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[Livre] Northanger abbey

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Résumé : Par sa gaucherie, ses rêveries naïves et son engouement pour les vieux châteaux, Catherine Morland semble loin des modèles de vertu.

Mais si cette jeune Bovary délicatement british n'a rien d'une héroïne, c'est que Jane Austen s'amuse !

Et nous emporte, d'une plume malicieuse, d'un bout à l'autre du plus moderne des romans austeniens.

 

Auteur : Jane Austen

 

Edition : Milady

 

Genre : Classique étranger

 

Date de parution : 29 Janvier 2016

 

Prix moyen : 6€

 

Mon avis : Dès les premières pages, Jane Austen nous prévient : Catherine Morland est une anti-héroïne. Non qu’elle soit frivole, inconstante ou mal éduquée, mais elle est désespérément ordinaire. C’est une jeune fille de la campagne, dépourvue de talent particulier tel que la couture, le dessin ou la musique, ni laide, ni d’une grande beauté, ni excessivement vertueuse, ni scandaleuse, un peu naïve, avec très peu de connaissance du monde dans lequel elle s’apprête à faire son entrée aux coté de Mme Allen, voisine et amie de ses parents qui l’emmène en séjour à Bath.
Mais, parce que l’auteur en a décidé ainsi, ce sera une héroïne.
Ce n’est pas mon roman préféré de Jane Austen, je lui ai préféré Raison et sentiments qui reste mon roman préféré, mais ce n’est pas pour autant que je ne l’ai pas aimé. Malgré sa normalité Catherine est une jeune femme très agréable. Sa naïveté, ou plus exactement son manque de duplicité qui la rend quasiment incapable de déceler ce genre de comportement chez autrui, la fait paraître plus faible qu’elle ne l’est en réalité.
En revanche, chez les personnages secondaires, on se retrouve vraiment dans le bain Jane Austen : Isabelle Thorpe est manipulatrice et fausse, son frère John Thorpe est vaniteux et d’un sans gène qui m’a vraiment énervée. J’ai regretté que les convenances de l’époque empêchent Catherine de lui dire ses quatre vérités parce que j’aurais vraiment adoré qu’il s’en prenne plein la tronche cet insupportable arrogant.
Quant au général Tilney, son comportement est déplorable. Non seulement il se conduit d’une manière indigne de son rang, mais en plus il met en danger une autre personne par orgueil !
Même si Mme Allen manque singulièrement d’intelligence, du moins est-elle sincère dans ses affections et digne d’être l’amie des Morland.
De même Henry et Eléonore Tilney, les enfants du général, malgré la grossièreté de leur père, sont-ils parfaitement sympathique et honnête. Catherine a de la chance d’avoir Eléonore pour amie (et inversement).

Comme toujours chez Jane Austen, tout est bien qui fini bien, mais j’aurais aimé que les Thorpe et le général Tilney récoltent ce qu’ils avaient semé.

Un extrait : Au moment où Catherine Morland va être jetée dans les difficultés et les dangers d’un séjour de six semaines à Bath, et pour le cas où les pages suivantes ne parviendraient pas à documenter suffisamment le lecteur, ajoutons quelques mots à ce qui a déjà été dit sur elle : Son cœur était affectueux ; son caractère, gai et ouvert, sans vanité ni affectation. Ses manières perdaient leur gaucherie effarouchée. Sa personne était avenante et, dans ses bons jours, jolie ; son intelligence à peu près aussi inculte que l’est ordinairement l’intelligence d’une fille de dix-sept ans.

On pourrait supposer que, l’heure du départ approchant, l’anxiété maternelle de Mme Morland fut très cruelle ; mille pressentiments des maux qui pouvaient résulter pour sa chère Catherine de cette terrible séparation devaient accabler son cœur et la « jeter dans les larmes », le dernier ou les deux derniers jours de leur vie en commun ; et les avis les plus topiques devaient naturellement fluer de ses lèvres sages dans leur entretien d’adieu, en son cabinet. Des instructions en vue de déjouer la violence de tels nobles et baronnets, qui se plaisent à enlever de vive force les jeunes femmes et les conduisent en quelque ferme isolée, devaient, en un tel moment, soulager le trop plein de son cœur. Qui ne le penserait ? Mais Mme Morland savait si peu de chose des lords et baronnets qu’elle ne dit pas un mot de leur coutumière malfaisance et ne se méfia pas du danger que leurs machinations pouvaient faire courir à sa fille. Ses avis se restreignirent aux points suivants : « Je vous prie, Catherine, de vous envelopper toujours bien chaudement le cou, pour rentrer le soir ; et je désire que vous teniez à jour le compte de l’argent que vous dépenserez ; voici un petit livre à cet effet. »

Sally, ou plutôt Sarah (comment une jeune fille de grandes manières atteindrait-elle seize ans sans donner à son nom de tous les jours une forme plus romantique ?) doit, de par la force des choses, être en l’occurrence l’amie intime et la confidente de sa sœur. Cependant (est-ce assez remarquable !) elle ne contraignit pas Catherine à faire telles promesses solennelles : écrire par chaque poste, fournir des renseignements sur tout le monde, relater en détail les conversations entendues à Bath.

Vraiment toute chose relative à cet important voyage fut traitée par les Morland avec une modération et un calme mieux d’accord avec les usages de la vie courante qu’avec cette sensibilité affinée que devrait mettre en éveil la première séparation d’une héroïne et de sa famille. Son père, au lieu de lui ouvrir un compte illimité chez son banquier ou même de lui mettre dans la main une centaine de livres en bank-notes, lui donna seulement dix guinées et lui promit de lui envoyer d’autre argent quand elle en aurait besoin.

Sous ces modestes auspices, le voyage commença. Il fut dénué d’événements. Ni voleurs ni tempêtes n’intervinrent, ni d’accident de voiture propice à la présentation d’un héros. Rien de plus alarmant ne se produisit, qu’une crainte, – savoir : si madame Allen n’avait pas oublié ses socques dans une auberge ; et heureusement cette crainte était sans fondement.

 

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