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[Livre] Jane Eyre

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Résumé : Orpheline, Jane Eyre est recueilli à contrecœur par une tante qui la traite durement. Placée dans un orphelinat, elle y reste jusqu'à l'âge de dix-huit ans. Elle devient alors institutrice dans une famille et tombe passionnément amoureuse du père de son élève. Un amour partagé, auquel elle résistera d'abord. Mais son sentiment, plus fort que tout, aura raison de ses incertitudes.

 

Auteur : Charlotte Brontë

 

Edition : Livre de Poche

 

Genre : Classique étranger

 

Date de parution : 16 octobre 1847 (1ère publication)

 

Prix moyen : 4€

 

Mon avis : Il y a quelques années, j’ai vu l’adaptation cinéma de ce livre et j’avais beaucoup aimé. Comme je me doutais que le livre était plus riche que le film, j’ai décidé de le lire.
J’ai laissé passer suffisamment de temps entre le visionnage du film et ma lecture, pour ne pas être tentée de faire de multiples comparaisons entre les deux.
J’aime beaucoup le style d’écriture, qui est simple sans envolées lyriques.

Pour décrire Lowood, l’école de charité où est envoyé Jane, Charlotte Brontë s’est inspirée de l’école de Cowan Bridge où elle fut envoyée avec ses sœurs. Cette école, malgré son excellente réputation, n’était pas chauffée, la nourriture était insuffisante et préparée sans hygiène, le directeur, un pasteur tyrannique et une des institutrices, Miss Andrews faisait preuve d’une grande cruauté. Ces personnes vont trouver leur pendant dans Jane Eyre sous les traits de M. Brocklehurst et de Miss Scatcherd. C’est lors de leur séjour dans cette école que les sœurs aînées de Charlotte contractent la tuberculose et décèdent à peine retirées de l’établissement. Cet évènement, qui a énormément marqué Charlotte (d’autant que la tuberculose va emporter presque tous les membres de la famille), est reporté dans Jane Eyre à travers l’histoire d’Helen Burns, l’amie de la jeune orpheline.
Tout comme sa sœur Anne, Charlotte s’est grandement inspirée de sa propre vie pour créer Jane, son personnage principal. Comme Jane, Charlotte a été enseignante dans son ancienne école, puis institutrice dans une famille. Son physique lui-même semble correspondre à la description qui est faite de Jane.
Au niveau des personnages, j’aime beaucoup Jane, qui est très lucide sur ses défauts même si elle se montre parfois sévère envers elle-même.
Rochester est plus dur à cerner, mais plus on avance dans le livre, plus on comprend son attitude.
En revanche, Saint-John m’a énervée. En tant que pasteur, je trouve qu’il méprise trop les tâches humbles : il rêve de grandes actions et de gloire, ce qui, à mon sens, en fait un mauvais ministre. Son attitude vis-à-vis de Jane est pénible : il agit comme si elle devait lui obéir en tout alors que c’est lui qui lui est redevable, ce qu’il semble facilement oublier. J’aurais aimé que Jane soit moins réservée et lui dise ses quatre vérités, mais ce n’était pas vraiment les manières de l’époque.
Je ne me rappelle pas qu’il ait été si insupportable dans le film !
Je me souvenais de la fin, mais elle est bien plus développée dans le livre et donne bien plus de détails. J’ai beaucoup apprécié que Jane, à la fin du roman, nous donne des nouvelles de ce que sont devenus les personnages dont elle était le plus proche.
Il me restera à lire les hauts de Hurlevent et j’aurais ainsi lu les œuvres principales de toutes les sœurs Brontë !

Un extrait : Depuis ma conversation avec M. Loyd et la conférence que je viens de rapporter entre Bessie et Mlle Abbot, j'espérais un prochain changement dans ma position ; aussi combien étais-je impatiente d'une prompte guérison ! Je désirais et j'attendais en silence ; mais tout demeurait dans le même état. Les jours et les semaines s'écoulaient ; j'avais recouvré ma santé habituelle ; cependant, il n'était plus question du sujet qui m'intéressait tant. Mme Reed arrêtait quelquefois sur moi son regard sévère ; mais elle m'adressait rarement la parole.

Depuis ma maladie, la ligne de séparation qui s'était faite entre ses enfants et moi devenait encore plus profonde. Je dormais à part dans un petit cabinet ; je prenais mes repas seule ; je passais tout mon temps dans la chambre des enfants, tandis que mes cousins se tenaient constamment dans le salon. Ma tante ne parlait jamais de m'envoyer en pension, et pourtant je sentais instinctivement qu'elle ne me souffrirait plus longtemps sous le même toit qu'elle ; car alors, plus que jamais, chaque fois que son regard tombait sur moi, il exprimait une aversion profondément enracinée.

Éliza et Georgiana, obéissant évidemment aux ordres qui leur avaient été donnés, me parlaient aussi peu que possible. John me faisait des grimaces toutes les fois qu'il me rencontrait. Un jour, il essaya de me battre ; mais je me retournai contre lui, poussée par ce même sentiment de colère profonde et de révolte désespérée qui une fois déjà s'était emparé de moi. Il crut prudent de renoncer à ses projets. Il s'éloigna de moi en me menaçant, et en criant que je lui avais cassé le nez. J'avais en effet frappé cette partie proéminente de son visage, avec toute la force de mon poing ; quand je le vis dompté, soit par le coup, soit par mon regard, je me sentis toute disposée à profiter de mes avantages ; mais il avait déjà rejoint sa mère, et je l'entendis raconter, d'un ton pleureur, que cette méchante Jane s'était précipitée sur lui comme une chatte furieuse.

Sa mère l'interrompit brusquement.

«Ne me parlez plus de cette enfant, John, lui dit-elle ; je vous ai défendu de l'approcher ; elle ne mérite pas qu'on prenne garde à ses actes ; je ne désire voir ni vous ni vos sœurs jouer avec elle.»

J'étais appuyée sur la rampe de l'escalier, tout près de là. Je m'écriai subitement et sans penser à ce que je disais :

«C'est-à-dire qu'ils ne sont pas dignes de jouer avec moi.»

Mme Reed était une vigoureuse femme. En entendant cette étrange et audacieuse déclaration, elle monta rapidement l'escalier ; plus prompte qu'un vent impétueux, elle m'entraîna dans la chambre des enfants et me poussa près de mon lit, en me défendant de quitter cette place et de prononcer une seule parole pendant le reste du jour.

«Que dirait mon oncle Reed, s'il était là ?» demandai-je presque involontairement.

Je dis presque involontairement ; car ces paroles, ma langue les prononçait sans que pour ainsi dire mon esprit y eût consenti. Il y avait en moi une puissance qui parlait avant que je pusse m'y opposer.

«Comment ! s'écria Mme Reed, respirant à peine. Ses yeux gris, ordinairement froids et immobiles, se troublèrent et prirent une expression de terreur ; elle lâcha mon bras, semblant douter si j'étais une enfant ou un esprit.

J'avais commencé, je ne pouvais plus m'arrêter.

«Mon onde Reed est dans le ciel, continuai-je ; il voit ce que vous faites et ce que vous pensez, et mon père et ma mère aussi ; ils savent que vous m'enfermez tout le jour, et que vous souhaitez ma mort.»

Mme Reed se fut bientôt remise ; elle me secoua violemment, et, après m'avoir donné un soufflet, elle partit sans ajouter un seul mot.

Bessie y suppléa par un sermon d'une heure ; elle me prouva clairement que j'étais l'enfant la plus méchante et la plus abandonnée qui eût habité sous un toit. J'étais tentée de le croire, car je ne sentais que de mauvaises inspirations s'élever dans mon cœur.

 

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