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Livres - Page 91

  • [Livre] Un accord incongru

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    Résumé : Miss Dolly Green était complètement anéantie par la demande du vieux duc. Ce marché, bien qu’incroyablement culotté, était peut-être le seul moyen pour elle de survivre. Elle venait de perdre son petit domaine et n’avait plus que sa beauté pour elle. Elle n’avait donc plus les moyens de rêver. Le bel Anton ne serait plus, à jamais, qu’un souvenir qu’elle pourrait chérir en secret…

    Auteur : Lhattie Haniel


    Edition : Auto édition

    Genre : Romance historique

    Date de parution : 2015

    Prix moyen : 10€

    Mon avis : J’adore les romances historiques mais ce livre a été une grosse déception. L’idée de départ est bonne bien qu’assez classique dans ce genre de littérature. Cependant, l’écriture manque de fluidité avec une syntaxe, une grammaire et une conjugaison parfois approximative.
    Entre autre l’emploi du mot « aussi », utilisé à tort et à travers, parfois à la place du mot « Ainsi », m’a dérangé, je trouve que lorsqu’on écrit un roman destiné à être publié, la moindre des choses est de vérifier le sens des mots que l’on emploie

    Et est-ce qu’on parle des anachronismes ? Pour n’en citer que deux :
    - Les femmes ne portaient rien sous leurs jupes avant le XIXème siècle où elles commencent à porter des pantalons, la petite culotte, elle, ne fait son apparition qu’en 1918, or, l’héroïne en porte une… En avance sur son temps la demoiselle…
    - Le comte Anton qui couche avec l’héroïne alors qu’ils ne se sont adressés que deux mots et qui ne se pose pas la question de la virginité, sachant que les mœurs de 1810 n’étaient pas particulièrement libres en Angleterre… Alors qu’ils couchent ensemble, ok, mais il fallait l’amener, les faire peut-être hésiter, mais en tout cas, certainement pas faire que le monsieur tombe des nues en découvrant sa virginité !

    Je n’ai pas compris les réactions de certains personnages comme par exemple le majordome qui se montre limite impoli, sans qu’aucune raison ne soit donnée, avec une visiteuse qui se présente pour rencontrer son maître... Un coup à se faire jeter sur le pavé, ça… Alors cette attitude peut passer, mais il faut que les actes des personnages soient motivés… Dans le cas contraire, on a l’impression que des noms de personnages ont été jetés sur le papier sans qu’ils n’aient été travaillés.

    La fin est non seulement sans surprise mais beaucoup trop rapide. Tout ce que l’auteur n’a pas eu le temps ou l’envie de détailler, elle l’a collé pêle-mêle dans l’épilogue.

    Etant une grande fan du genre, j’ai lu beaucoup de livres de romance historique, du coup, c’est vrai que je suis exigeante dans ce domaine, d’autant plus que ces livres sont légion dans le commerce. Alors quand je lis un livre comme ça, qui est une grande déception, j’ai du mal à dépasser cette déception pour tenter de lui trouver des points positifs.
    La romance historique est un exercice difficile justement parce que beaucoup s’y sont essayé et qu’il y a beaucoup d’auteurs brillants tels que Julie Garwood ou Madeline Hunter.

     

    Un extrait : Dans son énorme propriété située dans la ville de Sudbury, lord Henry Grey, duc de Clarence, se réveillait seul dans sa chambre comme tous les jours depuis ces vingt dernières années.
    Alors, comme chaque matin que Dieu faisait, il se leva.
    Puis, comme chaque matin après ce soir d’hiver où il avait perdu Cecilia, son épouse tant adorée, il se dévisagea dans l’imposant miroir apposé au mur.

    — Eh oui, mon ami ! Encore une nouvelle journée à vivre, pour rien ni pour personne, se dit-il en regardant son pâle visage où se reflétaient, en même temps qu’une profonde mélancolie, les années passées, déjà pointées par l'empreinte du doigt qui décompose le corps.

    Et cet homme bien né et bien éduqué se retrouvait aujourd’hui tout seul parce que sa tendre Cecilia n’avait pu lui donner de descendance.
    Pourtant, ils s’étaient aimés, d’un amour ardent, bien avant leur mariage. Cecilia avait été une cousine éloignée avant d’être son épouse.
    Chez les Grey, les épousailles entre cousins étaient d’usage, et lord Grey — 5e duc de Clarence — n’avait pas failli à cette tradition familiale.
    Il se détourna alors de son reflet grisonnant et s’en alla tirer sur un épais bandeau de tissu suspendu au mur qui — relié à un long cordage — était muni en son extrémité d’une clochette en argent. Celle-ci, située dans les cuisines, se mit à tinter gracieusement. Alors, George — le valet de pied qui reconnut le tintement de la clochette qui lui avait été attribuée — se vêtit de sa veste, puis s’affaira à grimper les deux étages avant que M. Parker, le majordome, ne le lui en donne l’ordre.

  • [Livre] La porteuse du médaillon

    Je remercie les éditions « Mon petit éditeur » pour cette lecture

     

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    Résumé : La crise de la trentaine n’épargne pas Clarisse. Elle ne se supporte plus, elle n’aime pas son travail, elle vit seule... Jusqu’au jour où ce médaillon lui tombe dans la main, bijou dont les couleurs se troublent à certains moments pour finalement venir aspirer Clarisse en son centre... Et la voici de l’autre côté, monde dans lequel rien ne semble avoir bougé: l’Histoire s’est arrêtée là. C’est ce que lui raconte l’Antiquaire lorsqu’elle trouve Chrétien de Troyes presque momifié: il n’a jamais pu écrire la fin de la légende arthurienne. Mais le médaillon a choisi Clarisse et c’est elle qui va faire avancer l’Histoire pour rétablir la légende afin que l’illustre auteur puisse terminer son œuvre.

    Auteur : Claudie Séreuse

    Edition : Mon petit éditeur

    Genre : Fantastique

    Date de parution : Janvier 2012

    Prix moyen : 16€

    Mon avis : Quand j’ai commencé le livre, avec la page de garde qui commence par :
    « 
    Approchez, gentes Dames et preux Seigneurs,

    Venez entendre l’histoire de La Porteuse du Médaillon », j’ai trouvé dommage de commencer par cette forme qui donne un air de légende au récit et de ne pas la faire en vers.
    Puis quand j’ai attaqué le récit proprement dit, et surtout quand j’ai lu le 1er paragraphe, je me suis dis : bon sang, mais Clarisse c’est moi ! Qui me rendors après avoir éteint le réveil, qui me fracasse contre la table basse, qui a oublié de jeter une bouteille d’eau ou de coca zéro qui tente sournoisement de me faire la peau…
    Il n’y a que ma salle de bain qui me fiche la paie, mais c’est uniquement parce que j’ai viré les néons depuis des années pour les remplacer par des ampoules normales…le matin on a moins l’air d’un zombie sous cette lumière là !
    Bref, l’héroïne, c’est presque moi et ça nous la rend immédiatement sympathique. Et son patron ressemble à une version masculine de mon ancienne patronne à moi, du coup, là c’est plus de la sympathie, c’est carrément de l’empathie !
    Très rapidement, dès que le personnage de l’héroïne est bien présenté, on entre dans le fantastique : aspirée par le médaillon, Clarisse se retrouve au moyen âge affublée de deux compagnons dont un ne l’apprécie visiblement pas.

    Clarisse a du mal à admettre ce qui lui arrive et pense un petit moment qu’elle rêve, elle pense même qu’elle est peut être dans le coma, suite à une chute.
    Une fois que Clarisse a admis qu’elle ne rêvait pas, tout se passe très vite, pas tant dans l’écriture, car l’auteur prend le temps d’aller là où elle veut que l’histoire nous même, que dans l’intensité et la rapidité de l'enchaînement des événements. On lit très vite aussi, pour ne pas se laisser distancer, pour ne pas perdre de rythme…
    J’ai beaucoup aimé, et j’ai vraiment été surprise par la version de la légende arthurienne donnée dans le livre.
    Ce roman est un livre assez court mais bien construit et dans lequel on plonge complètement !

    Un extrait : Le réveil se mit à sonner bruyamment sur le bord de la table de chevet, un long bras émergea brutalement de sous la couette pour éteindre le son strident et désagréable de la sonnerie.

    « C’est pas humain de réveiller les gens à une heure pareille ! » marmonna Clarisse tout en se retournant dans son lit bien chaud. Elle referma les yeux : « Allez, encore cinq minutes, juste cinq minutes et après je me lève… »
    Trente minutes plus tard, elle repoussa violemment la couette, pestant contre tous les saints qu’elle connaissait, et titubant de sommeil, se dirigea vers la salle de bain. Au passage, elle se cogna le genou contre la table du salon qu’elle avait déplacée la veille et oubliée de remettre au bon endroit, elle se tordit le pied en voulant éviter la bouteille de coca vide qui traînait sur le carrelage et se réfugia dans la salle de bain, où un néon intermittent finissait de lui donner un air de Zombie mal luné.

    Clarisse n’était pas à proprement jolie, ni mignonne, elle était plutôt quelconque, du moins c’est comme cela qu’elle se voyait depuis quelque temps. Elle jeta un rapide regard de dégoût sur son reflet tandis qu’elle se déshabillait, puis alla vite se réfugier derrière le rideau de douche pour fuir cet horrible miroir et sa cruelle vérité. Elle ouvrit le robinet d’eau chaude et un filet d’eau tiède acheva de la réveiller, avant de devenir un jet brûlant qu’elle devait couper avec une eau glacée qui la faisait tressaillir à chaque fois. Pendant qu’elle jouait avec ses deux robinets pour obtenir une température acceptable, elle reprit le cours de ses réflexions. Depuis quelques jours, elle avait un drôle d’état d’esprit et cela l’inquiétait : elle se sentait flétrie à l’intérieur comme à l’extérieur, elle changeait physiquement, le sentait, le voyait, et ça la minait. Elle baissa la tête et s’obligea à regarder ce corps qui l’encombrait et ne lui ressemblait plus : deux petits seins, il y a encore peu, bien ronds et rebondis et qui aujourd’hui subissaient la terrible loi de l’attraction terrestre ; un ventre autrefois plat et qui maintenant gonflait dans ses pantalons même quand elle ne respirait plus ; de longues jambes blanches, aux genoux calleux et bosselés, striées de petites veines qui traçaient leur chemin au gré de leur fantaisie l’empêchant désormais de porter des minijupes.

     

  • [Livre] L'échange des princesses

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    Résumé : En 1721, Philippe d’Orléans est Régent, dans l’attente que Louis XV atteigne la maturité légale. L’exercice du pouvoir est agréable, il y prend goût. Surgit alors dans sa tête une idée de génie : proposer à Philippe V d’Espagne un mariage entre Louis XV, âgé de onze ans, et la très jeune Infante, Maria Anna Victoria, âgée de quatre ans, qui ne pourra donc enfanter qu’une décennie plus tard. Ce laps de temps permet l’espoir d’un "malheur" qui l’assiérait définitivement sur le trône de France… Et il ne s’arrête pas là : il propose aussi de donner sa fille, Mademoiselle de Montpensier, comme épouse au jeune prince des Asturies, futur héritier du trône d’Espagne, pour conforter ses positions. La réaction à Madrid est enthousiaste, et les choses se mettent vite en place. L’échange des princesses a lieu début 1722, en grande pompe, sur une petite île au milieu de la Bidassoa, la rivière qui fait office de frontière entre les deux royaumes. Tout pourrait aller pour le mieux. Mais rien ne marchera comme prévu. Louis XV dédaigne l’Infante perdue dans l’immensité subtile et tourbillonnante du Louvre et de Versailles ; en Espagne, Mademoiselle de Montpensier ne joue pas le jeu et se refuse à son mari, au grand dam de ses beaux-parents Philippe V et Elisabeth de Farnèse. À la fin, un nouvel échange a lieu, beaucoup plus discret cette fois : chacune des princesses retourne dans son pays…

    Auteur : Chantal Thomas

    Edition : Le seuil français

    Genre : historique

    Date de parution : 22 août 2013

    Prix moyen : 8€

    Mon avis : Chantal Thomas nous livre une version un peu romancée d’un épisode méconnu de l’histoire de France et d’Espagne.
    J’ai trouvé un peu dommage les passages sur les poupées de l’infante, auxquelles l’auteur prête vie, passages qui, à mon sens, n’avaient pas leur place dans un roman historique.
    J’ai beaucoup aimé, en revanche, les extraits de lettres échangés entre l’infante et sa famille, et celles envoyées par Mlle de Montpensier qui sont historiques et recopiées dans les archives de l’époque.
    Même si je sais qu’à l’époque les enfants princiers étaient éduqués, dès le berceau, comme des adultes miniatures, j’ai parfois eu un peu de mal avec les réactions de l’infante et je me suis demandé si cela reflétait vraiment ses sentiments et paroles ou si tout cela n’avait pas été enjolivé, car, l’infante ne sachant ni lire, ni écrire, les lettres étaient prises « sous la dictée », il était alors facile pour les adultes d’écrire des lettres politiquement correctes et en conformité avec ce que l’on attendait d’une reine de France.
    Mais à trois ans, Anna Maria Victoria avait elle vraiment conscience d’être reine ? A-t-elle compris les enjeux de cet échange entre elle et Mlle de Montpensier ? Et celle-ci, à moins de douze ans, l’a-t-elle également compris ? Plus sans doute que Anna Maria Victoria.
    La vie de ces enfants, que ce soit les princesses ou les époux, sont faites et défaites en fonction des aspirations politiques de ceux qui les entourent.
    Le régent voulaient placer sa fille dans une position élevée qui l’élèverait lui-même et ne voulait, pour le roi, qu’une épouse de paille, incapable de lui donner des enfants avant de nombreuses années, afin de conserver une chance de prendre le pouvoir.
    Le ministre qui lui succède, lui, au contraire, veut abolir tout ce que son adversaire à fait, il veut que le roi ait au plus vite une descendance afin d’assurer la continuité de la dynastie et c’est lui qui lui choisira une épouse plus âgée que lui de 7 ans, afin qu’elle soit capable de porter des enfants au plus vite (Elle donnera 10 enfants à la France, mais un seul fils).
    J’ai bien aimé, dans ce roman, l’alternance de récit entre ce qui se passe pour Maria Anna Victoria et Louise Elisabeth (Mlle de Montpensier) et la situation, à l’opposée l’une de l’autre, dans laquelle elles se trouvent.
    Maria Anna Victoria qui aime éperdument son mari lequel l’a prise en aversion dès le premier jour pour une raison puérile qui reflète son immaturité et son jeune âge (Il n’est âgé que de 10/11 ans).
    Louise Elisabeth, abandonnée, délaissée par sa propre famille, affublée d’un mari qui prétend l’aimer mais semble, tout comme son père n’être qu’un obsédé sexuel et qui refuse obstinément de se laisser toucher par ce gringalet maladif (Il ne sera roi que 7 mois avant de succomber à la maladie).
    L’échange s’était fait en grandes pompes et les voyages des deux princesses avaient pris énormément de temps. Le second échange se fera dans la précipitation, dans le secret, comme pour effacer cet épisode des mémoires au plus vite.

    Un extrait : À l’annonce de ces mariages entre la France et l’Espagne, entre les Bourbons de France et les Bourbons d’Espagne, bouclage d’alliances entre les deux royaumes les plus puissants et réunion d’une seule famille, autrement dit la hantise même de l’Europe, la réaction immédiate de Saint-Simon est de garder la chose secrète, afin de ne pas provoquer la fureur des autres pays. La réponse du duc d’Orléans, pour une fois dépourvu de culpabilité, est : « Vous avez bien raison, mais il n’y a pas moyen, parce qu’ils veulent en Espagne la déclaration tout à l’heure, et envoyer ici l’infante dès que la demande sera faite et le contrat de mariage signé. » Curieuse hâte, souligne Saint-Simon, on a des années devant nous, étant donné les âges de tous ces fiancés. De précoces fiancés, il faut l’avouer. Si le prince des Asturies a quatorze ans, la fille du Régent n’en a que douze. Louis XV, né le 15 février 1710, va vers ses douze ans. Quant à Anna Maria Victoria, infante d’Espagne, elle est née le 31 mars 1718. La future épouse de Louis XV et reine de France n’a pas encore quatre ans !

    L’âge des fiancés ne surprend pas Saint-Simon. Comme les auteurs du pacte, il n’y attache pas une seule pensée. Ce qui l’ébaubit, c’est le coup d’audace de faire épouser une fille de la famille d’Orléans par un fils de Philippe V, véritablement pétri de haine pour cette famille et spécialement pour le Régent. Un peu plus tard, revenu de sa stupeur, Saint-Simon pense à tirer parti de ce projet. Il demande au Régent à se rendre à la cour de Madrid apporter le contrat à signer. Dans le même élan, il propose de se faire accompagner de ses deux fils, Jacques-Louis, vidame de Chartres, et Armand-Jean, afin d’obtenir pour lui-même et pour eux le titre de grand d’Espagne. Saint-Simon désire la grandesse. Le Régent a un sourire. Car si le duc de Saint-Simon n’est pas grand, Jacques-Louis, l’aîné, est encore plus petit que son père. On le surnomme « le Basset ».

    Le Régent accepte. Saint-Simon sera donc « ambassadeur extraordinaire » pour un mariage peu ordinaire.

     

  • [Livre] Le temps d'un hiver

    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

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    Résumé : Jenna est une jeune femme dévastée quand elle revient chez ses parents, Sibylle, une femme autoritaire et froide, et Patrice, un homme totalement effacé. En attendant que naisse cet enfant qui grandit en elle mais dont elle ne veut pas, elle se souvient de cet hiver, neuf ans auparavant, où sa mère la contraignit à passer Noël chez son amie Élisabeth. Là, elle fit la connaissance d’un jeune Américain, Ryan, de passage lui aussi dans cette maison. L’amour naquit entre eux, un amour désespéré car tout les séparait. Ryan était en couple et la France n’était pas son pays. Il ne restait plus à Jenna qu’à combattre son attirance, mais elle en était incapable, pas même dans les bras d’Alec, son ami de toujours.
    Et tandis qu’elle revit ces souvenirs et que son enfant vient au monde, elle entrevoit la possibilité d’un pardon et du retour de la lumière dans sa vie.

     

    Auteur : Jessica Lumbroso


    Edition
     : Artalys

    Genre : Romance

    Date de parution : 21 juin 2014

    Prix moyen : 19,80€

    Mon avis : L’histoire est intéressante. La relation entre Jenna et ses parents, une vraie relation toxique est bien décrite.
    J’aime bien aussi l’alternance entre le présent et le passé qui dévoile comment Jenna en est arrivée là où elle en est au début du roman.
    Quelques phrases sont mal tournées, il y a parfois quelques problèmes de concordance des temps, mais rien qui ne gène la lecture au point de la rendre impossible.
    J’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs dans le récit du passé, il y a plusieurs paragraphes que j’ai eu envie de sauter pour aller à l’essentiel.
    En revanche, il faut reconnaître à l’auteur un gros travail sur les personnages, ils ne sont pas superficiels et on voit qu’elle a pensé chacun d’eux avec beaucoup de soin.
    Au point où j’en suis du roman au moment où j’écris ces lignes, plusieurs options m’ont effleurées l’esprit quant au pourquoi de la grossesse de Jenna, de son rejet de l’enfant, de sa solitude et de son retour chez des parents qu’elle déteste.
    Un aspect de ce livre m’a profondément dérangée : c’est le fait que les garçons, que ce soit Ryan ou Alec (mais plus Ryan) sont focalisés uniquement sur leurs propres désirs sans jamais prendre en compte ceux de Jenna : « Et si ce n’est pas ce que je désire ? », « Comptait-elle aller quelque part ? Non, elle n’en avait pas le droit. »…

    Leur attitude confine à l’agression sexuelle. Même si cela ne va pas jusqu’au viol, ils s’imposent physiquement à elle alors qu’elle leur dit clairement NON. Même si c’est à contrecœur, elle dit non. Et ils refusent de respecter ça.
    Je ne sais pas bien ce que l’auteur a voulu faire passer, mais si c’est sa vision du romantisme et des relations de couples, c’est limite dangereux parce que cela donne aux adolescent(e)s qui lisent ce livre l’impression que ce comportement est normal. Que les relations entre hommes et femmes se fondent sur un rapport de force constant dans lequel le plus fort impose sa volonté à l’autre.
    Pour l’histoire en elle-même, comme je l’ai déjà dit, j’ai eu envie de sauter certains passages pour arriver plus vite au fin mot de l’histoire. Surtout que le doute s’installe quand même assez tôt sur ce qu’il s’est passé et que c’est dur de devoir attendre pour voir ces doutes confirmés.
    Je pense que la transcription systématique des chansons, suivie de leur traduction est de trop (c’est bon pour les fanfic d’ado, pas pour un roman), une phrase par ci, par là, avec un paragraphe pour en expliquer le sens, intégré à l’histoire aurait été plus judicieux.
    Mais ce roman a vraiment un fort potentiel. Il faut le reprendre, le retravailler, supprimer les longueurs et surtout les fautes de syntaxes et de français, mais l’histoire est bien conçue et l’alternance entre passé et présent tient en haleine.
    Malgré les quelques défauts du texte, je n’ai pas pu lâcher ce livre avant son terme et j’ai même versé une petite larme dans la dernière partie.

     
    Un extrait : L’air, en ce lundi 7 décembre 2010, embaume de senteurs hivernales. Cette date, à marquer au fer rouge, restera gravée en moi comme un malheureux retour aux sources, après huit ans d’absence. À chaque expiration, une brume de vapeur se forme devant mes lèvres, en un fin nuage que je m’amuse à chasser d’un mouvement rapide de la main. Le froid s’est installé depuis mi-novembre, anormalement tôt pour la saison. Et emmitouflée dans mon épais blouson, les mains, la tête et le cou enveloppés dans de chaudes laines, je remonte la rue bordée de neige. Le poids de mon corps m’impose un rythme lent et régulier tandis que j’avance courbée. Les muscles tendus, les membres courbatus, je suis fatiguée de ce trop-plein d’exercices. Mais cette lassitude physique, cette douleur du corps, vaut mieux que l’étau qui enserre violemment mon cœur et m’asphyxie. Cette douleur, je tente de la refouler par tous les moyens – l’apaiser serait impossible, voilà longtemps que je l’ai réalisé.

    Avancer, toujours plus loin, poursuivre un but fixé au préalable, trouver le courage de mettre un pied devant l’autre. Tout cela me donne la sensation de marcher jusqu’à la potence. Je me sens lourde, lourde de tout ce poids qui nous sépare, toute cette tristesse, lourde de toutes ces années révolues.

    La neige crisse sous mes pas, faisant resurgir de lointains et fugaces souvenirs d’une enfance trop tôt oubliée. Les maisons alentour, bordées d’arbres effeuillés, sont recouvertes d’une fine couche blanche, comme si la neige avait déposé son doux manteau sur le toit du monde.

    La rue, que j’empruntais si souvent par le passé, me semble aujourd’hui interminable. Longue et tortueuse, serpentant entre les demeures. Je traîne des pieds, incapable d’accélérer la cadence.

    Dans ma poitrine, mon cœur joue des timbales avec force. Je perçois presque le son qu’il fait : po-dom, po-dom, po-dom... ; tandis que le sang bat contre mes tempes et résonne à mes oreilles. J’inspire profondément puis ravale ce flot d’émotions, de sensations et de souvenirs qui m’envahit encore.

    Bientôt, je vois se dessiner les contours familiers de mon ancien foyer. Celui d’une enfance pas toujours facile – un père absent et effacé ; une mère autoritaire – mais qui m’a fuie sans prévenir, et qu’il m’arrive de regretter. Non pas que cette période me manque, bien au contraire, mais il m’arrive parfois d’avoir le sentiment désagréable de ne pas en avoir profité. Si on m’en avait donné l’occasion, j’aurais sûrement souhaité recommencer de zéro, tout effacer, gommer les imperfections de la vie et redessiner mon passé, en y changeant les règles.

    Je m’arrête. Je suis arrivée. Seule la grille en fer forgé du jardin me sépare de mon enfance. Cette maison, dans laquelle j’ai vécu durant presque treize ans, se détache victorieuse, droite sous la neige. Dix mètres d’une allée pavée, que l’herbe folle recouvrait d’ordinaire, me séparent d’elle, quatre marches de perron, et enfin le porche, la porte d’entrée, la chaleur du domicile...

     

    Malineski. Ce sont encore les mêmes neuf lettres qui ornent la boîte aux lettres, celles de mon propre nom que j’ai souhaité si souvent abandonner. Malheureusement, aujourd’hui encore, âgée de vingt-six ans, je m’en trouve affublée.

     

  • [Livre] Ma raison de vivre

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    Résumé : Lycéenne parfaite, athlète accomplie aux notes maximales, Emma n’a pourtant qu’une amie, Sara, et ne sort jamais. Personne ne la connaît vraiment. C’est ce mystère qui attire immédiatement Evan, tout juste arrivé de San Francisco. En quelques jours, il va bouleverser le quotidien bien huilé de la jeune fille, et devenir sa raison de vivre. Mais il ignore qu’en tentant coûte que coûte d’entrer dans sa vie, il la menace directement. En effet, Emma vit chez son oncle et sa tante qui la maltraitent quotidiennement, parfois jusqu’au sang. Et si elle fait profil bas, c’est avant tout pour que personne ne remarque ses nombreux bleus…

    Auteur : Rebecca Donovan

    Edition : PKJ

    Genre : Young Adult

    Date de parution : 15 mars 2015

    Prix moyen : 19,90€

    Mon avis : Ce livre a failli être un coup de cœur ! Pourquoi non ? Tout simplement parce que, encore une fois, on se retrouve ici avec trois tomes sans que rien ne le laisse supposer avant de lire la fin, de se dire « keuwa ?  Ça finit comme ça ? » et de voir sur la page de l’auteur qu’en fait, il y a deux autres tomes à suivre… quand je dis que cette histoire de trilogie est une véritable épidémie.
    Cependant, contrairement au précédent livre pour lequel j’ai eu cette mauvaise surprise, celui-ci est exceptionnellement bien écrit.
    Il est aussi très dur. Malgré tout, même en n’ayant jamais vécu (dieu merci) ce que vit Emma, on n’a absolument aucun mal à s’identifier à elle tant l’auteur nous fait plonger au cœur de ses sentiments.
    C’est clair qu’après ce livre j’ai intérêt à lire un bouquin léger, un truc de nana décérébrée qui fait idiotie sur idiotie parce que je ne crois pas que je puisse encaisser deux bouquins de ce style à la suite. Il est émotionnellement très difficile à gérer. Ce n’est pas compliqué j’ai passé un tiers des chapitres à pleurer et un autre tiers à vitupérer contre la tante d’Emma.
    Car oui, contrairement au quatrième de couverture (c’est moi ou les quatrième de couverture sont de plus en plus bidons ? Soit ils dévoilent tout, soit ils ne reflètent absolument pas le contenu du livre), dès les premières pages, on voit bien que seule sa tante la maltraite.
    Ce qui ne veut pas dire que son oncle soit blanc comme neige. Dans ces cas là, fermer les yeux est aussi criminel qu’être auteur de la maltraitance.
    L’ouverture au monde d’Emma ne se fait pas sans difficulté, et elle se heurte d’un coté à la cruauté de sa tante, de l’autre à l’incompréhension de ceux qui veulent l’aider et ne comprennent pas ses réticences.
    La fin est glaçante et rien que pour savoir ce qu’il s’est exactement passé, je lirai la suite qui doit normalement sortir en octobre.
    Contrairement à ce qu’on peut reprocher, parfois, à certains auteurs, Rebecca Donovan ne se précipite pas, elle prend le temps d’écrire toutes les étapes qui mènent au but qu’elle s’est fixé, chapitre après chapitre.  A aucun moment je n’ai eu l’impression qu’un passage était bâclé, à part peut être la fin, mais je pense que c’était voulu et que les explications seront données au début du prochain tome. Tome que j’ai vraiment hâte de découvrir !

    Un extrait : C’est un léger bruit à ma porte qui m’a réveillée, une heure plus tard. Je me suis redressée vivement et, scrutant l’obscurité de la chambre, je me suis efforcée de reprendre mes esprits.

    — Oui ? ai-je dit, tendue.

    — Emma ? a répondu une voix flûtée tandis que ma porte s’ouvrait tout doucement.

    — Tu peux entrer, Jack.

    Sa petite tête est apparue dans l’entrebâillement. Il a jeté un œil autour de moi avant de me regarder d’un air inquiet. Du haut de ses six ans, il avait déjà compris beaucoup de choses.

    — Le dîner est prêt, a-t-il annoncé en baissant les yeux.

    Il semblait presque malheureux d’être le messager de cette information.

    — J’arrive, ai-je répondu avec un sourire forcé.

    Tournant les talons, il est sorti de la chambre. De la salle à manger m’est parvenu le bruit des assiettes et des verres qu’on pose sur la table, accompagné du joyeux babillage de Leyla. Je connaissais la suite : dès que je rejoindrais la jolie petite famille, l’atmosphère se chargerait d’électricité. Comme si ma seule présence était un outrage à ce bonheur parfait.

    Je me suis armée de courage et, à pas lents et l’estomac noué, je les ai rejoints. Les yeux baissés, je suis entrée. Heureusement, elle ne m’a pas vue tout de suite.

    — Emma ! s’est écriée Leyla en se précipitant vers moi.

    À l’instant où je me suis penchée pour la prendre dans mes bras, j’ai senti cette douleur à l’épaule. Je me suis mordu les lèvres pour ne pas crier.

    — Tu as vu mon dessin ? m’a-t-elle demandé en montrant fièrement une grande feuille recouverte de coups de feutres roses et jaunes.

    Dans mon dos, j’ai deviné son regard meurtrier.

    — Maman, tu as vu mon tyrannosaure ! a lancé Jack pour attirer l’attention de sa mère.

    — Il est très beau, mon chéri, a-t-elle répondu.

    — C’est magnifique, ai-je glissé à Leyla. Va te mettre à table, maintenant, s’il te plaît.

    À seulement quatre ans, elle était à mille lieues d’imaginer que sa démonstration de tendresse avait déclenché les hostilités. J’étais sa grande cousine qu’elle adorait, elle était mon soleil dans cette maison de malheur. Comment aurais-je pu lui en vouloir de son affection ? Mais j’allais le payer cher.

    La conversation a repris et je suis redevenue invisible aux yeux de tous. Après avoir attendu qu’ils se soient servis, j’ai pris à mon tour du poulet et des pommes de terre. Sentant que chacun de mes gestes était épié, je n’ai pas levé les yeux de mon assiette. Ma maigre ration ne suffirait pas à calmer ma faim, je le savais. Mais je n’avais pas osé en prendre davantage.

    Elle parlait sans cesse, racontant dans ses moindres détails sa journée au bureau. Sa voix me retournait l’estomac. George, comme toujours, la réconfortait avec des paroles gentilles. Lorsque j’ai demandé à voix basse si je pouvais sortir de table, il m’a lancé un de ses regards insaisissables et a hoché la tête en guise d’autorisation.

    J’ai emporté mon assiette à la cuisine, ainsi que celles de Jack et Leyla qui avaient déjà filé dans le salon pour regarder la télé. Ma routine du soir commençait : débarrasser, rincer les assiettes avant de les mettre dans le lave-vaisselle, puis laver les plats et les casseroles que George avait utilisés pour préparer le dîner.

    J’ai attendu que tout le monde soit dans le salon avant de prendre ce qui restait sur la table. Après avoir fait et rangé toute la vaisselle, sorti les poubelles et passé la serpillière dans la cuisine, je suis retournée dans ma chambre. Le plus discrètement possible, j’ai traversé le salon où les enfants riaient et dansaient devant la télévision. Personne ne m’a remarquée, comme d’habitude.

    Je me suis allongée sur mon lit, j’ai mis mes écouteurs et ai monté le volume à fond pour laisser la musique m’envahir. Le lendemain, j’avais un match. Je rentrerais tard et n’assisterais donc pas à ce merveilleux dîner de famille. Une journée supplémentaire s’écoulerait, rendant plus proche le moment où, enfin, tout cela serait derrière moi. Quand je me suis tournée sur le côté, la douleur m’a cruellement rappelé ce que « tout cela » était. J’ai éteint la lumière et me suis laissé bercer par la musique pour trouver le sommeil.

  • [Livre] Icones

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    Résumé : NOTRE CŒUR NE BAT QUE S'ILS L'AUTORISENT.

    Tout a changé depuis ce Jour.
    Ce jour où les fenêtres ont explosé.
    Ce jour où l'électricité a été coupée.
    Ce jour où la famille de Doloria a été frappée par la mort.
    Le jour des Icônes et de leur invasion.

    Dol a été épargnée.
    Elle vit une existence simple à la campagne.
    Son ami de toujours lui a préparé une fête pour son anniversaire.
    Son père adoptif lui a offert un livre unique.

    Mais Dol est différente. Elle a un point gris au poignet droit.
    Ce n'est pas un hasard qu'elle ait survécu.
    C'est une conspiration.
    Et elle ne pourra bientôt plus l'ignorer.

    Auteur : Margaret Stohl

    Edition : Hachette jeunesse

    Genre : Dystopie

    Date de parution : 2 octobre 2013

    Prix moyen : 18€


    Mon avis : J’ai un avis assez mitigé sur ce livre. D’abord, le point négatif que je ressens le plus vivement, c’est le fait que rien, ni dans le résumé, ni dans le titre, ni dans la couverture (voyez vous-même), ne laissait supposer qu’il y aurait un tome 2. Or quand on voit comment finit le livre, il est évident que c’était prévu dès le départ. Pour moi, il y a là tromperie sur la marchandise car j’avais choisi ce livre justement parce qu’il semblait être une livre à tome unique (un standalone). A croire que depuis 50 nuances de Grey, les auteurs se sentent obligés d’écrire des trilogies.

    Le bon point du livre est que l’histoire de départ était bien pensée : une dystopie où le monde n’est pas modifié par une élite mais par des aliens dont personne ne connaît le visage, puisqu’ils gouvernent à travers des humains, les ambassadeurs et assurent leur pouvoir avec les icones, éléments dont on ne sait pas vraiment s’il s’agit de technologie ou d’organisme vivant mais qui permet aux aliens, les seigneurs, de tuer instantanément.
    Le problème est venu de l’écriture. J’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire, les personnages ne dégagent aucun charisme qui les rend attachants. Même les grands méchants laissent indifférents.
    Le seul personnage qui fasse ressentir un sentiment est Lucas, et le sentiment est l’exaspération. Et pourtant ses tergiversations sont bien compréhensibles, mais là encore la manière de les décrire, de les amener, ne nous permet pas de ressentir de l’empathie pour lui.

    Les choses se débloquent toujours trop vite, trop facilement, comme si des chapitres entiers manquaient ou que l’auteur voulait arriver à un but sans être capable d’accomplir le chemin nécessaire pour y parvenir.
    L’histoire des points sur les poignets des « héros » m’a un peu fait penser à la série des Lorients (numéro 4, titre du 1er tome et du film).
    La fin est presque bâclée, la dernière page ne veut carrément rien dire. Sans doute l’explication viendra dans le second, et espérons le, dernier tome, mais cette fin ne donne pas envie de le lire.
    Du coup je ne sais pas si je lirais la suite, « idoles », peut être par curiosité, si j’ai le temps, mais ce n’est pas une suite sur laquelle je vais me précipiter.

    Un extrait : Les sensations sont des souvenirs.

    C’est ce que je pense, debout dans la chapelle de la Mission, le matin de mon anniversaire. C’est ce que dit le Padre. Il soutient aussi que les sanctuaires transforment les personnes normales en philosophes.

    J’ai beau ne pas être une personne normale, je ne suis pas une philosophe non plus. Et puis, mes souvenirs et mes sensations sont les deux seules choses que je n’arrive pas à fuir, malgré l’envie que j’en ai.

    Malgré mes efforts.

    Pour l’instant, je m’exhorte à ne pas réfléchir. Je me concentre pour tenter d’y voir. La salle est sombre, mais la porte ouvre sur la clarté aveuglante de l’extérieur. Les matins ressemblent systématiquement à cela, ici. Les petites taches lumineuses picotent et brûlent mes yeux.

    Comme à la Mission, on peut, à la chapelle, faire semblant de croire que rien n’a changé depuis des centaines d’années. Pas comme dans la Chute où, paraît-il, les immeubles se sont effondrés, où les soldats Sympathisants font régner la terreur dans la rue, où l’on ne pense à rien d’autre qu’au Jour. Tous les jours.

    Los Angeles. C’est ainsi que s’appelait la Chute. Los Angeles pour commencer, puis la Cité des Anges, puis les Anges Déchus, puis la Chute. Petite, je m’imaginais les Seigneurs comme des anges. Plus personne ne les traite d’extraterrestres, désormais. Ils nous sont familiers. Bien que nous ne les ayons jamais vus, nous n’avons pas connu le monde sans eux. Ni Ro ni moi. J’ai grandi en pensant qu’ils étaient des anges parce qu’ils ont envoyé mes parents au paradis, le jour du Jour. Du moins, c’est ce que m’ont raconté les missionnaires Glaneurs quand j’ai été assez vieille pour les interroger.

    Au paradis. Pas au tombeau.

    Des anges, pas des extraterrestres.

    Cependant, ce n’est pas parce qu’une créature descend du ciel qu’elle est forcément un ange. Les Seigneurs ne sont pas venus nous sauver. Ils sont arrivés d’un système solaire très lointain afin de coloniser notre planète. Le jour du Jour. Nous ignorons à quoi ils ressemblent à l’intérieur de leurs vaisseaux, mais ce ne sont pas des anges. Ils ont anéanti ma famille l’année où je suis née. Quel ange digne de ce nom ferait un truc pareil ?

     

  • [Livre] Mémoire d'une nuit d'orage

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    Résumé : Jody n’était qu’une enfant lorsque ses parents furent assassinés. Vingt-trois ans plus tard, c’est pour elle un choc d’une grande violence quand elle apprend que leur meurtrier est libéré. Tandis que ses vieilles blessures se rouvrent, de nouvelles questions l’assaillent : Que s’est-il vraiment passé le soir du meurtre ? Pourquoi n’a-t-on jamais retrouvé le corps de sa mère ? Et si la vérité n’était pas celle qu’elle avait toujours crue ?

    Auteur : Nancy Pickard

    Edition : France loisirs

    Genre : Thriller

    Date de parution : 7 juin 2012

    Prix moyen : 15€

    Mon avis : Ce roman est un assez bon thriller. On alterne entre ce qui s’est passé 23 ans plus tôt (mais sans savoir la vérité avant la fin bien entendue) et le présent.
    Pendant tout le bouquin, j’en suis venu à soupçonner trois personnes. Dans les trois cas, j’avais raison sur une partie de la vérité seulement mais la révélation de ce qu’il s’était réellement passé a été une vraie surprise. J’ai toutefois trouvé la fin un peu rapide et facile.
    Coté personnages, la famille a eu tendance à m’énerver avec le patriarche qui se croit plus ou moins tout permis et qui n’imagine même pas qu’on puisse lui tenir tête, les oncles qui débarquent chez Jody, l’héroïne et qui entrent chez elle sans s’annoncer, sans frapper, comme s’ils étaient chez eux, qui la somment de retourner s’installer chez ses grands parents alors qu’elle a 26 ans et une vie à elle. Elle aussi est agaçante parce qu’à cet âge là, si on est pas capable de dire à sa famille qu’on a besoin d’espace pour vivre sa vie, quand est-ce que cela arrivera ?
    Les habitants de la ville sont du même genre : certains doutent de la culpabilité de Billy, l’homme condamné pour le meurtre du père de Jody, mais ils n’ont rien dit, certains parce qu’ils pensaient que la place de cet homme était de toute façon en prison, d’autre pour ne pas contrarier la toute puissante famille Linder ; quant aux autres, de vrais moutons : si m’sieur Linder a dit ça, ben alors c’est qu’c’est vrai. Voilà à peu près leur seule capacité de réflexion. Leur attitude face à la femme et au fils de Billy est lamentable : avant le meurtre, ils les plaignaient (sans jamais rien faire pour eux), après le meurtre, il aurait presque fallu que la jeune femme et le gamin de sept ans aillent en prison avec leur mari et père.
    En gros, on a droit à tous les clichés que l’on imagine dans un petit village de campagne : le notable tout puissant, le mauvais garçon, le sheriff dévoué audit notable et les voisins qui bavent devant lui, parce que financièrement, il fait plus ou moins vivre le village.
    En dehors de ce travers, l’écriture reste fluide et agréable et le polar se lit rapidement tant on veut la réponse aux deux questions cruciales : Qui a tué Hugh-Jay Linder ? Qu’est-il advenu de sa femme, Laurie Jo ?
    Même si le dénouement m’a laissé un peu sur ma faim, j’ai passé un bon moment (et une nuit très courte…) avec ce polar.


    Un extrait : Certains affirmaient que le meurtre du père de Jody était la conséquence d’un incident isolé, une histoire déplaisante qui avait dégénéré jusqu’à atteindre des proportions inimaginables. Personne n’aurait pu le prévoir, soupiraient-ils. Mais d’autres prétendaient que le conflit fermentait depuis longtemps, que le grand-père de Jody aurait dû se méfier, bref qu’il l’avait bien cherché, pour dire la vérité crûment. Voilà ce qui arrivait quand on essayait de réformer des gens qui n’avaient aucune envie de changer, concluaient-ils. Enfin, c’était dans la nature de Hugh Linder senior, ajoutaient-ils aussitôt : un homme bon, intelligent, honnête et intransigeant, mais un tantinet trop sûr de lui. S’il avait fait preuve d’un peu plus d’humilité, peut-être le cours des choses aurait-il été différent…

    Quelle que fût la vérité – un soudain accès de fureur ou un ressentiment de longue date – tous s’accordaient sur un point : le dernier acte sanglant de cette tragédie s’était joué en ce jour fatidique où l’éleveur, en faisant le tour d’un enclos où les bêtes se bousculaient, avait surpris Billy Crosby en train de déchaîner sa rage contre une vache.

    C’était un mardi, en début d’après-midi.

    Les ouvriers de High Rock Ranch rassemblaient le bétail dans l’enclos au bord de la grand-route, afin de séparer de leurs mères les veaux âgés de six mois et de les vacciner contre les maladies qui pouvaient survenir au cours de la période si difficile du sevrage, avant de les transporter vers les parcs d’engraissement. Les bêtes adultes, de nouveau gravides, recevaient quant à elles des piqûres de rappel contre la fièvre charbonneuse.

    La vache en question était une énorme vieille bête habituée à ces manipulations et qui aurait donc dû savoir comment se comporter. Elle avait été une excellente reproductrice et une bonne mère pendant des années, mais peut-être était-elle devenue légèrement sénile et son cerveau s’était-il ramolli, sous ce long crâne dur. C’était relativement fréquent, chez les animaux comme chez les humains. Ce jour-là, elle refusait d’avancer, se tournait sans cesse dans la mauvaise direction, bloquant la progression des autres bestiaux à l’intérieur de l’enclos circulaire. Elle mugissait pour appeler son petit, en roulant des yeux fous, l’écume à la bouche. La chaleur, en cet après-midi du mois de septembre 1986, était infernale ; hommes et bêtes cuisaient sous le soleil comme dans un barbecue géant, et les deux espèces étaient énervées, malheureuses et irritées l’une contre l’autre. L’odeur de bouse fraîche et celle des bovins eux-mêmes saturaient l’air d’une moiteur animale. Le bruit des sabots sur le sol, les beuglements des veaux réclamant leurs mères, les hurlements des hommes tentant de les maîtriser, emplissaient d’un grondement de tonnerre le ciel sans nuages.

    « Avance, saloperie ! »

    Hugh senior vit son employé à mi-temps piquer à plusieurs reprises le flanc de l’animal avec son aiguillon électrique. Billy était l’un des « protégés » de l’éleveur, le dernier en date des innombrables gars du coin qu’il avait embauchés au fil des années, parce qu’il croyait qu’il n’y avait rien de tel qu’un dur labeur pour remettre dans le droit chemin ceux qui semblaient mal partis.

    Billy s’était révélé être plus difficile à « sauver » que tous ses prédécesseurs.

    Peut-être parce que ses parents étaient tous les deux alcooliques, et pas seulement l’un d’entre eux, comme c’était le cas pour deux ou trois des gamins qui avaient assez bien réussi dans la vie après avoir été pris en main par Hugh et Annabelle Linder. Peut-être parce que Billy n’était pas le plus intelligent des taurillons du troupeau, ou qu’il avait un tempérament tellement irascible qu’un rien pouvait l’enflammer. Toujours était-il que le régime de Hugh, à base de travail manuel et de sueur, ne donnait guère de résultats, de l’avis de ses concitoyens. Billy ne venait-il pas de se voir retirer son permis pour la seconde fois, après avoir été de nouveau arrêté pour conduite en état d’ivresse ? Et sa pauvre petite épouse n’avait-elle pas un sacré bleu à la mâchoire, l’autre jour ? Leur petit garçon de sept ans n’avait-il pas l’air trop grave et trop réfléchi pour son âge ? Et Billy Crosby ne continuait-il pas à boire autant, à se montrer plus agressif que jamais, à courir les filles et à ouvrir sa grande gueule à tort et à travers ? Les Linder auraient dû renoncer depuis longtemps, disaient les gens ; n’importe qui d’autre aurait jeté l’éponge, c’était certain.

     

  • [Livre] Les derniers jours des rois

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    Résumé : Des souverains de France, on connaît la vie et l'empreinte laissée sur le pays. Beaucoup moins les circonstances tragiques et éminemment politiques de leur mort. Leur histoire révèle sa part de mystère, de crimes, de souffrance ou d'exil, et explique celle de la nation.
    Réunis par Patrice Gueniffey, des historiens retracent les derniers jours des rois et empereurs, de Charlemagne à Napoléon III. Un éclairage inédit et original sur le pouvoir en France.


    Auteur : Sous la direction de Patrice Gueniffey

    Edition : France loisirs

    Genre : Historique

    Date de parution : 23 janvier 2014

    Prix moyen : 19,90€

    Mon avis : « Le roi est mort ! Vive le roi »
    Tout le monde a entendu cette phrase au détour d’un cours d’histoire. Cette phrase censée rappeler, qu’en France, la monarchie ne meurt pas, puisqu’elle passe immédiatement au prochain sur la liste.
    Et pourtant, si la monarchie est une question divine, ceux qui l’ont incarnée, eux, étaient bel et bien mortels les braves hommes (puisque qu’en France, loi salique oblige, les femmes peuvent aller se rhabiller, et puis non tiens, pas de couronne pour elles, mais il faut bien pondre l’héritier, et plusieurs même, Louis XIV peut en témoigner, lui qui a enterré toute sa famille et du transmettre la couronne à un arrière petit-fils, ça mourrait sec à l’époque).
    Mais justement comment meurt un roi ? Debout, comme au théâtre ? A cheval ? Dans son lit ? Sans souffrance protégé par Dieu dont il tient ses pouvoirs ?
    Et ses proches ? Sont-ils dévastés ? Pressés de le voir enfin passer de vie à trépas (enfin surtout l’héritier qui doit récupérer la couronne) ?

    Et parce que le roi n’est pas un homme comme les autres, sa mort se doit d’être mise en scène. Un roi ne meurt pas comme un homme du peuple, sous peine de mettre en péril l’équilibre de la nation, de provoquer des crises… qu’il meure de maladie, assassiné ou même de vieillesse, tout un cérémonial entoure son trépas.
    En nous livrant leurs derniers instants, Patrice Gueniffey et son équipe d’historiens nous apprennent également quelques pans méconnus de leur vie et de l’héritage qu’ils ont tenté de transmettre, du contexte politique dans lequel leurs forces ont déclinées.
    Au travers des 19 souverains les plus importants de notre histoire, il retrace aussi certaines évolutions (du temps de Charlemagne, le roi suivant était sacré du vivant de son prédécesseur).

    Petit bémol, peut-être : les récits peuvent être inégaux, j’ai eu plus de mal à aller au bout de l’histoire de certains souverains, l’historien chargé de la transmettre ne donnant pas un récit aussi vivant et passionnant que ses confrères.
    Mais pour un passionné d’histoire, de la vraie, pas de celle plus qu’édulcorée, simplifiée et arrangée que l’on trouve dans les manuels scolaires, ce livre est une vraie mine d’or.

    Un extrait : Louis XIII va survivre jusqu’au 14 mai et, durant ces semaines, sa santé ne va pas cesser de se dégrader. Compte tenu du jeune âge du dauphin (né le 5 septembre 1638), c’est la question de la régence qui occupe jusqu’à l’obsession toute la scène politique.
    Le roi ne peut se résoudre à voir sa femme, la reine Anne d’Autriche, en qui il n’a nulle confiance, ou son frère Gaston d’Orléans, qui l’a si souvent trahi, l’exercer, et tout est suspendu à sa volonté et à son humeur incertaine : il est devenu « si chagrin qu’on n’osait plus parler à lui, de si méchante humeur qu’il gourmandait tout le monde et faisait des rebuffades à tous ceux qui l’abordaient, si maigre et si pâle, qu’on le voyait diminuer à vue d’œil » (Montglat).
    Dans un premier temps (1er décembre 1642), il en exclut formellement son frère, avant de revenir sur cette décision et de rendre publique (20 avril 1643) une déclaration échafaudant un système complexe destiné à ligoter la reine. Celle-ci est bien nommée régente […] Mais bien que régente, Anne d’Autriche voit son pouvoir limité et ne pourra pas mettre à mal les options politiques de Louis XIII et Richelieu ; elle devra composer avec son beau-frère Gaston d’Orléans et s’accommoder de la tutelle d’un Conseil de régence dont la composition lui est imposée.
    […]
    Tout comme Louis XIII enfant, Louis XIV, alors âgé de cinq ans, avait été confronté à la mort de son père et en resta marqué. A la sortie de la chambre où il avait été admis auprès du mourant :
    « Dupont, l’huissier de la chambre de Sa Majesté, qui était de garde auprès de monsieur le dauphin, prit la parole et dit : Monsieur, voudriez vous bien être roi ?
    Monsieur le dauphin répartit : non
    Dupont reprit : « Et si votre papa mourait ?
    Monsieur le dauphin dit de son propre mouvement, la larme à l’œil : Si mon papa mourait, je me jetterais dans le fossé » (Dubois)

    De son père, Louis XIV n’aura guère eu que l’image peu séduisante d’un malade maussade, puis d’un agonisant ; pourtant, il semble avoir développé un réel attachement affectif à ce vieillard stoïque ; et de cette fidélité filiale témoignera le respect qu’il portera au petit château de Versailles, si cher à Louis XIII.

     

  • [Livre] Fils unique

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    Résumé : Lydia Danse croit avoir enfin trouvé le bonheur du foyer. Son mari semble le meilleur des hommes. Leur jeune fils est merveilleux. Pourtant le Mal se cache sous son propre toit. Les années passant, la façade s'effrite, et son mari, sûr de sa toute-puissance, resserre son emprise sur sa famille. Tous les moyens de coercition sont bons, pourvu qu'ils lui procurent l'ivresse du pouvoir. Prête à tous les sacrifices et à se mettre elle-même en danger, Lydia fera tout son possible pour tirer son fils de ses griffes. Mais Arthur Danse n'est pas homme à renoncer à ce qui lui appartient. Ce qu'il prend par la force, il s'y accroche et ne le lâche pas... Voici la lutte désespérée d'une femme démunie, épouvantée par la souffrance de son fils, terrorisée par un mari violent, mais qui trouvera la force de s'opposer à lui, alors que toutes les armes finissent par se retourner contre elle. 

    Auteur : Jack Ketchum

    Edition : Bragelonne

    Genre : Drame

    Date de parution : 15 février 2009

    Prix moyen : 20€

    Mon avis : « Une fille comme les autres », autre livre de l’auteur m’avait bouleversée. Celui-ci m’a en plus mis en rogne et d’autant plus que l’histoire est tirée d’un fait réel.
    Ici, contrairement à bon nombre de témoignage sur l’inceste, la mère, Lydia, ne ferme pas les yeux, ne se voile pas la face, elle agit. D’abord en se protégeant elle-même puis, dès qu’elle découvre ce qu’il se passe avec son fils, elle se jette immédiatement dans la bataille. Mais voilà, elle est abandonnée par tous : amis de son ex mari qui n’hésitent pas à faire de faux témoignages, avocat qui cherche à faire influencer le juge, son propre avocat qui est dépassé par ses propres problèmes et ne se montre pas toujours très efficace, le juge lui-même qui a un à priori contre elle et qui laisse cet à priori dicter son jugement…
    Le système, censé protéger les enfants, se retourne ici contre Lydia et son fils, donnant le beau rôle à son mari, élevé dans l’idée qu’il pouvait faire tout ce qu’il voulait sans avoir de compte à rendre à personne. Dès les premières pages, avant même leur rencontre, on a un aperçu de la vraie nature de ce monstre.
    Je ne sais même pas comment ce juge a pu continuer à se regarder dans une glace.
    Parfois, même si c’est injuste, car ce n’est qu’un petit garçon de 8 ans, j’ai eu envie de secouer le gamin et de lui hurler de parler, d’enfin dire la vérité ! De lui dire qu’il ne faisait qu’envenimer les choses pour lui-même en se taisant.

    Certaines décisions prises dépassent l’entendement. Et la fin est au-delà de tout. A se demander si les personnes qui ont pris ces décisions ont une conscience et un QI plus élevé que celui d’une huître (et cette phrase est insultante pour les huîtres).
    Le sheriff de la petite ville où se déroule l’histoire dit à un moment à une de ses subordonnées : « je pense que beaucoup de monde a commis des erreurs dans cette affaire ». Et pourtant, alors qu’il se blâme pour n’avoir rien fait, il est le seul à toujours avoir vu le vrai visage d’Arthur Danse, le seul à avoir voulu l’empêcher de nuire. Mais il n’a jamais pu trouver les preuves qui lui auraient permis d’agir.
    Quant à la mère d’Arthur, Ruth, dès la première page, j’ai trouvé qu’elle méritait d’être jetée dans une oubliette et qu’on perde la clef. Cette femme est peut être pire que son fils et il me parait évident que c’est elle, et uniquement elle, qui en a fait ce qu’il est devenu.
    En postface, Jack Ketchum a écrit quelques mots sur l’histoire qui a inspiré le livre. Et rajoute ainsi une couche d’horreur en nous rappelant que ces faits, même s’il les a sûrement romancés, se sont réellement produits.

    Un extrait : Enfant, il était souvent venu par ici, La propriété jouxtait celle de ses parents. Le terrain pentu descendait jusqu’à un ruisseau sinueux et isolé où, l’été, on pouvait attraper des écrevisses. Et même en ce moment, en plein hiver, le cours d’eau se frayait un chemin au bas de la montagne, bravant la peau de glace qui menaçait de se refermer sur lui.

    Après avoir traversé le torrent, il suffisait de grimper en haut de la berge pour se retrouver dans un champ d’herbe haute et brune, parsemé de broussailles. Il avait souvent chassé à cet endroit – la caille, parfois un lapin. Il n’avait pas le droit, mais le vieux Wingerter – déjà vieux à l’époque – ne venait presque jamais par là. Aujourd’hui, il était mort et les filles qui lui survivaient se disputaient la propriété, tout le monde se fichait bien de ce qu’il faisait dans le coin.

    — Silence, maintenant, ordonna-t-il au garçon.

    Après avoir gravi la berge, ils respiraient tous les deux avec peine et Robert avait froid, il tremblait. Mais Arthur le sentait également excité. Quel gosse ne le serait pas ? En plein air, avec son père et son AK-47 flambant neuf ? C’était comme jouer aux cow-boys et aux Indiens, mais en mieux. Parce que l’arme était absolument, froidement réelle et que même un enfant effacé comme Robert pouvait percevoir une partie de sa puissance. Hé, le gamin avait vu Rambo, pas vrai ?

    Mais il leur fallut progresser plus de une heure – lentement et avec précaution – à travers l’herbe et les broussailles avant d’apercevoir quelque chose. À ce stade, il apparaissait clairement que Robert commençait à s’ennuyer. Les gosses d’aujourd’hui…, pensa-t-il. Incapables de rester concentrés. Au même âge, Arthur pouvait passer une journée entière avec une pitoyable carabine 22 long rifle. Elle avait le pouvoir d’arrêt d’un moucheron, mais il l’aimait quand même. La chasse nécessitait une bonne dose de patience – de désir aussi.

    Visiblement, son fils ne possédait ni l’un ni l’autre.

    Il entendit Robert soupirer derrière lui. Comme si Arthur lui faisait subir une corvée.

    Quel ingrat !

    Au moins ne manifestait-il pas son ennui de manière bruyante, comme beaucoup d’autres enfants qui gâchaient le plaisir de la chasse. C’était déjà ça.

    Quand le lapin surgit des broussailles à un peu plus de un mètre d’où ils se trouvaient, Arthur était prêt, l’arme en position automatique. Il arrosa le sol en décrivant un arc de cercle serré qui explosa à travers les taillis secs et nus en les pulvérisant. Il toucha aussi le lapin, le réduisant à une masse de fourrure brune et rouge, gisant sur la neige.

    Une oreille en moins.

    Une patte presque arrachée.

    — Nom de Dieu ! Nom de Dieu ! répétait Robert derrière lui.

    Le môme était stupéfait. Il n’en croyait pas ses yeux.

    Arthur poussa un cri de joie et rit aux éclats, brandissant le lapin afin de leur permettre de l’examiner de plus près. Robert ne pourrait plus trouver la chasse ennuyeuse après ça. Impossible. Plus maintenant.

    — Tu as vu ça ? On lui a presque marché dessus ! La plupart du temps, sans chien, on n’arrive même pas à les débusquer. Un sacré coup de chance !

    Le gamin continuait à balbutier : « Nom de Dieu » en secouant la tête, les yeux écarquillés comme s’il avait vu un fantôme.

    Alors il prit conscience que le visage de son fils n’affichait pas que de la stupéfaction, même si cette dernière émotion était bien présente.

    Il y avait aussi – inexplicablement – de l’horreur.

     

  • [Livre] Atlantia

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    Résumé : Depuis que la population a été divisée, une partie de l’humanité vit sous l’eau, dans la cité d’Atlantia, comme Rio et sa sœur jumelle, Bay. Tandis que les autres sont restés à la surface de la terre. Lorsqu’à l’heure du choix, le jour de ses dix-huit ans, Bay décide d’aller vivre En-Haut, Rio se sent trahie. Car c’est elle qui rêvait depuis toujours du sable et du ciel d’En-Haut. Mais un seul membre par famille est autorisé à partir. Pourquoi sa sœur l’a-t-elle abandonnée sans explication ? Tout en élaborant un plan pour la rejoindre, Rio se confronte au mystère qui entoure la mort de leur mère. Aidée par un garçon troublant, elle aura besoin de tout son courage et de sa persévérance pour découvrir les vérités qu’on lui cache. Sur elle-même, sa famille, mais aussi sur le beau monde d’Atlantia qui s’effrite, et les véritables dangers qui le mettent en péril…

    Auteur : Ally Condie

    Edition : Gallimard jeunesse

    Genre : Young Adult

    Date de parution : 5 juin 2015

    Prix moyen : 16,50€

    Mon avis : J’ai bien aimé Rio, l’héroïne, qui se débat avec ses doutes et avec des vérités qu’elle découvre au fur et à mesure de son histoire et qui ne sont pas franchement faciles à avaler.
    Par contre les autres personnages proches d’elle : sa sœur, Bay ; sa tante, Sea et sa défunte mère, Océana dont on parle beaucoup, m’ont énervée. Chacune d’entre elles est dans un trip « il faut sauver le soldat Ryan », le soldat Rio ici. Plutôt que de lui dire les choses, elles préfèrent tout faire dans son dos, elle semble être manipulée en permanence par ceux qui lui sont le plus proche.
    Quant à Atlantia, c’est une dystopie typique : un monde qui semble parfait mais qui semble s’effriter au fil des pages. Dans le résumé, on dit qu’un seul membre par famille peut partir En Haut mais ce n’est pas tout à fait ça. En fait c’est même l’inverse : pour chaque génération, chaque famille doit obligatoirement avoir un membre qui reste à Atlantia. Donc pour les enfants uniques, le choix ne se pose pas, ils sont obligés de rester. D’ailleurs Atlantia se pose de plus en plus comme une prison au fil des pages : gardiens de la paix, couvre feu obligatoire, type de travail imposé, mines marines autour de la cité pour empêcher les tentatives de fuite…
    Et comme dans toute bonne dystopie, une infime partie de la population n’est pas comme les autres. Ici ce sont les sirènes, appelées comme ça pas parce qu’elles peuvent respirer sous l’eau et qu’elles posséderaient une queue de poisson, mais parce que leur voix hypnotique leur permet de contrôler les foules.
    Et toujours comme dans toute bonne dystopie, il y a un méchant, ici le ministre d’En Bas, Nevio, que l’on pose comme le grand méchant de l’histoire dès le début.
    Pour certains autres personnages, on ne sait pas trop quel est le but et si Rio peut ou non leur faire confiance. C’est le cas de Sea, sa tante, énigmatique et qui ne donne jamais d’information complète.

    Pendant plus de la moitié du livre, la question qui se pose est : est-ce que Rio arrivera à fuir Atlantia et à rejoindre sa sœur En Haut ? Mais En Haut, est-ce aussi bien que le rêve Rio ? Et quel secret cache Atlantia ?
    Si j’ai un reproche à faire à ce livre, c’est qu’on ne sait pas, à la fin, ce qu’il advient de tous les personnages. Il y a plusieurs d’entre eux dont on cesse simplement de parler et aucune explication n’est donnée sur leur devenir. Et pour l’un d’entre eux en particulier, j’aurais bien aimé pouvoir mettre un point final à son histoire.
    Malgré ce petit bémol, j’ai beaucoup aimé ce livre qui est une des (trop) rares dystopies à tenir en un seul tome (et oui, les auteurs, parfois, on a pas envie de lire des sagas).


    Un extrait : Et pour ne pas être séparées, nous n’avons pas d’autre choix que de vivre En Bas. Car si nous pouvons toutes les deux décider de rester, en revanche, nous ne pouvons pas partir ensemble car il n’y a que deux enfants dans notre famille. Un représentant de chaque lignée génétique doit demeurer à Atlantia.

    Encore quelques personnes et ce sera à moi.

    Névio, le Ministre, me connaît, évidemment, mais quand je me présente devant lui, son expression est impassible, comme pour ceux qui m’ont précédée. Ma mère aurait fait de même, mais elle avait une autre manière de porter sa toge de Ministre, toujours sereine, un peu détachée. Cependant, aurait-elle gardé sa contenance si je lui avais annoncé que je partais En Haut ?

    Je ne le saurai jamais.

    Il y a une coupe bleue pleine d’eau de mer, une marron remplie de terre. Je ferme les yeux pour annoncer ma décision de la voix qui convient – la voix plate et contrainte que ma mère m’obligeait à employer afin de masquer le don et la malédiction de la vraie. Et je déclare :

    – J’accepte mon destin En Bas.

    Le Ministre m’asperge le visage d’eau salée pour me bénir et c’est fini.

    Je me tourne vers Bay, qui s’avance vers l’autel. Elle a quelques minutes de moins que moi, c’est pour cela qu’elle passe après. En la regardant, j’ai l’impression de me voir faire mon choix. L’air climatisé du temple ondoie au-dessus de nous, comme si Atlantia respirait vraiment.

    Bay a une voix douce, mais je n’ai aucun mal à l’entendre.

    – Je choisis de me sacrifier En Haut, dit-elle.

    Non ! Bay ! Elle s’est trompée. Elle était stressée, elle n’a pas prononcé la bonne phrase.

    Je me précipite à son secours. Il doit y avoir un moyen de revenir en arrière.

    – Attends, Bay !

    Je lève les yeux vers Névio pour voir s’il peut intervenir, mais il se contente de la fixer, l’air un peu surpris. Je ne lui jette qu’un regard, seulement c’est déjà trop. Les gardes de la paix entourent Bay comme chaque personne qui choisit de partir En Haut.

    – Attendez !

    Personne ne m’entend. Personne ne prête attention à moi. C’est justement pour qu’on ne me remarque pas que je parle avec cette voix.

    – Bay !

    Cette fois, ma vraie voix transparaît légèrement, si bien qu’elle se tourne vers moi, presque malgré elle.

    Je suis stupéfaite de la tristesse que je lis dans ses yeux, mais pas autant que de la détermination que j’y vois également.

    Elle l’a fait exprès.

    Durant les quelques secondes qu’il me faut pour intégrer l’impossible – ce n’est pas une erreur, Bay veut partir – ils l’entraînent à l’écart.

    Je me fraie un passage dans la foule, vite, sans bruit, pour ne pas faire de remous, ne pas être arrêtée. Les prêtres me connaissent, ils savent que ma sœur et moi, nous sommes inséparables. Déjà certains d’entre eux me rejoignent pour me bloquer la route, l’air compatissant.

    Pourquoi a-t-elle fait ça ?

    Justus, l’un des prêtres les plus sympathiques, s’approche, veut me prendre la main.

    – Non !

    Je proteste de ma vraie voix, exprimant avec violence ma vraie souffrance, ma vraie colère. Justus laisse retomber son bras. Levant les yeux, je vois son expression choquée, abasourdie, comme si mon simple non l’avait giflé.

    Je viens de rompre ma promesse. J’ai parlé de ma vraie voix en public. Et comme ma mère m’en avait avertie, il n’y a pas moyen de revenir en arrière. C’est un supplice de voir l’air horrifié de Justus. Justus qui me connaît depuis toujours. Je n’ose pas jeter un regard vers la foule pour voir qui d’autre m’a entendue.

    Mes pieds ont beau être fermement campés sur le sol d’Atlantia, je me dissous.

    Ma sœur est partie.

    Elle a décidé d’aller En Haut.

    Elle ne ferait jamais ça.

    Elle l’a fait.

    Bay m’a demandé si j’entendais la cité respirer.

    J’entends ma propre respiration, maintenant. Inspiration, expiration. Je vis ici. Je mourrai ici.

     

    Je ne partirai jamais.