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Livres - Page 73

  • [Livre] Les évadés du bocal


    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé
     : Ils sont trois à s'évader d'un hôpital psychiatrique. 
    Trois "Pieds-Nickelés" qui s'unissent pour contrer le complot mondial qu'ils sont certains d'avoir découvert.
    Évidemment, ils sont quand même bien allumés.
    Évidemment, ils sont gavés de médocs depuis des années.
    Évidemment, leur cavalcade n'est peut-être qu'une gigantesque farce loufoque.
    N'empêche : et s'ils avaient raison ?...

     

    Auteur : Bruno Lonchampt

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 7 septembre 2016

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Il est évident que Yves, Lisa et Sandro sont bien atteints. J’ai d’ailleurs été incapable de m’attacher à eux, tout en appréciant beaucoup leur épopée.
    Leur psy ne m’a pas du tout plu. Sandro est certainement schizophrène, Lisa a très clairement de très gros problèmes (c’est celle qui m’a le plus énervée) et Yves est peut être paranoïaque, mais qu’il le soit ou pas (après tout, on a aucune preuve) le psy n’est pas clair du tout.
    L’écriture de Bruno Lonchampt est rythmée, dès l’instant où nos trois larrons s’échappent de l’hôpital psychiatrique, on n’a plus une seconde de répit, tout s’enchaîne à une vitesse folle.
    J’ai été outrée par l’attitude des services de sécurité de l’hôtel où se tient le congrès sur le traité transatlantique. On sent bien qu’ils se sentent protégés et clairement au dessus des lois. Ce qui m’énerve le plus c’est que Lisa, Yves et Sandro, sous prétexte qu’ils sont internés, semblent n’avoir aucun droit.
    Au milieu de tous leurs délires, on se demande s’ils n’ont pas mis le doigt sur une vérité dérangeante. Parce qu’au final, peut importe que le psy soit coupable ou non de ce que les trois comparses l’accusent, parce que ces actes existent bel et bien, et ce dans l’indifférence générale.

    J’ai apprécié le fait qu’au fil du roman, on ait des chapitres « interludes » permettant de savoir ce qui a conduit chacun des personnages en hôpital psychiatrique.
    Parsèment également le roman des poèmes de rue, graffitis écrits par un artiste qui signe Messiah et dont le nombre d’« œuvres » laisse à penser qu’il ne s’agit pas d’une seule personne mais plutôt d’un groupe unis derrière une sorte de leader (probablement le graffeur d’origine). Ces poèmes dénoncent tout ce contre quoi Yves se bat et semblent justifier son attitude. Peut être a-t-il des raisons d’être paranoïaque ? Comme ils l’ont dit dans X’files « Ce n’est pas parce que vous êtes paranoïaque que personne ne vous suit ».
    La fin m’a déçue. Pas parce qu’elle est mal écrite, bien au contrainte, c’est une fin à laquelle j’aurais du m’attendre et qui est d’une grande justesse. Mais j’aurais espéré autre chose. C’est mon côté disney…

    Un extrait : Ils l’ont vaincu, c’est clair et net. Cachetonné à la truelle, Sandro n’existe plus ; il s’enfonce dans son fauteuil, l’esprit écrabouillé par les médocs, la vie en fond sonore. Les blouses blanches des soignants quasi fantomatiques errent dans la grand-salle. Dans son coin, le vieux Yves bave sa surdose de neuroleptique, l’air bovin, face à la fenêtre, remâchant le vide de l’existence. Moussa, lui, psalmodie des incantations mystérieuses censées lui « rendre son âme d’origine », pendant qu’à côté on joue au Pictionnary délesté de toute forme d’imagination. Bienvenue…
    Lisa semble moins chargée, elle. Elle chante. Sa voix nasillarde envahit l’air, belle malgré les failles et les petits couacs, et peu à peu, le charme opère. Bientôt, les neurones les moins entravés cherchent la source, les lèvres hésitant à sourire.
    Lisa. Lisa et ses magnifiques boucles brunes qui lui tombent jusque sous les épaules, ses yeux d’un bleu glacé sur sa peau mate, son naturel déglingue…Lisa réveille les comateux. Oui : un à un, ils cèdent. D’abord les malades pas très loin du départ, ceux dont les traitements ont pris leur rythme de croisière, puis tous les autres – même les plus atteints : ils écoutent, regardent… Dans la salle commune, il n’y a plus que la télévision qui parle, et elle parle toute seule. Les yeux fixent autre chose.
    Eclair brun, Lisa vient se promener entre les trois tables rondes et le canapé en sky vert face à l’écran. Elle se déhanche tranquillement, interprétant « Rehab » d’Amy Winehouse avec pas mal de classe.
    Les infirmiers s’arrêtent, hésitant entre amusement et admiration – ils n’ont pas encore compris que Lisa n’en est qu’à l’échauffement. Pourtant elle, dans sa tête, ça fait un moment qu’elle est prête à foncer. Sa voix gagne en puissance, la douceur n’y est plus vraiment, son visage se crispe, ses mains s’agrippent à ses vêtements, les tiraillant, comme gênées par ce tissus qui lui colle à la peau.
    Et ça démarre.
    Le geste est rapide : un débardeur Dolce Gabana danse dans les airs, le soutien-gorge le suit très vite. Moussa en a la bouche qui pend, il a même oublié son âme paumée et ses débats avec le Diable. A côté de lui, Sandro entame un dialogue avec son sexe pour empêcher un craquage de caleçon. Chacun salive sur la suite…
    …mais le strip-tease est stoppé net. Juste au moment où le jean laissait apercevoir un string ultra-minimaliste ! Et le rêve s’arrête brutalement, pendant que la réalité refait surface, molle et fadasse.
    La suite réelle, du coup, c’est les soignants qui rament pour ramener Lisa à l’écart, même à quatre. Ce n’est pas qu’elle résiste ou qu’elle fasse de grosses difficultés, seulement elle minaude, caresse sans arrêt, et se glisse tout en finesse en dehors des mains qui l’empoignent, perturbant des infirmiers pas franchement formés à gérer leurs propres hormones. Mais pour Sandro et les autres, ça n’a plus aucun intérêt, le meilleur est passé, autant dormir maintenant.

     

  • [Livre] Une si jolie petite fille

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    Résumé : 1968. Angleterre. En quelques semaines, deux petits garçons de 3 et 4 ans sont assassinés. Très rapidement, Mary Bell, 11 ans, est arrêtée, condamnée et emprisonnée. Qui est cette fillette vive, jolie et si intelligente ?

    Près de 30 ans plus tard, la journaliste Gitta Sereny la retrouve. Avec elle, lors de longs entretiens, se rejoue l'enquête et se précisent les mystérieux mécanismes qui ont conduit à l'indicible.

    Une seule question subsiste : le mal est-il en chacun de nous?

     

    Auteur : Gitta Sereny

     

    Edition : Plein jour

     

    Genre : Biographie

     

    Date de parution : 11 Septembre 2014

     

    Prix moyen : 23€

     

    Mon avis : Dès le début du livre, l’auteur nous prévient que son livre n’est pas fait pour excuser les crimes de Mary Bell mais pour dénoncer le système judiciaire britannique en ce qui concerne les enfants criminels à travers l’histoire de Mary.
    J’ai beaucoup aimé ce livre et j’ai été très intéressée par l’histoire de Mary. Choquée aussi à de nombreuses reprises. Curieusement, ce qui m’a le plus choqué n’est pas le meurtre des deux petits garçons. Bien sûr c’est affreux, et choquant aussi de constater qu’un tel acte peut être commis par un enfant, surtout en considérant que les parents ne vont pas se méfier de voir une fillette de 11 ans jouer avec leur enfant de 3 ou 4 ans, comme ils se méfieraient de voir un adulte lui tourner autour.
    Malgré tout, j’ai été davantage choqué par la suite. D’abord par le fait que Mary ait été immédiatement incarcérée le temps du procès tandis que Norma était placée dans un hôpital et ensuite par la partialité du procureur. Son attitude envers les deux fillettes a clairement influencé le jury sur le fait que Norma devait être acquittée et Mary, condamnée.
    Si cet homme est encore en vie, ou s’il a de la famille, je me demande s’il ou ils sont fier(s) de cet épisode de sa carrière.
    Autre point extrêmement choquant a été la décision de juger les fillettes comme des adultes. Et cela sous le seul prétexte qu’à onze ans, on doit pouvoir distinguer le bien du mal, sans pour autant que leur passé, leur conditions de vie, leur famille soient évoquées, ni qu’elles soient toutes deux soumises à une sérieuse expertise psychologique. Or, l’enquête de la journaliste a révélé que si, effectivement, Mary pouvait distinguer le bien du mal, elle n’avait pas la notion du caractère définitif de la mort. Elle n’avait dont pas pleinement conscience de son geste. C’est d’ailleurs dans cette optique que l’avocat de Mary a décidé de plaider coupable avec responsabilité atténuée, ce qui aurait du être en faveur de Mary lors du prononcé de la peine. Mais le procureur et le juge ont tellement diabolisé la fillette en parlant d’elle comme d’un monstre, d’une enfant malveillante, de l’engeance du diable etc… que Mary, malgré ses 11 ans, a été condamnée à perpétuité.

    Alors certes, elle a été libérée à 23 ans, mais elle vit en liberté conditionnelle. Elle n’est pas réellement libre. Elle n’a jamais pu choisir librement ou et avec qui elle allait vivre, quel métier elle allait exercer, tout devait être soumis à la validation de son officier de probation. Elle a d’ailleurs  eu de la chance car ses officiers de probation ont été géniales et se sont vraiment battues pour que Mary ait la vie la plus normale possible.
    Pour autant, elle a du changer d’identité à plusieurs reprises, les journalistes, tant anglais qu’étranger, cherchant régulièrement à la retrouver.
    Je ressors toutefois de ma lecture mitigée, non pas à cause de l’histoire en elle-même, car on plonge vraiment dans la tête de Mary Belle, mais à cause de l’auteur.
    Ici, on n’a pas un pur témoignage, comme on peut en lire régulièrement, à la première personne. C’est clairement Gitta Sereny qui raconte, qui donne une voix à Mary mais aussi à d’autres personnes, comme ses officiers de probations, des éducateurs qu’elle a croisé, certaines personnes de son entourage etc…
    C’est un choix de récit intelligent, car, après l’enfance désastreuse (qu’on découvre dans la dernière partie du livre) et les chaos qui ont jalonnés la vie de Mary après son procès, sa mémoire n’est pas toujours très juste et elle confond parfois les personnages et les dates. Le point de vue de personnes extérieures permet donc d’avoir une idée plus précise des évènements.
    Cependant, à plusieurs reprises, Gitta Sereny a poussé Mary dans ses retranchements, malgré l’avis d’un psychiatre qui s’est inquiété de ce travail d’enquête, craignant que faire ressortir des souvenirs si profondément enfouis ne soit préjudiciable à Mary. Il dit clairement que ce travail aurait s’étaler sur plusieurs années et dans le cadre d’une thérapie. Mais l’auteur, obsédé par Mary depuis son procès, auquel elle a assisté, n’a pas semblé vouloir prendre la moindre précaution, le plus important étant la sortie du livre.
    J’ai aussi été assez choquée de voir que dans ses remerciements, Gitta Sereny ne prend pas la peine de remercier Mary Bell. Pourtant, il me semble que cela aurait été la moindre des choses puisque sans le témoignage et le travail de Mary, qui a accepté de se replonger, des mois durant, dans des souvenirs douloureux et pénibles, ce livre n’aurait jamais vu le jour.
    Puisqu’elle a décidé de ne pas la citer comme co-auteur, contrairement à ce que font la plupart des journalistes qui écrivent sur la base des souvenirs de quelqu’un, elle aurait pu au moins la remercier de son implication comme l’a fait Jean P. Sasson, qui à la fin du livre Sultana, dans les remerciements débutent par « Merci Sultana, pour avoir bravement partagé avec le monde l’histoire de ta vie ».
    Ces remerciements sont pour moi une preuve de l’honnêteté de l’auteur, qui reconnaît qu’il n’a fait qu’une maigre partie du travail en retranscrivant la vie d’une autre. Une honnêteté qui semble faire défaut à Gitta Sereny.

     

    Un extrait : À la fin de la première journée du procès, le point de vue du procureur ne pouvait faire aucun doute dans l’esprit de qui que ce fût. Il avait déjà déposé dans l’esprit des jurés les germes de ce que serait le verdict, deux semaines plus tard : non coupable pour Norma, coupable d’homicide involontaire pour cause de responsabilité atténuée pour Mary.

    « Vous verrez, dit-il en achevant son long exposé, que Norma est une jeune fille immature, arriérée. Elle ne se serait jamais trouvée dans la terrible situation où elle est aujourd’hui si elle n’avait pas habité à côté de Mary. Celle-ci, en revanche, ainsi que plusieurs témoins le confirmeront, a une évidente propension à mettre ses mains sur la gorge des enfants plus jeunes qu’elle. Même si elle a deux ans et deux mois de moins que Norma, elle est la plus intelligente des deux, et c’est elle qui domine. C’est elle aussi, d’ailleurs, qui dans l’une de ses dépositions a utilisé la ruse pour tenter d’impliquer un petit garçon parfaitement innocent dans le meurtre de Brian Howe. »

    Ses derniers mots furent pour désigner Mary, non pas comme une enfant malade ou perturbée, mais comme un être mauvais et, sans égard pour son âge, un monstre. Il dramatisa l’histoire du petit A. accusé à tort, puérile et pathétique tentative qu’elle avait faite pour se protéger, et donna à ce fait une importance démesurée par rapport à la vraie tragédie – la mort des deux petits garçons. Il en fit l’acte répréhensible par excellence, à l’aune duquel tout le reste devait se mesurer. « Cela vous donne une idée du genre de fille dont il s’agit », assena-t-il pour conclure.

    Tard ce soir-là, dans le petit appartement au dernier étage du centre d’accueil de Fernwood où elle devait rester isolée sous la surveillance de la police pendant les neuf jours (et les deux week-ends) que durerait le procès, Mary demanda à l’agent, Barbara F., le sens du mot « immature ». Chaque agent réagissait à sa manière face à Mary. Barbara F., quand elle me raconta la scène, me dit franchement qu’elle ne l’aimait pas. « Elle me donnait la chair de poule, vous comprenez ? Mais bien sûr, lorsqu’elle m’interrogeait, j’essayais de répondre. »

    « Alors, si Norma est immature, et si je suis la plus intelligente, tout va me retomber dessus ? » lui demanda Mary.

    « J’ai juste haussé les épaules, conclut la jeune femme. Qu’est-ce que je pouvais dire ? »

     

  • [Livre] L'ogre à poil(s)

     

    Je remercie les éditions sarbacane pour cette lecture

     

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    Résumé : Coup de tonnerre au foyer d’enfants : Yoan et Abdou apprennent que La Boule est en danger, comme tous les habitants de la forêt : ogres, loups, sorcières…
    Accompagnés de l’ogre, les deux copains partent à l’aventure pour éradiquer l’usine qui empoisonne la forêt.
    Abdou et Yoan, ils sont futés et courageux. N’empêche, ce coup-ci, la mission est drôlement périlleuse.
    Si ni les sorcières, ni les ogres, ni les loups, n’ont pu venir à bout des empoisonneurs, qui le pourrait ?
    Le dernier dragon peut-être ?

     

    Auteur : Marion Brunet

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Enfant

     

    Date de parution : 7 septembre 2016

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : N’ayant pas lu les premiers tomes des aventures de l’ogre, j’ai parfois eu des instants d’incompréhension, qui ont, heureusement été rapide, l’auteur rappelant les faits précédents, l’air de rien. Bon je ne sais toujours pas comment le pull vert moutarde est devenu un pull rose griotte, mais je n’ai pas dit mon dernier mot et dès que j’aurais lu les quelques (dizaines de) livres en attente qui défient les lois de la gravité sur ma table de chevet, je remédierais à ça ! Il m’a fallut aussi quelques pages pour comprendre que Linda et La boule n’étaient qu’une seule et même personne, mais ça, je ne sais pas si c’est parce que je n’ai pas lu les tomes précédents ou si je suis intérieurement profondément blonde.
    J’ai aussi remarqué quelques petites coquilles oubliées, qui ne gênent pas la lecture, mais qui disparaitront, je l’espère lors d’une prochaine réimpression (comme : « En on n’était plus en été », page 8 ; ou « et où j’ai raconté cette d’histoire du type », page 10…)
    Yoan et Abdou, nos deux petits héros, vivent dans un foyer et doivent partir en vacances en Ardèche avec ledit foyer, ce qui les enchante totalement (vous sentez l’ironie ?).
    Bon moi, perso, j’aime l’Ardèche : c’est la campagne, il y a des rivières (sans crocodiles, c’est important), des prairies, des bois, des chèvres (ben quoi, j’aime les chèvres), des marchés dans des petits villages et des jolies ballades à faire… Mais bon, j’admets que pour deux garçons remuants qui ont eu affaire à des ogres, des sorcières, des loups et j’en passe, ça peut être un peu trop calme et ordinaire comme lieu de vacances…
    Heureusement, le salut arrive sous la forme d’une crevette (non je n’ai pas fumé, l’auteur en revanche, c’est pas dit…).
    Et cette crevette vient leur annoncer qu’un danger plane sur la forêt et ses habitants.
    Heureusement, le même message a été délivré à l’ogre et à Janine (là par contre, je n’ai pas compris comment ils avaient rencontré ce personnage, mais ça ne gène pas la lecture) qui s’empressent de venir les chercher sous un faux prétexte (et là on voit que le foyer est super professionnel : vous êtes la grand-mère de Yoan ? Vous avez absolument aucune preuve de cela, vous n’êtes pas dans nos fichiers, mais pas de soucis, emmenez le, et son pote aussi puisque vous y tenez !... Oui je sais, sans ça, il n’y aurait pas d’histoire, mais j’aime chipoter).
    Et là, ils vont découvrir que la rivière est polluée par une usine et que tout le monde est malade : les ogres maigrissent, les loups perdent leurs poils, les sorcières leurs pouvoirs… bref, l’heure est grave.
    Oh il y a bien quelqu’un qui pourrait les aider… mais il est un peu… comment dire… il a mauvaise réputation…il n’aime pas trop les visites… il est un brin égoïste, rouspéteurs, mauvaise tête et pas franchement coopératif et surtout… il a tendance à carboniser sur place les gens avant qu’ils aient eu le temps d’en placer une… Oui, vous l’aurez compris, c’est bien un dragon qui est le seul espoir de la forêt. Et pas n’importe quel dragon, le dernier de son espèce !
    Yoan, Abdou, Janine, l’ogre, Linda, Belusine (une collègue sorcière de Linda), Crasmos (un copain ogre du frère ogre de l’ogre…ben quoi ?) et petit loup (est il nécessaire d’apporter une explication ?) sont volontaire pour aller demander de l’aide.
    Avec autant de caractères différents, on ne va pas s’ennuyer.
    Beaucoup d’humour et de références que les plus petits ne relèveront pas mais que leurs parents trouveront très drôles.
    A travers l’aventure de cette bande, Marion Brunet aborde l’air de rien le thème de la pollution, surtout celle faite par les grandes entreprises qui, pour des raisons de gros sous, vont au plus rapide, sans se soucier des conséquences. On en regretterait presque que la solution du dernier dragon ne soit pas applicable dans la vraie vie !
    Quand au titre de ce tome, on en comprendra la signification dans les derniers chapitres, ce qui fera bien rire tout le monde, personnages comme lecteurs !

    Un extrait : C’est ce soir là que tout à (re)commencé : mon copain Yoan croisait les bras, assis sur son lit, bien décidé à ne pas faire son sac.
    Moi j’avais commencé à remplir le mien, mais j’hésitais entre deux pulls (le wolverine marron et le wolverine jaune). Finalement, j’ai fourré les deux dans mon sac à dos, vu qu’on allait de toute façon se cailler, c’était couru d’avance : les séjours avec le foyer, c’est toujours dans des endroits où y’a de la campagne, des montagnes, et où même quand c’est l’été, il pleut. Et on était plus en été de toute façon, on était en octobre.
    « Ca va vous faire du bien, quelques jours au grand air », avait dit Fabrice, notre éducateur, quand il avait annoncé au groupe qu’on partait tous pour les vacances de la Toussaint. Au grand air, tu parles. Moi j’ai toujours préféré les petits airs, genre l’air malin ou l’air de rien.

    - J’y vais pas ! a annoncé Yoan
    - On n’a pas le choix, j’ai grogné.
    - C’est nul.
    - Je sais.
    - Ils pourraient nous emmener…je sais pas, moi, dans des endroits vraiment intéressants ? Au Far West par exemple, ou à San Francisco ? Visiter Alcatraz, voir des éléphants de mer, des indiens ? Un truc vraiment bien ?
    - On va où déjà ?
    Yoan a poussé un soupir monstrueux et s’est avachi sur son lit en rugissant la réponse :
    - Aaaardèèèèche…

    Ses cheveux ont fait comme une grosse étoile autour de sa tête : depuis quelques temps, Yoan, il se laisse pousser les cheveux. Et comme il est très frisé qu’il a beaucoup de cheveux, ça fait des sortes de dreadlocks. Son père est pas fan (mais en même temps il n’a pas grand-chose à dire, son père, vu qu’il le voit seulement le week-end). Le nouveau directeur du foyer non plus. Notre éducateur Fabrice, il ne dit rien, je crois que ça l’amuse, même s’il lui dit quand même de les laver de temps en temps. Moi j’aime bien, et puis de toute façon c’est mon copain ; il pourrait se faire des couettes que ce serait toujours mon copain.
    On devait partir le lendemain matin, en minibus.
    Bon, je vous cache pas que ça peut être marrant parfois, les vacances avec le foyer, et j’ai quelques souvenirs plutôt sympa, comme la fois om on faisait du camping et où j’ai raconté cette histoire du type qui se fait couper la tête dans la forêt alors Lola et Zoé ont hurlé et ça a réveillé Fabrice et…

    - Allez allez, les petits loups ! Brossage de dents et au lit. Vous devez tous avoir fini vos sacs !

    Yoan s’est redressé en entendant la voix de Fabrice, justement. Il a jeté ses habits en vrac au fond de son sac, et puis sa pile de comics par-dessus. On a fini par aller dans la salle de bains commune en traînant des pieds.
    On s’est rapprochés des robinets.
    On était les derniers, tous les autres étaient déjà au lit.
    Et c’est LA qu’il s’est passé ce truc incroyable qui a changé le cours de l’histoire, nous a fait repartir à l’aventure, et surtout… qui nous a évité de partir en séjour de vacances avec le foyer.

    Lorsque j’ai tourné le robinet, l’eau n’est pas sortie tout de suite. Une crevette s’est extirpée du robinet pour atterrir dans le lavabo.
    Oui, tu as bien lu : une crevette. Rose, avec une carapace brillante et des petits yeux noirs en tête d’épingle. Ca, déjà, au départ, c’était super bizarre, évidemment. Mais ce n’était pas le plus dingue. Ce qui nous a vraiment estomaqués, c’est qu’elle a levé vers nous ses antennes qui bougeaient doucement et qu’elle s’est mise… à parler.

     

  • [Livre] Otage de ma mémoire

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    Résumé : En se réveillant ce matin-là, tous ses souvenirs ont disparu. Sa voix également. Qui est-elle ? Pourquoi personne ne s’inquiète-t-il de son absence ? Quelles sont les réelles motivations de ceux qui prétendent l’aider ? Et surtout, pourquoi l’éventualité de retrouver la mémoire l’effraie-t-elle autant ?

    Plongez avec elle sous hypnose dans les méandres de sa mémoire, de son identité, des épisodes de sa vie, pour remonter le temps jusqu’au jour où tout a basculé.

     

    Auteur : Marilyse Trécourt

     

    Edition : Autoédition

     

    Genre : Thriller psychologique

     

    Date de parution : 23 Mai 2016

     

    Prix moyen : 14€ en papier; 2,99 en ebook

     

    Mon avis : On a ici un roman très court (oui bon, promis avant de relire cette chronique je n’avais pas fait attention à cette phrase et au nom de l’auteur…) mais très bien construit.
    D’habitude, je ne lis pas de roman autoédité. Parce que jusque-là, je n’ai eu que de très mauvaises expériences : mal écrit, histoire incohérente, orthographe digne d’un enfant de 7 ans… bref, totalement illisible en ce qui me concerne.
    Ce livre, je l’ai gagné des mains de l’auteur, Marilyse Trécourt, grâce à un petit concours qu’elle a organisé sur twitter. Quand j’ai participé, je ne savais pas que le roman était autoédité, et tant mieux, sinon j’aurais eu des réserves, peut-être même que je n’aurais pas tenté ma chance et ça aurait été drôlement dommage.
    Parce qu’on a ici un livre très bien écrit, recherché mais avec un style clair et incisif qui le rend très vite addictif.
    Ce n’est pas un thriller à proprement parlé, car il n’y a pas de pure enquête criminelle, mais c’est une sorte de thriller psychologique : ça ne fait pas peur, mais on ressent une certaine tension.
    J’ai beaucoup aimé le personnage d’« Ariel » qui, même si elle a peur de découvrir la vérité sur elle-même, ne lâche rien et continue de se battre pour retrouver la mémoire. Il faut dire qu’il y a de quoi être angoissée quand on se réveille amnésique et muette sans savoir si cet état va durer ou non.
    A travers les séances d’hypnose, on découvre le passé de la jeune femme depuis sa naissance jusqu’à l’évènement qui lui a fait perdre la mémoire.
    Les personnages qui entourent Ariel à l’hôpital sont attachants que ce soit l’infirmière, l’inspecteur, le médecin ou Thomas, un autre patient. Les personnes extérieures à l’hôpital le sont, dans leur très grande majorité, beaucoup moins (à l’exception de Mamina). J’ai été très déçue par l’attitude d’un des personnages du passé d’Ariel, qu’on voit donc essentiellement dans ses « souvenirs ».
    Cette alternance du passé et du présent rajoute à notre frustration car, quasiment tout du long, on en sait plus qu’Ariel.
    Un des personnages se recoupe dans son discours et du coup devient suspect à nos yeux, un autre est odieux et égoïste, un troisième est décevant, un autre est tout simplement un vrai monstre (désolée, je ne vous dit pas lesquels… Non, en fait, je ne suis pas désolée du tout, courrez acheter le livre, ça en vaut la peine)…
    J’ai un petit bémol sur la fin de l’histoire. Pas sur l’écriture ni la manière dont c’est amené car il n’y a rien à redire à ce sujet, mais sur le fond.
    Tous les personnages, même le plus odieux, ont de bonnes excuses pour leur attitude et la manière dont c’est présenté entérine ces excuses. J’aurais pu comprendre que chacun des personnages cherche à se dédouaner mais pas que ce soit tenu pour acquis. J’ai eu l’impression que les pires horreurs pouvaient être commises du moment que le personnage avait été « malheureux » jadis. Je trouve cela un peu facile et j’aurais aimé des conséquences un peu plus sérieuse pour certains d’entre eux.
    Mais bon, cela, ce n’est qu’une opinion personnelle qui n’enlève rien à la qualité de l’histoire.
    L’auteur a réussi le tour de force, qui n’arrive pas toujours à réussir des auteurs ayant trente ans de carrière derrière eux, de réussi à nous présenter une histoire cohérente, qui avance à un bon rythme et qui ne bâcle pas certains aspects pour aller plus vite en environ 200 pages.
    J’ai passé un super moment de lecture et j’en remercie encore Marilyse Trécourt d’une part pour avoir écrit ce roman et d’autre part pour m’avoir permis de le découvrir.

    Un extrait : Où suis-je ? Je n’en ai pas la moindre idée. Tout est blanc. Triste. Froid. Je suis frigorifiée. J’ai mal. A la tête, aux jambes. Dans le cœur. J’ai peur. Je ne sais pas pourquoi. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment de la peur. C’est autre chose. Du vide. Voilà, c’est ça, je suis vide. Creuse, comme un puits sans fond. Abandonnée de l’intérieur.

    Je sais que je suis en vie mais je ne sens pas la vie. Juste le vide. Juste une lettre en plus mais avec la vie en moins.

    Pourquoi ? Pourquoi cette sensation m’envahit-elle et me donne-t-elle un vertige incommensurable ? Ça me donne la nausée. J’essaie de me raccrocher à quelque chose. De me retenir aux branches. De ne pas tomber dans ce vide qui m’aspire. Inexorablement. Je coule. J’essaie de donner un coup de pied pour me faire remonter à la surface. Mais je ne bouge pas. Pas d’un centimètre. Mes pieds ne répondent pas. Mes mains non plus. Rien. Rien ne réagit. A part mes paupières. J’arrive à peine à les soulever. Mais ça me demande un tel effort que je n’ai qu’une envie. De les refermer, pour m’endormir et oublier. Et tenter d’échapper à ce gouffre noir et effrayant. De rêver. De me raccrocher à des bulles de bonheur, de souvenirs réconfortants. Je cherche. Je creuse. En vain. Et je me retrouve au fond du puits. Seule. Dans la pénombre. Aucune lumière ne vient me réconforter. Je n’ai aucun souvenir.

    Je suis… Je ne sais pas qui je suis. Une fille. Une femme peut-être. Je crois. Je ne sais pas.

    J’ai peur. Je voudrais crier, hurler, pleurer comme un enfant. Mais j’en suis incapable. Rien ne bouge.

    Je suis enfermée dans mon corps. Et mon corps est vide.

    Peut-être suis-je morte ? Peut-être est-ce cela la mort, finalement ?

    Bip Bip Bip

    Ce bruit. Je le reconnais. Je l’ai entendu tout à l’heure. Au milieu de cris, de mots que je ne comprenais pas. J’étais allongée. On me poussait, vite.

    Des mots me reviennent. Constantes ? Trauma crânien… Chimie… Deux culots de O nég… On la perd… Pouls à 67… Appelez Cholard… Le bloc est prêt…

    Je n’y comprends rien. Je ne comprends rien à rien.

    Et maintenant ? Que vais-je faire ? Que vais-je devenir ? Vais-je rester dans cet état ? Combien de temps ? Toute ma vie ? Ou toute ma mort…

     

  • [Livre] Le pays des contes - T04 - Au delà des royaumes

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    Résumé : Depuis que l’Homme masqué lui a échappé, Alex n’a qu’une obsession : le retrouver. Sauf qu’elle a été déchue du Conseil des fées et que tous refusent de croire que cet homme est une véritable menace. Heureusement, elle peut compter sur l’aide de son frère jumeau, Conner, de Boucle d’or, du Petit Chaperon rouge et de la Mère l’Oie. Grâce à eux, elle découvre le plan démoniaque de son ennemi : armé d’une potion capable de transformer n’importe quel livre en portail vers d’autres univers, il part recruter une armée de méchants de la littérature afin de conquérir le Pays des contes…

     

    Auteur : Chris Colfer

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Enfant

     

    Date de parution : 12 Mai 2016

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Dans ce quatrième tome, Alex a des ennuis. Elle est complètement obsédée par l’homme masqué (il faut dire qu’elle est la seule à avoir vu son visage et que cela lui a causé un choc), au point d’en perdre le contrôle de ses émotions et de ses pouvoirs.
    Et si, nous, lecteurs, nous savons dès le prologue qui est exactement l’homme masqué, il faudra plus de temps aux jumeaux pour comprendre de quoi il retourne.
    Le conseil des fées m’a énervé. Fidèles à eux-mêmes, ses membres se montrent d’une arrogance incroyable face à Alex, sans tenir aucun compte du fait qu’elle est le chef du conseil et que ses intuitions, même lorsqu’ils n’y croyaient pas, a sauvé le pays des contes à plusieurs reprises.
    Ils vont même jusqu’à la bannir ce qui choque nombre de personnes, de Conner à Boucle d’or, en passant par la plupart des fées qui ne font pas partie du conseil. On se demande ce que le conseil a le plus à cœur : la sauvegarde du pays des contes ou leur pouvoir de dirigeants.
    Bien sûr les jumeaux et leurs amis ne vont pas s’en tenir là, et peu importe ce qu’en pense le conseil.
    Leur traque va prendre un tour plus étrange et aventureux quand ils se rendent compte qu’ils vont devoir poursuivre l’homme masqué à travers de nouveaux lieux qu’il rallie grâce à une potion volée au palais des fées.
    Les jumeaux et leurs compagnons vont donc rencontrer de nouvelles personnes à travers les nouveaux mondes qu’ils vont traverser tels que Merlin ou Peter Pan.
    On retrouve nos personnages favoris avec beaucoup de plaisir, même si, au final, on les voit peu. Mais boucle d’or aux prises avec les hormones de la grossesse est très drôle. Quant à Rouge elle est égale à elle-même et a bien changé en même temps, plus mature. Cela dit, je trouve que ses amis ne lui montrent pas beaucoup de compassion au vue de ce qui lui arrive.
    Dans ce tome, tout se passe à un rythme effréné qui ne nous laisse guère le temps de souffler, les jumeaux passent de monde en monde rapidement, ayant juste le temps de faire de nouvelles rencontres avant de devoir passer dans le suivant. J’ai parfois regretté qu’ils ne s’attardent pas un peu plus dans chaque monde, mais cela aurait sûrement cassé le rythme que l’auteur a voulu imposer.
    Contrairement aux tomes précédents, celui-ci ne résous pas l’affaire dans ses dernières pages. Il faut dire que ce n’est pas un petit problème qui se pose aux jumeaux, on comprend qu’il va falloir au moins deux tomes pour en venir  à bout.
    On termine donc ce tome horriblement frustrés, devant non seulement une situation au pays des contes qui ne laisse rien présager de bon, mais en ayant une révélation de dernière minute qui nous coupe le souffle.

    Un extrait : – Ça fait deux semaines que je n’ai plus de nouvelles ! hurla Charlotte dans le miroir magique. Vous savez ce que ça fait d’être parent et de ne pas avoir de nouvelles de ses enfants ? J’espère qu’un jour vos enfants aussi disparaîtront des semaines, voire des mois d’affilée, pour que vous sachiez simplement ce que toi et ta sœur me faites subir !

    Conner était assis dans les appartements de sa sœur dans le Palais des fées ; comme il aurait préféré être ailleurs !

    – Non, maman, je ne sais pas. Je suis désolé de ne pas t’avoir tenue suffisamment au courant.

    – JE NE TOLÉRERAI PLUS une telle attitude ! Si vous ne m’appelez pas au moins deux fois par semaine, je vais venir au pays des contes de fées et vous ramener tous les deux à la maison !

    – Maman, tu ne peux pas venir au pays des contes sans magie… dit Conner qui regretta immédiatement ses mots.

    Charlotte souleva les sourcils et lui lança le regard le plus noir qu’il eût jamais vu sur son visage.

    – Tu crois que je ne peux pas venir au pays des contes de fées, Conner ? Peu importe le mur entre nos dimensions, rien ne me coupera de mes enfants. Magie ou pas, je pénétrerai ce miroir et je vous traînerai moi-même jusqu’à la maison s’il le faut !

    De toute évidence, rien de ce qu’il aurait pu dire n’aurait arrangé la situation. Les jumeaux étaient coupables d’avoir négligé leur mère et Conner en faisait les frais.

    – Maman, tu as tous les droits d’être énervée mais, s’il te plaît, détends-t…

    – Conner Jonathan Bailey, ne me dis pas de me détendre !

    Quand elle utilisait son nom complet, c’était très mauvais signe.

    – Comment veux-tu que je me détende quand mes enfants âgés de seulement quatorze ans combattent une armée et des dragons dans un autre monde ?

    – Pour être exact, c’est grand-mère qui a combattu le dragon.

    – Ce dragon aura l’air d’un petit lapin à côté de moi si je dois venir vous chercher. Et où est ta sœur ? Pourquoi n’est-elle pas là pour me parler ?

    Les jumeaux s’étaient mis d’accord pour en dire le moins possible à leur mère sur leurs dernières aventures. Si elle s’énervait tant parce qu’ils ne la contactaient pas régulièrement, Conner n’osait même pas imaginer la réaction qu’elle aurait en apprenant que l’homme qu’ils pourchassaient était probablement son mari disparu.

    – Alex est en réunion avec le Conseil des fées. Elle ne fait pas ça exprès pour t’embêter. Disons qu’elle a du pain sur la planche depuis la disparition de grand-mère.

    C’était difficile pour Conner de cacher la vérité à sa mère, surtout quand il voyait à quel point cela affectait Alex. Il aurait presque souhaité que sa mère trouve bel et bien un moyen de venir au pays des contes de fées remettre les idées en place à sa sœur.

    – Je me fiche de savoir à quel point vous devenez puissants ou importants. Je suis votre mère et j’ai droit au respect ! Si les Présidents et les rois trouvent le temps d’appeler leurs mères, mes enfants aussi en sont capables !

    Soudain on frappa à la porte. Grenouille et Jack passèrent une tête dans la pièce. Conner comprit qu’ils avaient dû écouter aux portes car ils paraissaient particulièrement inquiets.

    – C’est bon, les gars, vous pouvez entrer, dit Conner. Maman me passe un savon parce que je ne l’appelle pas assez souvent.

    Il rit pour détendre l’atmosphère mais leur expression ne changea pas d’un poil.

    – Il faudrait que tu viennes dans le grand salon, suggéra Grenouille.

    – Ça chauffe entre ta sœur et le Conseil, renchérit Jack.

    Conner soupira. Il n’arriverait donc jamais à avoir un instant de répit dans ce palais.

    – Maman, je suis désolé, il y a le feu. Je te promets de te parler au moins deux fois par semaine. J’amènerai Alex devant le miroir par la force s’il le faut.

    Charlotte croisa les bras.

    – Une dernière chose avant que tu t’en ailles !

    Conner se prépara à une ultime remarque ; il était convaincu que ça allait faire mal.

    – Je vous aime tellement tous les deux. Faites attention à vous, dit-elle d’une voix douce.

    Conner en eut le cœur brisé. Avait-elle prévu depuis le début de terminer la conversation ainsi ? Sa mère savait parfaitement le faire culpabiliser.

    – On t’aime aussi, maman. Et ne t’inquiète pas, on est très entourés. S’il te plaît, dis bonjour à Bob de notre part.

    L’image de Charlotte disparut dans le miroir. Conner suivit Grenouille et Jack hors de la pièce et descendit les escaliers en direction du grand salon du Palais des fées. Il avait trouvé ses rapports tendus avec sa mère, mais la tension qui régnait dans le salon était tellement forte qu’il eut du mal à respirer.

    Les membres du Conseil des fées se tenaient chacun à leur place tandis qu’Alex faisait les cent pas devant eux. Tout le monde avait l’air mal à l’aise et Conner voyait bien que sa sœur était furieuse.

  • [Livre] La poupée brisée

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    Résumé
     : Ce visage... Cette robe rose... Cela ne peut pas être une coïncidence.

    Claire Doucett est sous le choc. Cela fait sept longues années que sa fille Ruby a mystérieusement disparu, et qu'elle essaie de surmonter sa peine. Mais aujourd'hui, le passé refait brusquement surface lorsqu'elle découvre, dans la vitrine d'un magasin de La Nouvelle-Orléans, une poupée de porcelaine qui reproduit les traits de Ruby à la perfection. Une poupée qui porte la même robe que sa petite fille adorée, le jour du drame... Après tout ce temps passé dans l'incertitude, se pourrait-il que cette poupée livre enfin à Claire la clé du mystère ? En compagnie de Dave, son ex-mari, un flic miné par le chagrin, Claire est prête à tout pour comprendre ce qui a bien pu briser la vie de leur fille. Mais la poupée est enlevée à son tour, comme Ruby sept ans plus tôt. Volée par un homme que la beauté de la petite fille a autrefois fasciné - et dont l'obsession n'a jamais pris fin...

     

    Auteur : Amanda Stevens

     

    Edition : Harlequin Bestseller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2008

     

    Prix moyen : 3€

     

    Mon avis : J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire. Il faut dire que le thriller est long, très long à démarrer.
    A environ la moitié du livre, les personnages principaux, à savoir Claire et Dave, qui sont censés enquêter ensemble sur le kidnapping de leur fille Ruby, ne se sont toujours pas vu. Dave ne sait pas que Claire a vu une poupée ressemblant trait pour trait à sa fille (il est occupé par une ancienne enquête qui semble trouver un écho dans une nouvelle affaire) et Claire ne semble même pas savoir que son ex-mari est en ville.
    Ce n’est qu’à la page 285 qu’ils se voient enfin, et encore, ils ne font que se croiser. Pas d’enquête concernant le sujet principal du livre non plus. Claire se débat avec son chagrin et son divorce en cours et Dave avec l’affaire qui a signé le début de la fin de sa carrière de policier.
    Le problème de mettre tant de temps à entrer dans le sujet, est qu’il va falloir tout boucler en moitié moins de pages que prévu, ça ne peut qu’être trop rapide, trop cousu de fil blanc.
    D’ailleurs, dès les premières lignes concernant l’enfance du tueur, on cerne son problème psychologique sans trop de difficulté et on résous par là même un des aspects qui auraient pu nous tenir en haleine jusqu’à la fin.
    Et d’ailleurs comme je le craignais, le sentiment qui a dominé ma lecture a été la frustration. L’histoire est originale, elle aurait pu nous faire tourner en bourrique pendant des centaines de pages, mais non, tout est bouclé en moins de 100 pages. Il faut dire que l’auteur en a passé 400 à aller de digression en digression. Alors certes, les affaires secondaires donnent du corps à l’histoire, mais était-il vraiment nécessaire de s’y attarder autant ?
    De plus, concernant ces affaires secondaires, on n’a finalement pas le fin mot de l’histoire. Sur la première on ne sait pas ce qui arrive exactement aux personnes impliquées et sur la seconde, on ne sait rien du tout. C’est pénible et frustrant d’être appâté ainsi pour au final n’avoir rien à se mettre sous la dent.
    Concernant l’affaire principale, celle de l’enlèvement de Ruby, on en parle peu, au regard du nombre de pages que contient le livre. La fin est trop rapide, la conclusion tombe sur les personnages sans qu’ils aient eu à vraiment enquêter. C’est comme s’ils avaient du faire du porte à porte et qu’on leur avait tout dit dès la première maison à laquelle ils s’étaient présentés.
    Je n’ai pas ressenti de plaisir à être emmenés sur de fausses pistes, à croire quelqu’un coupable pour me rendre compte qu’il ne l’est en fait pas, à découvrir qu’un proche est impliqué dans l’affaire, parce qu’il n’y a rien de tout ça.
    Dès le début on sait qui est le coupable, on sait quelles sont ses motivations, il n’y a aucune traque et, même si l’auteur a tenté un moment d’angoisse vers la fin, je n’ai ressenti aucun pincement au cœur, aucune crainte pour les personnages, parce que la fin était presque écrite en néon tricolore en filigrane de l’histoire et qu’il n’y a eu aucune surprise.

    Un extrait : Claire ouvrit brusquement les yeux : un bruit venait de la réveiller, mais elle ne savait pas s’il appartenait à la réalité ou à son imagination. Allongée sur le dos, elle resta un instant songeuse, dans cet état intermédiaire entre la veille et le sommeil, à écouter les bruits de la nuit avec attention. Le vent s’était levé : les branches du grand chêne vert près de sa chambre grattaient périodiquement contre le mur de la maison, accompagné par les rafales de pluie qui venaient crépiter contre les carreaux.
    Même par une nuit calme et tranquille, la maison était toujours pleine de bruits. Les craquements et les grincements du vieux bois n’avaient jamais vraiment perturbé le sommeil de Claire. C’était seulement depuis le départ d’Alex qu’elle avait du mal à dormir…
    Au sortir du lycée, elle avait épousé Dave, et ils s’étaient installés dans le petit appartement aménagé au-dessus du garage de chez sa grand-mère ; jusqu’à leur rupture, à la suite de la disparition de Ruby. Ensuite, Claire n’avait pas tardé à emménager dans la grande maison, pour s’occuper de son aïeule malade. Un an plus tard, Mamie décédait, et Claire se retrouvait mariée à Alex sans avoir vraiment compris ce qu’il lui arrivait. C’était comme si cette époque de sa vie s’était déroulée à la façon d’un rêve dont elle n’aurait été que la spectatrice impuissante… A un moment, elle était mariée à Dave, heureuse épouse et mère comblée d’une adorable petite fille qu’ils chérissaient autant l’un que l’autre, et l’instant d’après, on lui avait tout pris en même temps, par un bel après-midi ensoleillé.
    Quand Ruby avait été kidnappée, un rideau épais était tombé sur toute une partie de la vie de Claire. Après ce tournant douloureux, rien n’avait plus jamais été pareil. C’était pour cette raison que son mariage avec Alex n’avait pas pu tenir la distance. Par moments, le poids des souvenirs tirait tellement la jeune femme vers la tristesse et la désespérance que le présent ou l’avenir lui paraissait sans goût et sans couleur, tant le passé la happait inexorablement. Alex avait fait preuve d’une patience exemplaire, mais il avait fini par craquer. Et ça, Claire ne pouvait pas le lui reprocher.
    Fermant ses paupières lasses, elle essaya de se rendormir. Mais c’était inutile : elle était bien réveillée, à présent. Elle eut beau tapoter son oreiller et remonter les couvertures jusqu’à son menton pour s’y blottir confortablement, elle ne parvint pas à retrouver les bras de Morphée. Avec un soupir résigné, elle abandonna l’idée de retomber dans un sommeil réparateur, et se tourna sur le côté.
    Ainsi allongée, elle resta silencieuse, à contempler le côté vide du grand lit où Alex aurait dû se trouver si les choses n’avaient pas viré à l’aigre entre eux. Elle le voyait encore, étendu tout contre elle, ses cheveux bruns ébouriffés par le sommeil, son torse nu se soulevant régulièrement au rythme de sa respiration profonde. Elle se demandait pourquoi elle ne parvenait pas à l’aimer autant qu’il le méritait. C’était un homme bon, un mari exemplaire… Tout ce dont elle avait besoin et tout ce qu’elle aurait dû vouloir, en somme.
    Mais malgré ses qualités et ses efforts, il n’avait pas pu lui faire oublier ce qu’elle avait perdu, et qui lui manquait trop cruellement pour qu’elle pût vraiment se reconstruire une existence solide.



  • [Livre] Marie Leszczynska

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    Résumé
     : Dans l'histoire de la France, les femmes, et avant tout les reines, ont souvent régné sur la cour et l'esprit de leur peuple, bien qu'elles n'aient pas toujours exercé le pouvoir.
    Pendant quinze siècles, certaines ont joué un rôle prépondérant en se montrant plus lucides, plus préoccupées du bonheur de leurs sujets sinon plus attentives au rayonnement de la monarchie. Si les rois ont fait la France, on peut dire que les reines l'ont sans doute aimée davantage. Le 5 septembre 1725, Louis XV épouse Marie Leszczynska. Pour cette princesse inconnue, fille du roi de Pologne en exil, Stanislas Ier, ce mariage inattendu est un cadeau du destin.
    La gentillesse de la charmante Polonaise et l'amour du jeune roi balaient les préjugés. Mais le conte de fées ne dure qu'une dizaine d'années, le temps de donner naissance à huit filles et à deux garçons, dont l'un meurt en bas âge. Puis le " Bien-Aimé " se met à collectionner les favorites. La reine, tout en se tenant à l'écart de la politique, continue d'assumer ses tâches avec dignité

     

    Auteur : Anne Muratoni-Philip

     

    Edition : Pygmalion-Gérard Watelet

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 25 juin 2010

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Quand on parle de l’entourage féminin de Louis XV, on pense immédiatement à Mme la marquise de Pompadour ou encore à Madame du Barry. Personne ou presque ne pense à Marie Leszczynska. C’est pourtant elle qui épouse le roi en 1725 et qui va donner 10 enfants à la France, quoique certains vont mourir dans leur jeunesse telle que Marie-Louise, Thérèse ou encore Philippe, duc d’Anjou. 12 grossesses dont 10 menées à terme en 10 ans, on peut dire que la reine n’a pas chômée.
    La cour, et surtout Fleury, le gouverneur du roi, vont pourtant lui reprocher la naissance de tant de filles. On la séparera même, à l’instigation de Fleury, de ses filles, excepté les trois ainées, qu’elle ne reverra pas pendant 9 ans. D’ailleurs, les conditions dans lesquelles vont être tenues les princesses est indigne de leur rang, elles tomberont malades les unes après les autres et c’est un vrai miracle qu’une seule d’entre elles n’ait trépassé.
    Alors que Marie est une reine aimée du peuple, discrète et loyale, elle sera sans cesse humiliée. Lorsque le roi part en campagne, il donne la charge du conseil à l’un de ses ministres alors que, traditionnellement, la reine doit exercer la régence en l’absence de son époux. Très vite, le roi ne cachera plus l’existence de ses favorites et s’affichera avec elles. D’ailleurs les premières d’entre elles participent allégrement à l’humiliation de la reine par leur comportement insolent, se sentant protégées par le roi. Il faudra attendre l’arrivée de la marquise de Pompadour pour être face à une maîtresse royale qui, si elle commet des erreurs d’étiquettes, n’a jamais manifesté que le plus grand respect envers la reine et à influencé le roi pour qu’il suive le même exemple.
    La reine Marie ne s’est jamais départie de sa dignité et de sa piété religieuse ce qui l’a fait accuser par ses contemporains d’être froide, d’être bigote, de ne pas aimer ses enfants, de ne pas avoir de sentiments. Peut-être que tout simplement, vivant humiliations sur humiliations, pertes cruelles de ses enfants, écartée de tout aspect politique au point d’être ignorante des évènements que traversait la France, elle n’ait simplement pas voulu les étaler sur la place publique.
    De sa jeunesse désargentée jusqu’à son dernier souffle, Anne Muratori nous livre le destin de cette femme que rien, et surtout pas sa condition de princesse pauvre ne destinait à devenir reine de France.
    Si j’ai un reproche à faire à ce livre, c’est de ne pas toujours respecter la trame chronologique. L’auteur s’attache à un personnage secondaire, le suit jusqu’à sa mort ou sa disgrâce, puis, au chapitre suivant, revient de plusieurs années, voire une bonne dizaine d’années en arrière pour reprendre la vie de Marie Leszczynska. Ce n’est pas extrêmement gênant, mais il est un peu pénible de voir les mêmes informations répétées car l’évènement mentionné à impacté plusieurs personnes. J’aurais préféré une trame strictement chronologique.

    Un extrait : Pour l’heure, Marie doit conquérir le respect des courtisans enclins aux critiques malveillantes. Car elle demeure une créature de la maîtresse de Monsieur le Duc. Barbier se fait l’écho de l’opinion : « Il [le roi] couche tous les jours avec elle, mais cette princesse est obsédée par Madame de Prie. Il ne lui est libre ni de parler à qui elle veut, ni d’écrire. Madame de Prie entre à tous moments dans ses appartements pourvoir ce qu’elle fait, et elle n’est maîtresse d’aucune grâce. » Dans ses Mémoires, le marquis d’Argenson, qui décoche des flèches empoisonnées à tout bout de champ, ironise méchamment : « Ce fut elle qui fit la reine, comme je ferai demain mon laquais valet de chambre. C’est pitié que cela. » René-Louis d’Argenson n’aime pas Marie Leszczyńska ; pourtant, cette petite phrase perfide prend un autre sens lorsque l’on sait qu’il s’est ridiculisé en succombant aux avances de Madame de Prie.

    La rouée marquise est assidue auprès de la reine. Elle l’entoure de prévenances, se rend indispensable, devient chaque jour plus hardie au point de la rappeler à l’ordre ; et si la reine n’acquiesce pas à ses désirs, elle la menace, lui rappelant chaque fois la médiocrité de sa condition. Un matin, Marie trouve sur sa table quelques vers assassins :

    « Le renvoi de l’infante est la preuve certaine

    Qu’à rompre votre hymen on aura peu de peine ;

    Et nous aurons alors de meilleures raisons

    Pour vous faire revoir vos choux et vos dindons. »

    C’est la première fois depuis son arrivée en France que Marie pleure. Elle devrait appliquer les conseils du roi Stanislas en se confiant au roi. Mais elle n’ose pas ! Prisonnière de sa propre timidité, elle se sent incapable de vaincre celle du roi.

    Marie Leszczyńska prend donc le parti d’afficher une sérénité à toute épreuve, de se plier aux usages et d’apprendre les subtilités de l’étiquette pour se mettre à l’abri des attaques et continuer de séduire le roi. Avant son arrivée à Versailles, elle a déjà eu un petit aperçu des règles que son époux applique machinalement depuis son enfance et dont il entend faire respecter les principes instaurés par son bisaïeul.

    En quelques jours, Marie découvre la mécanique de la cour, orchestrée autour de sept grands services : la Chapelle, la Maison civile, la Chambre, les Bâtiments, la Maison militaire avec la Prévôté de l’hôtel, l’Écurie et les Plaisirs. Ce qui représente une véritable petite ville sans cesse en mouvement. Elle apprend que, pour une même charge, il faut quatre titulaires qui n’exercent leur service que pendant un « quartier » de l’année ; et que bien des emplois se transmettent de génération en génération. En peu de temps, Marie apprend le déroulement immuable des événements quotidiens. Lundi, concert ; mardi, comédie française ; mercredi, comédie italienne ; jeudi, tragédie ; vendredi, jeux ; samedi, concert ; dimanche, jeux.

     

  • [Livre] La reine des quatre royaumes

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    Résumé : Décembre 1400. La ravissante princesse Yolande d’Aragon, dix-neuf ans, va pour la première fois rencontrer son promis, le jeune Louis duc d’Anjou, pour l’épouser en Arles. Ils se sont écrit pendant une décennie et se découvrent enfin. Par ce mariage, Yolande devient reine des quatre royaumes : Naples, Sicile, Chypre et Jérusalem.
    Au cœur des guerres de cent ans qui déchirent l’Angleterre et la France, elle sera bientôt l’une des plus remarquables femmes d’influence qui marqueront le siècle. Mentor attentif de son gendre, le futur roi Charles VII et de Jeanne d’Arc, son rôle dans la construction du royaume sera déterminant. Plus tard, son petit-fils, le roi Louis XI, dira d’elle qu’elle avait «
    un cœur d’homme dans un corps de femme».
    Souvent décrite comme la «
    plus belle femme du royaume», Yolande d’Aragon est une figure politique d’une extraordinaire intuition, méconnue à ce jour.

     

    Auteur : Princesse Michael de Kent

     

    Edition : Télémaque

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 09 octobre 2014

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Ce livre est la preuve qu’il ne fait jamais condamner un livre sur une première impression. J’ai essayé de le lire il y a quelques mois et, rien à faire, je n’arrivais pas à entrer dans l’histoire.
    A la faveur d’un challenge, je l’ai repris et là, je n’ai quasiment plus pu le poser, au point d’en avoir lu les 500p en deux jours seulement.
    Au début, j’ai été un peu rebuté par le récit au présent de l’indicatif. Pour moi un livre s’écrit au passé, qui est le temps du récit. J’ai beaucoup de mal à me faire au présent. Alors pour un roman historique qui se situe dans les années 1400, c’était encore plus dur.
    Et puis, finalement, l’histoire en elle-même l’a emporté sur le temps utilisé.
    On suit Yolande D’Aragon depuis son mariage avec Louis d’Anjou (elle n’a alors qu’environ 19 ans) jusqu’à sa dernière lettre, écrite à l’intention de ses enfants et petits enfants alors qu’elle sent la mort arriver (vers 62 ans).
    Toute sa vie, Yolande d’Aragon se consacre au royaume de France. Appréciée du Roi Charles VI, qui la réclame dans ses moments de lucidité, amie de Valentine Visconti, épouse du duc d’Orléans, et parfois confidente d’Isabeau de Bavière qui voit en elle une femme de son rang qui ne la dénigre pas, Yolande est sur tous les fronts.
    Sur les conseils avisés de sa mère, elle place de nombreux espions dans les maisons ennemies comme dans les maisons amies, très tôt conscience que le pouvoir passe par la connaissance.
    Veuve à 36 ans, elle va exercer un pouvoir sans contexte sur les duchés d’Anjou et de Provence, les deux principales possessions dont hérite son fils aîné et aura le cœur brisé de voir successivement son époux et ses deux fils mettre leur vie et leur santé en danger pour le royaume de Naples dont ils sont les souverains titulaires et qui leur est disputé par le cousin de Yolande, Alphonse d’Aragon.
    Par le biais des fiançailles, ainsi que des amitiés, elle va élever le fils bâtard de Louis d’Orléans, qui lui sera toujours fidèle et attaché et le dernier fils de Charles VI, prénommé également Charles que son ordre de naissance rend insignifiant. Elle va marier celui-ci à sa fille Marie.
    Par le hasard des complots et des batailles, les deux frères aînés de Charles décèdent l’un après l’autre et Yolande réalise qu’elle a ainsi élevé le futur roi de France, Charles VII.
    Mais il y a loin du titre au trône. Celui-ci, avec la complicité des bourgognes, est usurpé par le roi d’Angleterre et le comportement de Charles la déçoit profondément à plusieurs reprises.
    Yolande d’Aragon va dépasser le rôle auquel la confine son statut de femme. La seule chose qu’elle ne fera pas est de prendre elle-même les armes. Pour le reste, elle n’hésite pas à intriguer, à forger puis à défaire des alliances, à sacrifier certains pions, bien qu’avec beaucoup de regrets.
    C’est encore elle qui introduit une certaine Jeanne d’Arc auprès de Charles VII (et qui échouera à la sauver).
    Sans elle, il n’y aurait pas eu de successeur français au roi fou, Charles VI et la France serait, peut être aujourd’hui encore, anglaise.
    A noter que dans sa postface, l’auteur certifie que, si le livre est romancé, tous les évènements historiques rapportés ont eu lieu, du moins pour autant que l’on sache, l’histoire ayant toujours été racontée du point de vue des vainqueurs.

    Un extrait : Mariée au chef de la maison d’Anjou, Yolande devient reine de quatre royaumes : Naples, la Sicile, Chypre et Jérusalem. Chypre avait été conquise par son père tandis que celui de Louis avait racheté le titre honorifique de roi de Jérusalem à la petite-fille d’un des derniers occupants du trône. Cela fait trop de couronnes, d’autant qu’elle ne règne nulle part réellement. Plus encore que d’être reine, elle s’éblouit d’être l’épouse de ce jeune homme. Mon Dieu, songe-t-elle, faites que je sois digne de lui !

    Quand le banquet, les discours et les toasts sont enfin terminés, on les mène dans leurs appartements au château. Seule avec son mari dans la vaste chambre, elle se sent à nouveau fébrile. Que doit-elle lui dire ? La force des sentiments est une chose, mais comment procéder pour apprendre à connaître ce mari qui la subjugue ? Louis pose les mains sur ses épaules et rompt le silence.

      — Noble dame, vous qui êtes désormais mon épouse, j’ai un aveu à vous faire.

    Elle imagine un instant que quelque épouvantable révélation va faire éclater la bulle de bonheur dans laquelle elle flotte, mais elle s’oblige à rester calme.
     — J’avais certes entendu parler de votre beauté, mais comme tous les moyens sont bons pour appâter un prince en vue d’un mariage d’intérêt, j’ai préféré en avoir le cœur net. Je confesse que j’ai devancé mon entourage afin d’assister à votre arrivée.

    Yolande en reste bouche bée de surprise et note avec plaisir l’expression dans le regard de Louis.

     — Je me suis glissé parmi la foule et j’ai écouté les commentaires des gens, sur vous et votre entourage. Toutes les voix louaient votre beauté, l’émerveillement était unanime. Comme le cortège s’approchait, je vous ai vue rire gaiement et encourager votre jument nerveuse à caracoler pour les badauds. Avant même que votre visage n’émerge de l’ombre des bâtiments, j’ai remarqué votre pur-sang arabe… Quelle monture fougueuse… que vous meniez avec beaucoup d’aisance et de courage ! Je me suis dit : Si elle est capable de maîtriser cette monture, elle saura faire face à tout ! Et soudain vous avez été baignée de soleil, une vision lumineuse, avec votre robe qui volait à chaque bond. Puis j’ai bu la beauté de vos yeux… (Elle retient son souffle.) Alors j’ai posé un genou à terre et je me suis signé en remerciant le Seigneur et ma mère infiniment sage de m’avoir adressé un tel parangon de beauté ! Puis je me suis éclipsé afin d’attendre votre arrivée officielle. Me le pardonnez-vous ? demande-t-il d’une voix angoissée.

     Elle dépose deux tendres baisers sur ses paupières qui se referment sur son regard bleu interrogateur. Elle sait désormais que cet homme emplira son cœur d’amour chaque jour, qu’ils soient près l’un de l’autre ou séparés. Alors qu’il la porte vers le lit nuptial, elle se jure en elle-même que jamais elle n’aimera aucun autre homme.

     À en juger d’après ses ardeurs, lui aussi est comblé.

    — Très chère épouse, nous partagerons des nuits semblables chaque jour de notre existence, lui confie-t-il au matin, avec un baiser délicat.

    Et elle le croit.

    Yolande a vite fait de jauger le caractère de son mari. Louis est une âme généreuse, un être bon, à la fois doux et solide, ambitieux, au jugement sûr et avisé. Elle aussi ne cesse de rendre grâce à leurs deux mères pour avoir arrangé leur union. Et elle n’a qu’à penser à ses caresses pour se pâmer. Dès leur nuit de noces, elle a su qu’il l’aimait.

    Au fil des jours et des semaines, elle s’aperçoit néanmoins qu’il garde certaines choses jalousement, refusant de les partager même avec elle : ses vrais sentiments sur la défaite à Naples, ses ambitions pour l’avenir. Elle juge préférable de ne pas insister, d’autant qu’il a son caractère. En proie à l’ivresse de l’amour des premiers temps, elle n’en conçoit aucune appréhension. Elle a confiance en elle, sait qu’elle finira par se repérer dans le labyrinthe intérieur de son mari et apprendre ce qui lui permettra de devenir une partenaire et une conseillère indispensable. Elle lui sera toujours obéissante, mais n’a jamais été d’un tempérament naïf.

    Après plusieurs jours de cérémonies et de festivités, le couple royal quitte Arles pour se rendre par voie fluviale à Tarascon où Louis a presque achevé la construction de ce qui sera sa résidence principale en Provence. La forteresse de pierre blanche est érigée sur un emplacement où plusieurs châteaux se sont succédé depuis l’époque romaine, dans une vallée au bord du Rhône. Située au sud d’Avignon et au nord d’Arles, Tarascon occupe un lacet stratégique du fleuve procurant une vue panoramique sur la campagne environnante. Le Rhône marque la frontière naturelle de leur province souveraine, l’autre berge étant en France.

    Yolande tombe tout de suite sous le charme du château avec ses hauts remparts et ses tours crénelées, un édifice qui semble surgir tout droit des rochers à sa base. Un escalier permet d’accéder à un embarcadère conçu pour de petits bateaux. Louis emmène Yolande faire un tour en barque. Le Rhône est peu large à cet endroit, rien ne les empêcherait d’aller en France s’ils le voulaient.

      Malgré l’extérieur austère, Marie de Blois s’est employée à transformer l’intérieur en un cadre de vie confortable et élégant, avec autant d’ingéniosité, dit-on, que dans ses fabuleux châteaux d’Anjou. Les plafonds sont de bois, ornés par endroits d’animaux extraordinaires découpés dans du plomb et fixés aux poutres. Chaque chambre dispose de sa cheminée dans laquelle brûle un beau feu. Les fenêtres à meneaux procurent une grande luminosité et de belles vues sur le Rhône. Yolande regrette vivement que sa mère ne soit pas là pour admirer sa première résidence. Toutefois, elle ne doute pas que Marie de Blois l’aidera et lui apprendra à gérer une si vaste demeure.

    Après leur arrivée, alors qu’on leur a servi des rafraîchissements dans la grande salle, la duchesse prend Yolande par la main et l’entraîne doucement vers l’âtre. Elle se réchauffe les mains au feu et s’adresse à sa bru avec un charmant sourire.

    — Chère enfant, maintenant que vous avez épousé mon fils, je vous considère comme ma fille, si vous m’accordez ce privilège.

    Yolande sent que sa belle-mère ne s’exprime pas à la légère.

    — Par votre mariage, reprend-elle, vous êtes désormais duchesse d’Anjou, de Maine et de Guyenne, ainsi que comtesse de Provence. Mais dorénavant, on vous désignera toujours comme la reine de Sicile, le plus ancien de vos titres, et moi je serai la reine douairière.

    Sur ce, la vieille femme s’incline gracieusement devant Yolande qui n’en revient pas, puis s’éclipse.

     

  • [Livre] Et tu périras par le feu

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    Résumé : Hantée par une enfance dominée par un père brutal – que son entourage considérait comme un homme sans histoire et un flic exemplaire –, murée dans le silence sur ce passé qui l'a brisée affectivement, l'inspecteur Mia Mitchell, de la brigade des Homicides, cache sous des dehors rudes et sarcastiques une femme secrète, vulnérable, pour qui seule compte sa vocation de policier. De retour dans sa brigade après avoir été blessée par balle, elle doit accepter de coopérer avec un nouvel équipier, le lieutenant Reed Solliday, sur une enquête qui s'annonce particulièrement difficile : en l'espace de quelques jours, plusieurs victimes sont mortes assassinées dans des conditions atroces. Le meurtrier ne s'est pas contenté de les violer et de les torturer : il les a fait périr par le feu... Alors que l'enquête commence, ni Mia ni Reed, ne mesurent à quel point le danger va se rapprocher d'eux, au point de les contraindre à cohabiter pour se protéger eux-mêmes, et protéger ceux qu'ils aiment...

     

    Auteur : Karen Rose

     

    Edition : Harlequin Best Seller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2009

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Mia Mitchell n’a vraiment pas de chance : fille d’un homme violent qui incarne aux yeux de tous l’image du bon flic, donc du mec bien sous tout rapport ; un premier coéquipier tué par balle, elle-même ayant failli y rester ; et à présent un second coéquipier blessé par balle et une reprise de travail alors que sa propre blessure est douloureuse.
    Quand elle commence à faire équipe avec Reed Sollyday, un fire marshall qui enquête sur les incendies criminels qui semblent masquer des meurtres, elle a affaire à un homme légèrement arrogant.
    J’ai trouvé Reed assez borné sur ses idées, et se remettant peu en question sauf quand il est au pied du mur.
    Mia, elle, essaie d’éviter à tout prix de manifester la moindre émotion, comme si cela pouvait la desservir aux yeux de ses collègues de travail, collègues qui pourtant lui témoigne un immense respect.
    J’ai apprécié que le monde ne s’arrête pas de tourner pendant l’enquête criminelle : Solliday continue à avoir quelques soucis avec sa fille adolescente, Mia a des ennuis à régler à la fois avec une enquête précédente et avec un secret de famille à élucider… Les « affaires » secondaires ne tombent pas comme un cheveux sur la soupe mais donne de la crédibilité à l’ensemble : les enquêteurs sont humains, ils ne cessent pas d’exister en dehors de l’enquête qui leur est confiée même s’ils y consacre la majorité de leur temps.
    Ce ne sont pas non plus des surhommes, et on peut les voir fatigués, parfois moins alertes, à causes des nombreuses nuits blanches que leur font passer leurs investigations.
    Ce qui est très frustrant, pour nous, lecteurs, c’est de les voir partir sur de fausses pistes, chercher des liens qui sont évidents à nos yeux car, nous, nous savons quels sont les buts du tueur, pourquoi il agit, quels sont les liens entre les meurtres. En réalité, la seule chose que nous ignorons sur le tueur, c’est son identité, mais avec un peu de déduction, nous finissons par la trouver (guère de temps avant les inspecteurs, il faut l’admettre, mais pour notre défense, au niveau de l’identité, on en sait pas beaucoup plus qu’eux…et j’ai quand même hésité un moment entre deux suspects).
    J’ai bien aimé également les différents problèmes que posent les médias. D’une part, quand on recherche quelqu’un, difficile de se passer d’eux, et d’autre part, ils sont près à nuire à une enquête en cours pour faire la première page de leurs journaux… Difficile à supporter pour un enquêteur, difficile aussi de ne pas leur rentrer dedans quand ils dépassent les limites de la décence (comme publier le nom d’une victime avant que la famille n’ait pu être prévenue).
    Comme souvent dans les thrillers, il y a une petite romance, mais elle ne prend jamais le pas sur le coté thriller ce qui la rend d’autant plus agréable à suivre.

    Un extrait : Il regardait fixement les flammes avec un plaisir macabre. La maison était en feu.
    Il croyait les entendre crier. Au secours ! Oh, mon Dieu, aidez nous ! Il espérait les entendre hurler, que ce ne fût pas seulement le bruit de son imagination. Il voulait qu’ils souffrent comme des damnés.
    Ils étaient coincés à l’intérieur. Aucun voisin pour leur porter secours à des kilomètres à la ronde. Il aurait pu utiliser son téléphone mobile et appeler la police, les pompiers. Un rictus tordit le coin de ses lèvres. Pourquoi l’aurait-il fait ? Ils avaient enfin ce qu’ils méritaient. Que ce fût de sa propre main n’était que…justice.
    Il ne se rappelait pas avoir allumé l’incendie, mais il avait dû le faire, forcément. Sans quitter des yeux la maison en flammes, il renifla les gants de cuir qu’il portait. Il sentit l’odeur de l’essence sur ses mains.
    Oui, c’était bien lui le responsable de cette fournaise. Et il en était farouchement, profondément satisfait.
    Il ne se souvenait pas non plus d’avoir conduit sa voiture jusque là. Mais comment aurait il pu en être autrement ? Il avait sans hésitation reconnu la maison, bien qu’il n’y eût jamais vécu. S’il avait habité là, tout aurait été différent. Personne n’aurait touché à Shane. Son frère serait peut être encore en vie, et la haine ardente, viscérale qu’il avait gardée enfouie si longtemps ne lui serait peut être jamais venue.
    Mais il n’avait pas vécu dans cette maison. Shane seul y avait habité, pauvre petit agneau au milieu des loups. Et lorsqu’il était sorti et avait retrouvé son frère, Shane n’était plus le petit garçon heureux qu’il avait connu : son petit frère marchait désormais la tête basse, les yeux emplis de honte et de crainte.
    Parce qu’ils lui avaient fait du mal.
    La rage qui bouillonnait en lui éclata. Dans cette maison où Shane aurait dû vivre à l’abri de tout danger, dans cette maison dévorée à présent par les flammes de l’enfer, ils avaient tellement meurtri son frère qu’il n’avait plus jamais été le même.
    Shane était mort.
    Et maintenant, leur tour était venu de souffrir, comme Shane avait souffert. C’était…justice.
    Que sa haine et sa rage remontent à la surface de temps en temps était inévitable, supposait-il. Aussi loin qu’il se souvînt, ces sentiments avaient existé en lui. Mais la raison de sa fureur…cette raison, il ne l’avait révélée à quiconque. Y compris à lui-même. Il l’avait rejetée pendant si longtemps, avait si bien réinventé toute l’histoire, qu’il avait eu lui-même du mal à se remémorer la vérité. Il y avait des périodes entières qu’il avait complètement oubliées, oblitérées de sa mémoire. Parce que leur souvenir était trop douloureux.
    Mais maintenant, il se souvenait. Il se souvenait de chacune des personnes qui avaient levé la main sur eux. De tous ceux qui auraient dû les protéger et qui n’en avait rien fait. De chacun de ceux qui avaient détourné les yeux.

     

  • [Livre] Le tueur d'anges

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    Résumé : Blondes, jeunes, innocentes : c'est ainsi que le criminel choisit ses victimes. Son surnom : le tueur d'anges...
    Il y a cinq ans, une série de trois meurtres de petites filles a semé la panique dans la petite ville de Rockford, près de Chicago. Kitt Lundgren, alors chargée de l'enquête, a fait de la traque du tueur une véritable obsession. Bravant sa hiérarchie, elle a commis des erreurs, et laissé le coupable lui filer entre les doigts. Sa vie en a été marquée à jamais. Et voilà qu'après cinq ans de silence, le tueur recommence à frapper : une nouvelle victime, puis une autre, selon le même rituel macabre. Cette fois, Kitt aura sa peau.
    Mais l'enquête est confiée à l'inspecteur Marie Catherine Riggio, une jeune femme ambitieuse qui ne pardonne pas à Kitt ses erreurs du passé. La traque s'annonce tendue...d'autant que le criminel prend soin de ne laisser aucun indice derrière lui. ,
    Pourtant, Kitt tient peut-être une piste. Car le tueur d'anges s'intéresse particulièrement à elle. C'est à elle qu'il signale, au téléphone, que cette nouvelle série de crimes n'est qu'un vulgaire plagiat. Et qu'il charge Kitt, et elle seule, d'arrêter celui qu'il appelle son « copieur ». Indice crucial ou piège supplémentaire ? Kitt n'a pas d'autre choix que de suivre la règle du jeu imposée par le tueur...

     

    Auteur : Erica Spindler

     

    Edition : Harlequin Best Seller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2008

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : J’aime beaucoup l’écriture d’Erica Spindler. Quelque soit le sujet, que ce soit thriller ou romance, la sauce prend toujours.
    Au niveau des personnages, j’ai beaucoup aimé M.C. et Kitt, même si elles sont d’un caractère assez différent, du moins au début. Avec le temps, M.C., qui est une jeune inspecteur, commence à comprendre les façons de faire de Kitt, qui est plus âgée et qui a plus d’expérience, même si elle a passé des moments difficiles.
    D’ailleurs, M.C. prend assez mal que, malgré une mise à pied et une réintégration toute récente, Kitt soit en charge de l’enquête sous le prétexte que le tueur la contacte directement au téléphone et entame avec elle un jeu du chat et de la souris.
    Les meurtres sont parfaits, sans aucun indice, mais présentent des différences avec les meurtres commis 5 ans plus tôt.
    L’enquête est difficile et la vie personnelle des deux inspecteurs mise à mal autant par les différentes pistes que par le temps de l’enquête leur prend.
    Les pistes qui semblent prometteuses s’enchaînent mais ne donnent pas toujours satisfaction. Parfois elles ne donnent rien, parfois elles entraînent dans une mauvaise direction, parfois, et c’est là le plus difficile, elles apportent un indices mais rien de plus et noyé dans un flot d’informations sans intérêt.
    Au fil de l’enquête j’ai commencé à avoir quelques doutes sur certains personnages mais la fin m’a quand même scotchée. Comme quoi, même quand on trouve certains éléments de réponses, on n’a pas forcément le fin mot de l’histoire.
    J’ai lu ce livre presque d’une traite (oui parce que l’ayant commencé un soir, 500 pages, il a fallut que je le pose le temps de dormir) et je n’ai qu’une envie, me replonger dans un autre roman de cet auteur au plus vite !

    Un extrait : Les cheveux de la petite fille semblaient doux comme de la soie. Il avait une envie folle de les toucher, de les caresser, et maudit les gants en latex qu’il était obligé de porter. Les mèches avaient la couleur des épis de blé. Chez une enfant de dix ans, c’était inhabituel. Trop souvent, la blondeur de la petite enfance fonçait progressivement avec les années et prenait une teinte plus trouble, presque sale, que seule l’oxygénation permettait de raviver.
    Il inclina la tête, satisfait de son choix. Elle était encore plus belle que la dernière petite fille ; proche de la perfection.
    Il se pencha davantage sur elle, lui caressa la tête. Ses yeux bleus le fixaient d’un regard sans vie. Il inspira profondément, s’enivrant de sa douce odeur de petite fille.
    Doucement…doucement.
    Surtout, ne pas laisser la moindre trace.
    L’Autre réclamait la perfection absolue. Il le harcelait sans relâche, de plus en plus exigeant. Et le surveillait constamment. Chaque fois qu’il jettait un coup d’œil derrière lui, l’Autre était dans son dos.
    Il sentit ses traits se crisper et s’efforça de chasser toute trace d’émotion de son visage.
    Ma jolie poupée. La plus belle des créations.
    Mon bel ange endormi.
    C’était Kitt Lundgren, la détective, qui la première avait trouvé les mots – Le tueur d’anges. Les médias s’en étaient aussitôt emparés.

    Ce nom lui plaisait.
    Mais il déplaisait à l’Autre. Rien, jamais, ne lui faisait plaisir.
    Il acheva rapidement de tout arranger : les cheveux de la petite fille ; sa belle chemise de nuit, ornée de rubans de satin, qu’il avait choisi spécialement pour elle. Tout devait être exactement ainsi.
    Absolument parfait.
    Et à présent, la touche finale. Il sortit de sa poche le tube de gloss rose pâle, et en passa une couche sur les lèvres de la petite fille, d’un geste plein de douceur. La couleur devait rester uniforme, ne pas déborder.
    Puis il contempla son œuvre avec un sourire.
    Bonne nuit, mon petit ange. Dors bien.