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Livres - Page 88

  • [Livre] Docteur Sleep

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    Résumé : Danny Torrance a grandi. Ses démons aussi... Hanté par l’idée qu’il aurait pu hériter des pulsions meurtrières de son père Jack, Dan Torrance n’a jamais pu oublier le cauchemar de l’Hôtel Overlook. Trente ans plus tard, devenu aide-soignant dans un hospice du New Hampshire, il utilise ses pouvoirs surnaturels pour apaiser les mourants, gagnant ainsi le surnom de « Docteur Sleep », Docteur Sommeil. La rencontre avec Abra Stone, une gamine douée d’un shining phénoménal, va réveiller les démons de Dan, l’obligeant à se battre pour protéger Abra et sauver son âme...

     

    Auteur : Stephen king

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 30 octobre 2013

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : J’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire. Celle-ci est très longue à démarrer et à trouver un rythme. Je n’ai pas retrouvé la dynamique qu’il y avait dans Shinning et j’ai failli abandonner le livre à plusieurs reprises.
    D’ailleurs, je l’ai commencé, posé, laissé de coté plusieurs mois, avant de retenter l’expérience. A plusieurs reprises !
    Finalement, je me suis forcée à tenter le coup une dernière fois en me disant : « Si j’accroche pas cette fois ci, je laisse tomber ».

    Ce n’est qu’à partir de la page 100 environ que j’ai commencé à réussir à entrer dans l’histoire (Il a eu de la chance, c’était la limite que je m’étais fixée).

    J’ai trouvé le livre un peu long. Pourtant, passé les 100 premières pages, il n’y a pas de longueurs car les descriptions sont disséminées dans le texte et entourées d’action. Mais même comme ça, il y a peut être un peu trop d’explications. Il faut dire que ce n’est pas simple d’appréhender l’histoire du nœud vrai. La manière dont ils fonctionnent, leur façon de se faire passer par des gens normaux, le fait qu’il y ait deux noms pour chacun d’entre eux. Leurs forces, leurs faiblesses… tout cela aurait pu faire l’objet d’un livre séparé, alors l’intégrer dans une autre histoire… forcément, ça prend des pages.
    Le livre est intéressant, il se lit facilement (toujours passé ces satanées 100 premières pages), mais ce n’est pas un coup de cœur, ce n’est pas un livre pour lequel on promet qu’on lit encore un chapitre avant de dormir pour finir par en avaler une dizaine avant de céder au sommeil. Ici, je n’ai eu aucun mal à le reposer le soir, même si j’ai toujours eu plaisir à le reprendre le lendemain.
    A aucun moment je n’ai eu de doute sur la fin, elle était plus que prévisible, même si la façon dont les personnages atteignent ce résultat était une vraie surprise.
    J’avoue qu’il a fallu, à plusieurs reprises, que je me force à continuer à lire sans faire de pause pour dévier sur d’autres ouvrages qui me faisaient de l’œil.
    Même si je pense que Shinning n’avait pas réellement besoin d’une suite et se suffisait à lui-même, j’ai été contente de pouvoir découvrir ce qu’était devenu Danny Torrance.


    Un extrait : Le deuxième jour du mois de décembre d’une année où un planteur de cacahuètes de Géorgie était aux affaires à la Maison-Blanche, l’un des plus grands hôtels de villégiature du Colorado brûla de fond en comble. L’Overlook fut déclaré perte totale. Après enquête, le chef du service des incendies du comté de Jicarilla attribua la cause de l’incendie au mauvais fonctionnement d’une chaudière. L’hôtel était fermé pour l’hiver lorsque l’accident se produisit et seules quatre personnes étaient présentes sur les lieux. Trois d’entre elles en réchappèrent. John Torrance, le gardien de l’hôtel, trouva la mort en tentant vainement (et héroïquement) de faire tomber la pression de la vapeur qui avait atteint un niveau anormalement élevé dans la chaudière en raison d’une soupape de sécurité défectueuse.

    Parmi les trois survivants, on comptait l’épouse du gardien et son jeune fils. Le troisième était le chef cuisinier de l’Overlook, Richard Hallorann. Ce dernier était revenu de Floride, où il faisait la saison d’hiver, pour voir comment se débrouillaient les Torrance car il avait eu « l’intuition fulgurante », comme il disait, que la famille était en difficulté. Les deux adultes survivants furent très grièvement blessés dans l’explosion. Seul l’enfant s’en sortit indemne.

    Physiquement, du moins.

    Wendy Torrance et son fils reçurent une indemnisation de la firme propriétaire de l’Overlook. Ce n’était pas une somme énorme, mais elle leur permit de vivre durant les trois ans d’incapacité de travail de Wendy pour ses blessures au dos. L’avocat qu’elle consulta lui assura que si elle était prête à l’épreuve de force, elle pourrait obtenir beaucoup plus car la firme était soucieuse d’éviter un procès. Mais Wendy était tout aussi désireuse de reléguer dans le passé cet hiver désastreux dans le Colorado. Elle répondit à l’avocat qu’elle s’en remettrait, ce qu’elle fit, même si ses douleurs dorsales se rappelèrent à elle jusqu’à la fin de ses jours. Côtes cassées et vertèbres brisées guérissent mais ne cessent jamais de crier.

    Winifred Torrance et Daniel vécurent un temps dans le Sud-Central, avant de descendre vers Tampa en Floride. Dick Hallorann (l’homme aux intuitions fulgurantes) montait parfois de Key West pour les voir. Voir le petit Danny surtout. Un lien particulier les unissait.

    Très tôt un matin du début du mois de mars 1981, Wendy appela Dick pour lui demander de venir. Danny l’avait réveillée en pleine nuit, lui apprit-elle, pour lui dire de ne pas entrer dans la salle de bains.

     

    Après quoi, il avait totalement refusé de lui parler.

     

     

  • [Livre] Vous parler de ça

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    Résumé : Melinda Sordino ne trouve plus les mots. Ou plus exactement, ils s'étranglent avant d'atteindre ses lèvres. Sa gorge se visse dans l'étau d'un secret et il ne lui reste que ces pages pour vous parler de ça. Se coupant du monde, elle se voit repoussée progressivement par les élèves, les professeurs, ses amis, et même ses parents. Elle fait l'expérience intime de la plus grande des injustices: devenir un paria parce que ceux donc elle aurait tant besoin pensent que le mal-être, c'est trop compliqué, contagieux, pas fun. Melinda va livrer une longue et courageuse bataille, contre la peur, le rejet, contre elle-même et le monstre qui rôde dans les couloirs du lycée.

     

    Auteur : Laurie Halse Anderson

    Edition : France loisirs

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 09 octobre 2014

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Avant de lire ce livre, j’ai lu beaucoup de critiques. La plupart étaient bonnes, mais un nombre non négligeable de critiques reprochaient à l’auteur de ne pas révéler clairement ce qui est arrivé à Melinda et de se contenter de raconter sa vie quotidienne.
    Je pense que les auteurs de ces critiques sont totalement passés à côté du livre : le but n’était pas de raconter ce qu’il lui est arrivé (on le devine assez rapidement, rien que le titre est assez évocateur, mais peut être que les ados les plus jeunes ne feront pas la relation tout de suite) mais de montrer l’impact que cet événement a sur sa vie quotidienne : la réaction de son entourage à son quasi-mutisme, la chute de ses notes etc…
    Au point où j’en suis de ma lecture, personne ne semble savoir ce qui lui est arrivé. Personne ne semble vraiment s’en soucier non plus d’ailleurs. Ses parents lui reprochent son silence et la baisse de ses notes (mais la famille ne semblait pas être unie, même avant) ; ses profs lui reprochent son silence et son manque d’implication dans ses études ; enfin ses anciennes amies lui reprochent d’avoir appelé la police lors de la fête donnée à la fin du collège, mais sans se demander pourquoi elle en est venue là. Elle a gâché leur soirée, voilà tout ce qui compte.

    Ses parents sont d’un égoïsme qui laisse sans voix. Même les convocations par le lycée ne les détournent pas de l’explication la moins dérangeante : Melinda est en crise d’adolescence et refuse de parler pour les emmerder. Pour le personnel enseignant, à l’exception du prof d’art plastique, c’est un refus de coopérer et les punitions tombent. Comme si ne pas parler était une insulte faite aux autres. Aucun d’entre eux ne se dit que ce refus de parler cache peut être un malaise.
    Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas savoir les conséquences que l’événement à la fin du bouquin a réellement eu sur les parents de Melinda, sur l’équipe pédagogique du lycée, sur ses anciennes amies qui l’ont rejetée et sur celui qu’elle appelle « ça ».

    Mais que ceux qui se plaignaient de ne pas tout savoir clairement se rassure : dans la seconde moitié du bouquin on apprend tout : le déroulé des événements, les noms… Rien ne nous sera caché, plus de place à l’imagination, Melinda a beau ne rien dire à personne, à nous, elle ne cachera rien.


    Un extrait : C’est la rentrée ; mon premier jour au lycée. Je pars avec sept cahiers neufs, une jupe que je déteste et l’estomac noué.

    À l’angle de ma rue, le car s’arrête dans un chuintement. La porte s’ouvre, je monte. Je suis la première passagère de la tournée. Quand le chauffeur redémarre, je suis encore debout. Bon, où est-ce que je m’assois ? Je n’ai jamais été le genre rebelle qui squatte les places du fond. Si je m’installe au milieu, quelqu’un que je ne connais pas pourrait s’incruster à côté de moi.

    Et si je m’assieds à l’avant, je passerai pour une gamine… mais à la réflexion, c’est aussi le meilleur moyen d’attirer l’attention de mes amies, au cas où

    l’une d’elles aurait envie de m’adresser la parole.

    Ça y est, les élèves envahissent le car par groupes de quatre ou cinq. En s’avançant dans l’allée, celles et ceux que j’avais connus au collège, en sport ou en travaux pratiques de physique-chimie, me jettent des regards noirs. Je ferme les yeux. C’est bien ce que je craignais.

    Lorsque le car a fini de recueillir ses derniers passagers, je suis la seule à ne pas avoir de voisin.

    Le chauffeur rétrograde pour gravir les collines, faisant rugir le moteur. Les types du fond en profitent pour brailler des obscénités. Quelqu’un a eu la main

    lourde sur le parfum, alors j’essaie d’ouvrir ma vitre, mais les petits loquets restent bloqués. Derrière moi, un garçon déballe son petit déjeuner et me balance un truc. Un papier atterrit sur mes genoux – l’emballage

    d’une barre chocolatée.

    On passe à côté des gardiens, occupés à repeindre la plaque du lycée. Le conseil d’établissement a décidé que « Lycée Merryweather – Foyer des Troyens » envoyait un message contradictoire quant à l’abstinence que les élèves sont censés observer ; il nous a donc transformés en Spartiates. Les couleurs de l’école resteront le violet et le gris. Le conseil n’avait pas d’argent à mettre dans de nouveaux maillots.

    Si les élèves de Terminale ont le droit de traîner jusqu’à la sonnerie, on conduit les Secondes dans l’amphithéâtre principal. Des clans se forment, les

    élèves se regroupent plus ou moins consciemment : les sportifs, les bobos, les intellos, les pom-pom girls, les roots, les bling-bling, les graines de fachos, les nanas populaires, les lèche-culs, les artistes maudits, les théâtreux, les gothiques, les métalleux. Je ne fais partie d’aucun de ces clans. J’ai passé la moitié du mois d’août à buller devant des dessins animés débiles – une sacrée

    perte de temps. Pas une fois je n’ai mis les pieds au centre commercial, je ne suis allée ni au lac ni à la piscine, et je n’ai pas non plus décroché le téléphone. Je débarque au lycée avec une coupe de cheveux naze, des

    fringues horribles, un karma pourri. Et, encore une fois, personne ne veut s’asseoir à côté de moi.

    Je suis un paria.

     

  • [Livre] Sacré famille

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    Résumé : La petite librairie d’Emma va mal, mais ce sera bientôt de l’histoire ancienne : la visite de la célébrissime Stephanie Meyer va lui apporter la gloire ! Sauf que la rencontre tourne mal… Dépités, Emma et les siens, tous déguisés pour l’occasion, rentrent chez eux. En chemin, ils croisent une étrange vieille dame qui leur jette un sort : chacun se retrouve propulsé dans la peau du personnage dont il porte le costume… Afin de briser le sortilège, il faut retrouver la vieille femme. Mais, pour cela, il faudra d’abord retrouver l’esprit d’équipe !

     

    Auteur : David Safier

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Inclassable

     

    Date de parution : 19 septembre 2013

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Dans ce livre, Franck, le mari, est sûrement le personnage le plus sympathique. Certes, sa femme, Emma, le trouve effacé, absent et le regard un peu trop baladeur, mais quand on voit les chapitres de son point de vue, on se rend compte qu’il est simplement fatigué, probablement à cause d’une déprime certainement causée par un travail qui l’use.
    Fée, la fille adolescente, est une ado classique, rebelle (avec un nom pareil, il faut dire…), insolente, en conflit avec sa mère… Cependant quand elle fait la petite blague qui sonne la débâcle de la rencontre avec Stephenie Meyer, elle cherche une chose à dire en anglais à l’auteur pour ne pas l’offenser. Sans son frère, tout se serait bien passé au final.
    Max, justement, le frère, refuse de vivre dans la réalité sauf quand il s’agit de causer des ennuis à sa sœur…et tant pis s’il y a des dommages collatéraux, comme sa mère.
    Emma m’a un peu énervée : Elle veut contrôler la vie de ses enfants et ne supporte pas qu’ils puissent avoir des pensées à eux.
    Son vrai problème est surtout qu’elle n’assume pas ses choix : Il y a 16 ans, elle a refusé une promotion importante dans un métier de rêve car elle était enceinte de sa fille. Aujourd’hui, sa petite librairie périclite car elle refuse de diversifier les ouvrages qu’elle propose (elle est spécialisée uniquement dans la littérature enfantine). Et elle en veut à tout le monde. D’ailleurs quand son ancienne collègue lui propose de rencontrer Stephenie Meyer afin d’organiser une séance de dédicace dans sa librairie, elle force sa famille à l’accompagner, sans même prendre la peine de leur expliquer que sans cette opportunité elle risque de perdre sa librairie (Ses enfants se seraient-ils mieux comportés ? Je ne sais pas, mais ça aurait été une bonne idée de tenter le coup).
    Voilà l’histoire posée. Ah non j’oubliais un détail qui a son importance : Est-ce une perfidie de son ancienne collègue ou un simple malentendu, Emma oblige sa famille à se déguiser en monstres pour aller à cette soirée (Alors que seul le groupe de musique est censé être grimé).
    Sur le retour de cette soirée désastreuse, Emma surprend sa fille sourire à la lecture d’un SMS et explose devant tant d’égocentrisme : Comment cette gamine ose-t-elle sourire alors qu’on vient de lui gâcher la vie, qu’on la lui gâche depuis 16 ans (un peu mélodramatique la Emma sur ce coup là). Et manque de pot, Baba Yaga est dans le coin… Et à partir de là, le livre part en biberine : clichés, situations absurdes, soi-disant humour… Si le début est assez rythmé, le texte devient vite lent, sans action ou presque. Les passages avec Dracula m’ont profondément ennuyée.
    Ce livre était bien jusqu’à ce qu’il tombe dans le « fantastique ».
    Et la fin est encore plus tirée par les cheveux que le déroulement. Je pense que le début du livre est adapté à un public adulte, mais à partir du moment où il entre dans le registre du fantastique, il devient plus adapté à un public plus jeune (pré-ados).


    Un extrait : — Connais-tu ce proverbe indien : « Plus on aime quelqu’un, plus on a envie de le tuer » ? me demanda mon employée.

    Et je me dis : La vache, qu’est-ce que je dois aimer ma famille !

    Pour la énième fois de la journée, le portable sonna dans ma petite librairie spécialisée en littérature enfantine.

    Ma fille de quinze ans, Fée, avait d’abord appelé pour me préparer psychologiquement à la voir redoubler (car, hélas, elle était à peu près aussi douée en maths qu’un labrador).

    Puis ç’avait été le tour de son petit frère Max, pour me dire qu’il ne pouvait pas rentrer à la maison parce qu’il avait encore oublié la clé de l’appartement (existerait-il une forme d’Alzheimer propre aux enfants ?).

    Cette fois, d’après le numéro affiché sur mon portable, c’était mon mari, Frank. Vraisemblablement pour m’annoncer qu’il rentrerait plus tard du bureau – comme presque tous les soirs, en fait. (Ce qui signifiait que j’aurais à affronter seule non seulement la fainéantise olympique de Fée en matière de devoirs scolaires, mais aussi le chaos qui régnait dans l’appartement. Certains jours, on aurait dit qu’il venait de subir le passage d’une horde de Huns. Accompagnés d’éléphants. Et d’ogres. Et de Britney Spears.)

    Je décidai de ne pas répondre. Cela m’éviterait une conversation qui ne pouvait que m’énerver, sans compter qu’à la fin je serais encore plus énervée de m’être énervée comme ça.

    A la place, je regardai dehors d’un air morne à travers la vitrine de ma librairie « Lemmi und die Schmöker», tout en songeant avec tristesse qu’à une certaine époque j’avais aimé ma famille sans arrière-pensées négatives. C’était avant l’intrusion de ces monstres ordinaires qui ont nom : stress au travail, crise de la quarantaine et puberté.

    Oui, nous, les Wünschmann, nous avions été une famille heureuse. Mais quelque chose s’était perdu au fil des dernières années. A mon grand regret, je n’avais aucune idée de ce que c’était au juste, donc encore moins de la façon de le retrouver. Pourtant, je le désirais tellement !

    Tandis que je rêvais avec nostalgie au bon vieux temps, un jeune homme aux fesses fascinantes passa devant la vitrine. Je rajustai mes lunettes pour mieux voir.


    — Beau cul, hein ? observa ma vieille employée, Cheyenne.

    En réalité, elle s’appelait Renate, mais ne répondait pas à ce nom. Avec ses fleurs dans les cheveux et ses fanfreluches, ce devait être la plus vieille hippie du monde connu.


    — Euh, je n’ai rien vu, prétendis-je de façon peu convaincante.

    Devant l’air moqueur de Cheyenne, je m’empressai d’ajouter :

    — D’ailleurs, il était un peu maigrichon.

    — Emma, tu l’as donc bien vu, dit-elle en souriant. Ce garçon pourrait être ton fils, renchérit-elle tandis que je baissais les yeux d’un air coupable.

    Mon Dieu, elle avait raison ! J’approchais de la quarantaine, et ce type devait avoir au maximum vingt-deux ans. Je pouvais être honteuse de lorgner un jeunot comme lui.

    — Quand as-tu fait l’amour pour la dernière fois, Emma ? demanda Cheyenne en sirotant son thé des yogis – dont l’odeur suggérait qu’un très vieux yogi avait dû y prendre un bain de pieds.

    — Euh… hésitai-je, car j’avais du mal à me souvenir de la réponse.

    — C’est bien ce que je pensais, dit-elle avec amusement.

     

     

  • [Livre] Chronologie des rois de France

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    Résumé
     : Offrant un tableau complet de la monarchie française, cet ouvrage couvre quinze siècles de royauté.
    Il s'étend de sa période la plus obscure, l'histoire des Mérovingiens, à l'établissement du royaume de France à travers les rois fondateurs, Philippe Auguste, Saint-Louis et Philippe le Bel.
    Le lecteur traverse l'exercice de la monarchie absolue sous Louis XIV jusqu'à la monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe.
    Dynastie par dynastie, roi par roi, cet ouvrage présente la vie et les grandes réalisations de chacun, leur apport à la construction du royaume de France, leur vision politique, leurs divertissements ainsi que leur caractère.

     

    Auteur : Pierre Vallaud

     

    Edition : Archipoche  

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 17 août 2011

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Ce livre est une sorte de petit mémento. Il est intéressant dans le sens où il répertorie tous les rois, même les plus insignifiants, ayant régné depuis Clovis.
    Il sera ainsi utile pour un élève de primaire, de collège ou de lycée qui a besoin d’un petit rappel de dates ou de faits importants. A la fin du livre, quelques cartes montrent l’évolution du royaume de France.
    Les passionnés d’histoire apprécieront de découvrir des rois qui ont régné si peu de temps qu’on ne les étudie pas à l’école, mais regretteront certaines approximations (dans le paragraphe sur Louis XVI, il est dit qu’il est arrêté à Varennes le 20 juin ; dans celui sur Louis XVII, c’est le 25 juin), certains déroulements qui ne sont pas chronologiques (On parle de la mort de Louis XV avant de parler de son mariage), des omissions (pas un mot sur le 1er mariage annulé de Louis XV avec Maria Anna Victoria, infante d’Espagne), ou encore des faits cités sans être expliqués (l’affaire des brus de Philippe le Bel) ce qui obligent ceux qui ne connaissent pas ces événements à faire des recherches annexes pour tout comprendre.
    Enfin, j’ai regretté un certain manque de partialité de l’auteur (il présente la reine Isabeau de Bavière comme une traîtresse, frivole et dévergondée, sans préciser que dès sa nuit de noce, qui fut un cauchemar selon les témoignages, elle a du, pendant des années, faire face, seule, aux crises de violences d’un roi dément).
    Voilà pourquoi je trouve que cet ouvrage, bien qu’intéressant, n’est rien de plus qu’un mémento, une énumération des différents monarques, et a plus sa place sur le bureau d’un élève que dans la bibliothèque d’un lecteur, car il tient plus de l’ouvrage scolaire que du livre historique.
    Cela dit, on ne pouvait guère attendre plus d’un livre qui couvre près de 14 siècles et 70 monarques en seulement 144 pages.

    Un extrait : CLOVIS IV
                        v. 682 – 695
    Roi des Francs (691-695)

    FILS AÎNÉ de Thierry III, il est désigné par le maire du palais et vrai souverain du royaume, Pépin de Herstal, pour monter sur le trône à la mort de son père. Pépin de Herstal fait ainsi réapparaître le droit d’aînesse. Placé sous l’étroite tutelle du maire du palais, ce fantôme de roi règne nominalement pendant quatre ans avant de mourir à l’âge de treize ans.

    CHILDEBERT III

    v. 683 - 711

    Roi des Francs (695-711)

     

    DEUXIÈME FILS de Thierry III, il devient roi en 695, à la mort de son frère, Clovis IV. Placé sous l’étroite tutelle du maire du palais, Pépin de Herstal, il ne dispose d’aucun pouvoir réel. Plusieurs campagnes sont menées contre les Frisons et les Alamans sous son règne. Il meurt à l’âge de vingt-huit ans, après seize ans de règne, un record de longévité pour les rois fainéants.

    DAGOBERT III

    v. 699 - 715

    (711-715)

     

    FILS DE CHILDEBERT III, il devient roi en 711, à l’âge de douze ans. Le maire du palais, Pépin de Herstal, et véritable maître du royaume, l’a choisi de préférence à son oncle, Clotaire, majeur, mais le jeune homme meurt à l’âge de seize ans.

    Il est l’un des derniers Mérovingiens, rois sans pouvoir presque tous morts dans la fleur de l’âge. Aussi est-il clair aux yeux de tous les Francs que c’est la famille de Pépin qui est désormais considérée comme royale. 

     

  • [Livre] Nobody

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    Résumé : Le tout, quand on est un sociopathe de 16 ans et qu'on rêve d'éviscérer sa petite copine, c'est de trouver des distractions... Pour John Wayne Cleaver, jeune serial killer en puissance qui tente de maîtriser ses pulsions, c'est la traque des psychopathes. Coup de chance, sa ville en regorge.
    Et quand ils sont tous morts, il suffit de tendre des perches pour en appâter d'autres. Le monstre qu'on nomme Nobody, par exemple. Voilà plus de deux mois que John l'attend lorsqu'une vague de suicides étranges et de meurtres sauvages déferle sur Clayton.
    Plus de doute : l'adversaire est dans la place...

     

    Auteur : Dan Wells

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 12 juin 2014

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Nobody n’est pas, comme je croyais, le dernier tome des aventures de John Cleaver puisque l’auteur a sortir un quatrième tome aux USA en 2015. On croise les doigts pour qu’une traduction française sorte rapidement !
    Dans ce tome, John Cleaver (et son tueur intérieur qu’il appelle Mr Monster) semble en avoir assez d’avoir des démons qui lui tombent sur le coin du museau sans prévenir et a décidé de les traquer avant que ce soit eux qui le traquent. Il est sûr qu’il est sur les traces d’une démone puisqu’à la fin du tome précédent, il l’avait eue au téléphone pour lui annoncer la mort de son second ami et la défier de venir le trouver.
    Sans pour autant lui dire de quoi il retourne, il embarque dans ses réflexions la fille d’un des policiers de la ville et accessoirement la fille la plus populaire du lycée.
    A ce moment de ma lecture, John vient de décider que sa règle consistant à ne pas fixer les filles n’a plus lieu d’être puisqu’il peut nourrir Mr Monster de sa traque et ainsi mieux le contrôler.
    Dans ce tome, comme dans les trois 1er, il est impossible de découvrir à l’avance qui est le démon et c’est frustrant. Frustrant et angoissant car, dès lors, tout le monde est suspect. N’importe laquelle des personnes que John côtoie depuis son enfance peut être remplacée par le démon, d’autant plus qu’il ne sait pas quels sont les pouvoirs que celui-ci peut bien avoir.
    Dans ce tome, John semble plus aux prises avec des émotions qu’il n’est pas supposé ressentir mais l’émotion qui domine est très clairement la frustration.
    Dans le tome 2, le démon dit à John Cleaver que chacun d’eux a des pouvoirs différents mais aussi que chacun d’eux recherche ce qui lui manque.
    Pendant tout le livre, John (et nous du coup) cherche quels sont les pouvoirs de ce nouveau démon qu’il traque. Et quand il comprend enfin, on se dit que, bon sang, il avait (et nous aussi) la réponse sous le nez depuis le début !!!
    La fin de ce tome m’a surprise et même choquée, il y a beaucoup de choses auxquelles je ne m’attendais pas du tout et, considérant les dernière pages, j’ai vraiment hâte de lire le prochain tome.

     

    Un extrait : Je m’étais mis à surveiller les gens, à remuer leur linge sale, à observer qui sortait tard le soir, qui voyait qui et qui avait quelque chose à cacher. À ma grande surprise, presque tout le monde. On aurait dit que la ville entière macérait dans la corruption. Les habitants s’entre-déchiraient avant même que les démons puissent le faire à leur place. Ces gens-là méritaient-ils d’être sauvés ? Le désiraient-ils seulement ? S’ils étaient vraiment aussi masochistes, alors les démons les aidaient davantage que moi en les propulsant vers leur objectif d’annihilation totale. Toute une ville, tout un monde se tailladait les veines et se vidait de son sang dans l’indifférence générale.

    Non. Je secouai la tête. Je ne dois pas raisonner comme ça. Il faut persévérer.

    Trouver cette démone et l’arrêter.

    Le problème, c’est que c’était bien plus compliqué que ça en avait l’air. Sherlock Holmes a résumé l’essence de l’enquête dans une phrase célèbre : « Une fois l’impossible exclu, tout le reste, même l’improbable, est vérité. » Super conseil, Sherlock, sauf que tu n’as jamais eu affaire à un démon. Moi j’en avais vu deux, parlé avec un troisième, et tout, chez eux, relevait de l’impossible. Je les avais vus s’arracher des organes, se relever d’un bond après avoir encaissé une douzaine de balles, se greffer les membres de leurs victimes et même absorber les émotions des autres. Je les avais vus voler des identités, des visages, des vies entières. Manifestement, ils pouvaient accomplir n’importe quoi, alors comment réussir à les comprendre ? Si Nobody voulait bien se donner la peine de buter quelqu’un, j’aurais quelque chose à me mettre sous la dent.

    Je m’arrêtai à quelques centaines de mètres de chez moi et observai une grande maison beige. Celle de Brooke. Lors de nos deux sorties, nous avions été interrompus par un cadavre, et je commençais vraiment à… bien l’aimer ? Était-ce seulement possible ? Je l’ignorais. On avait décelé chez moi une sociopathie, un trouble psychologique dont l’un des nombreux symptômes est l’absence totale d’empathie. Impossible, donc, de tisser de véritables liens avec Brooke. Appréciais-je sa compagnie ? Oui. Rêvais-je d’elle la nuit ? Oui, d’accord. Mais ces rêves n’étaient pas joli-jolis et ma compagnie, n’en parlons pas. Alors c’était tant mieux qu’elle se soit mise à m’éviter. Il ne s’agissait pas là d’une rupture puisque nous n’avions jamais été « ensemble », mais de son équivalent platonique, appelez ça comme vous voudrez. Il n’y a pas dix mille façons d’interpréter un « tu me fais peur, je ne veux plus te voir ».

    En même temps, je comprenais son point de vue. Après tout, je lui avais fourré un couteau sous le nez, c’était pas un truc facile à encaisser, même si j’avais une bonne raison de le faire. Sauvez la vie d’une fille en la menaçant et à peine aura-t-elle eu le temps de vous remercier qu’elle vous dira déjà au revoir.

     

    Pourtant, cela ne m’empêchait pas de ralentir chaque fois que je passais à côté de chez elle, voire de m’arrêter − comme ce soir-là − en me demandant à quoi elle pouvait bien s’occuper. Donc, elle m’avait plaqué, la belle affaire ! Tout le monde m’avait plaqué. Le seul être qui m’intéressait vraiment, de toute façon, c’était Nobody, et je comptais la tuer.

     

  • [Livre] Les mystères de Teelendelf T01 La forêt dorée

     

    Je remercie les éditions du Panthéon pour cette lecture

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    Résumé
     : « Par la suite, la vieille dame marmonna des paroles incompréhensibles. Eloïse essayait tant bien que mal de comprendre ce que cette femme disait. Les seuls mots qu’elle comprit étaient : " or ", " maudit " et " mort ". »

    Il existe en France un petit village paisible... ou presque. Cette bourgade réserve bien des surprises à Eloïse Demets, qui vient d’y emménager.
    La jeune fille tentera de résoudre d’étranges mystères dans la Forêt Dorée, une forêt magique, selon la légende du village. Mais quelle est cette légende dont tout le monde parle ? De surprenants événements lui prouveront que la magie existe. Mais se résoudra-t-elle à y croire ?

    Et vous, croyez-vous en la magie ?

    Bienvenue à Teelendelf !

     

    Auteur : Camille Gonzales

     

    Edition : Panthéon

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 12 juin 2015

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : Dans ce livre il y a un point positif et des points négatifs.
    Là vous vous dites : Ah il y a plusieurs points négatifs et un seul point positif ?
    Ben oui, mais il y a plusieurs petits points négatifs et un point positif mais alors THE BIG point positif : Il y a une histoire !
    Oui, oui, j’imagine votre petit sourire en coin qui dit : « Ben oui, y’a une histoire dans un livre, c’est le concept ». Et bien, l’air de rien, c’est pas si évident. J’ai lu beaucoup de livres où j’ai passé mon temps à me demander où l’auteur voulait bien en venir. Des livres où il n’y a aucune cohérence, aucun but, rien…
    Ici, l’idée de départ est bonne et l’auteur a clairement un but vers lequel elle va méthodiquement. Dès le début, on est intrigué par cette histoire d’or qui disparaît et de touristes qui disparaissent à leur tour dès lors qu’elles reviennent pour la seconde fois dans les collines.

    Je comprends qu’Eloïse, qui a été arrachée à son environnement, soit intéressée par cette histoire, surtout qu’elle se retrouve dans un petit village paumé.

    Après, il y a aussi quelques points négatifs, mais ce sont des points négatifs qui sont « rattrapables ». Du moment que l’auteur est capable de faire passer une histoire, une vraie histoire, que le fond est là, le reste, c’est de la réécriture dans la forme du texte.

    L’écriture manque un peu de maturité (mais si j’ai bien compris l’auteur est une adolescente, donc on va lui laisser le temps de mûrir à la louloute) avec un peu d’abus sur les adjectifs au début du roman (mais ça s’arrange ensuite).
    Toujours au début, les dialogues ne sont pas crédibles mais une fois entré dans l’intrigue, ça s’arrange.
    Le roman présente quelques coquilles (comme « plusieurs » écrit sans le « s ») voire quelques fautes un peu plus importantes qui auraient du être vues par un correcteur (« l’affront final » au lieu de l’affrontement final)…
    Le plus gros point noir est l’abondance de scènes inutiles. A plusieurs reprises, on attend des conséquences sur l’histoire qui ne viennent pas (la dispute entre les parents d’Eloïse, le jeu d’Halloween au lycée…). Ca ne veut pas dire que ces scènes sont mal écrites, j’ai adoré la scène du jeu de piste organisé au lycée pour Halloween, mais elle n’apporte rien à l’histoire. Si Eloïse avait surpris une conversation qui la mette sur une piste pour l’intrigue de la forêt dorée, j’aurais compris le passage, mais là….

    J’ai aussi regretté que certains personnages ne soient pas plus exploités. Par exemple, l’un des personnages, Julien, est décrit depuis le début comme étant proche de Solange. Or, quand Solange prend de l’importance, plus de nouvelle de ce personnage, alors pourquoi avoir tant insisté sur lui au début ? C’est la même chose avec les profs, certains ont de toute évidence des pathologies et je m’attendais à ce qu’ils aient un rôle par la suite, mais non.
    C’est pareil avec la taille du collège qui est martelée au début du roman, je m’attends doc à ce que ce détail ait une importance, ça n’a pas été le cas. Peut-être que ces personnages et ces détails auront leur place dans le tome 2 ?

    Bref le roman a vraiment un fort potentiel et il ne manque pas grand-chose pour qu’il soit quasiment parfait. Il faudrait qu’il soit expurgé des scènes inutiles et que d’autres scènes soient au contraire étoffées (là je ne peux pas vous donner d’exemple sans spoiler l’histoire, désolée).

    La fin a été bien maîtrisée. J’avais deviné avant de la lire, mais peu de temps avant (une trentaine de pages avant la révélation) et c’était bien parce que j’étais ravie d’avoir trouvé sans pour autant avoir trouvé ça trop facile.

    Et comme les adolescents mûrissent quasiment au jour le jour, je suis certaine que le tome 2 sera encore meilleur que ce tome 1…

    Affaire à suivre….

    Un extrait : Eloïse ouvrit la porte et sortit, suivie de près par sa mère.
    Elles montèrent toutes les deux dans la BMW et Christelle ouvrit le portail à l'aide d'un petit boîtier.

    - Allez ! Tu vas rencontrer du monde mon cœur.

    - Oui, mais mes amis me manquent.

    - Je sais ma puce mais, tu les retrouveras dans un an. Ce n'est pas grand-chose. Et puis, tu as ton téléphone portable. Tu peux aussi les appeler avec le fixe.

    - Oui, mais ce n'est pas pareil.

    - Ecoute, pour les vacances, je t'amènerai à Cannes. Je te le promet et ton père a intérêt à être d'accord ! s'exclama Christelle avec un petit sourire.

    Eloïse fit de même. Mais son visage s’assombrit immédiatement.

    - Mais il dira qu'il a trop de travail.

    - Non, ne t'en fais pas.

    - Et mes grands-parents sont trop loin de moi. Ils me manquent déjà.

    - Je sais mon ange mais ils viendront souvent, ils me l'ont dit.

    - Ouais, mais des fois, ce qu'on dit, on ne le fait pas forcément. Surtout eux !

    - Eloïse ! Je comprends que tu sois triste mais arrête d'être aussi pessimiste. Tu n'es pas comme ça d'habitude !

    - Oui, mais je ne suis plus à Cannes.

    - Bon, maintenant ça suffit ! Tu vas vivre pendant un an à Teelendelf que tu le veuilles ou non. Je suis sûre que ça va te plaire et que tu ne voudras plus partir.

    - Cela m'étonnerait !

    - Tu m'agaces !

    Elles arrivèrent au collège. C'était à cinq minutes de leur maison. Une dame, postée devant le grand portail noir de l'établissement, s'approcha de la voiture. Christelle baissa la vitre.

    - Bonjour, madame. Je suis Christelle Demets, la maman d'Eloïse qui est nouvelle dans votre collège.

    - Bonjour. Bienvenue. Mon nom est Valérie Collie. Je suis une des surveillantes du collège.  On va vous ouvrir le portail.

    Cette dernière semblait antipathique et froide. Elle regarda sa montre.

    - Vous arrivez en avance, dit-elle, avec un air de reproche.

    - Oui, c'est le directeur qui m'a demandé de venir avant 9 heures.

    - Ah d'accord. Je comprends mieux.

    La surveillante passa un coup de téléphone et, le portail s'ouvrit quelques secondes après.

     

  • [Livre] Une femme blessée

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    Résumé : Fatimah vit au Kurdistan irakien avec son mari, ses enfants et sa belle-famille. Un jour, elle est emmenée à l’hôpital de Souleymanieh, très grièvement brûlée – soi-disant victime d’un accident domestique. Tandis que Fatimah lutte pour vivre malgré ses blessures, la vie dans son village s’organise sans elle. A tel point qu’il semble qu’elle n’ait jamais existé. Seule sa fille aînée continue à évoquer son souvenir.
    Que va devenir Fatimah ? Que s’est-il passé le jour de l’ »accident » ? Quels mystères planent sur cette femme ?

     

    Auteur : Marina Carrère d’Encausse

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Drame

     

    Date de parution : 16 octobre 2014

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : L’auteur s’est inspirée d’une rencontre faite au Kurdistan irakien pour écrire ce roman.
    Omar est médecin au Kurdistan dans le service des grands brûlés.
    Tous les jours il soigne des femmes qui sont là pour des accidents domestiques. Et cela n'est guère étonnant puisque la plupart d'entre elles utilisent du matériel vétuste, alimenté au kérosène et souvent mal utilisé. Mais Omar sait aussi que sous couvert d'accident domestique se cache souvent d’autre raisons aux « accidents », parfois des tentatives de suicides de femmes qui ne se sentaient pas la force d’affronter leur famille pour une raison ou une autre, parfois un crime d'honneur.
    Il est médecin, il est là pour soigner ces femmes, mais il ne sait jamais à quel genre de vie il va les renvoyer. Il ne sait pas si, après qu'il se soit battu pour sauver leur vie, elles ne vont pas être agressées à nouveau au nom de l'honneur ou tenter à nouveau de mettre fin à leur jours.
    Il est très difficile de le savoir puisque le crime d'honneur c'est aussi la loi du silence.
    Une loi du silence qui fait que Fatimah ne parle pas de ce qui lui est arrivé, ne parle quasiment pas d'ailleurs, et qui fait que, de leur côté, ses filles ne savent pas ce que leur maman est devenue. Personne ne répond à leurs questions, on leur interdit même d'en poser, d'évoquer simplement leur mère ou même de pleurer son absence.
    Les doutes du médecin sont de plus en plus grands car, malgré le fait que le mari de Fatima vienne régulièrement demander de ses nouvelles, on a clairement l'impression que les nouvelles de bon rétablissement que lui donne le docteur ne lui conviennent pas.
    Mais là encore, quand l’honneur est en jeu, comment distinguer le vrai du faux, comment savoir ce qui se cache sous les apparences ?
    Le Maître d'école de l'aînée des filles de Fatimah semble choqué et même bouleversé d'apprendre l'hospitalisation de cette dernière. Je ne sais pas s'il soupçonne un crime d'honneur et le désapprouve ou s’il y a quelque chose de plus ambiguë entre lui et la mère de famille.
    Il faut noter que les crimes d'honneur ne sont pas uniquement commis par les pères, frères ou maris, mais que se sont parfois les femmes elles-mêmes qui perpétuent cette tradition barbare dont elles sont les premières victimes.
    Dans le cas de Fatimah, les choses sont encore plus compliquées car chaque membre de la famille ne connaît que certains éléments de l’affaire. Une seule personne sait tout et est bien décidée à ce que personne ne puisse relier les différents éléments entre eux.
    À la fin du livre, une page recto-verso nous donne les chiffres effarants du nombre de victimes des crimes d'honneur (5000 par an), nous explique les raisons pour lesquelles une femme peut-être agressée, qui vont de la simple rumeur jusqu'à la relation sexuelle consentie en passant par le viol ou le simple fait de rentrer un peu tard. Bien que la perte de la virginité semble être l'excuse la plus souvent invoquée, les chiffres officiels prouvent que plus de 80% des victimes étaient vierges au moment de leur mort.
    Malgré les actions des organisations internationales et humanitaires, les crimes d'honneur sont en expansion du fait du laxisme de la loi les concernant. Les meurtriers, qui sont accueillis comme des héros dans leur famille, sont en effet souvent condamnés à de simples peines symboliques (6 mois à 2 ans dont ils ne purgent jamais la totalité) et sont même régulièrement salués et félicités par les autorités pour leur « courage » qui leur a permis de faire « ce qui devait être fait ».

    On pourrait se dire que ce livre n'est qu'un énième récit de l'horreur que vivent ces femmes, mais il est important de continuer à en parler, le plus possible, afin de lutter contre ces pratiques inhumaines.

    Un extrait : Premier jour, Souleymanieh, Kurdistan irakien, hôpital des grands brûlés.

    Il est 15 heures. Le soleil est au plus haut. Il fait chaud, l'air est étouffant. La rue est bruyante, la poussière omniprésente.
    À l'intérieur de l'hôpital, le calme n'en est que plus remarquable. Les stores baissés tamisent la lumière, il fait bon. Un havre de paix, en quelque sorte…
    On pourrait le penser si, dehors, il n'y avait l'enfer de la guerre. Cela fait près de trente ans déjà que le pays, hommes, femmes, enfants subissent l'horreur, la peur, la violence.
    Pourtant, l’horreur s'étend jusque dans les chambres de l'hôpital. On perçoit des gémissements. Pas des cris -  les malades sont plutôt courageux, dignes -, mais des plaintes sourdes.
    Et puis, il règne une odeur fade, douceâtre, une odeur de pourri. C'est celle des corps grièvement brûlés. On a beau tout faire pour couvrir cette odeur - le sol vient d’être nettoyé, un chariot rempli de produits détergents et antiseptiques est parqué dans le hall -, elle est là, lancinante, elle s'infiltre dans les narines, occupe le terrain.
    C’est un hôpital de brûlés, peut-être la pire des blessures que le corps et l'esprit puissent endurer. Et ici, ce sont les femmes qui souffrent.

    Elles sont trois, allongées dans le sas de réanimation, antichambre de ce lieu où les médecins se battre pour sauver des vies. Quand ils le peuvent… Dans ce sas sont installés les cas les plus graves, les derniers arrivés.
    Trois jeunes femmes : Bada, seize ans, Awira, dix-neuf, et Fatimah, vingt-trois.
    On ne distingue que des formes, mais ce sont bien des corps qui gisent sous les couvertures de survie posées sur eux. Des couvertures conçues pour maintenir une température suffisamment élevée et retenir la chaleur qui fuit, menaçant la vie à chaque instant.
    Seuls les visages émergent. Les visages ou ce qu'il en reste.

    Fatimah occupe le lit près de la fenêtre ; d'elle, on ne voit que la bouche. Le front, les joues sont recouverts d'un épais bandage qui masque ses blessures.

    Dès qu'elle est arrivée, on lui a donné de la morphine pour apaiser ses souffrances et pour qu’elle supporte les premiers soins.
    Même plongé dans le coma, un brûlé peut ressentir la douleur, et les premiers gestes sont forcément éprouvants.
    Un médecin et un infirmier l'ont douchée, afin d'enlever toutes les peaux mortes mais aussi de rincer le kérosène encore sur sa peau qui risquait de pénétrer un peu plus dans le derme.
    Ensuite, ils l’ont emmenée jusqu'au sas, l'ont installée le plus délicatement possible dans un lit stérile. Ils ont longuement, patiemment recouvert toutes ses  brûlures de pommade désinfectante, puis de compresses et de bandes.
    On dirait une momie. Un tube sort de sa bouche - il faut l'aider à respirer, toute seule elle n'y arrivera pas, ses poumons ont inhalé la fumée toxique. Enfin, une perfusion est installée, et goutte après goutte, du liquide se répand dans ses veines, beaucoup de liquide, pour éviter la déshydratation, un des ennemis mortels, avec l’infection, qui menacent le grand brûlé.
    Les médecins ont appliqué ces mesures indispensables, mais ils doutent que Fatimah puisse survivre : elle a été brûlée au troisième degré sur plus de la moitié du corps.
    Et plusieurs heures se sont écoulées avant qu'elle n'arrive ici.

     

  • [Livre] Mr Monster

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    Résumé : Dans Je ne suis pas un serial killer, le jeune John Wayne Cleaver était la proie de pulsions effrayantes et redoutait de devenir un tueur en série. Aujourd’hui il n’a plus de doutes : un assassin, qu’il a surnommé Mr. Monster, sommeille en lui, susceptible de se réveiller à tout instant. Ce qui, étrangement, n’a pas que des mauvais côtés. Sans Mr. Monster John n’aurait jamais pu débarrasser sa petite ville du tueur qui y sévissait. Mais à présent il n’est plus du tout sûr de pouvoir maîtriser son côté obscur. D’autant qu’autour de lui nombreux sont les importuns qui mériteraient d’avoir affaire à Mr. Monster. Sans compter ces nouveaux cadavres qui apparaissent aux quatre coins de la ville et cet inspecteur du FBI qui commence à sérieusement le suspecter d’être impliqué dans les meurtres. Il va ainsi devenir de plus en plus difficile de ne pas laisser les rênes à ses démons. Plaisir coupable auquel il serait tragique de prendre goût…

     

    Auteur : Dan Wells

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 7 août 2013

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Mr Monster fait directement suite à « Je ne suis pas un serial killer » puisqu’il a lieu environ 3 mois après les évènements du 1er tome.
    Maintenant que l’on sait qu’il y a des éléments surnaturels dans cette histoire, ça passe beaucoup mieux que dans le 1er tome où j’avais été prise par surprise.
    Et comme je choisis mes livres en fonction de ce que j’ai envie de lire à ce moment là, j’avais peu apprécié de choisir un thriller et d’avoir du fantastique.
    Dans ce tome là, on a de nouveau affaire à un démon qui laisse des cadavres à découvert pour retrouver soit le démon du 1er tome, soit celui qui l’a tué.
    Les créatures sont aussi différentes les unes des autres que peuvent l’être les humains. Elles n’ont en commun que leur force et leur besoin de tuer.
    Lors d’une conversation téléphonique, le démon parle à un certain Nobody, on peut donc en déduire que le troisième tome obligera John Cleaver à faire face à un nouveau démon.
    Ici la volonté de John de ne pas devenir un tueur est mise à rude épreuve, le démon qu’il affronte veut savoir ce qui est arrivé à son « ami », il veut savoir comment un simple humain, tout sociopathe qu’il soit, a pu mettre un terme à la vie d’un « dieu » (c’est ainsi qu’ils se décrivent).
    Ce démon, qui a d’autre particularité que celui du 1er tome, est bien plus dur à berner. Il anticipe chacune des actions et pensées de John avec une constance terrifiante et, l’enveloppe humaine sous laquelle il se cache, au sein de Clayton, le met au dessus de tout soupçon.
    Encore une fois, John va devoir lâcher la bride à Mr Monster s’il veut venir à bout du démon, cependant il doit faire attention à ne pas trop lui lâcher la bride car il est dans une situation dans laquelle tout pourrait bien basculer et Mr Monster prendre définitivement les commandes.

    La fin de ce tome annonce directement le troisième par une provocation directe de John envers Nobody, qui semble être un démon femelle. Après tout, maintenant qu’il sait que les démons existent, quel meilleur moyen de concilier son refus de faire du mal à quiconque et les besoins de Mr Monster que de traquer et détruire les démons ?
    Ce deuxième tome tenait encore plus en haleine que le 1er. Si l’auteur maintient cette escalade, j’ai vraiment hâte de lire le dernier tome mettant en scène John Cleaver.


    Un extrait : Voyez-vous, moi aussi je suis un monstre : pas un démon surnaturel, juste un gamin détraqué. J’ai passé ma vie entière à essayer de contenir mon côté sombre, de l’enfermer là où il ne pourrait blesser personne, jusqu’au jour où ce fameux démon est apparu et où je n’ai eu d’autre solution pour l’arrêter que de libérer ma part d’ombre. Or désormais je n’arrive plus à la refouler.

    Cette part d’ombre, que j’appelle « Mr Monster », rêve de couteaux sanguinolents et s’imagine de quoi vous auriez l’air avec la tête au bout d’une pique. Je ne souffre pas de trouble dissociatif de l’identité et je n’entends pas de voix ni rien, seulement je… c’est dur à expliquer. Je pense à un tas de choses horribles, j’ai envie de faire un tas de choses horribles, alors il est plus simple d’accepter cette part de moi en feignant avoir affaire à quelqu’un d’autre : ce n’est pas John qui a envie de transformer sa mère en confettis, c’est Mr Monster. Vous voyez ? Je me sens déjà mieux.

    Mais voilà le hic : Mr Monster a faim.

    Les tueurs en série parlent souvent d’un besoin, une sorte de pulsion, contrôlable au début, mais qui ne cesse de les hanter, devenant de plus en plus dure à maîtriser, jusqu’à ce qu’ils se déchaînent et trucident à nouveau. Avant, je n’avais jamais compris de quoi ils parlaient, mais maintenant je commence à saisir. Maintenant, je ressens ce besoin au plus profond de moi, aussi pressant et vital que l’envie biologique de manger, de chasser ou de s’accoupler.

    J’ai déjà tué une fois ; ce n’est qu’une question de temps avant que je recommence.

     

  • [Livre] Quelqu'un qu'on aime

     Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Matt a un projet fou : refaire avec son grand-père Gary la tournée d’un crooner mythique des années 50, Pat Boone. Un road-trip pour rattraper au vol les souvenirs qui s’échappent…
    Mais rien ne se passera comme prévu ! Peu avant le départ, Matt apprend qu’il est le père d’une petite Amber de 18 mois – et qu’il doit s’en occuper pour quelques semaines. 
    À l’aéroport, une tornade s’annonce : les avions ne décollent plus. Matt, Gary et le bébé grimpent à bord d’un van de location… et, ultime surprise, deux personnes les rejoignent : Luke, ado en fugue, et Antonia, trentenaire prête à changer de vie.
    Tous ensemble, ils font cap vers l’Ouest du pays. Arizona, Californie, Nevada, sur la piste du passé, des souvenirs et autres histoires bien vivantes. On les suit, d’étape en étape, tandis qu’ils commencent à former une tribu bancale, une petite famille folle et joyeuse, réunie autour de Gary.

     

    Auteur : Séverine Vidal

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 26 août 2015

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Ce livre est un véritable tourbillon d’émotions. Il m’a fait rire, ça c’est sûr, beaucoup rire même. Mais il m’a aussi fait pleurer, et pas qu’un peu.
    Je retrouve dans ce livre l’humour de Séverine Vidal que j’avais découvert dans « Il était 2 fois dans l’ouest », mais elle ajoute à son humour une sacré dose de tendresse.
    Le voyage prévu par Gary et son petit fils Matt prend une autre tournure quand une ex petite amie annonce au jeune homme qu’il est papa d’une petite Amber de 18 mois. Le jeune homme ayant perdu sa mère depuis un an après une longue maladie et ne semblant pas avoir de père dans les parages, ce n’est pas les responsabilités qui lui font peur. Il craint plus de ne pas être à la hauteur mais il prend quand même relativement bien la nouvelle.
    Donc, la pitchoune va devoir être du voyage et sur ce, une tempête de neige comme on en a jamais vu au Texas fait que tous les avions sont annulés et comme Gary refuse d’annuler le voyage, ils finissent par louer un van et, comme celui-ci est très grand, ils finissent par embarquer avec eux Antonia qui doit se rendre à un entretien d’embauche et Luke un ado en fugue qui ne fuit pas juste à cause d’une crise d’adolescence.
    Du coup, le voyage ne prend pas le tournant qui était prévu. Mais tout le monde comprend très vite que le seul but de ce voyage est de permettre à Gary de retrouver ses souvenirs d’une tournée qu’il avait suivie quand il était jeune d’un crooner dont il est fan.

    J’ai beaucoup aimé la manière qu’a Séverine Vidal de traiter du sujet difficile qu’est la maladie d’Alzheimer, elle montre avec beaucoup de tact ce que cette maladie implique pour l’entourage mais aussi pour la personne malade qui, dans les deux premières phases de la maladie se rendent parfaitement compte de leur état.

    Séverine Vidal maîtrise
     avec autant de brio la littérature pour enfant et celle pour adolescent.
    Si l’histoire principale est centrée sur Gary et sa mémoire défaillante, chaque personnage a droit à sa propre histoire qui n’est pas oubliée : Antonia qui veut reprendre sa vie en main, Luke et ses secrets, et bien sûr Matt qui, privé de mère et s’occupant d’un grand père malade, doit apprendre à devenir un père.

    Chaque chapitre est raconté du point de vue d’un personnage différent (et pas toujours de la petite bande, Dixie, l’ex copine de Matt et maman d’Amber a également son « heure de gloire ») mais toujours à la troisième personne.

    Il est vraiment difficile de mettre des mots sur le tourbillon d’émotion que provoque ce roman. J’ai oscillé entre rire et larmes pendant toute la seconde moitié.
    En tout ces, c’était une très belle lecture, et je remercie vivement les éditions Sarbacane de m’avoir permis de découvrir ce roman et cet auteur.

    Un extrait : La première fois, il n’y a pas vraiment prêté attention. Il avait « juste oublié ». Oublié où il avait encore posé son porte-monnaie, oublié le prénom de la voisine du dessous, oublié un rendez-vous chez le dentiste. Gary a d’abord mis ça sur le dos d’une rigolote hérédité : sa mère était tête en l’air, comme sa grand-mère, ses deux tantes et la grand-tante Rosa avant elles.

    - Tête-en-l’air de mère en fils ! On peut rien contre ça !

    Voilà ce qu’il avait répondu à Matt qui lui faisait remarquer que le congélateur n’était peut-être pas le meilleur endroit où ranger ses clés.

    - Et puis, si ce n’est pas l’endroit le plus classique, c’est assurément le plus froid, non ? avait enchaîné Gary, comme pour rappeler que dans sa famille, l’humour aussi se transmettait de génération en génération.

    Rien de grave donc.
    Et puis, les alertes étaient devenues de plus en plus nombreuses. Et de plus en plus difficiles à cacher.
    Par exemple, quand il avait commencé à confondre les prénoms de ses deux petits-fils, Matt et Vince, ce qui les agaçait prodigieusement. Un jour, Matt avait perdu patience.

    - Old Gary ! Je suis Matt, pas Vince ! Vince a onze ans et joue encore au cow-boy dans la cour de ton appart. Moi je suis Matt, regarde, j’ai des poils au menton !

    - Désolé, fiston. Si je me goure encore, t’as le droit de m’appeler Helen, comme ta mamie !

    C’était une période où l’évolution de la maladie n’empêchait pas Gary d’en rire.

      

  • [Livre] Aujourd'hui avant demain où je mourrai

     

    Je remercie les éditions Panthéon pour cette lecture

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    Résumé : « Bon, sérieux, l’heure n’est pas au rire. La situation de mes parents n’est pas des meilleures. La claque que j’ai reçue avait la simple mission de l’écrire physiquement dans ma chair. Mes parents se déchirent. Ils s’aiment, mais se déchirent. Pourquoi ne vivent-ils pas simplement heureux en faisant beaucoup d’enfants ? »

    En nous livrant ces deux nouvelles, l’auteur s’adresse autant à lui-même qu’à ses lecteurs. Avec malice, il initie son récit avec celui d’un enfant qui refait plus ou moins le film de sa vie. Entre imagination, réflexion et critique, entre sérieux et dérision, il nous entraîne dans une sinueuse balade au hasard des pas, des rencontres et des pensées. Quand, dans un jeu de miroir, le scénario se rejoue sur un air de déjà-vu, on vient à se demander si le hasard n’est pas qu’une question de point de vue. Il poursuit son récit avec l’histoire de lablind girl, écœurée de la vie et du monde depuis qu’elle a perdu la vue et son compagnon qui tente amoureusement de lui redonner des raisons de s’accrocher à la vie. Est-on est capable d’aimer quelqu’un d’autre lorsqu’on a que de la haine pour soi ?

     

    Auteur : Kevin Maganga

     

    Edition : Pantheon

     

    Genre : Inclassable

     

    Date de parution : 10 avril 2015

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Logorrhée : nom féminin, littéralement diarrhée verbale, ou incontinence verbale. Trouble du langage caractérisé par un besoin irrésistible et morbide de parler.
    Je connaissais ce mot, je l’avais lu à plusieurs reprises dans des livres mais je n’avais jamais réussi à me faire une représentation du phénomène.
    Mais quand j’ai imaginé Kevin Maganga en train de lire sa première nouvelle à haute voix, j’ai immédiatement eu une compréhension parfaite de ce terme que je n’avais jamais réellement compris jusque là.

    Le style est parlé, mais pas simplement parlé, parlé dans le style du langage des jeunes dans les cités (langage quartiers nord, on dirait chez moi). On est même parfois à la limite du langage sms puisque l’auteur parsème son texte de petits smiley souriants (J). Mais certains mots, certains bouts de phrases montrent que c’est une histoire écrite par quelqu’un de cultivé. Le mélange des genres donne quelque chose de bizarre : un gamin des cités qui joue au grand en usant de termes piqués dans le livre de psycho de sa grande sœur.

    Autre chose qui m’a un peu rebutée, c’est une écriture au kilomètre : peu d’aération du texte, de longs paragraphes qui forment des blocs compacts et très difficiles à lire.
    A deux reprises, une fois en anglais et une fois en espagnol, l’auteur met au milieu de son texte une phrase en langue étrangère sans que celle-ci ne soit traduite en note de bas de page. Il oublie que tout le monde ne comprend pas d’autres langues que la sienne. Ici, le lecteur qui n’a pas de notions d’anglais et/d’espagnol doit interrompre sa lecture pour regarder dans un dictionnaire, pour autant qu’il en ait la possibilité.
    L’histoire en elle-même est décousue : on avance, on revient en arrière, des phrases sont répétées…c’est très déconcertant.

    Le contenu est très certainement très intéressant, mais cela demanderait un trop gros travail d’interprétation pour l’atteindre. Malgré plusieurs relectures, je n’ai pas réussi à comprendre où voulait en venir l’auteur.

    La seconde nouvelle présente la même caractéristique au niveau de la forme, mais l’écriture est plus fluide et donne moins l’impression d’avoir était écrite par un psychopathe sous amphétamines armé d’un stylo.
    Il s’agit d’une petite histoire un peu (beaucoup) moralisatrice mais très divertissante.
    Si la première nouvelle m’a laissée froide et a été très difficile à lire, la seconde a été une bonne lecture.


    Un extrait : Aujourd'hui avant demain où je mourrai, je pense à ma mère que je n'ai pas vu depuis hier. Je me revois dans mon enfance, genre l'âge où ta mère est la reine de tous les royaumes et que toi, tu es son « petit prince adoré ». J'ai envie d'elle, là, maintenant. J'ai envie de la sentir près de moi. Envie de l'embrasser tendrement. Envie d'elle, quoi ? M'en fiche si tu as l'esprit tordu. J'ai envie d'elle, loin de tes idées qui respirent les théories freudiennes de l'inceste. L’histoire de l'enfant Oedipe qui tombe dans les sensations avec sa mère, je crois que ça lui vient pour se soulager la conscience des envies qu'il avait lui-même eues de soulager son roseau bandant dans la soupe maternelle. Ma phrase à moi n'a pas ce sens-là. Moi, j'ai envie de ma mère, envie de lui dire que je l'aime. C'est tout. Mais elle, elle est tellement imprévisible que je ne sais pas comment elle va prendre ça. Elle pourrait être toute contente et me dire « Oh, mon chéri, c'est très gentil ! C'est vraiment mignon-mignon-mignon-mignon-mignon-mignon-mignon ! Surtout que tu n'as pas l'habitude J ».

    (En fait, ce que je dois signaler, c’est que je suis un entrecoeuriste. Je garde souvent mes sentiments à sensations pour moi. Tout comme je vis le plus souvent dans ma tête - j'adooore !!! Mes émotions franchissent donc difficilement les frontières de mon cœur. « El corazòn tiene màs cuartos que un hotel de putas », je suis le principal locataire de la majorité des mis cuartos du corazòn. Quand j'étais gamin, beaucoup avaient du mal à identifier quelques émotions à travers mon pauvre petit corps. « Tu as le vampire, me lançaient certains. C'est le plus maboul des mabouls du monde et du non-monde mélangés », déposaient d'autres. Aussi, ce qui me fait sourire d'ailleurs, beaucoup ne comprennent pas que je parle seul. Haha ! Ce qu’ils comprennent encore moins, c’est qu'il ne s'agit pas de monologue, mais carrément de dialogue, man. Quelqu'un qui dialogue avec lui-même, c'est bizarre, non ? Je me parle, je me réponds, je me tutoie comme si j'étais deux. Roguy, une amie qui fait la psychologie, me dira un jour que je lui fais peur avec quelque chose comme schizophrénie ou quoi qu'elle dira, je ne sais plus. Moi, ça m'amuse quand je m’y mets et quand je pense à comment j'y vais. Je suis presque convaincu moi-même que je parle à un autre moi et non à moi-même J. C'est dingue ! C'est pas facile à expliquer. Ou plutôt si. Il y a moi et moi dans moi, en fait. C'est ça qu’ils n'ont pas encore compris, les gens, je ne suis pas seul en moi J. Je m’entends parler et je me parle, c'est ambigu pour beaucoup, assez clair pour moi. Bon, c'est vrai que ça n'a pas toujours été aussi clair. Je me souviens qu'au début, quand je commençais à parler, je répondais, et je parlais, et là, je me disais directement, avec la voix de l'extérieur emballée dans une certaine exaspération « Tu parles à qui même ? ». Et j'avais ensuite le sourire qui se moquait de cette voie exaspérée qui interrompait un moi et l'autre moi. Ouais, c'est vrai, je trouvais quand même un peu drôle de me parler à moi-même comme à un étranger.  Un moi et un autre moi dans moi, c'est pas du tout une évidence pour le monde, non ? Ils ne peuvent pas imaginer que je te parle à toi J. Même si toi c'est moi, moi je sais que tu es toi à côté de moi avec ta voix bien à toi et tes idées qui ne sont pas forcément de moi. Que ce ne soit pas évident pour les autres, je le comprends. Mais je sais que je ne parle pas seul. Mais bon, fermons là la parenthèse).

    Ma mère pourrait donc être contente et me dire « Oh, mon chéri, c'est très gentil ! C'est vraiment mignon-mignon-mignon-mignon-mignon-mignon-mignon ! Surtout que tu n'as pas l'habitude J. Le sourire dans le visage elle me planterait alors un lourd baiser sur le front, baiser pesant de toute sa tendresse sur mon esprit. « L'habitude », comprenons bien qu'il s'agit de n'avoir pas l'habitude de dire à ma mère que je l'aime et non pas « l'habitude » être gentil. Etre gentil, j'en ai « l'habitude ». Parfois, je suis même tellement gentil qu'on me prend pour un petit ange. Je suis gentil avec Mukambi, je suis gentil avec la grand-mère de Maurice, même avec Mukandjo que tout le monde déteste dans le barrio parce qu’ils disent qu’il est brigand, moi, je suis gentil. Je ne comprends même pas pourquoi tous les grands du barrio ne l'aiment pas, sauf ceux qui, comme lui, ont le corps bien tagué comme les murs du barrio et les cheveux attachés-attachés. Il est bien mal vu par beaucoup des gens du barrio, et presque personne n’est gentil avec lui. Ils l’appellent brigand de première bande. Mais moi, je ne vois pas comment il est brigand, il n'est pas au gouvernement et il ne fait même pas la politique. Qui sont ceux qui, des années après d'autres années, puis des années encore, avant d'être remplacés par leurs semblables, passent leur temps à briguer un poste stratégique pour finir par nous brigander notre petite vie de droit-à-une-misère-un-peu-plus-digne-de-notre-espèce ? Même pas besoin de répondre. Alors, Mukandjo, brigand de première bande, moi, je n’y crois pas du tout. En tout cas, moi, je suis gentil avec lui comme je suis gentil avec tout le monde, et y en a même qui finissent par me prendre pour un petit ange. Allez ! Je vais être franc, hein ? On est entre nous. En réalité, je n'aime pas beaucoup. Je n'aime pas beaucoup qu'on me prenne pour un ange, non pas que je n'aime pas être gentil. Etre gentil, j'aime beaucoup, ça me permet de me convaincre que j'existe en dehors de moi. Je n'aime pas beaucoup qu'on me prenne pour un ange, car ça me donne le sentiment que les gens nient ainsi l'obscurité de ma face que j'essaie de laver à coups de gentillesse répétée.