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Livres - Page 94

  • [Livre] Dans la peau de Marie Stuart

    Saut temporel, folie ou machination ?

    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

     

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    Résumé : Jeune Anglaise frivole, Susan ne s’intéresse guère à l’histoire de son pays, contrairement à son fiancé James. Mais le décès d’un oncle la propulse dans un cottage des bords du Loch Leven, où Marie Stuart avait été emprisonnée en 1567. Elle se découvre de surprenantes affinités avec la reine déchue, tandis que flotte sur elle l’ombre de la mystérieuse et antipathique Moïra Mac Grégor, ancienne gouvernante de son oncle. Et son voyage en Écosse se transforme en un saut temporel totalement inattendu.

    Auteur : Marie Laurent

    Edition : Artalys


    Genre : Inclassable


    Date de parution : 16 décembre 2013


    Prix moyen : 1,99€


    Mon avis : Une petite nouvelle de 54 pages agréable à lire. Ici, l’auteur va droit l’essentiel. Dès les premières pages le décor est planté. On souligne la ressemblance physique de Susan et Marie Stuart et on explique pourquoi elle et son fiancé se rendent en Ecosse.

    Le malaise s’installe dès le second jour en Ecosse, quand ils visitent le Loch Leven. Puis le saut temporel a lieu.
    Celui-ci se termine très vite (ben oui, 54 pages) et une explication est donnée. Une explication qui est assez logique avec un peu d’imagination. C’est plausible et inattendu.

    Je ne m’attendais pas à cette explication là, j’ai vraiment été surprise !

    Le style est direct, il n’est pas alambiqué et, après avoir lu des livres qui font des détours incroyables pour aller de A à B, j’ai apprécié d’avoir l’impression que l’auteur savait exactement où elle allait.
    Contrairement à beaucoup de nouvelles, celle-ci est parfaitement dosée. Il n’y a pas une histoire qui s’étire en « longueur » pour ensuite rapidement bâcler la fin.

    Ici, chaque partie de l’histoire est dosée en fonction de l’importance que l’auteur semble vouloir lui donner et l’ensemble apparaît assez harmonieux.
    C’est une lecture sympathique quand on veut faire une petite pause entre deux pavés.


    Un extrait : Ils se mirent en quête du jeune Mac Grégor et le trouvèrent en train de ravauder ses filets. Âgé d’une vingtaine d’années, les cheveux blond paille, le visage constellé de taches de son, Will ne ressemblait pas à sa mère. Ses yeux bleus se posèrent sur Susan avec une admiration dont elle avait l’habitude. James ne s’en formalisa pas. Il était davantage préoccupé par l’état de la barque.

    « Elle est petite, mais robuste, se défendit le garçon. C’est sur un esquif de ce genre que notre pauvre reine s’est évadée, avec la complicité de ses gardiens.

    — Mais elle a été reprise, signala James, et son armée défaite à Langside.

    — Vous connaissez son histoire, je vois. Ça fait des siècles que Kinross en vit. Ici, on compte plus de boutiques de souvenirs que de pubs. »

    Tout en ramant, il leur conta quelques anecdotes relatives au séjour forcé de Mary à Loch Leven, sans quitter Susan du regard. Celle-ci l’écoutait à peine tandis que James était suspendu à ses lèvres. Ces vieux récits la rasaient ; en plus, elle avait envie de vomir. Ce doit être le mal de mer, pensa-t-elle. Bizarre sur des eaux dormantes. Au fur à mesure qu’ils s’approchaient de l’île, ses nausées s’amplifièrent. James ne s’était aperçu de rien, il discutait avec Will avec animation.

    Le jeune homme amarra la barque à un ponton, presque au pied du château. De l’ancien mur d’enceinte, il ne restait plus qu’un talus de terre. Susan et James le gravirent et se retrouvèrent dans une cour rectangulaire, envahie par les herbes folles. Des deux côtés de la cour, des pans de murs dévorés par le lierre. Le donjon que Susan avait aperçu de la chambre occupait un coin ; il avait encore fière allure bien que dépourvu de toit. À l’opposé, se dressait une tour ronde, mieux conservée en apparence.

    « C’est ici que logeait la reine, expliqua James. Je vais voir si l’escalier est assez solide pour nous supporter.

    — Comme tu veux. Je ne bouge pas d’ici. Fais quand même attention ! Ces marches vermoulues sont traîtres. »

    La perspective d’être enfermée dans cet endroit humide ne tentait guère Susan. Ses nausées avaient diminué, mais pas complètement cessé. Elle s’assit sur une pierre tiédie par le soleil et ferma les yeux. Une force qui la dépassait l’obligea à les rouvrir. Son regard fut attiré par une autre pierre, contiguë à celle où elle avait pris place. Large et plate, d’une forme régulière. Ça ressemblait à une stèle. Intriguée, elle écarta les fougères qui la recouvraient presque entièrement. Des inscriptions en latin apparurent. Susan regretta d’avoir séché ce cours. Elle guetta le retour de James qui ne tarda pas à revenir.

    « Impossible de monter à l’étage, annonça-t-il, dépité. Une marche sur deux est cassée.

    — J’ai découvert une tombe ; enfin, je crois. »

    James la regarda caresser la pierre d’un geste plein de tendresse. Ce geste l’étonna de la part d’un être aussi terre-à-terre que sa Susie. La magie du lieu opérait peut-être.

    « Une tombe ? s’écria-t-il. Tu es sûre ? Voyons un peu. »

    Il s’agenouilla dans l’herbe et déchiffra :

    « Mary et Elisabeth, 1567 : deux noms pour une seule date. Il doit s’agir des jumelles mort-nées de Mary Stuart. »

    Susan fut submergée par un chagrin inexplicable, comme si la brève existence de ces enfants l’avait concernée personnellement.

    « Mort-nées ? balbutia-t-elle, le cœur serré. Quelle chose affreuse ! »

    James fut une fois de plus déconcerté par sa réaction, mais l’érudit prit vite le pas sur le fiancé.

    « Oui. Au début de sa captivité, Mary a accouché de deux filles, issues de son union avec James Hepburn, comte de Bothwell, son troisième époux : un reître, brutal et sans cœur.

    — James…murmura Susan, sans cesser de fixer les deux noms gravés.

    — Oui, mon amour ? »

    Il effleura la main de Susan ; elle était glacée.

    « Tu aurais dû mettre des gants », ajouta-t-il.

    Elle s’arracha enfin à sa contemplation pour le regarder. Il fut frappé de l’expression douloureuse de ses yeux. Son joli visage semblait avoir vieilli de plusieurs années en quelques minutes. Une ride se creusait entre ses sourcils et des plis d’amertume s’esquissaient aux commissures de ses lèvres.

    « Susie, dit-il avec douceur, ces bébés sont morts depuis des siècles ; il ne reste d’eux qu’une poignée d’os. »

    Il étendit le bras pour la toucher, mais elle se leva d’un bond et recula hors de sa portée.

    « Tais-toi ! répliqua-t-elle, tu n’as pas le droit de parler ainsi de mes petites fleurs. »

    Brusquement, elle éclata en sanglots et enfouit son visage entre ses mains. James, qui ne l’avait jamais vu pleurer, la contemplait, les bras ballants, ne sachant quoi faire pour apaiser cette douleur incompréhensible.

    « Je n’aurais pas dû t’amener voir ces ruines, finit-il par dire. Ce lieu est sinistre. Allons-nous-en ! Il n’est pas trop tard pour Perth.

    — Non, restons encore un peu. Pardon, je ne sais pas ce qui m’a pris, c’est stupide. »

    Susan redressa la tête, essuya sa figure inondée de larmes avec un mouchoir en papier, puis se moucha un bon coup. James fut soulagé. Il avait de nouveau devant lui sa Susan habituelle. La ride entre les sourcils dorés avait disparu ; de même les lignes autour de la bouche dont les coins se relevaient en un faible sourire. James l’entraîna hors de la cour. Ils se promenèrent bras-dessus, bras-dessous, dans les prés entourant le château, puis à l’heure convenue, rejoignirent le jeune Will. Malgré ses craintes au sujet de Susan, James ne put se retenir d’évoquer leur découverte. Le garçon haussa les épaules :

    « Ah ! La tombe ! Les gens du pays la connaissent, mais vous êtes les premiers touristes à vous y intéresser.

    — Évidemment ! s’exclama Susan avec virulence. Si aucun guide ne la mentionne…

    — Ce n’est pas étonnant, dit James. Le fait est mineur, sans incidence sur la biographie de la reine. »

    Susan prit un air scandalisé. Ça recommence, pensa-t-il, navré, que va-t-elle me sortir, cette fois ? Mais elle ne dit rien.

     

  • [Livre] Les petites reines

    On les a élu Boudins de leur école… Elles vont en tirer avantage

    Je remercie des éditions Sarbacane pour cette lecture

     

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    Résumé : Mireille Laplanche est élue Boudin d’Or de son lycée de Bourg-en-Bresse depuis trois ans. Cependant, cette année, elle est seulement Boudin de Bronze. Heureuse déception! Elle rencontre Hakima et Astrid, respectivement Boudin d’Argent et Boudin d’Or, et les trois jeunes filles s’aperçoivent qu’elles ont quelque chose en commun. Quelque chose qu’il faut aller chercher le 14 juillet, à la garden-party du palais de l’Elysée, à Paris…
    Pour se simplifier la vie, autant y aller à vélo, en vendant du boudin, avec le grand frère vétéran de guerre d’Hakima, non?


    Auteur : Clémentine Beauvais

    Edition : Sarbacane

    Genre : Jeunesse

    Date de parution : 01 avril 2015

    Prix moyen : 15,50€

    Mon avis : Je vais rejoindre le clan de ceux qui ont aimé ce livre. Je ne me suis pas ennuyée une seconde. Dès le premier chapitre, l’humour de Mireille m’a fait rire. Elle n’a pas la langue dans sa poche et elle sait utiliser les mots à bon escient. Pour le plus grand désespoir de sa mère d’ailleurs.

    Concernant le « concours de boudin », je suis consternée par la complaisance des adultes. Entre la directrice du collège/lycée qui prétend ne rien pouvoir faire parce que cela se passe sur internet (si le petit imbécile qui a créé ce concours insultait ses profs, elle se serait sans doute empressée de réagir) et les parents de ce jeune homme qui laissent faire, comme si de rien n’était. Qu’on ne me dise pas qu’à 14 ans, on ne peut pas lui couper sa connexion, lui faire fermer une page sur les réseaux sociaux, prendre des sanctions qui lui feraient passer l’envie d’être aussi c*n !

    Mireille prend ça avec philosophie (ça doit être dans le sang, la philosophie). Astrid et Hakima, nouvelles sur cet affreux podium, le prennent nettement moins bien (bien qu’Hakima ait d’autres chats, bien plus importants, à fouetter).
    Après pour le réalisme, je reste un peu sceptique. Une semaine de vélo, en trainant une sorte de baraque à frites (assez grande pour contenir un frigo et se changer, donc qui doit pas être des plus légères), à raison d’une dizaine d’heure de vélo par jour. Et tout ça en n’ayant jamais fait de sport de leur vie et avec une petite semaine d’entrainement (2h par jour environ). Le voyage semble pourtant assez facile, à dégouter les cyclistes professionnels de s’entraîner autant !

    Cependant, elles le font, elles vont de villes en villes, en vendant leurs boudins, blanc, noir ou végétarien avec une sauce, pour financer leur voyage.
    Si au début elles font ça de manière relativement anonyme, la nouvelle se répand comme une trainée de poudre et leur petit périple devient un événement : elles sont accueillies par les maires, on leur offre repas et nuitées… bref c’est (presque) la gloire.
    L’auteur a su parfaitement retranscrire la bêtise des commentaires des internautes et de certains magasines en ligne (soit ils sont vraiment stupides et ont trouvé que leur apparition dans un livre était un compliment, soit elle va se retrouver avec un procès, j’espère qu’elle a couvert ses arrières).
    A croire, franchement, qu’elle a posté un faux article et récolté les commentaires en prévision de ce livre, tant c’est proche des inepties que l’on peut lire, quelque soit le sujet d’ailleurs.

    On attend la fin du périple, le but de tout ça avec impatience. J’ai été surprise, très surprise par le « final » pour l’un des personnages ; un peu déçue par celui d’un autre tout en comprenant sa décision…

    C’était une lecture rythmée, amusante et qui, je l’espère, fera comprendre au public auquel elle est destinée que ce n’est pas parce que « ça se passe sur internet » que c’est justifiable et anodin.

    Un extrait : Philippe Dumont a toujours été profondément triste de ne pas remplir la béance qu’a creusée Klaus Von Strudel dans ma vie. Il m’emmène au cinéma, au musée et au bowling. Il m’autorise à manger de la crème de marrons directement dans le pot. Il dit : « Vois moi comme ton père, Mireille, je suis ton père ! » Moi je mets les mains devant ma bouche et je fais : « Rhôôôôph…Rhôôôôph…Je suis ton pèèèère ! » Ensuite il vitupère : « C’est ma maison ici, Mireille ! C’est mon sofa ici ! Tu vis chez moi, je te ferais dire ! » Cela n’est vrai qu’à moitié, Maman possédant la moitié de la maison, sauf qu’elle n’a pas fini de rembourser sa partie de l’emprunt (à cause de son salaire de prof bien nul) alors que Philippe est notaire et Rotarien, ce qui veut dire qu’il fait partie du Rotary.

    - C’est quoi le Rotary, Maman ?

    - C’est un club de gens comme Philippe, des gens qui ont des métiers divers, et ils se rencontrent, ils échangent sur des sujets, ils se présentent leurs enfants.

    Philippe m’emmène pour essayer de me présenter.

    - Je vous présente la fille de Patricia, Mireille.

    Les Rotariens sont en-chan-tés de serrer la main à Quasimodo au dessus d’un canapé aux œufs de saumon à la fête de Noël.
    Un jour, je devais avoir neuf ans, quelqu’un d’extraordinairement perspicace a fait remarquer :

    - Cette petite ressemble étonnamment au philosophe, vous savez, euh ?

    Là j’ai eu comme un éclair d’espoir ; j’ai regardé cet homme glabre et couperosé et je me suis répété de toutes mes forces : « Allez dis le, dis le que je ressemble à Klaus Von Strudel, sème le doute, laisse les gens recouper les dates… Peut être que si tout Bourg-en-Bresse signe une pétition à Klaus il reconnaitra que je suis sa fille ! »
    Mais au lieu de ça, une dame a répondu :

    - Jean-Paul Sartre ?

    Et l’homme a hoché la tête :

    - Oui, exactement ! Jean-Paul Sartre !

    - Ce n’est pas vraiment un compliment ! s’est esclaffée la dame.

    - Non, a admis le monsieur non sans franchise.

    Google -> Jean-Paul Sartre -> Vieillard bigleux d’une laideur abominable. Presque encore plus moche que Klaus.
    J’ai déclaré à Maman, le lendemain matin :

    - Toi, je parie que si t’avais rencontré Jean-Paul Sartre, t’aurais terminé dans son lit.

    - Tu veux une claque ?

    - Je dis juste qu’il avait l’air bien dans ton genre ! Un philosophe, révolutionnaire machin grande théorie et tout et tout… C’est un compliment Mamounette ! Pourquoi tu prends tout mal ?

    - Arrête de me manquer de respect. Je ne passe pas mon temps à coucher à gauche et à droite, avec des philosophes ou non.

    - Toute façon, je t’annonce qu’il est mort, j’ai dit. Il est mort en 1980, Jean-Paul Sartre. Et moi je suis née des dizaines de milliers d’années après, donc aucun doute, ça ne pouvait pas être mon père.

    - Je te le confirme, a grincé ma mère.

    Ensuite, j’ai chanté la marche funèbre (tam-tam-tadam-taaam-tadam-tadam-tdam) pendant un très long moment, afin de rendre hommage à la mémoire de Jean-Paul Sartre. Ca a fini par agacer Maman « Tais toi Mireille, tu nous casses les oreilles, enfin ! » Là j’ai sorti un truc qu’il fallait pas :

    - Tu sais ce qu’on a appris en Histoire-Géo, Mamounette ? Après la Deuxième Guerre Mondiale, on a tondu toutes les Françaises qui avaient couché avec des Allemands. Alors tu imagines, à quelques années près…

    Elle m’a dévisagée, on aurait juré qu’elle se repassait mentalement ce que je venais de dire sans y croire. Ca m’a fait un peu peur mais j’ai quand même ajouté, pour rire :

    - Couic ta touffe !

    Splaf la baffe.

    - Monte dans ta chambre. Je ne veux plus te voir.

     

    Je ne sais pas pourquoi j’aime à ce point exténuer ma mère. Je ne sais pas pourquoi j’ai jeté dans les toilettes tout le flacon de Flower by Kenzo , que Philippe Dumont m’avait gentiment offert pour mon anniversaire – « dis donc Mireille, tu as remercié Philippe pour le parfum qu’il t’a gentiment offert pour ton anniversaire » -, et sans tirer la chasse, histoire de bien lui faire comprendre que ses 54 euros de fragrance avaient fini dans les égouts.
    Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme ça.

  • Rendez vous livresque: Le tiercé du Samedi

    Je vous propose un nouveau rendez-vous livresque inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots et qui n’existe plus.
    Comme je n’ai pas son imagination, les thèmes seront plus simples dans leurs libellés.
    Le principe est le suivant : Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

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    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Le 1er thème, pour samedi 25 avril sera:

    Les trois livres qui vous ont fait dormir la lumière allumée parce que c’est pas que vous aviez peur mais bon, quand même, on sait jamais…

     

    A Samedi...

  • [Livre] Hex Hall Tome 1

    Apprendre à contrôler ses pouvoirs pourrait lui coûter la vie

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    Résumé : Sophie Mercer, lycéenne et sorcière, use de ses pouvoirs sans discernement. Sur ordre d’un puissant magicien, qui n’est autre que son père, elle est envoyée à Hex Hall, établissement ultra-select pour élèves très spéciaux. Spectres, loups-garous et vampires s’y côtoient. Sophie qui est tout sauf discrète, s’y fait vite quelques amis et beaucoup d’ennemis. Parmi ceux qu’elle juge dignes d’intérêt, il y a un séduisant jeune sorcier. Mais l’heure n’est pas à la romance car un terrible prédateur rôde... Et, Sophie, fille de l’un des enchanteurs les plus puissants au monde - et directeur de Hex Hall - est une cible idéale... 

     

    Auteur : Rachel Hawkins

    Edition : Albin Michel

    Genre : Bit lit

    Date de parution : 29 septembre 2010

    Prix moyen : 13€

    Mon avis : Sophie est envoyée à Hex Hall en punition pour avoir utilisé ses pouvoirs à mauvais escient. Le décor est planté, on va se retrouvé entouré de « jeunes délinquants » surnaturels.
    Déjà, je me pose une question : quel est le nom de cette école ? Hex Hall ? Ou Hécate ? Les deux termes sont utilisés au fil du livre avec une préférence, semble-t-il pour Hécate.
    Dès le début on sent bien le désarroi de Sophie : Tout le monde, ou presque, semble en savoir plus qu’elle, que ce soit sur le monde surnaturel, la magie, les prodigium (nom que se donnent les créatures surnaturelles), et même sur son propre père.
    Pour arranger les choses, j’ai trouvé les prodigium clairement racistes et les professeurs ne semblent vraiment pas avoir la moindre intention d’intervenir. Chaque race ne semble pas supporter les autres. D’ailleurs, quand dans les premières pages, un loup-garou se jette sur Sophie, c’est Archer, un sorcier qui l’a repoussé par magie qui est réprimandé et non pas la sale bête qui ne sait pas se tenir.
    Par contre toutes les races s’accordent sur un point : ils détestent les vampires. Et Sophie en a de la chance, elle va justement être installée dans la même chambre que Jenna, un vampire. Heureusement que, ayant été élevée à l’écart de ce monde, elle n’a pas de préjugés.
    Concernant les attaques, qui sont le sujet principal du tome, tous les éléments incriminent Jenna, mais justement je trouve que ces « preuves » sont cousues de fil blanc dans la mesure où Jenna est la seule élève vampire à Hécate.
    Tout semble s’accélérer à l’arrivée de Sophie à l’école et on se demande quelles seraient les raisons de Jenna de lui en vouloir à elle, particulièrement.

    Une réponse plausible à cette question est apportée, mais ce n’est pas que Jenna qui devrait en vouloir à Sophie, c’est toute l’école, donc cela n’apporte pas franchement de preuves, à mon sens contre la vampire. Mais est-ce que mon flair se révélera bon ? Ou est-ce que je me trompe complètement ?
    Sophie va rencontrer beaucoup de personnages très différents : Taylor, Beth, Nausicaa, Archer, Elodie, Alice, Lord Byron, La Vandy…

    Alice ne m’inspire absolument pas confiance, je la trouve trop gentille, mais je suis peut être trop soupçonneuse.
    Les professeurs non plus ne donnent pas une impression de sécurité ! Ils semblent incompétents et embourbés dans leurs rancunes personnelles.

    A presque 20 pages de la fin, un coup de théâtre, concernant un personnage, change complètement la donne. Je ne l’avais vraiment pas vu venir, j’ai été soufflée.
    Cela dit, j’ai l’impression que les choses ne sont peut-être pas ce qu’elles semblent être, mais je pense qu’il faudra attendre le prochain tome, voire le troisième pour avoir le fin mot de cette histoire.

    La fin du tome m’a laissée bouche-bée. J’avais bien l’impression que Sophie était impulsive, mais je ne m’attendais pas à la demande qu’elle formule à la fin du livre. Sa requête sera-t-elle acceptée ?
    Je regrette presque d’avoir plusieurs livres à lire avant de pouvoir me ruer sur les tomes 2 et 3 de cette trilogie !

    Un extrait : - Tu viens ? a dit ma mère.

    Je suis descendue de la voiture, accueillie par la chaleur torride du mois d'août. Nous étions dans l'État de Géorgie, au sud des États-Unis. J'ai fait glisser mes lunettes de soleil sur le sommet de ma tête. À cause de l'humidité, mes cheveux avaient triplé de volume, et j'ai eu l'impression qu'ils essayaient de dévorer mes lunettes comme une plante Carnivore.

    - Je me suis toujours demandé quel effet ça faisait de vivre dans la bouche de quelqu'un, ai-je marmonné.

    Devant moi se dressait Hex Hall, également appelé le manoir d'Hécate, construit en 1854 et qui, d'après la brochure que ma main moite serrait, était « le premier centre d'éducation surveillée pour jeunes Prodigium ». Prodigium : un mot latin pour désigner les monstres de foire avec plus d'élégance. Car c'était ce que tout le monde était à Hécate. Y compris moi.

    J'avais déjà lu quatre fois la brochure dans l'avion qui avait décollé du Vermont pour se rendre en Géorgie,deux fois à bord du ferry qui nous avait déposées sur l'île de Graymalkin, et une fois à l'intérieur de la voiture louée, pendant que les pneus crissaient sur le gravier et les coquillages de l'allée menant à l'établissement. Malgré cela, je n'ai pas pu m'empêcher de la relire : « L'objectif de notre centre est de protéger et d'instruire les jeunes fées, elfes, sorcières et sorciers, métamorphes qui ont pris le risque d'employer leurs facultés en public, mettant ainsi en péril toute la communauté des Prodigium. »

    - Je ne comprends toujours pas pourquoi aider une amie à trouver un cavalier peut mettre d'autres sorcières en danger, ai-je déclaré à ma mère tandis qu'elle ouvrait le coffre du véhicule.

    Je lui en avais déjà parlé dans l'avion, mais elle avait fait mine de dormir.

    - Il ne s'agit pas seulement de cette fille, Soph, tu le sais parfaitement. Souviens-toi du garçon au bras cassé à Delaware, et de ce professeur à qui tu voulais faire oublier le résultat d'un examen en Arizona...

    - Et alors ? Il a fini par retrouver la mémoire. Enfin, partiellement.

    Maman a soupiré et a sorti la vieille malle achetée à l'Armée du salut.

    - Avec ton père, nous t'avions prévenue qu'employer tes pouvoirs entraînerait des conséquences. Me séparer de toi ne m'enchante pas, mais au moins, ici, tu seras entourée de jeunes comme toi.

    - Des nullités, tu veux dire.

    Maman a retiré ses lunettes de soleil et m'a observée.

    Son visage accusait la fatigue et aux commissures des lèvres, elle avait des rides que je n'avais jamais remarquées auparavant. Ma mère avait presque quarante ans mais d'habitude, elle en faisait dix de moins.

    - Tu n'es pas nulle, Sophie. Tu as simplement commis quelques erreurs.

    J'ai pris ma besace et je l'ai aidée à transporter la malle.

    « Quelques erreurs. » Être une sorcière ne présentait pas que des avantages. Je n'avais jamais eu l'occasion de voler sur un balai. (Je m'en étais plainte à ma mère, mais elle m'avait rétorqué que je devais continuer à prendre le bus, comme tout le monde.) Je n'avais pas lu de grimoire ni eu de chat qui parle (je suis allergique aux poils), et je serais incapable de dénicher un œil de triton si on me demandait de préparer une potion.

    Mais j'ai des pouvoirs magiques depuis mes douze ans, ce qui, d'après la brochure, correspond à l'âge où les pouvoirs des Prodigium se manifestent. Cela doit être lié à la puberté, je pense.

    - Par ailleurs, c'est une bonne école, a repris ma mère en s'approchant de la bâtisse.

    Cela ne ressemblait pas à une bonne école. Ça ressemblait à un croisement entre un vieux film d'horreur et un manoir hanté de Disney. Pour commencer, la bâtisse avait plus de deux cents ans. À une époque, le manoir avait dû être blanc, mais il était maintenant d'un gris pareil à celui de l'allée de gravier et de coquillages, se fondant dans le paysage comme un affleurement naturel de l'île.

    Nous avons posé la malle au sol et ma mère a contourné l'édifice.

    - Viens voir, m'a-t-elle lancé.

    Je l'ai rejointe. Selon la brochure, au fil du temps, la structure d'origine d'Hécate s'était considérablement agrandie. En fait, l'arrière de la bâtisse de bois gris cédait la place à du stuc rose s'étendant jusqu'à la forêt.

    Pour un rajout qui de toute évidence avait été effectué en employant la magie -

    aucune ligne, aucune trace n'indiquait la jointure des deux maisons -, on regrettait le manque flagrant d'élégance. Les deux parties semblaient avoir été collées ensemble par un fou.

    Un fou ayant très mauvais goût.

    Devant l'établissement, de grands chênes dégoulinants de lichen ombrageaient la bâtisse. Deux fougères poussiéreuses, semblables à des araignées vertes géantes, flanquaient l'entrée, et une sorte de lierre aux fleurs mauves tapissait un mur entier.

    C'était comme si la maison se laissait lentement engloutir par la forêt.

    J'ai tiré sur l'ourlet de la jupe plissée de mon uniforme, une espèce de kilt, en me demandant pourquoi Hécate avait choisi des uniformes en laine alors que nous étions dans le Sud profond. J'ai regardé le manoir en réprimant un frisson. Comment pouvait-on contempler cette école sans soupçonner que les étudiants qui s'y trouvaient étaient bizarres ?

    - Ça a du charme, a commenté maman d'un ton enjoué.

    - Oui. C'est pas mal pour une prison.

     

  • [Livre] Petits paris entre ennemis

    Il n’y a pas d’âge pour être machiavélique

     Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

     

     

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    Résumé : Aristocrates dépravés, Agathe DuChatelet et Blaise de Brégny se préparent pour leur rentrée à l’université privée Saint-Marcus, mais avec d’autres préoccupations que leurs études. Agathe veut se venger de son ancien amant, qui compte se tourner vers la jeune Constance Chevalier. Son idée est de faire appel à Blaise pour dévergonder la jeune fille, mais celui-ci se lance un autre défi : séduire Éloïse Villiers, une roturière. Agathe ne peut ainsi compter que sur elle-même. Les paris sont lancés et le jeu pervers commence.

     

    Auteur : Camille C.

    Edition : Artalys

     

    Genre : Romance

     

    Date de parution : 19 janvier 2015

     

    Prix moyen : 1,99€

     

    Mon avis : Quand j’ai lu le résumé de « petits paris entre ennemis », je me suis dis : « hmmm un remake de « cruel intention » qui est lui-même un remake adolescent de « Valmont » et de « Les liaisons dangereuses » eux-mêmes adaptés à partir des liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos…et tout ça en 61 pages…
    Comme le disait l’éléphant dans le Tarzan de Disney : « Je nage dans un océan de perplexité ».

    Dès les premières pages, j’ai apprécié de retrouver le style épistolaire (bon ici, la correspondance se fait par mail, adolescence et modernité obligent…)
    L’histoire avance vite (ben oui 61 pages pour tout dire !) mais cela ne donne pas l’impression d’aller trop vite du fait des « coupures » qu’apportent les échanges de mails entre Agathe et Blaise.

    La fin est bien différente de celle de l’œuvre originale mais aussi bien moins dramatique. Elle m’a cependant beaucoup rappelé la fin de sexe intention 2 avec quelques modifications, mais infimes.
    Peut être est-ce une coïncidence. Il est vrai qu’on ne peut pas faire 36 000 fins différentes en se basant sur la même œuvre.
    C’était toutefois une nouvelle très agréable à lire, grâce certes à une écriture fluide et agréable mais surtout grâce à l’alternance entre le récit et les mails qu’échangent Agathe (l’avatar de Mme de Merteuil) et Blaise (celui du Vicomte de Valmont).

    La longueur était parfaite, je ne pense pas qu’il y avait matière à faire un roman de 300 pages sans tomber dans la répétition ou être à la limite du plagiat des œuvres cinématographiques citées plus haut.
    L’auteur a vraiment su trouver un équilibre entre ce qui a déjà été fait sur le sujet et sa touche personnelle.

    J’ai passé un bon moment.

    Un extrait : Où il est dit qu’il faut se méfier de la vengeance d’une femme

     

     

    Agathe DuChatelet à Blaise de Brégny

     

    27 août.

    Mon cher Blaise.

    Je suis en rage. Six ans de bons et loyaux services, six ans d’efforts, de nuits agitées. Je lui ai tout consacré et cet ingrat ose me dire qu’il ne pourra plus « me fréquenter de façon intime » ! Tu le crois ça ? Et pour qui ? Pour quoi ? Pour cette... cette chose stupide et prude qui sert de sœur à Daphné. Hugo veut Constance. Et il veut lui faire croire qu’il est devenu un saint par-dessus le marché ! Il veut être le premier à ravir cette chère petite de son univers de conte de fées et lui faire découvrir les délices du monde.

    Comme tu le sais, Daphné est mon amie, et elle se plaint si souvent de la naïveté de sa cadette que je ne pouvais que saisir l’occasion. Quelle serait la réaction de Hugo s’il apprenait qu’il fait tant d’efforts pour paraître irréprochable alors que sa proie qu’il croyait si pure et jamais foulée n’est en fait qu’une petite garce en puissance ?

    Et c’est là que tu entres en scène, mon Blaise ! Tss tss je te vois déjà fermer les paupières d’agacement. Détends-toi, je sais que tu aimes être libre de tes mouvements et ne servir aucun dessein sinon les tiens. Mais tu connais Constance, elle a tout le packaging de base que requièrent tes critères de beauté. Sans compter que d’après Daphné, les hormones commencent sévèrement à travailler sa sœur.

    Elle prend même des photos polaroid d’elle à moitié nue, obsédée qu’elle est par les changements physiques dont elle se préoccupe seulement maintenant. J’étais chez elles l’autre jour et j’en ai subtilisé une (je t’envoie ladite photo par courrier).

    Je ne t’impose donc rien mais je suis certaine que tu seras plus qu’heureux de m’aider à dévergonder cette petite sotte qui ne demande de toute manière que ça. La débaucher avant que Hugo n’y parvienne, n’est-ce pas là un challenge digne du grand de Brégny ?

    Bien, j’espère que tu auras le temps de répondre à mon e-mail avant la rentrée, je sais quel homme occupé tu es.

    À bientôt sur le campus.

    Amitiés platoniques.

    Agathe.

    PS : Tu es prié de ne pas salir la photo de la jeune Constance, je dois me débrouiller pour la remettre à sa place sans qu’elle ne s’aperçoive de sa disparition.

    PS 2 : Amitiés platoniques ? Tu y as vraiment cru ?

     

  • [Livre] Un cauchemar de voisine

    « Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés » Un adage que Colette ne semble pas connaître, au grand dam de son infortunée voisine, Christine.

    Je remercie les éditions « Mon petit éditeur » pour cette lecture

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    Résumé : Au début de l'histoire, c'était simplement V, comme Voisine. Au fil du temps, c'est devenu V, comme Visqueux, comme Venin, comme Vitriol... 
    Camille Malcotte-Gehenot a voulu narrer une histoire pénible et rocambolesque qui pourrait arriver à tout un chacun; on a vu pire. Afin de l'exorciser, elle a trempé sa plume dans un humour un peu caustique, qu'elle affectionne.

    Auteur : Camille Malcotte-Gehenot

    Edition : Mon petit éditeur

    Genre : Inclassable

    Date de parution : 06 octobre 2012

    Prix moyen : 14,25€

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce livre. Une écriture simple et directe. Une histoire tragi-comique très divertissante. On peut vraiment dire, dans ce cas là que le malheur des uns a fait, et fera le bonheur des autres (en l’occurrence des lecteurs).

    Concernant l’histoire en elle-même, cette voisine Colette est vraiment un cauchemar, le titre ne ment pas ! Elle fait partie de ces personnes que l’on adore détester.
    Mais, je n’ai pas trouvé la narratrice plus sympathique que son envahissante voisine. Dans un autre genre, c’est vrai, mais cela ne change rien.
    Je ne sais pas si cette histoire est une histoire vraie, car l’auteur emploie le mot « fiction » à un moment, et l’auteur et la narratrice n’ont pas le même prénom.

    J’ai trouvé la narratrice extrêmement snob et très similaire à celle qui l’agace : la voisine, Colette, met sans cesse en avant ses succès passés ou présents, qu’ils soient réels ou imaginaires. La narratrice elle, met sans arrêt en avant son instruction, qu’elle juge supérieure aux autres. Elle est pleine de préjugés et se montre très sévère dans ses jugements.
    Par exemple, elle parle de la pauvresse du vocabulaire de sa voisine et donne un peu plus loin comme exemple de cette pauvresse le fait que la voisine parle de « docteur » au lieu de « médecin »…
    Cela dit, on peut supposer que l’exaspération face à cette voisine très envahissante est en cause, plus que la personnalité de l’auteur, de ces réflexions.
    Cela dit je m’interroge sur un point : en prologue, l’auteur nous explique qu’elle est soulagée du déménagement de sa voisine qui était trop gentille et du coup envahissante. A présent, la voilà dotée d’une nouvelle voisine, qu’elle juge à nouveau envahissante. Ses rapports avec ses autres voisins semblent se cantonner à des bonjour-bonsoir… Ne serait-ce pas un peu de misanthropie ? Ce qu’elle appelle un envahissement n’est-il pas seulement une tentative d’avoir des rapports de bon voisinage ?

    Bon il est vrai que cette voisine là est un sacré « cas », mais lorsque cela se répète, soit on a vraiment pas de chance, soit il faut se remettre en question et se demander si on ne provoque pas, inconsciemment, l’attitude de l’autre.

    Pour moi ce livre a été un exemple typique du livre où aucun des protagonistes n’est sympathique, ils sont antipathiques à divers niveaux mais il est dur de plaindre la narratrice autant qu’il est dur de trouver des excuses à la voisine.

    En revanche, il y a bien un personnage sympathique dans ce bouquin, c’est le mari de la voisine, Jean. Le pauvre homme est un peu pris entre deux feux, entre son exaspérante épouse à qui il ne peut rien refuser, et sa personnalité : Il n’aime pas s’imposer et sa femme l’oblige à aller à l’encontre de ses principes.

    J’ai vraiment passé un bon moment à lire ce livre.

    Un extrait : À quarante-cinq ans, j’avais connu toutes sortes de voisins : des vieux mariés inséparables, des couples conflictuels, des gens sympathiques et discrets… et des envahisseurs. Pour ceux qui n’y auraient pas réfléchi, l’envahissement commence lorsque la sympathie déborde. Si l’envahissement persiste et s’amplifie, il s’apparente au harcèlement. J’en avais fait les frais !

    Au bout de trois ans, la locataire de la maison voisine venait de déménager, à mon vif soulagement. Non qu’elle fût méchante ; au contraire, elle était trop attentionnée.

    Normal ! Elle était libre comme l’air, alors que, moi, j’étais une fourmi diligente.

    Dépourvue de toute qualification, elle se laissait entretenir par son ouvrier de mari. Ils avaient une fille qui promettait de ressembler à sa mère.

    Ma voisine, Rita, vivait dans un joyeux désordre. Elle pouvait laisser se dessécher une vaisselle de deux jours, pour courir moissonner avec des copains.

    Une heureuse fille, quoi ! une bonne vivante.

    D’ailleurs, certains jours, il m’arrivait de l’envier. Elle débarquait chez moi à tout moment pour me raconter ses expéditions insouciantes, sans un regard pour la pile de dossiers qui m’attendaient sur la table. C’était Rita la meunière, un moulin à paroles. Au bout d’un long moment, la raison l’emportait sur ma stupide patience et je la priais, avec mille précautions, de me laisser travailler.

    Pas rancunière pour un sou, elle revenait le lendemain. Je suis pour la paix ; c’était sans issue.

    Vous l’aurez compris, j’avais donné. C’est à peu près à ce moment-là que je rencontrai mon compagnon, toujours d’actualité aujourd’hui.

    Depuis quelques années, j’avais perdu mon époux, après vingt ans de mariage.

    Il faut que je vous parle des deux maisons, théâtres des évènements. Toutes deux assez semblables, séparées par une ruelle, elles tournaient le dos à la rue, contrairement à toutes les autres.

    Elles avaient choisi de regarder vers le sud, pour capter le plus possible de lumière. Il est utile de le savoir, car cette posture particulière, en les isolant des autres maisons, les rapprochait, hélas !

    D’où cette connivence, souvent importune.

    Au départ de Rita, la maison fut vendue, afin d’être relouée. Quand je l’appris, j’avertis mon compagnon : « Encore de nouveaux voisins ! J’avoue que ça me fait peur. En tout cas, plus d’invasion ! Chacun chez soi. Bonjour, bonsoir, rien de plus. »

    Aurélien était de mon avis. Nous garderions les distances. Enfin, nous aurions la paix !

    Un après-midi, je vis arriver une voiture à côté de chez nous. À l’intérieur, se trouvait un couple qui attendait visiblement quelqu’un ou quelque chose.

    Cette attente dura environ un quart d’heure. L’homme sortit du véhicule et vint frapper à notre porte. La femme resta assise, l’air hautain, offusqué. « Bonjour, dit ce monsieur, aimablement, avec un fort accent de Liège. Excusez-moi, mais pourrais-je utiliser votre téléphone ? La propriétaire de la maison voisine nous avait fixé rendez-vous ; elle a presque une demi-heure de retard. C’est très joli, chez vous », ajouta-t-il, en promenant ses regards à travers la pièce.

    Je ne sais pourquoi, mais cette phrase et ce regard m’inquiétèrent. Je m’étais juré de ne plus fréquenter les voisins à venir et en voilà un, présumé, qui téléphonait chez moi !

    Bien sûr, on ne peut laisser quelqu’un dans l’embarras ; les portables n’avaient pas encore cours et c’était là un service normal.

    Après une brève conversation téléphonique, il se présenta : « Jean Durieux. »

    Il m’avisa que la propriétaire était en route et s’intéressa à nous.

    Sans raison valable, mon inquiétude s’accrut et me défendit d’inviter ces personnes à attendre chez nous.

    Bref, la tractation eut lieu et bientôt, un camion déchargea tout un mobilier ; nous avions d’autres voisins.

     

  • [Livre] Un matin différent

    Parfois la vie joue de drôles de tours. Des tours pas très sympathiques !

     Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

     

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    Résumé : Tout sépare la Balinaise Iluh Semarang de l’Australien William Fitzgerald. Elle est née dans la campagne indonésienne et a grandi dans la spiritualité ; il collectionne des bimbos conquises d’avance pour se livrer à la débauche. Mais ils travaillent au quatre-vingt-seizième étage de la tour nord du World Trade Center et se rencontrent.

    Touché par la grâce de la jeune femme, William parvient à gagner le cœur d’Iluh et obtient un rendez-vous dans un restaurant. C’est alors le matin du 11 septembre 2001. Minute par minute, la catastrophe approche. Il va leur rester très peu de temps pour vivre leur amour.

    À huit heures quarante-six, William revient vers Iluh après avoir rapidement parcouru la cinquantaine de mètres qui sépare son bureau de celui de son amie. La webmaster est installée au centre de la façade nord de la tour. Ils regardent tous les deux les vitres qui dominent la ville. Vingt-six secondes plus tard, l’impensable survient. Une ombre gigantesque obstrue le ciel…

    Auteur : Oksana et Gil Prou

    Edition : Artalys

    Genre : Drame

    Date de parution : 23 mars 2015

    Prix moyen : 14,90 €

    Mon avis : Ce livre est écrit dans un style qui plaira sans aucun doute à certaines personnes : Un mélange d’histoire d’amour, de drame et d’essai philosophique. Malheureusement ce n’est pas mon cas.
    Dès les premières pages du livre, je remarque que les auteurs répètent à plusieurs reprises les informations qui leur semblent importantes mais après avoir lu la moitié du roman, je pense qu’il n’était plus nécessaire de les rappeler (la date, la nationalité de la jeune femme, l’étage où ils se sont rencontrés et où ils travaillent).

    J’ai aussi été déroutée par les changements systématiques et intempestifs de temps : présent, passé simple, imparfait… J’ai trouvé la concordance des temps un peu hasardeuse et cela m’a gênée dans ma lecture, du moins au début.

    Ensuite, mais là c’est vraiment un détail, je trouve assez peu agréable de lire les dates en toutes lettres : deux mille un ; mille neuf cent quatre vingt dix huit…
    J’ai eu la sensation, avec les passages de réflexions existentielles, d’être coupée dans mon élan de lecture. Ce n’était pas forcément des passages inutiles ou inintéressants mais je les ai trouvés mal placés, le changement était trop brutal entre l’histoire et ces passages.

    Au fil de ma lecture, je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire à cause d’un style lourd et qui manque de fluidité. La rédaction est ampoulée et verbeuse, il est assez difficile de suivre le fil du récit.

    Ce n’est que dans le dernier paragraphe du chapitre 13 que l’histoire s’anime un peu (et pour cause…)
    Je n’ai pas compris le chapitre 14. Plutôt que de décrire la réactions des différents personnages secondaires lorsqu’ils entendent le bruit provoqué par l’avion, il ne s’arrête que sur l’ami de William, dont on a certes entendu parler mais que l’on a pas suivi un instant de tout le livre, et sur la colocataire d’Iluh, que l’on a à peine « croisée » mais dont il semble soudain important à l’auteur de nous raconter le passé. Je me suis dit, sur le moment, que ce chapitre avait sans doute sa raison d’être et que je la comprendrais dans les derniers chapitres.

    Et puis c’est fou tout ce qu’ont le temps de penser les personnages entre le moment où ils voient arriver l’avion qui se trouve à 22 mètres et avance (ce n’est pas moi qui le dis, c’est les auteurs qui le précisent) à une vitesse de 219 mètres/secondes.

    Alors il est clair que c’est voulu par les auteurs et cela montre bien le temps qui se fige pour ces personnes qui voient la mort arriver, mais je n’ai pas accroché. Il est vrai que c’est bien écrit et que le stress monte à chaque fois que l’on voit la mention de la distance qui reste à parcourir à l’avion avant l’impact (ça doit être pour ça que ça ne m’a pas plu, trop stressant, je suis une petite nature).

    Quant à la fin, elle est abrupte. Sans doute était-ce voulu par les auteurs, mais je me demande pourquoi avoir consacré un chapitre aux deux personnages secondaires si ce n’était pas pour faire un épilogue sur eux, sur leur ressenti après le drame ?

    C’est dommage ne n’avoir pas su mieux exploiter une idée qui était prometteuse. Le résumé donnait vraiment envie de lire le livre et la déception a été dure.

    En revanche, un des points forts du livre, à mon sens, c’est le vocabulaire recherché et varié que les auteurs emploient. J’ai été surprise de découvrir qu’on ne disait pas les infractuosités, comme je le croyais, mais les anfractuosités ! Comme quoi, on en apprend tous les jours sur notre langue ! 

     

    Un extrait : Planté devant la boutique de la fleuriste située au coin de sa rue, William hésite un instant. Un instant seulement car le nom de cette boutique est suffisamment évocateur : « Fleurs de feu, arbres de soie ».

    Il entre et se plante aussitôt devant la vendeuse.

    La jeune femme brune le regarde avec une mine interrogative car l’Australien semble presque fébrile. Quelques gouttelettes de sueur commencent à perler sur son front et à la lisière de ses cheveux alors que la température extérieure n’est pas encore caniculaire. Loin de là.

    « Puis-je vous aider ?

    — Oui. »

    William ne prolongeant pas sa phrase, la vendeuse insiste :

    « Vous voulez un bouquet ? Une plante d’appartement ?

    — Je veux un beau bouquet. »

    Puis, après un instant de silence, il complète :

    « Pour une femme. »

    La jeune vendeuse sourit et se dirige vers plusieurs bouquets composés, soit de roses, soit de fleurs très panachées, mais dont l’apparente fragilité semble inquiéter le spécialiste des voyages de rêves dans des contrées lointaines.

    « J’aimerais un bouquet qui tienne assez longtemps car…

    — Car ?

    — Je souhaite l’offrir à une personne qui compte beaucoup pour moi. »

    Ravie par cette confidence dont le caractère légèrement romantique l’émeut sans doute à l’orée de cette belle matinée de septembre, la vendeuse se campe alors face à William et lui dit :

    « J’ai ce qu’il vous faut !

    — Ah ?

    — Des Broméliacées. »

    Travaillant depuis plusieurs années déjà avec des hôtels nichés dans des zones équatoriales ou tropicales au climat privilégié, William connaît parfaitement l’apparence et l’exubérance des Broméliacées dont l’espèce la plus connue, bien qu’elle ne soit presque jamais utilisée dans des bouquets bien sûr, est l’ananas que l’on peut consommer en tranches craquantes ou en jus.

    Mais il n’avait pas pensé à ça en un premier temps et cette suggestion le désarçonne un peu.

    Il reprend donc :

    « Vous pensez que des Bromélac…

    — Ce sera parfait ! » tranche la jeune vendeuse qui prend fait et cause pour un homme pensant à offrir des fleurs à la femme qu’il aime avant huit heures du matin.

    Elle se retourne vers l’arrière de la petite boutique nichée entre deux immeubles imposants et montre un présentoir avec trois bouquets magnifiquement colorés.

    « Regardez celui-ci !

    — Au centre ?

    — Oui. Au centre.

    — Il est superbe en effet. C’est quoi ?

    — Essentiellement des Tillandsias cyanea et un beau Guzmania. »

    William Fitzgerald regarde très attentivement les belles inflorescences roses en forme de raquettes allongées qui se poursuivent par une vingtaine de fleurs violettes sur chaque Tillandsia cyanea. Au centre, trône un Guzmania conifera dont le feuillage vert et rubané forme une rosette au milieu de laquelle se loge une hampe florale érigée. Composée de bractées imbriquées de couleur orange et jaune, l’inflorescence ovoïde semble quasiment sortie d’une bande dessinée tant sa géométrie est parfaite.

    L’Australien est très satisfait. C’est ce bouquet-là qu’il veut offrir à Iluh !

    Il est persuadé que ces fleurs feront vaciller le cœur d’Iluh. Lors de leur discussion d’hier, la jeune femme lui a précisé à quel point les Balinais sont fascinés par l’élégance naturelle de la nature. C’est pour cette raison que les offrandes qu’ils font chaque jour à leurs divinités propitiatoires sont principalement réalisées avec des palmes, des feuilles de Pandanus et des fleurs. Plein de fleurs.

    Des monceaux de fleurs !

    Lors de ses deux premiers voyages à Bali (Darwin est à moins de deux mille kilomètres de l’« Île des Dieux » et c’est une destination fétiche pour les Australiens…), William avait moins de vingt ans. Il privilégiait donc le surf, la bière et les jolies filles. Mais, depuis qu’il travaille pour Beyond the Paradise, il regarde désormais l’île avec un regard très différent et une certaine affection, il faut bien le reconnaître.

    Cette multiplicité d’offrandes confectionnées à la hâte, piétinées dans l’heure qui suit et immédiatement refaites, l’a convaincu que l’éphémère peut acquérir une puissance qui outrepasse, parfois, le pérenne.

    Cependant, il aimerait bien que ce bouquet remémore d’excellents souvenirs à son amie balinaise pendant plusieurs semaines.

    Il demande donc :

    « Ce bouquet durera combien de temps ?

    — Avec une vaporisation tous les trois ou quatre jours, il peut tenir ainsi pendant au moins trois mois.

    — Trois mois ! C’est parfait. Je le prends. »

    À l’instant précis où la jeune vendeuse brune se dirige vers le bouquet qu’il a choisi, William précise :

    « Pouvez-vous le faire parvenir à un endroit précis et à une heure précise ?

    — Bien sûr. Donnez-moi le nom du destinataire, l’adresse et l’heure, et nous nous occuperons de tout.

    — O.K.. Il faudra le remettre à mademoiselle Iluh Semarang aujourd’hui à dix-sept heures trente.

    — Quelle adresse ?

    — Tour nord du WTC, quatre-vingt-seizième étage, société : Tropical Foods Incorporated.

    — Ce sera fait.

    — Je vous règle tout de suite. »

  • [Livre] La boîte

    Une version moderne de la boîte de Pandore... On ne l'ouvre qu'à ses risques et périls

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Malt et Jen, deux jeunes désœuvrés, traînent leur ennui dans la ville d’Edens. Chaque jour, ils viennent sur le même banc. Et un jour, sous ce même banc, ils trouvent une boîte. Qui contient de l’argent et un numéro de téléphone. Le lendemain, une autre boîte. Qui contient encore plus d’argent. Et un message en prime : « Plus d’argent en échange d’un service ». En acceptant cette proposition, ils entrent dans le maillage d’une organisation tentaculaire qui ne les laissera plus s’échapper. S’engage alors une course-poursuite haletante, sur fond de trahison et de secrets révélés dont personne ne sortira indemne.

    Auteur : Anne-Gaëlle Balpe

    Edition : Sarbacane

    Genre : Young Adult

    Date de parution : 5 février 2015

    Prix moyen : 15,50€

    Mon avis : La première impression que j’ai eue a été que ce style d’écriture n’était pas du tout ce que j’aimais.
    Alors imaginez ma surprise quand, alors que j’avais lu, quoi, 10 pages ? J’ai réalisé que le style n’était toujours pas mon style, mais que je ne pouvais plus lâcher ce roman. Il FALLAIT que je sache la suite ! Alors croyez-moi, là je dis chapeau à l’auteur, parce que me rendre accro à un bouquin dont le style d’écriture ne correspond pas à ce que j’aime d’ordinaire, faut le faire ! Me faire lire le livre, oui, je peux passer au dessus de ce genre de choses pour lire et même apprécier un livre malgré ça, mais me rendre accro…

    Au début de ma lecture, et c’est le seul vrai bémol que j’ai trouvé à ce roman, j’ai un peu tiqué sur la facilité avec laquelle l’auteur use et abuse des grossièretés. Alors certes, c’est vrai, les ados parlent souvent comme ça. Mais comment leur faire cesser de dire « putain » à tout bout de champ si le terme est banalisé dans un livre qui leur est destiné ? Pour peu que vous leur ayez acheté vous-même le livre, ils s’en donneront à cœur joie. Les ados sont diaboliques !

    Mais bon, ceci, n’est qu’un détail (oui je suis pinailleuse, ça fait partie de mon charme).
    Ma première impression sur Malt, l’un des personnages principaux, est que bien qu’il soit de toute évidence en crise d’ado (ma ville est pourrie, c’est mieux ailleurs, personne comprend rien) il semble avoir la tête sur les épaules. Il ne fonce pas forcément les yeux fermés, sans réfléchir. Jen, sa copine a l’air au premier abord, plus spontanée voire plus irréfléchie, elle ne voit que ce que va lui rapporter le « service » qu’on leur demande, alors même qu’elle ne sait rien dudit service. Malt se pose plus de questions, même si elle semble le mener par le bout du nez.
    L’histoire se met tranquillement en place, sans se presser. C’est parfois un peu long (Une fois que Malt a dit qu’il sentait pas l’affaire, était-il vraiment obligé de le redire plusieurs fois ?). Mais dès la fin du chapitre 8, les choses « débutent ».

    J’étais environ à la moitié du livre quand j’ai compris quel était exactement la teneur du « service » et je me suis dis : « pfiou…le quatrième de couverture mentait pas…ils vont jamais pouvoir arrêter…un truc comme ça…une fois dedans, c’est mort, tu en sors pas » Et avant ça, je ne l’avais vraiment pas vu venir (ou alors c’est moi qui suis une tanche…c’est possible aussi).

    Ma première impression sur Jen, au milieu du roman, reste la même, une ravissante idiote qui n’a aucune conscience que la vie et les contes de fées ce n’est pas franchement compatible.

    Bien sur tout va très vite s’accélérer et là, je vais faire un truc que je n’ai encore jamais fait dans une chronique et je pense que vous allez me détester mais : Oh – Mon – Dieu ! La fin du chapitre 16 ! C’est…indescriptible ! Dire que je ne l’avais pas vu venir est un euphémisme ! Voilà ! C’est dit ! Allez y : détestez moi !

    Ah et je suis contente, j’avais deviné un élément depuis quasiment le début…bon peut être qu’un ado ne verrait pas venir le truc…mais à plus de trente ans…on nous la fait pas hein ?

    J’ai été impressionnée du changement qui s’opère en Malt au fur et à mesure que l’histoire avance.
    Chaque chapitre, ou presque, nous dévoile une révélation qui nous coupe le souffle ! C’est épuisant mais exaltant !

    L’épilogue est à la hauteur du reste du livre. Je n’ai pas étonnée par Jen, je ne peux pas en dire plus sans dévoiler des détails importants, mais si vous lisez le livre, vous comprendrez.
    J’ai trouvé qu’il manquait un petit quelque chose à la fin pour mon coté idéaliste mais cette fin là était probablement plus vraisemblable que celle que j’espérais.

    Enfin, il m’a fallu plus de la moitié du livre pour mettre le doigt sur ce qui me « gênait » dans le style. Le récit est à la première personne, ce qui ne me pose pas de problème, vu que beaucoup de livres, en particulier la bit lit et les dystopies choisissent ce modèle, mais, alors que dans les livres que je lis d’ordinaire, le récit emploie tout de même un langage écrit très correct, ici, il adopte la réelle manière de parler et penser des adolescents.

    Comme ce livre leur est destiné, cela leur permettra sans doute de mieux l’appréhender, de mieux comprendre l’histoire et la « morale » qu’elle essaie de faire passer à travers ce récit. Mais c’est ce style « parlé » qui m’a un peu dérangée au début de la lecture. Heureusement, l’histoire prend vite le dessus.

    C’était une belle lecture. La preuve : je l’ai dévoré en deux jours et n’ai mis tant de temps que parce qu’il a bien fallu que je dorme.

    Un extrait : On était déjà venus à Concorde, chacun avec nos parents, en tant que gosses plutôt «chanceux» d’Edens (les autres ne dépassaient pas les frontières de la ville). Mais bon, ç’avait vraiment été du trajet express, avec départ de nuit et retour le soir même, pour ne pas avoir à payer l’hôtel. Et puis, visite rapide des monuments de base – l’immeuble Millénium, le parc bleu, le pont de l’Appel – et shopping de touriste, du genre porte-clefs, cartes postales, casquettes… Cette fois, avec nos liasses en poche, on pouvait dire que c’était différent. La question de l’hôtel a été vite réglée. D’après le magazine people qu’achetait la mère de Jen, l’acteur Rode Martinez était fan des hôtels Gold Fox. Or, Jen était fan de Rode Martinez depuis qu’elle l’avait vu dans la série Get Lucky; donc, on irait au Gold Fox de Concorde. Il n’y avait rien à ajouter, c’était imparable. Et comme l’hôtel avait un parking, ça avait suffi à me faire taire. Moi, je me foutais de savoir dans quel lit de luxe on irait dormir, mais je tenais à rapporter la voiture de Karen intacte, pour éviter que Jonas ait des ennuis.

    Passés les bouchons du tunnel de l’Embarquement, on a émergé dans la capitale avec l’impression d’être les rois de la ville. Du rêve dans le pare-brise: on avait une caisse pourrie mais du fric plein les poches, et ça nous donnait tout le pouvoir du monde. Le soleil se reflétait sur les façades des buildings. Sortir d’un tunnel noir et déboucher dans une lumière éblouissante… finalement, c’était ce qu’on avait attendu toute notre vie. On a roulé lentement en remontant la rue du Commandeur. Au croisement de l’avenue Haute, Jen était carrément hystérique de bonheur. La foule sur les trottoirs, les bouches de métro, les taxis, les magasins, les affiches de film, les hôtels de luxe… on y était, cette fois! En plein dedans. Elle était à fond. Elle avait sorti sa tête pour mieux admirer les gratte-ciel et poussait des cris à chaque fois qu’on passait devant un endroit qu’elle avait vu à la télé. Et puis, à un moment, on a aperçu le corsaire William E. Freyen haut de sa colonne. Qui nous contemplait, tout juste descendu de son trois-mâts, une main sur la hanche, comme pour nous dire : « Ça fait un bail que je vous attends ! ». J’ai contourné le rond point et on s’est retrouvés devant une immense façade incurvée, surplombée de ses deux tours de verre, lisses comme la lame d’un couteau. – T’as qu’à t’arrêter là! m’a lâché Jen, presque blasée. Y a un type qui va s’occuper de la garer. Un voiturier, quoi. J’ai obtempéré, tout en me demandant d’où Jen tenait ce type d’informations. Le voiturier a effectivement déboulé, et m’a ouvert la portière en la touchant du bout des gants. On le sentait légèrement gêné, le mec… Sans doute qu’il avait l’habitude de manipuler un autre genre de carrosserie! Je lui ai filé la clef, on est entrés dans le hall – et en me retournant, j’ai vu que le gars ne s’était pas encore mis au volant. – T’as vu Jen, il croit qu’on s’est gourés et qu’on va reprendre la bagnole! – Ha ha, ouais! Quel con!

    On avait beau pouvoir se payer une ou deux nuits dans cet hôtel, je n’en menais pas large. Le tapis épais, le sol en marbre, la sculpture en cristal joliment placée dans un coin, le lustre étincelant, et les comptoirs de bois derrière lesquels se tenaient des employés tirés à quatre épingles… je me demandais à quel moment on allait gentiment nous ordonner de dégager. Jen s’est avancée vers les comptoirs tandis que je restais en retrait. J’avais l’impression qu’on nous matait comme des bêtes de foire. Ma princesse ne s’est pas laissé impressionner. Elle a dégainé son permis de conduire en demandant si on pouvait payer en cash, et ça a tout de suite détendu l’atmosphère. Une liasse plus tard, on l’avait, notre suite. La Suite Grand Premier Baie de Mowlong, plus exactement. Jen ne faisait pas les choses à moitié; si on voulait tenir plus de deux jours dans le coin, fallait espérer que nos mystérieux bienfaiteurs nous diraient vite quel «petit service» on devait rendre pour avoir le reste du pognon.

  • [Livre] La Reine Clandestine

    Le destin à la fois incroyable et douloureux d’une jeune veuve que rien ne destinait à devenir reine

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    Résumé : 1464, L'Angleterre se déchire. La maison d'York, avec à sa tête le roi Édouard IV, s'oppose à la maison de Lancastre, qui souhaite lui reprendre le trône. Le jeune roi fait alors la connaissance d'Élisabeth Woodville, veuve et mère de deux garçons. Séduit par son extrême beauté, il l'épouse en secret.
    Richard Neville, comte de Warwick, cousin et principal conseiller du roi, réprouve cette union qui contrecarre ses desseins politiques. Il voit de plus son influence décroître au profit des proches d'Élisabeth. Neville passe alors à l'ennemi et rejoint la maison de Lancastre.

    Auteur : Philippa Gregory

    Edition : L’archipel

    Genre : Historique

    Date de parution : 3 janvier 2013

    Prix moyen : 8,65 €

    Mon avis : Après deux sœurs pour un roi, qui relate la période « Anne Boleyn », puis l’héritage Boleyn, qui raconte l’histoire d’Angleterre entre la mort de celle-ci et la mort d’Henry VIII (récit à plusieurs voix), Philippa Gregory revient en arrière, bien avant la folie conjugale d’Henry VIII, avec la reine clandestine qui nous fait connaître la période entre la guerre de pouvoirs des York et des Lancastre et la montée sur le trône d’Henry Tudor, sous le titre d’Henry VII.
    Voilà un jeune roi qui épouse en secret la veuve d’un homme du « camp adverse ». Elle verra le pouvoir changer de main, l’Angleterre s’enflammer. Elle tremblera pour elle-même et ses enfants. Elle sera la mère des princes de la Tour de Londres, les deux petits princes mystérieusement disparus, supposés assassinés, mais dont l’histoire n’a jamais pu déterminer le sort ni les assassins si assassins il y a. Philippa nous livre d’ailleurs sa version personnelle de l’affaire, un point de vue intéressant et aussi crédible que tous ceux qui ont été avancés au cours des années. Elle sera aussi la mère d’Elizabeth York, fiancée à Richard III, puis épouse d’Henry Tudor. Celle qui sera la mère d’Henry VIII et qui donnera son prénom à la plus grande reine que l’Angleterre ait connu : Elizabeth Ière.
    Comme à son habitude, Philippa Gregory nous livre une version romancée mais très documentée de l’histoire d’Angleterre. C’est vraiment un plaisir de la lire et d’être transportée, pour quelques heures à cette époque très belle mais d’une cruauté sans nom.
    Les mauvais points du livre (il faut bien qu’il y en ait) sont l’insertion dans l’histoire d’une descendance de la mère de l’héroïne de la fée Mélusine. L’histoire est assez riche sans avoir besoin de rajouter de la sorcellerie, surtout que de la manière dont c’est raconté, on ne pense pas seulement qu’Elizabeth et sa mère y croient seulement, mais que c’est un fait avéré. J’aurais préféré qu’elle insiste sur le fait que ces femmes croient qu’elles sont des sorcières, plutôt que de laisser entendre qu’elles en étaient effectivement.
    Le second point « négatif, est qu’il y a parfois quelques longueurs au milieu du bouquin. Mais rien d’insurmontable.
    Cela reste quand même un livre qui fait partie de mes coups de cœur 2014 !

    Un extrait : Automne 1469
    Warwick revient à la cour dans la peau de l’ami fidèle et du mentor loyal. Nous devons donner l’image d’une famille que les désaccords poussent parfois à se quereller mais dont l’affection ne se dément jamais. Édouard joue son rôle avec succès. Pour ma part, j’accueille le comte avec froideur. Il m’est imposé de recevoir avec aménité cet homme qui assassina mon père ainsi que mon frère et emprisonna mon époux. Fort bien, je ne laisserai échapper aucune récrimination. Toutefois, Warwick n’ignore nullement qu’il s’est attiré une dangereuse ennemie pour le restant de ses jours.

    — Votre Majesté, me salue-t-il d’un ton suave à son arrivée, sûr de son impunité.

    Je suis prise d’un sentiment familier d’infériorité en sa présence. Ce grand homme avait pris en main l’avenir du royaume quand je devais encore obéissance à mon premier époux et respect à la mère de celui-ci. À ses yeux, ma place est à Grafton, à nourrir les poules.

    J’aspire à me montrer froide mais je crains d’apparaître boudeuse en prononçant contre mon gré :

    — Je vous souhaite la bienvenue à la cour.

    — Votre Altesse est trop bonne, sourit-il. Une souveraine née.

    Mon fils, Thomas Grey, laisse échapper une exclamation encolérée et quitte la pièce. Le sourire de Warwick s’élargit.

    — Ah, la jeunesse, s’exclame-t-il. Que voici un jeune homme plein de promesses.

    — Je me réjouis seulement qu’il ne se soit point trouvé en compagnie de son oncle et de son grand-père à Edgecote Moor, réponds-je, le cœur débordant de fiel.

    — Oh, moi de même !

     Peut-être fait-il naître en moi ce sentiment d’être stupide et impuissante, mais je dispose d’autres forces. Au fond de mon coffret à bijoux gît un médaillon d’argent noirci. Dans celui-ci se trouvent son nom, Richard Neville, et celui de Georges, duc de Clarence, que j’écrivis de mon sang sur un fragment déchiré de l’ultime lettre de mon père. Ma malédiction pèse sur mes ennemis. Ils n’échapperont pas à la mort.

     

     

  • [Livre] Rescapée de la scientologie

    La scientologie: religion ou secte? Son fonctionnement reste très secret. Mais après des années passées en son sein, la propre nièce du dirigeant actuel témoigne. Un récit qui fait froid dans le dos. 

     

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    RésuméJenna Miscavige Hill, la nièce du chef actuel de la Scientologie, dévoile, pour la première fois, comment elle a grandi dans la Scientologie et comment elle a réussi à en sortir. Le récent divorce de Tom Cruise et de Katie Holmes a attiré l’attention sur les conditions de vie des enfants dans la Scientologie. Dans son livre, Jenna révèle comment elle a été séparée de ses parents, et comment elle a intégré la Sea organisation qui chapeaute l'ensemble de la Scientologie dans le monde entier. Fondée en 1952 par L. Ron Hubbard, la Scientologie suscite dans le monde entier de nombreuses interrogations et controverses. Dans ce livre évènement Jenna Miscavige Hill met en lumière les aspects les plus troubles de l’organisation : des pratiques de récolte d’argent au travail des enfants. Jusqu’à révéler comment la Scientologie recrute des stars pour assurer la promotion de l’organisation.


    Auteur
    Jenna Miscavige Hill


    Edition: Kero

    Genre: Témoignage

    Date de parution: 06 février 2013

    Prix moyen: 19,90€

    Mon avis: Ce livre est effrayant. Il montre bien que la scientologie n'est pas une religion mais une secte. Voilà une petite fille qui grandit dès l'age de deux ou trois ans sans jamais voir ses parents car pour l'église, passer du temps avec ses enfants est du temps "volé" à l'église. Une petite fille qui veut tellement être comme ses parents et avoir la possibilité de les voir plus souvent qu'à l'age de 7 ans, elle signe un contrat pour un milliard d'années. Au ranch, là ou on élève les enfants, elle a le poste d'infirmière: à 7 ans!! Vous imaginez le danger dans lequel cela met les enfants?
    Les enfants servent littéralement d'esclaves, eux, comme les jeunes adultes, subissent de vrais lavages de cerveaux quand ils ne sont pas carrément envoyés dans des "camps de redressement". C'est de la séquestration, pure et simple.

    Sur une durée de près de cinq ans, elle a du voir ses parents deux fois, tout ce qu'elle dit, pense, ressent est analysé, extirpé et retourné contre elle.
    Il faut dire que l'église pense, ou du moins utilise cette excuse, que les enfants ne sont que les nouvelles enveloppes d’âmes plus anciennes, donc déjà adultes.
    Le simple fait de parler quelques minutes avec un garçon peut être vu comme un comportement inadéquat. Et entraîne des sanctions.
    Jenna a pu s'enfuir, car c'est bien le terme "s'enfuir", on ne quitte pas seulement l'église, il faut leur échapper, échapper à leur pression, à leurs menaces, leurs intimidations... Jenna donc a pu s'enfuir parce qu'elle n'était pas seule. Mais combien d'autres jeunes filles et jeunes hommes sont piégés dans une vie qui est la seule qu'ils connaissent mais dont ils sentent bien qu'elle n'est pas "normale".
    Bien entendu, toutes ces brimades, les "stars", les Tom Cruise et autres célébrités qui prônent l'adhésion à cette église, ces stars n'en subissent pas le tiers. Sans doute l'argent qu'ils donnent à l'Eglise les dispensent-ils de subir les mauvais côtés de la doctrine inventés par L. Ron Hubbard qui, rappelons le, est avant tout un écrivain de science fiction doublé d'un grand manipulateur.

    Un extraitLe lendemain, nous devions nous trouver à la base à onze heures du matin et, dès que j’y mis le pied, je compris que la discipline était plus stricte que jamais. J’appris rapidement que l’emploi du temps avait changé. Il n’y avait plus de périodes consacrées aux exercices personnels ; les pauses déjeuner étaient réduites à quinze minutes ; le projet Nettoyage du Navire – le seul moment de la semaine où nous pouvions faire notre lessive et notre ménage – ne durait plus que deux heures ; les privilèges de « cantinage » avaient été supprimés : nous n’avions plus le droit d’acheter quoi que ce soit à la cafétéria, y compris de la nourriture. Depuis trois mois, la base entière était punie, rétrogradée à une condition basse.

    Cette fois-ci, ce n’était pas seulement moi qui avait un problème avec ces traitements : Dallas était également perturbé. Nous étions du même avis sur l’Église, bien plus qu’avant de partir en Australie. Au moment de subir notre débriefing standard d’après-mission, je fus un peu étonnée que Dallas avoue avoir regardé des films et diverses émissions ; cela tombait mal. J’avais décidé d’en dire le moins possible, en particulier sur les sujets dont l’Église n’aurait rien pu savoir, mais la soumission de Dallas rendait cette décision inutile. Pendant mon propre interrogatoire, on me demanda d’estimer quelle quantité d’argent j’avais gaspillée en étant improductive et en gaspillant nos fonds ; je l’estimai donc à trois mois de loyer, plus les tickets de bus et la nourriture. C’est ainsi que se passaient les confessions. Si j’avais émis l’opinion que c’était l’Église qui gaspillait son argent et que nous lui avions bel et bien rapporté 75 000 dollars, j’aurais encore eu des ennuis.

    La situation sur la base était déjà inquiétante, mais le 13 mars, anniversaire de L. Ron Hubbard, nous vîmes clairement l’ampleur des dégâts. Pour des événements de cette importance, nous devions vendre des éditions nouvelles ou révisées des livres ou des conférences de Hubbard, en baratinant les gens comme des camelots. Il nous fallait absolument atteindre notre objectif de ventes, ce qui était toujours impossible. Cette année-là, l’ensemble du personnel, soit cinq cents personnes, resta toute la nuit au Sanctuaire à appeler les gens pour qu’ils nous achètent nos livres. Si nous n’étions pas au téléphone, on nous disait de nous mettre au travail. Il n’y avait ni eau ni nourriture, et nous n’avions pas le droit d’aller en chercher. La sécurité surveillait la porte pour que personne ne sorte avant sept heures et demie du matin.

    Certaines personnes réussirent à sortir plus tôt, comme une femme de soixante-dix ans souffrant d’emphysème, qui partit à trois heures du matin. Cependant, ces gens étaient traités durement au rassemblement du lendemain. Ils étaient appelés à sortir du rang et réprimandés ; on leur disait qu’ils étaient méprisables et que leur comportement était répugnant. En guise de punition, ils devaient nettoyer une benne à ordures pendant une heure. La semaine suivante, on nous avertit que si l’un d’entre nous essayait de sortir des rails, le groupe tout entier se retrouverait puni, à nettoyer des bennes.