Je remercie les éditions artalys pour cette lecture
Résumé : Alexia est une adolescente comblée, bien qu’elle vive dans un pays menant une guerre contre son voisin depuis de longues années, le royaume d’Argalone.
Quand arrivent ses seize ans, elle choisit de s’émanciper pour partir à la découverte du monde avec l’homme qu’elle aime. Mais un drame inattendu bouleverse tout. Désormais seule, elle doit faire face à la douleur et la colère qui la submergent
Pour ne pas sombrer, elle choisit de s’engager dans l’armée. Bien que celle-ci soit exclusivement masculine, elle y est acceptée comme apprentie. Placée sous l’autorité d’un capitaine qui s’avère ne pas être ordinaire, elle se découvre elle-même certains dons. Ils lui seront très utiles pour participer à cette trop longue guerre, accomplir la vengeance qu’elle souhaite et, peut-être, cicatriser les blessures de son cœur.
Auteur : Frédérique Arnould
Edition : Artalys
Genre : Fantastique
Date de parution : 01 novembre 2014
Prix moyen : gratuit en numérique, 14,90€ en papier
Mon avis : Le début décrit la manière de vivre des gens du royaume, la cérémonie de l’émancipation, la vie quotidienne. Ça serait banal s’il n’y avait pas cette tension provoquée par le prologue : on sait qu’il va se passer quelque chose de grave. Mais quand exactement ? Et quoi ? Alors quand cela arrive effectivement on est partagé entre l’empathie qu’on ressent pour Alexia et le soulagement de cette tension que l’on ressentait en tant que lecteur.
Au début du roman, les descriptions ne semblent pas très naturelles. Le style est trop détaillé, presque scolaire, on a l’impression que chaque action est découpée en une multitude de mouvements qui sont eux même détaillés.
Mais lorsqu’on rentre un peu plus dans le cœur de l’action, ce sentiment, sans s’effacer complètement, s’atténue un peu et ne gêne pas la lecture.
Personnellement, je ne suis pas une grande fan de fantasy, mais j’aime en lire un peu de temps en temps. C’est pourquoi j’ai apprécié d’une part que ce livre ne soit pas un pavé de 500 pages, ce qui a tendance à me rebuter car je n’en vois pas la fin, et d’autre part que ce ne soit pas une série de 15 ou 20 tomes comme on le voit souvent en fantasy, ce qui est super pour les afficionados, mais un peu pénible pour ceux qui aiment ça mais sans plus.
L’histoire aussi est bien adaptée pour les gens comme moi : elle n’est pas trop compliquée, elle ne comporte pas 116 000 personnages dont on oublie les noms et fonctions au fil de la lecture. Tout est bien dosé : pas mal de personnages mais ni trop, ni trop peu, une histoire qui tient la route et qui se met tranquillement en place (on ne tombe pas dedans comme si on était censé connaitre ce monde) et un style qui n’est pas alambiqué et qui utilise peu de mot inventés spécialement pour le monde en question. On se sent moins perdus.
Du côté de l’histoire en elle-même, je n’arrête pas de me demander si Maxi, le fiancé d’Alexia, est mort ou pas. Après tout, elle a entendu le guérisseur parler d’un jeune homme mort de la gangrène et son assistante dire : « comment je vais lui annoncer ça, c’est tout ce qui lui restait ». Mais d’une part, même au moyen-âge, la gangrène qui s’installe en une nuit c’est un peu bizarre, ensuite beaucoup de villages ont été attaqués et il devait y avoir de nombreux jeunes gens blessés. Alexia s’est enfuie en entendant la nouvelle, mais personne ne lui a jamais dit clairement que Maxi était mort, elle l’a déduit. Et si elle s’était trompée ? Il n’y a aucun indice en ce sens, mais plus je me repasse la conversation et moins je crois qu’ils parlaient de Maxi (Ce qui ne veut pas dire qu’il ait survécut pour autant, j’en conviens).
J’espère avoir la réponse dans ce tome !
Je me demande aussi qui est le capitaine. Je me demande s’il pourrait être ce fameux prince William, accusé par le camp adverse d’avoir tué sa femme (Je me demande d’ailleurs si celle-ci n’a pas été tuée par son propre frère, mais là j’extrapole, on a vraiment pas assez d’indices pour savoir ça). Pour le capitaine, la seule chose qui me fait le soupçonner est qu’il a les larmes aux yeux quand Alexia lui parle de vengeance, mais il pourrait tout aussi bien avoir perdu des êtres chers. Mais bon, il faut bien qu’il soit quelque part ce prince William, alors pourquoi pas là ?
Quant aux capacités d’Alexia, je ne sais pas encore ce que c’est mais quelque chose se trame : le capitaine sait, c’est évident, le second et Tomas semblent savoir quelque chose aussi. Lors de son émancipation, la poudre dont se sert le magicien réagit différemment avec elle qu’avec les précédentes émancipée et le magicien semble en être enchanté. Pour autant, personne ne semble pressé de mettre Alexia au courant ce qui est très énervant pour elle comme pour nous !
Voilà les questions principales que je me pose à peu près au milieu de ce tome 1. Et je replonge dans ma lecture pour essayer de trouver les réponses !
Dans la seconde moitié du livre, j’ai eu les réponses à beaucoup de mes questions, mais j’ai commencé à m’en poser de nouvelles, aussi nombreuses, que je ne vais pas détailler. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, mais je vais finir par tout vous raconter !
Je vous dirai juste encore que la fin est géniale. Très énervante, mais géniale et que ça donne vraiment envie de découvrir la suite.
Un extrait : Plus que trois jours et j’aurai seize ans ! J’étais à la fois impatiente et stressée. Dans trois jours, je ne serai plus considérée comme une adolescente puérile, mais comme une femme mûre et réfléchie. Seize ans, l’âge de l’émancipation. Je pourrai faire tout ce qui me plaît, sans que personne ne m’en empêche. Je pourrai partir découvrir le royaume d’Argalone comme l’avait fait ma mère avant moi.
L’émancipation est un événement important dans la vie d’une jeune fille même si peu l’honorent. Il représente la liberté, le combat d’une personne pour des droits plus justes. Ce privilège a été instauré, il y a de ça une trentaine d’années, par le roi Henri, père du roi Victor qui gouverne aujourd’hui Argalone.
À cette époque, les lois sur les femmes étaient beaucoup plus dures. Elles n’avaient pas de place dans la société et devaient se contenter de s’occuper de leur famille. La reine Camille, épouse du souverain Henri, s’est longtemps battue afin que son mari modifie ces règles et ce malgré les nombreuses remontrances des gens de la cour qui la surnommaient la langue de vipère. Il a fallu la mort prématurée de cette dernière pour qu’il change totalement d’opinion. Son décès a ouvert une grande blessure. Il s’est alors rendu compte de l’importance qu’elle avait dans son cœur et s’est posé des questions au sujet de la place de la femme en général. Il a nourri de nombreux remords en songeant qu’elle aurait été bien plus épanouie et heureuse s’il avait accepté quelques-unes de ses revendications. Pour l’honorer et pour que personne ne soit rongé par le regret comme il l’était, il a décidé d’octroyer le droit aux femmes de s’émanciper. Cela n’est pas obligatoire et de ce fait, peu de jeunes filles envisagent l’accomplissement de cette cérémonie, mais il permet à celles qui la réalisent de s’affranchir des liens avec leurs parents et de leur donner toute liberté sur leur vie à l’âge de seize ans. Même si maintenant la femme a une meilleure place avec ou sans cet événement, cela reste un symbole fort que je refuse de laisser passer.
Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais eu aucun scrupule à vouloir m’émanciper et quitter la maison, mais plus la date approchait, et plus les remords s’emparaient de moi. Mon père avait souvent besoin de mon aide à la forge, et mon petit frère de dix ans comptait sur ma présence lorsque ma mère allait vendre sa production de légumes.
Pour oublier la culpabilité qui commençait à m’envahir, je décidai de prendre l’air. Je cheminai nonchalamment dans les rues sinueuses. Pour la première fois depuis longtemps, je redécouvrais mon village. Les bâtisses, toutes faites sur un modèle similaire, des pierres jaunes et un toit de chaume, étaient posées sur un sol de terre battue de la même manière que des champignons dans un sous-bois. Certaines possédaient des enclos pour des vaches, des porcs, des poules ou des canards et d’autres avaient des granges agrémentées de groseilliers, de mûriers et de lilas.
C’était un village quelconque comme beaucoup d’autres dans le royaume, mais pour moi, il était le plus beau grâce à la générosité et la convivialité des habitants.
En cet instant, tout le monde s’affairait à préparer la cérémonie. Les femmes ornaient les façades, ainsi que la place en forme de haricot, de guirlandes, de pétales de roses et de draperies rouges et dorées, pendant que les hommes préparaient le bûcher où l’on grillerait le traditionnel cochon pour le repas. Le temps d’une soirée, notre village aux apparences plutôt mornes rivaliserait avec les cours des plus beaux châteaux.