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[Livre] L'échange des princesses

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Résumé : En 1721, Philippe d’Orléans est Régent, dans l’attente que Louis XV atteigne la maturité légale. L’exercice du pouvoir est agréable, il y prend goût. Surgit alors dans sa tête une idée de génie : proposer à Philippe V d’Espagne un mariage entre Louis XV, âgé de onze ans, et la très jeune Infante, Maria Anna Victoria, âgée de quatre ans, qui ne pourra donc enfanter qu’une décennie plus tard. Ce laps de temps permet l’espoir d’un "malheur" qui l’assiérait définitivement sur le trône de France… Et il ne s’arrête pas là : il propose aussi de donner sa fille, Mademoiselle de Montpensier, comme épouse au jeune prince des Asturies, futur héritier du trône d’Espagne, pour conforter ses positions. La réaction à Madrid est enthousiaste, et les choses se mettent vite en place. L’échange des princesses a lieu début 1722, en grande pompe, sur une petite île au milieu de la Bidassoa, la rivière qui fait office de frontière entre les deux royaumes. Tout pourrait aller pour le mieux. Mais rien ne marchera comme prévu. Louis XV dédaigne l’Infante perdue dans l’immensité subtile et tourbillonnante du Louvre et de Versailles ; en Espagne, Mademoiselle de Montpensier ne joue pas le jeu et se refuse à son mari, au grand dam de ses beaux-parents Philippe V et Elisabeth de Farnèse. À la fin, un nouvel échange a lieu, beaucoup plus discret cette fois : chacune des princesses retourne dans son pays…

Auteur : Chantal Thomas

Edition : Le seuil français

Genre : historique

Date de parution : 22 août 2013

Prix moyen : 8€

Mon avis : Chantal Thomas nous livre une version un peu romancée d’un épisode méconnu de l’histoire de France et d’Espagne.
J’ai trouvé un peu dommage les passages sur les poupées de l’infante, auxquelles l’auteur prête vie, passages qui, à mon sens, n’avaient pas leur place dans un roman historique.
J’ai beaucoup aimé, en revanche, les extraits de lettres échangés entre l’infante et sa famille, et celles envoyées par Mlle de Montpensier qui sont historiques et recopiées dans les archives de l’époque.
Même si je sais qu’à l’époque les enfants princiers étaient éduqués, dès le berceau, comme des adultes miniatures, j’ai parfois eu un peu de mal avec les réactions de l’infante et je me suis demandé si cela reflétait vraiment ses sentiments et paroles ou si tout cela n’avait pas été enjolivé, car, l’infante ne sachant ni lire, ni écrire, les lettres étaient prises « sous la dictée », il était alors facile pour les adultes d’écrire des lettres politiquement correctes et en conformité avec ce que l’on attendait d’une reine de France.
Mais à trois ans, Anna Maria Victoria avait elle vraiment conscience d’être reine ? A-t-elle compris les enjeux de cet échange entre elle et Mlle de Montpensier ? Et celle-ci, à moins de douze ans, l’a-t-elle également compris ? Plus sans doute que Anna Maria Victoria.
La vie de ces enfants, que ce soit les princesses ou les époux, sont faites et défaites en fonction des aspirations politiques de ceux qui les entourent.
Le régent voulaient placer sa fille dans une position élevée qui l’élèverait lui-même et ne voulait, pour le roi, qu’une épouse de paille, incapable de lui donner des enfants avant de nombreuses années, afin de conserver une chance de prendre le pouvoir.
Le ministre qui lui succède, lui, au contraire, veut abolir tout ce que son adversaire à fait, il veut que le roi ait au plus vite une descendance afin d’assurer la continuité de la dynastie et c’est lui qui lui choisira une épouse plus âgée que lui de 7 ans, afin qu’elle soit capable de porter des enfants au plus vite (Elle donnera 10 enfants à la France, mais un seul fils).
J’ai bien aimé, dans ce roman, l’alternance de récit entre ce qui se passe pour Maria Anna Victoria et Louise Elisabeth (Mlle de Montpensier) et la situation, à l’opposée l’une de l’autre, dans laquelle elles se trouvent.
Maria Anna Victoria qui aime éperdument son mari lequel l’a prise en aversion dès le premier jour pour une raison puérile qui reflète son immaturité et son jeune âge (Il n’est âgé que de 10/11 ans).
Louise Elisabeth, abandonnée, délaissée par sa propre famille, affublée d’un mari qui prétend l’aimer mais semble, tout comme son père n’être qu’un obsédé sexuel et qui refuse obstinément de se laisser toucher par ce gringalet maladif (Il ne sera roi que 7 mois avant de succomber à la maladie).
L’échange s’était fait en grandes pompes et les voyages des deux princesses avaient pris énormément de temps. Le second échange se fera dans la précipitation, dans le secret, comme pour effacer cet épisode des mémoires au plus vite.

Un extrait : À l’annonce de ces mariages entre la France et l’Espagne, entre les Bourbons de France et les Bourbons d’Espagne, bouclage d’alliances entre les deux royaumes les plus puissants et réunion d’une seule famille, autrement dit la hantise même de l’Europe, la réaction immédiate de Saint-Simon est de garder la chose secrète, afin de ne pas provoquer la fureur des autres pays. La réponse du duc d’Orléans, pour une fois dépourvu de culpabilité, est : « Vous avez bien raison, mais il n’y a pas moyen, parce qu’ils veulent en Espagne la déclaration tout à l’heure, et envoyer ici l’infante dès que la demande sera faite et le contrat de mariage signé. » Curieuse hâte, souligne Saint-Simon, on a des années devant nous, étant donné les âges de tous ces fiancés. De précoces fiancés, il faut l’avouer. Si le prince des Asturies a quatorze ans, la fille du Régent n’en a que douze. Louis XV, né le 15 février 1710, va vers ses douze ans. Quant à Anna Maria Victoria, infante d’Espagne, elle est née le 31 mars 1718. La future épouse de Louis XV et reine de France n’a pas encore quatre ans !

L’âge des fiancés ne surprend pas Saint-Simon. Comme les auteurs du pacte, il n’y attache pas une seule pensée. Ce qui l’ébaubit, c’est le coup d’audace de faire épouser une fille de la famille d’Orléans par un fils de Philippe V, véritablement pétri de haine pour cette famille et spécialement pour le Régent. Un peu plus tard, revenu de sa stupeur, Saint-Simon pense à tirer parti de ce projet. Il demande au Régent à se rendre à la cour de Madrid apporter le contrat à signer. Dans le même élan, il propose de se faire accompagner de ses deux fils, Jacques-Louis, vidame de Chartres, et Armand-Jean, afin d’obtenir pour lui-même et pour eux le titre de grand d’Espagne. Saint-Simon désire la grandesse. Le Régent a un sourire. Car si le duc de Saint-Simon n’est pas grand, Jacques-Louis, l’aîné, est encore plus petit que son père. On le surnomme « le Basset ».

Le Régent accepte. Saint-Simon sera donc « ambassadeur extraordinaire » pour un mariage peu ordinaire.

 

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