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[Livre] Fils unique

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Résumé : Lydia Danse croit avoir enfin trouvé le bonheur du foyer. Son mari semble le meilleur des hommes. Leur jeune fils est merveilleux. Pourtant le Mal se cache sous son propre toit. Les années passant, la façade s'effrite, et son mari, sûr de sa toute-puissance, resserre son emprise sur sa famille. Tous les moyens de coercition sont bons, pourvu qu'ils lui procurent l'ivresse du pouvoir. Prête à tous les sacrifices et à se mettre elle-même en danger, Lydia fera tout son possible pour tirer son fils de ses griffes. Mais Arthur Danse n'est pas homme à renoncer à ce qui lui appartient. Ce qu'il prend par la force, il s'y accroche et ne le lâche pas... Voici la lutte désespérée d'une femme démunie, épouvantée par la souffrance de son fils, terrorisée par un mari violent, mais qui trouvera la force de s'opposer à lui, alors que toutes les armes finissent par se retourner contre elle. 

Auteur : Jack Ketchum

Edition : Bragelonne

Genre : Drame

Date de parution : 15 février 2009

Prix moyen : 20€

Mon avis : « Une fille comme les autres », autre livre de l’auteur m’avait bouleversée. Celui-ci m’a en plus mis en rogne et d’autant plus que l’histoire est tirée d’un fait réel.
Ici, contrairement à bon nombre de témoignage sur l’inceste, la mère, Lydia, ne ferme pas les yeux, ne se voile pas la face, elle agit. D’abord en se protégeant elle-même puis, dès qu’elle découvre ce qu’il se passe avec son fils, elle se jette immédiatement dans la bataille. Mais voilà, elle est abandonnée par tous : amis de son ex mari qui n’hésitent pas à faire de faux témoignages, avocat qui cherche à faire influencer le juge, son propre avocat qui est dépassé par ses propres problèmes et ne se montre pas toujours très efficace, le juge lui-même qui a un à priori contre elle et qui laisse cet à priori dicter son jugement…
Le système, censé protéger les enfants, se retourne ici contre Lydia et son fils, donnant le beau rôle à son mari, élevé dans l’idée qu’il pouvait faire tout ce qu’il voulait sans avoir de compte à rendre à personne. Dès les premières pages, avant même leur rencontre, on a un aperçu de la vraie nature de ce monstre.
Je ne sais même pas comment ce juge a pu continuer à se regarder dans une glace.
Parfois, même si c’est injuste, car ce n’est qu’un petit garçon de 8 ans, j’ai eu envie de secouer le gamin et de lui hurler de parler, d’enfin dire la vérité ! De lui dire qu’il ne faisait qu’envenimer les choses pour lui-même en se taisant.

Certaines décisions prises dépassent l’entendement. Et la fin est au-delà de tout. A se demander si les personnes qui ont pris ces décisions ont une conscience et un QI plus élevé que celui d’une huître (et cette phrase est insultante pour les huîtres).
Le sheriff de la petite ville où se déroule l’histoire dit à un moment à une de ses subordonnées : « je pense que beaucoup de monde a commis des erreurs dans cette affaire ». Et pourtant, alors qu’il se blâme pour n’avoir rien fait, il est le seul à toujours avoir vu le vrai visage d’Arthur Danse, le seul à avoir voulu l’empêcher de nuire. Mais il n’a jamais pu trouver les preuves qui lui auraient permis d’agir.
Quant à la mère d’Arthur, Ruth, dès la première page, j’ai trouvé qu’elle méritait d’être jetée dans une oubliette et qu’on perde la clef. Cette femme est peut être pire que son fils et il me parait évident que c’est elle, et uniquement elle, qui en a fait ce qu’il est devenu.
En postface, Jack Ketchum a écrit quelques mots sur l’histoire qui a inspiré le livre. Et rajoute ainsi une couche d’horreur en nous rappelant que ces faits, même s’il les a sûrement romancés, se sont réellement produits.

Un extrait : Enfant, il était souvent venu par ici, La propriété jouxtait celle de ses parents. Le terrain pentu descendait jusqu’à un ruisseau sinueux et isolé où, l’été, on pouvait attraper des écrevisses. Et même en ce moment, en plein hiver, le cours d’eau se frayait un chemin au bas de la montagne, bravant la peau de glace qui menaçait de se refermer sur lui.

Après avoir traversé le torrent, il suffisait de grimper en haut de la berge pour se retrouver dans un champ d’herbe haute et brune, parsemé de broussailles. Il avait souvent chassé à cet endroit – la caille, parfois un lapin. Il n’avait pas le droit, mais le vieux Wingerter – déjà vieux à l’époque – ne venait presque jamais par là. Aujourd’hui, il était mort et les filles qui lui survivaient se disputaient la propriété, tout le monde se fichait bien de ce qu’il faisait dans le coin.

— Silence, maintenant, ordonna-t-il au garçon.

Après avoir gravi la berge, ils respiraient tous les deux avec peine et Robert avait froid, il tremblait. Mais Arthur le sentait également excité. Quel gosse ne le serait pas ? En plein air, avec son père et son AK-47 flambant neuf ? C’était comme jouer aux cow-boys et aux Indiens, mais en mieux. Parce que l’arme était absolument, froidement réelle et que même un enfant effacé comme Robert pouvait percevoir une partie de sa puissance. Hé, le gamin avait vu Rambo, pas vrai ?

Mais il leur fallut progresser plus de une heure – lentement et avec précaution – à travers l’herbe et les broussailles avant d’apercevoir quelque chose. À ce stade, il apparaissait clairement que Robert commençait à s’ennuyer. Les gosses d’aujourd’hui…, pensa-t-il. Incapables de rester concentrés. Au même âge, Arthur pouvait passer une journée entière avec une pitoyable carabine 22 long rifle. Elle avait le pouvoir d’arrêt d’un moucheron, mais il l’aimait quand même. La chasse nécessitait une bonne dose de patience – de désir aussi.

Visiblement, son fils ne possédait ni l’un ni l’autre.

Il entendit Robert soupirer derrière lui. Comme si Arthur lui faisait subir une corvée.

Quel ingrat !

Au moins ne manifestait-il pas son ennui de manière bruyante, comme beaucoup d’autres enfants qui gâchaient le plaisir de la chasse. C’était déjà ça.

Quand le lapin surgit des broussailles à un peu plus de un mètre d’où ils se trouvaient, Arthur était prêt, l’arme en position automatique. Il arrosa le sol en décrivant un arc de cercle serré qui explosa à travers les taillis secs et nus en les pulvérisant. Il toucha aussi le lapin, le réduisant à une masse de fourrure brune et rouge, gisant sur la neige.

Une oreille en moins.

Une patte presque arrachée.

— Nom de Dieu ! Nom de Dieu ! répétait Robert derrière lui.

Le môme était stupéfait. Il n’en croyait pas ses yeux.

Arthur poussa un cri de joie et rit aux éclats, brandissant le lapin afin de leur permettre de l’examiner de plus près. Robert ne pourrait plus trouver la chasse ennuyeuse après ça. Impossible. Plus maintenant.

— Tu as vu ça ? On lui a presque marché dessus ! La plupart du temps, sans chien, on n’arrive même pas à les débusquer. Un sacré coup de chance !

Le gamin continuait à balbutier : « Nom de Dieu » en secouant la tête, les yeux écarquillés comme s’il avait vu un fantôme.

Alors il prit conscience que le visage de son fils n’affichait pas que de la stupéfaction, même si cette dernière émotion était bien présente.

Il y avait aussi – inexplicablement – de l’horreur.

 

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