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[Livre] Les petites reines

On les a élu Boudins de leur école… Elles vont en tirer avantage

Je remercie des éditions Sarbacane pour cette lecture

 

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Résumé : Mireille Laplanche est élue Boudin d’Or de son lycée de Bourg-en-Bresse depuis trois ans. Cependant, cette année, elle est seulement Boudin de Bronze. Heureuse déception! Elle rencontre Hakima et Astrid, respectivement Boudin d’Argent et Boudin d’Or, et les trois jeunes filles s’aperçoivent qu’elles ont quelque chose en commun. Quelque chose qu’il faut aller chercher le 14 juillet, à la garden-party du palais de l’Elysée, à Paris…
Pour se simplifier la vie, autant y aller à vélo, en vendant du boudin, avec le grand frère vétéran de guerre d’Hakima, non?


Auteur : Clémentine Beauvais

Edition : Sarbacane

Genre : Jeunesse

Date de parution : 01 avril 2015

Prix moyen : 15,50€

Mon avis : Je vais rejoindre le clan de ceux qui ont aimé ce livre. Je ne me suis pas ennuyée une seconde. Dès le premier chapitre, l’humour de Mireille m’a fait rire. Elle n’a pas la langue dans sa poche et elle sait utiliser les mots à bon escient. Pour le plus grand désespoir de sa mère d’ailleurs.

Concernant le « concours de boudin », je suis consternée par la complaisance des adultes. Entre la directrice du collège/lycée qui prétend ne rien pouvoir faire parce que cela se passe sur internet (si le petit imbécile qui a créé ce concours insultait ses profs, elle se serait sans doute empressée de réagir) et les parents de ce jeune homme qui laissent faire, comme si de rien n’était. Qu’on ne me dise pas qu’à 14 ans, on ne peut pas lui couper sa connexion, lui faire fermer une page sur les réseaux sociaux, prendre des sanctions qui lui feraient passer l’envie d’être aussi c*n !

Mireille prend ça avec philosophie (ça doit être dans le sang, la philosophie). Astrid et Hakima, nouvelles sur cet affreux podium, le prennent nettement moins bien (bien qu’Hakima ait d’autres chats, bien plus importants, à fouetter).
Après pour le réalisme, je reste un peu sceptique. Une semaine de vélo, en trainant une sorte de baraque à frites (assez grande pour contenir un frigo et se changer, donc qui doit pas être des plus légères), à raison d’une dizaine d’heure de vélo par jour. Et tout ça en n’ayant jamais fait de sport de leur vie et avec une petite semaine d’entrainement (2h par jour environ). Le voyage semble pourtant assez facile, à dégouter les cyclistes professionnels de s’entraîner autant !

Cependant, elles le font, elles vont de villes en villes, en vendant leurs boudins, blanc, noir ou végétarien avec une sauce, pour financer leur voyage.
Si au début elles font ça de manière relativement anonyme, la nouvelle se répand comme une trainée de poudre et leur petit périple devient un événement : elles sont accueillies par les maires, on leur offre repas et nuitées… bref c’est (presque) la gloire.
L’auteur a su parfaitement retranscrire la bêtise des commentaires des internautes et de certains magasines en ligne (soit ils sont vraiment stupides et ont trouvé que leur apparition dans un livre était un compliment, soit elle va se retrouver avec un procès, j’espère qu’elle a couvert ses arrières).
A croire, franchement, qu’elle a posté un faux article et récolté les commentaires en prévision de ce livre, tant c’est proche des inepties que l’on peut lire, quelque soit le sujet d’ailleurs.

On attend la fin du périple, le but de tout ça avec impatience. J’ai été surprise, très surprise par le « final » pour l’un des personnages ; un peu déçue par celui d’un autre tout en comprenant sa décision…

C’était une lecture rythmée, amusante et qui, je l’espère, fera comprendre au public auquel elle est destinée que ce n’est pas parce que « ça se passe sur internet » que c’est justifiable et anodin.

Un extrait : Philippe Dumont a toujours été profondément triste de ne pas remplir la béance qu’a creusée Klaus Von Strudel dans ma vie. Il m’emmène au cinéma, au musée et au bowling. Il m’autorise à manger de la crème de marrons directement dans le pot. Il dit : « Vois moi comme ton père, Mireille, je suis ton père ! » Moi je mets les mains devant ma bouche et je fais : « Rhôôôôph…Rhôôôôph…Je suis ton pèèèère ! » Ensuite il vitupère : « C’est ma maison ici, Mireille ! C’est mon sofa ici ! Tu vis chez moi, je te ferais dire ! » Cela n’est vrai qu’à moitié, Maman possédant la moitié de la maison, sauf qu’elle n’a pas fini de rembourser sa partie de l’emprunt (à cause de son salaire de prof bien nul) alors que Philippe est notaire et Rotarien, ce qui veut dire qu’il fait partie du Rotary.

- C’est quoi le Rotary, Maman ?

- C’est un club de gens comme Philippe, des gens qui ont des métiers divers, et ils se rencontrent, ils échangent sur des sujets, ils se présentent leurs enfants.

Philippe m’emmène pour essayer de me présenter.

- Je vous présente la fille de Patricia, Mireille.

Les Rotariens sont en-chan-tés de serrer la main à Quasimodo au dessus d’un canapé aux œufs de saumon à la fête de Noël.
Un jour, je devais avoir neuf ans, quelqu’un d’extraordinairement perspicace a fait remarquer :

- Cette petite ressemble étonnamment au philosophe, vous savez, euh ?

Là j’ai eu comme un éclair d’espoir ; j’ai regardé cet homme glabre et couperosé et je me suis répété de toutes mes forces : « Allez dis le, dis le que je ressemble à Klaus Von Strudel, sème le doute, laisse les gens recouper les dates… Peut être que si tout Bourg-en-Bresse signe une pétition à Klaus il reconnaitra que je suis sa fille ! »
Mais au lieu de ça, une dame a répondu :

- Jean-Paul Sartre ?

Et l’homme a hoché la tête :

- Oui, exactement ! Jean-Paul Sartre !

- Ce n’est pas vraiment un compliment ! s’est esclaffée la dame.

- Non, a admis le monsieur non sans franchise.

Google -> Jean-Paul Sartre -> Vieillard bigleux d’une laideur abominable. Presque encore plus moche que Klaus.
J’ai déclaré à Maman, le lendemain matin :

- Toi, je parie que si t’avais rencontré Jean-Paul Sartre, t’aurais terminé dans son lit.

- Tu veux une claque ?

- Je dis juste qu’il avait l’air bien dans ton genre ! Un philosophe, révolutionnaire machin grande théorie et tout et tout… C’est un compliment Mamounette ! Pourquoi tu prends tout mal ?

- Arrête de me manquer de respect. Je ne passe pas mon temps à coucher à gauche et à droite, avec des philosophes ou non.

- Toute façon, je t’annonce qu’il est mort, j’ai dit. Il est mort en 1980, Jean-Paul Sartre. Et moi je suis née des dizaines de milliers d’années après, donc aucun doute, ça ne pouvait pas être mon père.

- Je te le confirme, a grincé ma mère.

Ensuite, j’ai chanté la marche funèbre (tam-tam-tadam-taaam-tadam-tadam-tdam) pendant un très long moment, afin de rendre hommage à la mémoire de Jean-Paul Sartre. Ca a fini par agacer Maman « Tais toi Mireille, tu nous casses les oreilles, enfin ! » Là j’ai sorti un truc qu’il fallait pas :

- Tu sais ce qu’on a appris en Histoire-Géo, Mamounette ? Après la Deuxième Guerre Mondiale, on a tondu toutes les Françaises qui avaient couché avec des Allemands. Alors tu imagines, à quelques années près…

Elle m’a dévisagée, on aurait juré qu’elle se repassait mentalement ce que je venais de dire sans y croire. Ca m’a fait un peu peur mais j’ai quand même ajouté, pour rire :

- Couic ta touffe !

Splaf la baffe.

- Monte dans ta chambre. Je ne veux plus te voir.

 

Je ne sais pas pourquoi j’aime à ce point exténuer ma mère. Je ne sais pas pourquoi j’ai jeté dans les toilettes tout le flacon de Flower by Kenzo , que Philippe Dumont m’avait gentiment offert pour mon anniversaire – « dis donc Mireille, tu as remercié Philippe pour le parfum qu’il t’a gentiment offert pour ton anniversaire » -, et sans tirer la chasse, histoire de bien lui faire comprendre que ses 54 euros de fragrance avaient fini dans les égouts.
Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme ça.

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