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[Livre] La couleur du lait

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Résumé : En cette année 1831, Mary, une fille de 15 ans entame le tragique récit de sa courte existence : un père brutal, une mère insensible et sévère, en bref, une vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset.
Simple et franche, lucide et impitoyable, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu'on l'a envoyée travailler chez le pasteur Graham, afin de servir et tenir compagnie à son épouse, femme fragile et pleine de douceur.
Elle apprend avec elle la bienveillance, et découvre avec le pasteur les richesses de la lecture et de l'écriture... mais aussi l'obéissance, l'avilissement et l'humiliation. Finalement, l'apprentissage prodigué ne lui servira qu'à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession.

 

Auteur : Nell Leyshon

 

Edition : Phebus français

 

Genre : Drame

 

Date de parution : 28 aout 2014

 

Prix moyen : 7€

 

Mon avis : J’ai été totalement rebutée par l’écriture. L’auteur s’est mise dans la peau d’une adolescente sans instruction de la moitié du XIXème siècle qui écrit son histoire très peu de temps après avoir appris à lire et à écrire.
Du coup on se retrouve avec un texte sans majuscule, sans réelle mise en page, sans indication de changement de protagoniste dans les dialogues, avec une grammaire et une syntaxe plus qu’hésitante.
J’aurais préféré que l’auteur nous raconte l’histoire, quitte à l’écrire à la troisième personne, avec un texte plus riche, plus correct et du coup plus plaisant à lire.
Toutefois je me suis accrochée parce que l’histoire est intéressante. Le titre, la couleur du lait, fait référence à la couleur des cheveux de Mary.
Le père, paysans, ne pense qu’à l’argent, et ses filles ne sont que des bras destinées à lui en apporter en travaillant à la ferme. Sa manière de se conduire avec son propre père, paralysé suite à une chute, démontre à quel point il n’a aucune morale.
Il vend littéralement Mary au révérend, ne s’intéressant qu’à l’argent que lui rapporte sa place, argent dont Mary ne voit jamais la couleur. A plusieurs reprise, le révérend semble se vexer que Mary ose clairement lui dire qu’elle déteste être au presbytère et qu’elle n’est là que parce qu’on ne lui laisse pas le choix.
L’histoire montre bien la toute puissance du père et des notables. Qui irait s’opposer à un pasteur ?
Le père remonte un peu (mais juste un peu) dans mon estime vers la fin du récit.
La fin m’a fait penser à la fin de Tess d’Uberville de Thomas Hardy. Même si le style d’écriture n’a rien à voir, on retrouve la même ambiance dans la description de la vie plus subie que désirée des protagonistes.
Ce livre est loin d’être un coup de cœur, mais c’est une lecture intéressante.

Un extrait : en l’an de grâce mille huit cent trente mon père habitait dans une ferme avec ses quatre filles et de ces quatre filles j’étais la dernière.

dans la ferme il y avait aussi une mère et un grand-père.

les animaux ne vivaient pas avec nous mais les agneaux rentraient le soir quand ils avaient perdu leur maman et qu’il fallait les nourrir.

l’histoire commence en mille huit cent trente. l’an de grâce mille huit cent trente.

il ne faisait pas chaud au commencement. non, il faisait froid et chaque brin d’herbe était brodé de givre. mais dès que le soleil est sorti les gelées s’en sont allées et les oiseaux ont chanté. je le sentais jusque dans mes jambes. c’est une chose qui m’arrive des fois. le soleil coule dans mes jambes et après il monte à ma tête.

la sève gonflait les tiges et les feuilles se dépliaient. les oiseaux tapissaient le fond de leur nid.

le monde se souvenait du printemps.

je sais très bien où j’étais ce jour-là. j’étais aux poules. elles avaient été enfermées toute la matinée à pondre et maintenant il fallait qu’elles courent et mangent les vers et les insectes qui rendent les œufs goûtus. il y avait même un peu d’herbe qui avait repoussé après les froids de l’hiver.

j’ai tiré la porte du poulailler et le coq a sorti le premier. il paradait comme au défilé mais sans la musique.

derrière les poules hésitaient et se demandaient quel temps qu’il faisait alors j’ai dû les aider à décider. puis j’ai entendu ma sœur beatrice. elle était au portail et elle criait mon nom.

mary qu’est-ce tu fais donc là ?

tu crois que je fais quoi ?

on dirait que tu sors les poules.

allons bon. c’est drôle parce que c’est point du tout ce que je faisais. je dansais avec le coq et puis il y a eu un grand festin et le cochon est arrivé et il s’est assis au bout de la table pour nous chanter une belle chanson.

tu changeras donc jamais ?

pourquoi faudrait-y que je change ? je suis pas mauvaise fille.

c’est pas de causer que ton ouvrage se fera.

et toi c’est pas de regarder ce que font les autres que ton ouvrage se fera. où c’est que t’étais d’abord ?

à l’église.

et les bêtes elles vont se nourrir toutes seules ?

le bon dieu y pourvoira.

ah oui ? et qui c’est qui traîne la mangeoire des poules ? c’est pas le bon dieu que je sache.

il traîne pas ta mangeoire mais peut-être que c’est lui qui fait pousser ce qu’y a dedans.

tu m’en diras tant. moi qui croyais que j’avais planté ces graines toute seule.

tu devrais pas causer comme ça.

je cause comme je veux.

un jour ça te vaudra des embêtements.

des embêtements ?

oui. des embêtements.

j’ai mis mes mains sur mes hanches.

des embêtements je m’en attire toujours. mais ça m’a jamais empêchée de dire qu’est-ce que je pensais.

 

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