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[Livre] Les filles de Mr Darcy

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Résumé : Vingt années après Orgueil et Préjugés, nous faisons la connaissance des cinq filles d’Elizabeth et Darcy. Alors que leurs parents sont en voyage à Constantinople, les demoiselles viennent passer quelques mois à Londres chez leur cousin Fitzwilliam. La découverte de la vie citadine, des plaisirs et des disgrâces qu’elle offre, associée au caractère fort différent de ces jeunes personnes, va mener à des aventures, et des amours, inattendues, dans un cadre particulièrement mondain. De la tante Lydia - toujours aussi frivole - à Caroline Bingley - devenue lady Warren - on retrouve avec joie certains personnages créés par Jane Austen.

 

Auteur : Elizabeth Aston

 

Edition : Milady

 

Genre : Romance

 

Date de parution : 18 Mai 2012

 

Prix moyen : 9€

 

Mon avis : Dans ce livre j’ai apprécié que les personnages principaux d’orgueil et préjugés soient absents. Même âgés de 20 ans de plus, trop de personnes ont imaginé comment serait la vie future d’Elizabeth et Darcy ou de Jane et Bingley pour ne pas chercher la petite bête en voyant cette vie relatée d’une manière qui pourrait différer de ce qu’on a pu imaginer.
Ici, donc, on ne s’attache qu’à des personnages nouveaux, et plus particulièrement les filles d’Elizabeth et Darcy, ou à des personnages secondaires tels que Lydia, Caroline Bingley, les Gardiner ou encore le colonel Fitzwillian, cousin de Darcy.
Ce dernier n’a pas évolué dans le bon sens. Quand Elizabeth l’a rencontré, 20 ans plus tôt, c’était un homme ouvert d’esprit et sympathique. Aujourd’hui, à 50 ans, c’est un hypocrite rétrograde, considérant que les femmes ne sont là que pour servir les intérêts des hommes. Autant dire que les conflits entre lui et les filles de Darcy sont légions. D’autant plus qu’il se permet des décisions que jamais Darcy ne lui a laissé la latitude de prendre.
Letty, l’ainée des filles Darcy est insupportable. C’est celle que j’ai le moins appréciée. Je l’ai trouvée négative et d’une grande hypocrisie. J’ai été incapable de ressentir de l’empathie pour elle, quelques soit les mésaventures qui aient pu lui arriver.
Belle et Georgina m’ont rappelées leur tante Lydia. Mais contrairement à Lydia, c’est la répression permanente exercée sur elles par leur sœur Letty et par leur cousin Fitwilliam qui les pousse à se conduire de manière de plus en plus scandaleuse.
Alethea est encore très jeune, et les quelques « infractions » qu’elle commet sont plus dues à son insouciance qu’à un désir de choquer le bonne société. C’est une jeune fille volontaire, peu intéressée par les bals, les soupirants et tout ce qui fait vibrer ses sœurs, mais qui est prête à tout pour la musique, un art qu’elle pratique avec talent et qui, bien entendu, n’a pas la faveur de sa sœur et de son cousin qui trouvent qu’une jeune fille ne doit rien faire d’autre que broder, chanter de vieilles chansons anglaises et toutes autres activités sans intérêt pour une adolescente pleine de vie.
Camilla, la seconde des filles Darcy, est celle que j’ai préférée. Elle n’a pas l’orgueil et les préjugés qu’on eut ses parents à son âge mais a leur spiritualité, leur intelligence et leur sons de la répartie. Elle ne se lamente pas devant l’adversité, n’écrit pas à son père à tort et à travers pour se plaindre, fait ce qu’il faut pour garder son indépendance et ne se laisse certainement pas impressionner par les colères de son cousin. La seule chose qui la perturbe c’est l’attitude parfois déplacée et souvent désinvolte de ses jeunes sœurs et celle insupportable de Letty.
On devine sans mal comment va se finir le roman pour Camilla et Alethea, mais le sort de ses sœurs est plus surprenant.
L’ambiance rappelle bien celle d’orgueil et préjugés tout en montrant que les mœurs ont évolués pendant ces vingt années, au grand dam de certains anciens comme Fitzwilliam ou Mr Gardiner.
Un petit bémol : à trop vouloir faire ressortir les traits de caractères de leur famille chez les sœurs (les jumelles ressemblent à leur tante Lydia, Letty a le caractère négatif de leur tante Mary, Camilla est un mélange parfait de ses deux parents et Alethea ressemble beaucoup à son père), on finit par se retrouver avec une histoire quasi identique sur certains points (Pourquoi y-a-t-il 5 filles Darcy comme il y avait 5 filles Bennet ? Ou encore l’histoire de Georgina qui ressemble à s’y méprendre à celle d’une de ses tantes). Les détails qui ont été modifiés ne sont pas assez importants pour que cette impression de déjà-vu s’estompe.
Finalement, j’ai bien aimé ce livre, mais dans la mesure où il est le premier tome d’une série consacrée à l’entourage des Darcy, que ce soit ses filles ou d’autres parents. J’ai considéré ce tome comme une sorte d’introduction, permettant de présenter les personnages et de planter le décor, surtout pour ceux qui ne connaissent pas Orgueil et préjugés.

Un extrait : Un grand et beau valet en livrée du matin promenait deux Cavaliers King Charles. Remuant leurs queues duveteuses, les chiens sautillaient et poussaient de légers jappements. Une vendeuse d’huîtres vantait sa marchandise d’une voix braillarde, et, de l’autre côté de la place, un rémouleur criait pour demander de l’ouvrage. Un petit livreur flânait le long des grilles en sifflant, un paquet sous un bras, et un autre qu’il faisait tournoyer au bout d’une ficelle.

— Il y a des gens pour qui le chant du coq, le roulement de la charrette du fermier et les bêlements des moutons sont insupportables, fit-elle remarquer sans détourner les yeux de l’animation de la rue.

— Camilla, comment pouvez-vous dire une chose pareille ? La tranquillité, la douce sérénité de la campagne, la beauté silencieuse de nos bois et de nos rivières… Comme tout cela me manque !

Camilla n’écouta Letty que d’une oreille tandis que celle-ci se lançait dans sa complainte favorite : combien la situation était injuste, et comme leurs parents avaient fait preuve d’inconscience, de les avoir arrachées ainsi à la paix et à la félicité du Derbyshire pour les traîner dans une maison londonienne.

— C’est surtout pour Belle et Georgina que cela va être dur : elles vont détester leur séjour ici.

Camilla, prudente, se garda bien de lui faire part de son avis et éclata de rire en voyant les deux épagneuls emmêler leurs laisses autour des beaux mollets du domestique, menaçant de le faire tomber à la renverse.

— Éloignez-vous de cette fenêtre ; vous ne devez pas vous asseoir là, à la vue de n’importe qui.

— Quel mal y a-t-il à ce que l’on me voie ? Je ne suis pas en train de lorgner le valet ; je ne fais qu’admirer le spectacle.

— Lorgner le valet, vraiment ! Camilla, ne dites pas des choses pareilles. Je sais que vous plaisantez, mais les autres ne comprendront pas votre sens de l’humour et pourraient vous prendre au sérieux.

— Il faudrait être idiot pour me prendre au sérieux, et depuis quand l’avis des idiots nous importe-t-il ? De plus, ce valet est vraiment très beau.

Letty s’exprima avec une gravité non feinte :

— Parler avec tant de liberté risque de vous attirer de gros ennuis ! Mr Fitzwilliam ne verrait pas cela d’un bon œil.

Camilla le savait bien. Mr Fitzwilliam, leur cousin, un homme gentil et coquet âgé de cinquante ans, avait quitté l’armée et était désormais député au Parlement. Il tenait la bienséance en haute estime, et attendait des femmes de sa famille qu’elles observent le décorum. Il avait assurément un autre visage qu’il réservait à ses amis intimes et compagnons de longue date, au club et lors de manifestations sportives – une facette bien plus grossière de sa personnalité, qui le poussait à s’encanailler avec des demi-mondaines. Toutefois, c’était un aspect de sa vie qu’il n’aurait jamais dévoilé à Aubrey Square.

Elle savait aussi que, parmi les cinq sœurs, Letty avait la préférence de Mr Fitzwilliam et ce depuis toujours.

Camilla n’en prenait pas ombrage : elle se savait totalement opposée à l’idéal féminin de son cousin. En plus d’avoir hérité de son père sa force de caractère, elle était dotée d’un sens de l’humour trop aiguisé, d’un esprit trop brillant et d’une repartie trop spirituelle. Elle n’était pas une beauté classique comme Letty, et avait parfaitement conscience de mettre son cousin mal à l’aise : elle le voyait souvent se demander avec crainte à quoi elle pouvait bien penser.

 

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