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[Livre] La reine des délices

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Résumé : À la mort de son père, Josey décide qu'elle doit cesser ses caprices de petite fille et fait la promesse de se dévouer corps et âme à sa mère. Vingt ans plus tard, éteinte d'avoir été trop couvée, elle soigne sa solitude dans le placard de sa chambre, ou elle cache des monceaux de sucreries.
Et le jour ou Della Lee Baker, battue par son compagnon, vient se réfugier dans cette même penderie, la vie de Josey bascule. Titillée par son aînée, elle s'ouvre enfin au monde et rattrape le temps perdu d'une jeunesse bridée. À 27 ans, elle commence enfin à vivre...

 

Auteur : Sarah A. Allen

 

Edition : Pocket

 

Genre : roman contemporain

 

Date de parution : 20 octobre 2011

 

Prix moyen : 7€

 

Mon avis : Josey n’a vraiment aucune vie. Elle idéalise son père et sert quasiment d’esclave à sa mère pour expier d’avoir été une enfant difficile.
Je trouve que tout le monde est à blâmer dans la réclusion presque forcée de Josey car tout le monde n’a à la bouche que le comportement qu’elle avait petite fille alors qu’elle a 27 ans. On l’enferme dans ce rôle d’enfant insupportable et elle ne peut pas en sortir malgré sa gentillesse.
La mère de Josey, Margaret, est tout simplement affreuse. A un moment un des personnages dit qu’elle n’a fait un enfant que pour s’enchaîner définitivement à la fortune de son mari et son attitude semble corroborer les dires de cette personne. Elle dénigre sa fille sans arrêt, ne cesse de lui dire que se maquiller la rendrait vulgaire, que porter du rouge l’enlaidit, alors que c’est tout le contraire.
Je pense qu’elle a surtout peur de perdre son esclave personnelle et qu’elle ne supporte pas l’idée que Josey pourrait attirer l’attention, se faire des amis, avoir une relation amoureuse, bref tout ce qui pourrait l’ouvrir au monde.
Contrairement à ce qu’elle essaie de faire croire au tout début, ce n’est pas un hasard si Della Lee se réfugie dans la penderie de Josey. Elle a de bonnes raisons de vouloir venir en aide à la jeune femme, même si celle-ci ne la croie pas quand elle les lui révèle. Mais je pense que la vérité va bientôt lui être révélée. Tout le monde parle de son père comme d’un grand homme, mais tout le monde, la mère de Josey y compris, sais qu’il collectionnait les aventures. Josey est la seule à ne pas être au courant.
Jake, le petit amie de Chloé, que l’on peut décrire comme étant la toute première amie de Josey, est un peu énervant, dans sa manière de croire que le pardon de Chloé lui est acquis. Il ne semble pas comprendre pourquoi elle veut savoir avec qui il l’a trompée, et pourquoi le seul fait qu’il le lui ait avoué et qu’il soit désolé ne suffit pas pour qu’elle lui pardonne. Ce n'est pas un méchant gars, et je crois qu’il est sincère dans son incompréhension, comme il ne comprend pas pourquoi le fait que Chloé n’ait choisi aucun meuble et garde toutes ses affaires dans un garde meuble poserait un problème.
Adam est plus difficile à cerner, mais je pense qu’il a juste peur de souffrir. Il a beaucoup perdu et il se dit que si les choses n’évoluent jamais, il ne prend plus de risques.
Le livre est bourré de manifestations surnaturelles mais elles sont légères : des livres qui apparaissent tous seuls quand Chloé en a besoin par exemple.
La fin m’a sidérée. Honnêtement, je ne m’attendais pas du tout à ça ! j’étais vraiment sciée ! Mais j’ai adoré !

Un extrait : — Della Lee Baker, que fais-tu dans ma penderie ?

— Tu ne devrais pas laisser ta fenêtre ouverte ! N’importe qui pourrait entrer.

Elle contredisait à elle seule la croyance bien ancrée selon laquelle l’huile essentielle de menthe poivrée sur l’appui d’une fenêtre et le seuil d’une porte empêchait toute intrusion de visiteur indésirable. Depuis des années, la mère de Josey avait appris à chacune de leurs employées à en badigeonner la maison pour maintenir les intrus à distance. Du coup, leur intérieur embaumait les fêtes de Noël tout au long de l’année.

Josey fit un pas en arrière et tendit la main.

— Sors d’ici !

— Je ne peux pas.

— Bien sûr que si.

— Je dois me planquer.

— Je vois, et naturellement, le premier endroit auquel tu as pensé, c’est ma chambre.

— Qui aurait l’idée de venir me chercher ici ?

Les femmes brusques avaient des manières brusques.

Della Lee essayait-elle de lui dire qu’elle était en danger ?

— Bon, d’accord, je t’écoute. Qui te recherche, Della Lee ?

— Peut-être personne. Peut-être qu’ils n’ont pas encore découvert ma disparition.

À la surprise de Josey, Della Lee fit soudain coulisser la fausse cloison au fond de la penderie.

— En parlant de découvertes, regarde celle que j’ai faite !

Elle avait dégagé le grand espace dissimulé derrière les vêtements. Le sol y était jonché de romans à l’eau de rose, de catalogues et de magazines, mais la plus grande partie du placard secret était occupée par des étagères pleines de nourriture : paquets de biscuits, rangées de bonbons, tours de soda.

Josey fut prise d’une panique soudaine. Elle était censée être heureuse. Et la plupart du temps elle l’était maladroitement, à sa manière. Certes, elle n’aurait jamais la beauté de sa mère ni la personnalité de son défunt père. Elle était pâlotte, quelconque, un peu trop ronde, et elle l’acceptait. Mais la nourriture la réconfortait. Elle comblait les vides. Et Josey préférait la cacher, afin de pouvoir se régaler sans s’inquiéter de ce que pensaient les autres, ni craindre de décevoir sa mère.

— Je dois d’abord piger deux trois trucs, dit Della Lee en refermant la cloison, maintenant qu’elle s’était bien fait comprendre.

Elle connaissait à présent le secret de Josey. Ne révèle pas le mien et je ne révélerai pas le tien.

— Ensuite, poursuivit-elle, je partirai vers le nord.

— Tu ne peux pas rester ici. Je vais te donner de l’argent. Tu pourras aller à l’hôtel.

Josey se tournait, pour prendre son portefeuille et distraire ainsi Della Lee de sa nourriture. Mais elle s’interrompit net.

— Attends ! Tu quittes Bald Slope ?

— Comme si toi tu ne rêvais pas de t’arracher de ce trou ! fit Della Lee en s’appuyant en arrière sur ses bras tendus.

— Ne sois pas ridicule. Je suis une Cirrini.

— Dis-moi si je me trompe, mais ce ne seraient pas des brochures de voyage dans ton placard secret ?

Josey, irritée, tendit de nouveau la main.

— Sors d’ici !

— On dirait que je suis arrivée à temps. Ce n’est pas le placard d’une femme heureuse, Josey.

— Au moins, moi, je ne me cache pas dedans.

— Je parie que ça t’arrive.

— Va-t’en.

— Non.

— Ça suffit. J’appelle la police.

Della Lee se mit à rire, se moquant ouvertement de Josey. Ses dents de devant un peu de travers lui allaient bien, lui donnaient un air excentrique et insolent. C’était le genre de femme qui pouvait se permettre n’importe quoi, sans aucune limite.

— Et qu’est-ce que tu vas leur dire ? « Il y a une femme dans ma penderie, venez vite ? » Ils risquent de trouver ta planque.

Josey voulut voir si Della Lee bluffait. Cela lui ferait les pieds. Tant pis si tout le monde apprenait qu’elle avait de la nourriture dans son placard. Mais son cœur se mit à battre plus fort. Elle se racontait des histoires. C’était déjà assez gênant d’être si loin de l’image de la belle du Sud, avec son poids, ses cheveux indomptables, son fantasme de quitter sa mère qui avait besoin d’elle, son envie de partir sans jamais regarder en arrière. Les filles respectables prennent soin de leur mère. Et surtout, elles ne cachent pas des montagnes de sucreries dans leur placard.

 

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