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[Livre] Robe de marié

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Résumé : Nul n’est à l’abri de la folie. Sophie, une jeune femme qui mène une existence paisible, commence à sombrer lentement dans la démence : mille petits signes inquiétants s’accumulent puis tout s’accélère. Est-elle responsable de la mort de sa belle-mère, de celle de son mari infirme ? Peu à peu, elle se retrouve impliquée dans plusieurs meurtres dont, curieusement, elle n’a aucun souvenir. Alors, désespérée mais lucide, elle organise sa fuite, elle va changer de nom, de vie, se marier, mais son douloureux passé la rattrape…

 

Auteur : Pierre Lemaître

 

Edition : Livre de poche

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 2010

 

Prix moyen : 7€

 

Mon avis : Je n’en suis qu’aux premières pages de ma lecture (moins de 25, c’est dire) et j’ai déjà un doute. L’histoire laisse entendre que plusieurs meurtres ont eu lieu autour de Sophie, même si on n’a pas de détails. Sophie se considère comme folle car elle a des absences assez importantes pendant lesquelles elle est incapable de reconstituer ses actes.
Alors mon doute est le suivant : je trouve ces absences bien pratiques. Donc soit Sophie sait parfaitement ce qu’elle fait et se sert de l’excuse des absences pour échapper à toute condamnation qu’elle soit pénale ou morale. Mais alors, on peut se demander, si elle présente un caractère dangereux, pourquoi son psychiatre lui a proposé une hospitalisation sans la lui imposer ? Sans doute n’a-t-il donc pas jugé qu’elle représentait un danger pour la société.

Soit elle est complètement schizophrène et son psychiatre est vraiment bidon.
Soit quelqu’un d’autre se sert de ces absences et commet des actes répréhensibles pouvant aller jusqu’au meurtre en faisant en sorte que Sophie se croit coupable et dans sa panique cherche à fuir plutôt qu’à aller voir les autorités. Cependant, ce dernier cas supposerait qu’il s’agisse d’une personne proche, suffisamment proche pour connaître non seulement l’étendue des problèmes de Sophie mais aussi pour pouvoir anticiper ses réactions.
Et à ce stade de ma lecture, je ne vois personne qui semble être proche d’elle.
A presque la moitié de ma lecture, une de mes trois théories semble se détacher des autres, mais rien n’est encore sûr. Pour l’instant c’est une simple intuition et je n’ai pas de preuves concrètes. Les événements relatés depuis quelques pages pourraient aussi bien être une coïncidence ou la raison de la folie de Sophie s’il s’avère que c’est cette explication là qui est la bonne… ce livre me rend dingue !

Et pour cause, c’est en fait une énorme toile d’araignée, patiemment tissée (et non, vous ne saurez pas par qui). Un thriller psychologique qui nous fait parfois douter de notre propre santé mentale tant toute théorie semble à la fois crédible et absurde.
Quant au titre, non il n’y a pas de faute, mais on n’en comprendra la signification qu’à la toute fin du roman.

Un extrait : Ils ne se sont plus parlé de toute la soirée. Chacun avait ses raisons. Elle s’est vaguement demandé si cette gifle n’allait pas lui causer des problèmes avec Mme Gervais, tout en sachant que cela lui était égal. Maintenant elle devait partir, tout se passait comme si elle était déjà partie.

Comme un fait exprès, ce soir-là, Christine Gervais est rentrée tard. Sophie dormait sur le canapé tandis que sur l’écran un match de basket se poursuivait dans un déluge de cris et d’ovations. Le silence l’a réveillée lorsque Mme Gervais a éteint le poste.

– Il est tard…, s’est-elle excusée.

Elle a regardé la silhouette en manteau plantée devant elle. Elle a grogné un « non » cotonneux.

– Vous voulez dormir ici ?

Lorsqu’elle rentre tard, Mme Gervais lui propose toujours de rester, elle refuse et Mme Gervais paie le taxi.

En un instant, Sophie a revu le film de cette fin de journée, la soirée silencieuse, les regards fuyants, Léo, grave, qui a écouté patiemment l’histoire du soir en pensant visiblement à autre chose. Et recevant d’elle le dernier baiser avec une peine si visible qu’elle s’est surprise à dire :

– C’est rien, poussin, c’est rien. Je m’excuse…

Léo a fait « oui » de la tête. Il a semblé à cet instant que la vie adulte venait de faire brutalement irruption dans son univers et qu’il en était, lui aussi, épuisé. Il s’est endormi aussitôt.

Cette fois, Sophie a accepté de rester dormir, tant son abattement était grand.

Elle serre entre ses mains le bol de thé maintenant froid sans s’émouvoir de ses larmes qui tombent lourdement sur le parquet. Pendant un court instant, une image est là, le corps d’un chat cloué contre une porte en bois. Un chat noir et blanc. Et d’autres images encore. Que des morts. Il y a beaucoup de morts dans son histoire.

Il est temps. Un regard à la pendule murale de la cuisine : 9 h 20. Sans s’en rendre compte, elle a allumé une autre cigarette. Elle l’écrase nerveusement.

– Léo !

Sa propre voix la fait sursauter. Elle y entend de l’angoisse sans savoir d’où elle vient.

– Léo ?

Elle se précipite dans la chambre de l’enfant. Sur le lit, les couvertures sont bombées, dessinant une forme de montagne russe. Elle respire, soulagée et sourit même vaguement. L’évanouissement de sa peur l’entraîne malgré elle vers une sorte de tendresse reconnaissante.

Elle s’avance près du lit en disant :

– Allons bon, où est-il ce petit garçon… ?

Elle se retourne.

– Peut-être ici…

Elle fait claquer légèrement la porte de l’armoire en pin tout en surveillant le lit du coin de l’œil.

– Non, pas dans l’armoire. Dans les tiroirs peut-être…

Elle repousse un tiroir, une fois, deux fois, trois fois en disant :

– Pas dans celui-ci… Pas dans celui-là… Eh bien non… Où peut-il bien être… ?

Elle s’approche de la porte et, d’une voix plus forte :

– Bon, eh bien, puisqu’il n’est pas là, je m’en vais…

Elle referme bruyamment la porte mais reste dans la chambre, fixant le lit et la forme des draps. Elle guette un mouvement. Et un malaise la saisit, un creux dans l’estomac. Cette forme est impossible. Elle reste là figée, les larmes montent à nouveau mais ce ne sont plus les mêmes, ce sont celles d’autrefois, celles qui irisent le corps d’un homme en sang effondré sur son volant, celles qui accompagnent ses mains à plat sur le dos de la vieille femme lorsque celle-ci est propulsée dans l’escalier.

Elle s’avance vers le lit d’un pas mécanique et arrache les draps d’un seul geste.

Léo est bien là, mais il ne dort pas. Il est nu, recroquevillé, les poignets attachés aux chevilles, la tête penchée entre les genoux. De profil, son visage est d’une couleur effrayante. Son pyjama a servi à l’attacher solidement. À son cou, un lacet serré si fort qu’il a dessiné une profonde rainure dans la chair.

 

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