Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Livre] Marquise en sabots

marquise en sabots.jpg

 

Résumé : Sa mère étant été tuée durant les guerres de Vendée, la petite Fanou, en l'absence de son père, le marquis de Valmont, émigré en Angleterre, a été recueillie par un ménage de braves gens qui l'élèvent comme leur propre enfant. Aussi, lorsque le marquis réapparaît, huit ans plus tard, pour réclamer sa fille, c'est un véritablement déchirement. Au château de Valmont, Fanou fait sensation par ses manières de petite paysanne... L'amitié du jeune Gaëtan, la sollicitude de sa gouvernante l'aideront à devenir une jeune fille accomplie, sans lui faire jamais oublier ceux qu'elle considère comme ses vrais parents.

 

Auteur : Jacqueline Dumesnil

 

Edition : Rouge et or

 

Genre : Enfant

 

Date de parution : 1961

 

Prix moyen : 10€

 

Mon avis : J’aime beaucoup l’écriture de Jacqueline Dumesnil. A travers ses personnages, réels ou fictifs, elle fait découvrir ou redécouvrir des passages de l’histoire de France. Ici, au travers de l’histoire de Fanou, on découvre des passages de la Révolution qui ne sont pas vraiment évoqué à l’école de nos jours tels que les guerres de Vendée et les noyades de Nantes.
Ce que j’apprécie aussi c’est que l’évolution des personnages est crédible. Dans la plupart des romanes jeunesses d’aujourd’hui (surtout les romans américains, soyons réalistes), les enfants commencent par se rebeller contre une situation totalement injuste puis, du jour au lendemain, accepte ladite situation, qui n’a pas changée d’un poil, parce que « les enfants doivent obéir et que les adultes savent mieux qu’eux ce qui est bon pour eux ». Alors ça marche peut être sur le papier, mais en réalité, on a des romans très énervants ou on ne comprend absolument pas le changement d’attitude soudain des enfants.
Ici, il n’y a pas que Fanou qui évolue. Il est vrai qu’au fil du temps, elle devient plus ouverte à l’enseignement de sa famille biologique, mais la marquise, sa belle-mère, se montre plus ouverte aussi, le marquis met de l’eau dans son vin et comprend qu’il ne peut pas effacer de la mémoire de la fillette les 8 années qu’elle a passé avec sa famille adoptive.
Politiquement, il s’adoucit un peu aussi : de fervent royaliste, il en vient à reconnaître la valeur de Bonaparte puis à se déclarer déçu par l’attitude de Louis XVIII. Changer sa fille en parfaite royaliste n’est plus un but.
De plus, il engage une gouvernante intelligente qui ne cherche pas à changer ce qu’est la fillette, mais à lui apporter quelque chose de plus.
Au final, on a une évolution de tous, en douceur, progressive, qui rend réaliste le déroulement de l’histoire.

Un extrait : — Je veux retourner chez nous ! dit Fanou, obstinée.

— C’est ici, « chez vous » ! fit sèchement le marquis. Ce château est celui de vos ancêtres. C’est là que je suis né, là que votre mère a vécu.

— Je veux retourner chez les Bernard ! clama la fillette.

Si le marquis lui avait parlé doucement, l’avait prise dans ses bras, Fanou aurait probablement fini par accepter son sort. Mais on lui parlait de son rang, du nom qu’elle portait et du château de ses ancêtres. Tout cela faisait horreur à Fanou, élevée dans les idées républicaines. Être la fille d’un marquis, et, par-dessus le marché, d’un marquis émigré, lui paraissait un cauchemar. Elle aurait voulu s’enfuir et aller se réfugier là où elle était aimée.

Le marquis ne comprenait pas ce qui se passait dans le cœur de Fanou. Blessé et humilié de retrouver sa fille, cette fille qu’il n’avait jamais connue, avec des idées et des manières tellement contraires à celles qu’aurait dû avoir une demoiselle de Valmont, il ne pensait qu’à extirper de l’esprit de Fanou ces idées fausses, à corriger ces mauvaises manières.

— Écoutez-moi bien, Françoise ! dit-il sévèrement. Votre mère est morte dans les prisons républicaines, votre oncle a été fusillé par les républicains. Je vous prie de ne jamais l’oublier. Ces gens qui vous ont élevée sont de dangereux révolutionnaires. Il est inutile d’entretenir l’espoir que je vous laisserai retourner dans un pareil milieu. Vous ne reverrez pas la famille Bernard !

— Alors, je me sauverai ! cria Fanou, révoltée. Les Bernard sont mes vrais parents et je les aime !

De saisissement, le marquis laissa choir son face-à-main.

— Françoise, je ne saurais dire quelle peine vous me faites, dit-il d’une voix altérée. Je pensais que vous seriez heureuse d’apprendre que vous apparteniez à une famille riche et honorable et que vous auriez de la joie à connaître votre père. Je me suis trompé, n’en parlons plus. Je vais vous présenter à la marquise. J’espère que, du moins, vous vous montrerez polie avec elle.

— La marquise ? bégaya Fanou, saisie. Mais vous venez de dire… que ma mère… est morte.

— Votre mère est morte, en effet. Je me suis remarié l’année dernière. J’ai épousé Mme de Rochebelle, veuve du vicomte Hubert de Rochebelle. Le jeune garçon que vous avez si bien giflé est Gaëtan de Rochebelle, le fils du vicomte.

Une vague de désespoir submergea Fanou. Une belle-mère ! Elle avait une belle-mère ! Son malheur était complet !

 

Écrire un commentaire

Optionnel