Quand une petite fille a vécu l'horreur, la patience d'une mère d'accueil suffira-t-elle à la sauver?
Résumé: Quand Cathy Glass, mère d’accueil, se voit confier Jodie, huit ans, elle ignore encore qu’elle va vivre le cas le plus terrible de sa carrière. Jodie, qui est extrêmement violente, a le niveau mental et moteur d’une enfant de quatre ans, et souffre de dédoublement de la personnalité... Quelles atrocités ses parents ont-ils bien pu lui faire subir pour la détruire à ce point ? Sa mère d’accueil va découvrir l’horreur absolue...
Auteur: Cathy Glass
Edition: France Loisirs
Genre: Témoignage
Date de parution: 2011
Prix moyen: 7,65€
Mon avis:C'est le deuxième livre de Cathy Glass que je lis. D’ailleurs, j'ai pris les choses à l'envers car ce livre ci a été écrit avant "Ne dis rien" que j'ai pourtant lu en premier (ce qui ne gêne absolument pas la lecture cela dit).
Dans ce livre on sent bien que l'enfant a de gros problèmes et pendant toute la lecture, on se demande si Cathy va pouvoir l'aider.
Avec la petite Jodie, à chaque fois que Cathy fait un pas en avant, elle en fait deux en arrière et trois sur le coté.
Quand la fillette commence à s'ouvrir, à demi-mots d'abord, puis plus franchement, on commence à reprendre espoir.
Mais les révélations de la gamine se font par bribes, et vont crescendo...à chaque fois qu'elle s'ouvre, elle décrit un cran supplémentaire dans l'horreur.
Les vingt ans d'expérience de Cathy semble la laisser désemparée face à cette petite boule de nerfs dont elle est la 5ème ou 6ème famille d'accueil en 4 mois. Après maintes demandes, questionnements, ruses parfois, Cathy finit par comprendre que la fillette a été virée de ses autres foyers parce que les parents nourriciers en avaient peur.
8 ans, et qui effraie tout le monde. Le challenge est de taille.
Comme pour "Ne dis rien" Cathy pointe les défaillances du système et celles du personnel. Aucune surcharge de travail, aucun manque de personnel, aucune fatigue, ne justifie l'indifférence coupable de l'assistante sociale censée suivre le cas de Jodie. Une assistante sociale qui ne répond pas même à ses obligations légales en venant voir comment se passe le placement.
On espère de toutes nos forces un "happy end" pas un "et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" mais presque.
Et puis pas de happy end. Parce qu'on est pas dans Cendrillon. Mais plutôt une fin douce-amère. Certes on a retiré cette petite fille au monde d'horreur dans lequel elle vivait. Mais va-t-elle pour autant être heureuse? Trouver le bonheur? Vivre? A vous de le découvrir...
Un extrait: Il nous fallut presque deux heures pour terminer les achats de la semaine, et lorsque nous arrivâmes enfin aux caisses, Jodie aperçut l’étalage de confiseries, tentation suprême au coin de l’allée. Je commençai à poser les marchandises sur le tapis roulant, et lui dis de choisir un paquet de bonbons en cadeau, parce qu’elle avait été très gentille et m’avait aidée.
— Un seul, répétai-je tandis que les sachets de sucreries se mettaient à pleuvoir dans le caddie.
Mais je voyais son désir de coopérer fondre comme neige.
— Prends les bonbons au chocolat, tu les aimes bien.
— Je les veux tous ! cria-t-elle.
Puis elle s’assit par terre d’un air de défi. La femme derrière nous dans la file, manifestement peu impressionnée par mes qualités de pédagogue, me décocha un regard dédaigneux. Je finis de poser les marchandises sur le tapis, bonbons inclus, et replaçai les sachets sur le présentoir. J’observai Jodie du coin de l’œil. Sa colère montait alors qu’elle repliait les jambes, croisait les bras et prenait un air sarcastique. Elle donna un coup de pied dans le chariot, qui me heurta les côtes. Je serrai les dents, feignant de n’avoir rien senti. Je tirai le caddie entre les caisses, tout au bout, prêt à recevoir les sacs.
— Tu vas m’aider à ranger les affaires ? demandai-je à Jodie, essayant de la distraire. Tu m’as beaucoup aidée dans les rayons et tu me serais bien utile à présent.
Elle fuyait mon regard ; je commençais à m’interroger sur la manière de la déloger de l’allée, mais j’étais résolue : elle n’obtiendrait pas satisfaction par une scène en public.
— Je veux pas ces bonbons ! hurla-t-elle soudain. Je les aime pas.
Je fixai mes yeux sur elle.
— Ne crie pas, s’il te plaît. Je t’ai dit que tu pouvais en choisir un, mais dépêche-toi. Nous allons partir.
Les gens nous dévisageaient ouvertement, désormais. De mauvaise grâce, Jodie se hissa sur ses pieds, empoigna un énorme sachet de berlingots et le jeta à la caissière.
— Jodie !
Je me tournai vers la caissière, occupée à échanger des regards éloquents avec la femme derrière nous.
— Je suis vraiment navrée.
Je payai, renouvelai mes excuses, et nous sortîmes.