Résumé : Grâce au Revive, un sérum mis au point par une agence ultrasecrète, Daisy est déjà morte cinq fois et entame sa sixième existence.
Nouvelle ville, nouveau lycée, nouvelle identité... La jeune fille est habituée. Mais cette fois, en regardant les autres autour d'elle, elle se sent troublée. Et quand elle rencontre Matt, son malaise grandit.
Que lui reste-t-il de son enfance et de ses vies passées ? Daisy n'est-elle, finalement, qu'un pantin manipulé par des êtres sans scrupule ? Pour exister vraiment, pour aimer, ne faut-il pas savoir qu'on va mourir un jour ? Sa sixième vie sera peut-être la dernière, mais ce sera la sienne !
Auteur : Cat Patrick
Edition : La Martinière Jeunesse
Genre : Young Adult
Date de parution : 18 Mai 2012
Prix moyen : 10€
Mon avis : Ce roman a réussi à me faire pleurer (bien évidemment, je lisais à mon bureau pendant ma pause déjeuner, ça ne serait pas drôle sinon… mais bon, je lis tous les jours à ma pause, mes collègues ont l’habitude).
Daisy se sent très impliquée dans le protocole Revived. Elle n’est pas du tout dans une optique de révolte comme je l’ai cru en lisant le résumé. A aucun moment elle dit clairement : « je laisse tout tomber, j’abandonne le projet, laissez-moi vivre ma vie. »
Les changements qui s’opèrent en elle sont beaucoup plus progressifs, beaucoup plus subtils.
Concernant les personnages, j’ai beaucoup aimé le groupe d’ado qui entoure Daisy, même s’ils ne sont pas tous présents en même temps. Que ce soit Megan, Matt ou Audrey, ils apportent tous quelque chose à Daisy. Même si Matt est celui pour qui elle commence à remettre sa vie en cause, c’est Audrey qui va avoir le plus d’impact sur elle.
Du coté des adultes, je suis plus partagée.
Quand on voit le sujet du livre, on se doute qu’à un moment ou un autre, quelqu’un va la trahir et je penche pour un des adultes de son entourage car ils peuvent faire bien plus de dégâts que les ados.
Je me méfie de Cassie. Elle est très froide, indifférente et semble avoir une assurance qu’elle ne devrait pas avoir si elle était associé depuis si peu de temps au projet. Mais comme tout est fait pour nous la présenter comme la méchante, ou du moins celle qui pourrait l’être, je réserve mon jugement.
Je me méfie tout autant de Mason. Parce que dans ce genre d’histoire qui met en scène une branche obscure du gouvernement, j’ai tendance à me méfier de celui qui a l’air sympa et ouvert. Peut-être que j’extrapole mais souvent c’est celui dont on se méfie le moins qui se révèle être le pire.
Après le pauvre homme est peut être vraiment sympa.
Il y a aussi cet homme, ce directeur du programme que tout le monde appelle Dieu parce qu’il décide de tout et que personne ne l’a vu. Je n’aime pas trop quand un chef est trop mystérieux. En général ils sont tout sauf honnêtes !
Une autre chose m’intrigue aussi : Cassie semble être la seule « convertie » à vivre avec deux agents et je me demande pourquoi elle est plus sous « surveillance » que les autres. Ou peut-être n’est-ce dû qu’au fait qu’elle est morte plusieurs fois.
Au fur et à mesure du livre, on sent qu’il y a quelque chose qui cloche, mais ce n’est qu’à la fin qu’on aura toutes les réponses.
Je suis un peu plus circonspecte quant à l’épilogue à cause de la présence de certaines personnes qui me semblent incompatibles avec la nouvelle vie de Daisy. Mais je pense que la volonté d’avoir une fin heureuse l’a emporté sur la cohérence. Cependant, ce n’est vraiment qu’un minuscule défaut au regard de la qualité de ce livre qui a frôlé le coup de cœur.
Un extrait : Je suis par terre.
Je sens le soleil sur mon visage et, sous mon corps secoué de soubresauts, un sol mou... Ce n'est pas de l'asphalte, plutôt un revêtement spongieux dont l'odeur, infecte, me rappelle... celle de la piste de course du lycée, toute neuve, qui longe le terrain de football... C'est là que je me suis effondrée.
Une femme est agenouillée près de moi, son téléphone collé à l'oreille.
- Elle s'appelle Daisy ! hurle-t-elle. Je... Non, je ne connais pas son nom de famille !
Je ne m'en souviens pas non plus.
- Appleby ! crie un professeur.
- Appleby, répète la femme, sans doute au médecin d'urgence. Je crois qu'elle fait une réaction allergique à... quelque chose.
Les guêpes, ai-je envie de lui dire. Mais aucun souffle, pas un mot ne franchit mes lèvres.
Brusquement, le groupe d'élèves qui m'entourent recule. Devant leurs yeux horrifiés, mes bras et mes jambes doivent s'agiter comme des serpents venimeux. J'essaie de respirer. Dans une ultime convulsion, je sens une infime portion d'oxygène entrer dans mes poumons.
Je sais que ce sera l'une des dernières.
Quand le professeur d'éducation physique nous a demandé de nous échauffer avant le match de volley, je me suis lancée sur la piste, ravie de ce bol d'air frais et des couleurs qu'il allait peut-être me donner. Mais j'ai tout de suite vu la menace, jaune et noir, bourdonner autour de moi. Elle n'a pas été longue et, en plus, elle n'était pas seule. J'ai pressé la touche 1 de mon téléphone à l'instant où j'ai senti la brûlure familière de la première piqûre.
Maintenant, je n'espère plus qu'une chose : que Mason arrive à temps.
Une vague d'apaisement m'envahit. Ce ne sera plus très long. Le cercle des élèves se resserre autour de moi. Mes yeux rebondissent de visage en visage. Ce sont tous des inconnus. L'année scolaire a débuté hier.
Quelques filles sont en larmes. Le principal est arrivé et tente de les écarter. Mais ils sont comme des aimants, attirés par le frisson du drame.
- Poussez-vous ! leur crie-t-il. Reculez ! L'équipe de réanimation va avoir besoin de place.
Mais personne ne l'écoute. Personne ne bouge.
Au contraire, ils forment un mur entre les secours et moi.
Mon regard s'arrête sur une jolie fille à la peau mate dont le casier est juste à côté du mien. Elle ne pleure pas, mais son visage est ravagé.
Peut-être serions-nous devenues amies.
Je la regarde, sans qu'elle détourne les yeux, jusqu'au moment où mes paupières se ferment.
Un hoquet saisit la foule.
- Ô mon Dieu !
- Faites quelque chose !
- Sauvez-la ! supplie un garçon.
J'entends les sirènes. Je perçois un mouvement de foule, des pas précipités, sans doute l'équipe médicale. S'agit-il de vrais ambulanciers ou de Mason et Cassie ?
Mes bras s'affaissent.
- Daisy, tiens le coup !
J'aime croire que c'est la voix de mon amie potentielle, mais je n'ouvre pas les yeux pour vérifier. À la place, je laisse mon esprit dériver.
Les sons deviennent de plus en plus sourds. Le monde glisse vers le néant. Je suis en train de mourir.