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Livres - Page 72

  • [Livre] La malédiction du roi

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    Résumé : Considéré comme une menace au trône pour le volatile roi Henry VII, Margaret Pole, cousine d’Elizabeth d’York (connue sous le nom de la princesse Blanche) et la fille de George, duc de Clarence, sera mariée à un partisan du roi de la maison Lancastre, Sir Richard Pole. Pour sa loyauté, Sir Richard est chargé de la gouvernance du pays de Galles, mais la vie rangée de Margaret est changée à jamais avec l’arrivée d’Arthur, le jeune prince de Galles, et de sa belle épouse, Catherine d’Aragon. Margaret devient vite une personne de confiance et amie des nouveaux mariés, cachant ses propres liens royaux au service des Tudors. Après la mort soudaine du Prince Arthur, Katherine maintenant veuve part pour Londres, et garde sa promesse faite lors du décès de son mari en se mariant avec son frère, Henry VIII. Le monde de Margaret est chamboulé par la convocation surprenante à la cour, où elle devient la première dame de compagnie de la reine Catherine. Mais cette vie idyllique ne durera que jusqu’à la montée d’Anne Boleyn, et la déchéance des Tudors. Margaret doit choisir son allégeance au roi tyran, ou à sa reine bien-aimée; l’amour de sa religion ou la théologie des nouveaux maîtres. Prise entre l’ancien et le nouveau monde, Margaret Pole doit trouver son propre chemin, tout en portant le fardeau d’une vieille malédiction qui afflige tous les Tudors.

     

    Auteur : Philippa Gregory

     

    Edition : Editions ADA

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 1 Octobre 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Pour moi Philippa Gregory est l’une des spécialistes des Tudor. Ses romans, bien que romancés et présentant des interprétations personnelles de certains faits, ce dont elle ne se cache pas, nous apprennent souvent des faits historiques peu connus qui se vérifient aisément.
    Après "La reine clandestine », « La fille du faiseur de roi » (que je n’ai pas encore lu) et « La princesse blanche », la malédiction du roi est le dernier tome de sa saga The cousin’s war qui décrit la guerre entre les Lancaster et les York (Tudor et Plantagenêt) pour le trône d’Angleterre. Il est dommage que tous les tomes n’aient pas été traduits en français, car, s’il y a une certaine chronologie entre eux, Philippa Gregory a raconté chacun du point de vue d’un ou des personnages centraux de la période concernée (toujours des femmes).
    Dans ce tome, on suit Margaret Pole, née Plantagenêt d’York, comtesse de Salisbury, depuis l’exécution de son frère, alors qu’elle n’a que 26 ans, sous le règne d’Henry VII, jusqu’à sa mort en 1540, sous celui d’Henry VIII.
    A travers l’histoire de Margaret, on va découvrir sous un autre angle la fin de la vie d’Elisabeth d’York, mère d’Henry VIII, l’arrivée de Catherine d’Aragon en Angleterre, l’accession au trône d’Henry VIII, fils cadet d’Henry VII, les mariages successifs du Barbe-bleue anglais (les 5 premiers, Margaret étant décédée peu après le mariage d’Henry avec sa cinquième épouse, Katherine Howard), les persécutions religieuses…
    A la fin du livre, en postface, elle nous livre même une hypothèse intéressante qui pourrait expliquer non seulement le nombre d’enfants morts nés dans les divers mariages du roi mais également son attitude emportée, violente et paranoïaque qui n’a fait que s’accentuer au fil des années et qui n’aurait comme cause que la génétique et la maladie.

    L’écriture de Philippa Gregory est addictive, les éléments purement historiques habilement dispensés au travers d’une histoire passionnante (l’Histoire cachée dans l’histoire). Ceux qui aiment l’histoire en elle-même trouveront ici des pistes de recherche, des idées de lectures plus techniques. Ceux qui n’apprécient pas plus que ça l’Histoire, pourront en prendre connaissance sans le coté fastidieux que peuvent avoir une liste de faits et de dates.

     

    Comme toujours dans les romans de Philippa Gregory, l’héroïne n’est pas exempt de défauts. Margaret Pole vit dans la peur, elle est souvent hypocrite et opportuniste et son attitude vis-à-vis de ses deux plus jeunes fils est presque criminelle : l’un gâté au point d’être incapable de faire montre d’un peu d’honneur, l’autre envoyé contre son gré dans le giron de l’église et éloigné dès son plus jeune âge de sa famille.

     

    Que l’on connaisse l’Histoire des Tudor ou pas, on est si emporté dans le livre de Philippa Gregory que l’on tremble à chaque page, en se demandant qui sera le prochain à être victime de la folie paranoïaque du roi et de la cupidité de ses conseillers (oui, oui, même si on le sait déjà). On tremble pour Lady Mary, qui risque sa vie, du fait de sa seule existence à chaque page (et pourtant on sait bien qu’elle finira par monter sur le trône, mais on a peur pour elle quand même).

     

    C’est un livre très dense, qui contient énormément d’informations, ce qui fait que je ne l’ai pas lu aussi vite qu’un autre. Je ne voulais pas prendre le risque de mal comprendre un passage ou de rater des éléments. Mais d’un autre côté, on réalise à peine qu’il fait plus de 500 pages tant on a du mal à quitter Margaret Pole et les Tudor.


    J’espère vraiment pouvoir bientôt me replonger dans un nouveau tome, que les éditeurs français ne vont pas laisser ces pépites uniquement aux anglophones. Pour ma part, je sais au moins qu'il me reste à lire « la fille du faiseur de roi ». Et je m’en réjouie d’avance.

    Un extrait : À mon réveil, je me sens innocente, la conscience tranquille. En ce premier instant d’hébétude, tandis que j’ouvre lentement les yeux, je ne pense à rien ; je ne suis qu’une jeune femme de vingt-six ans, au corps musclé et à la peau douce, qui s’éveille avec joie à la vie. Je n’ai pas conscience de mon âme immortelle, ni du péché ou de la culpabilité. Je suis si délicieusement, paresseusement somnolente que je sais à peine qui je suis.

    À la lumière entrant par les volets, je comprends que la matinée est déjà bien avancée. Alors que je m’étire voluptueusement à la manière d’un chat, reposée, je me rappelle mon épuisement de la veille. Puis soudain, comme si la réalité s’abattait sur ma tête tels de lourds ouvrages tombés d’une haute étagère, je me souviens que je ne vais pas bien, que rien ne va. C’est le matin que j’espérais ne jamais voir, car ce matin je ne peux renier mon nom mortel : je suis l’héritière de sang royal, et mon frère – aussi coupable que moi – est mort.

    Assis sur le bord du lit, mon époux est vêtu de son gilet en velours rouge, sa veste accentuant sa corpulence, sa chaîne en or de chambellan du prince de Galles sur son large torse. Lentement, je me rends compte qu’il attendait mon réveil, le visage contracté par l’inquiétude.

    – Margaret ?

    – Ne dites rien.

    Je réagis comme une enfant, comme si taire les faits pouvait les repousser. Je me détourne et enfouis la tête dans l’oreiller.

    – Vous devez être courageuse.

    Avec désespoir, il me tapote l’épaule comme si j’étais un chiot malade. C’est mon époux, je n’ose pas l’ignorer ni l’offenser. Il est mon seul refuge. Je suis cachée en lui – mon nom dissimulé dans le sien –, coupée de mon titre aussi nettement que s’il avait été décapité puis emporté dans un panier.

    Mon nom est le plus dangereux d’Angleterre : Plantagenêt. Autrefois, je le portais fièrement telle une couronne. J’étais Margaret Plantagenêt d’York, nièce de deux rois, les frères Édouard IV et Richard III. Le troisième frère était mon père, Georges, duc de Clarence. Ma mère, la femme la plus riche d’Angleterre et la fille d’un homme si grand qu’il était surnommé le « faiseur de rois ». Mon frère, Teddy, a été nommé héritier du trône d’Angleterre par notre oncle, le roi Richard. À nous deux – Teddy et moi – nous possédions l’amour et la loyauté de la moitié du royaume. Nous étions les nobles orphelins Warwick, sauvés du destin, arrachés à l’emprise maléfique de la Reine blanche, élevés dans la nurserie royale au château de Middleham par la reine Anne en personne, et rien, absolument rien au monde n’était trop bien, trop luxueux ou trop rare pour nous.

    Cependant, lorsque le roi Richard a été tué, nous sommes passés du jour au lendemain d’héritiers du trône à prétendants, survivants de l’ancienne famille royale, pendant qu’un usurpateur s’emparait du trône. Que devait-on faire des princesses d’York ? Des héritiers de Warwick ? Les Tudors, mère et fils, avaient la réponse toute prête. Nous serions mariés dans l’ombre, cachés dans l’union. À présent, je suis donc en sécurité, rabaissée de plusieurs rangs jusqu’à me glisser sous le nom d’un pauvre chevalier dans un petit manoir au centre de l’Angleterre, où la terre est bon marché et où personne, pour la promesse de mon sourire, ne partirait au combat en criant « À Warwick ! »

    Je suis Lady Pole. Pas une princesse ni une duchesse, ni même une comtesse, seulement l’épouse d’un modeste chevalier, plongée dans l’obscurité tel un emblème brodé oublié dans un coffre à vêtements. Margaret Pole, jeune épouse enceinte de Sir Richard Pole, à qui j’ai déjà donné trois enfants, dont deux garçons : Henri, nommé obséquieusement d’après le nouveau roi Henri VII, et Arthur, nommé mielleusement d’après son fils le prince Arthur. Ayant le droit de choisir le prénom d’une simple fille, j’ai appelé la mienne Ursula, d’après une sainte qui a préféré la mort au mariage avec un inconnu dont elle aurait été obligée de prendre le nom. Je doute que quiconque ait remarqué ma petite rébellion ; j’espère bien que non.

    Mon frère, quant à lui, ne pouvait pas être rebaptisé en se mariant. Peu importe qui aurait été son épouse, si humble fût-elle, elle ne pouvait pas lui donner son nom comme mon époux le sien. Il resterait Édouard Plantagenêt, comte de Warwick, héritier légitime du trône d’Angleterre. Quand serait levée sa bannière – et quelqu’un, tôt ou tard, n’y manquerait pas – la moitié de l’Angleterre accourrait simplement pour apercevoir cette fameuse broderie blanche. C’est ainsi qu’ils l’appellent : « la Rose blanche ».

    Alors, puisqu’ils ne pouvaient pas lui prendre son nom, ils lui ont pris sa fortune et ses terres. Puis sa liberté, en l’envoyant dans la tour de Londres tel un étendard oublié parmi d’autres objets sans valeur, au milieu de traîtres, de débiteurs et de fous. Toutefois, même sans serviteurs ni propriétés, sans château ni éducation, mon frère conservait son nom, le mien, et son titre, celui de mon grand-père. Il demeurait le comte de Warwick, la Rose blanche, l’héritier du trône Plantagenêt, un reproche vivant et constant aux Tudors qui se sont approprié ce trône. Ils ont emmené un petit garçon de onze ans dans l’obscurité et ne l’ont pas ressorti avant qu’il soit devenu un homme de vingt-quatre ans. Il n’avait pas senti l’herbe des prés sous ses pieds depuis treize ans. Une fois dehors, il a peut-être savouré le parfum de la pluie sur la terre humide, les cris des mouettes au-dessus du fleuve, les rires d’hommes libres, les Anglais, ses sujets derrière les hauts remparts. Encadré par deux gardes, il a traversé le pont-levis, gravi la colline de la Tour, s’est agenouillé devant le billot, puis a baissé la tête comme s’il méritait ce sort, qu’il était prêt à mourir ; enfin ils l’ont décapité.

     

  • [Livre] Amoureuses Anonymes

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    Résumé : Depuis qu’Éric l’a larguée pour une pin-up de 23 ans à forte poitrine, Sophie devient dingue. Quand son amie Annie est arrêtée pour conduite en état d’ébriété, et est contrainte d’assister aux réunions des alcooliques anonymes, c’est le déclic. L’amour est une drogue. Pour lutter contre les overdoses, Sophie accueille chez elle les « amoureuses anonymes ». Entre celles qui font une fixette et les désespérées qui pleurent un amour perdu, elle va trouver un moyen de les guérir de leur dépendance à l’amour.

    Auteur : Jo Piazza

     

    Edition : Milady

     

    Genre : Chick lit

     

    Date de parution : 12 Juillet 2013

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Après quelques lectures « difficiles » (pas parce que je n’ai pas aimé les livres mais parce que les sujets n’étaient pas toujours très gais), il me fallait une petite comédie romantique, une lecture légère, pour rebooter mon cerveau.
    J’ai beaucoup aimé l’idée de Sophie de créer les Accros à l’Amour Anonymes (les AAA) qu’elle appelle régulièrement les Amoureuses Anonymes pour aller plus vite.
    Il faut dire qu’être « exilée » dans l’immense maison de sa grand-mère qui vient de décéder alors qu’on est une pure new-yorkaise, ça repose. Parce que la maison ne se trouve peut-être qu’à 30 min en train de Manhattan, mais le dépaysement est complet et loin de l’agitation de la ville, il est plus facile de se pencher sur le fond du problème.
    Et le fond du problème n’est pas tant d’avoir été largué (les hommes sont des salauds, en général cette phrase remonte le moral) que de se mettre toujours en situation de l’être, que ce soit par un comportement (Comme Sophie qui force la main à ses petits copains pour qu’ils formulent des sentiments qu’ils ne ressentent pas forcément) ou par un choix de relation (Comme Katrina qui ne craque que sur des fils à maman, homosexuels refoulés).
    L’histoire est presque un huis-clos, pendant une grande partie du roman, on ne quitte pas la maison de la grand-mère, et on assiste à la lente reconstruction de l’amour-propre de femmes qui n’ont à l’origine rien en commun mais qui vont devenir les meilleures amies du monde.
    Au fil des anecdotes racontées par les Amoureuses Anonymes, on se retrouve, quand on a aussi agi de cette façon-là après une rupture, ou on se rassure en se disant que ça va, il y a plus taré que nous.

    Après, c’est une comédie sentimentale, donc on s’en doute, tout va plus ou moins bien finir pour chacune et chacun des protagonistes, même si c’est à des degrés différents.
    Mais c’était absolument ce qu’il me fallait : une lecture légère, drôle, et même un peu prévisible. Une lecture sans prise de tête, pour bien débuter la semaine !

    Un extrait : Je fus tirée de mon hébétude avinée par les paroles de Rump Shaker.

    All I wanna do is zoom zoom and boom boom, just shake your…

    J’avais la bouche spongieuse, et je dus me passer la langue sur les lèvres pour m’assurer que j’étais capable de former des mots. Il fallait que je change de sonnerie.

    C’était Eric.

    Le moment était peut-être enfin arrivé. Il m’appelait pour s’excuser. Vulgos avait péri dans un tragique accident de tapis roulant à la salle de sport, et il m’attendait déjà à la gare avec des fleurs et des ballons, comme dans la scène finale de Love Actually lors des retrouvailles à l’aéroport, au moment où l’on comprend que l’amour est effectivement partout.

    Il y avait un homme très, très en colère à l’autre bout du fil.

    — Enlève-le, Sophie.

    — Hein ? Eric ?

    — Enlève mon pénis d’Internet, grogna-t-il.

    Il termina sa phrase par une sorte de couinement paniqué, révélant qu’il pensait (non, qu’il savait) s’adresser à quelqu’un dont toutes les cases n’étaient pas bien fixées.

    Oh, misère !

    La nuit précédente me revint soudain en un flou accéléré.

    Lorsque j’avais englouti la dernière goutte de ma seconde bouteille de vin, Annie m’avait aidée à dresser une liste des raisons pour lesquelles Eric était affreux, horrible, pas bien et très nul. J’ai toujours aimé faire des listes. Je m’en sers presque tout le temps, que ce soit pour faire des courses au supermarché ou pour planifier mes week-ends.

    — Et la fois où il est revenu d’Europe et qu’il s’est mis à embrasser tout le monde sur les deux joues comme un comte ou un mannequin italien, crachai-je alors.

    — Ou le fait qu’il n’acceptait jamais de s’asseoir à la première table qu’on lui proposait au restaurant, ajouta Annie. Il faisait toujours passer le serveur pour un imbécile en choisissant une autre table, arbitrairement, juste pour se donner l’air snob et exigeant.

    — Oh ! Oh ! Ou sinon, le fait qu’il ne disait jamais juste « je te présente mes amis de la fac » ou « je te présente mes amis du lycée » ; il fallait toujours qu’il dise : « Je te présente mes potes d’Exeter. »

    C’est alors qu’Annie sortit la perle qui devait nous pousser à commettre l’impensable :

    — Tu te souviens, quand il avait eu cette phase « textos cochons » dégoûtante et qu’il passait son temps à t’envoyer des photos de son sexe ? Les pénis, c’est vraiment immonde. Personne ne devrait jamais les prendre en photo. On dirait des monstres marins prêts à attaquer. Beeeeurk… C’est en partie pour ça que j’aime les filles.

    Eric n’avait fait ça qu’une semaine, avant d’apprendre que j’étais pour le moins réticente à cette méthode moderne de déclarer son amour. J’avais essayé, mais je n’arrivais pas à me résoudre à prendre des photos de mes parties intimes pour les envoyer sous forme numérique. Il faut dire aussi que les gros plans n’étaient jamais flatteurs à leur égard, et ce quelle que soit la lumière (j’avais testé de nombreux éclairages).

    Évidemment, Vulgos le faisait sans arrêt. J’avais trouvé les textos le même jour que les mails compromettants. L’iPhone d’Eric ressemblait à un exemplaire de Penthouse.

     

  • [Livre] Super-Vanessa et la crique aux fantômes

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : La petite ville de Cygne-sur mer est perturbée par des événements inquiétants : une lueur dans la maison vide sur la falaise, des esprits frappeurs qui exigent qu’on se brosse les dents, un tout petit monstre qui pousse des hurlements terrifiants, des parents aux allures d’ogres, et maintenant des fantômes d’affreux pirates morts ! Brrrr… Vanessa, la fille la plus super des terres du sud-est, mobilise sa petite bande de copains pour faire face à ces épreuves. Rejoignez avec elle (Super-)Louis, Gustave-Brutus, Marius-la-ficelle et Adam-le-roux, pour une aventure effrayante… mais aussi très tendre et drôle !

     

    Auteur : Florence Hinckel

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 24 août 2016

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : De Florence Hinckel, je n’avais lu jusque là que le tome de U4 dont elle s’est chargée et qui n’a pas franchement la même cible. J’avais beaucoup aimé son écriture dans cette histoire plutôt sombre (même si je n’ai pas trop apprécié les clichés sur Marseille et sa criminalité).
    Ici, je découvre la plume de l’auteur sous un autre jour, dans un roman destiné à un public bien plus jeune et où il y a plus d’humour que de drames.
    Dès la première page, qui est une page d’avertissement aussi bien pour les enfants que pour leurs parents, le ton est donné. On sait que ce livre sera plein d’aventures, de fantômes, de pirates, de frissons et surtout de rire, car rien que cette page a commencé à me faire glousser.
    Intercalés dans les aventures proprement dites, Florence Hinckel aborde également des thèmes comme les rapports avec les parents, la jalousie, le deuil…
    Les personnages, que ce soit Vanessa et ses amis ou les adultes, ne sont pas parfaits. Ils ont des failles et un physique qui les rapprochent de tout un chacun. On n’est pas là en face d’une ville peuplés de gravures de mode qui donne une fausse idée de la vraie vie aux enfants. Il y a des parents qui travaillent, avec des horaires parfois difficiles, des qui n’assurent pas, des qui font de leur mieux… Et du côté des enfants, ils sont parfois vantards, parfois peureux, parfois rancunier…
    Leurs défauts les rendent plus vrais, plus réels et on les en apprécie d’autant plus.

    Comme souvent dans les Pepix, l’histoire est parcourue de pages bonus : carte du village, mode d’emplois pour réaliser un film d’horreur, les lieux les plus angoissants, comment enregistrer un vrai cri d’horreur, etc…
    D’ailleurs, j’ai beaucoup aimé la fin qui se rapporte à un élément que l’on trouve dans l’une de ces pages bonus.
    Dans les personnages secondaires, j’ai beaucoup aimé Marguerite et j’espère qu’on la verra plus dans un prochain tome, puisqu’il semblerait qu’elle ait maintenant vraiment rejoint la bande d’amis.
    Toute cette petite équipe fait penser à une mini-scoubidoo team. Avec des vélos à la place de la camionnette et sans grand chien idiot qui les suit partout.
    Je n’ai pas lu le premier tome, qui semble se dérouler du point de vue de Louis, mais a priori, les histoires sont indépendantes, donc ça ne pose pas vraiment de problèmes.
    Côté illustrations, je ne peux pas vraiment me prononcer car je n’y prête jamais vraiment attention. Cependant, j’ai beaucoup aimé Vanessa, avec son petit air de lutin et je suis sûre que ces dessins renforceront l’envie de découvrir l’histoire chez les plus jeunes.
    Encore un excellent livre sont il me tarde de lire d’autres tomes pour retrouver toute cette joyeuse petite bande !

    Un extrait : Loulou, je l’adore parce qu’il est super-gentil avec moi, même si des fois il est dans la lune et que sa seule passion dans la vie, ce sont les super-héros. Il a vu tous les films Marvel, et il possède des tonnes de BD qui racontent la vie de Spiderman, Iron Man, Superman, bref tous ces noms qui riment avec banane (même si je crois que ce n’est pas fait exprès). Loulou est aussi très gourmand et du coup il n’est pas franchement maigrelet, si vous voyez ce que je veux dire. Bon, pas obèse non plus, hein, il a juste de bonnes joues qui lui donnent un air sympa, en tout cas, je trouve.
    Si j’ai freiné brutalement, c’est parce que j’ai vu mon Loulou tout triste, assis la tête dans les mains, sur le perron de sa maison toute simple, toute blanche à un étage. Moi, elle me fait penser à la maison des Simpson, vous savez, le dessin animé ? Je jette mon vélo dans l’herbe du petit jardin de devant, sans clôture autour, je vais m’asseoir à côté de Louis, je reste deux secondes à ses côtés sans rien dire, puis je chuchote :

    - Toi, tu penses à ton papa.

    Le père de Loulou est mort quand il était petit. Il était pompier et il a disparu dans les flammes en sauvant des gens. Un héro, quoi. Louis me jette un regard surpris.

    - Vanessa, t’es aussi douée que ta super-mamie. Tu devines tout !

    Je soupire. Ma mamie (qui est au ciel maintenant), si vous voulez savoir, elle était voyante. Ca veut dire qu’elle prédisait leur avenir aux gens qui n’aiment pas les surprises. Louis soupire aussi, et poursuit :

    -C’est comme la fois où tu m’as dit : Demain, la maîtresse ne viendra pas et ne reviendra plus jamais ! C’est là que j’ai su que tu avais le super-pouvoir de tout deviner ! tu as encore plus de pouvoirs que Super-Girl !

    Super-Girl est une jeune fille invulnérable, elle vole plus vite que la lumière, elle est dotée d’une super-ouïe, d’un super-souffle, d’une super-mémoire, d’une super-intelligence, elle dégage de la chaleur avec ses yeux, et en plus de ça elle voit très loin (mais pas dans l’avenir, elle). C’est un chouette compliment de me comparer à Super-Girl, mais je ne le mérite pas.

     

  • [Livre] Le chagrin des vivants

    Je remercie ELLE pour cette lecture dans le cadre du grand prix des lectrices

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    Résumé : Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l’Angleterre attend l’arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France. Alors que le pays est en deuil et que tant d’hommes ont disparu, cette cérémonie d’hommage est bien plus qu’un simple symbole, elle recueille la peine d’une nation entière. 
    À Londres, trois femmes vont vivre ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l’armée ; Ada, qui ne cesse d’apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d’anciens soldats sur la piste du Hammer-Smith Palais pour six pence la danse. 
    Dans une ville peuplée d’hommes incapables de retrouver leur place au sein d’une société qui ne les comprend pas, rongés par les horreurs vécues, souvent mutiques, ces femmes cherchent l’équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les cœurs s’apaisent.

     

    Auteur : Anna Hope

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : roman contemporain

     

    Date de parution : 25 janvier 2016

     

    Prix moyen : 23€

     

    Mon avis : Bien que ce ne soit pas un coup de cœur, j’ai beaucoup apprécié cette lecture.
    On va suivre trois femmes : Ada, la cinquantaine, qui a perdu son fils au front, dans des circonstances qu’elle ignore, ce qui la ronge. N’ayant pas reçu de lettre personnalisée lui racontant les derniers instants de son fils et le lieu où il a été enterré, elle refuse d’accepter sa mort et le voit sans arrêt, à tous les coins de rue, délaissant son époux, jack, qui semble vivre plus mal les réactions de sa femme que la perte de son fils.
    Evelyn, la trentaine, fille de bonne famille, qui rejette les siens et leur mode de vie depuis que son fiancé a été tué en France. Elle est amère et sèche envers les siens, distante et hautaine envers les soldats qu’elle croise au bureau des pensions où elle travaille. Elle cherche à comprendre ce qui a changé son frère, qui est revenu indemne, du moins physiquement, du front.
    Enfin, il y a Henrietta « Hettie ». Elle est danseuse de compagnie pour 6 pences la danse et doit verser la moitié de son salaire à sa mère, vu que son frère, traumatisé, ne cherche pas de travail et que son père est mort de maladie. Elle semble étouffer dans sa vie, elle supporte mal de se voir dépouiller de son salaire, de ne rien pouvoir s’acheter et étouffe avec une mère qui voudrait qu’Hettie soit aussi terne et résignée qu’elle. Mais difficile de demander à une jeune fille de 19 ans de renoncer à la vie.
    A l’exception de Hettie, j’ai toutefois eu du mal à m’attacher aux personnages. Evelyn m’est apparue trop distante et Ada trop peu présente.
    Ces trois femmes ne se sont jamais vues, ne se connaissent pas, et pourtant, sans le savoir, leur vie sont liées, par le biais de certaines de leurs relations (que ce soit un frère, un prétendant…).
    La guerre est omniprésente, bien qu’elle soit terminée depuis environ 2 ans. Parce qu’il y a le souvenir des morts, certes, mais il y a surtout ceux qui sont revenus : mutilés, changés profondément, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Ces personnes-là oscillent entre mépris envers celles qui, selon eux ne peuvent pas comprendre ce qu’ils ont vécu, souhait de se réintégrer à une société qu’ils dérangent, désir de trouver enfin la paix…
    L’histoire se déroule sur 5 jours et a pour toile de fond le rapatriement du « soldat inconnu » qui doit devenir le symbole de tous les disparus de la guerre, ceux sur la tombe desquels les familles ne pourront jamais se recueillir.
    A travers le déroulement de la vie d’Ada, Hettie et Evelyn sur ces cinq jours, on peut voir à quel point la guerre a un impact sur ceux qui ne l’ont pas vécu en première ligne. En dehors du black-out et des risques de bombardements, il y a l’inconnu que vivent les êtres aimés qui sont au front et qu’on ne peut qu’imaginer, l’incertitude, l’incompréhension, les lettres type annonçant le pire mais si impersonnelles qu’elles ne permettent pas de faire son deuil…
    Les récits concernant les trois femmes s’alternent assez rapidement, on ne reste pas centré sur l’une d’elle pendant des pages et des pages avant de passer à la suivante. Cela accentue le fait que le roman s’étale sur un délai assez court et que les évènements vécus par les trois femmes se déroulent en parallèle les uns des autres.
    Régulièrement, on suit le trajet du soldat inconnu, depuis la tombe anonyme à laquelle il a été arraché jusqu’à son arrivée pour la cérémonie à Londres où on espère qu’il aidera le pays à faire son deuil.

    C’est un roman très touchant, et j’ai beaucoup aimé, même s’il a manqué la petite étincelle, le petit je-ne-sais-quoi qui fait d’un livre un coup de cœur.

    Un extrait : Hettie frotte sa manche contre la vitre embuée du taxi et scrute au-dehors. Elle ne discerne pas grand-chose, en tout cas rien qui ressemble à un night-club, seulement des rues vides et obscurcies. Jamais on n’aurait cru qu’elles ne se trouvaient qu’à quelques secondes de Leicester Square.

    « Là, s’il vous plaît, lance Di au chauffeur, penchée en avant.

    — Ça fera une livre, alors. »

    Il allume son enseigne lumineuse, le moteur ronronne.

    Hettie donne sa contribution de dix shillings. Un tiers de sa paie. Son estomac se serre quand l’argent est passé à l’avant. Mais le taxi n’est pas un luxe, pas à cette heure-là : les bus ne roulent plus et le métro est fermé.

    « Ça les vaudra, murmure Di alors qu’elles s’extirpent de la voiture. Promis. Je le jure sur ma vie. »

    Le taxi s’éloigne et leurs mains se cherchent dans la descente d’une ruelle sans éclairage, leurs chaussures de danse crissant sur le gravier et le verre. Malgré le froid, un îlot de transpiration se forme au creux des reins de Hettie. Il doit être une heure bien tassée, elle n’est jamais sortie aussi tard. Elle pense à sa mère et à son frère, qui dorment à poings fermés à Hammersmith. Dans quelques petites heures, ils se lèveront pour aller à l’église.

    « Ce doit être ça. »

    Di s’est arrêtée devant une vieille maison à trois étages. Aucune lumière ne filtre à travers les volets clos et seule une petite ampoule bleue éclaire la porte.

    « Tu es sûre ? demande Hettie, dont la respiration se condense dans l’air glacial.

    — Regarde. »

    Di désigne une petite plaque clouée au mur. Ce panneau est très ordinaire, ce pourrait même être celui d’un médecin ou d’un dentiste. Mais il y a un nom là, gravé dans le bronze : DALTON’S No 62.

    Dalton’s.

    Night-club légendaire.

    Tellement légendaire que d’aucuns disent qu’il n’existe pas.

    « Prête ? »

    Di décoche un sourire grivois fugitif, puis lève la main et frappe. Un panneau coulisse. Deux yeux pâles dans un rectangle de lumière.

    « Oui ?

    — J’ai rendez-vous avec Humphrey », répond Di.

    Elle prend sa voix distinguée. Derrière elle, Hettie est submergée par l’envie de rire. Mais la porte s’ouvre. Elles doivent se mettre de profil pour entrer. De l’autre côté il y a un hall exigu, à peine plus grand qu’un placard, où un jeune portier se tient derrière un haut bureau en bois. Son regard glisse sur Hettie, vêtue de son manteau marron et de son béret écossais, mais s’attarde sur Di, avec ses yeux sombres et les pointes coupées de ses cheveux qui dépassent tout juste de son chapeau. Di a cette façon particulière de regarder en coin vers le bas, avant de remonter lentement. Cela pousse les hommes à la dévisager. Elle le fait à présent. Hettie voit les yeux du portier s’agrandir, pareils à ceux d’un poisson à l’hameçon.

    « Il faut signer le registre, finit-il par dire en désignant un grand livre ouvert à plat devant lui.

    — Sûr. »

    Di retire un gant, se penche et signe d’un grand geste exercé.

    « À toi », lance-t-elle en tendant le stylo à Hettie.

    Du niveau inférieur leur parvient la pulsation de la musique : une trompette grisante. Une femme pousse un cri de joie. Hettie sent son cœur : poum poum poum. Sur la signature de Di, laquelle a débordé de son cadre sur la ligne en dessous, l’encre brille. À son tour Hettie retire son gant et griffonne son nom : Henrietta Burns.

    « Bien, allez-y. »

    L’homme recule le registre en désignant derrière lui l’escalier plongé dans l’obscurité.

    Di passe en premier. Les vieilles marches grincent et alors que Hettie tend le bras pour se stabiliser, elle sent sous ses doigts des écaillures de mur humides. Ce n’est pas ce qu’elle s’était imaginé : cela n’a rien à voir avec le Palais, où le prestige fait devanture. Jamais on ne croirait que ce vieil escalier moisi mène où que ce soit d’intéressant. Cependant à présent elle entend distinctement la musique, des gens qui parlent, le bruit rapide des pieds sur le sol, et comme elles atteignent le bas des marches, une vague de panique menace de la balayer.

    « Tu vas rester près de moi, n’est-ce pas ? s’inquiète-t-elle en attrapant le bras de Di.

    — Sûr. »

    Di lui attrape la main, la serre, puis ouvre la porte.

     

  • [Livre] Rêver

     

    Je remercie ELLE pour cette lecture dans le cadre du grand prix des lectrices

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    Résumé : « Pour la plupart des gens, le rêve s’arrête au réveil. »
    Si ce n’étaient ses cicatrices et les photos étranges qui tapissent les murs de son bureau, on pourrait dire d’Abigaël qu’elle est une femme comme les autres.
    Si ce n’étaient ces moments où elle chute au pays des rêves, on pourrait jurer qu’Abigaël dit vrai.
    Abigaël a beau être cette psychologue qu’on s’arrache sur les affaires criminelles difficiles, sa maladie survient toujours comme une invitée non désirée. Une narcolepsie sévère qui la coupe du monde plusieurs fois par jour et l’emmène dans une dimension où le rêve empiète sur la réalité. Pour les distinguer l’un de l’autre, elle n’a pas trouvé mieux que la douleur.
    Comment Abigaël est-elle sortie indemne de l’accident qui lui a ravi son père et sa fille ? Par quel miracle a-t-on pu la retrouver à côté de la voiture, véritable confetti de tôle, le visage à peine touché par quelques bris de verre ? Quel secret cachait son père qui tenait tant, ce matin de décembre, à s’exiler pour deux jours en famille ? Elle qui suait sang et eau sur une affaire de disparitions depuis quelques mois va devoir mener l’enquête la plus cruciale de sa vie. Dans cette enquête, il y a une proie et un prédateur : elle-même.

     

    Auteur : Franck Thilliez

     

    Edition : Fleuve noir

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 26 mai 2016

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Ce roman je craignais un peu de le lire parce que, jusqu’à présent, je n’ai jamais réussi à dépasser les vingt premières pages d’un roman de Thilliez.
    Et bien, après avoir lu « Rêver », je me dis que peut être, je dis bien peut être, que j’ai tenté de lire d’autres romans de cet auteur à un mauvais moment, que je n’étais pas dans le bon état d’esprit pour ce genre de livre (du coup, livres à retenter).
    Du coté des points négatifs, j’admets qu’il y en a peu. Le premier tient au roman en lui-même : j’ai trouvé les alternances chronologiques difficiles à suivre car on alterne entre trop de dates différentes. Il est déjà difficile de s’y retrouver entre la réalité et les rêves d’Abigaël pour ne pas rajouter des difficultés supplémentaires. Quelques unes apportent du piquant à l’histoire, trop nuisent à la lecture (et franchement, avoir les chapitres dans l’ordre grâce au code qu’il faut trouver dans le livre, ne sert à rien car cette information est donnée à la fin du livre. Vous vous voyez relire, immédiatement après l’avoir refermé, un polar de près de 600 pages, juste pour lire les chapitres dans un ordre différent ?), même s’il y a une ligne de temps, au début de chaque changement de période, qui nous aide à nous repérer.
    Le second point « négatif » tient au chapitre 57. Déjà, pour ceux qui comme moi lisent les remerciements avant de lire le livre, et donc sont tombés sur la page qui parle du code à trouver, il est fort à parier que vous trouverez ledit code avant d’arriver au chapitre 56. Dans ce cas là, NE LISEZ PAS LE CHAPITRE 57 !!!! J’insiste ! Il en dévoile beaucoup trop ! Lisez-le après avoir lu le roman si vous y tenez, mais ne le lisez pas à la place que sa numérotation lui donne.
    J’ai aussi regretté qu’on ne puisse pas imprimer ce chapitre (j’ai horreur de lire sur ordinateur).
    Ceci étant dit, parlons du roman proprement dit.

    Rêver est un terme trop gentil pour ce qui arrive à Abi quand elle entre en sommeil paradoxal ! Cauchemarder aurait été plus proche de la réalité.
    Il est certain que souffrir de narcolepsie et travailler comme psycho-criminologue auprès de la gendarmerie n’est pas des plus faciles. La réalité est suffisamment sordide pour envahir les rêves et quand différencier les deux est compliqué, la vie devient invivable. Souvent, la solution à des interrogations apparaît à Abi dans ses rêves, ce qui est difficiles à faire admettre (et pourtant, les rêves viennent bien du subconscient, non ?).
    Une fois que j’ai commencé à lire, j’ai été happé dans cette histoire et encore plus quand Abigaël s’y retrouve impliquée de façon plus personnelle, même si elle ne s’en rend compte que par à-coups.
    On en apprend plus sur la narcolepsie, la cataplexie, les rêves imbriqués… et ça fiche quand même bien la trouille ! (Et c’est contagieux ! J’ai jamais eu autant envie de dormir au boulot qu’en lisant ce livre… peut être pour tenir plus longtemps le soir pour le continuer…)
    Du fait de la maladie d’Abi, nous, lecteurs, en savons toujours un peu plus qu’elle. Guère plus car on ne sait que ce qu’elle apprend, mais on s’en rappelle mieux que l’enquêtrice. Et ça nous fait nous attacher encore plus à elle car elle n’a aucun moyen de prouver qu’elle ne devient pas folle !
    Il n’y a aucune longueur dans ce roman, malgré ses 600 pages. On se trouve face à un véritable puzzle et pas des plus simples.
    J’ai eu deux hypothèses, une vers la moitié du livre et l’autre vers les deux tiers. La première était complètement fausse, mais la seconde était en partie vraie (en partie seulement, hélas).
    En revanche, si j’avais presque deviné certains éléments (c’est mieux que rien, non), je n’avais pas trouvé (mais alors pas du tout), l’identité du kidnappeur (pas plus que son mobile). J’ai d’ailleurs regretté qu’on n’ait pas eu une chance de découvrir son identité, ça m’énerve toujours un peu quand, au moment de révéler le nom du coupable, l’enquêteur nous sort une information qu’il n’avait pas partagé (genre Poirot…mais avec lui ça passe !).
    Malgré quelques petits points qui m’ont moins plu, Rêver est un roman complexe mais où chaque élément à son importance et nous emmène vers la solution.

    Un extrait : — Freddy s’amuse, il nargue, continua la psychologue, le doigt brandi. Jamais il ne livre la moindre information sur le fait que les enfants soient vivants ou pas. « Je suis celui qui dirige, j’ai le pouvoir de vie ou de mort sur les enfants. Comme le croquemitaine, je suis celui qui est venu les chercher à la nuit tombée, et vous n’avez rien pu faire. Vous êtes responsables et, moi, j’ai le pouvoir sur vous… » En constituant cet épouvantail, il crée un être hybride, sans identité propre, mi-monstre, mi-humain, personnage de cauchemar androgyne, qui pourrait témoigner d’une orientation sexuelle comme l’homosexualité ou la bisexualité…

    Le silence régnait au sein de la Veuve folie. Abigaël ne put réprimer un bâillement. Avant de poursuivre, elle but une gorgée d’eau pour cacher un soudain malaise, mais les échanges de regards entre gendarmes en disaient long. Pour avoir souvent travaillé avec elle, ils savaient que le sommeil allait très vite l’emmener sur ses rivages sombres. Abigaël était sûre qu’ils prenaient déjà les paris dans leurs têtes : Quand s’endormirait-elle ? Dans trente secondes ? Deux, cinq minutes ?

    Elle maintint la barre, l’attention ne devait surtout pas se relâcher :

    — Les témoignages concernant notre homme divergent parfois : Freddy se déguise, sûrement pour passer inaperçu, mais peut-être aussi parce qu’il se sent mal dans sa peau. Il n’assume pas son statut, le refoule, il se considère sans doute comme un inadapté. Cette colère sur le visage fabriqué pourrait être le reflet de ce qu’a été sa propre enfance. Lui aussi a été le fils d’un père, d’une mère, mais peut-être n’a-t-il pas eu de famille au sens affectif du terme, contrairement à ses victimes. En tout cas, je pense qu’il a subi un traumatisme grave dans sa prime jeunesse. Un isolement, une maltraitance… Pensez au sang et aux coups de griffes. Cet épouvantail, c’est une partie intime de sa personnalité qu’il nous livre, une facette de son visage… Pour ces multiples raisons, je pense qu’il agit seul. Sa quête est trop personnelle, elle ne concerne personne d’autre que lui. Elle le touche au plus profond de sa construction d’être humain.

    Nouveau bâillement, zygomatiques en folie. Abigaël sentit cette fois un intense engourdissement jusqu’à l’extrémité de ses doigts. Il fallait que le couperet tombe maintenant, au beau milieu de la réunion.

    — Désolée, mais je vais devoir baisser le rideau quelques instants.

    Elle vit un gendarme scruter discrètement l’heure et sourire. Celui-là avait dû gagner son pari.

    —  Ça tombe bien, fit Lemoine en se levant. On va faire une pause et fumer une cigarette ou deux en attendant.

    Abigaël bouillait de colère, mais ne le montra pas. Petite croix sur ses notes, remerciements sobres et excuses auprès de ce concentré de testostérone. En sortant rapidement de la pièce, elle en voulut à son corps déréglé, à sa fichue maladie du sommeil. Pourquoi en plein milieu de son exposé ? Pourquoi pendant le moment le plus important de ses dernières semaines de travail ?

    Elle alla vite s’isoler dans une chambre, ferma la porte, s’allongea sur un vieux matelas, le visage tourné vers le plafond, les mains croisées sur la poitrine, tel un cadavre dans son cercueil. La Veuve folie lui offrait le gîte. Elle relativisa : au moins, elle était dans un lit et non pas au milieu d’une grande surface ou cachée dans les toilettes de son cabinet de consultation, tandis qu’un patient l’attendait dans un fauteuil.

    Elle fermait à peine les yeux qu’une grande cape noire vint la recouvrir. Toujours le même tissu opaque lui écrasant le visage, cette même sensation d’étouffer une fraction de seconde, avant que son diaphragme se relâche et que sa respiration, quasi instantanément, passe en mode automatique.

    Un claquement de doigts plus tard, elle dormait profondément, plongée en plein sommeil paradoxal : celui des rêves et des cauchemars.

     

  • Les 100 incontournables de la lecture - Partie 2

    A la fin de la première partie, on quittait le continent américain pour l'Australie. Après plus d'une vingtaine d'heures de vol bien utiles pour avancer dans toutes nos nouvelles lectures, reprenons notre tour du monde des lectures incontournables!


    Et on commence tout de suite avec l'Australie

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    1. Les oiseaux se cachent pour mourir, Colleen McCullough (Australie)
    2. La Voleuse de livres, Markus Zusak (Australie)
    3. La liste de Schindler, Thomas Keneally (Australie)


    Passage par Singapour

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    1. La maîtresse de jade, Catherine Lim (singapour)


    Un saut de puce au Japon

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    1. La Pierre et le Sabre, Miyamoto Musashi (Japon)


    La grande Russie nous tend les bras

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    1. Les Âmes mortes, Nicolas Gogol (Russie)
    2. Crime et Châtiment, Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski (Russie)
    3. Anna Karenine, Léon Tolstoï (Russie)
    4. Lolita, Vladimir Nabokov (Russie)


    La Perse n'existant plus, on s'arrête en Iran, qui se trouve au cœur de ce qu'était l'empire Perse

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    1. Les contes des Mille et une nuits, Anonyme (Perse)


    On va se faire voir chez les Grecs!

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    1. L'Odyssée, Homère (Grèce)


    Mamma Mia! Bienvenue en Italie

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    1. Le Nom de la rose, Umberto Eco (Italie)
    2. La Divine Comédie, Dante Alighieri (Italie)


    Un passage en Autriche

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    1. Le joueur d'échec, Stefan Zweig (Autriche)


    Un week-end en République Tchèque

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    1. L'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera (République Tchèque)
    2. La métamorphose, Kafka (République Tchèque)


    Quelques jours en Allemagne

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    1. Faust, Goethe (Allemagne)
    2. Journal d'Anne Frank, Anne Frank (Allemagne)


    Un dernier arrêt en Norvège avant de rentrer à la maison

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    1. Le Monde de Sophie, Jostein Gaarder (Norvège)

     

    Voilà, notre tour du monde est terminé. Comme vous pouvez le constater, je n'ai pas lu beaucoup de livres de cette liste non exhaustive. Mais j'ai encore le temps d'y remédier!

    Et vous? Avez vous lu des livres de cette liste? Si oui, combien? Et y a t-il des livres qui sont pour vous incontournables et qui ne sont pas dans la liste? N'hésitez pas à donner votre avis en commentaire!


    Dans un prochain article, je vais me pencher sur les livres tout aussi incontournables mais cette fois, pour les charmantes (enfin pas toujours) têtes blondes. Je trouve que les livres d'aujourd'hui ne sont pas aussi recherchés que ceux que l'on trouvait il y a quelques années (voire quelques décennies). Pourtant, je trouve ces livres là intemporels et je déplore qu'on ne les trouve pas plus souvent dans les bibliothèques des enfants d'aujourd'hui.

     

  • Les 100 incontournables de la lecture - Partie 1

    Il y a quelques semaines, j'ai innocemment posé la question à quelques copines au boulot: "Pour toi, quel est le livre incontournable? Celui que tu conseillerais à tout le monde?"
    Aussitôt, la question a fait boule de neige et les titres sont tombés! Beaucoup sont revenus à de nombreuses reprises. J'en connais la plupart, j'en ai lu certains (ils sont en bleu d'ailleurs).

    Quand j'ai fait la liste, je ne savais pas comment les classer, car pour moi il n'y a pas un livre qui soit supérieur à un autre. A un moment, j'ai cherché les nationalités des auteurs, et là, je me suis rendu compte qu'on était en présence d'un vrai tour du monde de la lecture!
    Ce sera donc mon classement: un road trip de la lecture qui part de la France pour finir en Norvège après avoir fait le tour du globe.

     

    Départ de France

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    1. Le Horla, Guy de Maupassant (France)
    2. La peste, Albert Camus (France)
    3. Le comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas (France)
    4. Le Diable au corps, Raymond Radiguet (France)
    5. La Religieuse, Denis Diderot (France)
    6. La princesse de Montpensier, Madame de LaFayette (France)
    7. Jeux interdits, François Boyer (France)
    8. La dame de Monsoreau, Alexandre Dumas (France)
    9. Le Pont de la rivière Kwaï, Pierre Boulle (France)
    10. L’écume des jours, de Boris Vian (France)
    11. Tous les matins du monde, Pascal Quignard (France)
    12. Le Pull-over rouge, Gilles Perrault (France)
    13. La Dame aux camélias, Alexandre Dumas fils (France)
    14. La Reine Margot, Alexandre Dumas (France)
    15. Le mariage de Figaro, Beaumarchais (France)
    16. L’étranger, Albert Camus (France)
    17. Vipère au poing, Hervé Bazin (France)
    18. Antigone, Jean Anouilh (France)
    19. Le Roi des Aulnes, Michel Tournier (France)
    20. Eugénie Grandet, Honoré de Balzac (France)
    21. Huis clos, Jean-Paul Sartre (France)
    22. Le Grand Meaulnes, Alain-Fournier (France)
    23. Le hussard sur le toit, Jean Giono (France)
    24. Au Bonheur des Dames, Emile Zola (France)
    25. Germinal, Emile Zola (France)
    26. Pantagruel, Rabelais (France)
    27. Le malade imaginaire, Molière (France)
    28. Andromaque, Racine (France)
    29. Le Cid, Corneille (France)
    30. Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire (France)
    31. Les Liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos (France)
    32. Madame Bovary, Gustave Flaubert (France)
    33. Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand (France)
    34. Le Rouge et le Noir, Stendhal (France)
    35. Les Rougon-Macquart, Emile Zola (France)
    36. La Nuit des temps, Barjavel (France)
    37. Le Tour du Monde en 80 jours, Jules Verne (France)
    38. Les misérables, Victor Hugo (France)
    39. Les Illusions perdues, Honoré de Balzac (France)


    Une toute petite escale en Algérie

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    1. La répudiation, Rachid Boudjedra (Algérie)


    Un saut de puce en Espagne

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    1. Don Quichotte, Cervantès (Espagne)


    Une petite semaine en Angleterre

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    1. Mrs Dalloway, Virginia Woolf (Angleterre)
    2. L'Amant de Lady Chatterley, D. H. Lawrence (Angleterre)
    3. L'Île du docteur Moreau, Herbert George Wells (Angleterre)
    4. Les Mines du roi Salomon, Henry Rider Haggard (Angleterre)
    5. Nord et Sud, Elizabeth Gaskell (Angleterre)
    6. Les Grandes Espérances, Charles Dickens (Angleterre)
    7. Sa Majesté des mouches, William Golding (Angleterre)
    8. Romeo et Juliette, William Shakespeare (Angleterre)
    9. Le Meilleur des Mondes, Aldous Huxley (Angleterre)
    10. Les Hauts de Hurle-Vent, Emily Brontë (Angleterre)
    11. Hamlet, William Shakespeare (Angleterre)
    12. Le Seigneur des Anneaux, J.R.R. Tolkien (Angleterre)
    13. Orgueil et préjugé, Jane Austen (Angleterre)
    14. Jane Eyre, Charlotte Brontë (Angleterre)
    15. 1984, George Orwell (Angleterre)
    16. Frankenstein ou le Prométhée moderne, Mary Shelley (Angleterre)


    Un arrêt par l'Ecosse

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    1. L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, Robert Louis Stevenson (écosse)


    Quelques heures en Irlande

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    1. Le portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde (Irlande)


    On s'envole pour le Canada

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    1. Le patient anglais, Michael Ondaatje (Canada)
    2. La Servante écarlate, Margaret Atwood (Canada)


    On se promène aux USA

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    1. Ce que savait Maisie, Henry James (USA)
    2. Le Vieil Homme et la Mer, Ernest Hemingway (USA)
    3. Le Passeur, Lois Lowry (USA)
    4. Inconnue à cette adresse, Kathrine Kressman Taylor (USA)
    5. La couleur des sentiments, Kathryn Stockett (USA)
    6. La ligne verte, Stephen King (USA)
    7. Autant en emporte le vent, Margaret Mitchell (USA)
    8. La case de l'oncle Tom, Harriet Beecher-Stowe (USA)
    9. La lettre écarlate, Nathaniel Hawthorne (USA)
    10. Des souris et des hommes, John Steinbeck (USA)
    11. Le Choix de Sophie, William Styron (USA)
    12. L'Attrape-cœurs, JD Salinger (USA)
    13. Croc-Blanc, Jack London (USA)
    14. Les Raisins de la colère, John Steinbeck (USA)
    15. Moby Dick, Melville (USA)
    16. Gatsby le Magnifique, Francis Scott Fitzgerald (USA)
    17. Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee (USA)


    On fonce vers l'Amérique du Sud et on commence par la Colombie

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    1. 100 ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez (Colombie)


    On va s'éclater au Brésil

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    1. l’alchimiste, Paulo Coelho (Brésil)


    Dernière étape sur le continent américain: le Chili

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    1. La Maison aux esprits, Isabel Allende (Chili)

     

    Voilà la fin de la première partie de ce voyage autour du monde. Dans la prochaine partie, on va quitter le continent américain pour rejoindre l’Australie et revenir vers l’Europe par l'est (avec, bien sûr, de nombreuses étapes et autant d'idées de lecture!)


     

  • [Livre] Il m'a volé ma vie

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    Résumé : " Une heure, déjà, que le compte à rebours a débuté. Je me dépêche de faire mon repassage. Après, j'aurai trop mal. –; Trente minutes ! J'ai encore mal au crâne des coups d'hier. –; Dix minutes ! Je prends mon fils dans les bras pour aller le coucher. Je ne veux pas que mon bébé sente ma peur. Yassine a mis de la musique pour couvrir le bruit. –; Viens là ! Trois pas. –; Mets les bras le long du corps ! J'ai l'impression que mon cœur va exploser. Une claque, deux, puis les coups de poing. Quand je tombe, il passe aux coups de pied. –; Je t'en supplie, arrête ! J'essaie de me protéger comme je peux, roulée en boule. " Ces scènes de violence, répétées et programmées, Morgane Seliman les a subies pendant quatre ans. Aujourd'hui, avec courage, elle témoigne de ce cauchemar quotidien, mais aussi de la difficulté de partir, de s'éloigner, d'oublier et de se reconstruire. Un témoignage rare sur les violences conjugales et les mécanismes de l'emprise psychologique. En France, chaque année, plus de 200 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles.

     

    Auteur : Morgane Seliman

     

    Edition : XO

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 1 Octobre 2015

     

    Prix moyen : 12€

     

    Mon avis : Ce livre m’a énervée. Il m’a énervé parce que je pense à ce que dit Morgane Seliman au début : « Pourquoi je supporte tout ça ? Je sais que c'est compliqué à expliquer, que bien souvent les gens me regardent d'un drôle d'air quand je raconte mon histoire. Du moins ceux qui ne connaissent pas les arcanes du harcèlement psychologique, de l'emprise, des mécanismes de la violence. »
    Mais quand on lit le livre, on comprend pourquoi les femmes restent. Comment partir quand les administrations et la police elle-même dévoilent sa nouvelle adresse à l’homme violent ? Quand, lorsqu’on appelle la police pour leur demander de l’aide, on répond qu’il faut appeler pendant les violences ? Quand, une fois qu’on a réussi à s’enfuir, la police ne bouge pas pour faire cesser le harcèlement ? Quand la police et la gendarmerie montre leur réticence à prendre les plaintes ? Quand la justice traite la victime comme une coupable ? Quand ce genre d’homme est relaxé et libre de se lancer à la poursuite de sa proie dans la grande majorité des cas ?
    Parce que la violence ne s’arrête pas parce que la femme a quitté son conjoint ! Morgane Seliman a été espionnée, suivie, harcelée au téléphone, par SMS, menacée de mort… Et personne n’a rien fait. Aujourd’hui encore, elle vit sur le fil du rasoir, parce que non seulement la cour d’appel a allégée la sentence déjà ridicule qui avait été posée en 1ère instance, mais en plus son bourreau se paye le luxe d’aller en cassation. Et pourquoi se priverait-il ? La justice le soutient presque, on lui laisse un accès total aux informations concernant son ex-femme, aucune mesure n’est prise pour la protégée, ni elle, ni son fils. La police néglige de rechercher des preuves et de les verser au dossier, et pas n’importe quelles preuves, des preuves essentielles !
    Je suis totalement écœurée par l’attitude des différentes administrations, peut être encore plus que par Yassine lui-même. Parce que si ce genre d’homme continue à se comporter ainsi, c’est qu’ils savent qu’ils peuvent le faire en toute impunité.
    Alors peut-être que Morgane a commis une erreur en se laissant prendre dans les filets de Yassine, mais si elle l’avait repoussé, je pense qu’il n’aurait pas accepté « non » comme une réponse et qu’au lieu d’un livre sur la violence conjugale, elle aurait écrit un livre sur le viol et la séquestration. Yassine se croit au-dessus des lois, son attitude, même en dehors de celle qu’il a avec Morgane le montre bien. Ce genre de personne devrait être mis hors d’état de nuire. La sentence pour de la violence conjugale devrait être de plusieurs années et non de quelques mois.
    Dans très peu de temps, Yassine sera de nouveau dans la nature, libre de tout contrôle judiciaire, libre de faire de la vie d’une autre un enfer.
    Morgane a vécu un vrai calvaire, d’autant plus que Yassine n’est pas seulement violent, il est sadique.
    Alors oui, elle a été un temps découragée, mais je trouve qu’elle a montré une force incroyable, surtout qu’elle n’a pas eu beaucoup de personnes pour se battre à ses côtés. Son fils peut être fier de sa maman.

     

    Un extrait : Yassine, je le connaissais de réputation et j’avais croisé sa route deux ou trois fois, sans lui parler. C’était un ami du frère de mon petit ami de l’époque, Franck. « Yassine le terrible », c’était un de ses surnoms. Yassine capable de tout. Tout le monde en avait un peu peur, parce qu’on savait dans le coin qu’il ne se laissait pas faire, qu’il réglait ses comptes, et pas toujours avec les formes.

    Le jour où il m’a parlé pour la première fois, j’étais à un match de foot avec mon ami.
    Nous étions installés au bord du terrain, avec plusieurs copains, tranquilles. Yassine est arrivé avec sa démarche caractéristique. Un pas un peu chaloupé, la tête bien droite. Son air de conquérant. De type qui sait qu’il en impose et qui le montre. Il a un petit sourire en coin, content de lui…
    Il s’approche avec ses yeux verts qui pétillent, et lance sans même saluer l’assistance :

    - Franck, j’ai un mot à te dire. Je voulais juste que tu saches qu’un jour, Morgane, elle sera ma femme. Et on aura plein d’enfants. Sur ce, bonne soirée les gars.

    Il se tourne vers moi, plante ses yeux dans les miens et continue :
    - Morgane, à plus tard…
    Là, il fait une sorte de petite révérence, en nous regardant toujours fixement, puis il repart, marchant comme un prince, sans se retourner.
    Mon copain lance :
    - Vas-y, Yassine, va-t-en ! Allez, va-t-en !
    C’est passé bien au-dessus de la tête de Yassine…

    C’était ses premiers mots pour moi et je me suis dit qu’il était franchement culotté de venir, comme ça, dire un truc pareil à mon copain. J’étais estomaquée de son culot, mais aussi flattée, sans le formuler vraiment, de son intérêt pour moi. Avec Franck, nos relations se distendaient, il ne me prêtait plus vraiment attention. Le regard vert de Yassine sur moi, ç’a réveillé quelque chose.


    Je l’ai revu ensuite par hasard, on se croisait parfois le dimanche. Chaque fois, il me souriait, charmeur, et il me disait :

    - C’est avec moi que tu devrais être. Je suis comme toi, moi. Je suis égyptien… je suis comme toi.

    Dès le début, c’est quelque chose qui revenait en boucle dans son discours avec moi. Toujours avec ces étoiles dans les yeux qui me troublaient. Jamais un homme ne m’avait regardée comme ça, en me faisant sentir à ce point qu’il me trouvait belle. Quand je croisais son regard, je me sentais électrisée.

     

  • [Livre] M Train

     

    Je remercie ELLE pour cette lecture dans le cadre du grand prix des lectrices 

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    Résumé : Patti Smith a qualifié ce livre de «carte de mon existence». En dix-huit «stations», elle nous entraîne dans un voyage qui traverse le paysage de ses aspirations et de son inspiration, par le prisme des cafés et autres lieux qu'elle a visités de par le globe.

    M Train débute au 'Ino, le petit bar de Greenwich Village où elle va chaque matin boire son café noir, méditer sur le monde tel qu'il est ou tel qu'il fut, et écrire dans son carnet.

    En passant par la Casa Azul de Frida Kahlo dans la banlieue de Mexico, par les tombes de Genet, Rimbaud, Mishima, ou encore par un bungalow délabré en bord de mer, à New York, qu'elle a acheté juste avant le passage dévastateur de l'ouragan Sandy, Patti Smith nous propose un itinéraire flottant au cœur de ses références (on croise Murakami, Blake, Bolaño, Sebald, Burroughs... ) et des événements de sa vie.

    Écrit dans une prose fluide et subtile qui oscille entre rêve et réalité, passé et présent, évocations de son engagement artistique et de la perte tragique de son mari – le guitariste Fred «Sonic» Smith –, M Train est une réflexion sur le deuil et l'espoir, le passage du temps et le souvenir, la création, les séries policières, la littérature, le café...  

     

    Auteur : Patti Smith

     

    Edition : Gallimard  

     

    Genre : Autobiographie

     

    Date de parution : 1 Avril 2016

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Dans ce livre, on ne suit pas Patti Smith la chanteuse de rock, mais Patti Smith la femme, la photographe, l’accro au café, celle qui est capable de prendre une chambre d’hôtel entre deux avions juste pour regarder des séries policières à la télé.
    De son propre aveu, dans ce livre, elle écrit sur rien, parce qu’on lui a dit qu’il était difficile d’écrire sur rien. Alors elle se raconte. Elle ne dit rien d’extraordinaire, mais elle parle. Du fauteuil de son père, des photographies qu’elle prend, de son amour du café, de sa participation au très fermé Continental Drift Club consacré à Alfred Wegener, père de la théorie de la dérive des continents, de tout ce qui fait sa vie.
    C’est un livre qu’on lit facilement, mais qu’on repose tout aussi facilement. Il n’y a pas de coup de cœur, de ceux qui font qu’on ne peut lâcher un livre.
    En fait, à la lecture de la vie de Patti Smith, on se demande ce qu’elle a eu de si extraordinaire pour qu’elle ressente le besoin d’en faire un livre en supposant que celui-ci aurait un intérêt pour un éventuel lecteur. Si ce livre n’avait pas été sur la liste des livres en lice pour le prix des lectrices de ELLE, je ne l’aurais certainement pas lu.
    Mon plus gros problème avec ce livre est l’absence de lien temporel entre les scènes. Plusieurs fois, je suis passée d’un paragraphe à l’autre en pensant que les souvenirs se passaient plus ou moins en même temps, pour me rendre compte au bout de quelques lignes qu’en réalité plus de 20 ans les séparaient.
    Cette manière de jeter les souvenirs sur le papier sans vraiment les organiser m’a dérangé dans la lecture.
    A un moment dans le livre, Patti Smith dit qu’elle a un problème avec les livres, qu’une fois qu’elle les a refermé, quelque soit l’intérêt qu’elle lui a trouvé, elle ne se souvient plus du contenu du livre une fois qu’elle l’a refermé.
    Et bien, on dirait qu’elle a voulu que son livre produise le même effet sur les lecteurs : qu’on l’oubli sitôt lu.
    Si c’était son but, elle a parfaitement réussi. Mais pour ma part, j’aime qu’un livre me laisse un souvenir.
    Ce livre n’est pas pour moi une totale déception, car l’écriture est belle, mais je le termine assez mal à l’aise, sans aucune satisfaction.

    Un extrait : CE N’EST PAS SI FACILE d’écrire sur rien.

    C’est ce que disait le cow-boy au moment où j’entrais dans le rêve. Vaguement bel homme, intensément laconique, il se balançait dans un fauteuil pliant, le dos calé contre le dossier, son Stetson effleurant l’angle extérieur brun foncé d’un café isolé. Je dis isolé car il semblait n’y avoir rien d’autre alentour qu’une pompe à essence antédiluvienne et un abreuvoir rouillé, où des taons volaient en rond au-dessus des derniers filets d’une eau croupie. Il n’y avait d’ailleurs personne dans les parages, mais le cow-boy ne semblait pas s’en soucier ; il se contentait de ramener le bord de son chapeau sur ses yeux, un Silverbelly Open Road, le même modèle que celui que portait Lyndon Johnson, et se remettait à parler :

    — Et pourtant nous poursuivons, nous encourageons toutes sortes d’espoirs fous. Pour la rédemption de ce qui se perd, un éclat de révélation personnelle. C’est une addiction, comme les jeux d’argent ou le golf.

    — Il est bien plus facile de ne parler de rien, disais-je.

    Il n’ignorait pas ostensiblement ma présence, mais il ne me répondait pas.

    — En tout cas, voici mon obole, ma modeste contribution à la discussion.

    — Tu es sur le point de plier les gaules, de jeter les clubs dans une rivière, juste à ce moment tu trouves ton rythme de croisière, la balle roule directement dans le trou, et les pièces remplissent ta casquette posée à l’envers.

    Le soleil se reflétait sur la boucle de son ceinturon, projetant un éclair qui chatoyait à travers la plaine désertique. Un coup de sifflet aigu retentissait et, en faisant un pas sur la droite, j’apercevais l’ombre du cow-boy déversant un autre chapelet de sophismes, en changeant complètement d’angle.

    — Je suis déjà venu ici, non ?

    Il restait assis à contempler la plaine.

    L’enfoiré, je songeais. Il m’ignore.

    — Hé, disais-je, je ne suis pas une morte-vivante, ni une ombre de passage. Je suis de chair et de sang, là.

    Il sortait un carnet de sa poche et se mettait à écrire.

    — Non mais, tu pourrais au moins me regarder, ajoutais-je. Après tout, c’est mon rêve.

    Je m’approchais. Assez près pour voir ce qu’il écrivait. Il avait devant lui son carnet ouvert à une page blanche et soudain quatre mots se matérialisaient.

    Nan, c’est le mien.

    — Le diable m’emporte, murmurais-je.

    Je protégeais mes yeux du soleil en mettant ma main en visière et restais debout à regarder dans la même direction que lui – poussière nuages pick-up boules de broussailles ciel blanc – pléthore de néant.

    — L’écrivain est un chef d’orchestre, disait-il d’une voix traînante.

    Je m’éloignais, lui laissant le loisir d’expliciter la piste sinueuse des circonvolutions de l’esprit. Des mots qui s’attardaient puis se dissipaient tandis que je montais dans un train à moi, qui me déposait tout habillée dans le capharnaüm de mon lit.

    En ouvrant les yeux, je me suis levée, suis allée d’un pas chancelant dans la salle de bains où je me suis vivement aspergé le visage d’eau froide. J’ai enfilé mes bottes, nourri les chats, j’ai attrapé mon bonnet et mon vieux manteau noir, et j’ai pris le chemin si souvent emprunté, traversant la large avenue jusqu’au petit café de Bedford Street, dans Greenwich Village.

     

  • [Livre] Running Man

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    Résumé : Au début du XXIe siècle, la dictature s'est installée aux Etats-Unis. La télévision, arme suprême du nouveau pouvoir, règne sans partage sur le peuple. Une chaîne unique diffuse une émission de jeu suivie par des millions de « fans » : c'est « La grande Traque ».
    Ben Richards décide de s'engager dans une compétition mortelle pour trouver l'argent nécessaire afin de soigner son enfant. Pendant trente jours, il devra fuir les redoutables « chasseurs » lancés à sa poursuite, déterminés à le tuer, et échapper aussi à la curiosité des « honnêtes » citoyens, encouragés à la délation et qui reçoivent une prime pour tout renseignement susceptible d'aider à le localiser. Ben Richards a-t-il une chance de s'en sortir quand tous les moyens sont bons pour l'éliminer ?

    Auteur : Stephen King

     

    Edition : Le Livre de Poche

     

    Genre : Science-fiction

     

    Date de parution : 19 Avril 1988

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Le premier point fort de ce livre c’est les chapitres faits sur le modèle du compte à rebours. Le compte démarre à 100, les « chapitres » ne sont pas d’une longueur régulière même s’ils sont généralement assez courts, ce qui ajoute à la tension instaurée par Stephen King. C’est presque impossible de laisser le livre de côté sans se faire violence tant on veut savoir ce qu’il va se passer.

    Le libertel, une télé obligatoire (il est obligatoire de l’avoir mais pas de la regarder, ce qui nous semble normal mais, dans cette histoire, ne l’est pas tant que ça. La loi sur le visionnage obligatoire n’étant pas passée à quelques voix près) est un instrument de contrôle des populations. Il diffuse surtout des jeux de télé-réalité qui permettent aux pauvres de réussir à gagner un peu d’argent mais qui sont le plus souvent mortels pour les participants. On voit clairement que c’est un moyen pour les pouvoirs publics de contrôler la population : les riches sont accros à ces jeux, et les pauvres, qui doivent subir de nombreux tests pour être sélectionnés, se pressent pour participer par désespoir, ce qui permet aux autorités de se débarrasser des indésirables au grand jour sous couvert de jeux.
    Ce qui m’a fait « sourire » d’entrée, c’est que l’action se situe en 2025. Stephen King l’ayant écrit en 1987, c’est donc un livre futuriste. Et je me dis qu’il n’avait pas grand espoir ni grande confiance en l’humanité pour imaginer une telle société qui se serait mise en place en moins de 40 ans…
    On voit la manipulation des autorités qui présentent Ben Richards comme un monstre maléfique, le faisant détester avant même que le jeu commence. Les photos de sa femme sont également retouchées pour qu’elle ne puisse pas inspirer la moindre compassion. Le jeu est clairement truqué car si Ben doit survivre un mois, si chaque citoyen peut gagner de l’argent en donnant des informations sur sa localisation s’il le repère, si chaque chasseur tué par Ben lui rapporte de l’argent supplémentaire, en réalité les dés sont pipés : ceux qui aident Ben sont condamnés à mort, les chasseurs sont à ses trousses, mais aussi la police. Il est donc considéré comme un prisonnier en cavale et non pas simplement comme un participant à un jeu qui a accepté de mettre sa vie dans la balance.
    Il faut dire que Ben est dangereux pour le pouvoir en place : il est pauvre mais intelligent, il sait lire, il sait réfléchir (dans un pays où il faut un salaire de cadre supérieur pour avoir le droit d’accéder aux bibliothèques), il remet en cause le gouvernement, refuse de se laisser mourir dans son coin en silence, il veut faire bouger les mentalités, faire sortir les pauvres de leur inertie et tenter de réveiller les consciences des riches. Et cela, le gouvernement ne peut pas se le permettre car, comme toute dictature, si le peuple dépasse sa peur et décide de se battre, ils savent que leur régime s’écroulera.
    La fin m’a surprise. Je ne sais pas vraiment si je l’apprécie. Disons que j’aurais aimé une autre fin, mais que, au vu des évènements, je trouve qu’il n’y avait guère d’autre fin possible.

    Un extrait : A l’entrée du couloir, une main s’abattit lourdement sur son épaule.

    — Eh ! Toi, ta carte !

    Richards la montra. Le flic se détendit. Son visage de fouine exprimait la déception.

    — Ça vous plaît de refouler les gars, hein ? lui dit Richards. Ça vous donne de l’importance.

    — Tu veux retourner d’où tu viens, minus ?

    Richards avança. Le flic ne fit rien pour l’en empêcher.

    Arrivé à mi-chemin des ascenseurs, il se retourna :

    — Eh, m’sieur ! (Le policier le regarda d’un air menaçant.) Vous avez une famille ? La semaine prochaine, ça pourrait être vous !

    — Circulez ! cria le flic, furieux.

    Une vingtaine de candidats attendaient devant les ascenseurs. Richards montra sa carte au flic de service. Celui-ci l’examina attentivement.

    — T’aimes jouer au dur, fiston ?

    Richards sourit.

    — Ça m’arrive.

    — Ils vont vite te ramollir, t’en fais pas. Tu feras le malin, quand t’auras trois balles dans la peau ?

    — Autant que vous sans votre revolver et avec votre froc à vos pieds, rétorqua Richards sans cesser de sourire.

    Un moment, il crut que le flic allait l’assommer, mais il se contenta de dire :

    — Tu perds rien pour attendre. Tu te traîneras à genoux avant que ça soit fini, t’inquiète pas.

    Le flic se tourna vers de nouveaux arrivants et demanda à voir leur carte.

    L’homme qui attendait devant Richards se retourna. Il avait un visage triste et malheureux ; ses cheveux bouclés faisaient des crans.

    — Tu sais, mon gars, tu devrais pas les asticoter comme ça. Le téléphone arabe, ça marche.

    — Vraiment ? répondit Richards avec affabilité.

    L’homme se détourna.

    Les portes du premier ascenseur s’ouvrirent soudain. Un flic noir au gros ventre protégeait la rangée de boutons de son large dos. Au fond de la cabine, un autre policier, assis derrière un panneau en plastique à l’épreuve des balles, lisait un magazine sado en 3— D. Il tenait un fusil à canon scié entre les genoux.

    — Serrez au fond ! cria le gros flic d’un air important. Allons, serrez !

    Tassés au point qu’il devenait impossible de respirer, ils montèrent d’un étage. Les portes s’ouvrirent. Richards, qui dépassait tous les autres d’une tête, vit une vaste salle d’attente avec des rangées de sièges et un énorme Libertel. Il aperçut aussi, dans un coin, un distributeur de cigarettes.

    — Sortez ! Sortez tous ! Les cartes à la main gauche !

    Sous la surveillance de trois policiers, chacun montra sa carte à l’œil impersonnel d’une caméra. Pour une raison inconnue, une sonnerie retentit à la vue d’une douzaine de cartes, dont les détenteurs furent ramenés dans l’ascenseur.

    Richards montra sa carte. On lui fit signe d’avancer. Il alla droit vers la machine à cigarettes, obtint un paquet de Blams et s’assit le plus loin possible du Libertel. Il alluma une cigarette et rejeta la fumée en toussant. C’était sa première depuis six mois.