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Livres - Page 83

  • [Livre] N’éteins pas la lumière

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    Résumé : « Tu l'as laissée mourir... »

     Le soir de Noël, Christine Steinmeyer, animatrice radio à Toulouse, trouve dans sa boîte aux lettres le courrier d'une femme qui annonce son suicide. Elle est convaincue que le message ne lui est pas destiné. Erreur ? Canular ? Quand le lendemain, en direct, un auditeur l'accuse de n'avoir pas réagi, il n'est plus question de malentendu. Et bientôt, les insultes, les menaces, puis les incidents se multiplient, comme si quelqu'un cherchait à prendre le contrôle de son existence. Tout ce qui faisait tenir Christine debout s'effondre. Avant que l'horreur fasse irruption.

     Dans les ténèbres qui s'emparent de sa vie, la seule lueur d'espoir pourrait bien venir d'un certain Martin Servaz.

     

    Auteur : Bernard Minier

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 12 février 2015

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Une petite chose m’a dérangée dans le livre, c’est la facilité avec laquelle il est fait du mal aux animaux, que ce soit dans les cauchemars des personnages ou en vrai. Je n’ai pas trouvé que ça apportait grand-chose à l’histoire, le même effet aurait pu être atteint en passant par d’autres moyens.
    En dehors de ça, je suis vraiment happée par l’histoire.
    Au début je n’ai pas compris le rapport entre Servaz et Christine mais au fil des pages, des indices se forment qui les rapprochent, même si je ne sais toujours pas, au moment où j’écris ces lignes, de quelle manière Servaz est impliqué (parce qu’il est flic, à cause d’une ancienne affaire ? Ou est-ce plus personnel ?).
    Les personnes qui entourent Christine m’ont énervée du fait de la facilité avec laquelle ils croient les choses qui sont placées contre elle. Ce n’est pas possible d’être aussi crédules. Alors je veux bien que certaines personnes de son entourages, comme son patron ou l’imbécile orgueilleux auquel elle est fiancée (et qu’à mon avis, elle aurait dû virer à coup de pied dans le c** depuis des lustres) soient bien contents d’avoir des excuses pour lui mener la vie dure, mais le policier qu’elle rencontre dès le début de l’histoire est tout simplement odieux et irrespectueux. Je lui aurais collé une beigne à cet abruti ! Et ça ne va pas s’arranger avec lui et ses collègues de toute évidence !
    Je commence à avoir des doutes sur certains personnages car je suis sûre que le harceleur agit sur ordre, comme un tueur à gages. Certains personnages se recoupent avec une autre affaire de suicide dont on pense qu’elle pourrait être la conclusion d’un même harcèlement que celui que subit Christine.
    Mais comme toujours chaque page qui confirme mes doutes sur un est contrebalancée par une autre qui me fait dire : non, c’est pas lui.
    Et si ça se trouve, c’est aucun des deux !
    Certains de mes doutes semblent se confirmer : L’un de mes suspects a l’air d’être un vrai salopart, mais je ne suis plus sûre qu’il soit responsable de ce qui arrive à Christine. L’autre, a contrario, est remonté dans mon estime, mais peut être qu’il joue la comédie ? Ou encore que le responsable est une toute autre personne ?
    Bref, tout est possible, et j’approche de la fin…

    Et bien elle m’a surprise, et à plus d’un titre, cette fin. Il y a un tas d’évènements auxquels je ne m’attendais pas du tout.
    Seul petit bémol, qui n’en est pas vraiment un, il y a une histoire secondaire concernant Servaz que je ne comprenais pas, jusqu’à ce que je me rende compte que l’auteur a écrit plusieurs livres mettant en scène Servaz. Il faudra non seulement que je les lise, mais que je les lise dans l’ordre pour comprendre enfin qui est cette fameuse Marianne qui n’a aucun rôle dans « n’éteins pas la lumière » mais qu’on cite à plusieurs reprises.
    Pour en revenir à ce livre, j’ai beaucoup aimé la fin, même si elle manquait peut être un peu…disons de moralité !


    Un extrait : — OÙ AS-TU TROUVÉ ça ?

    Son ton était presque désapprobateur – comme s’il la tenait pour responsable d’avoir trouvé ce message dans sa…

    — … dans ma boîte aux lettres.

    Malgré la pénombre, elle lut une intense surprise derrière ses lunettes. Et de l’agacement : Gérald n’aimait pas l’imprévu.

    — Alors ? voulut-elle savoir. Tu en penses quoi ?

    Il haussa les épaules.

    — C’est sans doute un canular. Que veux-tu que ce soit ?

    — Je ne crois pas, non. Ça sonne plutôt vrai.

    Il soupira, remonta ses lunettes sur son nez et posa de nouveau les yeux sur la feuille tenue entre ses doigts gantés, dans la faible lueur du plafonnier. Des flocons légers traversaient par dizaines le faisceau des phares ; une voiture passa près d’eux dans un chuintement assourdi – Christine eut l’impression d’être à bord d’un bathyscaphe dans cet habitacle obscur et froid cerné par la neige. Elle relut la lettre par-dessus l’épaule de Gérald. Les mots se déposaient dans son esprit comme des flocons.

    — Dans ce cas, c’est une erreur, conclut-il. Cette lettre était destinée à quelqu’un d’autre.

    — Exactement.

    Il la regarda de nouveau.

    — Bon, écoute, on résoudra ce mystère plus tard. Mes parents doivent déjà être en train de nous attendre.

    Oui, oui, oui, bien sûr : tes parents… Noël… – qu’est-ce que ça peut faire si une femme tente de se suicider ce soir ?

    — Gérald, tu te rends compte de ce que cette lettre signifie ?…

    Il écarta ses mains gantées du volant, les posa sur ses cuisses.

    — Je crois, oui, dit-il très sérieusement mais comme à regret. Que… que veux-tu qu’on fasse ?

    — Je ne sais pas. Tu n’as pas une idée ? On ne peut quand même pas rester là sans rien faire…

    — Écoute. (De nouveau, ce ton réprobateur, qui semblait dire : Il n’y a que toi pour te fourrer dans des guêpiers pareils, Christine.) On a rendez-vous chez mes parents, chérie : c’est la première fois que tu vas les rencontrer et on a déjà presque une heure de retard. Cette lettre est peut-être authentique – ou peut-être pas… On s’occupera de cette histoire une fois là-bas, je te le promets, mais là, il faut qu’on y aille.

    Il avait parlé calmement, d’une voix raisonnable. Trop raisonnable : le ton qu’il employait quand elle le contrariait, ce qui arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps. Celui qui disait : Note bien que je fais preuve d’une surnaturelle patience. Elle secoua la tête.

    — Il n’y a que deux possibilités : soit c’est un appel au secours qui ne sera pas entendu puisque la personne censée le lire ne le lira pas, soit quelqu’un va vraiment se suicider ce soir – et, dans les deux cas, je suis la seule à le savoir.

    — Quoi ?

    — Tu m’as bien entendue : on doit prévenir la police.

    Il leva les yeux au plafond.

    — Mais cette lettre n’est même pas signée ! Et il n’y a aucune adresse ! Même si on va à la police, qu’est-ce que tu veux qu’ils fassent ? Et tu imagines le temps que ça va prendre ? Ça va foutre notre réveillon en l’air !

    — Notre réveillon ? Je te parle d’une question de vie ou de mort, là !

    Elle le sentit se raidir d’exaspération. Il émit un soupir de pneu percé.

    — Mais, bordel, QUE VEUX-TU QU’ON Y FASSE ? s’écria-t-il. On n’a aucun moyen de savoir de qui il s’agit, Christine ! AUCUN ! Et d’ailleurs, il y a de fortes chances pour que cette personne bluffe : on ne glisse pas une lettre dans une boîte quand on est au bout du rouleau, on laisse un mot chez soi ou sur soi ! C’est probablement juste une mytho qui est seule le soir de Noël et qui n’a trouvé que ce moyen-là pour attirer l’attention ! Elle appelle au secours, mais ça ne veut pas dire qu’elle va passer à l’acte !

    — Alors, tu veux qu’on réveillonne comme si de rien n’était, c’est ça ? Qu’on fasse la fête comme si je n’avais jamais trouvé cette lettre ?

    Elle vit les yeux de Gérald étinceler derrière les lunettes. Puis il regarda à travers le pare-brise – sur lequel les flocons commençaient à déposer une couche translucide –, comme s’il espérait que quelqu’un allait venir à son secours.

    — Mais, bon Dieu, Christine, j’en sais rien, moi ! C’est ta première rencontre avec mes parents ! Tu imagines l’effet que ça va faire si on se pointe avec trois heures de retard !

    — Tu me fais penser à ces connards qui disent : « Il ne pouvait pas aller se suicider ailleurs » quand leur train est bloqué.

     

  • [Livre] La potion magique de Georges Bouillon

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    Résumé : Décidément, Georges déteste sa grand-mère ! Elle ressemble trop à une sorcière. Il est encore plus sûr que c'est une vieille chipie. Il s'enferme dans la cuisine et décide de lui préparer une redoutable potion magique.

     

    Auteur : Roald Dahl

     

    Edition : Folio junior

     

    Genre : enfant

     

    Date de parution : 1981

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Déjà que le pauvre Georges s’ennuie dans la ferme isolée de tout de son père, il faut avouer que sa grand-mère est vraiment très méchante. Une vraie sorcière comme les aime Roald Dahl.
    D’ailleurs, persuadé qu’il a affaire à une vraie sorcière, comme dans les contes, Georges cherche comment il pourrait se débarrasser de la mégère.
    Quand on voit tout ce que Georges met dans sa potion, on se dit qu’il va tuer la mémé. C’est vraiment immonde, mieux vaut ne pas avoir trop mangé avant de le lire…
    Et les effets de la potion sont tels que le père de Georges, attiré par l’appât du gain, décide d’en refaire immédiatement. Sauf que son fils n’a pas noté les ingrédients qu’il a utilisé et que les nouvelles potions vont se révéler…intéressantes.
    C’est un livre amusant, un peu plus délirant que Mathilda ou même que Charlie et la chocolaterie. Il m’a moins plu que ce dernier, d’ailleurs, mais pour un 7 – 10 ans, cela peut donner le goût de la lecture grâce aux situations absurdes qu’il met en scène.

     

    Un extrait : Georges s’ennuyait à mourir. Il n’avait ni frère ni soeur. Son père était fermier et, comme la ferme était loin de tout, Georges n’avait pas d’amis avec qui jouer. Il en avait assez de contempler les cochons, les poules, les vaches et les moutons. Et surtout, il en avait par-dessus la tête de vivre dans la même maison que cette vieille ourse mal léchée de Grandma. Passer son samedi matin à s’occuper d’elle ne le réjouissait guère.

    — Prépare-moi une petite tasse de thé, dit Grandma à Georges. Ça t’empêchera de faire des bêtises pendant un moment.

    — Oui, Grandma, répondit Georges.

    Georges n’y pouvait rien, il détestait Grandma. C’était une vieille femme grincheuse et égoïste qui avait des dents jaunâtres et une petite bouche toute ridée comme le derrière d’un chien.

    — Combien de cuillerées de sucre dans ton thé, aujourd’hui, Grandma ? demanda Georges.

    — Une, répondit-elle sèchement. Et n’ajoute pas de lait.

    La plupart des grand-mères sont d’adorables vieilles dames, gentilles et serviables, mais pas celle-la. Elle passait sa journée, toutes ses journées, assise dans son fauteuil, près de la fenêtre et elle était tout le temps en train de se plaindre, de bougonner, de ronchonner, de râler et de pester sur tout et sur rien. Jamais, même dans ses bons jours, elle n’avait souri à Georges, jamais elle ne lui avait dit : « Bonjour, Georges, comment ça va ? » ni : « Et si on jouait au jeu de l’oie ? » ni : « Comment ça s’est passé à l’école aujourd’hui ? » Elle ne s’intéressait qu’à elle. C’était une affreuse vieille mégère.

     

  • [Livre] Reines, maitresses et favorites – La marquise de Pompadour

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    Résumé : Jeanne-Antoinette Poisson nait à Paris en 1721. Son père, écuyer du duc d’Orléans, est contraint à l’exil après des malversations et c’est l’un des amants de sa mère qui l’élèvera. A 20 ans, la jeune femme « belle à miracle » épouse l’un des riches neveux de son protecteur. Femme d’esprit d’une grande beauté, elle fréquente tous les salons à la mode et s’y fait remarquer. Mais sa vie change radicalement le jour où elle croise, lors d’une chasse, le roi Louis XV.

    Auteur : Collectif

     

    Edition : Hachette Collection      

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : septembre 2014

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Cet ouvrage est sur le même format que la reine Margot, à savoir un texte chronologique centré sur la personne présentée, ici Jeanne Poisson, agrémenté d’encarts présentant les divers personnages qui gravitent autour d’elles, de magnifiques illustrations, reproductions pour la plupart d’œuvres de maîtres, et de pages détaillant des points particuliers comme les usages de la cour.
    Le livre est très complet et j’ai appris des choses que je n’avais encore jamais lues, comme le fait que Louis XV ait élevé la marquise au rang de duchesse, bien qu’elle n’en ait pas eu le titre.

    A la fin du livre, on a une frise chronologique qui nous indique sur une double page les moments clefs de la vie de la marquise. Ils sont ainsi visibles du premier coup d’œil.

    Bien sur, en 55 pages, le livre n’aborde que superficiellement la vie de la Marquise mais cette série permet de connaître l’essentiel et peut être très utile pour parfaire un peu sa culture générale (et servira aussi pour les exposés des collégiens/lycéens.)

     

    Un extrait : Après avoir fait ses études au couvent des Ursulines à Poissy de 1726 à 1730, le petite Jeanne-Antoinette, surnommée Reinette, prend des cours de théâtre avec l’auteur dramatique Crébillon. On fait aussi appel aux meilleurs professeurs pour lui enseigner la danse et le dessin. Mais c’est dans le chant, auquel la jeune fille est formée par le célèbre ténor Jélyotte, qu’elle excelle.

    Allié à sa beauté, ce talent la fait vite remarquer dans les meilleurs salons parisiens. Reçue chez Mme D’Angervilliers, elle suscite l’enthousiasme général en interprétant le grand air d’Armide, de Lully. On la retrouve chez Mme de Tencin, où elle fait la connaissance de Montesquieu, de Marivaux, de Fontenelle, de Piron et de Duclos. Ravie de côtoyer des hommes de lettres aussi célèbres, l’adolescente écoute avec fascination leurs conversations brillantes et rit volontiers à leurs bons mots.

     

  • [Livre] Jane Eyre

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    Résumé : Orpheline, Jane Eyre est recueilli à contrecœur par une tante qui la traite durement. Placée dans un orphelinat, elle y reste jusqu'à l'âge de dix-huit ans. Elle devient alors institutrice dans une famille et tombe passionnément amoureuse du père de son élève. Un amour partagé, auquel elle résistera d'abord. Mais son sentiment, plus fort que tout, aura raison de ses incertitudes.

     

    Auteur : Charlotte Brontë

     

    Edition : Livre de Poche

     

    Genre : Classique étranger

     

    Date de parution : 16 octobre 1847 (1ère publication)

     

    Prix moyen : 4€

     

    Mon avis : Il y a quelques années, j’ai vu l’adaptation cinéma de ce livre et j’avais beaucoup aimé. Comme je me doutais que le livre était plus riche que le film, j’ai décidé de le lire.
    J’ai laissé passer suffisamment de temps entre le visionnage du film et ma lecture, pour ne pas être tentée de faire de multiples comparaisons entre les deux.
    J’aime beaucoup le style d’écriture, qui est simple sans envolées lyriques.

    Pour décrire Lowood, l’école de charité où est envoyé Jane, Charlotte Brontë s’est inspirée de l’école de Cowan Bridge où elle fut envoyée avec ses sœurs. Cette école, malgré son excellente réputation, n’était pas chauffée, la nourriture était insuffisante et préparée sans hygiène, le directeur, un pasteur tyrannique et une des institutrices, Miss Andrews faisait preuve d’une grande cruauté. Ces personnes vont trouver leur pendant dans Jane Eyre sous les traits de M. Brocklehurst et de Miss Scatcherd. C’est lors de leur séjour dans cette école que les sœurs aînées de Charlotte contractent la tuberculose et décèdent à peine retirées de l’établissement. Cet évènement, qui a énormément marqué Charlotte (d’autant que la tuberculose va emporter presque tous les membres de la famille), est reporté dans Jane Eyre à travers l’histoire d’Helen Burns, l’amie de la jeune orpheline.
    Tout comme sa sœur Anne, Charlotte s’est grandement inspirée de sa propre vie pour créer Jane, son personnage principal. Comme Jane, Charlotte a été enseignante dans son ancienne école, puis institutrice dans une famille. Son physique lui-même semble correspondre à la description qui est faite de Jane.
    Au niveau des personnages, j’aime beaucoup Jane, qui est très lucide sur ses défauts même si elle se montre parfois sévère envers elle-même.
    Rochester est plus dur à cerner, mais plus on avance dans le livre, plus on comprend son attitude.
    En revanche, Saint-John m’a énervée. En tant que pasteur, je trouve qu’il méprise trop les tâches humbles : il rêve de grandes actions et de gloire, ce qui, à mon sens, en fait un mauvais ministre. Son attitude vis-à-vis de Jane est pénible : il agit comme si elle devait lui obéir en tout alors que c’est lui qui lui est redevable, ce qu’il semble facilement oublier. J’aurais aimé que Jane soit moins réservée et lui dise ses quatre vérités, mais ce n’était pas vraiment les manières de l’époque.
    Je ne me rappelle pas qu’il ait été si insupportable dans le film !
    Je me souvenais de la fin, mais elle est bien plus développée dans le livre et donne bien plus de détails. J’ai beaucoup apprécié que Jane, à la fin du roman, nous donne des nouvelles de ce que sont devenus les personnages dont elle était le plus proche.
    Il me restera à lire les hauts de Hurlevent et j’aurais ainsi lu les œuvres principales de toutes les sœurs Brontë !

    Un extrait : Depuis ma conversation avec M. Loyd et la conférence que je viens de rapporter entre Bessie et Mlle Abbot, j'espérais un prochain changement dans ma position ; aussi combien étais-je impatiente d'une prompte guérison ! Je désirais et j'attendais en silence ; mais tout demeurait dans le même état. Les jours et les semaines s'écoulaient ; j'avais recouvré ma santé habituelle ; cependant, il n'était plus question du sujet qui m'intéressait tant. Mme Reed arrêtait quelquefois sur moi son regard sévère ; mais elle m'adressait rarement la parole.

    Depuis ma maladie, la ligne de séparation qui s'était faite entre ses enfants et moi devenait encore plus profonde. Je dormais à part dans un petit cabinet ; je prenais mes repas seule ; je passais tout mon temps dans la chambre des enfants, tandis que mes cousins se tenaient constamment dans le salon. Ma tante ne parlait jamais de m'envoyer en pension, et pourtant je sentais instinctivement qu'elle ne me souffrirait plus longtemps sous le même toit qu'elle ; car alors, plus que jamais, chaque fois que son regard tombait sur moi, il exprimait une aversion profondément enracinée.

    Éliza et Georgiana, obéissant évidemment aux ordres qui leur avaient été donnés, me parlaient aussi peu que possible. John me faisait des grimaces toutes les fois qu'il me rencontrait. Un jour, il essaya de me battre ; mais je me retournai contre lui, poussée par ce même sentiment de colère profonde et de révolte désespérée qui une fois déjà s'était emparé de moi. Il crut prudent de renoncer à ses projets. Il s'éloigna de moi en me menaçant, et en criant que je lui avais cassé le nez. J'avais en effet frappé cette partie proéminente de son visage, avec toute la force de mon poing ; quand je le vis dompté, soit par le coup, soit par mon regard, je me sentis toute disposée à profiter de mes avantages ; mais il avait déjà rejoint sa mère, et je l'entendis raconter, d'un ton pleureur, que cette méchante Jane s'était précipitée sur lui comme une chatte furieuse.

    Sa mère l'interrompit brusquement.

    «Ne me parlez plus de cette enfant, John, lui dit-elle ; je vous ai défendu de l'approcher ; elle ne mérite pas qu'on prenne garde à ses actes ; je ne désire voir ni vous ni vos sœurs jouer avec elle.»

    J'étais appuyée sur la rampe de l'escalier, tout près de là. Je m'écriai subitement et sans penser à ce que je disais :

    «C'est-à-dire qu'ils ne sont pas dignes de jouer avec moi.»

    Mme Reed était une vigoureuse femme. En entendant cette étrange et audacieuse déclaration, elle monta rapidement l'escalier ; plus prompte qu'un vent impétueux, elle m'entraîna dans la chambre des enfants et me poussa près de mon lit, en me défendant de quitter cette place et de prononcer une seule parole pendant le reste du jour.

    «Que dirait mon oncle Reed, s'il était là ?» demandai-je presque involontairement.

    Je dis presque involontairement ; car ces paroles, ma langue les prononçait sans que pour ainsi dire mon esprit y eût consenti. Il y avait en moi une puissance qui parlait avant que je pusse m'y opposer.

    «Comment ! s'écria Mme Reed, respirant à peine. Ses yeux gris, ordinairement froids et immobiles, se troublèrent et prirent une expression de terreur ; elle lâcha mon bras, semblant douter si j'étais une enfant ou un esprit.

    J'avais commencé, je ne pouvais plus m'arrêter.

    «Mon onde Reed est dans le ciel, continuai-je ; il voit ce que vous faites et ce que vous pensez, et mon père et ma mère aussi ; ils savent que vous m'enfermez tout le jour, et que vous souhaitez ma mort.»

    Mme Reed se fut bientôt remise ; elle me secoua violemment, et, après m'avoir donné un soufflet, elle partit sans ajouter un seul mot.

    Bessie y suppléa par un sermon d'une heure ; elle me prouva clairement que j'étais l'enfant la plus méchante et la plus abandonnée qui eût habité sous un toit. J'étais tentée de le croire, car je ne sentais que de mauvaises inspirations s'élever dans mon cœur.

     

  • [Livre] La reine des délices

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    Résumé : À la mort de son père, Josey décide qu'elle doit cesser ses caprices de petite fille et fait la promesse de se dévouer corps et âme à sa mère. Vingt ans plus tard, éteinte d'avoir été trop couvée, elle soigne sa solitude dans le placard de sa chambre, ou elle cache des monceaux de sucreries.
    Et le jour ou Della Lee Baker, battue par son compagnon, vient se réfugier dans cette même penderie, la vie de Josey bascule. Titillée par son aînée, elle s'ouvre enfin au monde et rattrape le temps perdu d'une jeunesse bridée. À 27 ans, elle commence enfin à vivre...

     

    Auteur : Sarah A. Allen

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : roman contemporain

     

    Date de parution : 20 octobre 2011

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Josey n’a vraiment aucune vie. Elle idéalise son père et sert quasiment d’esclave à sa mère pour expier d’avoir été une enfant difficile.
    Je trouve que tout le monde est à blâmer dans la réclusion presque forcée de Josey car tout le monde n’a à la bouche que le comportement qu’elle avait petite fille alors qu’elle a 27 ans. On l’enferme dans ce rôle d’enfant insupportable et elle ne peut pas en sortir malgré sa gentillesse.
    La mère de Josey, Margaret, est tout simplement affreuse. A un moment un des personnages dit qu’elle n’a fait un enfant que pour s’enchaîner définitivement à la fortune de son mari et son attitude semble corroborer les dires de cette personne. Elle dénigre sa fille sans arrêt, ne cesse de lui dire que se maquiller la rendrait vulgaire, que porter du rouge l’enlaidit, alors que c’est tout le contraire.
    Je pense qu’elle a surtout peur de perdre son esclave personnelle et qu’elle ne supporte pas l’idée que Josey pourrait attirer l’attention, se faire des amis, avoir une relation amoureuse, bref tout ce qui pourrait l’ouvrir au monde.
    Contrairement à ce qu’elle essaie de faire croire au tout début, ce n’est pas un hasard si Della Lee se réfugie dans la penderie de Josey. Elle a de bonnes raisons de vouloir venir en aide à la jeune femme, même si celle-ci ne la croie pas quand elle les lui révèle. Mais je pense que la vérité va bientôt lui être révélée. Tout le monde parle de son père comme d’un grand homme, mais tout le monde, la mère de Josey y compris, sais qu’il collectionnait les aventures. Josey est la seule à ne pas être au courant.
    Jake, le petit amie de Chloé, que l’on peut décrire comme étant la toute première amie de Josey, est un peu énervant, dans sa manière de croire que le pardon de Chloé lui est acquis. Il ne semble pas comprendre pourquoi elle veut savoir avec qui il l’a trompée, et pourquoi le seul fait qu’il le lui ait avoué et qu’il soit désolé ne suffit pas pour qu’elle lui pardonne. Ce n'est pas un méchant gars, et je crois qu’il est sincère dans son incompréhension, comme il ne comprend pas pourquoi le fait que Chloé n’ait choisi aucun meuble et garde toutes ses affaires dans un garde meuble poserait un problème.
    Adam est plus difficile à cerner, mais je pense qu’il a juste peur de souffrir. Il a beaucoup perdu et il se dit que si les choses n’évoluent jamais, il ne prend plus de risques.
    Le livre est bourré de manifestations surnaturelles mais elles sont légères : des livres qui apparaissent tous seuls quand Chloé en a besoin par exemple.
    La fin m’a sidérée. Honnêtement, je ne m’attendais pas du tout à ça ! j’étais vraiment sciée ! Mais j’ai adoré !

    Un extrait : — Della Lee Baker, que fais-tu dans ma penderie ?

    — Tu ne devrais pas laisser ta fenêtre ouverte ! N’importe qui pourrait entrer.

    Elle contredisait à elle seule la croyance bien ancrée selon laquelle l’huile essentielle de menthe poivrée sur l’appui d’une fenêtre et le seuil d’une porte empêchait toute intrusion de visiteur indésirable. Depuis des années, la mère de Josey avait appris à chacune de leurs employées à en badigeonner la maison pour maintenir les intrus à distance. Du coup, leur intérieur embaumait les fêtes de Noël tout au long de l’année.

    Josey fit un pas en arrière et tendit la main.

    — Sors d’ici !

    — Je ne peux pas.

    — Bien sûr que si.

    — Je dois me planquer.

    — Je vois, et naturellement, le premier endroit auquel tu as pensé, c’est ma chambre.

    — Qui aurait l’idée de venir me chercher ici ?

    Les femmes brusques avaient des manières brusques.

    Della Lee essayait-elle de lui dire qu’elle était en danger ?

    — Bon, d’accord, je t’écoute. Qui te recherche, Della Lee ?

    — Peut-être personne. Peut-être qu’ils n’ont pas encore découvert ma disparition.

    À la surprise de Josey, Della Lee fit soudain coulisser la fausse cloison au fond de la penderie.

    — En parlant de découvertes, regarde celle que j’ai faite !

    Elle avait dégagé le grand espace dissimulé derrière les vêtements. Le sol y était jonché de romans à l’eau de rose, de catalogues et de magazines, mais la plus grande partie du placard secret était occupée par des étagères pleines de nourriture : paquets de biscuits, rangées de bonbons, tours de soda.

    Josey fut prise d’une panique soudaine. Elle était censée être heureuse. Et la plupart du temps elle l’était maladroitement, à sa manière. Certes, elle n’aurait jamais la beauté de sa mère ni la personnalité de son défunt père. Elle était pâlotte, quelconque, un peu trop ronde, et elle l’acceptait. Mais la nourriture la réconfortait. Elle comblait les vides. Et Josey préférait la cacher, afin de pouvoir se régaler sans s’inquiéter de ce que pensaient les autres, ni craindre de décevoir sa mère.

    — Je dois d’abord piger deux trois trucs, dit Della Lee en refermant la cloison, maintenant qu’elle s’était bien fait comprendre.

    Elle connaissait à présent le secret de Josey. Ne révèle pas le mien et je ne révélerai pas le tien.

    — Ensuite, poursuivit-elle, je partirai vers le nord.

    — Tu ne peux pas rester ici. Je vais te donner de l’argent. Tu pourras aller à l’hôtel.

    Josey se tournait, pour prendre son portefeuille et distraire ainsi Della Lee de sa nourriture. Mais elle s’interrompit net.

    — Attends ! Tu quittes Bald Slope ?

    — Comme si toi tu ne rêvais pas de t’arracher de ce trou ! fit Della Lee en s’appuyant en arrière sur ses bras tendus.

    — Ne sois pas ridicule. Je suis une Cirrini.

    — Dis-moi si je me trompe, mais ce ne seraient pas des brochures de voyage dans ton placard secret ?

    Josey, irritée, tendit de nouveau la main.

    — Sors d’ici !

    — On dirait que je suis arrivée à temps. Ce n’est pas le placard d’une femme heureuse, Josey.

    — Au moins, moi, je ne me cache pas dedans.

    — Je parie que ça t’arrive.

    — Va-t’en.

    — Non.

    — Ça suffit. J’appelle la police.

    Della Lee se mit à rire, se moquant ouvertement de Josey. Ses dents de devant un peu de travers lui allaient bien, lui donnaient un air excentrique et insolent. C’était le genre de femme qui pouvait se permettre n’importe quoi, sans aucune limite.

    — Et qu’est-ce que tu vas leur dire ? « Il y a une femme dans ma penderie, venez vite ? » Ils risquent de trouver ta planque.

    Josey voulut voir si Della Lee bluffait. Cela lui ferait les pieds. Tant pis si tout le monde apprenait qu’elle avait de la nourriture dans son placard. Mais son cœur se mit à battre plus fort. Elle se racontait des histoires. C’était déjà assez gênant d’être si loin de l’image de la belle du Sud, avec son poids, ses cheveux indomptables, son fantasme de quitter sa mère qui avait besoin d’elle, son envie de partir sans jamais regarder en arrière. Les filles respectables prennent soin de leur mère. Et surtout, elles ne cachent pas des montagnes de sucreries dans leur placard.

     

  • [Livre] Parfaite

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    Résumé : Je sais tout de toi. Tu es parfaite. Je t'aimerai à la vie, à la mort. Tu es à moi pour toujours. Lorsque Beck pousse la porte de sa librairie, Joe est immédiatement sous le charme. Ravissante, effrontée, sexy, elle est tout simplement tout ce qu'il cherche chez une femme. Et quand Joe aime, il est prêt à tout pour parvenir à ses fins... Quelques semaines plus tard, la vie de Beck n'a plus de secrets pour Joe. Il a trouvé son nom, son adresse, s'est procuré accès à ses emails, il la suit virtuellement sur les réseaux sociaux et physiquement dans les rues de New York. Avec un peu d'organisation, une " vraie " rencontre est vite provoquée, et comment résister à un garçon qui devance vos moindres désirs, semble deviner vos pensées les plus intimes ? Et lorsque des personnes de l'entourage de Beck sont victimes d'accidents macabres, c'est tout naturellement dans les bras de Joe que se réfugie la jeune femme. Mais si Beck ignore l'ampleur de l'obsession de son nouveau petit ami, Joe ne connaît pas non plus toutes les facettes de sa bien-aimée...

     

    Auteur : Caroline Kepnes

     

    Edition : Kéro français

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 9 avril 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Je ne suis qu’au chapitre 3 et je n’en peux déjà plus de la vulgarité de ce roman. Alors je veux bien que le narrateur soit un psychopathe, mais il y a quand même des limites, d’autant plus que ça n’apporte rien à l’histoire.
    Pour l’instant, j’ai plus l’impression d’être dans l’introduction d’un roman érotique que d’un thriller (et si j’avais voulu lire une roman érotique, ben j’aurais lu un roman érotique, ce n’est pas ce qui manque depuis 50 nuances de Grey).
    En plus, je trouve que ça ne cadre pas avec le personnage de Joe. Certes c’est clairement un psychopathe mais c’est aussi un homme cultivé, féru de lecture et de poésie, qui parle de manière très correcte par ailleurs. Je l’aurais plus vu se dire qu’il faudra qu’il corrige le langage de Beck lorsqu’ils seront ensemble.
    Il y a des coquilles (comme le « pie de vache » ou « la musique est trop fort ») ce qui est plus un problème d’éditeur que d’auteur puisque celui-ci est anglophone: quand on fait traduire un texte, on le corrige.
    Pour la suite, j’ai réussi à occulter au maximum la vulgarité récurrente pour me concentrer sur l’histoire.
    Celle-ci est intéressante, mais c’est un peu long. Je ne suis qu’à la moitié du roman et j’ai un peu l’impression de tourner en rond. Pour chaque personnage, l’auteur nous explique et réexplique sa psychologie des pages durant, sans autre action que l’analyse du comportement de la personne par Joe.
    Alors que le résumé laisse entendre que Beck puisse être encore plus dangereuse et psychopathe que Joe, pour l’instant, je ne vois qu’une gamine inconsciente, gâtée, inconstante, qui veut tout sans avoir à faire le moindre effort, qui se plaint sans arrêt de ne pas être reconnue à sa juste valeur, bref une tête à claque. J’espère presque qu’elle va déclencher une phase de violence chez Joe et qu’il la tue, ça ferait un peu d’action (mais comme je l’ai dit, je n’en suis qu’à la moitié, les choses vont peut-être changer).
    Certaines personnes de l’entourage de Beck ne sont que superficiellement présentées, mais il y a une exception pour son amie Peach qui, au point de l’histoire où j’en suis, tient une place importante.
    Le problème de ce livre est que l’auteur semble penser que tout le monde est psychopathe à des degrés plus ou moins élevés. Des situations qui sembleraient normales par ailleurs (une personne qui a envie d’en voir une autre sans ses amis, un frère qui veut une explication avec le mec qui a quitté sa sœur, un gosse qui se fait virer parce qu’il fout rien au boulot…) deviennent ici incontrôlables (obsession, manipulation, violence, abus de pouvoir…). Et ce n’est pas que la manière de voir de Joe puisqu’il relate des faits. Au vu de l’entourage, proche ou moins proche, Joe semble normal, équilibré, et c’était peut-être le but de l’auteur, mais pour ma part, j’ai trouvé ça complètement incohérent (et encore une fois, dans la plupart des cas, cela n’apporte strictement rien à l’histoire).
    Bon dire que Joe est équilibré est exagéré, c’est vraiment un taré, mais il ne se voit pas comme ça et plusieurs scènes sont assez impressionnantes du fait de la façon dont il analyse et retourne une situation, se faisant passer presque pour une victime.

    L’histoire commence vraiment à bouger dans les 15 derniers chapitres (sur 53 quand même). Je pense que si on épurait de tout ce qui n’apporte rien à l’histoire, on pourrait en enlever un bon tiers, mais le reste est bien écrit et on plonge vraiment dans la psychologie des personnages.

    La fin est sans grande surprise. Je ne sais pas si c’est parce que ce genre de psychopathe est prévisible, mais je l’ai vu venir comme un camion.
    Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai perdu mon temps avec cette lecture car c’était tout de même divertissant mais elle ne me laissera pas un souvenir impérissable.

    Un extrait : Je nous imagine baiser dans ce restaurant. L’air est saturé d’odeurs de bière, de bacon et d’huile. Je respire, j’inhale tout cela. Tu poses tes mains sur ta tête et Dieu existe car à ce moment-là, ils passent une chanson de Bowie et tu souris. Je te regarde sourire et je t’imagine nue. Je suis un peu ivre et je me lève et tu entends ma chaise bouger. Tu ouvres les yeux.

    – Ferme les yeux, Beck.

    Tu obéis et commences à parler.

    – J’allais te raconter un truc à propos de cet album.

    – Je ne veux rien savoir à propos de cet album.

    Je vais t’apprendre à me traiter différemment. Je ne suis pas un de ces connards d’étudiants qui va te respecter parce que tu connais un obscur album de David Bowie. Je brûlerais en enfer plutôt que te laisser me raconter les mêmes histoires que celles que tu racontais aux mecs de Yale. Tu es à moi et tu feras comme je te l’ordonnerai. Bowie chante à propos d’étrangers qui viennent à sa rencontre et tu fredonnes tout le long pour me montrer que tu connais les paroles. Pauvre chérie, comme tu as dû être malheureuse avec tous les Benjis du monde que ce genre de connerie impressionnait.

    Je fais le tour de la table et m’assieds juste à côté de ta tête. Tu glousses et tu gardes les yeux fermés. Tu as cessé de fredonner. Tu n’es plus que désir. Je pose mes pieds sur une chaise en face. Ma queue est à quelques centimètres de ton visage, de ta bouche et tu peux la sentir, tes petites narines la flairent et tu déglutis, nerveusement. Je me penche au-dessus de toi. Tes paupières restent closes et ta bouche entrouverte. Bowie se lamente car les humains l’ont déçu. Il ne nous connaissait pas, Beck.

    – On est bien, là, tu dis avant que la chanson ne se termine. Peut-être qu’ils vont nous oublier et nous enfermer ici.

    – Oui.

    Et je hais Benji parce que je veux rester ici avec toi pour toujours quand je dois pourtant aller nourrir ce petit animal. Même enfermé, il continue à se mettre en travers de notre route.

    – Hé !

    Tu t’es redressée et tes yeux sont grands ouverts. La chanson est terminée et c’est Led Zeppelin, maintenant. La musique est soudain trop fort. Tu m’ordonnes :

    – Raccompagne-moi.

    – Oui, mademoiselle.

    Nous marchons deux blocs sans dire un mot. Nous avons les mains dans les poches parce que nous savons qu’elles doivent y rester ou sinon. Nous sommes tous les deux trop excités pour faire semblant d’avoir une conversation. La nuit est silencieuse et il n’y a pas âme qui vive. Nous arrivons devant ton perron, tu gravis deux marches et nous nous faisons face. Même si je ne t’avais pas vue le faire, je devinerais que ce n’est pas la première fois que tu fais cela. C’est ton petit manège habituel. Je ne vais pas t’embrasser, Beck. Ce n’est pas toi qui vas me dire quoi faire avec ton corps.

     

  • [Livre] La maladroite

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    Résumé : Inspiré par un fait divers récent, le meurtre d'une enfant de huit ans par ses parents, La maladroite recompose par la fiction les monologues des témoins impuissants de son martyre, membres de la famille, enseignants, médecins, services sociaux, gendarmes. Un premier roman d'une lecture bouleversante, interrogeant les responsabilités de chacun dans ces tragédies de la maltraitance.

     

    Auteur : Alexandre Seurat

     

    Edition : Rouergue Eds

     

    Genre : Drame

     

    Date de parution : 19 août 2015

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : On a ici un livre très court (8 chapitres + l’épilogue). Sa particularité est qu’il est raconté par les avis successifs des personnes ayant été proche de la petite Diana. Les institutrices successives de l’enfant, la grand-mère, la tante, les médecins scolaires, les gendarmes etc… chacun donne son point de vue.
    On avance donc dans l’histoire, au rythme de ces points de vue différents, de ces témoignages qui, réunis, nous permettent d’avoir une vision d’ensemble que ces témoins n’ont pas eue au moment des faits.
    Alexandre Seurat s’est inspiré de l’affaire Marina Sabatier, utilisant les minutes du procès pour les différents aspects de l’affaire et ne romançant que les passages qui sont restés inconnus du public.
    Si certaines personnes ont tout tenté pour protéger l’enfant, comme les institutrices, les directrices et le second médecin scolaire, les autres se sont plus ou moins désintéressés du cas de l’enfant.
    Chacun, que ce soit la tante, la grand-mère ou les assistantes sociales, ont laissé faire. Parce que le père était affable, parce que la gamine racontait au mot près la même version que son père pour expliquer ses blessures (ce qui à mon sens aurait dû mettre la puce à l’oreille des enquêteurs). La seule défense des services sociaux ? Le parquet a classé sans suite pour manque de preuve, donc on clôt le dossier. Alors que justement, ils auraient dû les chercher, ces preuves, pour les transmettre au parquet. Et ces preuves, c’était quoi qu’ils voulaient ? Des aveux ? Parce que de toute évidence, les nombreux signalements des différentes écoles, l’hospitalisation en urgence de Diana, décidée par le médecin scolaire, tout ceci n’était pas suffisant pour protéger cette enfant.
    Quand on lit les articles sur l’affaire, on voit à quel point chacun essaie de sauver sa peau, d’expliquer les défaillances des différents services.
    On se demande comment des parents qui font l’objet d’une suspicion de maltraitance n’ont qu’à simplement déménager pour mettre un frein à l’enquête.
    Le livre ne va pas au-delà des points de vue des protagonistes au cours de l’affaire, mais il suffit de taper le nom de la fillette pour savoir qu’à l’issue de leur procès, les parents ont été condamnés à 30 ans de réclusion criminelle et qu’une association de défense des enfants a porté plainte contre la France début 2015 devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme quand il a été clair qu’aucune mesure ne serait prise contre les institutions qui ont si gravement manqué à leur devoir.

    Un extrait : LA TANTE

    Alors j’ai vu. La première fois, j’étais dans leur cuisine avec Diana, quand elle a renversé un verre. Il s’est cassé. Un court instant qui a semblé durer une heure, elle m’a regardée très fixement, terrorisée, mais je ne comprenais pas. J’ai à peine eu le temps de dire, Ce n’est pas grave, que ma sœur était là. Elle s’était précipitée. Elle l’a prise, l’a emmenée dans la salle de bains, j’ai entendu le bruit de l’eau qui coulait dans la douche, et les cris de Diana. C’est allé tellement vite, j’ai vu Diana qui ressortait, trempée. Dans la stupéfaction, j’ai dit à ma sœur, Tu ne crois pas que tu y vas un peu fort ?, mais elle a dit, Et comment veux-tu qu’elle comprenne ? Je me souviens seulement de la petite robe blanche de Diana qui lui collait au corps, et de sa peau qu’on voyait à travers. Elle est repartie grelottante, toute seule, dans sa chambre. Cette nuit-là, je me rappelle que je me suis levée pour aller voir ma fille, pour vérifier qu’elle respirait, je posais une main contre sa joue, et sa joue était chaude dans ma main, et j’entendais son souffle sous ma main. Nous avons continué à les voir, peut-être que je voulais être sûre. Un soir que nous prenions l’apéritif chez eux, leurs enfants étaient là, à côté de la table basse. Et pendant que nous parlions, Diana s’est approchée de la table basse, elle a tendu le bras vers une coupelle, son père a attendu que la main de Diana prenne un gâteau, tandis qu’elle levait les yeux l’air interrogateur, mais ça venait un peu tard. Qu’est-ce que tu fais ?, a dit son père, et, sans prévenir, avant que j’aie eu le temps de rien comprendre, il a frappé le genou de Diana d’une série de petits coups de poing très secs, très durs, qui ont fait une rafale de petits bruits mats. Diana n’a rien dit, elle encaissait, les yeux baissés. J’ai fini par dire, Mais ça va pas ? Alors son père m’a regardée, et il a dit, Il faut bien qu’elle comprenne, ma sœur ne disait rien. Diana avait gardé les yeux baissés. Tout s’est passé très vite, la seule chose que je revois nettement, c’est le regard d’Arthur fixé sur moi, les yeux grands ouverts. Arthur muet, figé de peur ou d’étonnement. Alors on s’est levés, on est partis, et depuis ce jour-là on ne les a plus revus.

     

  • [Livre] Criminal loft

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    Résumé : Etats-unis. Kentucky.
    Sanatorium de Waverly Hills.
    Ils sont huit.
    Six hommes, deux femmes, condamnés à la peine capitale et sélectionnés pour participer au reality show le plus brûlant qui ait jamais existé : « CRIMINAL LOFT » !
    Chaque semaine, les votes du public élimineront un candidat afin qu’il reprenne sa place dans le couloir de la mort.
    Un seul d’entre eux recouvrera la liberté…
    Mais lorsque huit dangereux criminels se retrouvent prisonniers du lieu dit « le plus hanté des Etats-Unis », l’aventure tourne au cauchemar...
    Quelles terribles épreuves leur réservent les créateurs du loft ?
    Jusqu’où iront-ils pour prouver qu’ils méritent de vivre ?
    A vous de juger…

     

    Auteur : Armelle Carbonel

     

    Edition : fleurs sauvages

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution :

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Le narrateur est un des criminels condamnés à mort qui participent à Criminal loft. Au fil des pages, on découvre la nature des crimes et les personnalités de chacun de ses « adversaires » mais lui, se dévoile à travers les flashs back de sa vie passée et les réflexions qu’il se fait.
    Il est le seul à ne pas chercher d’excuses à ses crimes, dot on sait qu’ils concernent des femmes et ont été particulièrement sanglants, sans qu’on en ait, pour l’instant, une vision globale (ça viendra peut être plus tard).
    Pour l’instant une réflexion de John a attiré mon attention. Il parle de sa vie dans son pénitencier et dit que tout le monde se méfiait du prisonnier surnommé John T. J’en viens donc à me demander : John est-il son vrai nom ? Parle-t-il de surnom parce qu’on dit T. au lieu de dire son nom complet ? Cela a-t-il une importance ou n’est ce qu’une anecdote destinée à nous égarer un peu plus ?
    Les scènes, le plus souvent des rêves, dans lesquelles on en apprend plus sur le passé de John sont toujours très frustrante car lorsque le rêve s’achève, le récit s’interrompt, souvent brusquement, ce qui nous laisse sur notre faim.
    Au fil des pages plusieurs questions se posent, et il est impossible à dire si elles sont indépendantes ou si elles sont imbriquées entre elles.
    La première question est bien sur de savoir qui va gagner le jeu et être libéré.
    La seconde question concerne un évènement qui a lieu assez rapidement dans le livre. On se demande logiquement qui est responsable de cet évènement et si cette personne a agit seule.
    La troisième question est : qui se cache derrière « la voix » ?
    J’avais trouvé une partie des réponses, parfois bien avant leur révélation, parfois juste quelques pages avant. En revanche, j’ai été incapable de prédire la réponse à la première question (mais cette révélation m’a fait comprendre une autre réponse à une question « secondaire »).
    Le seul bémol que je trouve à ce livre c’est que la fin m’a parut un peu fade au regard de la tension qui monte tout au long du roman. Je me suis dit : tout ça pour ça ?
    Ayant lu pas mal de commentaires sur ce livre qui le disait terrifiant, je m’attendais à une fin en apothéose et j’ai été un peu déçue. J’ai trouvé que le rythme, au lieu d’atteindre son paroxysme, retombait d’un seul coup, comme un pétard mouillé.
    C’est un peu le problème de ce genre de livres : l’angoisse monte tellement progressivement qu’on s’attend à une fin explosive, ce qui n’est pas souvent le cas. Je rencontre en général ce genre de « déception » avec les romans de Stephen King, dont j’ai toujours l’impression qu’il a bâclé la fin pour passer plus vite au prochain.
    L’exercice est difficile, mais pas impossible, en témoigne les deux tomes du « chuchoteur » de Donato Carrisi, dans lesquels l’épilogue apporte toujours un surplus de terreur.

    Un extrait : Je me nomme John. Le hasard a voulu que je sois le premier à relever ce défi… Avouons-le, exercice difficile que de se présenter sous son meilleur jour lorsque votre réputation vous précède ! Je ferai cependant toutce qu’on attend de moi. Donc, c’est l’histoire d’un gamin ordinaire. Sa mère l’appelait Johnny, dans ses bons jours. La pauvre était mariée à un alcoolique notoire, qui la battait à la première occasion. Elle était bien impuissante face à cette brute épaisse qui la malmenait sans vergogne, comme on corrige une bête indisciplinée. Lorsqu’elle s’interposait pour éviter qu’il ne larde son gosse à coups de batte, le petit Johnny la suppliait de se taire, de cesser ses hurlements qui attisaient inexorablement l’excitation de son paternel. 

    » Du haut de ses sept ans, il fixait le ceinturon comme un point de repère entre la vie et la mort. Je me souviens très précisément du motif de la boucle en argent. Il s’agissait d’une tête de serpent en métal. Une interminable langue fourchue s’enroulait autour du cuir usé. L’enfant avait la sensation d’observer un ennemi invincible approcher, menaçant, dangereux et machiavélique. Bien sûr, il ne comprit le sens réel de ces mots que bien plus tard, lorsqu’il fut en âge de se défendre et d’incarner ce même ennemi qui l’avait terrorisé durant de longues années.

    » Cela excuse-t-il ses crimes ?

    (Je marque une pause et accentue l’effet théâtral de mon récit par une moue pensive.)

    » Je n’ai jamais trouvé d’épilogue convenable à ce conte macabre. Aurais-je la prétention de rejeter la responsabilité de mes actes ? Non. Bien sûr que non. Mon père avait sombré dans la boisson et j’ai terriblement souffert de l’injustice de son régime disciplinaire. Quand j’avais six ans, il m’a enchaîné une semaine entière aux barreaux de mon lit, pour me punir d’avoir désobéi à l’un de ses innombrables commandements. J’ai très mal vécu cette période d’isolement forcé. C’est là que les cauchemars ont commencé… Ils me visitaient toutes les nuits en projetant des scènes effroyables. Je me réveillais en hurlant, espérant entendre la clef tourner dans la serrure tandis que je me débattais entre mes draps souillés. Les conséquences dramatiques de certains traumatismes ne figurent dans aucun manuel. Chacun est libre d’en écrire un chapitre, mais le livre ne se referme jamais… J’ai passé les quarante et une années de ma vie à lutter pour survivre, comme vous, dans un monde régi par la normalité, le pouvoir, l’argent, les médias et l’Église. Ces fléaux nous conduiront bientôt à notre perte, mais peu d’entre nous en ont conscience. L’instinct de survie représente la seule valeur commune à notre espèce. Nous empruntons des chemins différents, et pourtant, nous sommes tous prédestinés à connaître l’enfer.

    (Je sens monter l’adrénaline par vagues successives, mon cerveau bouillonne d’émotions contradictoires tandis que je poursuis publiquement l’étalage de mes pensées. Tout est pesé, calibré, dans le moindre détail.)

    » Ce jeu lui-même n’est-il pas la preuve de ce que j’avance ? Avant d’être converti en plateau-télé, Waverly Hills fut un sanatorium où la souffrance était omniprésente. Des milliers de tuberculeux sont morts dans des conditions parfois douteuses. Sans doute certains ont-ils agonisé de longues heures dans cette même pièce. Vous trouvez ça moral ? Parce que personnellement, je serais à votre place, j’estimerais cela déplacé… Mais personne n’est à votre place ! Et la mienne est des moins confortables. Je suis un condamné à mort qui lutte pour survivre. Quel qu’en soit le prix. La rédemption nécessite des compromis et…

    — Votre temps imparti est écoulé, John. Veuillez quitter le parloir.

    La Voix interrompt mon exposé.

    Je maudis cette intonation métallique en me jurant de trancher les cordes vocales éraillées de son détenteur. Pour l’heure, je n’ai d’autre option que de me plier à ses exigences en la gratifiant de mon plus beau sourire.

    À peine ai-je abandonné ma place encore brûlante de souvenirs que le nom d’Aileen résonne gravement dans les haut-parleurs.

     

  • [Livre] La sixième

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    Résumé : C'est officiel. Margot tient la lettre entre ses mains. Elle est admise en sixième au collège du Parc des Grands Pins. Enfin elle sera lycéenne, elle sera grande. D'abord les préparatifs, il faut acheter le carnet de correspondance, se munir de photos d'identité, il faut des photocopies des certificats de vaccination. Enfin, elle doit décider comment s'habiller pour ce premier jour. Sa sœur aînée est catégorique : jean et surtout pas de cartable ! Le premier jour arrive. Tout le monde avait un cartable et plein de filles étaient habillées en jupe ! 

     

    Auteur : Susie Morgenstern

     

    Edition : L’école des loisirs

     

    Genre : jeunesse

     

    Date de parution : 1er janvier 1985

     

    Prix moyen : 5€

     

    Mon avis : Ma première impression est qu’il ne faut pas faire lire ce livre à un enfant qui n’a pas encore fait sa sixième parce qu’il y a de grandes chances pour qu’il refuse tout net d’y aller. Il faut dire que ce livre n’est pas très engageant sur cette fameuse sixième, il est même carrèment flippant !
    Car si au début Margot ressent une certaine joie à l’idée d’entrer dans le « monde des grands », elle déchante vite : élèves peu motivés, classe de chahuteur, enseignants assez particuliers, presque des caricatures des profs que l’on craint de voir attribués aux enfants. J’ai été particulièrement heurtée par les notations et méthodes d’enseignement du professeur de français et par l’attitude du professeur d’anglais.
    Dès les premiers jours, Margot croule sous les devoirs. La cantine est aussi une véritable épreuve : bousculade, nourriture infecte, temps plus que limité pour manger avant la reprise des cours…
    Margot est pleine de bonne volonté mais elle voudrait que tout change, tout de suite. Elle n’est pas non plus blanche comme neige : lors du voyage à Rome, où elle a insisté pour aller malgré que ses parents aient tiqué sur le prix, elle était plus intéressée par le menu que par les visites, ne faisant aucun effort pour s’y intéresser.
    L’attitude d’Arthur, un de ses camarades de classe, à la fin du livre, m’a non seulement déplu mais j’ai en plus été choquée par le fait qu’il n’y ait aucune conséquence pour lui, aucune intervention d’adulte, aucune réaction de la part de Margot.
    La seule prof qui semble s’intéresser un minimum à ses élèves est la prof d’histoire-géo.
    Au début de l’année, le professeur principal oblige les élèves à désigner deux délégués de classes, mais lors des conseils de classe, ceux-ci n’ont pas droit à la parole, malgré qu’on leur ait dit que défendre leurs camarades feraient parti de leurs attributions.
    La seule personne à prendre en compte les opinions des enfants et à tenir tête au corps enseignant, sans pour autant provoquer de scandale, est le père de Margot, j’ai beaucoup aimé son attitude.
    En revanche, la mère de Margot m’a semblée complètement à coté de ses pompes : elle oublie les choses, ne prépare pas les papiers nécessaires pour la rentrée, semble incapable de rassurer sa fille.
    La sœur de margot n’aide pas non plus, le summum étant quand elle lui dit qu’entre être bonne élève ou avoir des amis, il faut choisir. Quel exemple pour les enfants qui liront ce livre ! Quand on sait qu’à cet âge on est près à beaucoup de choses pour ne pas être sel.
    En résumé, j’ai bien aimé ce livre, mais je pense qu’il n’est pas adapté pour des enfants en âge d’entrer en sixième. Il faut attendre un ou deux ans, qu’ils se soient fait leur propre opinion sur le collège pour le leur laisser lire. Sinon le danger est qu’ils prennent pour argent comptant ce qui est écrit et que soit, ils fassent de vraies angoisses au sujet de l’entrée en sixième, soit qu’ils se posent immédiatement en chahuteurs pour amuser la galerie dans l’espoir de se faire des amis.
    Je trouve que l’auteur aurait pu alterner entre les mauvaises expériences de Margot et d’autres plus valorisantes. A moins que le but soit de dégouter les enfants du collège avant même qu’ils n’y entrent ?

    Un extrait : Elle se leva et marcha avec la bande de fumeuses vers le terrain de sport pour le cours de gym. Elle avait autant envie de faire de la gym que de manger de la choucroute, mais elle était prisonnière de son emploi du temps, et, quand il y a écrit « Éducation physique et sportive », on saute, on court et on bouge.

    Elle aimait bien l’enchaînement que la prof élaborait avec elles à chaque cours. Le modern jazz lui plaisait énormément. Mais aujourd’hui ses jambes étaient de plomb, ses bras de ploc et son corps de plouf. Ses pieds ne voulaient pas imiter la démonstration, sa tête les entraînait ailleurs. Et c’est à ce moment précis que la prof la désigna pour exécuter l’enchaînement du début à la fin devant la classe. Elle ne se souvenait pas du début, se perdit au milieu et n’arriva pas à la fin. La prof, étonnée, se sentant presque insultée, énervée, furieuse, le lui reprocha sévèrement :

    — Il va falloir faire plus attention que ça, mon amie ! La gym ce n’est pas de la rigolade ! C’est sérieux d’éduquer le corps. Et ne croyez pas que vous n’aurez pas de zéros en gym. Il faut travailler en gym comme en maths, en français et en histoire. Il faut répéter l’enchaînement chez vous !

    Comme une zombie, Margot s’achemina vers la salle du cours de français. Ici, elle se sentait en sécurité. Elle savait bien parler le français au moins. Elle n’avait pas la force d’encaisser une autre défaite.

    Maldonné annonça d’un ton sombre et menaçant:

    — Je vais vous rendre les interros de la semaine dernière. Je suis déçu. Vous n’êtes pas au niveau de la sixième. Vous n’êtes pas assez mûrs. Il faut vous réveiller ! Ce n’est plus l’école primaire. Votre avenir est en jeu.

    Ce n’était pas la première fois qu’il tenait ce discours mais c’était la première fois que les mots voisinaient avec une note.

    Margot était confiante. Elle avait peut-être fait des erreurs mais elle était sûre d’avoir bien répondu à la moitié des questions. Devant le bureau de Margot, la feuille avec les noms et les notes glissa des mains du prof et s’envola comme un papillon avant d’atterrir sur le plancher. Margot se baissa pour la ramasser. Elle vit : « Margot Melo 5 = 0 ». Un couteau dans le cœur.

    « C’est pas possible ! » Est-ce qu’il existe un état d’esprit plus foncé que noir ? L’humeur de Margot était d’un noir bilieux, aigre, morne et funèbre.

    — Je vais vous expliquer mon système de notation.

    Maldonné écrivit sur le tableau ténébreux.

    — Il y avait huit questions :

    0 réponse juste = -1 donc punition

    1 réponse juste = -1 donc punition

    2 réponses justes = -1 mais sans punition

    3 réponses justes = 0

    4 réponses justes = 0

    5 réponses justes = 0

    6 réponses justes = + 1

    7 réponses justes = + 2

    8 réponses justes = + 3

    Margot copia le système sur son cahier de brouillon en s’efforçant de comprendre. « J’ai cinq réponses justes donc j’ai zéro. » La logique de la chose lui échappa.

     

  • [Livre] La nettoyeuse

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    Résumé : La mort, Judith la regarde en face. Son métier ? « Nettoyeuse » de scènes de crime ! Un choix qui s’est imposé à elle après un passé douloureux. Un jour, dans l’appartement d’une femme violemment assassinée, elle découvre un dossier à son nom, datant de son passage à l’orphelinat. Judith part en quête du mystère de ses origines, mais certains semblent prêts à tout pour l’empêcher de découvrir la vérité…

     

    Auteur : Elisabeth Herrmann

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : Avril 2013

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Je trouve Judith un peu agressive et qui se mêle quand même pas mal de ce qui ne la regarde pas.
    Au fil des pages, on se demande si la Stasi a vraiment disparue ou si une section de cette organisation existe encore.
    En tout cas, il semble que ce soit quelque chose de très élaboré qui ne se limite pas à une ou deux personnes.
    Quirin, l’ancien agent de la BND que Judith a interrogé, réduit la liste des suspects en disant à un ex collègue qu’ils étaient 6 sur une opération qui a mal tournée en 1984 et qui semble être à l’origine de tout. Parmi ces 6, il y aurait un traitre. Et donc probablement le meurtrier de cette femme, dont Judith a du nettoyer l’appartement.
    Parmi les suspects, il y en a deux que j’ai envie d’éliminer, même si je me méfie des apparences : Quirin, puisqu’il essaie de découvrir le traitre, et Kellerman, le responsable d’une section du BND, qui se repasse les images du meurtre de la femme pour essayer de découvrir qui se cache sous le masque que porte l’assassin. Mais évidemment, ce ne sont que les premières impressions et j’attends d’en savoir plus pour me prononcer. Après tout, tout semble tellement imbriqué, tout est tellement emmêlé qu’une personne peut être le meurtrier de la femme et un ou des autres, vouloir cacher ce qu’il s’est passé en 1984. Il y a-t-il une seule affaire, ou plusieurs ? Un meurtrier ou plusieurs ? Pour l’instant, je suis paumée… Mais je ne suis même pas à la moitié du livre !
    A la fin de ma lecture, j’ai trouvé l’histoire compliquée, surtout à cause du fait que chaque protagoniste ait plusieurs noms.
    On en sait plus trop qui est qui. Les traitres ne sont pas les même selon que celui qui les appelle ainsi est un ancien de la Stasi, un agent étranger ou un agent du BND.
    Quirin m’a un peu agacé, à parler de « l’intérêt du pays » alors que Judith est au prise avec un passé qui lui a éclaté au nez. D’autant plus qu’il a démissionné de son poste à la BND et qu’il n’a aucune légitimité pour ramener sa fraise.
    Un petit bémol, le prénom donné par Judith Kepler quand elle est enfant, au cours des premières pages, n’est pas le même que celui qu’on lui révèle plus tard dans le livre. Je ne crois pas que cela ait été fait exprès par l’auteur, mais plutôt qu’il s’agit d’une erreur qui n’a pas été décelé lors de la relecture.
    L’auteur nous entraîne allégrement dans les fausses pistes et il y en a au moins une à laquelle j’ai vraiment cru, même si après coup je me suis dis : « mais qu’elle cruche, c’était évident que la solution était là ». Oui c’est évident, une fois qu’on nous le dit !
    En résumé, c’était un bon polar, mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

    Un extrait : Trenkner releva la tête d’un coup sec. En trois enjambées elle avait rejoint la porte ouverte du dortoir. Elle entra, jeta un œil, puis ressortit en fermant soigneusement la porte derrière elle. Martha prit une profonde inspiration.

    - Madame Trenkner, cette enfant…

    - Judith.

    Un sourire furtif glissa sur le long visage décharné de la sous-directrice.

    - Il est interdit de se promener la nuit dans le couloir. Tu sais ce qui arrive aux enfants qui le font ? Le père Fouettard vient les chercher.

    La fillette se serra encore plus contre Martha.

    - Excusez-moi, madame Trenkner, mais cette enfant n’est pas Judith.

    La sous-directrice et l’inconnu échangèrent un bref regard.

    - Suivez-nous dans le bureau.

    Trenkner posa des yeux sévères sur l’enfant.

    - Et toi, va te coucher. Et si je te reprends à traîner la nuit dans le couloir, on t’enfermera à la cave. Pour toujours.