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[Livre] Mémoire d'une nuit d'orage

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Résumé : Jody n’était qu’une enfant lorsque ses parents furent assassinés. Vingt-trois ans plus tard, c’est pour elle un choc d’une grande violence quand elle apprend que leur meurtrier est libéré. Tandis que ses vieilles blessures se rouvrent, de nouvelles questions l’assaillent : Que s’est-il vraiment passé le soir du meurtre ? Pourquoi n’a-t-on jamais retrouvé le corps de sa mère ? Et si la vérité n’était pas celle qu’elle avait toujours crue ?

Auteur : Nancy Pickard

Edition : France loisirs

Genre : Thriller

Date de parution : 7 juin 2012

Prix moyen : 15€

Mon avis : Ce roman est un assez bon thriller. On alterne entre ce qui s’est passé 23 ans plus tôt (mais sans savoir la vérité avant la fin bien entendue) et le présent.
Pendant tout le bouquin, j’en suis venu à soupçonner trois personnes. Dans les trois cas, j’avais raison sur une partie de la vérité seulement mais la révélation de ce qu’il s’était réellement passé a été une vraie surprise. J’ai toutefois trouvé la fin un peu rapide et facile.
Coté personnages, la famille a eu tendance à m’énerver avec le patriarche qui se croit plus ou moins tout permis et qui n’imagine même pas qu’on puisse lui tenir tête, les oncles qui débarquent chez Jody, l’héroïne et qui entrent chez elle sans s’annoncer, sans frapper, comme s’ils étaient chez eux, qui la somment de retourner s’installer chez ses grands parents alors qu’elle a 26 ans et une vie à elle. Elle aussi est agaçante parce qu’à cet âge là, si on est pas capable de dire à sa famille qu’on a besoin d’espace pour vivre sa vie, quand est-ce que cela arrivera ?
Les habitants de la ville sont du même genre : certains doutent de la culpabilité de Billy, l’homme condamné pour le meurtre du père de Jody, mais ils n’ont rien dit, certains parce qu’ils pensaient que la place de cet homme était de toute façon en prison, d’autre pour ne pas contrarier la toute puissante famille Linder ; quant aux autres, de vrais moutons : si m’sieur Linder a dit ça, ben alors c’est qu’c’est vrai. Voilà à peu près leur seule capacité de réflexion. Leur attitude face à la femme et au fils de Billy est lamentable : avant le meurtre, ils les plaignaient (sans jamais rien faire pour eux), après le meurtre, il aurait presque fallu que la jeune femme et le gamin de sept ans aillent en prison avec leur mari et père.
En gros, on a droit à tous les clichés que l’on imagine dans un petit village de campagne : le notable tout puissant, le mauvais garçon, le sheriff dévoué audit notable et les voisins qui bavent devant lui, parce que financièrement, il fait plus ou moins vivre le village.
En dehors de ce travers, l’écriture reste fluide et agréable et le polar se lit rapidement tant on veut la réponse aux deux questions cruciales : Qui a tué Hugh-Jay Linder ? Qu’est-il advenu de sa femme, Laurie Jo ?
Même si le dénouement m’a laissé un peu sur ma faim, j’ai passé un bon moment (et une nuit très courte…) avec ce polar.


Un extrait : Certains affirmaient que le meurtre du père de Jody était la conséquence d’un incident isolé, une histoire déplaisante qui avait dégénéré jusqu’à atteindre des proportions inimaginables. Personne n’aurait pu le prévoir, soupiraient-ils. Mais d’autres prétendaient que le conflit fermentait depuis longtemps, que le grand-père de Jody aurait dû se méfier, bref qu’il l’avait bien cherché, pour dire la vérité crûment. Voilà ce qui arrivait quand on essayait de réformer des gens qui n’avaient aucune envie de changer, concluaient-ils. Enfin, c’était dans la nature de Hugh Linder senior, ajoutaient-ils aussitôt : un homme bon, intelligent, honnête et intransigeant, mais un tantinet trop sûr de lui. S’il avait fait preuve d’un peu plus d’humilité, peut-être le cours des choses aurait-il été différent…

Quelle que fût la vérité – un soudain accès de fureur ou un ressentiment de longue date – tous s’accordaient sur un point : le dernier acte sanglant de cette tragédie s’était joué en ce jour fatidique où l’éleveur, en faisant le tour d’un enclos où les bêtes se bousculaient, avait surpris Billy Crosby en train de déchaîner sa rage contre une vache.

C’était un mardi, en début d’après-midi.

Les ouvriers de High Rock Ranch rassemblaient le bétail dans l’enclos au bord de la grand-route, afin de séparer de leurs mères les veaux âgés de six mois et de les vacciner contre les maladies qui pouvaient survenir au cours de la période si difficile du sevrage, avant de les transporter vers les parcs d’engraissement. Les bêtes adultes, de nouveau gravides, recevaient quant à elles des piqûres de rappel contre la fièvre charbonneuse.

La vache en question était une énorme vieille bête habituée à ces manipulations et qui aurait donc dû savoir comment se comporter. Elle avait été une excellente reproductrice et une bonne mère pendant des années, mais peut-être était-elle devenue légèrement sénile et son cerveau s’était-il ramolli, sous ce long crâne dur. C’était relativement fréquent, chez les animaux comme chez les humains. Ce jour-là, elle refusait d’avancer, se tournait sans cesse dans la mauvaise direction, bloquant la progression des autres bestiaux à l’intérieur de l’enclos circulaire. Elle mugissait pour appeler son petit, en roulant des yeux fous, l’écume à la bouche. La chaleur, en cet après-midi du mois de septembre 1986, était infernale ; hommes et bêtes cuisaient sous le soleil comme dans un barbecue géant, et les deux espèces étaient énervées, malheureuses et irritées l’une contre l’autre. L’odeur de bouse fraîche et celle des bovins eux-mêmes saturaient l’air d’une moiteur animale. Le bruit des sabots sur le sol, les beuglements des veaux réclamant leurs mères, les hurlements des hommes tentant de les maîtriser, emplissaient d’un grondement de tonnerre le ciel sans nuages.

« Avance, saloperie ! »

Hugh senior vit son employé à mi-temps piquer à plusieurs reprises le flanc de l’animal avec son aiguillon électrique. Billy était l’un des « protégés » de l’éleveur, le dernier en date des innombrables gars du coin qu’il avait embauchés au fil des années, parce qu’il croyait qu’il n’y avait rien de tel qu’un dur labeur pour remettre dans le droit chemin ceux qui semblaient mal partis.

Billy s’était révélé être plus difficile à « sauver » que tous ses prédécesseurs.

Peut-être parce que ses parents étaient tous les deux alcooliques, et pas seulement l’un d’entre eux, comme c’était le cas pour deux ou trois des gamins qui avaient assez bien réussi dans la vie après avoir été pris en main par Hugh et Annabelle Linder. Peut-être parce que Billy n’était pas le plus intelligent des taurillons du troupeau, ou qu’il avait un tempérament tellement irascible qu’un rien pouvait l’enflammer. Toujours était-il que le régime de Hugh, à base de travail manuel et de sueur, ne donnait guère de résultats, de l’avis de ses concitoyens. Billy ne venait-il pas de se voir retirer son permis pour la seconde fois, après avoir été de nouveau arrêté pour conduite en état d’ivresse ? Et sa pauvre petite épouse n’avait-elle pas un sacré bleu à la mâchoire, l’autre jour ? Leur petit garçon de sept ans n’avait-il pas l’air trop grave et trop réfléchi pour son âge ? Et Billy Crosby ne continuait-il pas à boire autant, à se montrer plus agressif que jamais, à courir les filles et à ouvrir sa grande gueule à tort et à travers ? Les Linder auraient dû renoncer depuis longtemps, disaient les gens ; n’importe qui d’autre aurait jeté l’éponge, c’était certain.

 

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