure amie, Raven. Outre sa fonction de mère porteuse, sa maîtresse l’utilise à des fins beaucoup plus sombres. Non seulement Raven porte l’enfant de la comtesse de la Pierre, mais elle subit des tortures inconcevables. Aujourd’hui, elle n’est plus que l’ombre de la fille que j’ai connue à Southgate.

    Comment aurais-je pu l’abandonner à son sort ? Je n’allais pas la laisser mourir sans rien faire.

    Du coup, je lui ai remis le sérum qui m’était destiné.

    Lucien sera fâché quand il le découvrira, mais je n’avais pas le choix. Il faudra bien qu’il comprenne.

     

  • [Livre] Mais t’as tout pour être heureuse !

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    Résumé : Assaillie plus que de coutume par ses compagnes des mauvais jours, «soeur angoisse» et «pieuvre géante», Madame réalise qu'il est grand temps de consulter. Que faire de sa vie lorsque ses enfants sont grands et que son mari est parti planter des pommiers ? La dépression est un mal bourgeois, peut-être ?

     

    Auteur : Nicole de Buron

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : humour

     

    Date de parution :

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : J’ai toujours bien aimé la plume de Nicole de Buron, sa façon particulière d’écrire à la seconde personne du pluriel, ce « vous » qui donne l’impression au lecteur qu’il fait lui-même l’action ou du moins qu’il pourrait la faire.
    Dans ce roman, l’auteur s’attaque à un mal qui peut frapper n’importe qui, n’importe quand : la dépression.
    Et avec la dépression, bien sûr, vient immanquablement les avis, plus ou moins désirés, de l’entourage.
    Avez-vous remarqué ? Quand vous avez une maladie bénigne (rhume, coup de froid, mal de tête…), ou qui ne se voit pas (dépression, fibromyalgie…), ou encore que vous êtes enceinte, subitement, les 4/5ème de votre entourage ont fait médecine.

    Entre ceux qui conseillent des médicaments, ceux qui vous disent « mais non tu n’as rien », et ceux qui vous conseillent charlatans et « médecines parallèles »…on ne sait plus où donner de la tête.
    La dépression est sûrement (avec la grossesse) celle qui provoque le plus d’avis indésirables.
    Alors que ce soit clair : oui c’est une vraie maladie, oui elle se soigne aussi avec des médicaments et non, elle n’est pas réservée à ceux qui ont vécu des malheurs abominables.
    Nicole de Buron traite avec humour la honte d’être malade alors qu’« on a tout pour être heureuse », le désir de voir un psy mais la crainte de ne pas savoir quoi lui dire, cette ingérence de l’entourage, leur incrédulité face à la maladie également, illustrant ainsi parfaitement le proverbe : Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.


    Un extrait
     :
    Ce matin, vous vous extirpez de dessous la couette avec fougue parce que l'Homme n'est pas là.

    Parti à la campagne planter une centaine de pommiers.

    Qu'il a dit.

    Vous faites deux pas sur la moquette.

    Et d'un bond, vous vous recouchez.

    Un monstre vous a attaquée.

    Une Pieuvre Géante qui vous enlace de tous ses tentacules, vous serre la poitrine avec une force inouïe, vous empêche de respirer.

    Vous cloue dans votre lit aussi molle qu'une poupée de chiffon.

    Dans vos veines, ne coule pas du sang mais des flots de fatigue.

    Allons bon, vous avez la grippe. Une bonne grosse grippe. Vous vous tâtez le front. Il est frais. Votre pouls ? Normal.

    Inquiétant à reconnaître mais ce n'est pas la grippe. Du reste, vous êtes vaccinée. Alors quoi ?

    Difficile de téléphoner à SOS Médecins : « J'ai une Pieuvre Géante enroulée autour de moi qui m'étouffe. Rrraaggg ! Vite, le Samu !... »

    Un autre mal vous foudroie. Un lingot de plomb brûlant s'est introduit dans votre estomac qui, mécontent, se tord comme une serpillière.

    Au secours ! Vous êtes empoisonnée.

    Qu'avez-vous mangé hier soir?

    Votre plat préféré : jambon/nouilles.

    Ce n'est pas un pauvre jambon/nouilles qui vous détruit l'estomac.

    ... Mais un ulcère.

    ... Peut-être même un cancer.

    Vous éclatez en sanglots.

  • [Livre] Le Joyau - T01,5 - La maison de la Pierre

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    Résumé : Quand elle est acquise aux Enchères, Raven comprend d'emblée que les choses vont mal se passer. Et lorsqu'elle arrive au palais de la comtesse, elle découvre bientôt que celle-ci la considère davantage comme un cobaye pour ses expérimentations sadiques que comme Mère-Porteuse d'un éventuel enfant. Raven n'a plus alors qu'une idée en tête : s'échapper... et revoir Violet, sans jamais oublier qui elle est et que sa vie lui appartient.

     

    Auteur : Amy Ewing

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 30 juillet 2015

     

    Prix moyen : 1,99€

     

    Mon avis : Comme souvent dans les dystopie, l’auteur nous offre ici une petite nouvelle (72 pages) pour nous faire patienter jusqu’au prochain tome.
    Ici, on ne suit plus Violet, mais Raven qui a été achetée par la cruelle Comtesse de la Pierre.
    A la lecture de cette nouvelle, on comprend très vite la transformation physique et mentale que constate Violet chez Raven au cours du premier tome.
    D’un coté, la nouvelle est trop courte, car on brûle d’en savoir plus sur les conditions de vie de Raven, mais d’un autre coté, quand on voit la colère que provoquent ces 72 pages, on se dit que si la nouvelle avait été plus longue, on se serait étouffé dans notre rage.
    Parce que l’attitude de la comtesse et de ses acolytes est vraiment inqualifiable. A coté d’elle, la duchesse qui a acheté Violet est douce, gentille et aimante (je vous laisse imaginer).
    Sortie 3 mois avant la sortie du tome 2 du joyau, cette nouvelle est parfaite pour se replonger dans l’univers de la saga sans avoir à relire le premier opus et ravive notre intérêt. Ecrire pour nous faire patienter, elle a eu l’effet inverse pour moi car en refermant ma liseuse, je n’avais plus qu’une envie : découvrir au plus vite le tome 2.
    Heureusement, comme j’ai eu les deux en même temps, je n’ai pas à attendre pour me replonger dans cet univers cruel et plein de surprises car j’y vais de ce pas !

    Un extrait : Tout à coup, une femme en robe grise me fait face.

    — Lot 192 ?

    Ses yeux se posent furtivement sur moi avant de revenir à son bloc-notes.

    Je hoche la tête.

    — Vous appartenez désormais à la comtesse de la Pierre, veuillez me suivre.

    Nous franchissons une porte, pénétrons dans un long couloir éclairé par des torches aux flammes vacillantes et entrons dans une petite salle tapissée de dalles octogonales et surmontée d’une coupole. Le mobilier se résume à une table et une chaise. Un feu brûle dans un foyer à ma gauche. Un objet aux contours irréguliers, enveloppé dans un linge noir, attire mon attention.

    — Asseyez-vous, ordonne la femme.

    — Je préfère rester debout.

    Je hais le tremblement dans ma voix. La réalité affleure peu à peu, douloureusement, mais je tente de la réprimer. Ce n’est qu’une simple pièce. Avec une table et un feu de bois. Rien à craindre.

    La femme fronce les sourcils.

    — Très bien, réplique-t-elle. (Elle déplie le tissu, dévoilant une fiole bleue et une seringue.) La famille royale estime que les mères porteuses ne doivent en aucun cas voir le chemin par lequel elles entrent ou sortent de la Salle des Ventes. Je vous promets que ça ne fera pas mal.

    — Oui, bien sûr.

    Je m’efforce d’adopter le ton le plus sarcastique possible. Au point où j’en suis, avec cette seringue que je ne parviens pas à quitter des yeux, l’illusion de maîtriser la situation me suffit.

    La femme n’a pas l’air particulièrement étonnée ou offensée. Elle se contente de m’observer, comme un parent qui attend que son enfant finisse son caprice. Ma mâchoire se crispe encore un peu plus. Ma tête est sur le point d’exploser.

    Lorsqu’elle est sûre que je ne vais pas reprendre la parole, elle poursuit :

    — Il y a deux méthodes, la douce et la dure, à vous de choisir – je sais qu’à l’entrée ils ne vous donnent pas le choix. Soit je vous administre ce sédatif en douceur. Soit j’appuie sur le bouton et quatre régimentaires entreront par cette porte pour vous ceinturer. Dans les deux cas, vous serez anesthésiée, vous comprenez ?

    Oui, je comprends.

    On m’a vendue.

    Vendue. Je ne peux plus l’ignorer. J’appartiens à quelqu’un.

    J’ai beau fanfaronner et me répéter des mantras, je ne suis qu’une fille parmi deux cents. À partir de maintenant, je ne contrôle plus ni ma vie ni mon corps. J’ai une peur bleue alors que je voudrais être folle de rage.

    Cette femme peut prendre sa « méthode douce » et se la mettre où je pense.

    — Je choisis la méthode dure.

    Puis j’arme mon bras pour lui décocher un coup de poing en plein visage.

     

  • [Livre] Légendes… de la mer ; des lacs et des rivières ; des montagnes et des forêts

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    Résumé : Légendes de la mer : Au pays des légendes, le roi Souran part en plongée dans une caisse de verre, un beau requin joue avec les enfants de Ta'aroa, les hommes épousent des filles de la mer. Mais attention aux sirènes jalouses, aux phoques qui se vengent, aux fantômes des villes englouties, au général baleine avec son armée de poissons !

    Légendes des lacs et des rivières : De la Vouivre, long serpent aux ailes noires, à l'ogresse de la rivière, en passant par le pont du Diable ou encore les rats du lac de Constance, les eaux ont leurs secrets... Monstres, poissons-fées et recettes magiques enchantent ces lieux féeriques et insoupçonnés, pour un merveilleux voyage autour du monde.

    Légendes des montagnes et des forêts : Dans ces dix-neuf contes venus du monde entier, les montagnes sont hantées de diables et de géants ; elles sont le repaire du terrible Singe blanc, et les trolls forgerons y gardent leurs secrets. Que rencontre-t-on dans les forêts ? De bons bûcherons et de jolies filles ensorcelées. Les arbres y parlent quelquefois. Et la bergère veut bien épouser le loup du bois, s'il est prince pendant la nuit !

     

    Auteur : Bernard Clavel

     

    Edition : Livre de poche

     

    Genre : jeunesse

     

    Date de parution : 2007/2008

     

    Prix moyen : 5€ chaque

     

    Mon avis : Dans légendes de la mer et légendes des montagnes et des forêts, après chaque histoire, on trouve un petit encart qui nous parle du sujet de la légende que l’on retrouve souvent sous des formes différentes dans d’autres pays ou régions. A la suite de ces petites explications, on trouve souvent une très courte légende, mettant en scène le même genre de sujet, mais trop courte pour faire l’objet d’un chapitre.
    Il est dommage que ces encarts n’existent pas dans légendes des lacs et des rivières.
    Dans chaque livre, chaque histoire constitue un petit chapitre. Sous son titre, on trouve le pays dont elle est originaire.
    Les légendes sont plus ou moins longues, mais font en général au moins 2 ou 3 pages. Certaines sont familières car ont été reprises, et légèrement modifiées, par des conteurs connus comme les frères Grimm.
    Et comme se sont des légendes, et non pas des contes de fées, elles ne se finissent pas toujours bien (cela dépend parfois du point de vue et ce n’est, bien sûr, pas systématique).

    Un extrait : Si vous traversez un jour le fleuve de Llobregat qui se jette dans la mer au sud-ouest de Barcelone, vous emprunterez peut-être le pont du Diable. Il n’y a pas de quoi être effrayé, ce n’est pas du tout un pont qui conduit en enfer, et je pense même que le Diable ne doit pas être très heureux que cet ouvrage d’art soit là pour rappeler une se ses mésaventures.

    Il y a quelques siècles, alors que la contrée était peu habitée, une vieille femme, qui vivait seule sur la rive gauche du fleuve, s’en allait chaque jour chercher une cruche d’eau potable à une fontaine qui se trouvait sur la rive droite.
    Or, un soir d’automne, il y eut sur les Pyrénées un orage comme ces montagnes n’en ont peut-être plus jamais vu depuis lors. La pluie tomba si violemment que le Llobregat monta d’un coup, se mettant à charrier des arbres énormes arrachés aux rivages.
    La crue fut aussi brève que violente et, le lendemain matin, le fleuve avait regagné son lit, mais le pont n’était plus là.

    Quand la vieille sortit de chez elle avec sa cruche, elle se mit à se lamenter.
    « Seigneur Dieu, dit-elle en sanglotant, comment vais-je faire sans eau potable… Dieu du ciel, venez à mon secours, vous savez bien que je ne peux pas vivre sans eau ! »


  • [Livre] Mon père m'a vendue

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    Résumé : Nuala a 16 ans, un petit ami et une folle passion pour un chanteur à la mode. Elle est une adolescente comme les autres jusqu’au jour où son père décide de la marier à l’un de ses riches clients... un veuf de 65 ans, contre 2 500 livres et une voiture. Tout le monde réprouve cette union, mais personne n’ose s’opposer au cruel patriarche. Attachée, violée et battue, Nuala attendra vingt-deux ans avant de raconter son histoire.

     

    Auteur : Sean Boyne

     

    Edition : France loisirs

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 2013

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Voici un livre qui rappelle qu’il n’y a pas que dans les pays du Moyen-Orient que les mariages forcés existent. Ici, l’histoire se passe dans l’Irlande catholique des années 70. Tout le monde désapprouve, mais personne ne fait rien pour protéger Nuala. Le seul qui aurait pu intervenir, le prêtre, ne savait pas qu’il célébrait un mariage forcé.

    Au moment de son mariage, Nuala en « profite » pour quelques petits actes de rébellion dérisoires : elle fume devant son père qui le lui a interdit, et quand celui-ci lui ordonne, avec une violence verbale inouïe d’écraser sa cigarette, elle lui répond qu’il n’a plus d’ordre à lui donner puisqu’elle est mariée. Ce sont des actes sans importance qui, s’ils la soulagent un peu de sa colère sur le moment, ne changeront rien à l’avenir qui se profile devant elle.
    Sa mère va essayer de la réconforter en lui disant qu’elle sera ainsi dégagée de l’autorité de son père. C’est vrai que Dan a tout pour plaire : alcoolique, violent, menteur, pédophile… La mère Josey a trop peur pour s’interposer et s’opposer à ce mariage, même si elle tente de faibles protestations.

    Mais son père espère trop pouvoir faire main basse sur l’héritage de Paddy, le vieux mari, pour relâcher son autorité sur sa fille. Car même si c’est elle l’héritière, il n’a pas l’intention de la laisser profiter de quoi que ce soit et compte bien hériter lui-même par procuration.
    Les évènements, en  particulier la loi qui ne reconnaît pas le viol entre mari et femme, détourne Nuala à la fois de son pays mais aussi de la religion catholique, qui, ni l’un ni l’autre n’ont été capable de la protéger.
    Le journaliste que Nuala a contacté pour raconter son histoire attendait cette occasion depuis 22 ans. C’est lui à l’époque qui avait relaté l’affaire dans le journal et la jeune fille avait envoyé un démenti concernant le coté « forcé » de son mariage. Le journaliste avait toujours été persuadé qu’elle avait été forcée à l’écrire.

    C’est par hasard que lorsqu’elle a appelé pour raconter cette histoire, ce soit ce même journaliste qui décroche le téléphone. Dès ses premiers mots, il a compris à qui il avait à faire.
    Le style est un peu hésitant. L’auteur passe du passé au présent sans la moindre indication de temps : il n’y a jamais un Aujourd’hui Nuala sait, ou Avec le recul, Nuala comprend… Les changements de temps sont abrupts, parfois sans même un retour à la ligne.
    Mais le livre est court et, du coup, on arrive à passer au dessus de ce manque de fluidité dans l’écriture pour se concentrer sur l’histoire.

    Un extrait : Le vieil agriculteur se tenait près du bel escalier en calcaire du perron tandis que la camionnette arrivait dans un bruit sourd de ferraille qui tranchait avec la tranquillité des champs. La demeure possédait deux étages au-dessus d’un sous-sol qui avait autrefois abrité les quartiers des domestiques. Le propriétaire des lieux arborait une tenue classique : pantalon défraîchi, vieille veste de costume, chemise à carreaux, chapeau cabossé et bottes en caoutchouc.

    — Comment ça va, patron ? lança Dan en sortant du véhicule.

    — Pas mal, répondit l’homme.

    Dan, en excellent vendeur, ne tarda pas à le convaincre qu’il était temps de constituer des réserves de charbon pour l’automne, et parvint à ses fins. Le fermier, de bonne taille, avait encore belle allure malgré son âge. Nuala perçut cependant une certaine dureté ou cruauté dans ses traits burinés. D’emblée, elle se méfia de lui. Un ouvrier agricole d’une cinquantaine d’années, Sylvester, un homme au front luisant et au regard perçant, travaillait avec le vieux fermier. À l’idée que cette maison angoissante et isolée était habitée par ces deux hommes, Nuala se sentit encore plus mal à l’aise. Elle voulait repartir au plus vite.

    — Très bien, commence à décharger les sacs, ordonna Dan avec un sourire satisfait.

    — Oui, papa.

    Le vieux fermier redoubla d’intérêt pour Nuala en la voyant soulever les gros sacs de charbon avec Sylvester.

    — C’est un garçon ou une fille ? demanda-t-il à Dan.

    — Une fille, répondit-il. La mienne.

    Sylvester, lui, semblait l’avoir compris dès le début. Il observait Nuala de pied en cap. Quant à Paddy McGorril, cette révélation parut piquer sa curiosité. « Qu’est-ce qui leur prenait, à ces types ? pensa Nuala. Ils n’avaient donc jamais vu de filles ? »

    Quand ils eurent terminé de décharger, le fermier invita Dan à entrer. Son hospitalité ne s’étendit pas à Nuala. Ce n’était qu’une fille, après tout, pourquoi l’associer à une « discussion entre hommes » ? Elle alla attendre patiemment dans la camionnette.

    Quand Dan et le fermier finirent par sortir de la maison au bout d’un temps considérable, elle remarqua que son père souriait. Cela n’arrivait pas souvent – seulement quand il gagnait de l’argent ou qu’il arnaquait un pauvre diable. Elle se demanda ce qui avait bien pu se passer.

    Les deux hommes s’approchèrent de Nuala.

    — Enlève ton chapeau et arrange tes cheveux, lui demanda son père.

    Nuala s’exécuta, laissant retomber ses longs cheveux sur ses épaules. Paddy sembla impressionné.

    — Oh, joli brin de fille, dit-il en la regardant.

    Nuala sentit que les deux hommes avaient parlé d’elle. Son père avait une haleine de whisky — manifestement, l’agriculteur lui avait réservé un accueil généreux. Avaient-ils trinqué ensemble ?

    Nuala avait passé le bras par la fenêtre de la camionnette. Il se produisit alors une chose étrange. Paddy se mit à lui tâter les muscles et à la détailler du regard.

    Elle eut l’impression qu’il l’observait comme un éleveur évaluerait du bétail sur un marché aux bestiaux. Son père souriait toujours. L’ouvrier agricole la dévisageait, lui aussi ; elle le regarda avec méfiance. « Mon Dieu, ils sont bizarres », se dit-elle. Une idée lui passa par la tête : son père avait peut-être négocié un travail pour elle dans cette ferme. Allait-elle devenir manœuvre ? « Hors de question que je vienne travailler ici avec ces deux-là », pensa-t-elle. Tous les hommes lui inspiraient une certaine crainte, à l’époque, et elle n’avait qu’une envie : quitter au plus vite ce drôle d’endroit.

    Elle saisit quelques bribes d’une étrange conversation entre Paddy et son père, mais l’ouvrier commença à lui parler d’une voix traînante, ce qui l’empêcha de comprendre ce que les deux autres hommes se disaient. Elle entendit le fermier expliquer à son père, avec un fort accent rural :

    — On s’occuperait bien d’elle. Elle ne manquerait de rien. Il n’y aurait pas de sexe, rien de physique. Ce serait juste pour me tenir compagnie, vous voyez. Elle aurait de l’argent et, à ma mort, un bel héritage.

    Il raconta que sa femme était morte deux ans plus tôt et que ses enfants, devenus adultes, avaient quitté le foyer. Il avait envie d’avoir quelqu’un à ses côtés. Tout en parlant, les deux hommes lui lançaient des regards en coin. Le fermier cherchait manifestement une femme.

    Le père de Nuala, qui avait alors une cinquantaine d’années, serra la main de cet homme plus vieux que lui et monta dans la camionnette.

    — Tu le vois, lui ? lui lança-t-il d’un air détaché. C’est ton futur mari.

     

  • [Livre] Orgueil et préjugés et zombies

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    Résumé : L'Angleterre subit une terrible épidémie : des morts-vivants envahissent villes et campagnes et contaminent la population.
    Dans la famille Bennett, on est bien entrainés. Les arts martiaux n'ont plus de secrets pour les cinq filles et, même à l'heure du thé, elles ne se séparent jamais de leur dague !
    Pas facile de trouver un mari à la hauteur. Elizabeth a d'ailleurs bien envie d'égorger cet orgueilleux Darcy qui la snobe, mais l'irruption des « innommables » dans la salle de bal change ses plans...

     

    Auteur : Seth Grahame-Smith

     

    Edition : Flammarion

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 9 janvier 2014

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai choisi ce livre dans le cadre d’un challenge pour la catégorie : « Je serais un livre qui a reçu beaucoup de critiques négatives ». Autant dire que je ne m’attendais pas à des étincelles. Cependant, comme c’est la grande mode en ce moment de réécrire les roman de Jane Austen, je m’attendais à quelque chose de ce genre.
    Mais en fait, non, on ne peut pas réellement parler de réécriture dans la mesure où « l’auteur » a recopié une grande partie du texte de Jane Austen mot à mot (les quelques différences sont des différences de traduction) et s’est contenté de reformuler certains passages pour y introduire les zombies.
    Alors justement, parlons-en de ces zombies ! Ils tombent un peu comme un cheveu sur la soupe. Ils ne semblent être là que pour dire que « l’auteur » n’a pas recopié intégralement le roman de Jane Austen pour se faire un peu d’argent.
    Si encore ils apportaient quelque chose d’intéressant et de primordial à l’histoire, mais non, ils sont juste là. Ils n’ont strictement aucun intérêt si ce n’est de permettre à Elizabeth Bennet de proférer des menaces de mort très convaincantes du fait de l’entrainement aux « arts meurtriers » qu’elle aurait suivi en Asie pour les affronter.
    D’ailleurs les scènes ridicules s’enchaînent comme Elizabeth faisant le poirier sur un seul doigt pour amuser la galerie.
    Le problème avec cette histoire de zombies est qu’elle n’a ni début ni fin. A aucun moment dans le livre nous ne trouvons d’explications sur cette « épidémie » et aucune conclusion ne lui est apportée.
    Au final, et vu le peu d’intérêt apporté par cet ajout, il vaut mieux lire l’original de Jane Austen et s’épargner toute cette « zombitude » et les nausées qui vont avec.

    Un extrait : C’EST UNE VÉRITÉ universellement reconnue qu’un zombie ayant dévoré un certain nombre de cerveaux est nécessairement à la recherche d’autres cerveaux. Jamais cette vérité ne fut mieux illustrée que lors des récentes attaques de Netherfield Park, où les dix-huit personnes de la maisonnée furent massacrées et dévorées par une horde de morts-vivants.

    — Mon cher Mr Bennet, lui dit un jour son épouse, savez-vous que Netherfield Park est de nouveau occupé ?

    Mr Bennet répondit qu’il l’ignorait et poursuivit sa tâche matinale : il aiguisait son poignard et nettoyait son mousquet car, depuis quelques semaines, les attaques d’innommables avaient augmenté à une fréquence inquiétante.

    — C’est pourtant le cas, répliqua la dame.

    Mr Bennet garda le silence.

    — N’avez-vous pas envie d’apprendre qui l’a loué ? s’écria son épouse, impatiente.

    — Femme, je m’occupe de mon mousquet. Bavardez tout votre saoul, mais laissez-moi veiller à la défense de ma maison !

    L’invitation était plus que suffisante.

    — Eh bien, mon cher, d’après Mrs Long, Netherfield est loué par un jeune homme très riche, du nord de l’Angleterre. Il a fui Londres en voiture à quatre chevaux au moment précis où l’étrange épidémie éclatait sur la route de Manchester.

    — Comment s’appelle-t-il ?

    — Bingley. C’est un célibataire qui a quatre ou cinq mille livres de rentes. Voilà qui est excellent pour nos filles !

    — Pourquoi ? Pourra-t-il leur enseigner l’art de manier le sabre et le mousquet ?

    — Comment peut-on être aussi assommant ? Vous savez bien ce que j’ai en tête : qu’il se marie avec l’une d’elles.

    — Se marier ? En des temps aussi troublés ? Ce Bingley ne saurait en avoir le projet.

    — Le projet ? Comment pouvez-vous dire de telles bêtises ! Mais il est très probable qu’il tombe amoureux de l’une d’elles, c’est pourquoi vous devrez lui rendre visite dès qu’il arrivera.

    — Je n’en vois pas la raison. De plus, il ne faut pas encombrer les routes plus qu’il n’est absolument nécessaire : la terrible épidémie qui ravage depuis peu notre cher Hertfordshire a déjà anéanti assez de chevaux et de voitures.

    — Mais pensez à vos filles !

    — Je pense à elles, pauvre sotte ! Je préférerais les voir se soucier des arts meurtriers plutôt que de leur trouver l’esprit embrumé par des rêves de mariage et de fortune, comme c’est évidemment votre cas ! Allez voir ce Bingley s’il le faut, mais je vous préviens : nos filles n’ont pas grand-chose pour les recommander. Elles sont toutes sottes et ignorantes, comme leur mère, à l’exception de Lizzy, qui tue un peu plus proprement que ses sœurs.

    — Mr Bennet, comment pouvez-vous ainsi dire du mal de vos propres enfants ? Vous prenez plaisir à me contrarier. Vous n’avez aucune pitié pour mes pauvres nerfs.

    — Vous vous méprenez, ma chère. J’ai beaucoup d’estime pour vos nerfs. Ce sont pour moi de vieux amis. Voilà au moins vingt ans que je vous entends parler d’eux avec le plus grand respect.

     

  • [Livre] Le seigneur du miroir fumant, Tome 1

     

    Je remercie les éditions Artalys et Jess Swann pour cette lecture

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    Résumé : En 1521, les conquistadors profanent le Templo Mayor. La brillante civilisation aztèque s’éteint mais ses dieux subsistent dans l’ombre, et Tezcatlipoca est décidé à se venger de la destruction de son temple.
    Deux siècles plus tard, sa colère s’abat sur Edward Murray, descendant de Alonso De Alvaro, le premier Espagnol à avoir souillé son autel. Bien qu’étant un pirate, il s’est marié à une aristocrate, Katherine Willborough, qui lui a donné deux enfants. C’est cette famille que le dieu va chercher à détruire grâce à un plan tortueux, en plongeant Edward dans d’éternelles souffrances.

     

    Auteur : Jess Swann

     

    Edition : Artalys

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 24 octobre 2014

     

    Prix moyen : 19,80€

     

    Mon avis : Je ne suis pas une grande fan de fantasy et j’en lis très rarement. Idem pour les histoires de pirates. Mais comme j’apprécie l’auteur, j’ai décidé de tenter de lire ce livre.
    Et bien, une fois que je l’ai commencé, et que j’ai lamentablement échoué à prononcer le nom du dieu vengeur plus de deux fois d’affilées, je n’ai plus pu le lâcher.
    Je suis environ à la moitié de ma lecture, et je fais l’effort de poser le livre le temps de donner mes premières impressions : déjà au niveau de la forme, rien à redire ou presque, je n’ai trouvé qu’une coquille (un « avait » à la place d’un « avant ») et deux mots soulignés, probablement par la beta de l’auteur (sa poigne se resserra sur son poignet). Bref des broutilles qui ne gênent absolument pas la lecture. Voilà pour la forme, rien à redire de plus, c’est bien écrit, fluide, on n’est pas noyé sous les descriptions et explications mais on n’est pas perdu non plus.
    Ensuite l’histoire : hormis le fait que la quiche que je suis n’est pas capable de prononcer (et encore moins de retenir) les noms aztèques (de mémoire, hein, quand je les lis, ça va, je les reconnais), j’ai trouvé l’histoire riche avec une multitude de personnages dont les vies s’imbriquent les unes dans les autres. Avec un minimum de concentration (et Dieu sait que la concentration et moi, ça fait plusieurs) on s’y retrouve sans peine. Je n’ai pas eu besoin de retourner en arrière en me disant : mais c’est qui lui/elle déjà ?
    Le personnage principal est Edward Murray, le descendant du conquistador qui a provoqué la colère du dieu aztèque. Après lui vient sa famille, puis les autres personnages.
    Au niveau de sa famille, je suis très énervée contre Katherine (et aussi contre Edward pour le coup) à cause de leur attitude envers leur fille Kiara. J’ai l’impression que Kathy veut que sa fille vive comme elle-même a décidé de ne pas vivre en s’enfuyant. Elle lui achète des tenues qui non seulement ne sont pas de son âge et la font paraître bien plus jeune mais qui en plus sont tout sauf pratiques sur un bateau. Edward et Kathy clament que Kiara est maladroite et incapable d’apprendre à se défendre, mais elle n’a pas l’air si godiche que ça. Elle a surtout l’air maintenue de force dans une enfance qu’à 17 ans, elle a légitiment envie de quitter.
    Le dieu aztèque est un vrai salopard, mais bon, en général, on s’y attend de la part de ce genre de dieu, surtout quand ils ont été contrariés.
    Pour l’instant, il met en place ses pions et je ne sais pas bien où il veut en venir, mais tout a l’air de se dérouler comme il le veut, donc j’attends de voir où tout ça va nous mener, je reprends ma lecture et je reviens donner mon avis final quand j’aurais terminé.

    Alors je reviens après ma lecture et je tiens à dire que je ne suis pas d’accord ! Cette fin est horrible ! On n’a pas le droit de laisser des lecteurs comme ça ou alors on a intérêt à écrire rapidement le tome 2 !
    Et bien oui, je n’aime pas ce genre, je n’aime pas les pirates, je n’aime pas la fantasy, et j’ai quand même hâte de lire la suite !


    Un extrait : L’eau ondulait à peine et le silence régnait, brisé de temps à autre par le cri d’une mouette. Seuls les morceaux de bois qui jonchaient la surface de la mer témoignaient de la violence de l’attaque qui s’était abattue sur un riche navire de la Compagnie des Indes Orientales à peine quelques heures plus tôt. Des pirates. Parmi les derniers qui écumaient encore les océans et traquaient les navires marchands traînant sur les eaux, alourdis par leurs cales emplies de richesses ou d’êtres humains. Des hommes dangereux s’il en était, des hommes qui avaient résisté aux moyens mis en œuvre pour les chasser, et dont les capitaines hissaient sans vergogne le pavillon rouge annonçant qu’ils ne feraient pas de quartier. Compensant le manque de ruse qui était le plus souvent leur lot par une violence aveugle, ils ne laissaient rien après leur passage. À présent qu’ils étaient partis avec l’or qu’ils convoitaient, la paix était revenue. Plus un souffle de vent ne faisait osciller l’épave qui surnageait misérablement tandis que, seule au milieu de l’océan, une jeune fille laissait peu à peu le froid engourdir ses membres.

    Elle s’appelait Juliet et était âgée d’à peine vingt ans mais avait vu plus d’horreur en six mois que le plus aguerri des soldats. Elle était la seule rescapée de l’attaque. Elle songeait à tout ce qu’elle avait perdu, à sa famille massacrée par des indigènes, alors que, cette fois déjà, elle seule avait échappé au carnage. Elle porta un regard las en direction de la plage qu’elle tentait de rejoindre et s’immobilisa. Elle était si fatiguée que ses bras lui semblaient peser des tonnes et ne sentait plus ses jambes. Elle n’avait plus rien. Plus d’espoir, plus d’avenir. Alors, à quoi bon s’entêter ? Elle avait tout perdu par deux fois déjà. La jeune fille poussa un soupir fatigué et renonça, brisée par la malédiction qui semblait s’attacher à ses pas. Elle ferma ses yeux d’azur dans l’attente de la mort et sourit avec tristesse. Une sensation de flottement l’envahit et sa respiration ralentit peu à peu jusqu’à la faire sombrer dans l’inconscience qui précède la fin. Les vagues refermèrent leur linceul d’écume sur son corps et elle s’enfonça dans les abysses.

    Perdue à la frontière entre la vie et la mort, elle ne sentit pas les mains des esclaves du Tlalacalli se refermer sur elle.

     

  • [Livre] La fille du train

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    Résumé : Entre la banlieue où elle habite et Londres, Rachel prend le train deux fois par jour : Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 le soir. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait. Heureux, comme Rachel et son mari a pu l’être par le passé, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit Jess dans son jardin avec un autre homme que Jason. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…

     

    Auteur : Paula Hawkins

     

    Edition : Sonatine

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 7 mai 2015

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Dans la fille du train, on suit en parallèle deux femmes : Rachel, divorcée qui passe en train, deux fois par jour, devant la maison de Megan (que Rachel surnomme Jess), qui habite à quelques numéros de l’ancienne maison de Rachel.
    Un jour Rachel, qui s’est forgé du couple que forment Megan et son mari une image idyllique, surprend la jeune femme dans les bras d’un autre, ce qui la rend furieuse car elle assimile cette situation à celle qu’elle a vécu avec son ex-mari.
    Megan n’est pas du tout la femme parfaite que s’est imaginée Rachel, elle croule sous les problèmes psychologiques et son mari, Scott (que Rachel surnomme Jason) a une attitude assez ambigue : il semble surveiller sa femme, fouille son ordinateur et peut être plus que cela.
    L’histoire principale tourne autour de la disparition de Megan, que Rachel découvre un jour en lisant le journal, et de l’enquête pour savoir ce qui lui est arrivé, enquête qu’on ne suit pas en temps réel puisque l’on n’en sait que ce que Rachel en sait.
    A ce moment de ma lecture, je ne sais pas quel est le rôle de Rachel dans cette disparition ni même si elle en a un ; mais plus j’avance et plus la description de la façon de faire de Scott me pousse à m’interroger sur son éventuelle responsabilité. (Mais je ne suis qu’à 20% du livre).
    Le style est particulier car il est calé sur les passages de Rachel devant la maison de Megan et Scott. Ainsi, pour chaque jour, on a : matin et soir (parfois après-midi). Si le soir, Rachel ou Megan (ce qu’elle nous dit se passe un an plus tôt que ce que nous raconte Rachel), suivant le chapitre, nous raconte ce qu’elle a fait dans la journée, on découvre celle-ci, si elle ne nous donne que ses observations du moment présent, il peut se passer plusieurs « jours » avant qu’elle ne fasse allusion à des moments qui se sont passés entre les horaires de passages des trains.
    Vers la moitié du livre, un troisième personnage vient mettre son grain de sel dans le récit. Il s’agit d’Anna, anciennement la maitresse du mari de Rachel et maintenant sa nouvelle femme. Le sentiment qui domine en moi à chaque fois que je lis un chapitre du point de vue d’Anna, c’est la colère et l’envie de lui exploser la tête contre un mur. Non seulement, elle se tape un mec marié, arrive à évincer l’épouse et à se faire faire un enfant après avoir convolé avec l’infidèle, mais en plus elle se paie le luxe d’être outrée que l’épouse trompée et répudiée le prenne mal ?
    Si elle le pouvait, elle ferait interdire toute cette partie de la ville à Rachel alors que c’était quand même chez elle, son quartier et que, même si Rachel a sombré dans l’alcool, et bien ce n’est pas une raison. Je ne comprends même pas comment Anna peut encore se regarder dans une glace !
    Je ne peux vraiment pas la supporter même si je ne pense pas qu’elle ait une responsabilité dans la disparition de Megan.
    Pour en revenir à Rachel qui est quand même le personnage principal, je trouve qu’elle joue un jeu dangereux. Elle n’enquête pas vraiment, mais elle reste en contact avec les personnes impliquées dans l’affaire, alors qu’elle ne les connait pas sans prendre en compte qu’elle pourrait courir un danger. Un peu comme si sa propre vie n’avait aucune importance (ce qui est probablement souvent ce qu’elle doit ressentir étant donné son état émotionnel). Cela dit, je pense qu’elle a du voir quelque chose, le problème étant qu’elle ne s’en souvient pas.
    En ce qui concerne les hommes : Tom, le mari d’Anna et ex-mari de Rachel et Scott, le mari de Megan, je suis partagée.
    Comme je l’ai dis, l’attitude de Scott est celle d’un jaloux compulsif et il pourrait donc être responsable de la disparition de sa femme, mais ça paraîtrait tellement évident que ça me met le doute !
    Quant à Tom, je ne sais pas comment le définir : il parle tout le temps de problème d’argent pour ne pas accéder aux plus cher désirs de ses femmes tout en ne se refusant rien et j’ai eu l’impression que les amnésies de Rachel quand elle a bu l’arrangeaient bien quand ils étaient mariés car il pouvait lui donner sa version de ce qu’il s’était passé sans qu’elle ne le remette jamais en cause. Bref, je ne sens pas ce mec (mais sans plus).
    Mention spéciale à l’inspectrice Riley qui fait preuve d’une incompétence assez fabuleuse, plus occupée à faire ressentir ses préjugés et à se montrer odieuse qu’à enquêter.
    Lorsqu’on nous dévoile enfin la solution, j’avais compris mais seulement quelques pages plus tôt, car les révélations sont progressives et le doute subsiste jusqu’au bout entre les différents suspects.


    Un extrait : J’ai fini la deuxième canette et entamé la troisième. L’euphorie qui m’a étreinte quand l’alcool a pénétré dans mon sang n’a duré que quelques minutes, puis j’ai été prise de nausée. J’allais trop vite, même pour moi, il fallait que je ralentisse ; si je ne ralentissais pas, il allait m’arriver des bricoles. Je risquais de faire quelque chose que je regretterais. De la rappeler. De lui dire que je me foutais d’elle et de sa famille et que je m'en contrefoutais si sa gamine n’avait pas une seule bonne nuit de sommeil de toute sa vie. De lui dire que la phrase qu’il lui avait écrite (« Ne compte plus me trouver sain d’esprit »), moi aussi j’y avais eu droit, quand on avait commencé à se fréquenter, il me l’avait écrite dans une lettre où il me déclarait sa flamme éternelle. Et ce n’était même pas de lui : il l’avait volée à Henry Miller. Tout ce qu’elle a, c’est du réchauffé. Je voudrais savoir ce que ça lui fait. J’avais envie de la rappeler pour lui demander : « Qu’est-ce que ça te fait, Anna, de vivre dans ma maison, entourée des meubles que j’ai choisis, de dormir dans le lit que j’ai partagé avant avec lui, de nourrir ton enfant sur la table même où il m’a fait l’amour ? »

    Je n’en reviens toujours pas qu’ils aient choisi de rester là, dans cette maison, MA maison. Je n’ai pas réussi à y croire, quand il me l’a annoncé. J’adorais cette maison. C’était moi qui avais insisté pour l’acheter, malgré son emplacement. Ça me plaisait d’être près de la voie ferrée, de voir passer les trains. J’aimais bien leur bruit, ce n’était pas le cri perçant d’un grande vitesse, mais le brinquebalement désuet d’un train de marchandises. Tom m’avait prévenue : « Ça ne restera pas comme ça pour toujours, ils finiront par moderniser la ligne et tu n’auras plus que les hurlements des trains express », mais j’ai toujours refusé de croire que ça arriverait un jour. Je serais restée là, je lui aurais repris sa part si j’avais eu l’argent. Mais je n’avais pas assez, et on n’a pas réussi à trouver un acheteur à un prix correct au moment du divorce, alors, à la place, il m’a dit que lui rachèterait ma part et qu’il resterait là jusqu’à ce qu’il en obtienne un bon prix. Mais il n’a jamais trouvé d’acheteur, il l’a installée là, et elle est tombée amoureuse de la maison elle aussi, comme moi, alors ils ont décidé d’y rester. Elle doit avoir sacrément confiance en elle – en eux – pour que ça ne la dérange pas d’aller et venir dans les pas d’une autre. De toute évidence, elle ne me considère pas comme une menace. Ça me fait penser à Ted Hughes, l’homme qui a été marié à la poétesse Sylvia Plath. Après le suicide de son ex-femme, il a installé sa maîtresse Assia Wevill dans la maison qu’il avait partagée avec Plath ; elle portait les vêtements de Sylvia, elle se brossait les cheveux avec sa brosse. Ce matin, j’ai eu envie de téléphoner à Anna pour lui rappeler qu’Assia aussi a fini la tête dans le four, comme Sylvia.