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Livres - Page 85

  • [Livre] Revanche

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    Résumé : Kai et Jem sont inséparables. Jem aime secrètement son meilleur ami, qui serait l'homme idéal s'il ne préférait pas les garçons... A la fin d'une soirée d'ivresse chez des amis communs, Jem rentre seule chez elle, Kai demeurant étonnamment introuvable. 
    C'est le lendemain que tout bascule : la jeune fille reçoit un email de la part de ce dernier, avec en pièce jointe une vidéo de lui en compagnie d'un garçon qu'il a trouvée postée sur internet. Cette vidéo compromettante est très vite partagée par tout le lycée et Kai reçoit une salve de mails agressifs qu'il ne peut bientôt plus supporter. Lui qui n'avait pas encore fait son coming out finit par craquer et se suicide... 
    A la suite de ce drame, Jem prend alors trois résolutions : découvrir la vérité, venger son ami et se suicider elle aussi. Les tiendra-t-elle ?

     

    Auteur : Cat Clarke

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 17 octobre 2013

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Un livre très bien écrit (ce qui ne m’étonne pas de la part de Cat Clarke) sur le sujet très difficile du suicide adolescent et de la réaction des proches.
    Même si Kay se suicide au début du roman, il reste très présent tout au long du livre à travers les yeux de Jem et des lettres qu’il lui a laissées.
    Jem m’a paru un peu obsédée par le groupe des « populaires » : elle les observe, parle d’eux tout le temps, comme si elle ne pouvait pas s’empêcher d’analyser chacun de leurs gestes.
    Dans son choix de découvrir la vérité, j’ai trouvé Jem un peu légère : elle se fie aux apparences, et lance son opération de vengeance sans même imaginer une seconde qu’elle puisse se tromper, sans même chercher à savoir si son intuition est la bonne.
    Même lorsqu’elle se rapproche du groupe des « populaires », elle semble refuser de les voir tels qu’ils sont. Or, même si Stu reste un gros lourd bien pénible, on voit très vite que les autres ne sont pas comme il le lui paraissait de loin. Mais elle rejette chaque information qui pourrait les lui faire voir différemment de comme elle les avait imaginés, tout en étant parfaitement consciente que Kay le lui aurait reproché et qu’il n’aurait pas apprécié qu’elle se lance dans une opération de vengeance.
    Au fil du déroulement, on se pose pas mal de questions. Si pour certains, on écarte immédiatement la possibilité de leur responsabilité dans la vidéo de Kay envoyée à tout le lycée, pour d’autres on doute jusqu’au bout (pas forcément pour les mêmes raisons que Jem d’ailleurs).
    En revanche, j’ai été étonnée qu’elle laisse toute sa colère éclater contre ceux qui ont pris et diffusé cette vidéo mais qu’elle ne réagisse pas devant les mails de haine que reçoit Kay de la part des élèves du lycée. Si la plupart s’était dit : ouais bon, il est gay, et alors ? Ou n’avait envoyé que des messages sur le fait d’être filmé en position compromettante comme ils l’auraient fait pour un couple hétéro, Kay n’aurait pas été poussé au suicide.
    La dernière partie du roman m’a surprise et choquée. La révélation du ou de la coupable de l’envoi de cette vidéo, je ne l’avais vraiment pas vu venir. J’avais bien pensé que cette personne savait qui était responsable, mais je n’aurais pas imaginé que c’était elle. Et encore moins les raisons de son geste et la manière dont elle a réagi ensuite.
    Cette dernière partie nous éclaire aussi sur le comportement de certaines personnes que l’on comprend de suite mieux, et on se sent presque coupable d’avoir porté des jugements sans avoir eu tous les éléments.
    Les dernières pages n’atténuent ni la surprise ni le choc, bien au contraire. D’un coté, j’étais presque sûre que le livre finirait comme ça car j’avais du mal à imaginer une autre fin, vu le déroulement des évènements, et d’un autre coté, même en ayant « deviné » la fin, il y a un élément que je n’avais absolument pas prévu et qui est venu, disons, perturber l’image que j’avais de la conclusion.
    J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, plus par fatigue que par manque d’intérêt d’ailleurs, mais, dès l’histoire vraiment lancée, je n’ai plus pu lâcher le livre jusqu’à la fin.

    Un extrait : Groupe Populaire était le surnom (totalement dépourvu d’imagination) que j’avais donné à notre soi-disant groupe de branchés. Il comptait six membres – désormais sept avec Max. Je n’arrêtais pas de les observer, de parler d’eux, de les analyser. Kai me suivait toujours dans ces cas-là, sauf quand je passais à Louise ; parce que aussi incroyable que cela puisse paraître, elle faisait partie de cette troupe.

    À la fin de la troisième, je m’étais concocté une nouvelle théorie : Allander Park était un zoo, et chaque élève incarnait un représentant du règne animal. J’avais pris le plus grand soin à classer chaque membre du Groupe Populaire par espèce. (Kai avait beau dire que j’avais vraiment du temps à perdre, il mettait toujours son grain de sel.)

    Lucas Mahoney était le plus facile à répertorier. Il était clairement un lion. Il en avait même la crinière – bon, d’accord, avec plus de gel qu’un lion. Blond et baraqué, il passait son temps à se pavaner comme le roi de la putain de savane. Toutes les minettes du bahut craquaient pour lui à un moment ou à un autre. Sauf moi. Et les lesbiennes planquées parmi nous.

    Kai trouvait que Sasha Evans était la lionne du groupe – elle sortait avec Lucas, après tout. Mais c’était mon délire, alors c’était à moi d’en décider. Cette nana m’évoquait plus un léopard – ondulant et sexy. Elle avait des cheveux colorés brun chaud, et un corps parfait. Je la détestais.

    Stu Hicks était le bouffon officiel d’Allander Park. Il aimait jouer avec la nourriture. Oui, il était ce genre de gars – le genre à fourrer des frites dans son nez pour faire marrer les filles. Et elles riaient, comme si elles l’avaient trouvé super drôle… Il était plus petit que les autres mecs, mais maigre et musculeux, sans doute à cause des arts martiaux. J’ai fini par opter pour un chimpanzé… Les chimpanzés dégagent tous quelque chose d’un peu sinistre.

    Bugs était le mec spé du groupe. Gigantesque et roux, il évoquait une grosse tranche de viande avec du moisi orange dessus. Il était l’une des stars de l’équipe de rugby, ce qui ne suffisait pas à faire de vous quelqu’un de populaire, en général. Peut-être était-il l’exception qui confirmait la règle ? Il avait tout le temps une fille pelotonnée dans ses bras, en tout cas, ce dont les autres mecs semblaient se contrefoutre. Tous savaient qu’il ne serait jamais un rival – pas vraiment. Bugs entrait dans la catégorie des ours. Un ours super inutile dont la race aurait dû s’éteindre depuis des siècles.

    Et Amber Sheldon… Des cheveux roux teints, des seins énormes, et un rire idiot haut perché qui me donnait des envies de meurtre : un perroquet coloré et bruyant. Un du genre à s’arracher ses propres plumes sans s’en rendre compte.

    J’avais secrètement décrété que Louise était un serpent, mais sans le dire à Kai, bien sûr. Ce choix n’avait aucune justification, en dehors du fait que je détestais vraiment les serpents. Et que ça aurait en partie expliqué comment elle avait fait pour intégrer la bande des branchés alors qu’elle était dans la classe d’en dessous.

    Voilà ce à quoi le Groupe Populaire ressemblait. On aurait dit des extraterrestres venus envahir la Terre avec un plan diabolique visant à dominer le monde – et avec des cheveux brillants et des blagues pour initiés en option.

     

  • [Livre] Reines, maitresses et favorites - La Reine Margot

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    Résumé : Fille de Catherine de Médicis et sœur de trois rois de France, Marguerite de Valois, se devait, elle aussi, d’accéder à un statut royal. Ce fut fait lorsque sa mère la maria à un homme bourru et bon vivant, Henri, roi de Navarre et futur Henri IV. Ce mariage éminemment politique, visant à réconcilier catholiques et protestants, amène à Paris les factions des deux camps. Le massacre de la Saint-Barthélemy clôture leurs noces d’une façon tragique. Femme de lettre, cultivée, mécène et généreuse, la Reine Margot est aussi une redoutable amante, dont le nom est synonyme d’intrigues et de scandale. Délaissée par son coureur de mari et capturée sur ordre de son frère Henri III, elle sera emprisonnée durant dix-neuf ans…


    Auteur
     : Collectif

     

    Edition : Hachette Collection      

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution :

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : En 55 pages, ce livre purement historique et non romancé, tente de transcrire les étapes cruciales de la vie de Marguerite de Valois que l’Histoire a retenue sous le nom de la Reine Margot, magnifiquement interprétée dans le film éponyme par Isabelle Adjani.
    Magnifiquement illustré par des reproductions de tableaux ou de gravures d’époque, le texte est entouré d’encarts qui précisent des points particuliers (petit historique d’un lieu, petite biographie succincte de personnages secondaires à la vie de Marguerite et de sa famille.)
    Le texte principal débute avec l’accident mortel d’Henri II alors que Marguerite n’a que 6 ans.

    Plusieurs pages sont consacrées à la Saint-Barthélemy qui a lieu seulement 6 jours après les noces de Marguerite et Henri de Navarre, mariage auquel Marguerite aura tenté jusqu’au bout de se soustraire.

    Mais l’ouvrage ne s’arrête pas sur cet épisode sanglant et poursuit l’histoire de Marguerite, ses déboires avec son frère, Henri III dont elle était pourtant si proche dans sa jeunesse, sa vie à Nérac, son emprisonnement au château d’Usson… et tout ce qu’elle a vécu d’important jusqu’à sa mort.
    A la fin de l’ouvrage, une double-page, sous forme de frise chronologique, récapitule les dates clefs de la vie de celle qui a été immortalisée par Alexandre Dumas dans son roman « La reine Margot ».

    Un extrait : Un mariage en vue
    Durant ce voyage, la reine mère rencontre le duc d’Albe pour évoquer un éventuel mariage de sa fille Marguerite avec l’infant Don Carlos d’Espagne. Malheureusement, le roi d’Espagne Philippe II est peu enclin à satisfaire Catherine de Médicis. En effet, il n’apprécie guère la politique de la France, trop tolérante à son goût avec les protestants.
    A la consternation de la Reine mère, les discussions ne servent à rien. Le 2 juillet 1565, Marguerite embrasse sa sœur Elisabeth, qui rentre en Espagne.

    Cette dernière s’éteindra quatre ans plus tard sans que les deux sœurs ne se soient revues. La famille royale poursuit son voyage avant de revenir à Blois, où les habitants catholiques réservent un accueil chaleureux au roi. Après avoir passé l’hiver à Moulins, on rentre enfin à Ambroise le 1er mai 1566. Pendant ce long périple, Marguerite s’est métamorphosée en une ravissante brune de treize ans qui rêve déjà à l’amour, à cette époque où l’âge de la maturité étaient plus précoce que de nos jours.

  • [Livre] Robe de marié

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    Résumé : Nul n’est à l’abri de la folie. Sophie, une jeune femme qui mène une existence paisible, commence à sombrer lentement dans la démence : mille petits signes inquiétants s’accumulent puis tout s’accélère. Est-elle responsable de la mort de sa belle-mère, de celle de son mari infirme ? Peu à peu, elle se retrouve impliquée dans plusieurs meurtres dont, curieusement, elle n’a aucun souvenir. Alors, désespérée mais lucide, elle organise sa fuite, elle va changer de nom, de vie, se marier, mais son douloureux passé la rattrape…

     

    Auteur : Pierre Lemaître

     

    Edition : Livre de poche

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2010

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Je n’en suis qu’aux premières pages de ma lecture (moins de 25, c’est dire) et j’ai déjà un doute. L’histoire laisse entendre que plusieurs meurtres ont eu lieu autour de Sophie, même si on n’a pas de détails. Sophie se considère comme folle car elle a des absences assez importantes pendant lesquelles elle est incapable de reconstituer ses actes.
    Alors mon doute est le suivant : je trouve ces absences bien pratiques. Donc soit Sophie sait parfaitement ce qu’elle fait et se sert de l’excuse des absences pour échapper à toute condamnation qu’elle soit pénale ou morale. Mais alors, on peut se demander, si elle présente un caractère dangereux, pourquoi son psychiatre lui a proposé une hospitalisation sans la lui imposer ? Sans doute n’a-t-il donc pas jugé qu’elle représentait un danger pour la société.

    Soit elle est complètement schizophrène et son psychiatre est vraiment bidon.
    Soit quelqu’un d’autre se sert de ces absences et commet des actes répréhensibles pouvant aller jusqu’au meurtre en faisant en sorte que Sophie se croit coupable et dans sa panique cherche à fuir plutôt qu’à aller voir les autorités. Cependant, ce dernier cas supposerait qu’il s’agisse d’une personne proche, suffisamment proche pour connaître non seulement l’étendue des problèmes de Sophie mais aussi pour pouvoir anticiper ses réactions.
    Et à ce stade de ma lecture, je ne vois personne qui semble être proche d’elle.
    A presque la moitié de ma lecture, une de mes trois théories semble se détacher des autres, mais rien n’est encore sûr. Pour l’instant c’est une simple intuition et je n’ai pas de preuves concrètes. Les événements relatés depuis quelques pages pourraient aussi bien être une coïncidence ou la raison de la folie de Sophie s’il s’avère que c’est cette explication là qui est la bonne… ce livre me rend dingue !

    Et pour cause, c’est en fait une énorme toile d’araignée, patiemment tissée (et non, vous ne saurez pas par qui). Un thriller psychologique qui nous fait parfois douter de notre propre santé mentale tant toute théorie semble à la fois crédible et absurde.
    Quant au titre, non il n’y a pas de faute, mais on n’en comprendra la signification qu’à la toute fin du roman.

    Un extrait : Ils ne se sont plus parlé de toute la soirée. Chacun avait ses raisons. Elle s’est vaguement demandé si cette gifle n’allait pas lui causer des problèmes avec Mme Gervais, tout en sachant que cela lui était égal. Maintenant elle devait partir, tout se passait comme si elle était déjà partie.

    Comme un fait exprès, ce soir-là, Christine Gervais est rentrée tard. Sophie dormait sur le canapé tandis que sur l’écran un match de basket se poursuivait dans un déluge de cris et d’ovations. Le silence l’a réveillée lorsque Mme Gervais a éteint le poste.

    – Il est tard…, s’est-elle excusée.

    Elle a regardé la silhouette en manteau plantée devant elle. Elle a grogné un « non » cotonneux.

    – Vous voulez dormir ici ?

    Lorsqu’elle rentre tard, Mme Gervais lui propose toujours de rester, elle refuse et Mme Gervais paie le taxi.

    En un instant, Sophie a revu le film de cette fin de journée, la soirée silencieuse, les regards fuyants, Léo, grave, qui a écouté patiemment l’histoire du soir en pensant visiblement à autre chose. Et recevant d’elle le dernier baiser avec une peine si visible qu’elle s’est surprise à dire :

    – C’est rien, poussin, c’est rien. Je m’excuse…

    Léo a fait « oui » de la tête. Il a semblé à cet instant que la vie adulte venait de faire brutalement irruption dans son univers et qu’il en était, lui aussi, épuisé. Il s’est endormi aussitôt.

    Cette fois, Sophie a accepté de rester dormir, tant son abattement était grand.

    Elle serre entre ses mains le bol de thé maintenant froid sans s’émouvoir de ses larmes qui tombent lourdement sur le parquet. Pendant un court instant, une image est là, le corps d’un chat cloué contre une porte en bois. Un chat noir et blanc. Et d’autres images encore. Que des morts. Il y a beaucoup de morts dans son histoire.

    Il est temps. Un regard à la pendule murale de la cuisine : 9 h 20. Sans s’en rendre compte, elle a allumé une autre cigarette. Elle l’écrase nerveusement.

    – Léo !

    Sa propre voix la fait sursauter. Elle y entend de l’angoisse sans savoir d’où elle vient.

    – Léo ?

    Elle se précipite dans la chambre de l’enfant. Sur le lit, les couvertures sont bombées, dessinant une forme de montagne russe. Elle respire, soulagée et sourit même vaguement. L’évanouissement de sa peur l’entraîne malgré elle vers une sorte de tendresse reconnaissante.

    Elle s’avance près du lit en disant :

    – Allons bon, où est-il ce petit garçon… ?

    Elle se retourne.

    – Peut-être ici…

    Elle fait claquer légèrement la porte de l’armoire en pin tout en surveillant le lit du coin de l’œil.

    – Non, pas dans l’armoire. Dans les tiroirs peut-être…

    Elle repousse un tiroir, une fois, deux fois, trois fois en disant :

    – Pas dans celui-ci… Pas dans celui-là… Eh bien non… Où peut-il bien être… ?

    Elle s’approche de la porte et, d’une voix plus forte :

    – Bon, eh bien, puisqu’il n’est pas là, je m’en vais…

    Elle referme bruyamment la porte mais reste dans la chambre, fixant le lit et la forme des draps. Elle guette un mouvement. Et un malaise la saisit, un creux dans l’estomac. Cette forme est impossible. Elle reste là figée, les larmes montent à nouveau mais ce ne sont plus les mêmes, ce sont celles d’autrefois, celles qui irisent le corps d’un homme en sang effondré sur son volant, celles qui accompagnent ses mains à plat sur le dos de la vieille femme lorsque celle-ci est propulsée dans l’escalier.

    Elle s’avance vers le lit d’un pas mécanique et arrache les draps d’un seul geste.

    Léo est bien là, mais il ne dort pas. Il est nu, recroquevillé, les poignets attachés aux chevilles, la tête penchée entre les genoux. De profil, son visage est d’une couleur effrayante. Son pyjama a servi à l’attacher solidement. À son cou, un lacet serré si fort qu’il a dessiné une profonde rainure dans la chair.

     

  • [Livre] Noël sanglant

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    Résumé
     : 9 décembre 2007 - Reidar Dahl reçoit l'ovation du public pour son interprétation de Joseph dans L'Évangile de Noël. Ce succès sera de courte durée car le lendemain, Reidar s'est volatilisé. Nul ne peut expliquer cette disparition. Lorsque l'inspecteur Lykke découvre les organes du comédien dans le congélateur de ce dernier, il devient évident pour lui qu'il ne s'agit pas d'une affaire banale... Une religieuse disparaît également quelques jours plus tard. Là encore, on ne retrouve plus que ses organes. Puis, c'est au tour d'un âne... Commence alors une véritable course contre la montre pour l'inspecteur, qui sait qu'il doit arrêter le responsable avant qu'il n'accomplisse son terrible dessein...

     

    Auteur : Kjetil Try

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : Octobre 2012

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Dès la lecture du résumé je me suis dis : un acteur qui joue Joseph, une religieuse, un âne (pauvre bête)… manque plus qu’un bœuf et un bébé pour compléter la crèche.
    Mais comme l’enquêteur, lui, n’a pas le résumé, il pédale dans la semoule.
    Heureusement (enfin pour lui, pas pour les victimes), les meurtres ont assez de similitudes pour qu’il comprenne assez vite qu’il a affaire à un seul meurtrier.
    Mais les questions Qui ? Quoi ? Comment, (euh, non, ça, c’est bon, on sait), Pourquoi ? et surtout va-t-il continuer ? restent en suspend.
    Pour ma part, c’est surtout le pourquoi qui me turlupine (et le qui, évidemment, mais au stade où j’en suis de ma lecture, je n’ai absolument aucune hypothèse).
    Mais le pourquoi…
    Parce que bon, reconstituer une crèche à travers des meurtres, c’est pas très sain, certes, mais on peut se dire : fanatisme religieux : « Je vais faire renaître le Christ »… Admettons (façon de parler).
    Mais ce que je ne comprends pas, c’est le coup des organes que l’on retrouve sagement entreposés tandis que le corps a disparu (et je ne spoile pas, c’est dit dans le résumé !).
    Alors pour l’instant, à environ 40% de ma lecture, je penche pour un ancien prêtre égyptien réveillé lors de fouilles archéologiques devenu un fanatique catholique intégriste à moitié fou…
    Parce qu’à part ça, là, je sèche.
    Il faut quand même attendre près de 250 pages pour arriver au « meurtre » de l’âne. De ce fait, dès lors qu’on a lu le quatrième de couverture, on suit l’enquête avec un avantage sur les policiers : on sait que le tueur va frapper de nouveau et à quel type de victime il va s’en prendre.
    Ce qui ne nous avance pas sur son identité pour autant (quoi que je commence à avoir un doute sur un personnage, mais on l’a encore trop peu suivi pour que je puisse avoir des certitudes).

    Coté personnages, j’aime bien l’équipe d’enquêteur excepté Ted que je ne sens pas du tout. Au début, il m’énervait et je le voyais comme un type entré dans la police pour jouer au FBI sans tenir compte du fait qu’il vit en Norvège et pas aux USA. Mais à la moitié du roman, je commence à le trouver malsain, il me met carrément mal à l’aise surtout dans sa façon d’agir avec Parisa, une de ses collègues.
    Il a l’air d’être le genre de type à penser que si une femme se fait violer, c’est qu’elle l’avait bien cherché.
    C’est très frustrant de voir la police passer à coté de ce que le lecteur sait déjà. On les voit considérer les victimes comme Reidar Dahl, Ingrid Kulvik et un animal, alors que nous on sait qu’il faut les considérer comme l’interprète de Joseph au théâtre, une religieuse et un âne. En gros le lecteur considère la fonction des victimes et la police leur identité… et là on se dit : On est pas sorti du sable !

    Sur l’ensemble général du roman, on est sur une grande course contre la montre.

    Et autant être claire, mon embryon de théorie s’est révélé complètement faux, j’étais totalement à coté de la plaque (comme souvent, j’admets).
    La fin tient vraiment en haleine, jusqu’à la dernière minute on ne sait pas comment les choses vont se terminer.

    Un extrait : Dans un quart d’heure, il recevrait un journaliste d’un quotidien chrétien dont il avait oublié le nom. Ca ne lui ressemblait pas d’inviter des journalistes chez lui, mais le type avait appelé plusieurs fois en laissant entendre qu’il en savait si long sur la vie et la carrière de Reidar Dahl que ce dernier avait fini par accepter.
    Il posa Samuel Beckett sur la table basse, tira une pile de vieux manuscrits d’un tiroir de la cuisine et les disposa dans un savant désordre sur le canapé. Après un instant d’hésitation, il se resservit un whisky, le but d’un trait et repoussa son verre derrière des photos de famille encadrées avec soin.
    On ne sait jamais, avec les journalistes chrétiens, songea-t-il, et il se sentit tout à coup bien pus frais et dispos.
    Pile à l’heure convenue, l’interphone résonna. Reidar Dahl prit tout son temps pour répondre. Il appréciait pleinement le statut de vedette que la nouvelle interprétation de l’Evangile de Noël lui avait apportée de façon aussi soudaine qu’inattendue. Au bout de presque quarante années d’un labeur acharné, c’était enfin son tour.

    La première chose qui le frappa chez cet homme silencieux, ce fut l’intensité de son regard. Comme si ce gars-là ne clignait jamais des yeux. Reidar Dahl le précéda dans le salon et regretta quelques secondes de s’être laissé persuader. Il aurait dû s’en douter. Les gens qui travaillent tard le soir pour des journaux chrétiens dont personne n’a entendu parler ne peuvent pas être très nets.

    - Comment s’appelle votre journal, déjà ? demanda-t-il lorsqu’ils eurent pris place dans les fauteuils près de la table basse.

    - La voix de la lumière, répondit l’inconnu. C’est un mensuel.

     

  • [Livre] Pasta Gusto

    Je remercie les éditions Marabout  et la masse critique Babelio pour cette lecture

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    Résumé : 80 recettes gourmandes et modernes à composer avec des ingrédients simples, quasiment sans geste de cuisine.
    Les 10 recettes les plus simples : pâtes à la carbonara, à l'arrabiata, au pesto, des recettes... les recettes de pâtes en sauce, pâtes au four, salades de pâtes, pâtes fourrées.
    10 recettes de « one pot » pasta.
    Toujours des recettes d'assemblage ultra simples.

     

    Auteur : Catie Ziller

     

    Edition : Marabout

     

    Genre : Pratique

     

    Date de parution : 2015

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Il est rare que je chronique un livre de cuisine, mais je vais faire ici une exception car ce livre fait partie de la masse critique Babelio pour laquelle j’ai été sélectionnée.
    Première bonne impression, je ne m’attendais pas à un livre aussi épais (189 pages hors index tout de même).
    Avant même de regarder le livre en lui-même je suis allée vérifier deux points qui sont pour moi essentiels pour considérer qu’un livre consacré aux pâtes vaut le coup : qu’il y ait bien la recette des pâtes all’Alfredo et que la recette des pâtes carbonara soit la vraie (soit sans crème fraiche et avec de la pancetta). Le livre ayant relevé haut la main ces deux petites épreuves, je me suis penchée sur le reste (et dans le désordre, je préviens tout de suite, parce que je suis une rebelle.)

    En dehors de l’introduction, il y a 5 parties. La première partie est simplement intitulée « classiques », les quatre suivantes ont des titres italiens, qui sont heureusement traduit dans le paragraphe explicatif qui suit. Et il faut bien avouer que c’est nettement plus chic d’annoncer que l’on va servir des pasta ripiena que de bêtes pâtes farcies.
    Chaque recette est sur une double page : Sur la page de gauche, on trouve une photo des ingrédients nécessaires, le nombre de personnes prévues pour les quantités indiquées et la liste écrite des ingrédients. Sur la page de droite, sont indiqués la recette et le temps de préparation, ainsi qu’une photo du plat terminé. J’apprécie beaucoup les photos des plats finis, car, même si on n’arrive pas toujours au résultat exact, il est plus facile de cuisiner en ayant une petite image mentale du plat.
    Les recettes sont courtes et semblent assez simples à réaliser mais sont assez diversifiées.
    A la fin du livre, un index permet de rechercher des recettes à partir d’ingrédients. Au début du livre, une table des matières nous indique toutes les recettes. Au début de chaque partie, on a un rappel des recettes présentes dans cette section du livre.
    L’introduction est pleine de bons conseils : Comment les cuire, comment les servir… On y trouve aussi une double page répertoriant les différents styles de pâtes et leur nom, une autre consacrée aux différentes tomates, aussi bien les types (cerise, cœur de bœuf, …) que les modes de conservation ou préparation (confites, séchées, entières, concentré…) et enfin une dernière réservée aux différents fromages italiens (parmesan, pecorino, taleggio…).
    Je n’ai pas encore eu le temps d’essayer les recettes proposées, mais j’ai bien l’intention de m’y mettre au plus tôt !

    Un extrait : Chaque culture a sa propre version du dîner du dimanche soir, à base de plats parfois longs à préparer, mais toujours appréciés par les amis ou la famille. Dans la tradition italienne, les pâtes maison accompagnées d’une sauce qui aura mijoté toute la journée sur le feu sont monnaie courante. Nous ne disposons pas tous d’autant de temps, c’est pour cela que les recettes de pâtes de ce livre sont suffisamment simples pour être cuisinées un soir de semaine, tout en tenant la comparaison avec les petits plats italiens du dimanche. Elles vous laisseront peut-être même le temps de rayer quelques corvées de votre To do list ou de prendre un petit verre de vin avant le repas.

    Des plats délicats et légers aux recettes copieuses et généreuses, ce livre reprend tous les classiques, des pâtes au four (al forno) aux pâtes farcies et aux gnocchis (ripiena e gnocchi) en passant par les pâtes longues (lunga) et courtes (corta).

     

  • [Livre] Journal d'un nain pas si grincheux

    Je remercie les éditions Kennes et la masse critique Babelio pour cette lecture

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    Résumé : Tout le monde croit que ça me plaît d’être grognon ! Ce que les gens ne savent pas, c’est que j’en ai assez de faire la moue, et que j’ai décidé de retrouver le sourire ! Avec l’aide de Boucle d’or et de sa cousine Perle, je suis donc prêt à affronter les terrifiantes créatures de la Forêt hantée pour mettre la main sur la plante Bonheuratus, qui a le pouvoir de redonner le sourire à tous ceux qui l’ont perdu.

     

    Auteur : Catherine Girard-Audet

     

    Edition : Kennes

     

    Genre : Enfant

                                                                                                

    Date de parution : Octobre 2015

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : J’aime beaucoup tout ce qui est contes plus ou moins revisités. Autant dire que cette série de livre sur « l’envers des contes » mettant en scène des « méchants » pas si méchants que ça ne pouvait que m’attirer.

    Ce tome est le quatrième de la série mais, même s’il peut y avoir quelques allusions aux personnages des tomes précédents, la lecture de chaque livre semble pouvoir se faire de manière indépendante.
    Comme l’indique le titre, il s’agit d’un journal, donc écrit à la première personne, et, dès les premières pages nous pouvons identifier le nain grognon qui n’est autre que Grincheux, un des sept nains de Blanche-Neige, laquelle est mariée et partie depuis longtemps.
    En commençant ma lecture, j’ai immédiatement eu le sourire en voyant cités deux personnages célèbres des comptines de mon enfance : la Mère Michel et Dame Tartine.
    Le vocabulaire est parfois un peu élaboré pour des enfants de 8 ans (comme les « chars allégoriques » qu’il semble y avoir dans la tête de Joyeux selon Grincheux), ce qui, à mon avis, n’est pas un mal (pour apprendre de nouveaux mots, il faut bien commencer par les découvrir), du moment que les parents et/ou enseignants prennent la peine de les expliquer.

    Grincheux est donc convaincu par ses condisciples les nains et par Reine, la belle-mère de Blanche-Neige de suivre une thérapie. Au cours de celle-ci, la thérapeute, Rose, laisse entendre que Grincheux pourrait bien être atteint d’une maladie qui l’empêche de sourire. Le remède ? Une plante. Le problème est que cette plante ne pousse qu’au fond d’une forêt si dangereuse que la thérapeute lui déconseille de tenter l’aventure et de plutôt faire des efforts en thérapie.
    Grincheux, sentant bien que ses efforts sont vains, va décider de tenter l’aventure, avec Perle, jeune fille qui vient d’une autre contrée et qui est devenue son amie et de Boucle d’or, cousine de Perle et surtout journaliste qui n’a pas l’intention de passer à coté d’un tel scoop.
    Comme on peut s’y attendre, la forêt est remplie de bestioles plus ou moins charmantes.
    Boucle d’or est une vraie fashion victim, superficielle et vaniteuse, totalement à l’opposée de sa cousine qui s’adapte facilement aux situations. Dès le départ, je pense que Grincheux se demande comment la faire discrètement dévorer par un ours (en tout cas, j’y ai pensé moi).
    Ils vont vivre quelques aventures qui ne se déroulent jamais comme on l’aurait imaginé.
    J’ai beaucoup apprécié, à la fin du livre, après l’histoire elle-même, de trouver quelques questions de lectures pour les enfants, quelques idées d’activités pour les enfants (une partie à faire entre amis et une autre destinée à être supervisée par des adultes) et enfin, quelques recettes de mets cités dans le livre.

    On est vraiment sur un conte qui est destiné aux enfants sans pour autant exclure parents et professeurs.

    Un extrait : 7 avril.
    Joyeux m’énerve royalement. On dirait qu’il y a constamment une fanfare et des chars allégoriques dans sa tête et que rien ne peut lui enlever le sourire.
    Ce matin, je sortais à peine du lit quand il est venu me voir pour m’offrir de prendre le petit-déjeuner à l’extérieur.

    - Non, lui ai-je répondu. Je n’ai pas le temps, et je n’aime pas que les moustiques se baignent dans mes céréales.

    - Mais il fait si beau ! Allons, viens ! Ca te fera du bien de prendre un peu d’air frais ! C’est bon pour le moral, a-t-il insisté.

    - Non mais ! Qu’est ce qu’il a mon moral ? J’en ai assez que vous me cassiez les oreilles avec ça ! Je suis très bien comme je suis, alors si ça ne fait pas votre affaire, vous n’avez qu’à me laisser tranquille !

    Joyeux a baissé les yeux, déçu, puis il est allé rejoindre Atchoum qui s’était déjà installé dehors et qui éternuait toutes les cinq minutes à cause du pollen. Le printemps est une saison infernale pour lui.

    Le reste de la journée s’est bien déroulée, puisque j’adore mon travail et que j’aime bien Henri. Il est excellent comme contremaître et il ne s’acharne pas sur mon cas comme tous les autres. Soupir. Si seulement il pouvait leur expliquer que ça ne sert à rien d’essayer de me changer.

     

  • [Livre] Famille parfaite

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    Résumé : Justin et Libby Denbe semblaient sortir tout droit des pages des magazines glamours : mariage modèle, ravissante fille de quinze ans, demeure somptueuse dans la banlieue chic de Boston… une vie de rêve.
    Jusqu’au jour où ils disparaissent tous les trois sans laisser de traces. Pas d’effraction, pas de témoin, pas de demande de rançon ni de motifs. Juste une famille parfaite soudainement envolée. Pourtant, pour la détective Tessa Leoni, l’enlèvement ne fait aucun doute. Que pouvait bien cacher une existence en apparence aussi lisse ?

     

    Auteur : Lisa Gardner

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 30 septembre 2015

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Dès le début, nous savons ce qui arrive à la famille Denbe. L’histoire est ainsi racontée de deux points de vue : une narration à la troisième personne qui nous fait suivre l’enquête, et une à la première personne à travers les yeux de Libby Denbe.
    A un peu moins de la moitié du roman, j’ai commencé à échafauder une théorie. Une trentaine de pages plus loin, je ne savais plus où j’en étais : indices contradictoires, attitude des personnages changeante, enquête révélant sans cesse de nouvelles pistes…
    J’ai fini par penser à une autre théorie (mais pas très longtemps avant qu’on ne nous révèle la vérité).
    Le problème est que si cette seconde théorie tenait parfaitement la route, les éléments qui m’y avaient menée n’excluaient pas totalement la première théorie.
    Malgré les caractères bien trempés de la plupart des enquêteurs, que ce soit la détective privée, Tessa Leoni, l’agent du FBI, Nicole Adams ou encore le shérif Wyatt Foster, il y a une réelle coopération entre les services, ce qui change agréablement de ce qu’on nous présente d’ordinaire.
    L’alternance entre les deux points de vue a pour résultat d’accélérer le rythme de lecture : en suivant la famille, nous apprenons des choses que les enquêteurs ne savent pas encore et on est pressé de lire la suite pour voir s’ils vont comprendre ou pas. L’inverse est aussi vrai, quand les enquêteurs font des découvertes, on se demande si la famille est au courant ou pas, et on a hâte de le découvrir.
    C’est du coup un livre très dur à lâcher (j’écris d’ailleurs cette chronique à près d’1h du matin de peur d’oublier ce que j’ai à dire sur cette lecture).
    La fin est surprenante, pas tant dans la découverte de l’identité du coupable car on se doute bien que l’une des deux théories les plus logiques est la bonne, que dans la manière dont toute l’histoire va finir.

    J’ai été un peu déçue, au premier abord, qu’on nous parle d’une affaire concernant la détective Tessa Leoni par bribes, sans jamais nous donner le fin mot de l’histoire, mais, connaissant l’attachement que certains auteurs éprouvent pour leurs personnages, j’ai fais quelques recherches et me suis rendue compte qu’un autre livre de l’auteur, « Preuve d’amour », antérieur à celui-ci, avait pour sujet cette fameuse affaire. Je le note et le lirais sans doute très vite.

    Un extrait : Justin s’arrête devant la porte d’entrée. Alors qu’il allait composer le code, il interrompt son geste et, l’air contrarié, me lance un bref coup d’œil.

    « Elle a désactivé le système, murmure-t-il. Et encore une fois laissé la porte ouverte. »

    Je regarde le clavier et je comprends ce qu’il veut dire. C’est Justin lui-même qui a installé ce système de protection, grâce auquel la serrure est contrôlée de manière électronique et non mécanique. Composez le bon code et la porte se déverrouille. En l’absence de code, défense d’entrer.
    Cela paraissait offrir une solution élégante à une adolescente qui oubliait tout le temps ses clés, mais, pour que le système fonctionne, encore fallait-il l’activer, et manifestement c’était encore un défi pour Ashlyn.
    Justin tourne la poignée et, de fait, la porte s’ouvre en silence sur le hall plongé dans le noir.

    À mon tour de tiquer : « Elle aurait au moins pu laisser une lumière. »

    Le cliquetis de mes escarpins résonne dans le hall d’entrée lorsque je le traverse pour aller allumer le lustre. Je ne marche plus aussi droit, maintenant que j’ai lâché le bras de Justin. Je me demande s’il l’a remarqué. Je me demande s’il s’en soucie.
    Arrivée au panneau, j’actionne le premier interrupteur. Rien. J’insiste, je le lève et le baisse à plusieurs reprises. Rien.

    « Justin… », dis-je, perplexe.

    Alors, je l’entends répondre : « Libby… »

    Puis un drôle de bruit sec, comme la détonation d’une arme de petit calibre. Un sifflement. Et le corps de Justin se cambre d’un seul coup. Bouche bée, je le vois se dresser pratiquement sur la pointe des pieds, le dos arqué, tandis qu’un cri de douleur guttural s’échappe entre ses dents serrées.

    Je sens une odeur de chair brûlée.

    Et c’est là que je le vois.

     

  • [Livre] Red Queen

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    Résumé : Dans le royaume de Norta, la couleur de votre sang décide du cours de votre existence. Sous l’égide de la famille royale, les Argents, doués de pouvoirs hors du commun, règnent sur les Rouges, simples mortels, qui servent d’esclaves ou de chair à canon.
    Mare Barrow, une Rouge de dix-sept ans, tente de survivre dans une société qui la traite comme une moins que rien. Quand elle révèle sans le vouloir des pouvoirs extraordinaires et insoupçonnés, sa vie change du tout au tout. Enfermée dans le palais royal d’Archeon et promise à un prince argent, elle va devoir apprendre à déjouer les intrigues de la cour, à maîtriser un don qui la dépasse, et à reconnaître ses ennemis, pour faire valoir l’indépendance de son peuple.

     

    Auteur : Victoria Aveyard

     

    Edition : MSK

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 11 mars 2015

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Red Queen est une dystopie comme tant d’autres qui va probablement, comme les autres, se décliner en trilogie assortie de quelques nouvelles pour faire patienter entre les tomes.
    Lorsque Mare Barrow, petite voleuse de 17 ans, tente de voler un Argent, et qu’elle se fait prendre, elle ne s’attendait pas à ce qu’un de ceux qui se prétendent des quasi-dieux fasse montre de compassion. Pour lui éviter de partir à la guerre, il s’arrange pour lui obtenir une place de domestique au palais royal. Et ce qui aurait du être un changement relativement agréable dans sa vie va causer, pour elle, une vraie catastrophe.
    En danger de mort lors d’un évènement public, Mare va faire une démonstration de pouvoirs qui ne sont normalement possédés que par les Argents.
    Le roi et la reine imaginent aussitôt un stratagème pour utiliser Mare à leur avantage en la faisant passer pour une Argent orpheline élevée par des Rouges.
    En danger constant, Mare doit composer avec la cruelle reine Elara et la non moins cruelle future reine Evangeline.
    Seul un petit groupe très restreint est au courant pour sa nature de Rouge et cela doit rester secret car jamais un Rouge n’a développé le moindre pouvoir et cela pourrait mettre en péril la société que les Argents ont instaurée.
    Mais Mare va se rendre compte que la vérité n’est pas aussi simple que l’on veut bien le lui faire croire.
    A la fin du tome 1, je me pose encore pleins de questions. En revanche, certaines de mes intuitions étaient fondées comme ce qui est vraiment arrivé à Coriane, la première reine ou ce qui se passe dans la tête du prince Maven.
    L’épilogue m’a surprise. Dans un sens je m’attendais à certains évènements (sinon, il aurait été difficile de faire une suite) mais un en particulier m’a scotchée car je ne l’ai pas du tout vu venir.
    Comme souvent, ça va être très dur d’attendre la suite qui est prévue pour février 2016.

    Un extrait : Un silence de mort plane sur l’arène tandis que nous assistons à la scène sans comprendre. Même Kilorn a perdu sa langue.

    — Un chuchoteur, soufflé-je.

    Je n’en ai jamais vu dans l’arène, et je doute d’être une exception. Les chuchoteurs sont rares, dangereux et puissants, même parmi les Argents, même dans la capitale. Les rumeurs à leur sujet varient mais on peut les résumer à un fait aussi simple que glaçant : ils peuvent entrer dans votre tête, lire vos pensées et prendre le contrôle de votre esprit. C’est exactement ce que Samson est en train de faire. Il s’est frayé un chemin, en chuchotant, à travers l’armure et les muscles de Cantos, et il s’est introduit dans son cerveau privé de défenses.

    Cantos lève son épée, les mains tremblantes. Il tente de s’opposer au pouvoir de Samson, toutefois sa robustesse ne sert à rien face à l’ennemi qui détient le pouvoir sur son esprit.

    Un nouveau mouvement de Samson et du sang argenté éclabousse le sable : Cantos transperce, de sa lame, son armure puis son propre ventre. Malgré la distance, j’entends le bruit écœurant du métal entamant la chair. Alors que Cantos se vide de son sang, la foule retient son souffle. Nous n’en avons jamais vu autant couler ici.

    Les néons bleus s’allument, baignant la piste d’une lueur fantomatique qui signale la fin du match. Des guérisseurs argents se précipitent sur le sable, au secours de Cantos. Les Argents ne sont pas censés mourir ici. On attend d’eux qu’ils combattent avec courage, qu’ils fassent étalage de leurs talents, qu’ils offrent un spectacle distrayant. Pas qu’ils meurent. Après tout, ce ne sont pas des Rouges.

    Je n’ai jamais vu les policiers se déplacer aussi vite. Ils comptent quelques fulgurants parmi leurs rangs, dont les contours se brouillent tandis qu’ils nous poussent vers la sortie. Ils ne veulent pas que nous soyons encore là si Cantos meurt dans le sable. Pendant ce temps, Samson quitte l’arène en véritable titan. Lorsque son regard tombe sur le corps inerte de Cantos, je m’attends à y percevoir une lueur de remords. Son visage reste pourtant un masque froid, dénué de toute émotion. Ce duel ne signifiait rien pour lui. Nous ne signifions rien pour lui.

    En cours, nous étudions le monde qui a précédé le nôtre, un monde où des anges et des dieux vivaient dans le ciel, régissant la Terre avec bienveillance et amour. Certains prétendent qu’il s’agit de pures fables. Je n’en crois rien.

    Les dieux nous gouvernent toujours. Ils sont simplement descendus des étoiles. Et l’heure n’est plus à la bienveillance.

     

  • [Livre] Si je reste

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    Résumé : Mia a 17 ans, un petit ami que toutes ses copines lui envient, des parents un peu excentriques mais sympas, un petit frère craquant, et la musique occupe le reste de sa vie. Et puis... Et puis vient l'accident de voiture. Désormais seule au monde, Mia a sombré dans un profond coma. Où elle découvre deux choses stupéfiantes : d'abord, elle entend tout ce qu'on dit autour de son lit d'hôpital. Ensuite, elle a une journée seulement pour choisir entre vivre et mourir. C'est à elle de décider. Un choix terrible quand on a 17 ans

     

    Auteur : Gayle Forman

     

    Edition : Editions Oh !

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 20 avril 2009

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Se passant sur un peu plus de 24h, avec le déroulement du temps comme titres de chapitres, ce roman, écrit à la première personne, est raconté du point de vue de Mia, adolescente de 17 ans, rescapée d’un terrible accident de voiture.
    Si nous sommes immédiatement fixés sur le sort des parents, il va falloir près de la moitié du livre pour savoir si Teddy, le petit frère de Mia, s’en est sorti ou non.
    Mia alterne le récit de ce qu’il se passe tandis qu’elle ère entre deux mondes, invisible aux yeux des vivants et ses souvenirs de sa vie avant l’accident.
    Comme l’indique le titre et le résumé, la grande question pour Mia est de savoir si elle doit décider de se réveiller et de retrouver ses grands-parents, sa meilleure amie, son petit ami ou si elle doit suivre ses parents dans la mort. Par contre, comme souvent, le résumé n’est pas vraiment fidèle au livre car, s’il est vrai que l’histoire se déroule sur une journée et une nuit, il n’est dit nulle part que Mia a un délai pour faire son choix.
    Le fait de voir les heures s’écouler en tête de chapitre donne un rythme de lecture assez rapide, comme si le temps nous était compté pour finir l’histoire.

    Pour moi, la fin est très frustrante car elle ne nous dit rien clairement et le doute subsiste. Certaines critiques disent que la fin est prévisible. Je réponds que dans la mesure où on peut l’interpréter de différentes manières, il est évident que c’est prévisible puisqu’on en fait ce que l’on veut. S’il n’y avait pas eu une suite à ce roman, le doute subsisterait toujours.
    J’ai d’ailleurs la suite dans ma PAL et je pense que je ne vais pas tarder à la lire, mais avant cela, je tiens à voir l’adaptation cinéma tant que j’ai encore le livre bien en tête car il parait que c’est une très bonne adaptation.
    Pour revenir au livre, je l’ai trouvé bouleversant sans qu’il verse dans le mélo. J’ai lu à plusieurs reprises qu’il n’y avait pas de « sentiments profonds » mais la profondeur des sentiments n’a pas besoin d’être étalée à chaque page pour être ressentie. De plus, dès le début du roman, Mia précise qu’elle ne ressent rien physiquement et qu’elle est engourdie émotionnellement. J’ai trouvé le texte de Gayle Forman très juste, mais il faut peut être voir plus loin que le bout de son nez pour ressentir l’amour qui domine dans ce livre : l’amour de Mia pour sa famille, l’amour de sa meilleure amie pour elle (et réciproquement) et celui que Mia et Adam, son petit ami, se portent.
    J’ai lu ce livre dans le cadre d’un challenge et je ne le regrette absolument pas.

    Un extrait : Notre voiture est une antique Buick qui n'était déjà plus toute jeune lorsque papy nous en a fait cadeau, à la naissance de Teddy. Jusqu'alors, mon père avait refusé de passer son permis, préférant se déplacer à vélo. Cela agaçait les autres musiciens de son groupe, car il ne pouvait les relayer au volant pendant leurs tournées. Quant à maman, elle avait tout essayé pour le faire changer d'avis, même l'humour. En vain.

    Quand elle a attendu mon frère, elle s'est vrai- ment fâchée et papa a enfin compris qu'il devait changer d'attitude. Il a passé son permis et, dans la foulée, a repris ses études afin de devenir professeur. Avec deux enfants, il n'était plus question pour lui de continuer à jouer les adolescents attardés. Le temps du nœud papillon était venu.

    Il en porte un ce matin, avec des richelieus rétro et un manteau moucheté. Ce n'est pas vraiment une tenue pour la neige, mais il aime ce genre de contraste.

    Après avoir gratté le pare-brise avec l'un des dinosaures en plastique de Teddy qui jonchent le gazon, papa met le contact et doit s'y reprendre à plusieurs fois pour que la voiture démarre. Comme d'habitude, c'est la bagarre dès qu'il faut choisir ce qu'on va écouter pendant le trajet. Maman veut mettre les informations, papa, Frank Sinatra, Teddy, Bob l'Eponge. Quant à moi, j'aimerais Radio-Classique, mais comme je suis la seule à apprécier ce genre de musique, je veux bien la remplacer par Shooting Star.

    Papa résout le problème.


    « On va commencer par écouter les infos, pour rester au courant, annonce-t-il. Ensuite, on mettra la station classique. Pendant ce temps, Teddy, tu peux te servir du lecteur CD.  «Il débranche le lecteur qu'il a relié à l'autoradio et farfouille dans la boîte à gants. «Jonathan Richman, ça te dirait ? »

    Comme moi, mon frère a grandi bercé par le son loufoque de Jonathan Richman, l'idole des parents, mais il n'a pas l'intention de céder.

    «Je veux Bob l'Eponge! hurle-t-il.

    — Entendu, mais sache que tu me fends le cœur, mon fils. »

    L'affaire réglée au bénéfice de Teddy, nous prenons la route. Quelques plaques de neige recouvrent encore la chaussée mouillée. Dans l'Oregon, les routes sont toujours humides. J'appuie mon front contre la vitre et je regarde défiler le paysage, avec ses sapins verts constellés de blanc et ses traînées de brouillard sous un ciel de plomb. La vitre ne tarde pas à être recouverte de buée. Je m'amuse à y tracer des signes avec mon doigt.

    Après les nouvelles, nous passons sur la station de musique classique. Les premières notes de la Sonate pour violoncelle et piano n° 3 de Beethoven s'élèvent dans la voiture. C'est le morceau sur lequel j'étais censée travailler cet après-midi. J'y vois une sorte de coïncidence cosmique. Je me concentre sur les notes en m'imaginant en train de jouer, ravie de cette occasion de m'exercer, heureuse d'être là, dans cette voiture bien chauffée, avec ma sonate et ma famille. Je ferme les yeux.

    On ne s'attendrait pas à ce que la radio continue à jouer, après. Pourtant, c'est le cas.

     

  • [Livre] Blacklistée

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    Résumé : En apparence, Regan Flay a tout ce dont on peut rêver. À 17 ans, elle est populaire, étudie dans l’un des meilleurs lycées du monde, et ses parents ont les moyens de satisfaire le moindre de ses souhaits. Mais sa vie bascule le jour où, en arrivant en cours, Regan découvre ses textos et messages privés Facebook placardés sur les murs du lycée.
    Vacheries, mensonges, insultes, manipulations : tout est là, exposé aux yeux de chacun. En une seconde, elle passe du statut de princesse à celui de véritable paria. Ses amis lui tournent le dos, et les autres élèves du lycée commencent à lui faire vivre un véritable enfer...
    Elle trouve du soutien auprès de Nolan, un jeune homme plutôt beau garçon mais légèrement dysfonctionnel socialement. Ce dernier découvre vite que Regan est tout sauf la miss Parfaite qu’elle voulait bien montrer. Sous sa carapace, c’est une jeune fille angoissée, qui a du mal à supporter les exigences de sa mère concernant son avenir. Car rester toujours au top demande une sacrée dose d’énergie, et aucun échec n’est envisageable. Pourtant, la chute de Regan n’est qu’un début, et personne n’en sortira indemne…

     

    Auteur : Cole Gibsen

     

    Edition : Hugo Roman

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 8 octobre 2015

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Dès les premières pages, on voit bien que Regan est surbookée : campagne électorale pour le conseil de classe, essais pour l’équipe de pompom girls, bénévolat, révisions pour le SAT (examen d’entrée à l’université) etc… Pas étonnant qu’elle soit sous anxiolytiques.
    Sa mère est complètement obsédée par l’apparence et par la réussite, semblant sacrifier sans hésitation la santé de sa fille et refusant de reconnaitre ses problèmes de stress.
    Je ne sais vraiment pas comment Regan réussit à mettre un pied devant l’autre quand, en plus des murmures et des attaques plus ou moins directes des autres élèves, il y a le harcèlement de Nolan, le frère de son ex-meilleure amie. Je ne sais vraiment pas ce qu’il cherche. Un coup il est amical, un coup il est moqueur, un coup il la défend… mais dans tous les cas, il ne semble pas décidé à la laisser tranquille.
    Le pire étant que Regan n’a personne à qui se confier. L’infirmière raconte tout à ses parents, son père raconte tout à sa mère, elle n’a plus d’amies. Même son psy semble raconter régulièrement ce qu’ils se disent à sa mère. Laquelle ne fait qu’aggraver les choses, se fichant de toute évidence de sa fille en tant que personne à part entière et ne la considérant que comme un accessoire pouvant favoriser ou empêcher son accession au pouvoir.
    Pendant tout le livre, ou du moins une grande partie, je n’ai pas réussi à faire confiance à Nolan. J’ai eu sans cesse l’impression qu’il cachait quelque chose, peut être en relation avec son ex copine, qui a quitté le lycée. J’ai eu l’impression, pendant tout le livre qu’il n’était pas sincère avec Regan. Mais ce n’est que dans le dernier tiers du livre que les soupçons sont confirmés ou infirmés (quoi, vous n’imaginiez quand même pas que j’allais vous dire ce qu’il en est ?)

    Ce livre traite du harcèlement scolaire en montrant que personne n’est à l’abri bien qu’une certaine fragilité chez la personne harcelée permet au harcèlement de prendre plus d’ampleur. C’est souvent cette fragilité qui empêche la victime d’aller se plaindre auprès de ses parents ou de la direction, voire auprès du commissariat quand rien n’est fait au niveau de l’école.
    Dans le cas de Regan, le livre montre aussi que personne n’est à l’abri du harcèlement et qu’il ne faut pas se fier aux apparences (mais allez dire ça à un ado shooté aux hormones qui a perdu plus de la moitié de son QI en entrant dans l’adolescence).
    Regan est populaire mais aussi manipulatrice, prête à tout pour arriver à ses fins (elle a ses raisons, raisons qui font d’elle une parfaite cible plus tard car elle n’a aucun moyen de se défendre) et elle donne l’apparence d’une personne sans cœur qui a elle-même participé au harcèlement d’autres personnes.
    Bien sur, il s’agit d’une fiction, le roman est donc plus léger qu’un témoignage sur le même sujet et il ne faut pas oublier que le harcèlement scolaire a parfois une issue fatale.

    Un extrait : Autour de moi, dans le parking, des élèves sortaient de leurs voitures pour pénétrer au compte-gouttes dans la bâtisse. Certains se hâtaient vers l’entrée, le sourire aux lèvres, tandis que d’autres traînaient les pieds, l’air de vouloir être ailleurs. N’importe où plutôt qu’ici. Mais ce que nous désirions n’avait aucune importance : nous étions tous obligés d’entrer, comme des insectes attirés par la lueur mortelle d’une flamme.

    – Aujourd’hui, tout va bien se passer. Ce sera une bonne journée, déclarai-je à voix haute, comme s’il me suffisait de prononcer les mots pour les faire devenir réalité.

    Rapidement, je vérifiai mon maquillage dans le miroir du pare-soleil. Je m’étais couchée avant minuit, mais je n’avais dormi que quatre heures au total. J’avais beau être exténuée, le sommeil perdait toujours face à l’angoisse qui m’étreignait encore des heures après avoir posé la tête sur l’oreiller.

    J’essuyai un pâté de mascara et observai un instant mes yeux dans le miroir. Mes iris bleu lagon étaient une copie carbone de ceux de ma mère, et dans ce miroir trop petit pour refléter le reste de mon visage, c’était presque comme si cette dernière se trouvait avec moi dans la voiture, à me fixer d’un air accusateur.

    Ma gorge se serra. Je me hâtai de rabattre le pare-soleil et remis mes lunettes noires. Je n’avais pas besoin de ma mère dans ma tête à cet instant.

    Mon café à la main, je sortis de la voiture et affichai sur mon visage un grand sourire factice. Chaque jour sans exception, rien qu’à la vue des doubles portes vitrées du lycée, ma pression artérielle augmentait. Et dès l’instant où j’entrais, je pressais un interrupteur interne pour me changer en une version de moi-même qui n’existait pas réellement.

    Souvent, j’avais ce fantasme libérateur où, le dernier jour de mon année de terminale, je parcourais les couloirs, les deux majeurs levés bien haut, en criant « Je vous emmerde, je suis Regan Flay ».

    Bon, d’accord, jamais je ne le réaliserais, c’était bien pour cela que c’était un fantasme. Mais l’idée me faisait toujours sourire.

    Je commençai à grimper les marches de béton du lycée. Comme toujours, les yeux de tous les élèves qui traînaient devant les portes se tournèrent vers moi. Lever de rideau, Regan. Je m’assurai que mon sourire n’avait pas vacillé et poursuivis vaillamment ma progression. Je m’attendais aux habituelles salutations, mais pour la première fois depuis le début de ma première année, je fus accueillie par un silence.

    Bizarre.