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[Livre] Un geste de trop

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Résumé : Une femme que tous disaient douce et réservée a poignardé à mort son mari et l'a laissé se vider de son sang.

 Pour tenter d'y voir clair dans cette sombre affaire, le policier chargé de l'enquête, Théophane Fournier, se voit adjoindre une psychologue, Antonella Fabrini. Cette femme brillante mais froide, croqueuse d'hommes assumée, l'intrigue et le fascine.

Alors qu'ils s'appliquent ensemble à faire éclore la vérité, une véritable complicité naît entre eux. Mais derrière sa carapace, Antonella dissimule un lourd passé. Théophane est-il prêt à en connaître les secrets ?

 

Auteur : Alexandra Chausseau

 

Edition : Nouvelles plumes

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 2015

 

Prix moyen : 15€

 

Mon avis : Je ne m’attendais pas, si peu de temps après mon premier coup de cœur de l’année à tomber sur ma première amère déception. Et pourtant si ! J’attendais avec impatience de lire ce livre dont le résumé m’avait séduite, mais j’ai vite déchantée.
Dès le départ, et par ordre d’apparition : Antonella, Ombelline, Théophane… On est dans la surenchère de prénoms « originaux » quand ils ne sont pas ridicules comme si l’auteur avait eu besoin de se démarquer autrement que par son histoire. Celle-ci aurait-elle été moins aboutie si les personnages principaux s’étaient prénommés Antonia, Julie et Thomas ?
S’il peut être amusant, voire intéressant s’il a une histoire, d’avoir un prénom sortant de l’ordinaire parmi les personnages, ici l’emploi systématique de tels prénoms a deux conséquences : la première, cela nuit à la crédibilité de l’ensemble du texte (comment prendre au sérieux celle qui a nommés ses personnages ainsi), la seconde, il est plus difficile pour le lecteur de s’identifier aux personnages et donc de plonger complètement dans l’histoire.
Reste à espérer que les prénoms aient une incidence sur l’enquête ou sur la psychologie des personnages.

Au niveau du texte lui-même, on est en présence de phase trop longues, parfois difficilement compréhensibles là où les virgules auraient dû être remplacées par un point ou, à la rigueur, deux points. L’inverse se présente aussi et on a des phrases coupées en deux par un point là où il aurait fallu une virgule. Bref, la ponctuation ne semble pas être le point fort de l’auteur.
On plonge assez vite dans le cœur de l’histoire avec la rencontre de personnages secondaires sans subtilité (le fils de la victime n’est absolument pas crédible dans sa misogynie exacerbée, c’est une caricature).
Le livre n’a pas de chapitre. Une nouvelle mode semble-t-il, à laquelle je n’adhère pas. J’aime bien, quand je dois interrompre ma lecture, finir sur la fin d’un chapitre qui clôt une scène et donne envie de découvrir la suite. Cela fait partie du plaisir de la lecture.
Ici le plaisir, il est vite passé. Une fois l’enquête bouclée, sans que l’auteur ne prenne la peine de nous en donner le résultat qui en découle, on se focalise sur le passé d’Antonella.
Cela ne serait pas un problème si dans ce livre, l’auteur ne disait pas peu ou prou qu’on ne peut échapper au modèle familial : un homme violent engendrera toujours un enfant violent, une femme qui a vu sa mère être battue, choisira des compagnons tout aussi violents que son père. Bref l’auteur dit qu’on est formaté et qu’on ne peut absolument pas dévier de ce modèle (les hommes violents qui ont eu des parents charmant ou inversement, celui qui ne lèvera jamais la main sur qui que ce soit parce qu’il a trop vu son père le faire, ça, ça passe au dessus de la tête de l’auteur).
C’est tellement cliché, tellement superficiel comme vision des choses que cela m’a gâché un bon tiers du livre, jusqu’à la fin, navrante tant elle est incompréhensible et peu crédible. C’est une fin qui aurait pu être valable (et j’insiste sur le aurait pu) si elle avait été mieux amenée.
Bref, des euros jetés par la fenêtre et un livre à refiler à la bibliothèque du boulot (il n’a pas gagné sa place sur mes étagères et, quelque soit la nullité d’un livre, je n’aime pas jeter).

Un extrait : Antonella Fabrini allait sur ses trente-trois ans. Certains disaient qu’elle était aussi bien faite de l’intérieur que de l’extérieur. Bien entendu, très peu de gens étaient aptes à la juger de l’intérieur puisque son cercle d’intimes était des plus restreints, elle n’en était pas mécontente. Dans l’ensemble, elle détestait la compagnie des autres. Elle avait une aversion particulière pour les hommes qu’elle utilisait comme des kleenex. Certains besoins corporels étaient incontournables même pour elle. Elle y cédait et aussitôt tournait le dos à ces compagnons d’un soir sans jamais en éprouver de remords. Sa vie était suffisamment compliquée sans qu’un homme y mette encore plus la pagaille. Antonella Fabrini, que personne n’appelait jamais par son prénom au risque d’être foudroyé sur place par les yeux de braise de la dame, était du genre croqueuse d’hommes sans sentiments et laissait dans son sillage un mélange de respect et de peur adressé tout spécialement à la gens masculine. Beaucoup la méprisaient, les autres la fuyaient. Personne n’avait jamais supposé que son comportement avait sans doute une raison d’être. Lorsque les femmes utilisent le sexe comme un passe-temps frivole, elles sont vite cataloguées dans la liste noire des salopes. Osons le mot, bien que vulgaire, il sied parfaitement à la situation. Pour Antonella, c’était juste une manière de se détendre et elle ne faisait rien de plus que ce que font bon nombre d’hommes qui eux sont classifiés comme des Don Juan, des Casanova, termes beaucoup plus élogieux et flatteurs bien qu’ils reviennent à résumer le même type de comportement : un usage compulsif du sexe sans émotion.
Antonella avait une personnalité qui s’élevait bien au-delà de ses capacités sexuelles. C’était un esprit futé et minutieux, auquel rien n’échappait. Son cerveau était en constante ébullition, ne se reposant que rarement. L’inaction lui pesait et quand elle évoquait l’action, ça pouvait être aussi bien le sport qu’une quelconque activité intellectuelle. L’essentiel pour elle était de s’occuper les mains ou l’esprit, mais de s’occuper. Au premier abord, elle renvoyait une impression de froideur car sourire n’était pas une priorité dans sa vie. Elle aimait analyser, observer, examiner. Forcément, quand les gens étaient passés à la loupe, ils se sentaient vite mal à l’aise. Ses yeux noirs vous détaillaient sans ménagement ni pudeur. Passé ce premier cap, une fois habitué à ce regard scrutateur, il fallait accepter qu’elle ne soit pas forcément agréable ou amicale. Elle appartenait à ces personnes qu’on dit brutes de décoffrages, sans respect des conventions sociales les plus élémentaires. Si les gens l’avaient dans leur entourage et l’acceptaient, c’est tout simplement qu’elle était une des meilleures dans son travail. Certains prétendaient que cette froideur la rendait plus méticuleuse et précise. D’autres disaient que, comme elle ne se laissait pas envahir par des sentiments humains, elle était en mesure de travailler de manière plus professionnelle et de garder la tête froide. En fait, Antonella était une personne bourrée de bons sentiments, capable d’éprouver amour et joie, pitié et compassion, mais n’en voyait pas l’intérêt la plupart du temps. Elle préférait réserver cela aux gens qui en valaient vraiment la peine et ils étaient peu nombreux, pour ne pas dire inexistants.

Antonella n’était pas une grande femme à la beauté ravageuse. Elle était de taille moyenne, pas vraiment mince, sans pourtant être grosse. Plutôt plantureuse, avec des atouts physiques qui attiraient le regard des hommes, elle savait user de ses charmes à la perfection. C’était une séductrice, consciente de son potentiel qu’elle utilisait avec une facilité déconcertante. Son sourire si rare illuminait une pièce et sa rareté était un avantage certain pour surprendre et envouter. Ce qui lui plaisait le plus était la chasse. Son gibier préféré, les hommes qui lui résistaient. Ils étaient peu à l’avoir repoussée définitivement. Elle les attirait, les ferrait et ramenait ses proies tout en douceur jusqu’à elle. Une fois le but atteint, elle consommait le vaincu et prévoyait la prochaine battue. Il était rare qu’elle voie un homme plusieurs fois de suite. Elle leur faisait bien comprendre que c’était un one-shot et que même s’ils le désiraient, il serait inutile de revenir à la charge ! La plupart saisissaient bien cela, même s’ils regrettaient de ne pas réitérer l’expérience. D’autres trouvaient insultante son attitude, elle leur répliquait que les hommes agissaient ainsi depuis des centaines d’années et que personne n’avait jamais rien trouvé à y redire, alors elle ne voyait pas pourquoi elle ne profiterait pas du système, elle aussi ! Après tout, le sexe n’était pas qu’une question d’hommes !

 

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