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Livres - Page 71

  • [Livre] Immaculée

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    Résumé : Mina est la première de sa classe, la petite amie du garçon le plus ambitieux du lycée et elle est capable de se sortir de n'importe quelle situation. Mais quand elle tombe soudainement enceinte - alors qu'elle n'a jamais couché avec personne - son monde ordonné s'écroule. Pratiquement personne ne croit Mina lorsqu'elle revendique sa virginité. Son père présume que son petit ami est responsable et ce dernier pense qu'elle l'a trompé.

    Tandis que l'histoire de Mina se répand, il y a ceux qui se mettent à la traiter de menteuse. Ceux qui la prennent pour une hérétique. Et ceux qui osent croire que les miracles sont possibles et que l'enfant de Mina pourrait être le plus grand d'entre tous.

     

    Auteur : Katelyn Detweiler

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 17 Mars 2016

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Pour moi ce livre nous démontre l’étendue de l’hypocrisie américaine. Quand on voit ces gens qui, dans leur grande majorité, sont fourrés à l’église en permanence, mette Dieu à toutes les sauces, le mêlant à tous les actes de la vie civile : écoles, tribunaux…, pour qui être athée est un véritable crime, peut-être plus important même que d’être un meurtrier, et que l’on constate leurs réactions à l’annonce de la situation particulière de Mina, on se demande combien d’entre eux ont réellement la foi ? Après tout, le fondement même de la foi n’est-il pas de croire sans avoir la preuve que l’objet de sa croyance existe ?
    La foi en Amérique n’est-elle que se donner bonne conscience en allant à l’église ou en faisant des cérémonies pour que des jeunes filles jurent de rester vierges jusqu’au mariage ?
    Car s’ils croient, jusqu’à l’extrême, sans supporter quiconque dirait le contraire, tout ce qu’il y a dans la bible, ils refusent en bloc de croire que quoi que ce soit de divin puisse se produire sur quelqu’un d’autre qu’un homme d’église ou qu’eux même.
    Mais après tout la foi, la croyance, c’est quelque chose de très personnel et je ne blâmerais certainement quiconque serait sceptique devant une adolescente enceinte qui jure qu’elle est toujours vierge.
    A la lecture du livre, ma première réaction a été de me dire que Mina était sincère, mais qu’elle avait peut-être été victime d’un viol sous GHB, puisque cette drogue ne laisse aucun souvenir à sa victime.
    J’ai pu comprendre aussi la première réaction de son père ou de son petit ami. Le premier pense qu’elle lui ment, le second qu’elle l’a trompé. Mais j’ai trouvé l’attitude du père lamentable. Sa réaction n’est pas celle d’un parent. Il ne supporte pas que ses croyances soient bousculées et ne cherche absolument pas à comprendre.

    En revanche l’attitude d’Izzy, une de ses deux meilleures amies est au mieux puérile, au pire pathétique et incroyablement égoïste : peu importe pour elle ce qui peut arriver à son amie, tout ce qui compte, c’est qu’elle est outrée que Mina ne lui ait pas tout confié de sa vie à la seconde où les évènements se sont produit.
    La plupart des élèves sont dans une spirale de harcèlement scolaire mais ce qui est le plus choquant, c’est que personne ne dit rien. Ne fait rien. L’administration du lycée ne cherche pas à savoir qui a créé le site qui attaque Mina ni à sanctionner les coupables (alors que les administrations scolaires aux USA sont des plus intrusives dans la vie personnelle de leurs élèves).
    Mais le pire dans cette histoire, c’est les gens. Pas les petits cons du lycée, pas les fausses amies, pas les vieilles cancanières de la petite ville où habite Mina, mais les inconnus, ceux qui habitent à des centaines de kilomètres, ceux qui ne peuvent pas s’empêcher de s’immiscer dans la vie de l’adolescente. Ceux qui ne se contente pas de mettre des commentaires sur le site pour dire qu’ils ne la croient pas, mais qui l’insultent, la menacent, l’appellent chez elle.
    Tout le monde a le droit de ne pas croire, mais de quel droit est ce qu’ils essaient d’imposer leurs visions des choses à cette jeune fille qu’ils ne connaissent pas.
    J’ai été horrifiée de voir jusqu’où les choses pouvaient aller.
    J’ai beaucoup apprécié la mère de Mina, sa petite sœur, son amie Hannah, Jesse et la gynécologue qui, quel que soit leurs convictions, épaulent Mina sans la moindre réserve.
    A la fin du roman, nous n’avons pas de réponses claires, rien d’écrit noir sur blanc, rien de clair.
    Mais faut-il vraiment une explication ?

    Un extrait : Le lendemain matin, je suis réveillée par une odeur de bacon et d’œufs en provenance de la cuisine d’Hannah – et l’envie pressante de répandre mes entrailles sur son lit. Je suis, malheureusement pour nous toutes, comprimée entre Hannah et Izzy. L’accès au sol m’est donc coupé : impossible d’atteindre une poubelle ou les toilettes. Il ne me reste qu’une option – me vomir dessus. Sur le vieux tee-shirt qu’Hannah m’a prêté la veille au soir et sur sa couette à imprimé cachemire pétant.

    — Putain, tu fais quoi, Meen ? hurle Izzy en repoussant les couvertures et en se précipitant hors du lit, ses grands yeux marron écarquillés par l’horreur. C’est dégueulasse. Pourquoi t’es pas allée aux toilettes ?

    — Tu vois bien qu’elle est malade et qu’elle n’y peut rien, Iz. Ne lui crie pas dessus comme ça, tempère Hannah.

    Les ignorant toutes deux, je vomis de nouveau.

    — Izzy ! Attrape la poubelle ! Ne reste pas là à la regarder sans rien faire, ordonne Hannah, dont la capacité à prendre soin des autres n’est jamais en reste.

    Elle s’empare d’un paquet de mouchoirs sur la table de nuit et entreprend de m’essuyer la bouche et le menton.

    Izzy pousse un soupir théâtral, repousse la capuche de son sweat-shirt aux couleurs du lycée et attache ses cheveux raides et bruns en queue-de-cheval. Une fois la poubelle en main, elle me la tend à bout de bras, refusant de s’approcher davantage.

    Hannah se penche pour l’attraper d’une main tout en me massant doucement les épaules de l’autre.

    — Qu’est-ce qui ne va pas, ma puce ? demande Hannah. Tu t’es sentie mal en te réveillant ?

    Je compte mentir. J’ai prévu de le faire, et planifié ce que je vais dire, mais je me mets à pleurer sans le vouloir, ce qui modifie ma décision. Ce ne sont pas des larmes, mais de gros sanglots bruyants qui m’empêchent de parler.

    — Mina ? Qu’est-ce qui se passe ? demande Izzy d’une voix radoucie.

    La fille agacée a laissé place à ma meilleure amie depuis le CE1. Elle roule la couette en boule au bout du lit et s’assied à côté de moi.

    Il me faut plusieurs minutes pour me calmer, inspirer longuement et me ressaisir. Pendant tout ce temps, Hannah et Izzy me tapotent le dos, repoussent mes cheveux et m’enveloppent dans une couverture propre.

    — Qu’est-ce qui t’arrive, Meen ? Dis-le-nous, insiste Izzy en me regardant droit dans les yeux, à la fois inquiète et impatiente.

    — J’en sais rien, dis-je en soupirant et en baissant les yeux sur mes mains pâles, qui tremblent toujours, cramponnées sur mes genoux.

    Je me concentre sur le rythme monotone et assourdi de l’air conditionné qui bourdonne sous la fenêtre d’Hannah et répand des bouffées d’air glacé dans la chambre. Je m’enveloppe plus étroitement dans la couverture, même si le froid n’est pas le seul responsable de mes tremblements.

    — Si tu pleures comme ça, c’est que tu sais quelque chose, non ?

    — Isabelle, arrête d’insister comme ça, intervient Hannah sur un ton ferme qui ne lui ressemble pas et me surprend. Elle nous parlera quand elle en aura envie.

    Je lève les yeux vers Hannah : dans son doux regard bleu, je lis de l’amour et de l’inquiétude. Elle mâchonne une mèche de cheveux blonds, une vieille habitude que je lui connais depuis la maternelle.

    Ces filles sont tes meilleures amies, me serine une petite voix. Je les connais aussi bien que moi-même. Peut-être mieux que moi-même, du moins ces derniers temps. Tout d’un coup, l’idée de garder le secret me paraît ridicule. Inutile. Une perte de temps. Mon angoisse aurait été plus facile à gérer si je l’avais divisée en trois. Nous avons tout affronté ensemble. Depuis toujours.

     

  • [Livre] Harry Potter à l'école des sorciers

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    Résumé : Le jour de ses onze ans, Harry Potter, un orphelin élevé par un oncle et une tante qui le détestent, voit son existence bouleversée. Un géant vient le chercher pour l'emmener à Poudlard, la célèbre école de sorcellerie où une place l'attend depuis toujours. Voler sur des balais, jeter des sorts, combattre les Trolls : Harry Potter se révèle un sorcier vraiment doué. Mais quel mystère entoure donc sa naissance et qui est l'effroyable V..., le mage dont personne n'ose prononcer le nom ?

     

    Auteur : Joanne Kathleen Rowling

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 16 Novembre 1998

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Depuis le temps que je me dis qu’il faudrait que je relise la saga Harry Potter, j’ai enfin eu l’occasion de relire le premier tome à la faveur d’un challenge. Bien sûr, les autres tomes suivront, et plus tard les films également, mais dans quel délai, ça, je serais bien incapable de le dire. Mais ça viendra.
    Ca fait si longtemps que je n’ai pas lu le tome 1 des aventures du plus célèbre des jeunes sorciers que les souvenirs que je conservais tenaient plus du film que du livre. Et si l’adaptation ciné était, pour une fois, assez fidèle, il y a pleins de détails qui n’y apparaissent pas ainsi que quelques erreurs (comme le couloir interdit qui n’est pas le troisième étage, comme dans le film, mais le couloir du deuxième étage de l’aile droite).
    J.K. Rowling s’est bien adaptée à son public cible, qui est, rappelons-le, les enfants de 11 ans. Ainsi, la présentation des personnages est assez sommaire, leurs traits de caractère pouvant clairement évoluer car à cet âge là, on change presque de mois en mois. Le premier tome est vraiment destiné à mettre en place l’univers et le jeune lecteur découvre celui-ci en même temps qu’Harry qui ne connaît rien au monde des sorciers avant de recevoir sa lettre d’admission à Poudlard.
    Pour avoir déjà lu les 7 tomes, je peux vous dire que l’écriture évolue en même temps que l’âge des personnages et donc du public cible. Dans chaque tome, on peut voir les caractères s’affirmer, évoluer, les personnages mûrir, faire leur crise d’adolescence aussi, malgré les épreuves qu’ils traversent.
    Dans ce premier tome, à première vue, les choses sont simples : Ron est le maladroit, Hermione l’intellectuelle énervante, et Harry le héro malgré lui. Mais au fil du temps on se rend compte que cette première impression est erronée : comme si la description du trio avait été faite par un enfant de onze ans qui venait de les rencontrer (à cet âge là, on ne s’embarrasse pas de nuances). C’est vraiment au fur et à mesure, que l’on découvre d’autres facettes de leur personnalité. Ainsi, on ne sait jamais vraiment comment ils vont réagir devant les situations, car ils se construisent littéralement sous nos yeux.
    Et il ne faut pas oublier les personnages secondaires ! Que ce soit Neville et sa tête en l’air, Malefoy qui cherche déjà à attirer des ennuis au trio, Rogue et sa partialité révoltante, MacGonagall, le sévère mais bienveillant professeur de métamorphose, Le directeur Dumbledore avec ses secrets, ses manigances et ses friandises, Hagrid et ses animaux plus dangereux les uns que les autres… même une scène aussi courte que le match de quidditch nous offre une scène désopilante avec le commentaire du match fait par Lee Jordan, étroitement surveillé par le professeur MacGonagall, ce qui ne l’empêche pas de dire tout le bien qu’il pense de l’équipe adverse !
    J’ai été ravie de me replonger dans cet univers magique le temps d’un tome. Et je pense que dès le mois prochain, je trouverais le moyen de me dégager quelques heures pour lire le tome 2.
    La saga a fait l’objet de nombreuses rééditions : de luxe, illustrées, poche, grand format… Pour ma part, n’étant pas adepte du livre-objet (pour moi un livre ça se lit, ça ne s’expose pas), je me contente de l’édition dans laquelle je les ai découvert, mais je sais que nombre de personnes craque devant les sublimes couvertures des nouvelles éditions et sont devenus de vrais accros de « la collection Potter ».

    Un extrait : Le professeur McGonagall lança un regard perçant à Dumbledore.

    - Les hiboux, ce n'est rien comparé aux rumeurs qui circulent, déclara-t-elle. Vous savez ce que tout le monde dit sur les raisons de sa disparition ? Ce qui a fini par l'arrêter ?

    Apparemment, le professeur McGonagall venait d'aborder le sujet qui lui tenait le plus à cœur, la véritable raison qui l'avait décidée à attendre toute la journée, assise sur un mur glacial. Car jamais un chat ni une femme n'avait fixé Dumbledore d'un regard aussi pénétrant que celui du professeur en cet instant. A l'évidence, elle n'avait pas l'intention de croire ce que « tout le monde » disait tant que Dumbledore ne lui aurait pas confirme qu'il s'agissait bien de la vérité.
    Dumbledore, cependant, était occupé à choisir un autre esquimau et ne lui répondit pas.

    - Ce qu'ils disent, poursuivit le professeur, c'est que Voldemort est venu hier soir à Godric's Hollow pour y chercher les Potter. D'après la rumeur, Lily et James Potter sont... enfin, on dit qu'ils sont... morts...

    Dumbledore inclina la tête. Le professeur McGonagall avait du mal à reprendre sa respiration.

    - Lily et James... Je n'arrive pas à y croire... Je ne voulais pas l'admettre... Oh, Albus...

    Dumbledore tendit la main et lui tapota l'épaule.

    - Je sais... Je sais... dit-il gravement.

    - Et ce n'est pas tout, reprit le professeur McGonagall d'une voix tremblante. On dit qu'il a essayé de tuer Harry, le fils des Potter. Mais il en a été incapable. Il n'a pas réussi à supprimer ce bambin. Personne ne sait pourquoi ni comment, mais tout le monde raconte que lorsqu'il a essayé de tuer Harry Potter sans y parvenir, le pouvoir de Voldemort s'est brisé, pour ainsi dire - et c'est pour ça qu'il a... disparu.

    Dumbledore hocha la tête d'un air sombre.

    - C'est... c'est vrai ? bredouilla le professeur McGonagall. Après tout ce qu'il a fait… tous les gens qu'il a tués ... il n'a pas réussi à tuer un petit garçon ? C'est stupéfiant ... rien d'autre n'avait pu l'arrêter... mais, au nom du ciel, comment se fait-il que Harry ait pu survivre ?

    - On ne peut faire que des suppositions, répondit Dumbledore. On ne saura peut-être jamais.

    Le professeur McGonagall sortit un mouchoir en dentelle et s'essuya les yeux sous ses lunettes. Dumbledore inspira longuement en prenant dans sa poche une montre en or qu'il consulta. C'était une montre très étrange. Elle avait douze aiguilles, mais pas de chiffres. A la place, il y avait des petites planètes qui tournaient au bord du cadran. Tout cela devait avoir un sens pour Dumbledore car il remit la montre dans sa poche en disant:

    - Hagrid est en retard. Au fait, j'imagine que c'est lui qui vous a dit que je serais ici ?

    - Oui, admit le professeur McGonagall, et je suppose que vous n'avez pas l'intention de me dire pour quelle raison vous êtes venu dans cet endroit précis ?

    - Je suis venu confier Harry à sa tante et à son oncle. C'est la seule famille qui lui reste désormais.

    - Vous voulez dire... non, ce n'est pas possible ! Pas les gens qui habitent dans cette maison ! s'écria le professeur McGonagall en se levant d'un bond, le doigt pointé sur le numéro 4 de la rue. Dumbledore... vous ne pouvez pas faire une chose pareille ! Je les ai observés toute la journée. On ne peut pas imaginer des gens plus différents de nous. En plus, ils ont un fils... je l'ai vu donner des coups de pied à sa mère tout au long de la rue en hurlant pour réclamer des bonbons. Harry Potter, venir vivre ici !

    - C'est le meilleur endroit pour lui, répliqua Dumbledore d'un ton ferme. Son oncle et sa tante lui expliqueront tout quand il sera plus grand. Je leur ai écrit une lettre.

    - Une lettre ? répéta le professeur McGonagall d'une voix éteinte en se rasseyant sur le muret. Dumbledore, vous croyez vraiment qu'il est possible d'expliquer tout cela dans une lettre ? Des gens pareils seront incapables de comprendre ce garçon ! Il va devenir célèbre—une véritable légende vivante—je ne serais pas étonnée que la date d'aujourd'hui devienne dans l'avenir la fête de Harry Potter. On écrira des livres sur lui. Tous les enfants de notre monde connaîtront son nom !

    - C'est vrai, dit Dumbledore en la regardant d'un air très sérieux par-dessus ses lunettes en demi-lune. Il y aurait de quoi tourner la tête de n'importe quel enfant. Être célèbre avant même d'avoir appris à marcher et à parler ! Célèbre pour quelque chose dont il ne sera même pas capable de se souvenir ! Ne comprenez-vous pas qu'il vaut beaucoup mieux pour lui qu'il grandisse à l'écart de tout cela jusqu'à ce qu'il soit prêt à l'assumer ?

    Le professeur McGonagall ouvrit la bouche. Elle parut changer d'avis, avala sa salive et répondit:

    - Oui... Oui, bien sûr, vous avez raison. Mais comment l'enfant va-t-il arriver jusqu'ici, Dumbledore ?

    Elle regarda soudain sa cape comme si elle pensait que Harry était peut-être caché dessous.

    - C'est Hagrid qui doit l'amener, dit Dumbledore.

    - Et vous croyez qu'il est... sage de confier une tâche importante à Hagrid ?

    - Je confierais ma propre vie à Hagrid, assura Dumbledore.

     

  • [Livre] Le dernier des nôtres

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    Résumé : « La première chose que je vis d’elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu’enserrait la bride d’une sandale bleue… » Cette jeune femme qui descend l’escalier d’un restaurant de Manhattan, élégante, rieuse, assurée, c’est Rebecca Lynch. Werner Zilch, qui l’observe, ne sait pas encore que la jeune artiste est aussi une richissime héritière. Werner n’a pour lui que ses yeux bleus délavés. Son nom étrange. Et une énergie folle : enfant adopté par un couple de la classe moyenne, il rêve de conquérir New-York avec son ami Marcus.

    Werner poursuit Rebecca, se donne à elle, la prend : leur amour fou les conduit dans la ville en pleine effervescence au temps de Warhol, Patti Smith et Bob Dylan… Jusqu’au jour où Werner est présenté à la mère de Rebecca, Judith, qui s’effondre en voyant son visage. Ainsi se rouvre le dossier douloureux des origines de Werner. Qui Judith a-t-elle reconnue dans ces traits blonds et ces yeux presque gris ? Quels souvenirs hideux cache-t-elle sous ses bracelets d’or ?

     

    Auteur : Adélaïde De Clermont-Tonnerre

     

    Edition : Grasset

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 17 Août 2016

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Je ressors de ma lecture un peu mitigée.
    J’ai beaucoup aimé l’alternance entre les deux époques 1945 et 1969 et le lien qui les relient et qui va au-delà du personnage de Werner. Le fait que 1945 soit raconté à la troisième personne et que 1969 le soit à la première personne du point de vue de Werner nous permet de savoir immédiatement à quel moment du récit on se trouve, même si on n’a pas fait attention à la mention de la date en début de chapitre (cela dit, même si j’apprécie que l’auteur distingue ainsi les deux périodes, il est difficile de les confondre).

    Concernant les personnages, je n’ai pas réussi à m’y attacher et pour moi c’est un vrai problème dans un livre.
    J’ai déjà lu des livres dans lequel le personnage principal était antipathique, mais soit son caractère était nécessaire à l’histoire, soit il était contrebalancé par des personnages secondaires plus attachants.
    Ici, non seulement les caractères abominables de la plupart des personnages n’apportent rien à l’histoire, mais il y a une caricature systématique des personnages. A l’exception de Marcus, l’associé et ami de Werner, qui, bien qu’il soit toujours là, n’est qu’un personnage secondaire, et de quelques personnages sans grande importance, on a vraiment le sentiment qu’il n’y a rien de bon chez les protagonistes. L’un est égoïste, arrogant et possessif, l’autre odieux, la troisième une enfant gâtée qui se fiche des conséquences de son comportement…
    Je ne vais pas aller jusqu’à dire que ces personnages à dominante négative m’ont empêché de me plonger dans l’histoire, mais, ne ressentant pas d’empathie à leur égard, j’ai été plutôt indifférente quant à la réalisation de leur quête. Je me fichais un peu qu’ils découvrent ou non la vérité, d’autant plus que cette vérité, je l’ai vu arriver comme un camion près de 200 pages avant qu’elle ne soit enfin révélée. Alors pour l’effet de surprise…
    De surprise, il y en a effectivement une, dans les derniers chapitres, mais une surprise sur 496 pages, c’est trop peu pour moi.
    Au final j’ai beaucoup apprécié les parties se déroulant en 1945, tout ce qui entoure la fin de la guerre ; un peu moins les parties 1969 que j’ai trouvé trop centré sur le côté « je t’aime moi non plus » de la relation entre Werner et Rebecca.
    L’histoire est un peu lente à démarrer, mais le livre reste difficile à lâcher malgré tout.
    On peut dire que c’est un roman assez addictif, mais le manque d’attachement que suscitent les personnages fait qu’il ne restera pas gravé dans ma mémoire.

    Un extrait : Nous déjeunions avec Marcus au rez-de-chaussée de cette trattoria de SoHo. Nous y venions presque tous les jours. Le patron accueillait Shakespeare, mon chien, comme une divinité. Il lui préparait de généreuses gamelles. C’était précieux car Shakespeare en effrayait plus d’un. Dressé sur ses pattes arrière, il atteignait le mètre quatre-vingts. Sa fourrure d’ours beige et feu ne faisait pas oublier sa gueule qui, s’il n’avait eu si bon caractère, aurait pu régler son compte à un homme en quelques secondes. Je me penchais avec appétit sur mes spaghettis al pesto, lorsque la cheville qui allait changer ma vision des femmes apparut sur les tomettes de l’escalier. Elle capta immédiatement mon attention. Sa propriétaire, qui descendait de la salle au premier étage, marqua une pause. Elle parlait à quelqu’un. Je mis un certain temps à isoler sa voix, moqueuse, dans le brouhaha des discussions et des bruits de couverts. Ses pieds pivotèrent légèrement. J’admirai ses orteils enfantins aux ongles brillants. Elle continuait à parler d’une voix insistante. Elle voulait déjeuner en bas. En haut la salle était presque vide. Il n’y avait personne, c’était triste. Une voix d’homme, dont j’apercevais les mocassins marron, protestait. C’était plus calme en haut. Le pied gauche de la fille descendit une marche, dévoila le début d’un mollet. Il remonta, descendit à nouveau, et enfin s’engagea. A mesure qu’elle se révélait, je caressais du regard la ligne fine de ses tibias, ses genoux, le début de ses cuisses que creuse cette diagonale du muscle qui m’affole chez une femme. La peau à peine dorée, d’une perfection irréelle, disparaissait ensuite sous la corolle d’une étoffe bleue. Une ceinture mettait en valeur sa taille où j’aurais voulu d’emblée ancrer mes mains. Son chemisier sans manches laissait voir des bras d’une fraîcheur ronde, appétissante. Plus haut, dans l’échancrure, émergeait un cou élégant que j’aurais pu briser d’une main. Elle dévala les trois dernières marches en riant. Une lumière entra avec elle dans la pièce, celle de ses cheveux. Elle traînait par la cravate un homme d’une quarantaine d’années, habillé d’un pantalon beige et d’un blazer bleu marine à pochette jaune. Tiré par le col, rouge et très contrarié, il tentait de la suivre sans tomber. Elle lui rendit sa liberté en laissant filer la cravate entre ses doigts presque transparents de finesse puis s’exclama :

    « Ernie, tu es assommant ! »

    Je l’observais avec une telle attention qu’alertée par un instinct animal, elle croisa mon regard et s’immobilisa une fraction de seconde. Dès qu’elle tourna ses yeux insolents vers moi, je sus que cette fille me plaisait plus que toutes celles que j’avais pu connaître ou simplement désirer. J’eus l’impression qu’une lave coulait en moi, mais la jeune femme ne sembla pas troublée, ou, si elle le fut, mon étincelante créature avait suffisamment de retenue pour ne pas le montrer. Le type au blazer s’agaça de l’intérêt que je lui portais. Il me dévisagea d’un air irrité. Instantanément, mon corps se tendit. J’étais prêt à me battre. Il n’avait rien à faire dans ce restaurant. Il ne méritait pas cette déesse. Je voulais qu’il me la laisse et qu’il foute le camp. Je lui adressai un sourire narquois, espérant qu’il viendrait me provoquer, mais Ernie était un pleutre. Il détourna les yeux. Ma beauté fit une volte-face gracieuse lorsque le serveur, aussi ébloui que moi, lui indiqua leur table. Il écartait les chaises sur son passage, tandis qu’elle avançait, tête légèrement baissée, avec cet air modeste des filles qui se savent admirées.

     

  • [Livre] Agnes Sorel

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    Résumé : L'an de grâce 1442 voit mourir Yolande d'Aragon, reine des quatre royaumes. Dans son ombre, la silhouette d'Agnès Sorel, vingt ans, demoiselle d'honneur à la cour du roi René. La jaune femme est belle, intelligente; elle sera bientôt puissante, en devenant la maîtresse du roi Charles VII. Bijoux somptueux, décolletés provocants, bains de lait d'ânesse, la Dame de Beauté, surnommée ainsi après que le roi lui ai offert le château du même nom, n'a pas que des amis à la Cour où on lui reproche ses goûts dispendieux. Son amitié avec le grand argentier du roi Jacques Cœur, qui lui procure soieries et marchandises précieuses, son rôle influent sur la vie politique et diplomatique, son amour partagé avec Charles VII et sa grâce vont façonner sa légende jusqu'à sa fin mystérieuse à l'âge de vingt-huit ans...

     

    Auteur : Princesse michael de kent

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : historique

     

    Date de parution : 2015

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Agnès Sorel est le second tome de la saga Anjou. Il suit directement le premier tome consacré à Yolande d’Aragon, « la reine des quatre royaumes », puisque ce dernier se fini avec la mort de la reine Yolande et que ce tome commence avec son enterrement.
    Agnès Sorel est présente à l’enterrement, d’une part parce qu’elle est la demoiselle d’honneur d’Isabelle de Lorraine, la belle fille de la reine Yolande et d’autre part car elle a passé près d’une année à tenir compagnie à la vieille dame qui souhaitait la former pour « son destin ».
    Agnès, innocente de vingt ans, ne sait pas du tout quel est ce destin auquel la destinait Yolande d’Aragon, mais lorsqu’elle raconte à sa maîtresse Isabelle de Lorraine les conversations qu’elle a eu avec la reine défunte, celle-ci comprend immédiatement de quoi il retourne.
    Elle fait donc ce que Yolande aurait souhaité, et fait en sorte qu’Agnès se rapproche du roi.
    Le succès est immédiat et le monarque tombe fou amoureux de celle que l’on appellera la dame de Beauté après que le roi lui ait offert le Château de Beauté.
    Agnès Sorel va être la première maîtresse royale a porter ce titre de manière officielle, à ne pas être maintenue dans l’ombre et mariée à un homme de paille pour sauvegarder les apparences et donner un nom à ses enfants. Les trois filles qu’elle donnera au roi seront d’ailleurs légitimées comme princesses de France et feront de grands mariages.
    La jeune femme est partagée entre son devoir envers le roi et la France, comme le lui a inculqué Yolande d’Aragon, et sa conscience religieuse qui la tourmente car elle est partie prenante d’un adultère. Pour expier ses péchés, elle reverse une grande partie de ses revenus et des cadeaux du roi aux pauvres, malades, enfants abandonnés, œuvres de charités et bien sûr à l’Eglise.

    Au début du premier tome, j’avais eu du mal à m’habituer au récit au présent, mais là, j’ai eu le temps de me faire au style de l’auteur, et ça ne m’a pas gênée du tout, d’autant plus qu’on est très vite happé par l’histoire et que le temps employé en devient rapidement secondaire.

    La mort d’Agnès Sorel est entourée de mystère : suicide, assassinat, incompétence des médecins ? L’auteur a décidé de soutenir la thèse de l’assassinat en nous présentant un coupable ayant pu agir avec certains appuis.

    Discrètement, au fil du roman, l’auteur fait prendre de plus en plus de place à Jacques Cœur, qui doit être au centre du dernier tome de la saga.
    Un troisième tome que j’ai hâte de découvrir s’il se montre à la hauteur des deux premiers.

     

    Un extrait : Durant le trajet long et solitaire qui la ramenait à Nancy, avec ses gardes pour seule compagnie, Agnès se distrayait en se remémorant son arrivée de Touraine, dans le pays de Loire, pour entrer au service de la Duchesse Isabelle. Celle-ci était bonne et s’était tout de suite prise de sympathie pour elle, mais les jeunes membres de son entourage ne manquaient jamais de rappeler à Agnès que, étant plus jeune et de plus basse naissance qu’eux, elle avait aussi moins d’importance et devait savoir rester à sa place.
    Malgré  ces inconvénients, qu’elle acceptait stoïquement, sa maîtresse la distinguait souvent des autres. Lorsqu’elle ne la priait pas de lui faire la lecture ou de jouer de la harpe, Isabelle caressait les longues boucles blondes de sa plus jeune servante, s’amusait à la coiffer et même à la parer de ses propres habits somptueux, comme une poupée ! Agnès était aussi grande qu’Isabelle, blonde et mince comme elle, c’est pourquoi les mêmes robes et les mêmes couleurs leur seyaient. Isabelle ne se lassait pas non plus d’apprendre à Agnès à arranger sa chevelure.

    - Tu as les mains habiles, chère enfant, j’aime leur toucher, doux et ferme à la fois, disait-elle avec un sourire fort bon.

    Les demoiselles d’honneur de Lorraine apprenaient de leur duchesse à être aussi gracieuses qu’elle dans leurs mouvements, à baisser le ton et les yeux lorsqu’un gentilhomme s’adressait à elles.

    - Le plus important, disait-elle, est de ne jamais paraître effrontées ou indélicates par vos paroles ou votre tenue.

    Pourtant, elle les complimentait sur leur beauté.

    - Durant votre séjour ici, à mon service, vous apprendrez toutes à devenir de grandes dames et je vous verrai assurément faire de somptueux mariages… si j’estime que vous les méritez !

    Que ces premiers temps passés à Nancy étaient pleins d’innocence !

     

  • [Livre] Victor tombe-dedans sur l'île au trésor

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Un matin pluvieux de vacances, l’intrépide canaille Victor met un plan en action afin de passer une journée dans sa chambre, pour (se) plonger dans le livre qu’il a choisi : L’Ile au trésor.
    Dès les premiers mots, son fabuleux pouvoir d’imagination l’emporte et il se retrouve les deux pieds dans le sable des Caraïbes, face au terrible pirate Chien Noir… mais aussi aux côtés de Jim Hawkins, le jeune héros de l’histoire de Stevenson. Ensemble, les deux garçons vont partir à la recherche d’un trésor, rencontrer Long John Silver, voir net dans son double jeu et, après bien des péripéties, déjouer les pièges des pirates mutins…

     

    Auteur : Benoît Minville

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Enfant

     

    Date de parution : 5 octobre 2016

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Les livres de la collection Pepix sont toujours bourrés d’humour, que ce soit dans le texte lui-même ou dans les pages bonus qui parsèment le roman. Celui-ci ne fait pas exception à la règle.

    Victor est un petit garçon malicieux qui adore sa petite sœur, ne supporte pas son ado de frère (qu’il surnomme tête de moussaka) et est affublé d’une mère qui semble considéré ses enfants comme des ennuis permanents.
    Mais Victor est surtout détenteur d’un super pouvoir génial : il peut entrer dans les histoires qu’il lit. Littéralement. Les aventures que contiennent les romans prennent une autre dimension quand on est projeté au cœur de l’histoire.
    Aujourd’hui, c’est dans l’île au trésor de Stevenson que se plonge Victor. On assiste donc à une réécriture de l’histoire qui ne manquera d’éveiller l’intérêt des jeunes lecteurs pour le roman original.
    Victor vit cette aventure en y ajoutant sa touche personnelle. Jim
    Hawkings, le héro du roman de Stevenson, est désarçonné par les anachronismes que n’arrête pas de faire Victor (qui lui parle du foot, de l’école primaire…).

    Le super pouvoir de Victor lui permettra même de se rapproche quelque peu de son frère, comme avant que celui-ci ne soit attaqué par cette bête étrange que la mère de Victor appelle puberté.
    Le rythme est effréné, on ne peut pas arrêter de tourner les pages. La longueur est idéale pour un enfant de 8 à 12 ans. 181 pages c’est assez long pour avoir une histoire bien conçue, bien fouillée, et assez court pour ne pas freiner l’enthousiasme de jeunes lecteurs.
    Il y a un premier tome, mais les deux histoires peuvent se lire indépendamment l’une de l’autre. Dans ce premier tome, c’est dans l’univers des trois mousquetaires que plonge Victor.
    Si j’ai un bémol sur ce livre, c’est que l’histoire est à la première personne, puis passe à la troisième personne avant de revenir à la première. Je n’ai compris ce changement de perspective et je ne l’ai pas trouvé très utile non plus. J’aurais nettement préférée lire toute la première partie de l’aventure en la voyant à travers les yeux de Victor plutôt qu’à travers ceux d’un narrateur extérieur, d’autant plus que jamais on ne voit des passages où Victor n’est pas présent.

    Mais en dehors de ce point en particulier, j’ai trouvé ce livre vraiment prenant et j’ai maintenant hâte de lire un autre livre de cet auteur, dans la collection Exprim, pour voir s’il est aussi talentueux lorsqu’il s’agit d’écrire pour des adolescents qu’il l’est pour s’adresser aux enfants.

    Un extrait : Tête de Moussaka pleurnichait comme un bébé, trempé de la tête aux pieds.
    J’ai tout de même travaillé un peu ma mauvaise foi.

    - J’ai rien fait, c’est lui.

    - La porte se referme toute seule, avec ton frère dehors ?

    - J’ai trouvé ça étrange aussi. Je pense qu’Alexandre est possédé par un esprit, faut pas être normal pour sortir en t-shirt par ce temps… La seule solution, pour être sûr, c’est de le pendre par les pieds au-dessus d’un puits.

    - Victor…

    - Si, c’est vrai ! C’est pas possible qu’il ressemble autant à une pizza boursoufflée sans être possédé.

    - VICTOR !! File dans ta chambre !

    Mon frère me maudissait, il ressemblait à un cocker passé à l’essoreuse.

    - T’es vraiment trop naze, comme frère. Des fois, je préférerais être fils unique.

    Ma sœur est passée devant lui et lui a tiré la langue. J’ai souri. Un héro incompris, mais heureux d’avoir donné une leçon au Plutonien mouillé.
    Etant arrivé à mes fins, j’ai filé dans ma chambre, et je me suis glissé sous ma couette ; la pluie tapait contre le toit.
    Le meilleur restait à venir : mes plus belles aventures, celles qui arrivent quand je plonge dans un livre et tombe dans l’histoire… Pour de vrai…

    Ah, ce plaisir de laisser les mots du bouquin exercer leur magie pour que mon GRAND pouvoir se mette en route !

    J’ai regardé la couverture. C’était un dessin représentant des pirates, un coffre, un jeune garçon de l’âge de mon frère.
    J’ai commencé à lire. Je lis, je lis…
    « Monsieur Trelawney, le docteur Livesey et tous ces messieurs m’ayant demandé d’écrire ce que je sais de l’île au Trésor, du commencement à la fin, sans rien omettre, si ce n’est la position exacte de l’île, et cela parce qu’il s’y trouve encore un trésor, je prends la plume en l’an de grâce 17… »

    Et…VLOOOOOOOOF, je tombe dedans…
    Bascule totale tête en avant…

     

  • [Livre] Les disparus du phare

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    Résumé : Rejeté par les vagues, un homme reprend connaissance sur une plage. Tétanisé par le froid, le cœur au bord des lèvres, frôlant dangereusement le collapsus. Il ignore où il se trouve et surtout qui il est ; seul affleure à sa conscience un sentiment d’horreur, insaisissable, obscur, terrifiant. Mais si les raisons de sa présence sur cette île sauvage des Hébrides balayée par les vents lui échappent, d’autres les connaissent fort bien. Alors qu’il s’accroche à toutes les informations qui lui permettraient de percer le mystère de sa propre identité, qu’il s’interroge sur l’absence d’objets personnels dans une maison qu’il semble avoir habitée depuis plus d’un an, la certitude d’une menace diffuse ne cesse de l’oppresser. Muni, pour seuls indices, d’une carte de la route du Cercueil qu’empruntaient jadis les insulaires pour enterrer leurs morts, et d’un livre sur les îles Flannan, une petite chaîne d’îlots perdus dans l’océan marquée par la disparition jamais élucidée, un siècle plus tôt, de trois gardiens de phare, il se lance dans une quête aveugle avec un sentiment d’urgence vitale.

     

    Auteur : Peter May

     

    Edition : Rouergue

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 1 Juin 2016

     

    Prix moyen : 22,50€

     

    Mon avis : Entre le titre et la mention qui en est faite dans le résumé, je m’attendais à ce que la disparition des gardiens de phare, un siècle plus tôt, ait une importance capitale dans l’intrigue.
    Et bien j’ai envie de crier à la publicité mensongère, car pour le peu qu’on en parle, c’est du remplissage et si l’histoire sert de prétexte au protagoniste principal, ça ne justifiait certainement pas que le titre la mette en avant comme ça.
    J’en suis d’autant plus déçue que le fait est historique et est resté inexpliqué. Même si Peter May en donne un semblant d’explication à la fin de son roman, on reste sur sa fin, car justement, la fin est axée sur la résolution des questions en suspens et que cette question-là a été trop laissée de côté dans le livre pour qu’on s’y attache vraiment.
    J’ai trouvé passionnante la partie sur les abeilles, tout ce qui les concerne semblent très bien documenté et est parfaitement expliqué sans faire article de « science et vie ».
    J’ai eu du mal avec le rythme. L’histoire en elle-même est bien conçue, même si on reste parfois sceptique quant à sa crédibilité au regard non seulement des moyens de connexion d’aujourd’hui (téléphones, internet, TV…) et au moyen de contrôle des gouvernements (carte d’identité biométrique, cartes de crédits, exploitations des données…). Le fait que l’action se déroule dans un coin reculé de l’écosse permet toutefois de passer au-dessus de ces considérations et de s’immerger dans l’histoire.
    Cependant, j’ai trouvé que c’était lent. Alors ok, on parle d’un type amnésique qui tente de se trouver et de comprendre qui il est et ce qu’il fait (ou a fait), mais parfois, il devient difficile de rester concentré sans se dire : il reste encore touuuut ça à lire ?
    Dans le dernier tiers, le rythme s’accélère et je l’ai trouvé bien plus intéressant. D’ailleurs je l’ai vu à mon rythme de lecture ! Alors que j’ai peiné à lire les 20 premiers chapitres, les 13 suivants ont défilé à toute vitesse.
    Coté personnages, Karen m’a un peu agacée car elle cherche égoïstement à satisfaire son propre désir, sans se soucier des conséquences alors qu’elle dit elle-même comprendre l’importance vitale du sujet.
    Il y a une scène que je n’ai pas comprise et qui n’a aucune explication : quand la mère de Karen voit un des personnages et fait mine de ne pas le reconnaitre alors que l’on comprend plus tard qu’elle l’a forcément reconnu. Pourquoi ? Et pourquoi ne pas donner d’explication ? J’ai vraiment eu l’impression que la scène avait été écrite dans le seul but de meubler. Or pour moi, dans un thriller, il ne doit pas y avoir de scènes inutiles : soit elles sont un morceau du puzzle pour trouver la solution, soit elles permettent de mieux cerner la personnalité d’un personnage important.
    En résumé, les disparus du phare est un livre qui restent agréable à lire mais qui ne tient pas toutes les promesses d’un thriller.

    Un extrait : La première chose dont je suis conscient est le goût du sel. Il emplit ma bouche. Envahissant. Pénétrant. Il domine mon être, étouffe mes autres sens. Jusqu’à ce que le froid me saisisse. Qu’il me soulève et me serre entre ses bras. Il me tient si fermement que je ne peux bouger. À part les tremblements. Intenses et incontrôlables. Et, quelque part dans mon esprit, je sais que c’est une bonne chose. Mon corps essaie de produire de la chaleur. Si je ne tremblais pas, je serais mort.

    Après ce qui me semble être une éternité, je parviens à ouvrir les yeux. Je suis aveuglé par la lumière. Une douleur fulgurante me vrille le crâne et mes pupilles se contractent rapidement pour faire le point sur un étrange décor. Je suis étendu sur le ventre, du sable humide sur les lèvres, dans les narines. Je cligne frénétiquement des yeux pour que mes larmes les nettoient. Et tout ce que je vois, c’est une étendue de sable qui file vers un horizon brouillé en ondulations serrées. Pâle comme du platine. Presque blanc.

    À présent, je prends conscience du vent. Il tire sur mes vêtements, propulse une myriade de grains de sable qui forment un voile de l’épaisseur d’un soupir et traversent la plage en courants et tourbillons, tel un cours d’eau.

    Je m’oblige à me mettre à genoux, actionnant mes muscles plus par réflexe que par la force de ma volonté, sans sentir mon corps. Presque immédiatement, le contenu de mon estomac se répand sur le sable. L’eau de mer dont il était rempli, amère, me brûle la gorge et la bouche en s’échappant. Je laisse ma tête pendre entre mes épaules et, soutenu par mes bras tremblants, je vois l’orange vif du gilet qui m’a certainement sauvé la vie.

    C’est alors que j’entends la mer pour la première fois, au-dessus du vent, distincte du fracas qui m’envahit la tête, de ce bourdonnement atroce qui noie presque tout.

    Je suis maintenant, Dieu sait comment, debout, les jambes flageolantes. Mon jean, mes chaussures de sport, mon pull sous le gilet de sauvetage, tous gorgés d’eau, m’alourdissent. J’essaie de contrôler ma respiration, les poumons agités de spasmes, et j’observe au loin les collines environnantes, au-delà de la plage et des dunes, et la roche violet, brun et gris qui perce la fine peau de terre tourbeuse qui s’accroche à leurs flancs.

    Derrière moi, peu profonde, turquoise et sombre, la mer se retire des hectares de sable qui rejoignent les silhouettes noires des montagnes se découpant à distance contre un ciel menaçant, marbré de bleu et de mauve. Des échardes de soleil éclatent à la surface de l’océan et mouchettent les collines. Par endroits, un ciel d’un bleu parfait troue les nuages, surprenant, irréel.

    Je n’ai aucune idée du lieu où je me trouve. Et, pour la première fois depuis que j’ai repris conscience, je me rends compte, soudain saisi par une angoisse fulgurante et douloureuse, que je n’ai pas la moindre notion de qui je suis.

     

  • [Livre] Maudit karma

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    Résumé : Animatrice de talk-show, Kim Lange est au sommet de sa gloire quand elle est écrasée par une météorite. Dans l'au-delà, elle apprend qu'elle a accumulé beaucoup trop de mauvais karma au cours de son existence. Non seulement elle a négligé sa fille et trompé son mari, mais elle a rendu la vie impossible à son entourage. Pour sa punition, Kim se réincarne en fourmi. Et le pire reste à venir: de ses minuscules yeux d'insecte, elle voit une autre femme la remplacer auprès de sa famille. Elle doit au plus vite remonter l'échelle des réincarnations. Mais, de fourmi à bipède, le chemin est long. Kim devra surmonter bien des obstacles... et, au passage, revoir la plupart de ses conceptions sur l'existence !

     

    Auteur : David Safier

     

    Edition : Presse de la Cité

     

    Genre : Chick lit

     

    Date de parution : 2008

     

    Prix moyen : 19,50€

     

    Mon avis : Dur dur pour une présentatrice TV célèbre et reconnue de mourir d’une façon totalement idiote, de se réincarner en fourmi et d’apprendre que l’on doit cet état de fait à la manière horrible dont on s’est comporté de son vivant.
    Encore plus dur de réaliser que son ex meilleure amie est bien décidée à mettre le grappin sur son défunt mari alors même que la plaque de notre tombe n’est pas encore posée.
    C’est ce qui arrive à Kim Lange et bien qu’extrêmement contrariée par tous ces évènements, la voilà bien décidée à se battre pour empêcher la bimbo qu’elle a jeté sans ménagement de sa vie de prendre sa place. Le problème c’est qu’il est difficile d’influencer la vie d’autrui dans la peau d’un insecte. Mais pour monter dans la hiérarchie de la réincarnation, il va falloir accumuler du bon karma et ça ne va pas être de la tarte pour l’égoïste et carriériste Kim.
    A certains moments, je me suis demandé ce qui justifiait qu’elle « monte en grade », non parce que s’il est vrai que Kim, dans ses différentes incarnations, fait quelques bonnes actions, sa motivation profonde reste quand même très égoïste : elle veut séparer son ex meilleure amie de son défunt mari. Et peu importe si celui-ci a une chance d’être heureux avec elle, peu importe si elle risque de perturber sa fille… Elle veut les séparer, point. Et même pas vraiment pour le récupérer, juste pour les séparer. Son rêve serait que son mari (et son amant également, tant qu’on y est) fasse vœu de célibat en mémoire de la merveilleuse épouse qu’elle a été (vous la sentez l’ironie ?)
    Si je n’ai pas vraiment aimé le personnage de Kim, qui reste assez imbuvable (à part quand elle est dans la peau d’un chien, là, elle est vulnérable et un peu plus sympathique), j’ai adoré celui de Casanova. Oui oui, LE Casanova, qui vient de passer un nombre incalculable de vies dans la peau d’une fourmi car il n’a guère l’intention de faire le moindre effort pour améliorer son karma et qui va être entraîné par Kim dans son aventure (et comme il a bien meilleur cœur qu’elle, il sait toujours plus ou moins comment il faut agir).
    La plupart du livre est humoristique, mais il y a quelques passages qui serrent le cœur (j’en reviens à celui où Kim est réincarnée en petit chien).
    La dernière partie m’a un peu fait penser à la série Drop Dead Diva (les éclairs de génie dus aux souvenirs de la propriétaire d’origine du corps en moins).
    La fin est un peu trop attendue. J’aurais aimé un peu plus de surprise, quelque chose de plus original.
    En résumé c’est une bonne lecture, qui fait passer un bon moment, mais qui ne restera pas dans ma mémoire bien longtemps.

    Un extrait : En orbite depuis 1993, la station spatiale Photon M3 servait aux savants russes à réaliser des expériences médicales, biologiques, et à tester du matériel scientifique.

    Le jour de la remise du prix de la Télévision allemande, la base de Baïkonour commanda le retour de cette station, devenue obsolète, vers l’atmosphère terrestre où elle devait se consumer. Mais les ingénieurs du centre de contrôle durent alors se rendre à l’évidence : l’angle d’entrée dans l’atmosphère n’était pas tout à fait conforme à leurs calculs. Au lieu de se désintégrer, la station ne fut détruite qu’à quatre-vingt-dix-huit pour cent. Les deux pour cent restants furent dispersés sur tout le nord de l’Europe.

    Pourquoi je raconte ce fiasco ? Parce que le foutu lavabo de cette foutue station spatiale a atterri sur ma tête !

    J’étais debout sur le toit-terrasse de l’hôtel à contempler les lumières de Cologne by night, seule avec mes pensées confuses. Daniel parlait-il sérieusement ? Devais-je me séparer d’Alex ? Comment Lilly réagirait elle ? Dans quarante ans, mon postérieur dénudé figurerait-il encore dans les bêtisiers du monde entier ?

    C’est alors que je vis quelque chose briller dans le ciel. C’était très beau : ça ressemblait à une étoile filante. Je fermai les yeux et fis un vœu : « Que tout s’arrange… »

    À travers mes paupières fermées, je vis la lueur grandir, devenir aussi brillante qu’un fanal. Puis vint le bruit. Un bruit assourdissant ! J’ouvris brusquement les yeux, juste à temps pour voir une boule de feu foncer droit sur moi.

    Je compris aussitôt que je n’avais aucune chance de l’éviter. Je n’eus que le temps de me dire : « C’est vraiment dingue de mourir comme ça ! »

     

  • [Livre] Journal d'un vampire en pyjama

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    Résumé : « Me faire sauver la vie est l’aventure la plus extraordinaire que j’ai vécue. » 
    Journal intime tenu durant l'année où M. Malzieu a lutté contre la maladie du sang qui a altéré sa moelle osseuse et la mort personnifiée, Dame Oclès.

     

    Auteur : Mathias Malzieu

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 27 janvier 2016

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Dès les premières pages, j’ai su que je ne pourrais pas lâcher ce livre jusqu’à la fin.
    Mathias Malzieu nous emmène dans son univers hospitalier avec un mélange de doute et d’humour déconcertant. Je ne sais vraiment pas comment il a pu garder un tel sens de l’humour au vue des épreuves qu’il a traversé.

    Quand, au tout début du livre, il décrit le prélèvement de moelle osseuse par le sternum, j’ai eu le souffle coupé au moment même où je lisais l’acte tant j’avais presque l’impression d’y être. Je crois même que j’ai eu un gémissement de douleur (et comme j’ai commencé ce livre au boulot, pendant ma pause déjeuner, je vous laisse imaginer le regard des collègues).
    Atteint d’une aplasie médullaire, Mathias Malzieu a besoin de transfusions pour survivre et va faire plusieurs séjour en chambre stérile, d’où le titre : vampire en pyjama. Puisqu’il a besoin du sang des autres et qu’il est très pale car fortement anémié, il se voit comme un vampire.
    Je ne sais pas où il a trouvé la force de faire face à tout cela, peut être grâce à sa compagne, son père, sa sœur ? Très sûrement grâce à la rage de vivre qui l’habite.
    J’avoue que quand il décrit la première fois où il a senti qu’il n’allait pas bien, je suis allée voir le clip de la mécanique du cœur, histoire de voir si, entre les différents plans, on voit que quelque chose ne va pas. Et bien non, il a toujours la même énergie, il saute partout, on n’imagine pas une seconde, quand on voit ce clip, qu’il était déjà atteint de sa maladie, au point de mettre sa vie en danger, sans le savoir.
    J’ai beaucoup aimé son interprétation de l’épée de Damoclès qui devient l’épée de Dame Oclès, une espèce d’enquiquineuse toujours là pour plomber le moral et rappeler que peut importe l’espoir, tout pourrait mal finir. Dur de lui tenir tête, de l’ignorer, de se concentrer sur la guérison en sentant sa présence, juste là, à côté, prête à frapper…
    Dans sa manière d’écrire, Malzieu nous associe à son attente, au fil des pages, des dates inscrites en haut de chaque chapitre, on espère, comme lui, recevoir enfin une bonne nouvelle : des analyses meilleures ? Un traitement qui fonctionne ? Un donneur ? On ressent à quel point il est partagé quand sa sœur fait les tests pour voir si elle est compatible : partagé entre l’espoir qu’elle le soit et que le cauchemar s’arrête, et le refus de la voir entre les mains des médecins, de subir un prélèvement, de ressentir la moindre douleur. Difficile de se protéger soit même tout en ménageant les autres. Rosy semble avoir été une véritable bouée de sauvetage, solide et stable quand tout semble s’effondrer. Et si elle a eu des doutes, on dirait qu’elle a tout fait pour les montrer le moins possible.
    Il y a aussi le dévouement et la présence constante du personnel hospitalier et en premier lieu des infirmières. Elles font tout pour que les hospitalisations se passent bien, pour rassurer, pour rappeler que tout espoir n’est pas perdu.
    Malheureusement, il y en a d’autres, moins sympathiques : ceux qui se lèvent du milieu, qui se disent amis mais abandonnent le malade à son sort, ceux qui regardent comme s’il était une bête curieuse… Celui qui m’a le plus choquée c’est le chauffeur de taxi, ce n’est plus de la connerie à ce stade, c’est la mise en danger délibérée, il mériterait de perdre sa licence. J’espère qu’il a lu le livre, qu’il s’est reconnu, et qu’il est mort de honte ! (Mais j’ai des doutes, ce genre d’abruti ne lis pas ce genre de livre et surtout, ne se remettent jamais en question !)

    J’ai lu ce livre sans avoir jamais rien lu ni écouté de cet auteur-chanteur, à part le début de jack et la mécanique du cœur (juste la chanson « le jour le plus froid du monde ») donc sans aucun a priori ni attente particulière. Je suis vraiment ravie de l’avoir découvert avec ce livre ci.


    Un extrait : 7 novembre 2013

    J’entre dans une de ces boutiques médicales aux allures d’hôpital miniature qu’on appelle laboratoires. Une dose de silence bleu, une piqûre et un sucre plus tard, je suis libéré. « Vous êtes très très blanc, monsieur Malzieu… Ça va aller ? » L’infirmière qui vient de me piquer a ce sourire surentraîné à la compassion qui fout la trouille.

    Nous sommes le vendredi précédant le week-end du 11 novembre, je n’aurai donc les résultats que mardi. Je remonte le boulevard Beaumarchais au ralenti. Une petite vieille avec un mini-chien coiffé comme elle me double sur la place de la République. J’achète L’Équipe et mange des nuggets pour ne penser à rien pendant plusieurs minutes d’affilée. Ça marche un peu.
    Je rentre chez moi. C’est juste à côté mais ça me prend du temps. Je suis crispé de froid dans mon manteau alors que les gens se promènent en pull, peinards. Ça fait des semaines que je ne prends plus l’escalier, aujourd’hui même dans l’ascenseur je suis essoufflé.
    Depuis quelques mois, on me dit tout le temps que je suis blanc. C’est vrai que j’ai un peu une tête de vampire. Pas la catastrophe non plus, il m’est déjà arrivé d’être plus fatigué en tournée. Je m’allonge quelques minutes en écoutant Leonard Cohen et me sens légèrement mieux.

    J’appelle le taxi qui doit m’emmener sur le montage du clip. Entre-temps le téléphone sonne, un numéro que je ne connais pas.

    – Bonjour, monsieur Malzieu ?

    – Oui.

    – Docteur Gelperowic à l’appareil, le laboratoire vient de m’appeler pour me communiquer vos résultats en urgence…

    – Ah bon ? Ils m’avaient dit que je n’aurais rien avant mardi.

    – Ils ont préféré vérifier immédiatement votre hémoglobine, qui s’avère être très basse. Vous êtes très fortement anémié. Le taux normal de globules rouges se situe entre 14 et 17 milligrammes. Vous en avez 4,6. Il faut aller vous faire transfuser immédiatement.

    – Comment ça ?

    – Vous n’avez pas assez d’oxygène dans le sang, il faut aller aux urgences, tout de suite !

    – Tout de suite ?

    – Avec aussi peu de globules rouges, vous ne devriez même pas tenir debout… Surtout évitez les efforts physiques, vous risquez l’accident cardiaque.

    – Quel hôpital je dois appeler ?

    – Le plus proche, ne tardez pas surtout !

    Chaque phrase est une gifle. Je suis assommé.
    Je m’assois sur mon lit pour essayer de trier mes émotions. Toutes mes pensées deviennent floues. Les questions se catapultent, les réponses pas trop. Je me repasse le souvenir de la journée de la veille, à sauter partout comme le plus con des dragons. J’aurais pu me cramer le cœur en direct.
    Le téléphone sonne à nouveau, c’est le même numéro.

    – C’est encore le docteur Gelperowic. Nous venons de récupérer de nouveaux résultats…

    – Alors ?

    – Malheureusement, les trois lignées de globules sanguins sont atteintes. Votre taux de plaquettes est très bas.

    – Les plaquettes ? Je ne me souviens plus exactement…

    – Il s’agit des cellules qui arrêtent les saignements. Vous en avez très peu.

    – Comment ça « très peu » ?

    – La norme est entre 150 000 et 450 000, mais vous, vous en avez 11 500. En dessous de 20 000, on transfuse systématiquement. Vous avez saigné du nez récemment ?

    – Oui.

    – Surtout ne vous rasez pas, ne manipulez pas d’objets coupants et essayez de ne pas vous cogner, pour éviter tout risque hémorragique. Les globules blancs sont également touchés, monsieur Malzieu.

    – Ce qu’on appelle les défenses immunitaires ?

    – Oui. Vous avez 750 polynucléaires neutrophiles alors qu’il vous en faudrait le double. Je ne vous cache pas que c’est inquiétant…

    – On va me transfuser pour ça aussi ?

    – Ces globules-là ne se transfusent pas. En attendant la prise en charge, lavez-vous les mains le plus souvent possible.

    – Mais qu’est-ce que tout ça veut dire ?

    – Il faut vous faire quelques examens complémentaires pour diagnostiquer. On va devoir explorer votre moelle osseuse pour comprendre pourquoi vous perdez votre sang.

    Les battements de mon cœur s’accélèrent. Mon petit appartement paraît immense. Hémoglobine, plaquettes, polynucléaires, transfusion… ces mots avancent sous mon crâne telles des ombres menaçantes. Je tape « moelle osseuse » sur Internet : « A un rôle vital dans le fonctionnement du corps humain. Elle est responsable de la formation des cellules particulières (globules rouges, blancs et plaquettes) appelées cellules souches hématopoïétiques. Ces cellules produisent l’ensemble des globules indispensables à la vie. »

    Indispensables à la vie ?

     

  • Les 50 livres que tous les enfants d'aujourd'hui devraient avoir la chance d'avoir dans leur bibliothèque

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    Il y a quelques temps, je vous ai proposé les 100 lectures "incontournables" selon mon entourage.
    Aujourd'hui, je me penche sur les lectures qu'on déplore de ne pas trouver plus souvent dans les bibliothèques des adultes en miniatures. Personnellement je n'ai rien contre les "monster high", "princesse academy" ou "foot de rue extrême"... du moment que ça les fait lire plutôt que rester sur les consoles ou autres tablettes...
    Mais quand même, ça serait bien qu'à tous ces livres qui sortent à un rythme effréné, s'ajoutent quelques livres intemporels. On m'a bien sûr immédiatement cité les contes de fées ou encore les romans de la comtesse de Ségur, mais il y a d'autres trouvailles intéressantes, qui pourraient rappeler à certains quelques souvenirs!
    Comme pour les 100 livres "incontournables", je mets en bleu ceux que j'ai déjà lus (et vous verrez que j'ai lu bien plus de classiques de l'enfance que de classique de l'âge adulte...)

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    1. Les contes des frères Grimm
    2. Les contes d’Andersen
    3. Les contes de Perrault
    4. Contes de fées, Madame d'Aulnoy
    5. La Belle et la Bête, Gabrielle-Suzanne de Villeneuve

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    6. Les contes de la Saint-Glinglin, Robert Escarpit
    7. Histoires comme ça, Rudyard Kipling
    8. Le livre de la Jungle, Rudyard Kipling
    9. Contes de la rue Broca, Pierre Gripari
      Sans oublier le second tome: Les contes de la folie Méricourt
    10. Les contes du chat perché, Marcel Aymé
      Il existe les contes rouges et les contes bleus. Les deux tomes sont aussi excellents l'un que l'autre!

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    11. Le conte de Jeannot lapin, Beatrix Potter
    12. Les fables de la fontaine
    13. Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry
    14. L’appel de la forêt, Jack London
    15. Peter Pan, James Matthew Barrie

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    16. Alice au pays des merveilles, Lewis Caroll
    17. Mon bel oranger, José Mauro de Vasconcelos
    18. Robinson crusoé, Daniel Defoe
    19. La guerre des boutons, Louis Pergaud
    20. L'Île au trésor, Robert Louis-Stevenson

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    21. Oliver Twist, Charles Dickens
    22. David Copperfield, Charles Dickens
    23. Les romans de la comtesse de Ségur
      Apparemment, les malheurs de Sophie est le livre le plus connu de la Comtesse, mais il est évident que je conseille tous ses livres..
    24. L'Enfant et la rivière, Henri Bosco
    25. Le Dernier des Mohicans, James Fenimore Cooper

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    26. La Petite Fadette, George Sand
    27. La Toile de Charlotte, de E.B. White
    28. Les Quatre Filles du docteur March, de Louisa May Alcott
      Et ses suites! "Le docteur March marie ses filles", "La grande famille de Jo March", "Le rêve de Jo March"
    29. Tom Sawyer, Mark Twain
    30. Les Aventures de Huckleberry Finn, Mark Twain

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    31. Sourde, muette, aveugle : histoire de ma vie, Helen Keller
    32. Papa-Longues-Jambes, Jean Webster
    33. Sacré sorcières, Roald Dahl
    34. Heidi, Johanna Spyri
      Sans compter toutes les suites que l'auteur a écrit
    35. Le petit lord Fauntleroy, Frances Hodgson Burnett

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    36. La petite princesse, Frances Hodgson Burnett
    37. Fifi Brindacier, Astrid Lindgren
    38. Tarzan, Le seigneur de la jungle, Edgar Rice Burroughs
    39. Pinocchio, Carlo Collodi
    40. Le Magicien d'Oz, Lyman Frank Baum

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    41. La belle lisse poire du prince de Motordu, Pef
    42. Les Voyages de Gulliver, Jonathan Swift
    43. Le petit Nicolas, Jean-Jacques Sempé et René Goscinny
      Plusieurs recueils de petites histoires: le petit Nicolas, les histoires inédites du petit Nicolas (tome 1 et 2), Joachim a des ennuis, la rentrée du petit Nicolas, Le petit Nicolas et ses copains, et plein d'autres...
    44. Princess Bride, William Goldman
    45. les chroniques de Narnia, C.S Lewis

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    46. Le môme en conserve, Christine Nöstlinger
    47. Deux pour une, Erich Kästner
    48. Poil de Carotte, Jules Renard
    49. Mon amie Flicka, Mary O’Hara
      Il y a eu plusieurs suites: Le fils de Flicka, l'herbe verte du Wyoming et le ranch de Flicka (qui n'est pas vraiment une suite mais présente le ranch de l'auteur et l vie qu'on y mène, qui a inspiré l'histoire)
    50. Tistou les pouces vert, Maurice Druon


    Y a-t-il des livres que vous avez lu? Que vous avez acheté à vos enfants? Si d'autres titres que ceux présentés vous viennent à l'esprit, n'hésitez pas à m'en parler en commentaires!

     

  • [Livre] Sultana

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    Résumé : Protégée par un pseudonyme, une femme musulmane révèle, pour la première fois, les secrets de son pays, l'Arabie Saoudite. Sultana est née princesse mais la vie qu'elle retrace dans ce témoignage bouleversant est celle de l'esclavage auquel sont soumise toutes les Saoudiennes. Enfance dominée, mariage forcé, lapidation, enfermement à vie, humiliations, soumissions, exclusion... La liste est longue, tout aussi longue que les interdits qui pèsent sur ces femmes dépourvues de tout droit.

    Mais pour Sultana, princesse féministe, ce livre est le commencement du changement, et un message d'espoir.

     

    Auteur : Jean P. Sasson

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 01 Janvier 1994

     

    Prix moyen : 4€

     

    Mon avis : J’ai toujours été partagée en lisant l’histoire de Sultana. Car s’il est vrai qu’elle ne maîtrise pas sa propre vie, son enfance étant dirigée par son père puis sa vie d’adulte par un époux choisi par ce dernier, elle a quand même plus de chance que n’importe qu’elle autre femme ordinaire de son pays ou même de tout autre pays islamiste comme l’Iran.
    Car après tout, sa vie est peut être un long sacrifice, mais comme le dit Marius à Fanny dans la trilogie de Pagnol, elle se sacrifie de bon appétit : des milliers de dollars d’argent de poche, se levant à midi puisque les domestiques s’occupent des enfants, se faisant masser les pieds, vivant dans des maisons immense pourvues de tout le confort moderne, voyageant dans compter entre les différentes capitales, juste pour faire du shopping…
    Quant à ses « manquements » aux règles, ils ne sont guère sanctionnés. Là où toute autre jeune fille serait emprisonnée et risquerait la flagellation ou même la mort, Sultana ne récolte que des regards noirs et des sermons.
    Mais d’un autre côté, c’est cette « protection » que lui donne sa naissance royale (car les hommes de sa famille craignent plus que tout un scandale public et ne peuvent pas punir de manière trop cruelles leurs filles ou épouses, au risque que la raison de cette punition ne se sache) qui lui permet de nous dévoiler les dessous de la vie des saoudiennes, celles qui n’ont pas sa chance.
    Comme la jeune fille de 13 ans, lapidée pour avoir eu des relations sexuelles alors qu’elle a été violée par les amis de son frère en l’absence de ses parents, celle de 17 ans, mariée à un homme de 57 ans au fond du désert pour avoir eu un comportement déplacé, au même âge, et pour la même faute, une autre sera exécutée par son père…
    Sultana nous parle aussi des domestiques, surtout les philippines, qui sont régulièrement battues et violées par les familles qui les emploient.
    Même si la vie de Sultana est contrôlée par les hommes et par les lois clairement faites contre les femmes dans son pays, je la trouve parfois très naïve. Elle vit sur un tapis d’or, son père lui a choisi un époux assez proche d’elle en âge, séduisant, aux idées assez modernes pour un saoudien, elle n’a pas été excisée, son père ayant interdit cette pratique après qu’un médecin l’ait informé que sa femme l’avait fait sur ses trois filles aînée et lui ait expliqué les dangers de la pratique, elle a été éduquée, d’abord enfant, puis en reprenant des études une fois adulte… Je ne sais pas si elle réalise à quel point sa vie est facile comparée à celle des femmes de conditions plus modestes.
    Ce livre est très intéressant car il parle de la condition féminine en Arabie Saoudite, mais il faut parfois remettre les choses à leur place et imaginer les mêmes situations dans une famille qui ne dépense pas 6 millions de dollars comme nous dépensons 5€.

    Un extrait : En 1968, j’ai douze ans et mon père devient incroyablement riche. Malgré cette richesse, il est le moins extravagant des Al Sa’ud. Pourtant, il a décidé e faire construire pour chacune de ses quatre familles quatre palais, à Riyad, Djeddah, Tayf et en Espagne. Les palais sont exactement semblables dans chacune des villes, jusqu’à la couleur des tapis et au choix des meubles. Mon père déteste le changement, il veut se sentir chez lui, dans la même maison, tout en voyageant d’une ville à l’autre. Il exige que ma mère nous achète quatre fois chaque objet personnel, y compris les sous vêtements. Il refuse que sa famille s’encombre de bagages. On se procure mes livres et mes jouets par paquets de quatre destinés à chacun des palais. C’est troublant pour moi de me retrouver dans une chambre à Djeddah pareille à celle de Tayf, identique à celle de Riyad, devant les mêmes vêtements suspendus dans les mêmes penderies.
    Ma mère se plaint rarement mais, lorsque mon père achète quatre Porsche rouges identiques à mon frère Ali, qui n’a alors que quatorze ans, elle gémit tout haut que c’est une honte, un tel gaspillage avec autant de pauvres dans le monde.

    Mais dès qu’il s’agit d’Ali, aucune dépense ne compte…
    A dix ans, Alia reçu sa première montre Rolex en or. Je suis particulièrement jalouse, car j’ai demandé à mon père un lourd bracelet d’or aperçu au souk, et il a brutalement refusé. Pendant deux semaines, Ali fait grand cas de Rolex, puis je m’aperçois, un jour, qu’il l’a oublié sur une table, à côté de la piscine. Morte de jalousie, je prends une pierre et je mets la montre en morceaux.
    Pour une fois, ma méchanceté n’est as découverte et c’est avec un vrai plaisir que j’assiste aux réprimandes de mon père, reprochant à Ali sa négligence et lui recommandant de prendre soin, à l’avenir, de ce qui lui appartient.
    Bien entendu, au bout d’une semaine à peine, on offre à Ali une nouvelle Rolex en or, et ma rancune d’enfant se transforme en réel désir de vengeance.

    Ma mère me parle souvent de cette haine pour mon frère. En femme sage, elle a bien vu cette flamme dans mes yeux, même quand je m’incline devant l’inévitable. Je suis la plus jeune de la famille, donc dorlotée par ma mère, mes sœurs et mes autres parents. En y repensant, je ne peux pas nier que j’étais outrageusement gâtée. A cause de ma petite taille pour mon âge, en comparaison de mes sœurs, grandes et bien charpentées, on m’a traité comme un bébé pendant toute mon enfance. Mes sœurs étaient sages et réservées, de convenables princesses saoudiennes. J’étais dissipée et insoumise, me préoccupant fort peu de ma royale image. Comme j’ai dû abuser de leur patience !
    Mais, aujourd’hui encore, chacune de mes sœurs se précipiterait pour prendre ma défense au moindre danger.
    Triste contraste, pour mon père, je représente, fillette, le summum des déceptions. Et je passe mon enfance à essayer de gagner son affection… Finalement, désespérant d’obtenir son amour, je m’efforce d’attirer son attention par n’importe quel moyen, au risque qu’elle prenne la forme de punition pour mes nombreux méfaits.
    Je me dis que si mon père est contraint de me regarder aussi souvent que possible, il sera obligé de reconnaître mon caractère particulier et se mettra à m’aimer autant qu’il aime Ali. Mais les moyens tortueux et frondeurs que j’emprunte le mènent de la totale indifférence au véritable rejet.
    Ma mère a accepté le fait que ce pays où nous sommes nées prédestine à l’incompréhension entre les sexes. Je suis encore une enfant, le monde est devant moi, j’ai du mal à parvenir à une telle conclusion.