Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Livre] Les derniers jours des rois

les derniers jours des rois.jpg

Résumé : Des souverains de France, on connaît la vie et l'empreinte laissée sur le pays. Beaucoup moins les circonstances tragiques et éminemment politiques de leur mort. Leur histoire révèle sa part de mystère, de crimes, de souffrance ou d'exil, et explique celle de la nation.
Réunis par Patrice Gueniffey, des historiens retracent les derniers jours des rois et empereurs, de Charlemagne à Napoléon III. Un éclairage inédit et original sur le pouvoir en France.


Auteur : Sous la direction de Patrice Gueniffey

Edition : France loisirs

Genre : Historique

Date de parution : 23 janvier 2014

Prix moyen : 19,90€

Mon avis : « Le roi est mort ! Vive le roi »
Tout le monde a entendu cette phrase au détour d’un cours d’histoire. Cette phrase censée rappeler, qu’en France, la monarchie ne meurt pas, puisqu’elle passe immédiatement au prochain sur la liste.
Et pourtant, si la monarchie est une question divine, ceux qui l’ont incarnée, eux, étaient bel et bien mortels les braves hommes (puisque qu’en France, loi salique oblige, les femmes peuvent aller se rhabiller, et puis non tiens, pas de couronne pour elles, mais il faut bien pondre l’héritier, et plusieurs même, Louis XIV peut en témoigner, lui qui a enterré toute sa famille et du transmettre la couronne à un arrière petit-fils, ça mourrait sec à l’époque).
Mais justement comment meurt un roi ? Debout, comme au théâtre ? A cheval ? Dans son lit ? Sans souffrance protégé par Dieu dont il tient ses pouvoirs ?
Et ses proches ? Sont-ils dévastés ? Pressés de le voir enfin passer de vie à trépas (enfin surtout l’héritier qui doit récupérer la couronne) ?

Et parce que le roi n’est pas un homme comme les autres, sa mort se doit d’être mise en scène. Un roi ne meurt pas comme un homme du peuple, sous peine de mettre en péril l’équilibre de la nation, de provoquer des crises… qu’il meure de maladie, assassiné ou même de vieillesse, tout un cérémonial entoure son trépas.
En nous livrant leurs derniers instants, Patrice Gueniffey et son équipe d’historiens nous apprennent également quelques pans méconnus de leur vie et de l’héritage qu’ils ont tenté de transmettre, du contexte politique dans lequel leurs forces ont déclinées.
Au travers des 19 souverains les plus importants de notre histoire, il retrace aussi certaines évolutions (du temps de Charlemagne, le roi suivant était sacré du vivant de son prédécesseur).

Petit bémol, peut-être : les récits peuvent être inégaux, j’ai eu plus de mal à aller au bout de l’histoire de certains souverains, l’historien chargé de la transmettre ne donnant pas un récit aussi vivant et passionnant que ses confrères.
Mais pour un passionné d’histoire, de la vraie, pas de celle plus qu’édulcorée, simplifiée et arrangée que l’on trouve dans les manuels scolaires, ce livre est une vraie mine d’or.

Un extrait : Louis XIII va survivre jusqu’au 14 mai et, durant ces semaines, sa santé ne va pas cesser de se dégrader. Compte tenu du jeune âge du dauphin (né le 5 septembre 1638), c’est la question de la régence qui occupe jusqu’à l’obsession toute la scène politique.
Le roi ne peut se résoudre à voir sa femme, la reine Anne d’Autriche, en qui il n’a nulle confiance, ou son frère Gaston d’Orléans, qui l’a si souvent trahi, l’exercer, et tout est suspendu à sa volonté et à son humeur incertaine : il est devenu « si chagrin qu’on n’osait plus parler à lui, de si méchante humeur qu’il gourmandait tout le monde et faisait des rebuffades à tous ceux qui l’abordaient, si maigre et si pâle, qu’on le voyait diminuer à vue d’œil » (Montglat).
Dans un premier temps (1er décembre 1642), il en exclut formellement son frère, avant de revenir sur cette décision et de rendre publique (20 avril 1643) une déclaration échafaudant un système complexe destiné à ligoter la reine. Celle-ci est bien nommée régente […] Mais bien que régente, Anne d’Autriche voit son pouvoir limité et ne pourra pas mettre à mal les options politiques de Louis XIII et Richelieu ; elle devra composer avec son beau-frère Gaston d’Orléans et s’accommoder de la tutelle d’un Conseil de régence dont la composition lui est imposée.
[…]
Tout comme Louis XIII enfant, Louis XIV, alors âgé de cinq ans, avait été confronté à la mort de son père et en resta marqué. A la sortie de la chambre où il avait été admis auprès du mourant :
« Dupont, l’huissier de la chambre de Sa Majesté, qui était de garde auprès de monsieur le dauphin, prit la parole et dit : Monsieur, voudriez vous bien être roi ?
Monsieur le dauphin répartit : non
Dupont reprit : « Et si votre papa mourait ?
Monsieur le dauphin dit de son propre mouvement, la larme à l’œil : Si mon papa mourait, je me jetterais dans le fossé » (Dubois)

De son père, Louis XIV n’aura guère eu que l’image peu séduisante d’un malade maussade, puis d’un agonisant ; pourtant, il semble avoir développé un réel attachement affectif à ce vieillard stoïque ; et de cette fidélité filiale témoignera le respect qu’il portera au petit château de Versailles, si cher à Louis XIII.

 

Écrire un commentaire

Optionnel