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Livres - Page 79

  • [Livre] Risk

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    Résumé : Taylor et Sierra sont meilleures amies depuis toujours. Même si Taylor en a parfois un peu marre : pourquoi est-ce toujours Sierra qui obtient tout ce qu'elle veut ? Notamment ce Jacob Jones, qu'elles ont rencontré ensemble sur un chat en ligne. Évidemment, c'est Sierra qui, encore une fois, décroche un rendez-vous ! Mais le lendemain, Sierra ne rentre pas. Le jour suivant, toujours pas de nouvelles... Son amie a une fâcheuse tendance à vivre comme bon lui semble, sans forcément penser à prévenir les autres. Est-ce que Taylor ne s'inquiète pas pour rien ? Seulement au bout de trois jours, Taylor doit tout avouer aux parents inquiets, et les deux familles se retrouvent plongées dans un monde qu'elles n'auraient jamais cru connaître. Celui des enquêtes policières, des témoignages, des indices, de la recherche d'un ravisseur... ou d'un tueur ?

     

    Auteur : Fleur Ferris

     

    Edition : Hugo Roman

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 3 mars 2016

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Dès le début du roman on sait que Sierra est punie : privée d’internet, de téléphone et surveillée par une baby-sitter en l’absence de ses parents. On en apprend la raison plus tard : la jeune fille a envoyé une photo de ses seins à des garçons sur un Tchat.
    Je me pose quand même une question : Certes Sierra est inconsciente et égoïste, certes elle fait ce que bon lui semble sans s’inquiéter des autres et surtout pas de ses parents, mais Taylor qui a un peu plus la tête sur les épaules a la même réaction face à cette punition. Ma question est donc : quelqu’un a-t-il prit la peine d’informer ces jeunes filles du danger de ce que Sierra a fait ? De toute évidence non, ses parents se sont contentés de la punir et la mère de Taylor d’approuver cette punition face à sa fille.
    Comment peuvent réagir des adolescentes face à une punition qui leur semble injuste car elles ne comprennent pas les conséquences de leurs actions ?
    Il faut attendre la disparition de Sierra et l’intervention de la police pour que Taylor sache que son adresse IP peut permettre de la localiser, que quelqu’un qui passe par un serveur proxy est un fantôme sur internet. Il faut attendre cette disparition pour que quelqu’un prenne la peine d’alerter les adolescents sur les dangers que représentent les rencontres en ligne.
    On peut couper le roman en deux parties : La rencontre sur le Tchat avec Jacob Jones, la disparition de Sierra et les recherches effectuées constituent la première partie. La seconde se déroule après qu’on ait retrouvé la jeune fille, l’enquête pour retrouver « Jacob Jones » passe au second plan et l’envie de Taylor de prévenir les filles comme elle et Sierra des dangers qu’elles courent sans le savoir prend le dessus.
    Ce roman est à mettre entre les mains de toutes les adolescentes et préadolescentes. Il peut servir de base à une discussion sur les dangers d’internet et sur les précautions à prendre comme ne jamais donner de renseignements personnels comme le nom, l’adresse ou le nom de son école, ne pas accepter de rendez vous sans la présence d’un adulte (un rdv dans un café avec maman ou papa assis à la table d’à coté suffit à décourager les prédateurs) et surtout leur faire prendre conscience d’à quel point une histoire peut être sophistiquée, peut être préparée avec minutie pour faire tomber quelqu’un dans les filets. Non, il n’y a pas que les filles stupides qui se font avoir, ça peut arriver à n’importe qui pour peu que cette personne n’ait pas été suffisamment alertée sur les dangers encourus.
    J’ai lu ce livre en seulement deux ou trois heures car il était impossible de le poser sans savoir la suite.
    Non seulement l’écriture et fluide, agréable et traite d’un sujet important, mais il parle aussi de sujet qui en découle : la colère, le ressentiment, les disputes que provoquent ce genre de situation et qui n’a pas grand-chose à voir avec les autres mais avec ce que l’on ressent soit même et que l’on n’arrive pas à exprimer. Il parle aussi avec beaucoup de tact du deuil et de la culpabilité du survivant sans s’y attarder plus que cela car chaque cas peut être différent. Mais il permet de savoir que ces sentiments existent et qu’ils ne sont pas anormaux.

    Un extrait : Riley nous verse quatre verres d’eau glacée et coupe un citron vert, dont elle place des rondelles sur nos verres, puis le reste dans la carafe. Nous emportons le tout dehors. Nous nous allongeons dans les chaises longues et sirotons nos boissons en regardant les mecs délirer dans l’eau. Voyant Riley bien installée, Joel sort de la piscine et vient essayer de la prendre dans ses bras.

    - Me touche pas ! couine-t-elle.

    Avec un rire, il replonge.
    Callum sort aussi, il me regarde depuis le bord de l’eau et je lui renvoie un regard meurtrier.

    - T’as pas intérêt, dis-je en affectant de ne pas vouloir qu’il m’approche.

    Il rit et retourne dans l’eau avec un saut périlleux arrière qui m’offre une vue impeccable sur son corps bronzé et tonique. Je reste à regarder l’eau en imaginant combien sa peau serait fraîche sous mes doigts.
    Callum est la distraction parfaite, mais quand une heure se transforme en deux, je me remets à penser à Sierra.

    - Vous ne devez pas être chez toi pour six heurs, avec Sierra ? me demande Callum.

    J’ai le cœur serré chaque fois qu’il parle d’elle. Ils se sont embrassés, ou pas ?

    - Non, mais je dois prévenir ma mère si je rentre plus tard.

    - Dans ce cas, tu vas pouvoir sortir ton téléphone.

    Je regarde l’heure.

    - J’attends le coup de fil de Sierra. Elle a encore vingt minutes. Elle va pas tarder à m’appeler maintenant.

    - Mais bien sûr. Tout comme elle a passé la nuit chez moi, la fois où elle s’est barrée avec Matt, me rappelle Riley.

    A ce moment mon téléphone sonne. C’est elle. Un grand sourire aux lèvres, je tire la langue à Riley avant de répondre :

    - Coucou, Sier…

    Elle me coupe avant que je puisse rien dire d’autre.

    - Oh, mon Dieu ! Je plane complet ! Il est trop ! (Sa voix est partie dans les aigus, alors elle baisse d’un ton). Il a plus de dix-huit ans, c’est clair, mais bon, moi aussi j’ai menti sur mon âge, alors on est quittes. Et les mecs plus âgés, ils sont tellement plus sexy ! T’imagines, Tay, on s’est déjà embrassés !

    J’écarte le téléphone de mon oreille pour éviter de devenir sourde.

    - Pas besoin de t’inventer une excuse pour partir plus tôt, alors ?

    Je ris un peu trop fort. La jalousie est de retour, et je sens le rouge me monter aux joues. Je n’arrive pas à croire que j’ai vraiment envie qu’il soit nul et que ça ne marche pas entre eux.

    - Non, c’est l’inverse ! Je veux passer la nuit avec lui.

    - Quoi ? dis-je en panique.

    - Allez, Taylor ? Tu veux bien me couvrir ? Je le ferais, si c’était toi.

    - Ah non, Sierra. Pas question. Tu prévois ça pour une autre fois.

    - Je reviens demain matin, à la première heure ! Tout ira bien.

    - Et si ta mère appelle la mienne ? Ca suffit pour que tu te fasses choper.

    - Elle le fera pas, elle est au week-end caritatif. C’est elle qui organise la collecte de fonds. Allez, une nuit, c’est rien du tout. Je serais chez toi très tôt, demain matin. Promis !

    - Et quand ta mère saura que tu n’es pas restée chez moi ? Dès qu’elle aura parlé à la mienne, elle sera au courant.

    - Je lui dirai que finalement, je suis allée chez Izzy. Je te demande pas de mentir, juste de ne rien dire. Tout va bien se passer. C’est juste une nuit, pas de quoi en faire tout un plat. (Elle s’arrête) Ah, on y va. Je dois te laisser, je t’adore !

    Elle raccroche, me laissant abasourdie.

     

  • [Livre] U4: Stephane

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    Résumé : Stéphane, Yannis, Koridwen et Jules ont entre 15 et 18 ans. Ils ont survécu au virus U4, qui a décimé 90% de la population mondiale. Ils ne se connaissent pas, mais ils se rendent pourtant au même rendez-vous.

    "Je m'appelle Stéphane. Je vis à Lyon. C'est le chaos. Des bandes de jeunes commencent à piller les appartements vides. D'autres investissent les lycées désertés... Moi je préfère attendre mon père, chez nous. Et s'il ne revient pas, j'irai au rendez-vous. J'irai jusqu'à Paris pour le retrouver dans son bunker de l'armée."

     

    Auteur : Vincent Villeminot

     

    Edition : Nathan

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 27 Août 2015

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : De tous les adolescents dont j’ai suivi l’histoire au travers de ces trois premiers tomes, Stephane me paraît être la plus froidement rationnelle. Fille de scientifique, elle analyse chaque fait en tentant de garder la tête froide. Mais là où elle arrive à se comporter en scientifique lorsqu’il s’agit de la maladie elle-même, quand on parle de rapports humains, ce n’est plus la même limonade. Stephane vit très mal les exactions des groupes de pillards et se montre complètement aveugle en ce qui concerne son père.
    Plus j’avance dans le livre et plus je me dis que cet homme n’a jamais eu l’intention de tenter de sauver sa fille. Il a été évacué par l’armée, et, en éminent scientifique qu’il est, il aurait pu demander à ce que l’armée lui ramène sa progéniture, mais cela ne semble pas le préoccuper tant que lui-même est en sécurité. Stephane espère qu’il a pu arriver à temps pour sauver sa mère, dont il est divorcé, et son petit frère, mais j’ai bien l’impression que l’idée même de tenter de sauver ses enfants ne l’a même pas effleuré. A force de se dire que son père a confiance en elle et que c’est parce qu’il sait qu’elle est capable de s’en sortir qu’il n’est pas venu la chercher, j’ai peur que Stephane n’aille au-devant de graves désillusion, et quand on voit ses réactions devant la cruauté humaine, elle risque de ne pas s’en remettre. J’espère que la suite du livre me donnera tort.
    Au début du livre, et pendant un long moment, Stephane est pro-armée : elle pense que chaque action de l’armée (les nettoyages de quartier au napalm, les prises de sang nominatives obligatoires…) a une bonne raison, une raison sanitaire et que le reste, à savoir essentiellement les traceurs implantés de force aux survivants ou l’obligation de rejoindre les R-points ne sont que des rumeurs lancées par ceux qui veulent discréditer l’armée.
    Quand même au fil du temps, il y a des choses qui la révoltent, comme la manière dont les « réfugiés » sont traités.
    Même si je n’ai pas encore la réponse à mes questions, je vois que certains personnages se les posent également : Qui décide ? Qui contrôle l’armée ? De quel droit est ce que les militaires agissent ainsi ?
    Dans ce tome, on voit pour la première fois l’organisation d’un R-Point de l’intérieur, on voit que les plus âgés des survivants sont prêts à tout pour conserver le pouvoir. Ce sont de petits chefaillons qui savent qu’ils peuvent agir comme ils le souhaitent vis-à-vis des survivants tant qu’ils se montrent dociles face à l’armée : tant qu’ils restent de bons moutons, ils peuvent se prendre pour des loups.
    C’est cette situation, ainsi que les insinuations de plus en plus ouverte de son ami Marco et la méfiance des « responsables » quand elle émet le souhait de contacter son père (comme si on avait peur qu’elle se plaigne), qui font évoluer la pensée de Stephane vis-à-vis des « autorités légales ».
    Je ne sais pas qui m’énerve le plus des militaires ou de Julien, le soi-disant responsable du R-point. Cette histoire, en tout cas, me conforte dans l’idée que, quoi qu’il arrive, l’armée ne doit avoir aucun pouvoir car elle en abusera toujours.
    Je ne m’attendais pas du tout aux décisions que va prendre Marco, même si, avec le recul, je me dis que j’aurais dû m’en douter.

    Un extrait : Dans la rue Saint-Michel, je croise deux nouveaux cadavres. Difficile de les ignorer, ceux-là, ils sont au beau milieu de la chaussée. Ils se tiennent par la main, deux amoureux tragiques dont la mort n’a pu séparer l’étreinte, fauchés là par les fièvres au pied de leur immeuble, peut-être, ou bien se sont-ils retrouvés à cet endroit pour en finir ? Avaient-ils vingt ou soixante ans ? Seuls leurs vêtements me font pencher pour la première hypothèse. Pour le reste, c’est impossible à dire : ils n’ont plus de visages, couverts de sang séché, leurs mains sont déjà travaillées par la putréfaction. Roméo + Juliette ?

    Ne compatis pas, ne brode pas.

    « Que sais-tu, Stéphane ? Que comprends-tu ? Analyse… »

    Le sang. Les croûtes de sang. Les fièvres.

    Des faits. Quels faits ? Les gens ont commencé à saigner il y a onze jours. Les symptômes ont été les mêmes pour chacun : céphalées, migraines ophtalmiques, hémorragies généralisées, externes et internes. Le sang suintait des yeux, des narines, des oreilles, des pores de la peau. Ils mouraient en moins de quarante heures. Fièvre hémorragique, filovirus nouveau, proche de la souche Ébola, mais infiniment plus virulent. Dénomination officielle : U4, pour « Utrecht 4e type », l’endroit où la pandémie a commencé. 90 % d’une population étaient atteints, et tous ceux qui étaient frappés mouraient – tous, sauf nous, les adolescents.

    Seuls les adolescents de quinze à dix-huit ans ont survécu. La grande majorité, du moins. C’est ce que j’ai pu lire sur les principaux sites d’information, au début. Puis les webjournalistes sont morts, comme tous les adultes, comme les enfants. Les sites sont devenus indisponibles les uns après les autres. Les coupures d’électricité ont fait sauter Internet de plus en plus souvent. Le site du ministère de l’Intérieur continuait d’afficher ses consignes dépassées : rester calme, ne pas paniquer, porter des gants et des masques respiratoires, éviter tout contact avec les contaminés, abandonner sans tarder les maisons ou les appartements touchés par le virus. Ne pas manipuler les cadavres. Rejoindre les « R-Points », les lieux de rassemblement organisés par les autorités.

    Ensuite, Internet s’est tu. Tout s’est tu.

    Je me répète pour la centième fois la chronologie des événements pour garder l’horreur à distance, tandis que je dépasse les corps des deux amants. Ma présence a dérangé les prédateurs habituels de cadavres-insectes, mouches, et rats, car des milliers de rats règnent maintenant sur la ville. Ça grouille, ça pue. Cette vermine se nourrit des morts, de ce que nous étions.

    Analyse, ne pense pas. Anticipe.

    Les rongeurs vont propager d’autres épidémies. Les rares survivants en mourront. Le choléra ou la peste semblent dérisoires à côté d’U4, mais ils tueront aussi.

    Mon père disait toujours : « Pendant les interventions, il faut se concentrer sur les informations scientifiques, ce que l’on sait et ce que l’on ignore, pour ne pas se laisser submerger par les émotions. » Il me le répétait pour m’apprendre à maîtriser le trac avant les examens. Où qu’il soit, se doute-t-il combien ses conseils me sont utiles, aujourd’hui, dans cette ville défunte ?

     

  • [Livre] U4 Koridwen

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    Résumé : Koridwen, Jules, Stéphane et Yannis ont entre 15 et 18 ans. Ils ont survécu au virus U4, qui a décimé 90% de la population mondiale. Ils ne se connaissent pas, mais ils se rendent pourtant au même rendez-vous.
    "Je m'appelle Koridwen. Je suis la dernière survivante du hameau de Menesguen. J'ai décidé de me rendre à Paris. 541 kilomètres en tracteur, c'est de la folie, mais toute seule ici je suis trop vulnérable. Ma grand-mère m'a toujours dit que j'aurais un destin exceptionnel. C'est le moment de le vérifier."

     

    Auteur : Yves Grevet

     

    Edition : Nathan Syros

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 27 août 2015

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : C’est le second tome d’U4 que je lis et je le préfère à Jules. Koridwen est plus réaliste que lui sans pour autant avoir perdu tout espoir. Même si elle est sceptique quant aux dires de sa grand-mère, qu’elle a découvert dans une lettre que ses parents lui avaient dissimulée, nombres d’événements la font douter et la pousse à espérer que tout puisse être possible.
    Max m’énerve. Je sais bien que ce n’est pas sa faute et qu’il a un handicap mental, mais je serais incapable de montrer la patience de Koridwen devant ses crises et ses caprices.
    C’est intéressant de lire ce tome en retrouvant certains passages vus dans Jules mais d’un point de vu différent.
    Je m’étais rendu compte dans Jules qu’on passait directement de la partie 2 à la partie 4. Après vérification, c’est le cas dans chaque tome d’U4 mais je n’en comprends pas la raison.
    Autre chose dont je me suis rendu compte dans Jules, c’est le fait que l’histoire avec khronos retombe comme un soufflé : on n’a pas vraiment d’explications et on peut dire que beaucoup de bruit a été fait pour rien autour de cette histoire. J’attends d’avoir lu les 4 tomes pour me prononcer mais à part amener les personnages à Paris pour qu’ils se rencontrent, il n’a guère de présence.
    Dans ce tome, on n’en sait pas plus sur les motivations des militaires pour leur attitude et c’est un peu frustrant. Pas tellement de ne pas avoir les réponses dans ce tome ci, mais de se dire qu’on risque de ne pas avoir les réponses du tout. J’espère en comprendre un peu plus dans le tome Stephane qui est fille d’un scientifique travaillant pour l’armée d’après ce que j’ai pu comprendre.
    La fin de ce tome laisse un goût doux-amer car on peut l’interpréter de deux façons différentes à mon sens.

    Un extrait : Comme tous les autres jours, je me suis levée tôt pour nourrir les bêtes. Ce matin, c’était au prix d’un très gros effort. Je n’ai pratiquement pas fermé l’œil de la nuit. À mesure que le temps s’écoulait, mes pensées devenaient plus sombres et plus désespérées. Vers 4 ou 5 heures, j’ai débouché le flacon de poison et je l’ai porté à mes lèvres. Avant d’avaler la première gorgée, je me suis fixé un ultimatum : « Koridwen, si tu ne trouves pas dans la minute une seule raison de ne pas en finir, bois-le ! »

    Et là, au bout de longues secondes de noir complet, j’ai vu apparaître dans un coin de mon cerveau la grosse tête de la vieille Bergamote. Jamais elle ne parviendra à mettre bas sans mon aide. Je la connais. J’étais là la dernière fois et ça n’avait pas été une partie de plaisir. Si je ne suis pas à ses côtés, elle en crèvera, c’est sûr. Elle et son petit.

    Alors c’est pour cette vache que je suis encore vivante à cette heure. Après son vêlage, il faudra donc que je me repose la question. Depuis que je suis la seule survivante du hameau, je fonctionne comme un robot, sans jamais réfléchir. J’alterne les moments d’activité intense et les temps morts où, prostrée dans un coin, je ne fais que pleurer ou me laisser aller à de brefs instants de sommeil.

    Je continue à traire mes bêtes mais je répands le lait dans la rigole. Si j’arrêtais la traite, elles souffriraient quelque temps, puis leur production stopperait d’elle-même. Je continue à le faire parce que ça m’occupe l’esprit et me donne l’illusion que la vie suit un cours presque normal. Je change les litières. Je remplis la brouette avec la paille souillée. L’odeur est forte mais elle est rassurante. Le poids de la charge tire dans mes épaules. Ça m’épuise vite et, le soir, cela m’aide à trouver plus facilement le sommeil. C’est une tâche fastidieuse et pénible mais on voit le travail avancer et, à la fin, on a le sentiment du devoir accompli. Les bruits de la campagne ont changé depuis deux semaines. Le silence n’est plus troublé par le bourdonnement des voitures et des engins agricoles.

    Pourtant, il y a quelques minutes, j’ai cru entendre un véhicule approcher. Puis plus rien. Je suis sortie pour voir. Mais il n’y avait personne. Je commence peut-être à perdre la boule.

    J’étale maintenant de la paille propre sur tout le sol de l’étable. Les bêtes sont soudain nerveuses, comme avant un orage ou lorsque des taons les agressent l’été. Je sursaute en sentant une présence derrière mon dos. Ce sont deux gars à peine plus âgés que moi. Ils se ressemblent, peut-être sont-ils frères. Je reconnais l’un des deux. Je l’ai vu en ville plusieurs fois avant la catastrophe. Il traînait avec d’autres à l’entrée du mini-market du centre. Ils sirotaient des bières et faisaient la manche. Je ne suis donc pas la seule dans les parages à avoir survécu. J’en éprouve une sorte de soulagement. Mais ce n’est pas avec eux que je vais pouvoir rompre ma solitude. Le regard qu’ils posent sur moi me glace le sang. Je ressens leur hostilité et leur malveillance. C’est le plus vieux qui m’interpelle en grimaçant :

    – On a besoin d’outils du genre perceuse-visseuse, scie circulaire, marteau, hache, tronçonneuse. On a des portes et des volets à faire sauter dans le coin.

    – Vous n’êtes pas chez vous ici et vous n’avez aucun droit, dis-je en relevant la fourche pour les menacer.

    – Hé la gamine, reprend le gars en colère, tu vis sur une autre planète ou quoi ? C’est fini tout ça. Tout le monde est mort, sauf quelques jeunes de notre âge. Maintenant, plus rien n’appartient à personne. Si on veut survivre, on doit se servir. Ceux qui voudront rester honnêtes crèveront.

    – Pourquoi vous n’allez pas ailleurs ? Ce ne sont pas les hameaux désertés qui manquent dans les environs.

    – Ici, on savait qu’on trouverait de la compagnie, lance le plus jeune. Il paraît que sous ta salopette de paysanne se cache un corps de déesse.

    – Arrête tes conneries, Kev ! On n’est pas venus pour ça. Toi, la petite, magne-toi de répondre ou ça va chauffer !

    – La clé de l’appentis est sur la porte.

    – Merci ma belle.

    Le jeune Kevin m’adresse un regard qui signifie que je ne perds rien pour attendre. Je fais mine de reprendre ma tâche et je baisse les yeux. L’aîné est sorti et l’autre me surveille. Je m’approche pour répartir la paille à quelques mètres de lui. Il finit par se lasser de me contempler et se tourne vers la cour. Je me jette alors sur lui, la fourche en avant, et lui plante deux pointes dans la cuisse gauche. Ses genoux plient sous la douleur et il s’écroule à mes pieds. Il semble manquer d’air et ne parvient pas à crier. Je le contourne et cours jusqu’au râtelier planqué dans un placard de l’arrière-cuisine. J’attrape un des fusils de chasse avec lesquels mon père m’a initiée au tir. Je le charge avec des cartouches qui étaient cachées dans le bahut du salon. Je ressors, pénètre dans l’appentis et tire à deux reprises au-dessus de la tête du pillard qui lâche ce qu’il avait pris. Il a la trouille et son visage vire au gris.

    – Va récupérer ton frangin et barrez-vous d’ici. Sinon, je vous abats comme des lapins.

    Il a compris et se précipite dans l’étable pour ramasser son frère qui chiale maintenant comme un gamin. Il parvient à le relever et glisse son bras sous son épaule. Ils s’éloignent sur le chemin de terre pour rejoindre leur voiture qui était garée en contrebas de la départementale.

    Je ne peux me retenir de lancer un conseil :

    – Ne tarde pas trop à nettoyer sa plaie, sinon ça va s’infecter.

    Sans se retourner, l’aîné lève sa main gauche, le majeur pointé vers le ciel.

     

  • [Livre] U4 Jules

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    Résumé : Jules, Koridwen, Yannis et Stéphane ont entre 15 et 18 ans. Ils ont survécu au virus U4, qui a décimé 90 % de la population mondiale. Ils ne se connaissent pas, mais ils se rendent pourtant au même rendez-vous.
    "Je m'appelle Jules. Je vis à Paris. La ville que j'observe du haut de mon cinquième étage n'est plus la mienne. J'ai recueilli une petite fille, elle s'appelle Alicia, je ne sais pas quel âge elle a ni pourquoi elle a survécu. C'est pour elle que j'irai au rendez-vous. Parce qu'il nous reste peut-être une dernière chance de sauver le monde."

     

    Auteur : Carole Trebor

     

    Edition : Nathan Syros

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 27 août 2015

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : J’ai l’impression que Jules a tendance à se déprécier. Peut être à force d’entendre les critiques de son entourage sur son addiction au jeu vidéo WOT. Bien sûr, en temps normal, ces critiques n’auraient pas eu d’incidence, à part convaincre le jeune homme de se décoller un peu de son écran, mais dans le monde apocalyptique qui est le sien maintenant que le virus U4 a fait ses ravages, Jules les perçoit différemment et plus négativement qu’elles n’ont du être formulées.
    Je ne sais pas trop à quoi joue l’armée. Au départ on peut se dire qu’ils cherchent juste à organiser les choses pour éviter une panique des survivants. Mais j’ai le sentiment qu’il y a plus. On est dans un pays où 90% de la population a été décimée, il ne reste que des militaires (qui ont dû pouvoir se protéger avec des équipements spécialisés) et des ados qui semblent mystérieusement immunisés contre le virus, et on a de plus en plus le sentiment que les militaires cachent quelque chose. Et c’est très énervant de les voir utiliser la force pour « prendre les choses en main » car ils ne se contentent pas d’organiser : ils exécutent, ils exploitent (ils font travailler les ados dans les rues), bref ils instaurent une vraie dictature, n’hésitant pas à monter les ados les uns contre les autres grâce à des avis de recherche pour des crimes montés de toutes pièces.
    J’ai vraiment du mal à comprendre leur attitude !
    Du coté des ados, on a bien sûr les délinquants qui tentent de profiter de la catastrophe, mais même pour ceux qui ne sont pas de « mauvais garçons », j’ai de sérieuses réserves. Je trouve que Jérôme et Vincent se prennent un peu trop pour des caïds. Ils exercent le contrôle sur leur communauté, comme s’ils étaient les nouveaux dirigeants du pays. Jérôme a d’ailleurs de plus en plus tendance à ordonner sans état d’âme la mise à mort de ceux qu’il considère comme des ennemis. Et Vincent porte bien son surnom : « le soldat », il obéit à son chef sans trop se poser de questions, n’hésitant pas à mettre ses copains en danger pour arriver à ses fins (même s’il pense toujours maîtriser la situation). Mais je ne crois pas qu’il agisse dans de mauvaises intentions, je pense qu’il s’est donné de trop grandes responsabilités et qu’il ne délègue pas pour que personne n’ait à porter le poids moral des décisions qu’il prend.
    Je me demande qui ou ce qui se cache réellement derrière Kronos parce que je trouve quand même aberrant qu’autant d’adolescents aient cru les yeux fermés à la possibilité de remonter dans le temps. Personnellement j’ai des doutes, je n’ai pas l’impression qu’on soit dans la fantasy, alors j’ai du mal à imaginer qu’on bascule comme ça dans une éventuelle remontée dans le temps. Je pense qu’il y a autre chose, mais je n’arrive pas à trouver quoi. Et j’essai de me rappeler que toutes les explications ne seront pas forcément dans ce tome !
    Dans la construction du livre, volonté de l’auteur ou erreur de typographie, on passe directement de la partie 2 à la partie 4… Il faudra que je voie si le même phénomène se reproduit dans les autres tomes !
    J’ai bien aimé ce tome et le style d’écriture de Carole Trebor, j’espère que les autres tomes me plairont tout autant !

    Un extrait : J’ai faim. Il n’y a plus rien à manger dans la cuisine.

    Plus d’eau courante depuis ce matin, plus de gaz depuis hier, plus d’électricité depuis trois jours. J’ai eu beau actionner tous les interrupteurs en tâtonnant sur le mur, à l’aveugle, essayer d’allumer les luminaires du séjour, pas de résultat, rien, aucune lumière. L’appartement est plongé dans l’obscurité dès la tombée de la nuit, vers 19 heures.

    J’ai heureusement retrouvé deux torches dans la commode de l’entrée. Il faut que je me procure d’urgence des piles pour les alimenter et des bougies pour compléter mon éclairage. Je dois aussi me faire une réserve de charbon de bois et d’allumettes pour entretenir le feu de la cheminée. Il commence à faire froid. Et j’ai besoin de vivres.

    Lego miaule sans arrêt. Il n’a plus de croquettes spéciales chatons. Il crève de faim lui aussi. Il déchiquette les fauteuils et les canapés pour se venger. Il lamine tout ce qui traîne, il m’a même piqué ma montre. Je me l’étais achetée avec mon argent de poche, par Internet. J’en avais fait un objet collector, en gravant moi-même au dos le sigle de WOT avec mon cutter. Impossible de remettre la main dessus.

    Il me faut donc aussi des piles pour le réveil, sinon je n’aurai même plus l’heure.

    J’ai tellement peur de sortir. Je dois affronter Paris avant que la nuit n’envahisse les rues.

    La ville que j’observe par la fenêtre n’est plus la mienne, cette ville est inacceptable.

    Hier, j’ai vu des hommes en combinaisons d’astronautes, avec des sortes de masques à gaz. Ils ramassaient les cadavres et les entreposaient dans leurs camions blindés. Tous ces corps, qu’ils entassent les uns sur les autres, où les emmènent-ils ? Vers les fosses communes ? Ou bien vont-ils les brûler ? Ces hommes, ils savent peut-être ce qui tue tout le monde. C’est quoi, ce putain de virus qui frappe et extermine en quelques heures ? Est-ce qu’ils pourraient me dire pourquoi moi, je ne suis pas mort ? J’ai eu envie de courir les rejoindre, mais je n’ai pas bougé de ma fenêtre, incapable de réagir. Leur demander secours, ça m’obligerait à admettre la réalité de ces morts, de ce silence, de cette odeur. Et ça, non, je ne le peux pas. Je ne le veux pas.

    Sortir.

    Il faut que je sorte, il faut que j’aille nous chercher à manger.

    Tant pis si j’attrape la maladie.

    Quitte à mourir, je préfère mourir de l’épidémie à l’extérieur que mourir de faim à l’intérieur.

    Mon grand-père m’avait dit de ne pas sortir. Mais peut-être suis-je immunisé contre le virus ? Peut-être suis-je en vie pour remplir la mission de Khronos avec les autres Experts ? Je dois tenir jusqu’au 24 décembre et me rendre sous la plus vieille horloge de Paris pour savoir si ce retour dans le passé est possible.

    C’est quoi, ce bruit dans le salon ?

    Merde, le grincement s’intensifie. J’y vais.

    C’est une nouvelle invasion de rats ! Ils sont énormes. Comment sont-ils entrés chez moi, ces saloperies de rongeurs ? Bon Dieu, quel cauchemar !

    – Cassez-vous, sales bêtes ! N’approchez pas !

    Mon timbre hystérique sonne bizarrement. Est-ce bien ma voix ? Ils sont hyper-agressifs, comme s’ils avaient muté génétiquement. Il y en a un qui s’agrippe à ma cheville, je balance la jambe pour qu’il me lâche. Un autre tente déjà de me mordre le pied. Ils me font trop flipper, je fonce vers la porte et je décampe hors de l’appartement.

    Je dévale les escaliers au milieu de bataillons de rats. Sur le palier du quatrième, je trébuche sur quelque chose de suintant, de visqueux, je glisse et me retrouve à quatre pattes sur le sol de marbre. Je ferme les yeux de toutes mes forces, horrifié par l’odeur de pourriture qui me pique la gorge et fait couler mes larmes, je n’ai jamais senti une odeur aussi atroce de ma vie. Respirer devient pénible. Je suis pris de tremblements violents qui m’empêchent de contrôler mes mouvements.

    Je sais contre quoi j’ai buté et je sais qu’il faut que je me relève d’urgence.

    Sinon je risque de mourir.

    La chose molle et spongieuse à laquelle je me suis heurté est un cadavre.

    Une victime du virus.

    Qui est peut-être déjà en train de me contaminer.

     

  • [Livre] Dylan Dubois

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    Résumé : Après un an en foyer, Dylan, un garçon de 16 ans tendre et soli- taire, rentre chez lui… où une surprise l’attend : son père a trouvé une remplaçante à sa mère, partie trois ans plus tôt.A priori, Dylan n’a rien contre Cynthia, sa séduisante belle-mère. Sauf quand elle met son chien Rusty dehors « parce qu’elle ne supporte pas son odeur ». Et puis, Dylan ne comprend pas pour- quoi c’est elle qui fait la pluie et le beau temps dans la maison alors qu’elle passe ses soirées à se faire draguer dans les bars. Il ne comprend pas non plus pourquoi son père mute caniche dès qu’elle le siffle… Mais le pire, c’est quand il finit par comprendre. Cynthia n’est pas seulement une belle-mère désagréable et égoïste : c’est une veuve noire, une machine à diviser, à manipuler et démolir les autres.
    Là, il n’a plus qu’une issue : se tirer avec Rusty, direction la forêt, le seul endroit où il se sent en sécurité, pour aller voir si ailleurs a plus de sens qu’ici.

    Auteur : Martine Pouchain

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 04 novembre 2015

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé l’histoire en elle-même qui est prenante et bien construite. On voit bien l’évolution et la dégradation des relations entre Dylan et sa belle-mère, tout comme l’attitude de mollusque de son père.
    D’ailleurs Dylan est vraiment patient, il prend sur lui énormément je trouve. Parce que cette nana est vraiment une plaie. Ça m’étonne même qu’elle ait ce pouvoir sur les autres parce que bon, la « beauté », ça ne fait pas tout non plus, d’autant que Dylan précise qu’elle est belle, certes, mais sans plus. Son attitude est si détestable que ses compagnons devraient avoir envie de l’épingler contre un mur.
    Si encore c’était une bonne mère, on pourrait lui trouver des bons côtés, mais elle est odieuse avec le pauvre petit bonhomme qui a le malheur d’être son fils.
    On assiste également à l’évolution de la relation entre Tobie et Dylan. D’ailleurs je comprends parfaitement qu’avec le modèle familial qu’il a eu (et qu’il aujourd’hui, d’ailleurs), Dylan soit réticent à l’idée d’être en couple. Il a tellement peur de reproduire les schémas qu’il voit se dérouler devant lui.
    Durant son périple (il se débrouille bien quand même avec juste 20€ au départ), il rencontre toute sorte de gens et il est presque surpris du nombre qui lui apporte de l’aide (nourriture, gîte, argent….). Je mets un bémol sur Diane, mais bon, c’est une opinion personnelle….

    En revanche, il y a quelques bémols qui ont rendu ma lecture moins agréable que je n’en ai l’habitude pour un roman des éditions sarbacane et qui font que ce roman est une petite (mais toute petite) déception.
    En premier lieu, ce qui m’a le plus hérissé les poils à chaque fois que je l’ai lu, au point de gêner ma lecture sur quelques pages après chacune de ces « visions d’horreur », c’est le mot T-shirt. Dans la mesure où il s’agit d’un mot anglais, je trouve normal qu’on l’écrive T-shirt ou à la rigueur tee-shirt, mais là, on le trouve systématiquement orthographié ticheurte. Je ne comprends même pas que ce soit passé à la correction. Et qu’on ne vienne pas me parler de francisation, je doute que l’auteur écrive ouiquinde pour week-end.
    Au milieu du roman, nouvelle énormité : « Je m’endors comme une mouche ». Méconnaissance des expressions (on dit comme une souche, et non comme une mouche), coquille ou humour ? Dans ce dernier cas, je veux bien qu’on m’explique la blague, parce qu’elle m’est passée au-dessus de la tête…
    Enfin, l’explication sur les martinets est affligeante. Si l’auteur s’était documentée, elle aurait su que oui, le martinet à des pattes, bien qu’elles soient petites et faibles et que donc, oui, il lui arrive de se poser, même si c’est extrêmement rare (croit-elle qu’il couve ses œufs en vol ?).

    Alors ce roman, c’est comme la beauté de Cynthia, il est bien mais sans plus et j’ai du mal à comprendre l’engouement qu’il a suscité…

     

    Un extrait : « Un homme ne doit pas rester seul trop longtemps, m’avait dit un jour la vieille Simone. Il n’y en a pas beaucoup qui ont le mental assez solide pour le supporter ».
    Cette fois, ça y était, le paternel avait trouvé quelqu’un.
    Pendant les derniers mois de mon séjour au foyer, ses coups de fil étaient devenus de plus en plus intermittents. C’est seulement sur le trajet de la gare jusqu’à chez nous qu’il s’est décidé à me briefer sur son actualité. On était arrivés à la voiture sans un mot échangé en dehors de salut, ça va ?, dans la gêne de se retrouver. On n’a jamais été des grands bavards ni l’un ni l’autre, mais là, on atteignait nos sommets. Une fois le moteur en marche, il m’a lâché le morceau comme quoi il y avait du nouveau.
    « Du nouveau ?
    - Oui, il a précisé un peu gêné, elle s’appelle Cynthia. »

    Avant qu’il ne mette la nouvelle femme de sa vie sur notre tapis, je pensais à la maison, à Rusty, et à comment ça me rendait heureux de les retrouver. Je rentre chez moi ! Je me répétais cette phrase en boucle à l’intérieur où elle faisait pétiller mon plaisir. J’allais à nouveau vivre avec mon père, et mon père avait repris goût à la vie !
    Le simple fait de prononcer Cynthia lui dessine un sourire béat que je ne lui ai pas vu depuis longtemps. J’ai souvent souhaité qu’il trouve une femme pour le dorloter après la défection de Mona. Je l’imaginais timide et sérieuse, douce et attentionnée, je l’imaginais nous mitonnant des plats délicieux.
    Le paternel commence à me brosser sa réalité en dressant l’historique. Il a rencontré Cynthia au bureau de tabac – ce qu’il interprète comme un signe du ciel, vu que d’habitude elle achète toujours ses cigarettes au centre-ville où elle travaille, mais ce jour-là elle était invitée chez une de ses collègues qui habite pas loin de notre quartier. Au début, le paternel ne l’a pas remarquée. Il l’a même bousculée et sa cartouche de cigarettes est tombée, alors il l’a ramassée en s’excusant. Je vous passe les détails qui n’ont rien d’extraordinaire, sauf pour mon père qui les juge mémorables dans le genre coup de pouce du destin.
    Bref, au lieu d’aller chez sa copine, Cynthia a pris un verre avec le paternel, puis deux, et de fil en aiguille, ils ont tricoté un réseau de points communs et de coïncidences.
    « Voilà l’histoire », il conclut.
    Sur le coup, je ne mesure pas bien la portée. Tout juste si je subodore que l’histoire n’est pas aussi rose qu’il s’en est persuadé.

     

  • [Livre] Un geste de trop

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    Résumé : Une femme que tous disaient douce et réservée a poignardé à mort son mari et l'a laissé se vider de son sang.

     Pour tenter d'y voir clair dans cette sombre affaire, le policier chargé de l'enquête, Théophane Fournier, se voit adjoindre une psychologue, Antonella Fabrini. Cette femme brillante mais froide, croqueuse d'hommes assumée, l'intrigue et le fascine.

    Alors qu'ils s'appliquent ensemble à faire éclore la vérité, une véritable complicité naît entre eux. Mais derrière sa carapace, Antonella dissimule un lourd passé. Théophane est-il prêt à en connaître les secrets ?

     

    Auteur : Alexandra Chausseau

     

    Edition : Nouvelles plumes

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2015

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Je ne m’attendais pas, si peu de temps après mon premier coup de cœur de l’année à tomber sur ma première amère déception. Et pourtant si ! J’attendais avec impatience de lire ce livre dont le résumé m’avait séduite, mais j’ai vite déchantée.
    Dès le départ, et par ordre d’apparition : Antonella, Ombelline, Théophane… On est dans la surenchère de prénoms « originaux » quand ils ne sont pas ridicules comme si l’auteur avait eu besoin de se démarquer autrement que par son histoire. Celle-ci aurait-elle été moins aboutie si les personnages principaux s’étaient prénommés Antonia, Julie et Thomas ?
    S’il peut être amusant, voire intéressant s’il a une histoire, d’avoir un prénom sortant de l’ordinaire parmi les personnages, ici l’emploi systématique de tels prénoms a deux conséquences : la première, cela nuit à la crédibilité de l’ensemble du texte (comment prendre au sérieux celle qui a nommés ses personnages ainsi), la seconde, il est plus difficile pour le lecteur de s’identifier aux personnages et donc de plonger complètement dans l’histoire.
    Reste à espérer que les prénoms aient une incidence sur l’enquête ou sur la psychologie des personnages.

    Au niveau du texte lui-même, on est en présence de phase trop longues, parfois difficilement compréhensibles là où les virgules auraient dû être remplacées par un point ou, à la rigueur, deux points. L’inverse se présente aussi et on a des phrases coupées en deux par un point là où il aurait fallu une virgule. Bref, la ponctuation ne semble pas être le point fort de l’auteur.
    On plonge assez vite dans le cœur de l’histoire avec la rencontre de personnages secondaires sans subtilité (le fils de la victime n’est absolument pas crédible dans sa misogynie exacerbée, c’est une caricature).
    Le livre n’a pas de chapitre. Une nouvelle mode semble-t-il, à laquelle je n’adhère pas. J’aime bien, quand je dois interrompre ma lecture, finir sur la fin d’un chapitre qui clôt une scène et donne envie de découvrir la suite. Cela fait partie du plaisir de la lecture.
    Ici le plaisir, il est vite passé. Une fois l’enquête bouclée, sans que l’auteur ne prenne la peine de nous en donner le résultat qui en découle, on se focalise sur le passé d’Antonella.
    Cela ne serait pas un problème si dans ce livre, l’auteur ne disait pas peu ou prou qu’on ne peut échapper au modèle familial : un homme violent engendrera toujours un enfant violent, une femme qui a vu sa mère être battue, choisira des compagnons tout aussi violents que son père. Bref l’auteur dit qu’on est formaté et qu’on ne peut absolument pas dévier de ce modèle (les hommes violents qui ont eu des parents charmant ou inversement, celui qui ne lèvera jamais la main sur qui que ce soit parce qu’il a trop vu son père le faire, ça, ça passe au dessus de la tête de l’auteur).
    C’est tellement cliché, tellement superficiel comme vision des choses que cela m’a gâché un bon tiers du livre, jusqu’à la fin, navrante tant elle est incompréhensible et peu crédible. C’est une fin qui aurait pu être valable (et j’insiste sur le aurait pu) si elle avait été mieux amenée.
    Bref, des euros jetés par la fenêtre et un livre à refiler à la bibliothèque du boulot (il n’a pas gagné sa place sur mes étagères et, quelque soit la nullité d’un livre, je n’aime pas jeter).

    Un extrait : Antonella Fabrini allait sur ses trente-trois ans. Certains disaient qu’elle était aussi bien faite de l’intérieur que de l’extérieur. Bien entendu, très peu de gens étaient aptes à la juger de l’intérieur puisque son cercle d’intimes était des plus restreints, elle n’en était pas mécontente. Dans l’ensemble, elle détestait la compagnie des autres. Elle avait une aversion particulière pour les hommes qu’elle utilisait comme des kleenex. Certains besoins corporels étaient incontournables même pour elle. Elle y cédait et aussitôt tournait le dos à ces compagnons d’un soir sans jamais en éprouver de remords. Sa vie était suffisamment compliquée sans qu’un homme y mette encore plus la pagaille. Antonella Fabrini, que personne n’appelait jamais par son prénom au risque d’être foudroyé sur place par les yeux de braise de la dame, était du genre croqueuse d’hommes sans sentiments et laissait dans son sillage un mélange de respect et de peur adressé tout spécialement à la gens masculine. Beaucoup la méprisaient, les autres la fuyaient. Personne n’avait jamais supposé que son comportement avait sans doute une raison d’être. Lorsque les femmes utilisent le sexe comme un passe-temps frivole, elles sont vite cataloguées dans la liste noire des salopes. Osons le mot, bien que vulgaire, il sied parfaitement à la situation. Pour Antonella, c’était juste une manière de se détendre et elle ne faisait rien de plus que ce que font bon nombre d’hommes qui eux sont classifiés comme des Don Juan, des Casanova, termes beaucoup plus élogieux et flatteurs bien qu’ils reviennent à résumer le même type de comportement : un usage compulsif du sexe sans émotion.
    Antonella avait une personnalité qui s’élevait bien au-delà de ses capacités sexuelles. C’était un esprit futé et minutieux, auquel rien n’échappait. Son cerveau était en constante ébullition, ne se reposant que rarement. L’inaction lui pesait et quand elle évoquait l’action, ça pouvait être aussi bien le sport qu’une quelconque activité intellectuelle. L’essentiel pour elle était de s’occuper les mains ou l’esprit, mais de s’occuper. Au premier abord, elle renvoyait une impression de froideur car sourire n’était pas une priorité dans sa vie. Elle aimait analyser, observer, examiner. Forcément, quand les gens étaient passés à la loupe, ils se sentaient vite mal à l’aise. Ses yeux noirs vous détaillaient sans ménagement ni pudeur. Passé ce premier cap, une fois habitué à ce regard scrutateur, il fallait accepter qu’elle ne soit pas forcément agréable ou amicale. Elle appartenait à ces personnes qu’on dit brutes de décoffrages, sans respect des conventions sociales les plus élémentaires. Si les gens l’avaient dans leur entourage et l’acceptaient, c’est tout simplement qu’elle était une des meilleures dans son travail. Certains prétendaient que cette froideur la rendait plus méticuleuse et précise. D’autres disaient que, comme elle ne se laissait pas envahir par des sentiments humains, elle était en mesure de travailler de manière plus professionnelle et de garder la tête froide. En fait, Antonella était une personne bourrée de bons sentiments, capable d’éprouver amour et joie, pitié et compassion, mais n’en voyait pas l’intérêt la plupart du temps. Elle préférait réserver cela aux gens qui en valaient vraiment la peine et ils étaient peu nombreux, pour ne pas dire inexistants.

    Antonella n’était pas une grande femme à la beauté ravageuse. Elle était de taille moyenne, pas vraiment mince, sans pourtant être grosse. Plutôt plantureuse, avec des atouts physiques qui attiraient le regard des hommes, elle savait user de ses charmes à la perfection. C’était une séductrice, consciente de son potentiel qu’elle utilisait avec une facilité déconcertante. Son sourire si rare illuminait une pièce et sa rareté était un avantage certain pour surprendre et envouter. Ce qui lui plaisait le plus était la chasse. Son gibier préféré, les hommes qui lui résistaient. Ils étaient peu à l’avoir repoussée définitivement. Elle les attirait, les ferrait et ramenait ses proies tout en douceur jusqu’à elle. Une fois le but atteint, elle consommait le vaincu et prévoyait la prochaine battue. Il était rare qu’elle voie un homme plusieurs fois de suite. Elle leur faisait bien comprendre que c’était un one-shot et que même s’ils le désiraient, il serait inutile de revenir à la charge ! La plupart saisissaient bien cela, même s’ils regrettaient de ne pas réitérer l’expérience. D’autres trouvaient insultante son attitude, elle leur répliquait que les hommes agissaient ainsi depuis des centaines d’années et que personne n’avait jamais rien trouvé à y redire, alors elle ne voyait pas pourquoi elle ne profiterait pas du système, elle aussi ! Après tout, le sexe n’était pas qu’une question d’hommes !

     

  • [Livre] L'empire des Auras

    Je remercie la masse critique de Babelio et les éditions du seuil pour cette lecture.

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    Résumé : 2059. Les individus sont maintenant classés en fonction de leur aura : les bleus ont tous les privilèges ; les rouges, décrétés dangereux, sont exclus du pouvoir.
    Avec son aura bleue, Chloé, elle, a été éduquée dans la méfiance des rouges. Obligée de quitter son lycée privé bleu pour un établissement public mixte, ses idées reçues ne tardent pas à être remises en cause. Car à l'évidence, certains rouges ne sont pas aussi mauvais qu'elle le croyait.
    Lorsque sa propre aura commence à se modifier, Chloé est rejetée par sa famille. Et bien obligée de prendre position.
    Et si les auras, finalement, n'étaient qu'un prétexte utilisé par les puissants pour justifier une société de plus en plus inégalitaire ?

     

    Auteur : Nadia Coste

     

    Edition : Seuil

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 avril 2016

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : Contrairement à ce que l’on peut penser quand on lit le résumé, il ne s’agit pas d’une dystopie mais plutôt un roman d’anticipation. L’essentiel de la vie est exactement la même que la notre : le brevet, le lycée, le bac, les trams, le métro, le travail, les pertes d’emplois… Mais là, la science a prouvé que chaque individu dégageait une aura, soit rouge, soit bleue, invisible à l’œil nu, mais visible sur des scans. Le gouvernement se congratule d’avoir vu disparaître l’homophobie, le racisme, le sexisme, les guerres de religion… mais tout s’est reporté sur la différence faite entre les rouges et les bleus et qui a été mise en évidence par le médecin qui a découvert ce phénomène, le docteur Peysson.
    Chloé se retrouve dans un lycée mixte à cause du chômage de son père, qui ne lui permet pas d’intégrer un lycée privée, et de son mauvais dossier scolaire qui lui interdit une acceptation dans un lycée d’élite.

    Dès son arrivée dans le lycée, sa vie est bouleversée. Déjà, les scans sont interdits. Pour elle qui scanne tout le monde et qui est scannée tous les matins par sa mère, c’est une interdiction aussi absurde que dangereuse : comment éviter les rouges si elle ne peut pas les repérer ?
    Très vite, ses convictions vont être mises à mal. Il faut dire que les deux petits loubards de la classe sont de bons bleus et les gars et filles sympas, sont en majorité des rouges… Il y a de quoi être perturbée quand on a apprit toute sa vie que les rouges sont dangereux.
    Les parents de Chloé sont horribles, quoi que son père ait une capacité de réflexion que sa mère ne semble pas avoir. Celle-ci scanne sa fille tous les jours, pour vérifier que son aura demeure bien bleue et ce avant même de lui dire bonjour le matin. Elle ne cache pas ses sentiments envers les rouges et fait d’ailleurs partie d’une association qui milite contre eux (on peut lire quelques slogans imprimés sur des tracs et ça fait froid dans le dos). Elle ne cache pas non plus que si l’aura de sa fille venait à changer, elle considèrerait qu’elle n’a plus de fille.

    Chloé va se poser de plus en plus de questions au point de mettre en doute les paroles de tous, gouvernement, officiels, parents…

    L’écriture est fluide et très agréable. L’idée est originale mais ça me fait sourire quand je vois des critiques qui disent : pourvu que l’avenir ne deviennent pas comme ça car les mentalités y sont effroyables.
    J’ai envie de leur dire : eh oh, réveillez vous, les mentalités sont déjà effroyables ! Il y a déjà de la discrimination à l’embauche, tous les jours des parents jettent leurs enfants dehors parce qu’ils se révèlent homosexuels, parce qu’ils se mettent en ménage avec une personne d’une autre confession…
    En fait ce livre ne nous montre pas ce que pourrait être l’avenir, il nous montre seulement ce qu’est déjà notre présent en concentrant la haine sur une cause commune plutôt que sur des causes différentes.
    Et cerise sur le gâteau, c’est vraiment agréable d’avoir une histoire complète de ce genre en un seul tome !

    Un extrait : Une fois que son reflet lui sembla acceptable, Chloé attrapa son téléphone portable, choisit l’option appareil photo avec l’appli Aura et prit un selfie en tenant l’appareil à bout de bras. Trois photos s’affichèrent côte à côte : sur la première, la jeune fille apparaissait sans retouches. Sur la deuxième, une lumière bleutée irradiait des contours de son corps. Et, enfin, la troisième ne laissait voir que sa silhouette, entièrement colorée par un halo d’énergie invisible à l’œil nu. Son aura, d’un bleu profond, émanait de chaque cellule de son corps. On ne distinguait ni ses yeux ni sa bouche. Seulement le flot coloré révélé au grand jour par les recherches des médecins dans les années 2020.
    Chloé sourit. S’il y avait bien une chose dont elle était fière, c’était la parfaite couleur bleue de sn aura.

    Le stress de la rentrée lui tordit soudain le ventre.
    Au collège, elle avait passé quatre années entourée d’auras bleues, comme elle. Mais ses résultats scolaires ne lui avaient pas permis d’intégrer un lycée d’élite, et, depuis que son père avait perdu son travail, ses parents n’avaient pas les moyens de l’envoyer dans le privé. Alors elle se retrouvait condamnée au lycée public, mixte, où la racaille des auras rouges pullulait.
    « Ca va aller », se convainquit-elle intérieurement en essuyant ses mains moites sur son pantalon.
    Avec un dernier soupir adressé au miroir, elle attrapa son sac alourdi de fournitures scolaires neuves et quitta sa chambre.

    Chloé était bien trop nerveuse pour petit-déjeuner, mais elle savait que si elle n’emportait rien à grignoter dans la matinée, elle ne tiendrait pas jusqu’à la cantine. Elle passa donc par la cuisine.
    Son père était déjà parti pour un de ses rendez-vous avec les agents de reclassement qui tentaient de l’aider dans sa recherche d’emploi. Sa mère, penchée sur sa tablette, ajustait la mise en page des tracts de l’association dont elle gérait la communication.

    - Bonjour, maman.

    Elle se tint immobile le temps que sa mère dégaine son smartphone. Chloé était soumise à ces scans quotidiens depuis toujours. Sa mère lui avait raconté tous les faits divers où des enfants, qui avaient basculé dans la nuit, avaient éliminé leur famille au matin. Pas question de prendre un tel risque chez les Fournier.
    Mais, plus Chloé grandissait, plus elle perdait patience. Sa mère ne pouvait-elle pas lui faire confiance ? Aussi bien pour la stabilité de son aura que pour sa santé mentale ? Jamais elle ne ferait quelque chose d’aussi horrible !
    Les yeux de la jeune fille passèrent sur les gros titre du tract, où l’on pouvait lire « Rouge est la couleur du péché », « Rester pur par la prière » ou encore « Oui aux quartiers d’isolement ».
    L’association, ouvertement religieuse, voyait l’appli Aura comme un outil donné par Dieu pour connaître la ligne de conduite à adopter. Ils organisaient des ateliers prières et méditation une fois par semaine, et leur taux de résultat très encourageant – une seule bascule en deux ans – confortait Mme Fournier dans son militantisme antirouges.
    Une fois que cette dernière se fut assurée que l’aura de Chloé n’avait pas changé pendant la nuit, elle lui répondit enfin :

    - Bonjour, ma chérie.

     

  • [Livre] La guerrière d’Argalone – Tome 3 – Un combat difficile

    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

     

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    Résumé : Alexia a sauvé Tomas des griffes du Grahir et s’est réfugiée à Spéro grâce à ses pouvoirs magiques. Elle y retrouve monsieur Hary, Kévin, Fallia et Léona. Mais le prince William et ses compagnons sont restés aux mains de l’ennemi. Le royaume d’Argalone est ainsi privé de son prince héritier.

    Cependant, Spéro se trouve sur le territoire de Dorduine, si bien qu’Alexia et ses amis ne sont pas en sécurité. Après avoir échappé à un encerclement de l’armée noire, ils s’efforcent de regagner leur pays.

    Des dangers mortels les attendent, ainsi qu’une rencontre inattendue qui va tout changer. Et c’est plus forte, mais non moins terrifiée, qu’Alexia se lance dans son dernier combat contre Grahir.

     

    Auteur : Frédérique Arnould

     

    Edition : Artalys

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 03 octobre 2015

     

    Prix moyen : 16,50€

     

    Mon avis : La guerrière d’Argalone est une histoire plaisante mais c’est le type même de roman qui ne laisse pas de souvenirs impérissables. Alors que j’ai parfois attendu près de 10 ans entre deux tomes de certaines sagas (par exemple les enfants de la terre, de J.M Auel), j’ai pu lire le nouveau tome en me rappelant parfaitement ce que j’avais lu précédemment.
    Ici, quand je commence ce troisième tome, j’ai le sentiment de ne pas avoir lu le second (que j’ai lu il y a moins d’un mois), je ne comprends rien, les réactions des personnages me laissent perplexe, je me demande où sont la moitié des personnages. Mais petit à petit, on se laisse prendre dans l’histoire et au final, on ne pense plus aux tomes précédents car des rappels discrets sont disséminés dans ce dernier tome.
    Dès le début de ce tome, Tomas recommence à m’énerver. Son attitude de petit coq est pénible et j’espère que quelqu’un va vite le remettre à sa place, prince ou non.
    Sans surprise, ce tome conserve les défauts des précédents : fautes de conjugaison, écriture parfois hasardeuse, descriptions inutilement trop détaillées…
    On constate aussi une abondance de rebondissements. Trop, presque, car du coup, le nombre de pages n’ayant pas sensiblement augmenté, les problèmes trouvent une résolution trop rapide, trop facile. On a souvent l’impression de ne pas être allé au fond des choses. Un peu comme les romans de Stephen King qui font monter la tension pour que celle-ci retombe comme un soufflé devant une fin bâclée, on a ici une fin, qui, sans être, elle, bâclée, est un peu trop rapide, comme si l’auteur avait épuisé sa capacité à décrire et argumenter. En deux pages c’est plié.
    Ce tome a aussi les qualités des précédents : une histoire prenante et des personnages secondaires attachants (personnellement, je ne peux pas supporter Alexia, Maxi et Tomas).
    C’est une assez bonne trilogie qui aurait méritée plus de travail de réécriture, sans doute une beta lecture plus stricte et une correction plus attentive.
    Mais si c’est un premier roman (on va considérer ici qu’il s’agit d’un seul roman), c’est un bon début et avec du travail et de l’expérience, l’auteur s’améliorera très certainement, les défauts du roman étant loin d’être insurmontable et l’essentiel, à savoir l’imagination et une maîtrise correcte de la langue, étant là.

    Un extrait : Assise sur un rocher en bordure de prairie, je fixai avidement un tronçon végétal que j’avais rendu transparent. Le paysage morne de l’autre côté de la paroi accroissait mon malaise. Tout était vide et triste, comme moi. C’était comme s’il n’y avait plus âme qui vive. L’hiver était installé. Lentement, je remontai ma cape de fourrure sur mes épaules pour me protéger des flocons blancs qui tombaient du ciel. La brise fraîche fouettait mes joues jusqu’à les rendre insensibles.

    Cela faisait une semaine que je passais mes journées de cette façon, et rien n’arrivait à me faire bouger. Je détournai mon regard vers la droite en percevant des bruits de pas crisser dans la neige.

    « La nuit tombe, Alexia. Tu devrais rentrer.

    — Encore quelques minutes. »

    Léona me rejoignit, elle s’assit à mon côté et se frotta les mains pour se réchauffer.

    « Le conseil va commencer. Nous n’attendons plus que toi.

    — Ne pouvons-nous pas le reporter ?

    — Cela fait plus d’une semaine que tu es apparue avec Tomas et ni l’un ni l’autre n’avez fait état de ce que vous savez. Il est temps de délier vos langues. Fallia veut savoir ce qui est advenu de leur meneuse et des autres. Si tu continues comme ça, elle va perdre patience. Elle ne mange plus depuis des jours.

    — Est-ce que Tomas sera là ?

    — Il patiente avec Édouard, Kévin et Fallia. Comme je te l’ai dit, nous n’attendons plus que toi.

    — Très bien, je te suis. »

    Je jetai un dernier coup d’œil en direction de la paroi transparente. Ne décelant rien de nouveau, je me levai et suivis Léona sans aucune envie. Depuis que Tomas et moi avions échappé à Grahir et miraculeusement atterri à Spéro grâce à mes pouvoirs, aucun de nous ne s’était adressé la parole. J’avais passé trois jours inconsciente et quand enfin je m’étais réveillée, il m’avait fallu encore deux jours pour arriver à marcher tant j’étais faible. Kévin, Fallia, et Léona s’étaient relayés pour veiller sur moi. Mais pas une seule fois, Tomas n’était venu me rendre visite. C’est comme si toute cette histoire avait dressé une barrière entre nous. C’était dur à supporter, moi qui avais mis une ardente volonté à le retrouver !

    Kévin, qui avait tenté de lui parler à plusieurs reprises, m’avait expliqué que Tomas ne voulait voir personne. Il avait besoin de solitude pour chasser les démons qui le tiraillaient. De ce fait, je n’osais pas aller vers lui. Je ne souhaitais pas creuser davantage le fossé qui semblait s’être placé entre nous. Et même si c’était douloureux, je préférais attendre qu’il revienne de lui-même. J’avais peur qu’il m’en veuille, peur qu’il me rende responsable de ce qui s’était passé.

    Cette épreuve avait cassé quelque chose en moi. Je ne me sentais plus entière, même si j’étais soulagée et heureuse que l’on ait échappé à ce monstre. Et je me doutais bien que Tomas avait été plus marqué que moi. Je comprenais donc son comportement, mais ça me faisait mal de le savoir si près de moi sans que je puisse être avec lui.

    Le pas lent, je regagnai le village. Ce petit bourg était totalement recouvert de neige. Sous les toits pendaient des stalactites qui, de temps en temps, se décrochaient pour exploser en mille billes lorsque celles-ci percutaient le sol.

    Nous passâmes à côté du grenier à grain avant de tourner vers la gauche. Léona glissa sa main sous mon bras et me ramena vers elle. Elle me conduisit devant la plus grande maison, celle d’Aimy. Elle poussa la porte et une douce chaleur s’éleva dans le froid. J’entrai et aperçus tous mes camarades. Monsieur Hary, Fallia, Kévin, et Aimy étaient attablés face à des parchemins. Plus loin, assis sur une chaise en face de l’âtre, Tomas ne quittait pas les flammes des yeux. Il était totalement absorbé dans ses réflexions, si bien qu’il ne nous entendit pas.

    Léona referma la porte et s’installa avec les autres. Immobile, je fixai Tomas avec tristesse. Il avait l’air si mal. Je fis un pas puis deux vers mes camarades avant de changer de direction pour aller rejoindre mon compagnon. Je m’avançai doucement jusqu’à lui sans qu’il me prête la moindre attention.

    « Tomas », murmurai-je du bout des lèvres.

    Il se retourna lentement et me fit face. Son regard chargé de douleur s’illumina et il esquissa un timide sourire. Je fus soulagée de voir qu’il ne m’avait pas effacée de son cœur. J’avais eu si peur qu’il ne veuille plus de moi !

    « Il est temps que l’on parle. »

     

  • [Livre] Voleur d'enfance

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    Résumé : Le kidnappeur à la comptine... Evelyn Baine pensait pourtant avoir refermé cette sombre page de son passé. Mais le monstre à qui elle avait échappé lorsqu’elle avait douze ans a de nouveau frappé à Rose Bay, et, comme à l’époque, il a laissé un message sous forme de chanson à la famille de sa victime. Au risque de rouvrir une plaie encore douloureuse, la profileuse du FBI insiste pour retourner dans sa ville natale et se joindre à l’enquête. Car elle sait qu’elle ne trouvera la paix que lorsque le salaud qui lui a volé son enfance sera derrière les barreaux. Et tant pis si Jack Bullock, le policier qui l’avait interrogée dix-huit ans plus tôt, semble aussi hostile à sa participation. Car dans cette affaire aussi sombre qu’épineuse, où l’espoir s’étiole un peu plus à chaque minute, il leur faudra bien conjuguer leurs efforts pour tomber le masque du voleur d’enfance...

     

    Auteur : Elizabeth Heiter

     

    Edition : Harlequin Bestseller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 1 Septembre 2015

     

    Prix moyen : 5€

     

    Mon avis : On retrouve Evelyn Baine un peu plus d’un mois après les évènements de « capturée ». Ici c’est dans sa ville d’enfance qu’elle va devoir traquer un kidnappeur, celui-là même qui a kidnappé sa meilleure amie quand elles avaient 12 ans et qui, semble-t-il, avait projeté de la kidnapper également.
    Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Evelyn a le don de se faire des amis. Dans « Capturée » c’était l’agent du FBI Cory Fuller qui semblait avoir une sacré dent contre elle, ici c’est le policier Jack Bullock. Espérons qu’on en saura un peu plus, parce que pour Cory Fuller, on n’a jamais eu la moindre explication sur son comportement.
    Comme dans le premier tome, l’auteur insiste à outrance sur la couleur de peau de son héroïne. Elle met systématiquement en avant que c’est à cause de ça qu’on ne l’aime pas : sa couleur de peau et son jeune âge. Bien sur le fait qu’Evelyn soit arrogante, insubordonnée et qu’elle fasse cavalier seul dans un monde où on fonctionne en équipe, n’hésitant pas à garder les informations pour elle afin de les vérifier personnellement, laissant entendre qu’elle trouve les agents de terrain incompétents, ne sont jamais mentionnés comme éléments de discorde.
    C’est le couplet de la pauvre petite métisse persécutés par les grands méchants blancs. Ce qui devient un peu pesant à force de répétition.

    Dans son profil, Evelyn note que le suspect est blanc car ses victimes sont blanches (elle-même ayant été l’exception en attirant l’attention du kidnappeur quand elle avait 12 ans). Pourtant, à peine quelques chapitres plus tard, son principal suspect est un noir (qui n’a pas l’ai bien net, il faut l’avouer). Ce qui me dérange, c’est qu’elle n’avance aucune explication. Par exemple, cet homme a été suspecté, 20 ans plus tôt, du meurtre de la fille de sa compagne, qui avait le même âge que les fillettes enlevées. Si sa compagne et sa fille étaient blanches (quand Evelyn décrète qu’il doit être le coupable, on n’a pas cette information), on pourrait penser qu’il enlève des fillettes blanches pour revivre ce premier meurtre ? Ou encore, puisque le kidnappeur laisse entendre dans ses messages qu’il veut « sauver » les fillettes de la négligence parentale, peut-être que la mort de sa belle-fille a été un déclencheur ou qu’il veut punir les parents trop confiants?
    Bref, j’aurais aimé qu’Evelyn justifie ce changement dans le profil.
    Encore une fois, elle fait cavalier seul dès qu’elle en a l’occasion se mettant en danger/ compromettant l’enquête/ énervant tout le monde (inutile de rayer la mention inutile, elles sont bonnes toutes les trois).
    Je n’arrive même pas à comprendre qu’elle soit toujours au FBI avec le mépris évident qu’elle affiche pour tout ce qui ne relève pas de son avis personnel.
    A peine s’est-elle fait remonter les bretelles et a-t-elle promis de se montrer plus professionnelle et prudente, qu’elle recommence, ignorant ostensiblement tous ceux qui tentent de lui rappeler les règles.
    Contrairement au tome 1, on ne connait pas le nom du coupable longtemps à l’avance mais l’enquête pointe vers plusieurs personnes sans qu’on puisse réellement en désigner une avec certitude.
    Quelques pages avant d’avoir les révélations, j’avais commencé à me tourner vers une théorie. Elle n’était pas juste à 100% mais je me rapprochais quand même pas mal. Je vais bientôt pouvoir travailler comme profiler ^^ !

    Un extrait : En pensant aux dossiers qui l’attendaient sur son bureau, Evelyn Baine pressa machinalement le pas vers le bâtiment anonyme qui abritait le BAU, le Département des sciences du comportement, à Aquia en Virginie.

    Elle avait travaillé dur pour en arriver là et, sans fausse modestie, personne n’était meilleure qu’elle pour entrer dans la tête de criminels de tous poils — incendiaires, poseurs de bombes, ravisseurs d’enfants, terroristes et tueurs en série —, des esprits sombres et torturés dont elle avait appris à décrypter les fantasmes, les rituels pervers, à analyser les preuves comportementales qu’ils laissaient derrière eux, afin de mieux anticiper leur prochain mouvement.

    Mais, dans cette traque sans relâche, elle avait parfois la sensation de se battre contre l’hydre de Lerne, comme si, à chaque tête tranchée, il en repoussait deux nouvelles…

    Elle franchit la porte, saisie par la bouffée d’air frais qu’envoyait la ventilation, et se dirigea vers la grande salle de travail. Une vague odeur de café froid traînait dans l’air. Elle passa devant le panneau d’affichage, près de la table sur laquelle étaient posés le percolateur et les mugs, enregistrant d’un coup d’œil les notes manuscrites — qui n’y étaient pas la veille au soir —, reconnaissant l’écriture illisible de son supérieur, Dan Moore.

    Elle avançait, jetant un coup d’œil au passage de chaque box, croisant le regard des quelques agents déjà au travail — ou qui n’étaient pas rentrés chez eux, à voir leurs yeux rougis. Des regards surpris, lui sembla-t-il… Sa mauvaise conscience était en train de la rendre paranoïaque. Après avoir revu ses priorités, elle tentait d’alléger son rythme de travail, depuis deux semaines, et il lui fallait bien admettre que c’était encore étrange, pour elle, de ne pas être la première arrivée et la dernière partie le soir.

    Elle se glissa avec soulagement dans son espace de travail. Elle posa son attaché-case par terre, près de son fauteuil sur le dos duquel elle accrocha sa veste, puis ôta le Sig Sauer P228 de sa hanche pour le ranger dans le tiroir de son bureau, tout en évaluant d’un coup d’œil morne la pile de dossiers qui l’attendait. La diode lumineuse du téléphone clignotait frénétiquement.

    Si elle avait fait quelques heures supplémentaires, la veille au soir, et le soir d’avant, elle aurait pu prendre connaissance d’un nouveau dossier. Peut-être même de deux. Elle grimaça et étouffa ses remords. Après une année passée au BAU, elle savait pourtant que travailler dix heures par jour, sept jours par semaine, au détriment de toute vie personnelle, n’empêcherait pas les demandes de profilage de s’accumuler. C’était un puits sans fond…

    Elle se ressaisit tout en s’installant dans son fauteuil et enclencha son répondeur. Elle écouta les trois premiers messages — trois demandes de compléments d’information sur des profils qu’elle avait déjà dressés —, tout en griffonnant quelques notes. Rien qui sortait de l’ordinaire.

    Elle effaça le message de la psychologue l’invitant à prendre rendez-vous pour parler de sa dernière enquête. A quoi cela servirait-il ? Elle avait elle-même un diplôme de psychologie, et elle allait très bien. Elle s’arracha à ses pensées, et passa au suivant.

    « Je cherche à joindre Evelyn Baine », disait une femme.

    La voix blanche et assourdie lui parut vaguement familière.

    « Evelyn Baine qui a grandi à Rose Bay. C’est Julie Byers à l’appareil. La maman de Cassie. »

    Les battements de son cœur s’accélèrent et résonnèrent dans son oreille. Le décor alentour se brouilla et elle se retrouva projetée dans le passé, se remémorant son arrivée chez ses grands-parents et sa rencontre avec Cassie, qui habitait la maison voisine. Celle-ci lui avait déclaré avec une tranquille assurance qu’elles allaient être les meilleures amies du monde. Et ç’avait bien été le cas. Cassie s’était toujours montrée indifférente à la couleur de sa peau, ce qui n’était pas une réaction si naturelle, à cette époque, à Rose Bay où les préjugés et les réflexes ségrégationnistes étaient encore ancrés dans les mentalités.

    Cassie avait été sa première véritable amie, et elle avait incarné le changement positif que lui avait apporté son emménagement chez ses grands-parents.

    Elles avaient été inséparables, jusqu’à la nuit de sa disparition. Enlevée dans son lit, où le ravisseur avait laissé sa carte de visite — une comptine d’un goût macabre.

    Cassie n’était jamais rentrée à la maison. L’appel de Julie Byers, aujourd’hui, dix-huit ans plus tard, ne pouvait vouloir dire qu’une seule chose. On l’avait retrouvée.

     

  • [Livre] Capturée

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    Résumé : Appelée en renfort sur une scène de crime dans le bois de Bakersville, Evelyn Baine, profileuse au FBI, ne s’attendait pas à découvrir une mise en scène aussi macabre : les cadavres de deux jeunes femmes ont été enterrés à la verticale, les têtes émergeant du sol et exposées comme des trophées… Bouleversée, Evelyn pressent aussitôt qu’un tueur en série rôde dans la nature. Pourquoi a-t-il choisi ces femmes ? Et que signifie le cercle scarifié sur leur poitrine ? Autant de questions qui l’amènent peu à peu à dessiner les contours d’un meurtrier à la personnalité violente et sadique qui, elle le devine, est proche, tout proche… et prêt à tuer de nouveau.

     

    Auteur : Elizabeth Heiter

     

    Edition : Harlequin Bestseller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 1 juillet 2014

     

    Prix moyen : 5€

     

    Mon avis : Evelyn a l’impression de toujours devoir justifier sa place au BAU. Son jeune âge y est sans doute pour quelque chose, la plupart des agents devant attendre des années pour entrer dans cette unité spéciale.
    L’auteur situe le BAU à Aquia sûrement pour Aquia Harbour alors que la plupart du temps, on le situe à Quantico, où se trouve l’académie (Cela dit, Aquia étant à environ à 8km à vol d’oiseau de Quantico, cette précision n’était peut-être pas nécessaire, et je n’en ai pas trouvé confirmation).
    Dès le début, on sent que l’enquête qui est confiée à Evelyn n’est pas banale et que le tueur est un mélange de grand malade et d’organisation sans faille (comme entendu dans le film Speed : « fou mais pas con »).
    Evelyn doit jongler entre un profil difficile à établir, des policiers locaux franchement hostiles (on se demande pourquoi ils ont fait une demande de profilage) et une hiérarchie qui semble la considérer encore comme une débutante.
    Très vite après le début de l’enquête, Evelyn est agressée et enlevée et n’échappe que de justesse à son agresseur. L’auteur essais de semer le doute sur cette agression : est-ce le tueur sur lequel elle enquête, est une autre agression ? Suspense…
    Et bien non, en ce qui me concerne, je n’ai jamais eu le moindre doute. La description de la femme que le tueur voit au cimetière correspond à Evelyn, même si l’auteur a pensé que le fait que le tueur n’évoque pas sa couleur de peau alors qu’elle-même parle du métissage dès qu’elle en a l’occasion allait induire les lecteurs en erreur.
    Le fait qu’Evelyn ait déclaré que le tueur ne faisait pas d’attaque éclair et qu’elle en subisse justement une m’a juste fait pensé qu’elle avait soit commis une erreur dans son profil, soit que le tueur adaptait sa manière de faire aux circonstances, soit enfin que quelque chose l’avait contraint à changer sa méthode d’approche.
    Bref, pas de surprise quand le couperet tombe enfin : c’est le même tueur.
    La position dans laquelle les deux victimes ont été retrouvées m’a fait penser à quelque chose (et non, je ne vous dirais pas quoi, ce serait trop en révéler), impression qui s’est renforcée quand Evelyn découvre un point commun entre toutes les victimes.
    Et impression qui est confirmée au début du troisième tiers du livre. A ce moment-là du récit, je trouve que la tension augmente encore plus car on sait qui est le tueur. Evelyn l’a formellement identifié, aucun doute n’est possible. Mais il est toujours dans la nature, semble savoir se rendre complètement invisible.
    Il est là, il est prêt à frapper à nouveau et c’est encore pire que de ne pas savoir qui il est. Parce que là, même si on a son nom, les enquêteurs ne semblent pas plus près de l’arrêter que lorsqu’il était encore anonyme !
    Les agents du FBI chargés de l’enquête ne m’inspirent pas du tout confiance. Le responsable de l’enquête ne semble s’intéresser qu’à « la gloire » et un de ses équipiers est totalement hostile à Evelyn sans aucune raison. Tellement hostile que je commence à le soupçonner de cacher quelque chose (peut-être pas en rapport avec cette enquête mais quelque chose).

    Un extrait : — Baine ! Dans mon bureau. Maintenant !

    Evelyn leva la tête de son ordinateur et pivota sur sa chaise. La porte de son supérieur claqua et le bruit se répercuta, roulant en vibrations sourdes à travers la grande salle.

    Elle se leva, rajusta sa veste et la boutonna pour couvrir l’arme à sa hanche, nullement impressionnée par le ton autoritaire de Dan Moore. Elle avait eu le temps de s’y habituer depuis qu’elle avait intégré le prestigieux BAU, le département des sciences du comportement du FBI, à Aquia, un an plus tôt.

    Elle sortit de son minuscule box et traversa la grande salle, jetant un coup d’œil au passage. C’était le moment de la journée qu’elle préférait, quand la plupart des agents n’étaient pas arrivés et que l’odeur de café n’imprégnait pas encore l’air climatisé. Elle sentit monter en elle un mélange d’excitation et d’anticipation. Si son patron demandait à la voir de si bonne heure, c’est qu’il avait un profilage à lui confier.

    A peine entrée, elle sentit dans l’air un courant de vive nervosité. L’œil du cyclone semblait se concentrer sur Dan, assis à son bureau imposant. Peut-être même, si elle s’approchait suffisamment, l’entendrait-elle grésiller ! Le visage grisâtre, les sourcils sombres et épais en perpétuel mouvement, il avait déjà l’air complètement lessivé. Ou sur le point d’imploser… Et son ulcère ne lui laissait apparemment aucun répit, songea-t-elle, en le voyant avaler trois comprimés contre les brûlures d’estomac, qu’il fit passer en buvant une gorgée de café.

    — Asseyez-vous, dit-il. Bakersville, ça vous dit quelque chose ?

    — Pas particulièrement… C’est au nord d’ici, je crois… Une petite ville rurale ?

    Elle se pencha vers l’avant, dans une position qui trahissait son impatience.

    — Que s’est-il passé là-bas ?

    Dan marqua un arrêt et elle le vit se rembrunir. Souffrait-il d’une nouvelle remontée gastrique ? A moins que les comprimés ne se soient coincés dans sa gorge, l’empêchant du même coup de la féliciter pour son taux de réussite. Chose qu’il n’avait pas faite une seule fois au cours de l’année écoulée.

    Cela ne la traumatisait pas, vu qu’elle ne regardait jamais en arrière. Seule comptait l’affaire à venir, et à cette minute, elle savait qu’elle se préparait à passer des nuits blanches et à accumuler les heures de travail. Quand la police se résignait à faire appel au département des sciences du comportement du FBI, c’est qu’elle était confrontée à une affaire « hors norme ».

    — Les cadavres de deux femmes ont été découverts dans un bois de Bakersville, très tôt ce matin, répondit enfin Dan. J’ai parlé au chef de la police, Tanner Caufield, mais je n’ai pas d’autres détails que ceux que je viens de vous adresser par mail. Il faut que vous vous rendiez sur place. On vous attend.

    — Maintenant ? Pour seulement deux meurtres ?

    Elle ne se serait pas crue capable de prononcer ces mots, mais elle avait compris, depuis qu’elle avait intégré le BAU, un an plus tôt, que le temps était un luxe que les agents du département ne pouvaient s’autoriser : les demandes de profilage affluaient sur le bureau de Dan, qui devait faire des choix et établir des priorités. Les paroles de ce dernier avaient néanmoins éveillé sa curiosité et son intérêt.

    — L’affaire s’annonce… peu banale. Caufield aura besoin d’un profil de personnalité. S’il vous faut de l’aide, prenez Greg avec vous, ajouta Dan en reportant son attention sur son ordinateur, marquant du même coup la fin de l’entretien.

    Evelyn serra les dents, piquée au vif par sa dernière remarque. Elle était peut-être l’agent le plus jeune du département, avec le moins d’expérience sur le terrain, mais elle n’était plus une débutante et n’avait nul besoin d’être chapeautée. Elle avait gagné ses galons, et ne ménageait pas sa peine pour le prouver chaque jour.

    — Autre chose ? demanda-t-elle.

    — Non. Sauf que Bakersville n’est pas préparé pour faire face à ce genre de tueur. Alors à vous de jouer… Il n’y a pas de temps à perdre.