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[Livre] La maladroite

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Résumé : Inspiré par un fait divers récent, le meurtre d'une enfant de huit ans par ses parents, La maladroite recompose par la fiction les monologues des témoins impuissants de son martyre, membres de la famille, enseignants, médecins, services sociaux, gendarmes. Un premier roman d'une lecture bouleversante, interrogeant les responsabilités de chacun dans ces tragédies de la maltraitance.

 

Auteur : Alexandre Seurat

 

Edition : Rouergue Eds

 

Genre : Drame

 

Date de parution : 19 août 2015

 

Prix moyen : 14€

 

Mon avis : On a ici un livre très court (8 chapitres + l’épilogue). Sa particularité est qu’il est raconté par les avis successifs des personnes ayant été proche de la petite Diana. Les institutrices successives de l’enfant, la grand-mère, la tante, les médecins scolaires, les gendarmes etc… chacun donne son point de vue.
On avance donc dans l’histoire, au rythme de ces points de vue différents, de ces témoignages qui, réunis, nous permettent d’avoir une vision d’ensemble que ces témoins n’ont pas eue au moment des faits.
Alexandre Seurat s’est inspiré de l’affaire Marina Sabatier, utilisant les minutes du procès pour les différents aspects de l’affaire et ne romançant que les passages qui sont restés inconnus du public.
Si certaines personnes ont tout tenté pour protéger l’enfant, comme les institutrices, les directrices et le second médecin scolaire, les autres se sont plus ou moins désintéressés du cas de l’enfant.
Chacun, que ce soit la tante, la grand-mère ou les assistantes sociales, ont laissé faire. Parce que le père était affable, parce que la gamine racontait au mot près la même version que son père pour expliquer ses blessures (ce qui à mon sens aurait dû mettre la puce à l’oreille des enquêteurs). La seule défense des services sociaux ? Le parquet a classé sans suite pour manque de preuve, donc on clôt le dossier. Alors que justement, ils auraient dû les chercher, ces preuves, pour les transmettre au parquet. Et ces preuves, c’était quoi qu’ils voulaient ? Des aveux ? Parce que de toute évidence, les nombreux signalements des différentes écoles, l’hospitalisation en urgence de Diana, décidée par le médecin scolaire, tout ceci n’était pas suffisant pour protéger cette enfant.
Quand on lit les articles sur l’affaire, on voit à quel point chacun essaie de sauver sa peau, d’expliquer les défaillances des différents services.
On se demande comment des parents qui font l’objet d’une suspicion de maltraitance n’ont qu’à simplement déménager pour mettre un frein à l’enquête.
Le livre ne va pas au-delà des points de vue des protagonistes au cours de l’affaire, mais il suffit de taper le nom de la fillette pour savoir qu’à l’issue de leur procès, les parents ont été condamnés à 30 ans de réclusion criminelle et qu’une association de défense des enfants a porté plainte contre la France début 2015 devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme quand il a été clair qu’aucune mesure ne serait prise contre les institutions qui ont si gravement manqué à leur devoir.

Un extrait : LA TANTE

Alors j’ai vu. La première fois, j’étais dans leur cuisine avec Diana, quand elle a renversé un verre. Il s’est cassé. Un court instant qui a semblé durer une heure, elle m’a regardée très fixement, terrorisée, mais je ne comprenais pas. J’ai à peine eu le temps de dire, Ce n’est pas grave, que ma sœur était là. Elle s’était précipitée. Elle l’a prise, l’a emmenée dans la salle de bains, j’ai entendu le bruit de l’eau qui coulait dans la douche, et les cris de Diana. C’est allé tellement vite, j’ai vu Diana qui ressortait, trempée. Dans la stupéfaction, j’ai dit à ma sœur, Tu ne crois pas que tu y vas un peu fort ?, mais elle a dit, Et comment veux-tu qu’elle comprenne ? Je me souviens seulement de la petite robe blanche de Diana qui lui collait au corps, et de sa peau qu’on voyait à travers. Elle est repartie grelottante, toute seule, dans sa chambre. Cette nuit-là, je me rappelle que je me suis levée pour aller voir ma fille, pour vérifier qu’elle respirait, je posais une main contre sa joue, et sa joue était chaude dans ma main, et j’entendais son souffle sous ma main. Nous avons continué à les voir, peut-être que je voulais être sûre. Un soir que nous prenions l’apéritif chez eux, leurs enfants étaient là, à côté de la table basse. Et pendant que nous parlions, Diana s’est approchée de la table basse, elle a tendu le bras vers une coupelle, son père a attendu que la main de Diana prenne un gâteau, tandis qu’elle levait les yeux l’air interrogateur, mais ça venait un peu tard. Qu’est-ce que tu fais ?, a dit son père, et, sans prévenir, avant que j’aie eu le temps de rien comprendre, il a frappé le genou de Diana d’une série de petits coups de poing très secs, très durs, qui ont fait une rafale de petits bruits mats. Diana n’a rien dit, elle encaissait, les yeux baissés. J’ai fini par dire, Mais ça va pas ? Alors son père m’a regardée, et il a dit, Il faut bien qu’elle comprenne, ma sœur ne disait rien. Diana avait gardé les yeux baissés. Tout s’est passé très vite, la seule chose que je revois nettement, c’est le regard d’Arthur fixé sur moi, les yeux grands ouverts. Arthur muet, figé de peur ou d’étonnement. Alors on s’est levés, on est partis, et depuis ce jour-là on ne les a plus revus.

 

Commentaires

  • Hum, ce livre me tente bien moi qui aimé les drames et encore plus quand c'est tiré de faits réels!!!!

  • Ah dans ce cas, oui, je te le conseille!!

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