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[Livre] Les disparus du phare

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Résumé : Rejeté par les vagues, un homme reprend connaissance sur une plage. Tétanisé par le froid, le cœur au bord des lèvres, frôlant dangereusement le collapsus. Il ignore où il se trouve et surtout qui il est ; seul affleure à sa conscience un sentiment d’horreur, insaisissable, obscur, terrifiant. Mais si les raisons de sa présence sur cette île sauvage des Hébrides balayée par les vents lui échappent, d’autres les connaissent fort bien. Alors qu’il s’accroche à toutes les informations qui lui permettraient de percer le mystère de sa propre identité, qu’il s’interroge sur l’absence d’objets personnels dans une maison qu’il semble avoir habitée depuis plus d’un an, la certitude d’une menace diffuse ne cesse de l’oppresser. Muni, pour seuls indices, d’une carte de la route du Cercueil qu’empruntaient jadis les insulaires pour enterrer leurs morts, et d’un livre sur les îles Flannan, une petite chaîne d’îlots perdus dans l’océan marquée par la disparition jamais élucidée, un siècle plus tôt, de trois gardiens de phare, il se lance dans une quête aveugle avec un sentiment d’urgence vitale.

 

Auteur : Peter May

 

Edition : Rouergue

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 1 Juin 2016

 

Prix moyen : 22,50€

 

Mon avis : Entre le titre et la mention qui en est faite dans le résumé, je m’attendais à ce que la disparition des gardiens de phare, un siècle plus tôt, ait une importance capitale dans l’intrigue.
Et bien j’ai envie de crier à la publicité mensongère, car pour le peu qu’on en parle, c’est du remplissage et si l’histoire sert de prétexte au protagoniste principal, ça ne justifiait certainement pas que le titre la mette en avant comme ça.
J’en suis d’autant plus déçue que le fait est historique et est resté inexpliqué. Même si Peter May en donne un semblant d’explication à la fin de son roman, on reste sur sa fin, car justement, la fin est axée sur la résolution des questions en suspens et que cette question-là a été trop laissée de côté dans le livre pour qu’on s’y attache vraiment.
J’ai trouvé passionnante la partie sur les abeilles, tout ce qui les concerne semblent très bien documenté et est parfaitement expliqué sans faire article de « science et vie ».
J’ai eu du mal avec le rythme. L’histoire en elle-même est bien conçue, même si on reste parfois sceptique quant à sa crédibilité au regard non seulement des moyens de connexion d’aujourd’hui (téléphones, internet, TV…) et au moyen de contrôle des gouvernements (carte d’identité biométrique, cartes de crédits, exploitations des données…). Le fait que l’action se déroule dans un coin reculé de l’écosse permet toutefois de passer au-dessus de ces considérations et de s’immerger dans l’histoire.
Cependant, j’ai trouvé que c’était lent. Alors ok, on parle d’un type amnésique qui tente de se trouver et de comprendre qui il est et ce qu’il fait (ou a fait), mais parfois, il devient difficile de rester concentré sans se dire : il reste encore touuuut ça à lire ?
Dans le dernier tiers, le rythme s’accélère et je l’ai trouvé bien plus intéressant. D’ailleurs je l’ai vu à mon rythme de lecture ! Alors que j’ai peiné à lire les 20 premiers chapitres, les 13 suivants ont défilé à toute vitesse.
Coté personnages, Karen m’a un peu agacée car elle cherche égoïstement à satisfaire son propre désir, sans se soucier des conséquences alors qu’elle dit elle-même comprendre l’importance vitale du sujet.
Il y a une scène que je n’ai pas comprise et qui n’a aucune explication : quand la mère de Karen voit un des personnages et fait mine de ne pas le reconnaitre alors que l’on comprend plus tard qu’elle l’a forcément reconnu. Pourquoi ? Et pourquoi ne pas donner d’explication ? J’ai vraiment eu l’impression que la scène avait été écrite dans le seul but de meubler. Or pour moi, dans un thriller, il ne doit pas y avoir de scènes inutiles : soit elles sont un morceau du puzzle pour trouver la solution, soit elles permettent de mieux cerner la personnalité d’un personnage important.
En résumé, les disparus du phare est un livre qui restent agréable à lire mais qui ne tient pas toutes les promesses d’un thriller.

Un extrait : La première chose dont je suis conscient est le goût du sel. Il emplit ma bouche. Envahissant. Pénétrant. Il domine mon être, étouffe mes autres sens. Jusqu’à ce que le froid me saisisse. Qu’il me soulève et me serre entre ses bras. Il me tient si fermement que je ne peux bouger. À part les tremblements. Intenses et incontrôlables. Et, quelque part dans mon esprit, je sais que c’est une bonne chose. Mon corps essaie de produire de la chaleur. Si je ne tremblais pas, je serais mort.

Après ce qui me semble être une éternité, je parviens à ouvrir les yeux. Je suis aveuglé par la lumière. Une douleur fulgurante me vrille le crâne et mes pupilles se contractent rapidement pour faire le point sur un étrange décor. Je suis étendu sur le ventre, du sable humide sur les lèvres, dans les narines. Je cligne frénétiquement des yeux pour que mes larmes les nettoient. Et tout ce que je vois, c’est une étendue de sable qui file vers un horizon brouillé en ondulations serrées. Pâle comme du platine. Presque blanc.

À présent, je prends conscience du vent. Il tire sur mes vêtements, propulse une myriade de grains de sable qui forment un voile de l’épaisseur d’un soupir et traversent la plage en courants et tourbillons, tel un cours d’eau.

Je m’oblige à me mettre à genoux, actionnant mes muscles plus par réflexe que par la force de ma volonté, sans sentir mon corps. Presque immédiatement, le contenu de mon estomac se répand sur le sable. L’eau de mer dont il était rempli, amère, me brûle la gorge et la bouche en s’échappant. Je laisse ma tête pendre entre mes épaules et, soutenu par mes bras tremblants, je vois l’orange vif du gilet qui m’a certainement sauvé la vie.

C’est alors que j’entends la mer pour la première fois, au-dessus du vent, distincte du fracas qui m’envahit la tête, de ce bourdonnement atroce qui noie presque tout.

Je suis maintenant, Dieu sait comment, debout, les jambes flageolantes. Mon jean, mes chaussures de sport, mon pull sous le gilet de sauvetage, tous gorgés d’eau, m’alourdissent. J’essaie de contrôler ma respiration, les poumons agités de spasmes, et j’observe au loin les collines environnantes, au-delà de la plage et des dunes, et la roche violet, brun et gris qui perce la fine peau de terre tourbeuse qui s’accroche à leurs flancs.

Derrière moi, peu profonde, turquoise et sombre, la mer se retire des hectares de sable qui rejoignent les silhouettes noires des montagnes se découpant à distance contre un ciel menaçant, marbré de bleu et de mauve. Des échardes de soleil éclatent à la surface de l’océan et mouchettent les collines. Par endroits, un ciel d’un bleu parfait troue les nuages, surprenant, irréel.

Je n’ai aucune idée du lieu où je me trouve. Et, pour la première fois depuis que j’ai repris conscience, je me rends compte, soudain saisi par une angoisse fulgurante et douloureuse, que je n’ai pas la moindre notion de qui je suis.

 

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