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[Livre] U4: Stephane

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Résumé : Stéphane, Yannis, Koridwen et Jules ont entre 15 et 18 ans. Ils ont survécu au virus U4, qui a décimé 90% de la population mondiale. Ils ne se connaissent pas, mais ils se rendent pourtant au même rendez-vous.

"Je m'appelle Stéphane. Je vis à Lyon. C'est le chaos. Des bandes de jeunes commencent à piller les appartements vides. D'autres investissent les lycées désertés... Moi je préfère attendre mon père, chez nous. Et s'il ne revient pas, j'irai au rendez-vous. J'irai jusqu'à Paris pour le retrouver dans son bunker de l'armée."

 

Auteur : Vincent Villeminot

 

Edition : Nathan

 

Genre : Young adult

 

Date de parution : 27 Août 2015

 

Prix moyen : 17€

 

Mon avis : De tous les adolescents dont j’ai suivi l’histoire au travers de ces trois premiers tomes, Stephane me paraît être la plus froidement rationnelle. Fille de scientifique, elle analyse chaque fait en tentant de garder la tête froide. Mais là où elle arrive à se comporter en scientifique lorsqu’il s’agit de la maladie elle-même, quand on parle de rapports humains, ce n’est plus la même limonade. Stephane vit très mal les exactions des groupes de pillards et se montre complètement aveugle en ce qui concerne son père.
Plus j’avance dans le livre et plus je me dis que cet homme n’a jamais eu l’intention de tenter de sauver sa fille. Il a été évacué par l’armée, et, en éminent scientifique qu’il est, il aurait pu demander à ce que l’armée lui ramène sa progéniture, mais cela ne semble pas le préoccuper tant que lui-même est en sécurité. Stephane espère qu’il a pu arriver à temps pour sauver sa mère, dont il est divorcé, et son petit frère, mais j’ai bien l’impression que l’idée même de tenter de sauver ses enfants ne l’a même pas effleuré. A force de se dire que son père a confiance en elle et que c’est parce qu’il sait qu’elle est capable de s’en sortir qu’il n’est pas venu la chercher, j’ai peur que Stephane n’aille au-devant de graves désillusion, et quand on voit ses réactions devant la cruauté humaine, elle risque de ne pas s’en remettre. J’espère que la suite du livre me donnera tort.
Au début du livre, et pendant un long moment, Stephane est pro-armée : elle pense que chaque action de l’armée (les nettoyages de quartier au napalm, les prises de sang nominatives obligatoires…) a une bonne raison, une raison sanitaire et que le reste, à savoir essentiellement les traceurs implantés de force aux survivants ou l’obligation de rejoindre les R-points ne sont que des rumeurs lancées par ceux qui veulent discréditer l’armée.
Quand même au fil du temps, il y a des choses qui la révoltent, comme la manière dont les « réfugiés » sont traités.
Même si je n’ai pas encore la réponse à mes questions, je vois que certains personnages se les posent également : Qui décide ? Qui contrôle l’armée ? De quel droit est ce que les militaires agissent ainsi ?
Dans ce tome, on voit pour la première fois l’organisation d’un R-Point de l’intérieur, on voit que les plus âgés des survivants sont prêts à tout pour conserver le pouvoir. Ce sont de petits chefaillons qui savent qu’ils peuvent agir comme ils le souhaitent vis-à-vis des survivants tant qu’ils se montrent dociles face à l’armée : tant qu’ils restent de bons moutons, ils peuvent se prendre pour des loups.
C’est cette situation, ainsi que les insinuations de plus en plus ouverte de son ami Marco et la méfiance des « responsables » quand elle émet le souhait de contacter son père (comme si on avait peur qu’elle se plaigne), qui font évoluer la pensée de Stephane vis-à-vis des « autorités légales ».
Je ne sais pas qui m’énerve le plus des militaires ou de Julien, le soi-disant responsable du R-point. Cette histoire, en tout cas, me conforte dans l’idée que, quoi qu’il arrive, l’armée ne doit avoir aucun pouvoir car elle en abusera toujours.
Je ne m’attendais pas du tout aux décisions que va prendre Marco, même si, avec le recul, je me dis que j’aurais dû m’en douter.

Un extrait : Dans la rue Saint-Michel, je croise deux nouveaux cadavres. Difficile de les ignorer, ceux-là, ils sont au beau milieu de la chaussée. Ils se tiennent par la main, deux amoureux tragiques dont la mort n’a pu séparer l’étreinte, fauchés là par les fièvres au pied de leur immeuble, peut-être, ou bien se sont-ils retrouvés à cet endroit pour en finir ? Avaient-ils vingt ou soixante ans ? Seuls leurs vêtements me font pencher pour la première hypothèse. Pour le reste, c’est impossible à dire : ils n’ont plus de visages, couverts de sang séché, leurs mains sont déjà travaillées par la putréfaction. Roméo + Juliette ?

Ne compatis pas, ne brode pas.

« Que sais-tu, Stéphane ? Que comprends-tu ? Analyse… »

Le sang. Les croûtes de sang. Les fièvres.

Des faits. Quels faits ? Les gens ont commencé à saigner il y a onze jours. Les symptômes ont été les mêmes pour chacun : céphalées, migraines ophtalmiques, hémorragies généralisées, externes et internes. Le sang suintait des yeux, des narines, des oreilles, des pores de la peau. Ils mouraient en moins de quarante heures. Fièvre hémorragique, filovirus nouveau, proche de la souche Ébola, mais infiniment plus virulent. Dénomination officielle : U4, pour « Utrecht 4e type », l’endroit où la pandémie a commencé. 90 % d’une population étaient atteints, et tous ceux qui étaient frappés mouraient – tous, sauf nous, les adolescents.

Seuls les adolescents de quinze à dix-huit ans ont survécu. La grande majorité, du moins. C’est ce que j’ai pu lire sur les principaux sites d’information, au début. Puis les webjournalistes sont morts, comme tous les adultes, comme les enfants. Les sites sont devenus indisponibles les uns après les autres. Les coupures d’électricité ont fait sauter Internet de plus en plus souvent. Le site du ministère de l’Intérieur continuait d’afficher ses consignes dépassées : rester calme, ne pas paniquer, porter des gants et des masques respiratoires, éviter tout contact avec les contaminés, abandonner sans tarder les maisons ou les appartements touchés par le virus. Ne pas manipuler les cadavres. Rejoindre les « R-Points », les lieux de rassemblement organisés par les autorités.

Ensuite, Internet s’est tu. Tout s’est tu.

Je me répète pour la centième fois la chronologie des événements pour garder l’horreur à distance, tandis que je dépasse les corps des deux amants. Ma présence a dérangé les prédateurs habituels de cadavres-insectes, mouches, et rats, car des milliers de rats règnent maintenant sur la ville. Ça grouille, ça pue. Cette vermine se nourrit des morts, de ce que nous étions.

Analyse, ne pense pas. Anticipe.

Les rongeurs vont propager d’autres épidémies. Les rares survivants en mourront. Le choléra ou la peste semblent dérisoires à côté d’U4, mais ils tueront aussi.

Mon père disait toujours : « Pendant les interventions, il faut se concentrer sur les informations scientifiques, ce que l’on sait et ce que l’on ignore, pour ne pas se laisser submerger par les émotions. » Il me le répétait pour m’apprendre à maîtriser le trac avant les examens. Où qu’il soit, se doute-t-il combien ses conseils me sont utiles, aujourd’hui, dans cette ville défunte ?

 

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