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[Livre] Atlantia

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Résumé : Depuis que la population a été divisée, une partie de l’humanité vit sous l’eau, dans la cité d’Atlantia, comme Rio et sa sœur jumelle, Bay. Tandis que les autres sont restés à la surface de la terre. Lorsqu’à l’heure du choix, le jour de ses dix-huit ans, Bay décide d’aller vivre En-Haut, Rio se sent trahie. Car c’est elle qui rêvait depuis toujours du sable et du ciel d’En-Haut. Mais un seul membre par famille est autorisé à partir. Pourquoi sa sœur l’a-t-elle abandonnée sans explication ? Tout en élaborant un plan pour la rejoindre, Rio se confronte au mystère qui entoure la mort de leur mère. Aidée par un garçon troublant, elle aura besoin de tout son courage et de sa persévérance pour découvrir les vérités qu’on lui cache. Sur elle-même, sa famille, mais aussi sur le beau monde d’Atlantia qui s’effrite, et les véritables dangers qui le mettent en péril…

Auteur : Ally Condie

Edition : Gallimard jeunesse

Genre : Young Adult

Date de parution : 5 juin 2015

Prix moyen : 16,50€

Mon avis : J’ai bien aimé Rio, l’héroïne, qui se débat avec ses doutes et avec des vérités qu’elle découvre au fur et à mesure de son histoire et qui ne sont pas franchement faciles à avaler.
Par contre les autres personnages proches d’elle : sa sœur, Bay ; sa tante, Sea et sa défunte mère, Océana dont on parle beaucoup, m’ont énervée. Chacune d’entre elles est dans un trip « il faut sauver le soldat Ryan », le soldat Rio ici. Plutôt que de lui dire les choses, elles préfèrent tout faire dans son dos, elle semble être manipulée en permanence par ceux qui lui sont le plus proche.
Quant à Atlantia, c’est une dystopie typique : un monde qui semble parfait mais qui semble s’effriter au fil des pages. Dans le résumé, on dit qu’un seul membre par famille peut partir En Haut mais ce n’est pas tout à fait ça. En fait c’est même l’inverse : pour chaque génération, chaque famille doit obligatoirement avoir un membre qui reste à Atlantia. Donc pour les enfants uniques, le choix ne se pose pas, ils sont obligés de rester. D’ailleurs Atlantia se pose de plus en plus comme une prison au fil des pages : gardiens de la paix, couvre feu obligatoire, type de travail imposé, mines marines autour de la cité pour empêcher les tentatives de fuite…
Et comme dans toute bonne dystopie, une infime partie de la population n’est pas comme les autres. Ici ce sont les sirènes, appelées comme ça pas parce qu’elles peuvent respirer sous l’eau et qu’elles posséderaient une queue de poisson, mais parce que leur voix hypnotique leur permet de contrôler les foules.
Et toujours comme dans toute bonne dystopie, il y a un méchant, ici le ministre d’En Bas, Nevio, que l’on pose comme le grand méchant de l’histoire dès le début.
Pour certains autres personnages, on ne sait pas trop quel est le but et si Rio peut ou non leur faire confiance. C’est le cas de Sea, sa tante, énigmatique et qui ne donne jamais d’information complète.

Pendant plus de la moitié du livre, la question qui se pose est : est-ce que Rio arrivera à fuir Atlantia et à rejoindre sa sœur En Haut ? Mais En Haut, est-ce aussi bien que le rêve Rio ? Et quel secret cache Atlantia ?
Si j’ai un reproche à faire à ce livre, c’est qu’on ne sait pas, à la fin, ce qu’il advient de tous les personnages. Il y a plusieurs d’entre eux dont on cesse simplement de parler et aucune explication n’est donnée sur leur devenir. Et pour l’un d’entre eux en particulier, j’aurais bien aimé pouvoir mettre un point final à son histoire.
Malgré ce petit bémol, j’ai beaucoup aimé ce livre qui est une des (trop) rares dystopies à tenir en un seul tome (et oui, les auteurs, parfois, on a pas envie de lire des sagas).


Un extrait : Et pour ne pas être séparées, nous n’avons pas d’autre choix que de vivre En Bas. Car si nous pouvons toutes les deux décider de rester, en revanche, nous ne pouvons pas partir ensemble car il n’y a que deux enfants dans notre famille. Un représentant de chaque lignée génétique doit demeurer à Atlantia.

Encore quelques personnes et ce sera à moi.

Névio, le Ministre, me connaît, évidemment, mais quand je me présente devant lui, son expression est impassible, comme pour ceux qui m’ont précédée. Ma mère aurait fait de même, mais elle avait une autre manière de porter sa toge de Ministre, toujours sereine, un peu détachée. Cependant, aurait-elle gardé sa contenance si je lui avais annoncé que je partais En Haut ?

Je ne le saurai jamais.

Il y a une coupe bleue pleine d’eau de mer, une marron remplie de terre. Je ferme les yeux pour annoncer ma décision de la voix qui convient – la voix plate et contrainte que ma mère m’obligeait à employer afin de masquer le don et la malédiction de la vraie. Et je déclare :

– J’accepte mon destin En Bas.

Le Ministre m’asperge le visage d’eau salée pour me bénir et c’est fini.

Je me tourne vers Bay, qui s’avance vers l’autel. Elle a quelques minutes de moins que moi, c’est pour cela qu’elle passe après. En la regardant, j’ai l’impression de me voir faire mon choix. L’air climatisé du temple ondoie au-dessus de nous, comme si Atlantia respirait vraiment.

Bay a une voix douce, mais je n’ai aucun mal à l’entendre.

– Je choisis de me sacrifier En Haut, dit-elle.

Non ! Bay ! Elle s’est trompée. Elle était stressée, elle n’a pas prononcé la bonne phrase.

Je me précipite à son secours. Il doit y avoir un moyen de revenir en arrière.

– Attends, Bay !

Je lève les yeux vers Névio pour voir s’il peut intervenir, mais il se contente de la fixer, l’air un peu surpris. Je ne lui jette qu’un regard, seulement c’est déjà trop. Les gardes de la paix entourent Bay comme chaque personne qui choisit de partir En Haut.

– Attendez !

Personne ne m’entend. Personne ne prête attention à moi. C’est justement pour qu’on ne me remarque pas que je parle avec cette voix.

– Bay !

Cette fois, ma vraie voix transparaît légèrement, si bien qu’elle se tourne vers moi, presque malgré elle.

Je suis stupéfaite de la tristesse que je lis dans ses yeux, mais pas autant que de la détermination que j’y vois également.

Elle l’a fait exprès.

Durant les quelques secondes qu’il me faut pour intégrer l’impossible – ce n’est pas une erreur, Bay veut partir – ils l’entraînent à l’écart.

Je me fraie un passage dans la foule, vite, sans bruit, pour ne pas faire de remous, ne pas être arrêtée. Les prêtres me connaissent, ils savent que ma sœur et moi, nous sommes inséparables. Déjà certains d’entre eux me rejoignent pour me bloquer la route, l’air compatissant.

Pourquoi a-t-elle fait ça ?

Justus, l’un des prêtres les plus sympathiques, s’approche, veut me prendre la main.

– Non !

Je proteste de ma vraie voix, exprimant avec violence ma vraie souffrance, ma vraie colère. Justus laisse retomber son bras. Levant les yeux, je vois son expression choquée, abasourdie, comme si mon simple non l’avait giflé.

Je viens de rompre ma promesse. J’ai parlé de ma vraie voix en public. Et comme ma mère m’en avait avertie, il n’y a pas moyen de revenir en arrière. C’est un supplice de voir l’air horrifié de Justus. Justus qui me connaît depuis toujours. Je n’ose pas jeter un regard vers la foule pour voir qui d’autre m’a entendue.

Mes pieds ont beau être fermement campés sur le sol d’Atlantia, je me dissous.

Ma sœur est partie.

Elle a décidé d’aller En Haut.

Elle ne ferait jamais ça.

Elle l’a fait.

Bay m’a demandé si j’entendais la cité respirer.

J’entends ma propre respiration, maintenant. Inspiration, expiration. Je vis ici. Je mourrai ici.

 

Je ne partirai jamais.

 

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