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Livres - Page 82

  • [Livre] La guerrière d’Argalone Tome 1 : des amours maudites

     

    Je remercie les éditions artalys pour cette lecture

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    Résumé : Alexia est une adolescente comblée, bien qu’elle vive dans un pays menant une guerre contre son voisin depuis de longues années, le royaume d’Argalone.

    Quand arrivent ses seize ans, elle choisit de s’émanciper pour partir à la découverte du monde avec l’homme qu’elle aime. Mais un drame inattendu bouleverse tout. Désormais seule, elle doit faire face à la douleur et la colère qui la submergent

    Pour ne pas sombrer, elle choisit de s’engager dans l’armée. Bien que celle-ci soit exclusivement masculine, elle y est acceptée comme apprentie. Placée sous l’autorité d’un capitaine qui s’avère ne pas être ordinaire, elle se découvre elle-même certains dons. Ils lui seront très utiles pour participer à cette trop longue guerre, accomplir la vengeance qu’elle souhaite et, peut-être, cicatriser les blessures de son cœur.

     

    Auteur : Frédérique Arnould

     

    Edition : Artalys

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 01 novembre 2014

     

    Prix moyen : gratuit en numérique, 14,90€ en papier

     

    Mon avis : Le début décrit la manière de vivre des gens du royaume, la cérémonie de l’émancipation, la vie quotidienne. Ça serait banal s’il n’y avait pas cette tension provoquée par le prologue : on sait qu’il va se passer quelque chose de grave. Mais quand exactement ? Et quoi ? Alors quand cela arrive effectivement on est partagé entre l’empathie qu’on ressent pour Alexia et le soulagement de cette tension que l’on ressentait en tant que lecteur.
    Au début du roman, les descriptions ne semblent pas très naturelles. Le style est trop détaillé, presque scolaire, on a l’impression que chaque action est découpée en une multitude de mouvements qui sont eux même détaillés.
    Mais lorsqu’on rentre un peu plus dans le cœur de l’action, ce sentiment, sans s’effacer complètement, s’atténue un peu et ne gêne pas la lecture.

    Personnellement, je ne suis pas une grande fan de fantasy, mais j’aime en lire un peu de temps en temps. C’est pourquoi j’ai apprécié d’une part que ce livre ne soit pas un pavé de 500 pages, ce qui a tendance à me rebuter car je n’en vois pas la fin, et d’autre part que ce ne soit pas une série de 15 ou 20 tomes comme on le voit souvent en fantasy, ce qui est super pour les afficionados, mais un peu pénible pour ceux qui aiment ça mais sans plus.
    L’histoire aussi est bien adaptée pour les gens comme moi : elle n’est pas trop compliquée, elle ne comporte pas 116 000 personnages dont on oublie les noms et fonctions au fil de la lecture. Tout est bien dosé : pas mal de personnages mais ni trop, ni trop peu, une histoire qui tient la route et qui se met tranquillement en place (on ne tombe pas dedans comme si on était censé connaitre ce monde) et un style qui n’est pas alambiqué et qui utilise peu de mot inventés spécialement pour le monde en question. On se sent moins perdus.

    Du côté de l’histoire en elle-même, je n’arrête pas de me demander si Maxi, le fiancé d’Alexia, est mort ou pas. Après tout, elle a entendu le guérisseur parler d’un jeune homme mort de la gangrène et son assistante dire : « comment je vais lui annoncer ça, c’est tout ce qui lui restait ». Mais d’une part, même au moyen-âge, la gangrène qui s’installe en une nuit c’est un peu bizarre, ensuite beaucoup de villages ont été attaqués et il devait y avoir de nombreux jeunes gens blessés. Alexia s’est enfuie en entendant la nouvelle, mais personne ne lui a jamais dit clairement que Maxi était mort, elle l’a déduit. Et si elle s’était trompée ? Il n’y a aucun indice en ce sens, mais plus je me repasse la conversation et moins je crois qu’ils parlaient de Maxi (Ce qui ne veut pas dire qu’il ait survécut pour autant, j’en conviens).
    J’espère avoir la réponse dans ce tome !

    Je me demande aussi qui est le capitaine. Je me demande s’il pourrait être ce fameux prince William, accusé par le camp adverse d’avoir tué sa femme (Je me demande d’ailleurs si celle-ci n’a pas été tuée par son propre frère, mais là j’extrapole, on a vraiment pas assez d’indices pour savoir ça). Pour le capitaine, la seule chose qui me fait le soupçonner est qu’il a les larmes aux yeux quand Alexia lui parle de vengeance, mais il pourrait tout aussi bien avoir perdu des êtres chers. Mais bon, il faut bien qu’il soit quelque part ce prince William, alors pourquoi pas là ?

    Quant aux capacités d’Alexia, je ne sais pas encore ce que c’est mais quelque chose se trame : le capitaine sait, c’est évident, le second et Tomas semblent savoir quelque chose aussi. Lors de son émancipation, la poudre dont se sert le magicien réagit différemment avec elle qu’avec les précédentes émancipée et le magicien semble en être enchanté. Pour autant, personne ne semble pressé de mettre Alexia au courant ce qui est très énervant pour elle comme pour nous !

    Voilà les questions principales que je me pose à peu près au milieu de ce tome 1. Et je replonge dans ma lecture pour essayer de trouver les réponses !

    Dans la seconde moitié du livre, j’ai eu les réponses à beaucoup de mes questions, mais j’ai commencé à m’en poser de nouvelles, aussi nombreuses, que je ne vais pas détailler. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, mais je vais finir par tout vous raconter !

    Je vous dirai juste encore que la fin est géniale. Très énervante, mais géniale et que ça donne vraiment envie de découvrir la suite.


    Un extrait : Plus que trois jours et j’aurai seize ans ! J’étais à la fois impatiente et stressée. Dans trois jours, je ne serai plus considérée comme une adolescente puérile, mais comme une femme mûre et réfléchie. Seize ans, l’âge de l’émancipation. Je pourrai faire tout ce qui me plaît, sans que personne ne m’en empêche. Je pourrai partir découvrir le royaume d’Argalone comme l’avait fait ma mère avant moi.

    L’émancipation est un événement important dans la vie d’une jeune fille même si peu l’honorent. Il représente la liberté, le combat d’une personne pour des droits plus justes. Ce privilège a été instauré, il y a de ça une trentaine d’années, par le roi Henri, père du roi Victor qui gouverne aujourd’hui Argalone.

    À cette époque, les lois sur les femmes étaient beaucoup plus dures. Elles n’avaient pas de place dans la société et devaient se contenter de s’occuper de leur famille. La reine Camille, épouse du souverain Henri, s’est longtemps battue afin que son mari modifie ces règles et ce malgré les nombreuses remontrances des gens de la cour qui la surnommaient la langue de vipère. Il a fallu la mort prématurée de cette dernière pour qu’il change totalement d’opinion. Son décès a ouvert une grande blessure. Il s’est alors rendu compte de l’importance qu’elle avait dans son cœur et s’est posé des questions au sujet de la place de la femme en général. Il a nourri de nombreux remords en songeant qu’elle aurait été bien plus épanouie et heureuse s’il avait accepté quelques-unes de ses revendications. Pour l’honorer et pour que personne ne soit rongé par le regret comme il l’était, il a décidé d’octroyer le droit aux femmes de s’émanciper. Cela n’est pas obligatoire et de ce fait, peu de jeunes filles envisagent l’accomplissement de cette cérémonie, mais il permet à celles qui la réalisent de s’affranchir des liens avec leurs parents et de leur donner toute liberté sur leur vie à l’âge de seize ans. Même si maintenant la femme a une meilleure place avec ou sans cet événement, cela reste un symbole fort que je refuse de laisser passer.

    Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais eu aucun scrupule à vouloir m’émanciper et quitter la maison, mais plus la date approchait, et plus les remords s’emparaient de moi. Mon père avait souvent besoin de mon aide à la forge, et mon petit frère de dix ans comptait sur ma présence lorsque ma mère allait vendre sa production de légumes.

    Pour oublier la culpabilité qui commençait à m’envahir, je décidai de prendre l’air. Je cheminai nonchalamment dans les rues sinueuses. Pour la première fois depuis longtemps, je redécouvrais mon village. Les bâtisses, toutes faites sur un modèle similaire, des pierres jaunes et un toit de chaume, étaient posées sur un sol de terre battue de la même manière que des champignons dans un sous-bois. Certaines possédaient des enclos pour des vaches, des porcs, des poules ou des canards et d’autres avaient des granges agrémentées de groseilliers, de mûriers et de lilas.

    C’était un village quelconque comme beaucoup d’autres dans le royaume, mais pour moi, il était le plus beau grâce à la générosité et la convivialité des habitants.

     En cet instant, tout le monde s’affairait à préparer la cérémonie. Les femmes ornaient les façades, ainsi que la place en forme de haricot, de guirlandes, de pétales de roses et de draperies rouges et dorées, pendant que les hommes préparaient le bûcher où l’on grillerait le traditionnel cochon pour le repas. Le temps d’une soirée, notre village aux apparences plutôt mornes rivaliserait avec les cours des plus beaux châteaux.


  • [Livre] Appelle-Moi

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    Résumé : « Appelle-moi. Besoin de te parler. » C'est le dernier texto que Livy reçoit de Julia, son amie d'enfance. Le lendemain, Julia gît sur son canapé, morte. Des somnifères, un bref mot d'adieu, aucun signe de violence : suicide, conclut la police. Livy, elle, refuse d'y croire.
    À force de fouiller le passé de la défunte, Livy fait d'étranges découvertes : des liens avec une agence de call-girls, un amant dont nul ne connaissait l'existence. Plus curieux encore, Julia jouait les apprenties détectives sur une affaire classée vingt ans plus tôt : celle de la mort inexpliquée de Kara, la propre sœur de Livy.
    Et si ces deux décès étaient liés ?
    Livy enquête. Avant de réaliser que certaines vérités mériteraient de rester à jamais sous silence...

     

    Auteur : Sophie McKenzie

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : Août 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : On va voir ici une chronique un peu particulière car cette lecture est faite en binôme par tranche de 5 chapitres. Je donnerais donc mon avis tous les 5 chapitres.

    Ici, contrairement à d’autres thrillers du même genre, rien ne vient faire douter du suicide. Il n’y a pas de messages extérieurs, ou d’objet dans l’appartement qui n’appartiendrait pas à la suicidée. Ce qui fait douter Livy est donc seulement son intime conviction.
    Quand elle commence à fouiner et qu’elle rencontre l’homme avec qui son amie avait une liaison, on se dit de suite qu’il cache peut être quelque chose. Mais j’ai le sentiment qu’il n’y est pour rien (je peux me tromper, ça ne serait pas la première fois). En fait, ce qui me fait dire ça, alors que je ne suis qu’au chapitre 5, c’est qu’entre chaque chapitre on a une sorte de confession d’un meurtrier. Il n’admet pas, pour l’instant du moins, être responsable de la mort de Julia, mais il nous raconte ses « débuts » et nous indique clairement être le meurtrier de la sœur de Livy, Kate, qui était la meilleure amie de Julia.
    Et cet homme ne semble pas éprouver de colère, il semble froid, calculateur et extrêmement maitre de lui-même, ce qui contraste totalement avec la première impression que m’a fait le petit ami de Julia, Damian.
    Personne ne croit Livy quand elle dit que son amie n’a pas pu se suicider, mais ça se comprend : ses proches la pense en plein déni et cherchent avant tout à la protéger.
    Pour l’instant j’ai plus de questions que de réponses et je vais me plonger dans les 5 prochains chapitres pour voir s’ils m’éclairent un peu !

    5 chapitres plus tard, me voici à peu de choses près au milieu du roman, à la fin du chapitre 10/22. Et pour l’instant, je me pose plein de questions ! De plus en plus même !
    D’abord sur la famille de Julia. Je les trouve très bizarres en plus d’être antipathiques. Mais sont-ils bizarres parce qu’ils sont odieux et qu’ils cherchent à récupérer le maximum d’argent ? Ont-ils, par exemple, découvert un testament qui ne leur était pas favorable ? Ou cachent-ils quelque chose de plus grave encore ? Je ne sais pas, mais je ne les sens pas !

    Ensuite sur le tueur, dont on ne sait toujours pas s’il est responsable de la mort de Julia, même si ça serait logique. Quelque chose dans son récit, me laisse à penser que Julia et Livy le connaissent, pas forcément bien, mais suffisamment pour le reconnaitre si elles le voyaient. J’ai de moins en moins l’impression que Damian, le Démon blond, soit impliqué, mais on ne sait jamais…
    Je m’interroge aussi beaucoup sur le patron du mari de Livy, Leo. Will, le mari en question, est bizarre aussi mais je ne sais pas s’il est infidèle, inquiet, énervé ou coupable de quelque chose.

    En fait, pour l’instant, tout le monde ou presque est suspect. Chaque personne semble cacher quelque chose. J’ai hâte de lire la suite !

    Normalement j’aurais dû lire les chapitres 11 à 15 mais arrivée à la fin du chapitre 15 j’ai craqué et suppliée ma binôme de me laisser le finir !
    Il faut dire qu’au fil des chapitres, j’ai commencé à échafauder certaines théories pour la grande majorité des personnages. Il y en avait deux ou trois, parmi les personnages secondaires, que je n’arrivais pas à associer à l’affaire. Impossible de trouver le lien.
    Mais finalement, j’avais bien analysé les personnages principaux et je ne m’étais pas trompée. Et lorsque l’explication sur les personnages secondaires a été donnée, cela n’a fait qu’éclairer davantage la situation (qui était déjà résolue, certes, mais bon, c’était bien d’avoir le fin mot de l’histoire à ce sujet).
    Je suis ravie d’avoir résolue l’affaire et, même si j’avais des doutes dès le début sur l’identité du tueur, les pistes étaient suffisamment brouillées pour que je remette en question mes soupçons et que je considère tout le monde comme suspect !
    Si j’ai un regret dans ce livre, c’est un tout petit : que certains personnages, qui n’étaient pas impliqués dans la mort de Julia mais qui sont moralement lamentables n’aient pas eu à payer leurs actions.

    Un extrait : Je tends la main vers mon téléphone en soupirant. Mon appel va droit sur la boîte vocale de Julia, par conséquent je lui laisse un message disant que nous n’allons pas tarder. Elle n’a toujours pas répondu au texto que je lui ai envoyé hier soir.
    A la réflexion, j’en conclus qu’elle est sans doute encore au lit.
    Qui m’a-t-elle dit fréquenter en ce moment ? Un homme plus jeune. Aux cheveux clairs. « Mon démon blond », m’a-t-elle confié avec délice. Je ne me rappelle pas son vrai nom – à supposer qu’elle me l’ait révélé.
    Je soudoie Zack avec la promesse d’un sandwich au bacon pour qu’il me lâche et se lève. J’en prépare un pour moi aussi mais Hannah refuse de déjeuner.

    - Je mangerai chez Julia

    Je n’insiste pas. Inutile de discuter. Julia aura préparé des mignardises achetées à l’épicerie fine du quartier et de grands verres de gin tonic pour elle et moi, suivis de plats hypersophistiqués : elle ignore totalement le concept de menu enfant. « Des œufs de caille plutôt que des nuggets de poulet », dit-elle toujours. Elle n’a jamais cédé là-dessus, même durant la longue année où Zack n’a mangé que des saucisses.

    Pendant le déjeuner, Julia et moi dégusterons du pouilly-fruissé, son vin blanc favori, et il y aura un pichet de vraie citronnade pour les enfants. Julia glissera deux glaçons dans le verre d’Hannah pour imiter le gin tonic.

    - Une boisson glamour, dira-t-elle avec un sourire en lui adressant un clin d’œil. Pour te préparer au Grand Moment, Han !

    Elle a toujours eu une relation privilégiée avec Hannah. Elles ont bien des points communs – susceptibles, égocentriques, mais capables aussi de chaleur sincère. Je sais que la ressemblance d’Hannah avec Kara hante Julia autant que moi. Après tout, c’est la mort de ma sœur – et la fureur impuissante que nous éprouvions envers son assassin – qui nous a rapprochées.
    A dix heures et demie, Hannah est habillée et prête à partir – elle porte un jean skinny et un débardeur en soie qui m’appartient, et qui est à la fois trop grand et trop « femme » pour elle. Trop occupée à cajoler Zack pour qu’il se prépare, je m’abstiens de faire un commentaire à ce sujet oud e lui dire qu’elle a eu la main plutôt lourde avec le khôl. Elle adore Julia. Je comprends qu’elle veuille l’impressionner. Julia a cet effet-là sur moi aussi.

    Zack enfin prêt, j’enfile ma robe et mes sandales. Julia, qui n’est jamais en retard, déteste le manque de ponctualité chez ses invités. Il me semble étrange qu’elle n’ait répondu ni à mon texto ni à mon appel, cependant je n’y accorde qu’une brève pensée lorsque nous arrivons, sous un grand soleil, à l’entrée de son immeuble.
    Mais elle ne répond pas à l’interphone.

     

  • [Livre] Marquise en sabots

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    Résumé : Sa mère étant été tuée durant les guerres de Vendée, la petite Fanou, en l'absence de son père, le marquis de Valmont, émigré en Angleterre, a été recueillie par un ménage de braves gens qui l'élèvent comme leur propre enfant. Aussi, lorsque le marquis réapparaît, huit ans plus tard, pour réclamer sa fille, c'est un véritablement déchirement. Au château de Valmont, Fanou fait sensation par ses manières de petite paysanne... L'amitié du jeune Gaëtan, la sollicitude de sa gouvernante l'aideront à devenir une jeune fille accomplie, sans lui faire jamais oublier ceux qu'elle considère comme ses vrais parents.

     

    Auteur : Jacqueline Dumesnil

     

    Edition : Rouge et or

     

    Genre : Enfant

     

    Date de parution : 1961

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : J’aime beaucoup l’écriture de Jacqueline Dumesnil. A travers ses personnages, réels ou fictifs, elle fait découvrir ou redécouvrir des passages de l’histoire de France. Ici, au travers de l’histoire de Fanou, on découvre des passages de la Révolution qui ne sont pas vraiment évoqué à l’école de nos jours tels que les guerres de Vendée et les noyades de Nantes.
    Ce que j’apprécie aussi c’est que l’évolution des personnages est crédible. Dans la plupart des romanes jeunesses d’aujourd’hui (surtout les romans américains, soyons réalistes), les enfants commencent par se rebeller contre une situation totalement injuste puis, du jour au lendemain, accepte ladite situation, qui n’a pas changée d’un poil, parce que « les enfants doivent obéir et que les adultes savent mieux qu’eux ce qui est bon pour eux ». Alors ça marche peut être sur le papier, mais en réalité, on a des romans très énervants ou on ne comprend absolument pas le changement d’attitude soudain des enfants.
    Ici, il n’y a pas que Fanou qui évolue. Il est vrai qu’au fil du temps, elle devient plus ouverte à l’enseignement de sa famille biologique, mais la marquise, sa belle-mère, se montre plus ouverte aussi, le marquis met de l’eau dans son vin et comprend qu’il ne peut pas effacer de la mémoire de la fillette les 8 années qu’elle a passé avec sa famille adoptive.
    Politiquement, il s’adoucit un peu aussi : de fervent royaliste, il en vient à reconnaître la valeur de Bonaparte puis à se déclarer déçu par l’attitude de Louis XVIII. Changer sa fille en parfaite royaliste n’est plus un but.
    De plus, il engage une gouvernante intelligente qui ne cherche pas à changer ce qu’est la fillette, mais à lui apporter quelque chose de plus.
    Au final, on a une évolution de tous, en douceur, progressive, qui rend réaliste le déroulement de l’histoire.

    Un extrait : — Je veux retourner chez nous ! dit Fanou, obstinée.

    — C’est ici, « chez vous » ! fit sèchement le marquis. Ce château est celui de vos ancêtres. C’est là que je suis né, là que votre mère a vécu.

    — Je veux retourner chez les Bernard ! clama la fillette.

    Si le marquis lui avait parlé doucement, l’avait prise dans ses bras, Fanou aurait probablement fini par accepter son sort. Mais on lui parlait de son rang, du nom qu’elle portait et du château de ses ancêtres. Tout cela faisait horreur à Fanou, élevée dans les idées républicaines. Être la fille d’un marquis, et, par-dessus le marché, d’un marquis émigré, lui paraissait un cauchemar. Elle aurait voulu s’enfuir et aller se réfugier là où elle était aimée.

    Le marquis ne comprenait pas ce qui se passait dans le cœur de Fanou. Blessé et humilié de retrouver sa fille, cette fille qu’il n’avait jamais connue, avec des idées et des manières tellement contraires à celles qu’aurait dû avoir une demoiselle de Valmont, il ne pensait qu’à extirper de l’esprit de Fanou ces idées fausses, à corriger ces mauvaises manières.

    — Écoutez-moi bien, Françoise ! dit-il sévèrement. Votre mère est morte dans les prisons républicaines, votre oncle a été fusillé par les républicains. Je vous prie de ne jamais l’oublier. Ces gens qui vous ont élevée sont de dangereux révolutionnaires. Il est inutile d’entretenir l’espoir que je vous laisserai retourner dans un pareil milieu. Vous ne reverrez pas la famille Bernard !

    — Alors, je me sauverai ! cria Fanou, révoltée. Les Bernard sont mes vrais parents et je les aime !

    De saisissement, le marquis laissa choir son face-à-main.

    — Françoise, je ne saurais dire quelle peine vous me faites, dit-il d’une voix altérée. Je pensais que vous seriez heureuse d’apprendre que vous apparteniez à une famille riche et honorable et que vous auriez de la joie à connaître votre père. Je me suis trompé, n’en parlons plus. Je vais vous présenter à la marquise. J’espère que, du moins, vous vous montrerez polie avec elle.

    — La marquise ? bégaya Fanou, saisie. Mais vous venez de dire… que ma mère… est morte.

    — Votre mère est morte, en effet. Je me suis remarié l’année dernière. J’ai épousé Mme de Rochebelle, veuve du vicomte Hubert de Rochebelle. Le jeune garçon que vous avez si bien giflé est Gaëtan de Rochebelle, le fils du vicomte.

    Une vague de désespoir submergea Fanou. Une belle-mère ! Elle avait une belle-mère ! Son malheur était complet !

     

  • [Livre] Jeune homme

     

    Je remercie la masse critique de Babelio et les éditions Denoël pour cette lecture.

     

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    Résumé : Par une belle journée d’août 1969, une famille emménage dans sa nouvelle maison de Tromøya, dans le sud de la Norvège. C’est ici que le fils cadet, Karl Ove, va passer son enfance, rythmée par les expéditions à vélo, les filles, les matchs de football, les canulars pyrotechniques et la musique. Pourtant, le jeune Karl grandit dans la peur de son père, un homme autoritaire, imprévisible et omniprésent.

     

    Auteur : Karl Ove Knausgaard

     

    Edition : Denoël & d’ailleurs

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 14 janvier 2014

     

    Prix moyen : 25€

     

    Mon avis : Première impression : Alors que rien, dans le titre, le résumé ou une mention quelconque sur la couverture ne le laisse supposer, dès que j’ouvre le livre, deux informations me sautent aux yeux : Livre III et Quatrième partie… Ca refroidit un peu. J’aime bien savoir, avant d’ouvrir un bouquin, qu’il fait partie d’une saga, et encore plus quand ce n’est pas le premier tome.
    Mais bon, je ne vais pas me laisser rebuter par cela, peut être que ce livre peut être lu indépendamment des autres.
    Alors impression de lecture mitigée : J’ai aimé et je n’ai pas aimé.

    Si, c’est possible !

    Je n’ai pas aimé la mise en page. On a ici un roman sans chapitres, avec des sauts de lignes très rares. En gros ça fait un peu bloc indigeste.
    Mais… Malgré le manque d'aération du texte, l'écriture est fluide et agréable. C'est un roman qui se lit assez vite malgré sa longueur de près de 600 pages. J’ai donc bien aimé le style excepté les premières pages où l’auteur se lance dans un délire philosophique sur le thème est ce que le moi enfant est le même que le moi adulte ou que le moi vieux. Il va jusqu’à dire qu’on devrait changer de prénom au fil de la vie parce qu’on n’est pas la même personne à 7 ans, à 20 ans, à 50 ans… Ce passage était un brin indigeste. Heureusement il ne dure pas.
    Les noms norvégiens sont parfois un peu complexes, mais je viens de comprendre d’où viennent les noms des endroits imaginaires ou des races extraterrestres dans les films.
    En l’espace de quelques pages, j’ai trouvé Arendal (= Arendel de la reine des neiges) ou encore Asgardstrand (= les Asgard, une des races extraterrestres de SG1)…

    En revanche, le plus gros problème que j’ai eu avec le livre (ce qui n’empêche pas d’avoir envie de continuer à le lire) est que Karl Ove, enfant, est tout simplement imbuvable.
    A aucun moment je n'ai ressenti la moindre empathie pour lui, bien au contraire,  j'ai eu l'impression que son livre n'était qu'un prétexte à la pleurnicherie. Car si l’histoire décrit un enfant de 7 ans c'est bien un adulte qui écrit ces lignes. Et Karl Ove ne semble, à aucun moment, remettre en question son attitude.

    S’il est vrai que le père de Karl ove semble être un peu instable et clairement un maniaque du contrôle (le passage où il oblige son fils à manger un bonbon au caramel parce qu’il fait la tête, le démontre bien), il y a quand même un monde entre les privations de sortie ou l'obligation de jeter un sac de bonbons à la poubelle et un comportement violent engendrant la terreur du père comme il le dit à plusieurs reprises (ou même dans le résumé : grandit dans la peur du père).

    Il faut préciser aussi que Karl Ove est particulièrement insupportable comme enfant. Au fil des pages, on le voit s'amuser à allumer des feux dans une montagne desséchée,  jeter des pierres sur des voitures au risque de provoquer un accident,  ou encore lacérer les landaus de poupées des voisines à l'aide d'une branche taillée en pointe avec son couteau.

    À chaque fois qu'il se fait prendre dans l'une ou l'autre de ses bêtises, il est indignés de se retrouver puni et trouve cela injuste (et l’adulte qu’il est lorsqu’il écrit ces lignes semble tout autant sûr du bon droit du gamin).

    Son caractère n'est pas des plus agréables : il passe son temps à se vanter et à dénigrer ses camarades sous divers prétextes, soit parce qu’un tel a un père alcoolique soit parce que tel autre ne sait pas encore bien lire.

    Il est furieux de constater que ses amis s'éloignent de lui à cause de son comportement et il ne se remet jamais en question.

    Quand je vois le nombre de témoignages existants sur de véritables enfants maltraités, je trouve ahurissant d'oser comparer cette maltraitance et les punitions, certes parfois injuste, que reçoit Karl Ove.

    Qu’il aille dire à des enfants martyres que le pire pour un enfant est de devoir rester tranquille 1h dans une voiture qui roule ou de devoir boire du lait qui vient d'être tiré à la place du lait pasteurisé auquel il est habitué et on verra comment il sera reçu…

    En refermant ce livre une seule question m’est venue à l’esprit : pourquoi ? Qu’est ce qu’il se passe dans la vie de se type qui justifie un bouquin de 600 pages sur 6 ans de son enfance ? La réponse : rien…
    Il parle pour rien dire, se contentant de se considérer comme une éternelle victime.

    Si toute son œuvre est ainsi une ode à sa personne et aux misères que « les méchants » lui font sans cesse, je ne risque pas de lire les autres « tomes ».

    Un extrait : - Et pourquoi ce serait à moi d'arrêter, et pas à Geir Hakon ? - Parce que Geir Hakon a raison, c’était pas un camion Mercedes. Et il est pas le seul à avoir des skis de slalom. Moi aussi j’en ai. - Ton père est mort. C’est pour ça que ta mère t’achète un tas de choses. - C'est pas pour ça. C'est parce qu’elle veut que je les aie. Et parce qu'on a les moyens. - Mais ta mère travaille dans un magasin et c'est pas vraiment là qu'on gagne beaucoup d'argent. - Et alors, tu crois que c'est mieux d'être prof ? intervint Leif Tore qui voulait évidemment s’en mêler. Et le mur chez vous, tu crois qu'on a pas vu qu'il est tout fissuré et sur le point de s'écrouler parce que ton père sait même pas qu'il faut du béton armé. Il a mis que du ciment ! C'est pas croyable d’être bête à ce point. - Et puis il se croit supérieur parce qu'il est au conseil municipal, reprit Kent Arne, il salue d'un seul doigt et tout quand il passe en voiture. Alors tu peux la boucler. - Et pourquoi est-ce que je la bouclerais ? - Non, en fait, c'est pas nécessaire, tu peux continuer à jacasser comme d'habitude. Mais nous, on veut pas jouer avec toi. Et ils partirent en courant.Les désaccords ne duraient jamais longtemps et il arrivait que quelques heures plus tard, je puisse jouer avec eux si l'occasion se présentait. Pourtant quelque chose se passait, je me retrouvais fréquemment acculé et les autres s'esquivaient de plus en plus souvent à mon approche, y compris Geir, et parfois j'avais confiance qu'ils allaient jusqu'à se cacher de moi.
    Dans le lotissement, quand quelqu'un disait quelque chose sur quelqu'un, c'était aussitôt répété et bientôt tout le monde le reprenait à son compte. De moi, on disait que je savais toujours mieux que les autres et que je me vantais continuellement. Mais il s'avérait qu'effectivement je savais mieux et beaucoup plus que les autres. Aurais-je dû faire comme s'il en était autrement ? Si je savais quelque chose, c'était parce que c'était comme ça. Quant à la vantardise, tout le monde la pratiquait en permanence. Dag Lothar, par exemple, que tout le monde aimait bien, ne commençait-il pas une phrase sur deux par « c'est pas pour me vanter mais… » pour raconter ensuite ce qu'il avait fait de bien ou ce qu'on lui avait dit de bien ?
    Si, exactement. En réalité, ça n'avait rien à voir avec ce que je faisais mais avec ma personnalité. Sinon pourquoi Rolf aurait-il commencé à m'appeler « le pro » quand on jouait au football dans la rue ? Je n'avais rien fait de particulier. Tu te crois super doué au foot, hein, « le pro » ? disait-il. Alors que j’avais juste dit comment il fallait jouer, n'aurais-je pas dû, moi qui allais à l'entraînement et savais effectivement ? Dire qu'il ne fallait pas courir en meute mais nous éparpiller, se passer la balle ou dribbler, ne pas faire de mêlée comme on en avait l'habitude.
    Mais c'est moi qui eus le dernier mot ce printemps-là aussi. A l'école, lorsque l'emploi du temps fut modifié pour préparer le spectacle de fin d'année, la maîtresse distribua les livrets où se trouvait la pièce de théâtre que nous devions jouer devant tous les parents le dernier jour, le plus important de l'année. Et qui obtient le rôle principal sinon moi ?
    Pas Leif Tore, pas Geir Hakon, pas Trond et pas Geir.
    Mais moi.
    Moi, moi, moi.
    Pas un n’aurait réussi à apprendre autant de répliques par cœur. Parmi les garçons, seuls moi, Eivind et peut-être Sverre en étaient capables mais ce n'était pas par hasard que la maîtresse m’avait choisi, moi.

     

  • [Livre] La couleur du lait

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    Résumé : En cette année 1831, Mary, une fille de 15 ans entame le tragique récit de sa courte existence : un père brutal, une mère insensible et sévère, en bref, une vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset.
    Simple et franche, lucide et impitoyable, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu'on l'a envoyée travailler chez le pasteur Graham, afin de servir et tenir compagnie à son épouse, femme fragile et pleine de douceur.
    Elle apprend avec elle la bienveillance, et découvre avec le pasteur les richesses de la lecture et de l'écriture... mais aussi l'obéissance, l'avilissement et l'humiliation. Finalement, l'apprentissage prodigué ne lui servira qu'à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession.

     

    Auteur : Nell Leyshon

     

    Edition : Phebus français

     

    Genre : Drame

     

    Date de parution : 28 aout 2014

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : J’ai été totalement rebutée par l’écriture. L’auteur s’est mise dans la peau d’une adolescente sans instruction de la moitié du XIXème siècle qui écrit son histoire très peu de temps après avoir appris à lire et à écrire.
    Du coup on se retrouve avec un texte sans majuscule, sans réelle mise en page, sans indication de changement de protagoniste dans les dialogues, avec une grammaire et une syntaxe plus qu’hésitante.
    J’aurais préféré que l’auteur nous raconte l’histoire, quitte à l’écrire à la troisième personne, avec un texte plus riche, plus correct et du coup plus plaisant à lire.
    Toutefois je me suis accrochée parce que l’histoire est intéressante. Le titre, la couleur du lait, fait référence à la couleur des cheveux de Mary.
    Le père, paysans, ne pense qu’à l’argent, et ses filles ne sont que des bras destinées à lui en apporter en travaillant à la ferme. Sa manière de se conduire avec son propre père, paralysé suite à une chute, démontre à quel point il n’a aucune morale.
    Il vend littéralement Mary au révérend, ne s’intéressant qu’à l’argent que lui rapporte sa place, argent dont Mary ne voit jamais la couleur. A plusieurs reprise, le révérend semble se vexer que Mary ose clairement lui dire qu’elle déteste être au presbytère et qu’elle n’est là que parce qu’on ne lui laisse pas le choix.
    L’histoire montre bien la toute puissance du père et des notables. Qui irait s’opposer à un pasteur ?
    Le père remonte un peu (mais juste un peu) dans mon estime vers la fin du récit.
    La fin m’a fait penser à la fin de Tess d’Uberville de Thomas Hardy. Même si le style d’écriture n’a rien à voir, on retrouve la même ambiance dans la description de la vie plus subie que désirée des protagonistes.
    Ce livre est loin d’être un coup de cœur, mais c’est une lecture intéressante.

    Un extrait : en l’an de grâce mille huit cent trente mon père habitait dans une ferme avec ses quatre filles et de ces quatre filles j’étais la dernière.

    dans la ferme il y avait aussi une mère et un grand-père.

    les animaux ne vivaient pas avec nous mais les agneaux rentraient le soir quand ils avaient perdu leur maman et qu’il fallait les nourrir.

    l’histoire commence en mille huit cent trente. l’an de grâce mille huit cent trente.

    il ne faisait pas chaud au commencement. non, il faisait froid et chaque brin d’herbe était brodé de givre. mais dès que le soleil est sorti les gelées s’en sont allées et les oiseaux ont chanté. je le sentais jusque dans mes jambes. c’est une chose qui m’arrive des fois. le soleil coule dans mes jambes et après il monte à ma tête.

    la sève gonflait les tiges et les feuilles se dépliaient. les oiseaux tapissaient le fond de leur nid.

    le monde se souvenait du printemps.

    je sais très bien où j’étais ce jour-là. j’étais aux poules. elles avaient été enfermées toute la matinée à pondre et maintenant il fallait qu’elles courent et mangent les vers et les insectes qui rendent les œufs goûtus. il y avait même un peu d’herbe qui avait repoussé après les froids de l’hiver.

    j’ai tiré la porte du poulailler et le coq a sorti le premier. il paradait comme au défilé mais sans la musique.

    derrière les poules hésitaient et se demandaient quel temps qu’il faisait alors j’ai dû les aider à décider. puis j’ai entendu ma sœur beatrice. elle était au portail et elle criait mon nom.

    mary qu’est-ce tu fais donc là ?

    tu crois que je fais quoi ?

    on dirait que tu sors les poules.

    allons bon. c’est drôle parce que c’est point du tout ce que je faisais. je dansais avec le coq et puis il y a eu un grand festin et le cochon est arrivé et il s’est assis au bout de la table pour nous chanter une belle chanson.

    tu changeras donc jamais ?

    pourquoi faudrait-y que je change ? je suis pas mauvaise fille.

    c’est pas de causer que ton ouvrage se fera.

    et toi c’est pas de regarder ce que font les autres que ton ouvrage se fera. où c’est que t’étais d’abord ?

    à l’église.

    et les bêtes elles vont se nourrir toutes seules ?

    le bon dieu y pourvoira.

    ah oui ? et qui c’est qui traîne la mangeoire des poules ? c’est pas le bon dieu que je sache.

    il traîne pas ta mangeoire mais peut-être que c’est lui qui fait pousser ce qu’y a dedans.

    tu m’en diras tant. moi qui croyais que j’avais planté ces graines toute seule.

    tu devrais pas causer comme ça.

    je cause comme je veux.

    un jour ça te vaudra des embêtements.

    des embêtements ?

    oui. des embêtements.

    j’ai mis mes mains sur mes hanches.

    des embêtements je m’en attire toujours. mais ça m’a jamais empêchée de dire qu’est-ce que je pensais.

     

  • [Livre] Les tribulations d'une cuisinière anglaise

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    Résumé : Dans l'Angleterre du début des années 1920, la jeune Margaret rêve d'être institutrice, mais elle est issue d'un milieu modeste et doit " entrer en condition ". 
    De fille de cuisine elle devient rapidement cuisinière, un titre envié parmi les gens de maison. 
    Confinée au sous-sol de l'aube à la nuit, elle n'en est pas moins au service de " ceux qu'on appelle "Eux" ", des patrons qui ne supporteraient pas de se voir remettre une lettre par un domestique autrement que sur un plateau d'argent. 
    Elle saura leur tenir tête et rendra souvent son tablier pour améliorer ses conditions de travail, jusqu'à ce qu'elle trouve enfin, sinon le prince charmant, du moins le mari qui l'emmènera loin des cuisines des maîtres.
     

     

    Auteur : Margaret Powell

     

    Edition : Payot

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 10 avril 2013

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Quand j’ai commencé ce livre, j’ai aussitôt replongé dans l’univers de Downton abbey. Peut être est-ce parce que je savais déjà qu’il avait inspiré la série, mais j’ai retrouvé les manières un peu brusque de Daisy dans la manière de s’exprimer de Margaret. Je l’imagine très bien avec un accent campagnard dans les belles maisons de Londres.
    Dès le début, Margaret a dans l’idée de trouver un mari, qui ne soit pas domestique, et de quitter son emploi.
    Pour une femme née avant la première guerre mondiale, elle ne mâche pas ses mots et a une manière très moderne de voir les choses et surtout les relations entre hommes et femmes.
    Avant d’entrer en condition, c'est-à-dire de devenir domestique, Margaret a travaillé comme femme de ménage, puis dès qu’elle a eu l’âge, à la blanchisserie.
    D’ailleurs son entrée en condition se fait un peu contre son gré : elle sait qu’elle doit travailler, elle n’est pas contre, mais la place ne lui plait guère. Mais sa mère accepte le poste en son nom. Comme le seul poste qui ne requiert pas de connaissance en couture est fille de cuisine, c’est donc par là qu’elle commencera, en espérant devenir un jour cuisinière, presque le Saint Graal chez les domestiques.
    Margaret a eu la chance de travailler à une époque où le poste de fille de cuisine était facile à trouver : beaucoup de jeune fille postulaient, mais il y avait beaucoup de place à prendre. De plus, rare étaient les personnes qui conservaient ce poste longtemps. Margaret a donc pu assez facilement changer de maison, à chaque fois qu’elle ne se plaisait pas, que les patrons lui était odieux, ou qu’elle pensait avoir appris tout ce qu’elle pouvait apprendre de la cuisinière. A cette époque a succédé une période différente, mais dans laquelle il était encore facile de se placer : celle où les domestiques ont diminués, mais pas encore les employeurs. La place de fille de cuisine, puis de cuisinière, était toujours demandée, mais de moins en moins de personnes étaient disposées à l’occuper. C’est là que Margaret a vu la condition domestique s’améliorer un peu : il fallait les inciter à rester.
    Plus tard, mais elle avait déjà quitté la domesticité, elle a vu, avec la seconde guerre mondiale, les revenus des employeurs diminuer et avec eux, le nombre de postes offerts. Mais elle ne se sentait plus vraiment concerné, même quand elle tirait le diable par la queue avec les faibles revenus de son mari parce qu’à l’époque une femme mariée ne travaillait pas (sauf si le mari était au chômage) parce que « ça ne se faisait pas ».
    Margaret parle surtout d’elle, de comment elle perçoit ses patrons et de sa recherche d’un mari. Il est dommage qu’elle n’en dise pas un peu plus sur les autres domestiques, sur les différents postes (bien qu’elle précise que les nurses étaient à part).
    Après que ses fils aient grandit, Margaret a passé des examens, jusqu’à obtenir l’équivalent du BAC en Angleterre, en 1969, à l’âge de 62 ans. Peut-être une petite revanche personnelle pour celle qui rêvait d’être institutrice.

    Un extrait : Je suis allée à un bureau de placement pour les domestiques ; il y en avait à tous les coins de rue en ce temps-là. Les places de fille de cuisine aussi ça courait les rues, parce que c’était tout en bas de l’échelle des gens de maison ; et pourtant, si on voulait devenir cuisinière et qu’on n’avait pas de quoi se payer des cours, le seul moyen d’apprendre le métier c’était de commencer comme fille de cuisine.

    On m’a proposé plusieurs places, et finalement j’en ai choisi une dans Adelaide Crescent, à Hove, parce que ça ne faisait pas trop loin de chez nous. C’est là qu’habitaient le révérend Clydesdale et sa femme. Ma mère est venue avec moi pour l’entretien d’embauche.

    Dans Adelaide Crescent les maisons étaient immenses. Pour aller du sous-sol au grenier il y avait bien cent trente marches, et les sous-sols étaient sombres comme des cachots. La partie qui donnait sur la rue, là où il y avait des barreaux aux fenêtres, c’était la salle des domestiques. Quand on était assis dans cette pièce, tout ce qu’on voyait c’étaient les jambes des passants, et quand on était de l’autre côté, c’est-à-dire dans la cuisine, on ne voyait rien du tout à cause d’un jardin d’hiver en saillie juste au-dessus. Il y avait une minuscule fenêtre en haut du mur, mais pour voir dehors on devait grimper sur une échelle. Il fallait laisser la lumière allumée toute la journée.

    Adelaide Crescent, c’est une des plus belles rues de Hove. Les maisons étaient de style Regency, et même maintenant qu’elles ont été transformées en appartements, comme les façades ont été conservées ça ressemble beaucoup à ce que c’était, avec les jardins au milieu. Naturellement, autrefois il n’y avait que les résidents qui avaient la clé et qui pouvaient profiter des jardins – mais bien sûr ça ne s’appliquait pas aux domestiques, ça je vous le certifie !

    Ma mère et moi, quand on est arrivées pour l’entretien on s’est présentées à la porte principale de la maison. Pendant tout le temps où j’ai travaillé chez les Clydesdale, c’est bien la seule fois où je suis passée par la grande porte. On nous a fait entrer dans un vestibule qui m’a paru le comble du luxe. Il y avait un beau tapis par terre et un escalier très large entièrement recouvert de moquette – rien à voir avec le petit bout de lino qu’on avait posé chez nous au milieu des marches ! Dans le vestibule il y avait aussi une table en acajou, un portemanteau en acajou, et des miroirs immenses avec des cadres dorés. Pour moi ça respirait tellement la richesse que je me suis dit que les Clydesdale étaient sûrement millionnaires. Je n’avais jamais rien vu de pareil.

    C’est un majordome qui nous avait ouvert, et ma mère avait dit que j’étais Margaret Langley et que je venais pour la place de fille de cuisine. Ce majordome, c’était un vrai nabot ; moi qui croyais que les majordomes étaient toujours grands et imposants ! Dans le vestibule on a vu un monsieur assez âgé et la dame qui allait nous recevoir pour l’entretien, et on nous a fait entrer dans une pièce qui était visiblement la salle de jeux des enfants.

    C’est ma mère qui a parlé tout le temps, parce que moi j’étais abasourdie : dans cette pièce-là on aurait pu mettre sans problème les trois où je vivais avec ma famille, alors que c’était juste une salle de jeux. Et puis j’étais paralysée par la timidité. Ce que je pouvais être mal à l’aise en ce temps-là, c’était horrible ! Il faut dire que la dame, Mrs Clydesdale, m’examinait de la tête aux pieds comme si on était au marché aux esclaves. Elle avait l’air de soupeser mes capacités.

    Ma mère lui a dit que j’avais déjà fait des ménages. Elle n’a pas parlé de la blanchisserie, parce que d’après elle ce n’était pas une référence. Les gens croyaient que les blanchisseries étaient des « antres du vice », comme on disait, parce que les filles qui y travaillaient étaient malpolies.

    Mrs Clydesdale a décidé que comme j’étais robuste et en bonne santé je ferais l’affaire. Je serais payée vingt-quatre livres par an et je toucherais mon salaire tous les mois. J’aurais un après-midi plus une soirée de congé par semaine, de quatre heures à dix heures, et un dimanche sur deux aux mêmes heures ; je ne devais jamais rentrer après dix heures, sous aucun prétexte. Il faudrait que j’aie trois robes en tissu imprimé bleu ou vert ; quatre tabliers blancs à bavette et quatre bonnets ; des bas et des chaussures noires à lanière. Je devais toujours dire « Monsieur » et « Madame » à Mr et Mrs Clydesdale quand ils m’adressaient la parole, montrer beaucoup de respect aux domestiques de haut rang et faire tout ce que la cuisinière me dirait.

    À chaque fois ma mère a répondu « Oui, Madame » ou « Non, Madame ». Elle a promis de ma part que je ferais tout ça. Moi, plus ça allait plus j’étais démoralisée, et à la fin j’avais l’impression d’être prisonnière.

    En sortant je l’ai dit à maman, mais comme elle avait décidé que la place me convenait la question était réglée.

     

  • [Livre] London Panic

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Lucie n’aurait jamais dû entrer en guerre ouverte contre sa prof d’anglais : la voilà privée du voyage scolaire à Londres dont elle rêvait.
    Tant pis : ce voyage, elle le fera, coûte que coûte ! Quitte à vendre son âme (ou presque) à un mystérieux camarade de classe – l’étrange et peu loquace Abu - , quitte à s’improviser baby-sitter dans la famille farfelue d’un authentique lord anglais, quitte à courir aux quatre coins de Londres sur la piste d’un petit prophète de 1m20, disparu en plein shopping !

     

    Auteur : Marie Vermande Lherm

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 03 février 2016

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Je ne sais pas comment les éditions sarbacane sélectionnent et travaillent les manuscrits qu’ils décident de publier, mais ça doit pas rigoler ! Parce que depuis que je lis leurs livres, j’ai été plus ou moins intéressée par le contenu de l’histoire, mais jamais déçue par la qualité du texte. Et c’est assez rare pour être souligné !

    London Panic ne déroge pas à la règle. Bien que l’histoire soit racontée à la première personne, du point de vue d’une gamine de 16 ans issue d’un foyer à priori défavorisé, à aucun moment on ne tombe dans la facilité du langage incorrect, des erreurs de syntaxe ou de grammaire (bon sauf au début, mais la gamine fait exprès pour énerver sa prof d’anglais).
    Ce n’est pas pour autant que l’écriture nous fait douter de l’âge de sa narratrice. Non. Elle utilise des mots familiers, des tournures d’adolescentes, mais tout est dans le dosage. Ce n’est ni trop, ni pas assez.
    Coté personnages, Lucie est un peu une tête brûlée. Elle semble avoir tendance à agir sans trop réfléchir aux conséquences de ses actes. Après tout, elle décide d’aller à Londres sans appui financier, sans même un vrai appui parental puisqu’elle n’hésite pas à manipuler sa mère. Je la trouve à la fois inconsciente (sur sa manière de partir) et la tête très sur les épaules (elle s’adapte quand même vite et bien dans son rôle de baby-sitter).
    Un que j’ai eu envie de baffer, même si on le voit peu, c’est lord Painswick. Non seulement, malgré la présence de l’intendante, il est incapable de prendre soin de ses fils et se débarrasse d’eux avec un soulagement certain sur quiconque veut bien s’en occuper (quitte à pourrir la vie de sa fille) mais en plus il se montre d’une cruauté intolérable avec son plus jeune fils. De toute évidence le petit garçon se languit de sa mère, il s’inquiète, pense sûrement qu’elle ne reviendra pas et au lieu de tenter de le rassurer, son père le rabroue en permanence dès qu’il essaie de parler d’elle.
    Un autre que j’ai eu envie de baffer : Abu, le camarade de classe. Dès le départ son attitude ne m’a pas plu et encore, comme Lucie je n’ai pas tout compris à ce qu’il racontait. Au vue de la suite des évènements, j’aurais aimé que ce petit c** ait à faire face à des conséquences plus sérieuses.
    Les situations s’enchaînent rapidement et il est presque impossible de deviner à l’avance ce qu’il va se produire, et comme on n’est pas dans un roman policier où on espère toujours trouver l’assassin avant qu’il ne soit dévoilé, c’est tant mieux. La surprise est totale et le rire toujours présent.
    Encore un Sarbacane que j’ai lu d’une traite, incapable de le lâcher et de résister à la curiosité quand, à la fin de presque chaque chapitre, Lucie nous dit : Alors, après, il s’est passé quoi ?

    Un extrait : Après, il s’est passé que ma famille a commencé à faire chier.
    En tête de liste, Briac, mon frère.

    - Aaaaaarhhh, Lucie, tu pues le curry…T’es allée bouffer chez des pak-pak !

    Petite précision : mon frère a 12 ans, 12 kilos de trop et 12 de QI. On se croise aux heures des repas et on s’esquive le reste du temps. Au goûter, on s’embrouille entre deux tartines. J’ai essuyé mon couteau plein de chocolat sur le bord du pot.

    - J’ai déjeuné chez Abu. Et il est pas paki, il est indien. Et toi je t’em…

    - Les indiens et les pak-pak, c’est pareil, ils puent le curry !

    - Et toi, tu pues quoi ?

    Ma mère, qui venait de rentrer du boulot, a poussé un long soupir, presque un gémissement :

    - Les enfants, du calme, j’ai une migraine épouvantable.

    Là-dessus, elle a balancé son sac dans un coin et s’est vautrée sur une chaise sans même enlever son manteau.
    Puis elle a pointé son index droit sur sa joue gauche.

    - Lucie. Bisou.

    Tu m’aurais vue me précipiter pour l’embrasser : Laura Ingalls.

    - Bonsoir, ma petite Maman. Bonne journée ?

    - Mon chef a juste été épouvantable. Briac ?

    Index gauche, joue droite.
    Mon frangin a gambadé jusqu’à elle en soulevant les deux côtés de son t-shirt du bout des doigts.

    - Bonjour ma petite Maman chériiie ! Ca va bien ma petite Maman chériiie ?

    Grillée. Je pensais avoir été plus naturelle dans mon élan d’affection.

    - Te laisse pas arnaquer, Maman. Lucie trafique un truc pas net, je suis sûr. Elle passe son temps avec des pak-pak, maintenant. Ca pue, cette histoire. Ca pue le curry, même !

    Il a eu un gros rire débile et je me suis retenue de lui étaler une louche de pâte à tartiner dans les cheveux.
    Maman a attrapé une tranche de pain de mie qu’elle s’est mise à mâchouiller d’un air absent. Ca a dû lui redonner un peu d’énergie, car j’ai vu l’information de Briac faire peu à peu son chemin dans son cerveau.
    Pile à l’arrivée dans le lobe frontal, elle a froncé les sourcils :

    - C’est quoi cette histoire de pak-pak, Lucie ?

    - Maman !

    On ne choisit pas sa famille, désolée.

     

  • [Livre] Impératrice Orchidée T02 – La souveraine

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    Résumé : Veuve de l'empereur de Chine, Orchidée assure l'éducation de son fils, le jeune prince Tongzhi, mais sa tâche n'est pas simple car elle doit louvoyer entre les manigances de la corégente, Nuharoo, l'ambition du prince Kung qui prend une place de plus en plus grande au sein du gouvernement, les révoltes des musulmans dans les lointaines provinces et les exigences croissantes des Occidentaux.
    Sa mission devient d'autant plus délicate que Tongzhi meurt bientôt, victime de la débauche. Le fils adoptif et neveu d'Orchidée monte alors sur le trône sous le nom de Guangxu. Dotée d'une volonté de fer, l'impératrice est acculée à prendre parfois des décisions impitoyables, souvent mal comprises, mais toujours destinées à préserver la grandeur de l'Empire du Milieu.
     

     

    Auteur : Anchee Min

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 2008

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai eu un problème avec le début de ce livre : les incohérences. Dans les premières pages, Orchidée dit qu’elle a débutée comme concubine du 3eme rang alors qu’elle se voit attribué le rang de concubine du 4ème rang dans le 1er tome (et que la vraie Cixi était concubine du 5ème rang, le plus bas). Son époux meurt quand son fils a 5 ans. A un moment elle dit que son époux est mort depuis presque 10 ans et que son fils a 10 ans…ça ne colle pas…
    Mais ces petites incohérences du début sont vite oubliées quand on plonge dans la lecture.
    Au fil de ma lecture, il est devenu très clair que l’auteur avait décidé de faire de l’impératrice Cixi une malheureuse victime n’ayant jamais pris de décision cruelle volontairement mais en y étant forcé par tel ou tel autre.
    Je veux bien admettre que les historiens, dans leur ensemble, aient peut être un peu diabolisé l’impératrice en se basant sur des articles de presse étrangères qui avait intérêt à lever l’opinion internationale contre elle. Mais je ne crois pas non plus qu’elle ait été la douce agnelle menée au sacrifice que l’on décrit ici.
    Car pour obtenir et conserver, envers et contre tout, le pouvoir qu’elle a exercé, il a bien fallut qu’elle écarte de son chemin les obstacles qui se sont présentés devant elle.
    L’histoire la décrit comme une victime, Anchee Min comme un ange…La vérité a du se trouver quelque part entre les deux…

    Un extrait : Tongzhi se plaignit de maux d’estomac et ne put assister à l’audience matinale mais, l’après midi, j’envoyais An-te-hai le chercher. Mon fils allait avoir treize ans et il était empereur depuis sept années. Je comprenais pourquoi il haïssait ses devoirs et s’esquivait chaque fois qu’il le pouvait, mais cela ne m’empêchait pas d’être déçue.

    Je ne cessai de penser à lui alors que, assise sur le trône, j’écoutais Yung Lu lire une lettre de Tseng Kuo-fan évoquant le remplacement du gouverneur Ho et de Sheng Pao. Aucune décision n’avait encore été prise et j’avais du mal à me concentrer. Les yeux rivés sur la porte, j’espérais entendre l’annonce de l’entrée de mon fils. Enfin il arriva et les cinquante hommes présents dans la salle tombèrent à genoux pour se frapper le front sur le sol. Tongzhi prit place sur le trône sans même leur accorder un regard.

    Mon beau garçon s’était rasé pour la première fois. Il avait beaucoup grandi dernièrement. Ses yeux et sa voix douce me rappelaient son père. Devant la cour, il semblait sûr de lui mais je savais que l’instabilité de son caractère ne faisait qu’augmenter.

    Je laissais Tongzhi seul la plupart du temps parce que l’ordre m’en avait été donné. Nuharoo m’avait fait comprendre qu’il était de son devoir d’exprimer les besoins de l’empereur. « Tongzhi doit pouvoir mûrir selon ses propres critères. », avait-elle précisé.
    La cour avait du mal à maîtriser le caractère sauvage de Tongzhi. Un jour, Tsai-chen, fils du prince Kung, arriva pour devenir le compagnon d’étude de mon fils. Bien que n’ayant pas pris part à cette décision, j’étais impressionnée par ses bonnes manières et je fus soulagée de constater que les deux garçons se lièrent aussitôt d’amitié.

    Tsai-chen avait deux ans de plus que Tongzhi et son expérience du monde extérieur fascinait le jeune empereur qui n’avait pas le droit de franchir les portes de la cité interdite. Les deux garçons partageaient en outre le même intérêt pour l’opéra chinois.

    Contrairement à Tongzhi, Tsai-chen était robuste et solidement bâti. Il adorait monter à cheval et j’espérais que, sous l’influence de son ami, mon fils suivrait la tradition des hommes de Bannière, celle des guerriers mandchous qui avaient vaincu la Chine des Han deux siècles auparavant. Les peintures de famille montraient les empereurs mandchous participant à des évènements tout au long de l’année, qu’il s’agisse d’arts martiaux, d’équitation ou de chasse automnale. Depuis six générations, la tradition était respectée et je verrai mon rêve se réaliser, si, un jour, Tongzhi montait enfin à cheval.

     

  • [Livre] Impératrice Orchidée T01 – La concubine

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    Résumé : Devenir concubine de l'empereur de Chine, la jeune et jolie Orchidée en rêve pour arracher à la misère sa famille de petite noblesse, totalement ruinée.
    Et elle pourrait ainsi échapper au mariage qu'on lui a arrangé avec un cousin débile. Mais elles sont des milliers de jeunes filles à l'espérer ! Elle tente malgré tout sa chance lorsque le palais annonce qu'il va recruter deux cents demoiselles pour les plaisirs du souverain... Sa beauté lui permet de figurer parmi les élues. Sans se laisser décourager par l'étiquette écrasante et rigide de la Cité interdite qu'elle découvre, ni par les humiliations venues de ses rivales et de l'impératrice douairière, Orchidée se lie avec un eunuque pour intriguer et rencontrer l'empereur.
    Parvenue à la couche royale, elle apprivoise peu à peu cet homme malade et superstitieux et, par de longues conversations, s'initie aux affaires politiques. La naissance d'un fils lui assure bientôt une position solide...

     

    Auteur : Anchee Min

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : Mars 2007

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Nous avons ici le premier tome sur deux de la biographie romancée de Cixi qui fut la dernière impératrice de Chine et qui sera la vraie détentrice du pouvoir, de 1861 à sa mort en 1908 et ce malgré des débuts au rang le plus bas, celui de concubine du 4ème rang.
    Tout aura commencé par la mort et la disgrâce de son père. Ruinée, la famille d’Orchidée s’installe chez un oncle qui ne rêve que de les voir partir pour louer leurs chambres à plus offrants. Pour leur permettre de rester, il exige le mariage d’Orchidée avec son fils, atteint de déficience mentale. La recherche par l’empereur de 200 jeunes femmes pour être, pour 7 d’entre elles ses épouses, et pour les autres, ses concubines, tombe donc à pic pour tenter d’échapper à ce mariage.
    A son grand bonheur, Orchidée fait partie des élues et sa famille est couverte d’argent et de cadeaux impériaux qui la sort enfin de sa misère. Ne plus revoir les siens est une perspective difficile à accepter mais le jeu en vaut la chandelle pour Orchidée.
    La voilà à présent au cœur de la cité interdite, avec son étiquette, ses codes et ses dangers.
    Avec un époux quasiment impuissant, qui n’honorent quasiment jamais ses épouses et concubines, la grossesse d’Orchidée et la naissance de son fils déchaîne les jalousies. Alors qu’elle avait sympathisée avec Nuharoo lors de leur présentation à l’empereur, celle-ci se révèle être sa pire ennemie, distillant les servantes comme espionne dans les palais de ses rivales et n’hésitant pas à se servir de son rang pour leur rendre la vie impossible (ce qui coutera la vie à l’une des concubines).
    S’il y a un reproche à faire à se premier tome, c’est d’avoir rendu Orchidée trop angélique : elle est la douceur incarnée. Or, pour arriver à survivre dans le panier de crabes qu’était la cour interdite et se hisser au rang qu’elle a occuper sous le nom de Cixi, il est fort à parier qu’elle ait montré moins de scrupules à écarter ses ennemis que ce que l’auteur veut nous le faire croire. Comme ce premier tome est axé sur la jeunesse de l’impératrice, j’attends de voir si l’auteur nous la dépeint toujours comme une fleur délicate dans le second tome, où on découvrira sa vie de souveraine.

    Un extrait : Ce fut un hiver terrible. Après une tempête de neige, on découvrit des corps gelés dans les rues de Pekin. Je donnais tout ce que je gagnais à ma mère, mais cela ne suffisait pas à nos dépenses. Les prêteurs faisaient la queue devant la maison. La porte s’était plusieurs fois écroulée. Onzième oncle était mal à l’aise et son visage reflétait ses pensées. Je savais qu’il voulait nous voir partir. Mère fut engagée comme servante, mais congédiée dès le lendemain car elle était tombée malade. Elle devait se cramponner au lit pour se lever et sa respiration était rauque. Ma sœur Rong lui prépara une décoction de simples. En plus de feuilles amères, le médecin lui prescrivit des cocons de ver à soie. Une odeur désagréable imprégnait mes habits et mes cheveux. Mon frère Kuei Hsiang allait emprunter de l’argent aux voisins. Au bout d’un moment, personne ne lui ouvrit plus sa porte. Mère acheta des vêtements de deuil bon marché, une tunique noire qu’elle portait toute la journée.
    « Tu n’auras pas à me changer si tu me trouve morte dans mon lit », me dit-elle.
    Un après-midi, Onzième Oncle vint avec son fils auquel je n’avais jamais été présentée. Il s’appelait Ping, « Bouteille ». Je savais qu’oncle avait eu un fils avec une prostituée et qu’il le cachait parce qu’il était gêné.
    J’ignorais que Bouteille était un arriéré.

     

  • [Livre] Le prix de la peur

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    Résumé : À Los Angeles, on ne respecte plus rien. Quelques jours avant Noël, un prêtre est retrouvé mort dans son église, son corps étrangement mutilé. La tête, introuvable, a été remplacée par celle d'un chien errant. L'inspecteur Rob Hunter ne se fait pas d'illusions : les cinglés capables de ce genre de crimes récidivent toujours. Bientôt, les cadavres s'accumulent. Seul point commun entre les victimes : noyée ou brûlée vive, chacune semble avoir été tuée de la façon qu'elle redoutait le plus.

     

    Auteur : Chris Carter

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : thriller

     

    Date de parution : 11 avril 2013

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Mais qu’est-ce que c’est que ce psychopathe ? Voilà la question que je me suis posée dès la fin du prologue. Est-ce que je parlais du tueur ou de l’auteur ? Un peu des deux ! Parce que pour inventer des trucs pareils…
    J’ai beaucoup aimé le capitaine Blake : Elle vient d’arriver, c’est une femme dans un monde d’homme, à peine en poste il lui tombe cette affaire qui déchaine les journalistes et la pression du maire, mais elle soutient son équipe autant qu’elle le peut.
    La journaliste, Claire, on n’en a pas encore beaucoup parlé, mais j’espère déjà qu’elle va attirer l’attention du tueur tant elle m’énerve.
    Les chapitres sont courts et se finissent toujours de manière à maintenir au maximum le lecteur en haleine. A la fin de chaque chapitre on n’a donc qu’une seule envie : se précipiter sur le suivant (merci pour la nuit blanche !)

    Les meurtres sont bien décrits (attendez-vous à en frissonner parce qu’on est loin des meurtres bien propres de Dexter) et particulièrement horribles. Franchement, même si ce n’était pas la plus grande peur des victimes, être tué de chacune des manières décrites est un vrai cauchemar (et je continue à m’interroger sur les sources d’inspiration de l’auteur ! Même s’il a travaillé comme psychologue criminologue et qu’il a donc étudié de près les serials killers, c’est quand même assez impressionnant d’avoir des idées pareilles).

    On en vient parfois à se demander s’il y a un ou plusieurs tueurs.
    Il y a de nombreux rebondissements et personnellement je n’ai eu de doute sur l’identité du tueur que quelques pages seulement avant qu’elle ne soit révélée.
    Il faut dire que tout est bien dosé car, si les inspecteurs sont directement plongés dans l’horreur, tout ne va pas aussi vite que le rythme du roman : l’enquête n’est pas résolue en deux coups de cuillère à pot : ils cherchent, s’interrogent, voient des témoins, d’anciennes connaissances des victimes, recoupent les informations, hésitent…bref, ils enquêtent vraiment. Ce sont d’excellents flics, mais pas des supers héros.
    Au cours du livre, il y a quelques allusions au précédent roman de l’auteur. Cela ne gêne pas la lecture, mais à force d’entendre parler du tueur au crucifix, j’ai maintenant envie d’en savoir plus.

     

    Un extrait : — Ironique que la seule certitude de la vie soit la mort, vous ne trouvez pas ?

    La voix de l’homme était posée, sa posture, décontractée.

    — Je vous en supplie… Vous n’avez pas besoin de faire ça.

    L’homme au sol était pétrifié et épuisé. Sa voix, étranglée par les larmes et le sang. Il était nu et grelottait. Ses bras étaient tendus au-dessus de sa tête, les poignets attachés par une chaîne au mur en brique.

    Le sous-sol sombre avait été transformé en une sorte de donjon médiéval, avec ses quatre murs ornés de lourds anneaux métalliques. Une répugnante odeur d’urine flottait dans la pièce, et d’une caisse en bois posée dans un coin par l’agresseur montait un vrombissement incessant. La pièce était insonorisée, et fuir semblait impossible. Une fois enfermé ici, inutile d’y songer, à moins que quelqu’un ne vienne vous délivrer.

    — Peu importe ce que vous avez fait de votre vie, poursuivit-il, indifférent à sa victime qui saignait. Peu importe votre richesse, ce que vous avez accompli – vos relations, vos projets et vos espoirs. En fin de compte, la même chose nous arrive, à tous, et cette chose, c’est la mort.

    — Par pitié, mon Dieu, non !…

    — Mais ce qui fait la différence, c’est la façon dont nous mourons.

    L’homme par terre toussa et cracha un léger nuage de sang.

    — Certaines personnes meurent naturellement, sans douleur, au terme d’un cycle naturel. (L’homme émit un étrange rire gargouillant.) D’autres souffrent de maladies incurables des années durant, luttant à chaque minute pour ajouter quelques secondes à leur misérable existence.

    — Je… je ne suis pas riche, je ne possède pas grand-chose, mais ce que j’ai, vous pouvez le prendre.

    — Chuuuut ! (L’homme posa son doigt sur ses lèvres avant de murmurer :) Je n’ai pas besoin de votre argent.

    Nouvelle quinte de toux, nouvelles gouttelettes de sang.

    L’agresseur grimaça un sourire mauvais.

    — Certains meurent très lentement, reprit-il d’une voix glaciale. L’agonie peut durer des heures, des jours, des semaines de souffrances ; si on sait s’y prendre, il n’y a quasiment pas de limites – vous le saviez ?

    Il se tut. Jusque-là l’homme enchaîné n’avait pas remarqué le pistolet à clous dans la main de son assaillant.

    — Et je sais exactement ce que je fais. Permettez-moi de vous le montrer.