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Livres - Page 67

  • [Livre] Station Eleven

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    Résumé : Une pandémie foudroyante a décimé la civilisation. Une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Ce répertoire classique en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu des étendues dépeuplées de l’Amérique du Nord.
    Centré sur la pandémie mais s’étendant sur plusieurs décennies avant et après, Station Eleven entrelace les destinées de plusieurs personnages dont les existences ont été liées à celle d’un acteur connu, décédé sur scène la veille du cataclysme en jouant Le Roi Lear. Un mystérieux illustré, Station Eleven, étrangement prémonitoire, apparaît comme un fil conducteur entre eux…

     

    Auteur : Emily St John Mandel

     

    Edition : Rivages

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 24 aout 2016

     

    Prix moyen : 24€

     

    Mon avis : Quand on voit dans quel état me met une petite bronchite de rien du tout (et la facilité avec laquelle je chose ce genre de saleté), autant le dire, dans Station Eleven, j’aurais fait partie des premières victimes.
    L’histoire commence avec la mort sur scène d’un acteur, Arthur Leander, d’une crise cardiaque. Moins de 24h plus tard, une souche mutante de la grippe porcine, appelée grippe de Géorgie (le pays, pas l’état des USA), se propage sur le monde et décime 99% de la population.
    Vingt ans plus tard, on voit comment les survivants se sont organisés au travers d’un groupe de musiciens et d’acteurs qui se font appeler la symphonie itinérante et qui se déplacent de communautés en communauté en jouant du Shakespeare.
    Souvent bien accueillis, ils se trouvent parfois face à des groupes plus hostiles, comme une communauté à la tête de laquelle se trouve un mystérieux prophète qui fonctionne un peu comme les mormons au temps de la polygamie.
    Au fil du roman, on balance entre le passé d’Arthur Leander, le moment où l’épidémie se déclenche, et les vingt années qui suivent.
    Alors qu’il meurt plusieurs heures avant que l’épidémie se déclare, Arthur Leander devient le pivot de l’histoire, la majorité des personnages ayant eu un lien (amical, familial, professionnel) avec lui.
    Même si l’identité du prophète est supposé rester mystérieuse jusqu’à la fin, j’ai très vite deviné son identité. En cherchant les connexions possibles, ce n’était pas très compliqué.
    Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est qu’il est réaliste. Ici pas de zombies, pas de complots, juste une épidémie foudroyante et des survivants qui tentent de survivre dans un monde en ruine.
    A un moment, un des personnages pose une question très juste : « faut-il continuer à parler de l’ancien monde aux enfants ? » Au risque de les perturber ? Leur dire qu’avant il y avait l’eau courante, le chauffage, des réfrigérateurs, des fours, des supermarchés ? Qu’on ne mourrait pas parce qu’on avait marché sur un clou ? Ne vaut-il pas mieux reconstruire une société en oubliant l’ancienne ?
    Dans le cas de certains personnages, on se demande longtemps ce qu’ils sont devenus car ils semblent avoir été oubliés mais ce n’est qu’une impression : l’auteur parlera de chacun des personnages en temps et en heure.
    Sans être un coup de cœur, ce roman est un très bon roman post apocalyptique et j’ai passé un bon moment de lecture.

    Un extrait : Liste non exhaustive :

    Plus de plongeons dans des piscines d’eau chlorée éclairées en vert par en dessous. Plus de matchs de base-ball disputés à la lumière des projecteurs. Plus de luminaires extérieurs, sur les vérandas, attirant des papillons de nuit les soirs d’été. Plus de trains filant à toute allure sous la surface des métropoles, mus par la puissance impressionnante du troisième rail. Plus de villes. Plus de films, sauf rarement, sauf avec un générateur noyant la moitié des dialogues – et encore, seulement les tout premiers temps, jusqu’à ce que le fuel pour les générateurs s’épuise, parce que l’essence pour voitures s’évente au bout de deux ou trois ans. Le carburant d’aviation dure plus longtemps, mais c’était difficile de s’en procurer.

    Plus d’écrans qui brillent dans la semi-obscurité lorsque des spectateurs lèvent leurs portables au-dessus de la foule pour photographier des groupes en concert. Plus de scènes éclairées par des halogènes couleur bonbon, plus d’électro, de punk, de guitares électriques.

    Plus de produits pharmaceutiques. Plus aucune garantie de survivre à une égratignure à la main, à une morsure de chien, à une coupure qu’on s’est faite au doigt en éminçant des légumes pour le dîner.

    Plus de transports aériens. Plus de villes entrevues du ciel à travers les hublots, scintillement de lumières ; plus moyen d’imaginer, neuf mille mètres plus bas, les vies éclairées en cet instant par lesdites lumières. Plus d’avions, plus d’hôtesses vous priant de bloquer votre tablette en position relevée – non, ce n’était pas vrai : il y avait encore des avions, çà et là, cloués au sol sur des pistes d’envol et dans des hangars. La neige s’amoncelait sur leurs ailes. Les mois d’hiver, ils faisaient d’excellents garde-manger. En été, les appareils immobilisés à proximité de vergers étaient remplis de cageots de fruits qui se déshydrataient à la chaleur. Des adolescents s’y faufilaient pour faire l’amour. Des traînées de rouille zébraient les carlingues.

    Plus de pays, les frontières n’étant pas gardées.

    Plus de pompiers, plus de police. Plus d’entretien des routes ni de collecte des ordures. Plus de navettes spatiales décollant de Cap Canaveral, du cosmodrome de Baïkonour, de Vandenberg, de Plessetsk, de Tanegashima, traçant dans l’atmosphère des sillons incandescents.

    Plus d’internet. Plus de réseaux sociaux, plus moyen de faire défiler sur l’écran des litanies de rêves, d’espoirs fiévreux, des photos de déjeuners, des appels à l’aide, des expressions de satisfaction, des mises à jour sur le statut des relations amoureuses grâce à des icônes en forme de cœur – brisé ou intact –, des projets de rendez-vous, des supplications, des plaintes, des désirs, des photos de bébés déguisés en ours ou en poivrons pour Halloween. Plus moyen de lire ni de commenter les récits de la vie d’autrui et de se sentir ainsi un peu moins seul chez soi. Plus d’avatars.

     

  • [Livre] La cuisinière

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    Résumé : Immigrée irlandaise courageuse et obstinée arrivée seule à New York à la fin du XIXe siècle, Mary Mallon travaille comme lingère avant de se découvrir un talent caché pour la cuisine. Malheureusement, dans toutes les maisons bourgeoises où elle est employée, les gens contractent la typhoïde, et certains en meurent. Mary, de son côté, ne présente aucun symptôme de la maladie. Au contraire, sa robustesse est presque indécente. Des médecins finissent par s'intéresser à son cas, mais la cuisinière déteste qu'on l'observe comme une bête curieuse et refuse de coopérer. Pourquoi la traite-t-on comme une malade alors qu'elle est en parfaite santé ? Les autorités sanitaires, qui la considèrent comme dangereuse décident de l'envoyer en quarantaine sur une île au large de Manhattan. Commence alors pour Mary Mallon, femme indépendante, un combat à armes inégales pour sa liberté...

     

    Auteur : Mary Beth Keane

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 06 février 2014

     

    Prix moyen : 22,50€

     

    Mon avis : Mary Beth Keane retrace le combat pour sa liberté de Mary Mallon, que les médias de l’époque ont surnommée Mary Typhoïde, et qui a été un des premiers porteurs sains répertoriés par les autorités sanitaires.
    D’un côté, on ressent une certaine empathie pour Mary. Celle-ci, arrivée d’Irlande, commence comme blanchisseuse avant de réussir à décrocher un poste de cuisinière. Financièrement indépendante, elle vit en union libre avec Albert, un homme au départ travailleur mais qui se révèle très vite alcoolique et versatile. Si un travail ne lui plait pas, il cesse tout bonnement de s’y rendre, laissant à Mary le soin de faire vivre le ménage.
    Quand Mary est arrêtée par les autorités sanitaires, quasiment sans sommation, et exilée sur une ile au large de Manhattan, où elle subi examens médicaux et brimades pour la forcer à « coopérer » (interdiction d’envoyer des lettres à ses amis, de recevoir de la visite…), elle est très vite persuadée que tout ceci n’est en fait dû qu’à son indépendance qui dérange.
    Son cas pose problème autant aux autorités sanitaires qui ne savent pas bien comment gérer un cas aussi inédit, qu’à Mary qui n’accepte pas l’idée qu’elle puisse transmettre la fièvre typhoïde alors qu’elle n’a jamais été malade de sa vie, en passant par la population qui ne comprend pas cette notion de porteur sain.
    Malgré tout, l’empathie qu’on ressent pour Mary, dû essentiellement à l’antipathie qu’inspire Soper, un contrôler sanitaire, qui n’a pas pour habitude d’être en contact avec les patients et traite donc Mary comme un cobaye, est mise à mal du fait de l’attitude butée de Mary.
    Malgré les explications qu’on peut lui apporter, elle se contente de répéter qu’elle n’a jamais été malade et que donc elle est victime de persécutions.
    Pire, quand un juge décide sa remise en liberté à la seule condition qu’elle cesse de cuisiner pour d’autres, car c’est ainsi qu’elle transmet la maladie, elle va promettre puis passer outre, allant jusqu’à changer son nom pour continuer à cuisiner malgré le nombre de malades qui ne cesse d’augmenter autour d’elle.
    Si je veux bien admettre que Mary ne savait pas le danger qu’elle représentait quand elle a transmis la maladie aux première victimes, sa volonté de dissimuler son activité de cuisinière, de chercher des arguments comme dire que la boulangerie n’est pas de la cuisine, démontre qu’elle était parfaitement consciente de sa condition de porteur sain après sa mise en quarantaine et qu’elle a décidé de refuser de la reconnaître, peut importe le nombre de personnes qui aura à en pâtir.
    On se demande vraiment comment tout ça va finir, mais je continue a être persuadé que si un autre médecin que Soper avait pris l’affaire en main, était venu voir Mary pour lui parler, lui expliquer, au lieu de la traiter comme une criminelle et une cobaye, cela aurait tout changé.

    Un extrait : Mary ne fut pas arrêtée immédiatement. Il y eut des avertissements. Des requêtes. Tout commença sur un mode courtois, comme si le Dr Soper croyait qu’en se contentant de lui signaler le danger tapi à l’intérieur de son corps elle se retirerait d’elle-même de la société. Et ensuite, lorsque ses confrères et lui eurent recours à des procédés beaucoup moins aimables, ils affirmèrent qu’elle avait eu le tort de brandir un couteau au lieu d’écouter et d’obéir.

    Par un froid matin de mars 1907, les services sanitaires, en coordination avec la police new-yorkaise, décidèrent que Mary Mallon devait être arrêtée. Le Dr Soper suggéra qu’elle se rendrait probablement plus aisément à une femme et envoya une jeune médecin du nom de Josephine Baker sonner à la porte de la résidence des Bowen – les employeurs de Mary –, encadrée de quatre officiers de police. Loin d’eux d’imaginer que la vue d’un tel aréopage pousserait ses amis à mentir pour la protéger, à la cacher, à insister sur le fait qu’il y avait erreur sur la personne recherchée. Lorsque les autorités la trouvèrent finalement, elle ne se soumit pas, et les policiers durent se saisir d’elle, chacun par un membre, et la porter jusqu’à leur véhicule à travers la cour enneigée, sous le regard des autres domestiques. Une fois à l’intérieur, elle se mit à gigoter et à donner des coups de pied, jusqu’à ce que les représentants des forces de l’ordre la bloquent entre leurs corps robustes et la contiennent autant qu’ils le pouvaient. Le Dr Baker s’assit sur ses genoux : « Je vous en prie, mademoiselle Mallon », répéta-t-elle, encore et encore, avant de passer à « Je vous en prie, Mary ».

    Mary pensa qu’ils l’emmenaient au commissariat de la 67e Rue Est, donc, lorsque la voiture de police continua en direction du sud-est, suivant la même route que celle qu’elle prenait de chez les Bowen pour regagner le logement qu’elle partageait avec Alfred sur la 33e Rue Est, elle espéra pendant un moment qu’ils la déposeraient peut-être chez elle. Ils étaient venus pour lui donner une leçon, pensa-t-elle, et ils allaient lui rendre sa liberté. Lorsque le cocher bifurqua vers l’est à la hauteur de la 42e Rue, elle aperçut des plaques de rues à travers la petite vitre à barreaux et vit qu’il prenait la direction du sud le long de la Troisième Avenue jusqu’à la 16e Rue, puis à nouveau vers l’est, et cela avec une telle précipitation qu’elle pouvait sentir la crinière des chevaux se secouer en rythme. Le véhicule s’arrêta juste avant le fleuve, devant l’entrée principale d’un édifice inconnu, au bout d’un bloc d’immeubles si paumé qu’un premier mouvement de panique la traversa alors : personne de sa connaissance n’aurait jamais l’idée de venir la chercher dans un endroit pareil !

    Le Dr Soper l’attendait à l’entrée de l’hôpital Willard Parker, mais au lieu de s’adresser à elle, il fit un signe de la tête aux deux policiers qui la tenaient par les coudes. Arrivés au sixième étage, ils lui firent traverser au pas de course le couloir menant au Pavillon de la Typhoïde, où d’autres médecins attendaient dans une pièce meublée d’une table en acajou brillante. Un de ses gardes lui indiqua son siège, et avant qu’elle ait eu le temps de parcourir la pièce du regard, le Dr Soper lui déclara, ainsi qu’aux autres présents, que la théorie la plus récente concernant la typhoïde avait un rapport avec les germes et les bactéries, et que, même si elle avait l’air en parfaite santé, il avait de bonnes raisons de penser qu’à ce moment précis elle était en train de fabriquer des bacilles de la typhoïde à l’intérieur de son corps et de transmettre la maladie à des victimes innocentes. Il l’accusa d’avoir contaminé vingt-trois personnes et d’être la cause d’au moins trois décès.

    — Et il ne s’agit que des cas dont nous avons été informés, précisa-t-il. Qui sait combien d’autres nous découvrirons, lorsque nous pourrons enquêter sur la totalité des emplois passés de Mlle Mallon ?

    Devant cinq autres hommes et le Dr Baker, le Dr Soper se tourna enfin vers celle qui était la source de tout ce malheur, comme s’il attendait un commentaire de sa part. Mary eut l’impression que son esprit l’avait désertée pour de bon et qu’elle était en train de devenir folle.

     

  • [Livre] La sirène

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    Résumé : Une fille au lourd secret.

    Le garçon de ses rêves.

    Un océan les sépare.

     

    Kahlen est une Sirène, vouée à servir son maître l'Océan en poussant les humains à la noyade. Son arme ? Une voix fatale pour qui a le malheur de l'entendre... et qui l'oblige à se faire passer pour muette lorsqu'elle séjourne sur la terre ferme.

    Akinli, lui, est un séduisant jeune homme, qui incarne tout ce dont Kahlen a toujours rêvé.

    Alors que leur amour naissant leur fait courir un grave danger, Kahlen est-elle prête à tout risquer pour Akinli ?

     

    Auteur : Kiera Cass

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 22 septembre 2016

     

    Prix moyen : 17,90€

     

    Mon avis : Même s’il n’est publié que cette année, « La sirène » a été écrit avant la sélection. Comme quoi quand une série marche bien, les manuscrits qui n’intéressaient pas les éditeurs deviennent subitement dignes d’intérêt. Et heureusement pour nous parce que ça aurait été dommage de passer à côté de cette histoire.
    Une grande place est laissé à l’imagination car, bien que l’auteur nous donne les grandes lignes du monde des sirènes, de leurs obligations etc… elle ne nous indique que le minimum et à dose homéopathique. Ainsi, à plus de la moitié du livre, on apprend encore un détail sur les obligations et devoirs des sirènes ainsi que sur ce qui compose leur vie.
    Il y a des tas de choses qu’on ignore, comme où les sirènes trouvent l’argent pour se loger, leurs achats etc...
    La romance entre Kahlen et Akinli est présente mais assez peu au final, car si on regarde bien ils ne passent que très peu de temps ensemble, mais cela renforce le côté « âme sœur ».
    Les personnages ne sont pas très fouillés et leur psychologie est tout juste abordée. J’aurais aimé en savoir plus sur eux, qu’ils aient plus de consistances. Le côté : on oublie tout de notre vie d’avant, m’a semblé être un raccourci pour ne pas avoir à créer un vrai passé aux sirènes.
    Kahlen n’est pas une héroïne pleine d’entrain et déterminée, elle serait plutôt effacée et dépressive, sa condition de sirène comportant une clause qu’elle n’arrive pas à supporter, même après 80 ans de services.
    L’Océan est encore plus difficile à cerner que les autres : tout à tour aimante et colérique, elle tient en piètre estime les humains et se montre exagérément possessive envers ses « esclaves ». Mais d’un autre côté, elle a un lourd fardeau à porter : la sauvegarde du monde. Elle n’a de vraies interactions qu’avec ses sirènes qui, pour la plupart, la considère comme leur maitresse et non comme une mère ou une amie. Sa compréhension de l’amour est donc très limitée, même si elle parle de son amour pour ses « filles » à tout bout de champ.

    J’ai trouvé dommage que le résumé laisse penser qu’il y avait une grande romance et qu’on allait parler que de ça dans le roman alors que cette dernière n’est qu’un fil conducteur permettant de mettre en avant les bouleversements que connait cette petite « fratrie ».
    Malgré ses quelques défauts, j’ai beaucoup apprécié ce roman qui se lit très vite.

    Un extrait : Pourquoi ? » veut-elle savoir, le visage bouffi par l’eau de mer.

    Je lève les mains pour lui faire comprendre que je représente un danger pour elle, qu’elle ne doit pas s’approcher. Mais elle n’a pas peur de moi. Elle veut se venger. À n’importe quel prix.

    « Pourquoi ? » répète-t-elle. Des algues enroulées autour de sa jambe traînent derrière elle.

    La phrase franchit mes lèvres avant que je me souvienne que ma voix est un instrument de mort. « Je ne pouvais pas agir autrement. »

    Surprise : elle avance toujours à pas résolus. La fin est proche. Je vais payer pour toutes les horreurs que j’ai commises.

    « J’avais trois enfants.

    — Je n’en savais rien ! Je vous le jure, je n’en savais rien du tout ! »

    Elle s’arrête enfin, son visage à quelques centimètres du mien. Je m’attends à recevoir une grêle de coups, ou à être étranglée – le châtiment que je mérite. Mais la femme – la noyée – reste plantée là, immobile, la tête inclinée comme pour me jauger, les yeux exorbités, le teint couleur de plomb.

    Alors elle se rue sur moi.

    Je me réveille en agitant les bras.

    Un cauchemar. J’ai fait un cauchemar. Je pose une main sur ma poitrine, afin de contenir mon cœur qui galope, et mes doigts entrent en contact avec le carnet. Je le prends et j’étudie les pages sur lesquelles sont collées des coupures de journaux. Cela m’apprendra à travailler dessus avant d’aller me coucher.

    Je me suis endormie après avoir apporté la dernière touche à la page consacrée à Kerry Straus. L’une des personnes qui ont trouvé la mort lors du naufrage le plus récent. Plus que deux passagers et j’aurai récolté des informations sur chacun. L’Arcatia sera peut-être le premier paquebot dont j’aurai identifié toutes les victimes.

    Je m’attarde un instant sur le regard pétillant de malice de Kerry telle qu’on la voit sur une photo empruntée au site Internet qui honore sa mémoire. On sent que c’est un travail d’amateur sûrement dû à un mari éploré qui, entre trois enfants privés de mère qui ne peuvent pas se nourrir éternellement de spaghettis et le train-train abrutissant du travail, a déjà fort à faire. Kerry semblait porter en elle une promesse, un idéal qui irradie d’elle sur le cliché.

    Ce qu’elle avait en elle, je l’ai donné en pâture à l’Océan.

    « Au moins, toi, tu avais une famille, dis-je à la photo. Ta mort n’est pas passée inaperçue. »

    Si seulement je pouvais lui expliquer qu’une vie tronquée vaut mieux qu’une vie qui traîne en longueur. Je referme le carnet de l’Arcatia et je le range dans la malle avec les autres – un carnet par naufrage. Les gens capables de comprendre ce qui se passe dans ma tête se comptent sur les doigts d’une main, et je me sens parfois bien seule.

    Je me rends ensuite au salon, où Elizabeth et Miaka sont en pleine conversation. Elles parlent trop fort à mon goût.

    « Kahlen ! Miaka vient d’avoir une nouvelle idée pour son avenir », s’exclame Elizabeth.

    Discrètement, je vais vérifier que les fenêtres sont bien fermées. Elles savent qu’il faut éviter à tout prix d’être entendues mais elles ne sont pas aussi prudentes que moi.

    Je vais m’asseoir dans un coin de la pièce. Mince comme un roseau, les cheveux noir de jais, Miaka est la joie personnifiée. Elle a gagné mon affection dès notre première rencontre.

    « Raconte-moi.

    — Je me suis dit que je pouvais acheter une galerie d’art, annonce-t-elle avec un grand sourire.

    — Vraiment ? Tu vendrais des tableaux au lieu de peindre, alors ?

    — À mon avis, jamais tu n’abandonneras tes pinceaux, intervient Elizabeth.

    — Tu as trop de talent, Miaka.

    — Diriger quelque chose, ça doit être amusant, vous ne trouvez pas ?

    — Si. Avoir son affaire à soi, c’est un concept terriblement séduisant.

    — Exactement ce que je me dis ! s’exclame Miaka en pianotant sur son téléphone. Être responsable, indépendante. C’est ce qui nous manque dans notre vie, alors l’idée, ce serait d’en profiter plus tard. »

    Je m’apprête à contredire Miaka – nous avons énormément de responsabilités, au contraire de ce qu’elle semble penser –, mais Elizabeth me prend de vitesse.

    « J’ai eu une nouvelle idée, moi aussi ! J’en suis arrivée à la conclusion que j’aime vraiment chanter. Je crois que j’aimerais utiliser ma voix d’une façon différente.

    — Tu ferais merveille comme chanteuse dans un groupe.

    — C’est justement la carrière à laquelle je pensais ! » piaille Elizabeth.

    J’observe mes camarades, fascinée par le fait que trois personnes aussi opposées que nous, nées à des époques et dans des milieux différents, s’entendent aussi bien. Même Aisling, lorsqu’elle décide de s’arracher à la solitude qu’elle s’impose à elle-même et de séjourner quelque temps avec nous, trouve naturellement sa place, comme la pièce manquante d’un puzzle.

    « Et toi, Kahlen ?

    — Pardon ?

    — Il y a des rêves que tu voudrais réaliser ? »

    Nous avons joué à ce jeu des centaines de fois, c’est un moyen de garder le moral. J’avais envisagé de devenir médecin, afin de me faire pardonner toutes les vies que j’ai fauchées. Danseuse, en vue d’exploiter tout le potentiel de mon corps. Écrivain, pour m’exprimer autrement que par ma voix. Astronaute, pour mettre la plus grande distance possible entre l’Océan et moi. J’avais épuisé à peu près toutes les possibilités.

    Mais, en toute franchise, je sais que je n’ai qu’un rêve dans ma vie et rien que d’y songer me fait souffrir.

    Je scrute le livre d’histoire posé près de mon fauteuil préféré – le livre que j’avais eu l’intention de rapporter dans ma chambre hier soir et dans lequel j’ai caché un magazine consacré au mariage – et j’accompagne mon sourire d’un haussement d’épaules.

    « Oh, rien de nouveau à signaler. »

     

  • [Livre] Need

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    Résumé : Les adolescents du lycée de Nottawa se réunissent tous sur NEED, un nouveau réseau social qui leur promet de répondre à leurs besoins sous couvert d’un total anonymat, quels que soient ces besoins… et quelles qu’en soient les conséquences. Car, c’est bien connu, on n’a rien sans rien. Et si au départ la contrepartie semble dérisoire, il y a bientôt des morts dans la petite communauté…

     

    Auteur : Joelle Charbonneau

     

    Edition : Milan

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 19 octobre 2016

     

    Prix moyen : 14,90€

     

    Mon avis : Quand j’ai lu le résumé, j’ai hésité. J’ai trouvé que ça ressemblait vraiment à Addict de Jeanne Ryan. Et puis bon, comme j’ai lu addict il y a un certain temps et que je n’ai pas encore vu l’adaptation ciné, je me suis dit que ce n’était pas grave, que je ne me souviendrais pas assez des détails pour qu’une certaine similitude me gêne.
    Le début ressemble effectivement à Addict avec le réseau qui offre des récompenses en échange de défis, très simple au départ, comme inviter d’autres personnes à s’inscrire. Cependant, la situation des deux héroïnes, Vee et Kaylee est très différente.
    Dans Addict, Vee souffre d’une certaine forme de dépression, elle étouffe, a besoin de se sentir vivante. Dans Nedd, Kaylee a dû murir plus vite qu’elle n’aurait dû. Elle s’inquiète pour son petit frère, malade, qui a besoin d’une greffe de rein, elle souffre du départ brutal et sans explication de son père et du manque d’intérêt et d’amour, couplée à ce qui ressemble à une rancœur tenace de la part de sa mère.
    Mais très vite le ton change. Menaces, chantages, le ou les dirigeants du site ne recule(nt) devant rien pour obliger les élèves du lycée à rester dans le jeu et à relever les défis proposés (pour ne pas dire imposés).

    Très vite, la grande question qui se pose est : qui est aux commandes? Qui a intérêt à faire ça?

    Même si l’histoire de Kaylee est la principale, on va suivre un grand nombre de ses camarades. Au début, j’ai eu du mal à suivre autant de voix différentes, mais très vite chacune de leur action à des conséquences sur les autres, et leurs vies deviennent si imbriquées qu'il serait impossible d'en enlever un sans avoir méticuleusement préparé cette disparition.

    Il est aussi intéressant de voir qui n’a pas conscience que Need n’est pas qu’un jeu, qui a des remords, qui a une conscience, qui ne voit là qu’un moyen d’obtenir ce qu’il veut quelqu’en soit les conséquences, qui aimerait tout arrêter…


    Au niveau des personnages, j’ai beaucoup aimé Kaylee parce que, entre autre, elle ne se laisse pas faire. Peu importe que ses camarades la mette à l’écart et se montre clairement cruels avec elle, peu importe que sa mère lui en veuille, elle fait tout ce qu’elle peut, même si au début elle a conscience qu’elle est allée trop loin, pour sauver son frère. Et elle fait pareil avec Need. Elle refuse de se laisser impressionner par leurs menaces, même si elle se rend vite compte qu'ils ne font pas de menaces en l'air et que les défis qu'ils lancent n'ont rien d'inoffensif.
    En revanche, même si je comprends l’urgence de la situation de son frère, et la frustration de Kaylee, elle doit de son côté comprendre que donner un rein ce n'est pas rien et qu'elle ne peut forcer personne à le faire, que ce n’est pas comme refuser de donner un peu de sang. Il s’agit de sacrifier un organe en sachant que si un jour son rein restant a un problème, on n’en aura plus de second pour prendre le relai.

    La mère de kaylee, elle, en revanche, est vraiment odieuse. On est pas seulement sur un parent célibataire qui néglige, sans vraiment s’en rendre compte, sa fille parce qu’elle est toute dévouée à son fils malade. Là, il y a un véritable rejet de Kaylee. Autant je peux comprendre qu'avoir un enfant mourant soit horrible mais en aucun cas ça ne justifie l'attitude inqualifiable qu'elle a envers kaylee. La détruire psychologiquement n'aidera pas son fils et kaylee n'y est pour rien si ni elle ni sa mère ne sont compatibles.
    Du coup je me suis dit qu’il devait y avoir autre chose, et, devant la haine qu’elle montre à sa fille à chaque fois que celle-ci essaie de retrouver son père, couplée à la violence de la réponse d’un ami dudit père qui croyait s’adresser à la mère mais répond en fait à Kaylee, je me demande si DJ, le petit frère est vraiment le fils de son mari ou si elle a eu un amant et refuse de le chercher parce qu’elle sait qu’il y a peu de chance qu’il soit compatible.

     

    Concernant le responsable de Need, j’avais deux suspects, avec un mobile pour chacun.
    J’ai été assez contente car l’un de mes suspects n’était pas le responsable de Need, mais j’avais vu juste sur ce qui aurait pu servir de point de départ à une motivation.
    Mon second suspect était bien le coupable, mais je n’avais vu juste quant à ses motivations qu’en partie.

     

    Une partie de la fin était prévisible, mais je n’étais pas sûre de qui nous donnerait cette fin. En revanche l’autre partie l’était beaucoup moins et la dernière page du livre fait vraiment froid dans le dos.

    Un extrait : DÉSIR : ENVIE DE POSSÉDER UN OBJET OU DE RÉALISER UN RÊVE.

    BESOIN : NÉCESSITÉ DE DÉTENIR QUELQUE CHOSE OU D’ACCOMPLIR UN ACTE ESSENTIEL À VOTRE VIE.

    DE QUOI AVEZ-VOUS BESOIN ?

    – Regarde, Kaylee, c’est juste génial.

    Assis à ma chaise de bureau, Nate sourit de toutes ses dents. Ou plutôt de toutes ses bagues qu’il va enfin se faire enlever la semaine prochaine. D’après lui, un garçon de seize ans ne devrait jamais avoir à draguer une fille avec une armure métallique dans la bouche et il est allé jusqu’à supplier pour essayer de s’en débarrasser plus tôt. Le dentiste et son père lui ont toujours opposé un refus catégorique.

    Personnellement, je trouve que son appareil dentaire le rend un peu moins parfait. Et c’est tant mieux. Il lui faut un défaut. Plusieurs même. Le truc, c’est que, des défauts, j’en ai largement assez pour nous deux.

    Aux yeux de tout le monde, nous sommes l’opposé l’un de l’autre. Alors que je suis considérée comme la fille qui passe son temps à faire des histoires pour attirer l’attention sur elle, il est le garçon cool et calme que tout le monde apprécie.

    Pourtant, nous nous accordons à la perfection.

    Je regarde l’écran par-dessus son épaule.

    – Ton frère aurait eu un nouveau téléphone grâce à ce site ?

    Le frère aîné de Nate a cassé trois portables en trois mois. Leur mère a remplacé les deux premiers en prévenant à chaque fois que ce serait la dernière. Personne n’y a cru, évidemment : les parents de Jack lui passent toujours tout. Pourtant, au dernier accident, son père a tenu bon. Même à Noël. Pas de nouveau téléphone avant le bulletin du premier semestre. Jack devait prouver qu’il était capable d’obtenir des bonnes notes dans une autre matière que le sport. À mon avis, aucune chance que ça arrive. En tant que capitaine de l’équipe de foot, Jack est le type le plus populaire du lycée, mais ce n’est vraiment pas une lumière.

    – Quand mon père a vu son nouveau téléphone, il était furieux. Il a cru que c’était un coup de ma mère et il a hurlé qu’il en avait assez qu’elle sape son autorité. Il est parti en claquant la porte avant qu’elle ait eu le temps de se défendre.

    J’enlève mes lunettes et je me frotte les yeux.

    – Peut-être que c’était elle.

    Ce ne serait pas la première fois qu’elle cède aux caprices de son fils chéri. Chez les Weakley, Jack n’a jamais tort. Ça doit être cool. Pour Jack, je veux dire.

    Nate secoue la tête.

    – C’est ce que j’ai pensé moi aussi, et puis j’ai surpris une conversation entre Jack et un de ses copains. Pour avoir ce téléphone, il lui a suffi d’inviter cinq personnes à s’inscrire sur le site.

    – C’est impossible.

    Le monde ne fonctionne pas comme ça. En tout cas, pas le mien.

    – On a dû lui demander un numéro de carte de crédit.

    – Non, je ne crois pas.

    Nate regarde de nouveau l’écran.

    – Mon frère n’a pas assez d’imagination pour inventer une histoire pareille. Et il n’est pas le seul à avoir reçu des cadeaux.

    Il clique pour faire apparaître un nouveau message. Normalement, sans mes lunettes, je ne vois rien, mais là, les lettres sont immenses et rouges dans un cadre noir.

    MEMBRES ACTIFS : 48

    DEMANDES EN COURS : 43

    DEMANDES SATISFAITES : 7

    – Alors, je demande quoi ?

    Nate me regarde avec un grand sourire niais.

    – Un nouveau vélo ? Un ordinateur ?

    Je hausse les épaules.

    – Tu n’en as pas besoin.

    – Et alors ? Jack n’avait pas non plus besoin d’un téléphone.

    – C’est vrai, mais…

    Mais quoi ? Je ne sais pas. Quelque chose me dérange dans cette histoire. À moins que ce soit la formulation de la question.

    De quoi avez-vous besoin ?

     

  • [Livre] Les nouvelles de Poudlard

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    Résumé : Poudlard le guide pas complet et pas fiable du tout reprendra les textes de Pottermore consacrés à la célèbre école des sorciers, sans apporter de nouveau contenu. Pour tout savoir sur les fantômes, le Poudlard Express, le Choixpeau ou les cours de potions, c'est celui-là qu'il vous faut.
    Pour les férus d'histoires sombres et de mystères non résolus, Pouvoir, Politique et Esprits frappeurs Enquiquinants nous ouvrira les secrets des coulisses du monde magique du Ministère de la Magie à la terrible prison pour sorciers d'Azkaban. Il promet aussi de faire la lumière sur le personnage de Dolores Ombrage et la rencontre du professeur Horace Slughorn avec Tom Jedusor, futur Seigneur des ténèbres.
    Enfin, Héroïsme, Tribulations et Passe-temps Dangereux révélera aux amateurs des détails méconnus sur certains personnages de la saga.

     

    Auteur : J.K. Rowling

     

    Edition : Pottermore

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 06 septembre 2016

     

    Prix moyen : 2,99€

     

    Mon avis : Quand JK Rowling a créé l'univers de Harry Potter, comme nombre d'auteurs, elle s'est penchée sur ses personnages et les diverses institutions de son univers, créant pour certains de véritables biographies dont elle n'a finalement pas utilisé le 1/10e dans les romans.
    Dans ces petites nouvelles on va en apprendre un peu plus sur ces personnages et/ou ces lieux qu'on a adorés ou détestés (ou adorés détester).


    Dans Poudlard, le guide pas complet et pas fiable du tout, on nous dit tout, ou presque, sur le célèbre château et ses « accessoires » : comment s’y rendre ? Depuis quand le Poudlard express est-il en activité ? Que se passe-t-il lors de la répartition ? A quoi ressemble la salle commune des poufsouffles, la seule qu’on ne connait pas ? Et le lac, et la carte des maraudeurs ? On va également se pencher sur les cours et les « habitants » du château, qu’ils soient fantômes ou portraits. Enfin JK Rowling nous dévoilera quelques-uns des secrets de Poudlard.
    C’est le plus long et sans doute le plus fourni des recueils de nouvelles mais il faut dire que quand il s’agit de l’école, il y en a tant à dire !


    Dans Pouvoir, politique et esprit frappeur enquiquinant, après avoir fait un petit tour dans la vie de Dolores Ombrage et appris comment et qui l’a inspirée à JK Rowling (je crois que tout le monde se passerait volontiers de cet « honneur »), on peut lire la liste de tous les ministres de la magie depuis sa création ainsi que le plus important des faits ayant marqué leur mandat. Puis on se penche sur deux professeurs qui ont été très proches de Tome Jedusor, à des moments différents de la vie du sorcier, et qui l’on même aidé dans une certaine mesure, mais qui ne pourraient pas être plus éloignés de cœur et d’esprit. Enfin pour finir sur une note amusante, JK Rowling nous dit quelques mots sur l’insupportable Peeves.


    Dans héroïsme, tribulations et passe-temps dangereux, on en apprend plus sur Minerva Mcgonagall. On saura ainsi entre autre d'où elle tire son caractère intègre et inflexible, qu'elle a connu un grand chagrin d'amour et même qu'elle a été mariée. Étant mon professeur préféré j'ai été ravie de connaitre un peu plus sa vie avant Poudlard.
    Puis on se penche sur ce cher Remus. Si on apprend ci et là dans les tomes comment il a été mordu et comment s'est déroulée son entrée à Poudlard, ici on entre dans les détails et on apprend enfin ce qui a tant provoqué la colère de Greyback contre Lupin père et conduit à la lâche attaque d’un enfant de 4 ans.
    Suivent deux anecdotes sur le professeur Trelawney et le professeur Brûlepot. On en apprendra aussi plus sur les animagus, sur la condition des loups-garous et sur ces visionomeurs censé prédire l'avenir d'un enfant pour qu'on lui donne un prénom adéquat.

    Entre les nouvelles et les anecdotes, JK Rowling nous livre son cheminement de pensée : pourquoi tel personnage a porté ce nom plutôt qu’un autre, quelles légendes ont inspirées certains des objets ou des aventures de notre sorcier préféré.
    Même si on a là des recueils très court, on en apprend vraiment beaucoup sur les « coulisses » de Harry Potter, on donnerai presque vie aux personnages en dehors du rôle strict qu’ils jouent dans les romans, et rien que pour ça, la lecture vaut le coup !

    Un extrait : Remus Lupin est l’un de mes personnages préférés de toute la série Harry Potter. J’ai eu tellement de peine lorsqu’il m’a fallu le tuer que je ne peux m’empêcher de pleurer à nouveau en rédigeant ces lignes.

    La lycanthropie de Lupin (qui le transforme en loup-garou) est une métaphore pour toutes les maladies que l’on a tendance à stigmatiser, comme notamment le SIDA (VIH). Les maladies transmises par le sang semblent en effet générer toutes sortes de superstitions à travers le monde, sans doute à cause du tabou que l’on associe au sang lui-même. L’hystérie et les préjugés étant des choses que l’on rencontre aussi bien dans la communauté magique que chez les Moldus, le personnage de Lupin m’a donné l’opportunité d’examiner ces comportements.

    Le Patronus de Remus n’est jamais révélé dans les livres, même si c’est Lupin qui enseigne à Harry le sortilège rare et difficile qui permet d’en produire un. Son Patronus est en fait un loup. Pas un loup-garou, mais un simple loup, tout à fait ordinaire. Ce Patronus est approprié dans la mesure où les loups sont des animaux non agressifs qui vivent en famille. Bien sûr, Remus ne supportait pas la forme de son Patronus, car elle lui rappelait constamment sa condition de loup-garou. Comme tous les aspects d’un loup le dégoûtaient, il préférait souvent produire un faux Patronus, sans forme physique, surtout en présence d’autres personnes.

     

  • [Livre] Syndrome de Stockholm

     

    Je remercie le site Librinova pour cette lecture

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    Résumé : De Stockholm à Los Angeles, Stendriëk Börgen, artiste suédois génial et mystérieux, entretient une relation occulte avec Enstenov Khalinek, puissant homme d’affaires aux méthodes discutables. A l'apogée de sa carrière, Börgen dévoile son grand œuvre, un ensemble monumental de plus de 3 000 toiles occupant la gigantesque Gallery of the Immortality du Titanium Palace de Los Angeles. 
    Börgen et Khalinek jubilent, mais aussitôt surviennent de nombreuses questions : quels liens unissent vraiment les deux hommes ? Comment une telle entente, aussi inattendue que suspecte, est-elle possible ? Quelle est cette étrange matière dont les œuvres sont faites... ?
    Anna James, journaliste et critique d’art de haute renommée, se retrouve malgré elle au centre d'une histoire qui dépasse le monde de l'art. Elle va en effet découvrir que, derrière la création et le travail de Stendriëk Börgen, se cachent de sombres vérités...

     

    Auteur : Philemon le Bellegard

     

    Edition : Librinova

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2016

     

    Prix moyen : 16,90€

     

    Mon avis : Voilà un livre qui m’a laissé une impression plus que mitigée.
    D’un côté, l’histoire est intéressante. L’idée de base est bonne, le cheminement intéressant. Je n’ai ressenti aucune empathie pour les personnages. Pour Khalinek et Borgen, je pense qu’on n’est pas supposé en ressentir plus que cela. Pour Anna, au début, on la voit trop peu pour en ressentir, puis son attitude, son discours, fait qu’il me semble impossible d’avoir la moindre compassion pour elle. Et le fait que ses interlocuteurs l’appellent sans cesse Anna James est énervant. On se croirait dans un débat politique où les journalistes se sentent obligé d’interpellé systématiquement les intervenants par leur prénom et leur nom. Un Anna ou un Melle James de temps en temps auraient été bienvenus.
    J’ai trouvé dommage qu’on n’entende plus parler de Nancy Heartwood après l’avoir rencontrée la première fois. Lors de cette rencontre, sa hargne et sa détermination laissent penser qu’elle va avoir un rôle important dans la suite de l’histoire mais cela retombe comme un soufflé car c’est à peine si son nom est de nouveau prononcé.
    J’ai trouvé dommage le manque de fluidité dans les dialogues qui les fait apparaître peu convaincants, comme factices. Ils ne semblent pas s’intégrer à l’histoire, comme s’ils avaient été ajoutés après coup pour étoffer le texte.
    Après avoir lu ce livre, j’ai recherché des avis de lecteurs, pour voir si le point que je vais aborder avait été ressenti par d’autres. Mais je n’ai quasiment rien trouvé, hormis des « lecteurs fantômes », c'est-à-dire des comptes ouverts sur des sites de lecteurs comme babelio ou livraddict, qui mettent la note maximale à un unique livre et ne participe pas au site. Pense-t-on vraiment que personne ne va trouver étrange qu’un lecteur ne lise qu’un seul livre ? Copinage ou technique marketing ? En tout cas, ce genre de pratique ne me donne pas envie d’être indulgente envers un livre qui me laissait déjà perplexe.
    Le point le plus dérangeant de ma lecture a été les accumulations de verbes, d’adjectifs. J’aurais apprécié plus de sobriété dans l’écriture plutôt que ce style grandiloquent qui devient vite indigeste, surtout dans la première partie. Cet aspect se montre moins présent au fil de l’histoire, sans pour autant disparaître tout à fait, ce qui rend le texte plus agréable à lire.
    Mais honnêtement, quand j’ai lu la première partie, entre ce style pompeux et la description d’une bonne demi-page du vomi d’Anna James, qui a bien failli me faire vomir moi-même, si ce livre ne m’avait pas été envoyé par un membre de Librinova, je pense que j’aurais tout bonnement abandonné ma lecture.
    En conclusion, je dirais que ce roman a du potentiel mais qu’il nécessite, à mon avis, un gros travail de réécriture et surtout une simplification de l’écriture afin de se concentrer sur l’histoire plutôt que sur le nombre de synonymes que l’auteur est capable d’aligner dans une même phrase.

    Un extrait : Stendriëk Börgen redoutait la foule. Ses applaudissements le galvanisaient, mais il ne pouvait éviter malgré tout de la craindre, de se méfier de ses pulsions, de prévoir anxieusement ses débordements. La confrontation avec cette assemblée si éminente mais surtout si impressionnante par son ampleur, dans ce lieu si gigantesque, spacieux mais étouffant, vaste et ouvert sur l'infini bleuté de l'océan mais, en définitive, claustrant, avait provoqué en lui toutes les angoisses, toutes les terreurs, des plus compréhensibles aux plus inattendues, des plus insensées aux plus démentes.

    Après tant d'années d'isolement, dix années de non-apparition médiatique, dix années passées enfermé dans sa propriété, et pour tout dire quasiment uniquement dans son atelier de peinture, entre un lit, une table, une verrière et des toiles, autant dire dix années de création picturale intense, véritable retraite spirituelle, existence de moine, vie d'ermite, destinée de Saint dont Khalinek avait ébauché l'hagiographie, Saint-Stendriëk-Börgen fuyait le moment d'être canonisé, appréhendait ce moment de grâce, cette consécration, ce sacre dont il pressentait l'apothéose sacrificielle dans laquelle il ferait inévitablement figure de sacrifié, cette communion avec ses fidèles, qu'il s'était représenté à la fois sublime et insoutenable, communion dans laquelle le mécanisme mystérieux de l'eucharistie s'était obscurément déréglé et déglingué, brouillant et enchevêtrant transsubstantiation et consubstantiation, jusqu'à faire apparaître un peintre de génie tout de pain imprégné de vin, auquel ses adorateurs rendaient grâce en vidant des coupes de sang frais, après avoir savouré des petits fours fondants de chair, tantôt exsangue, tantôt sanguinolente.

    Stendriëk Börgen avait régurgité le moindre de ses délires de persécution. Il avait fallu toute la bienveillance et l'adresse de Khalinek pour assurer au Peintre qu'on n'allait pas l'assassiner, au sens propre comme au figuré.

    C'était toujours l'aspect physique que Börgen évoquait en premier. Il se voyait assassiné, le corps criblé de balles ou lardé de coups de couteau, enlevé par on ne sait quelle secte ou quel diable rouge, vert ou noir, pour être torturé, écorché, éventré, étripé avant d'être dévoré, ou par des monstres aux dents teintées par le sang tant de fois bu aux gorges de leurs victimes, ou par des flammes ardentes qui porteraient au paroxysme la brûlure de ses blessures.
    Khalinek avait promis une armée de gardes du corps – sa propre escorte – des malabars taillés dans le roc, des brutes épaisses qui assommaient leur homme d'un coup d'index sur le haut du crâne, une douzaine d'anges gardiens aussi efficaces du poing que de la gâchette : ce n'était que la protection rapprochée.

    Perchés à dix mètres du sol, sur une passerelle métallique, douze tireurs d'élite veillaient, fusils à lunette braqués sur tout ce qui approchait d'un peu trop près le Génie et son Maître.

    Stendriëk Börgen appréciait la présence rassurante de ses douze apôtres qui l'entouraient et le protégeaient, mais ne pouvait s'empêcher malgré tout de craindre les douze esprits qui flottaient dans les airs tout autour de lui. Douze paires d'yeux dont les regards le pénétraient et le transperçaient. Douze lunettes dont il était quasiment le centre. Douze canons, braqués dans sa direction, dont il craignait de voir sortir le feu divin qui le clouerait au sol et le crucifierait pour les siècles des siècles. Amen.

     

  • [Livre] Miss Peregrine et les enfants particuliers

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    Résumé : Jacob Portman, 16 ans, écoute depuis son enfance les récits fabuleux de son grand-père. Ce dernier, un juif polonais, a passé une partie de sa vie sur une minuscule île du pays de Galles, où ses parents l'avaient envoyé pour le protéger de la menace nazie. Le jeune Abe Portman y a été recueilli par Miss Peregrine Faucon, la directrice d'un orphelinat pour enfants « particuliers ». Selon ses dires, Abe y côtoyait une ribambelle d'enfants doués de capacités surnaturelles, censées les protéger des « Monstres ».Un soir, Jacob trouve son grand-père mortellement blessé par une créature qui s'enfuit sous ses yeux. Bouleversé, Jacob part en quête de vérité sur l'île si chère à son grand-père. En découvrant le pensionnat en ruines, il n’a plus aucun doute : les enfants particuliers ont réellement existé. Mais étaient-ils dangereux ? Pourquoi vivaient-ils ainsi reclus, cachés de tous ? Et s'ils étaient toujours en vie, aussi étrange que cela puisse paraître…

     

    Auteur : Ransom Riggs

     

    Edition : Bayard Jeunesse

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 31 Mai 2012

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : J’avais la trilogie de Miss Peregrine et les enfants particuliers dans ma PAL depuis des mois, mais ce n’est qu’en voyant la bande annonce de l’adaptation cinéma que je me suis enfin décidée à l’en sortir avec ce premier tome.
    Le début est assez lent mais ce n'est pas frustrant parce qu'on sent bien que l'auteur prend le temps de poser les jalons de son histoire et de nous faire faire connaissance avec Jacob. C'est en effet nécessaire car dès qu'on rentre dans le vif du sujet on a une multitude de personnages à découvrir et on n’aurait pas eu le temps de découvrir correctement Jacob.
    J'ai beaucoup aimé Jacob qui, même s'il ne croit pas trop aux histoires de son grand père le laisse les lui raconter contrairement à son père qui a fiche le plus grand mépris envers le vieil homme.

    D'ailleurs quand sa tante trouve un livre dédicacé par le grand père a l'intention de Jacob et qu'elle le lui donne on sent bien que ça agace son père.  Comme s'il voulait gommer tout souvenir du vieil homme.

    Les parents de Jacob sont agaçants. Le père plus que la mère d'ailleurs. La mère est d'une famille riche elle n'a jamais connu rien d'autre et si sa manière de vouloir que son fils pense argent avant tout est pénible on se dit que c'est le mode de vie qu'elle a toujours connu.

    Le père lui c'est différent. Son argent c'est celui de sa femme. Il est incapable de faire quoi que ce soit. Au moindre obstacle il abandonne ses projets ce qu'il peut se permettre vu que sa femme l'entretien. Mais il ne montre aucune modestie comme s'il avait gagné et mérité cet argent.
    En faisant des recherches sur le passé de son grand-père, Jacob va découvrir la vérité sur les enfants particuliers et leurs ennemis petit à petit. D'ailleurs miss Peregrine a été un peu fatigante avec sa tendance à faire de la rétention d'informations. Je comprends qu’elle veuille protéger le secret des enfants particuliers, mais à un moment donné, dès lors qu’elle dit à Jacob qu’il est des leurs, qu’elle lui dise une bonne fois pour toute à quoi il s’expose au lieu de lâcher les données par bribes et d’interdire à tous de parler.
    J'ai beaucoup aimé les passages de 1940 à aujourd'hui ainsi que toutes les explications de miss Peregrine sur les contraintes de la boucle temporelle. On est moins dans le « on fait ce qu’on veut sans la moindre conséquence » comme on peut le voir parfois. Ici non seulement il y a des conséquences et pas des moindres.
    Les explications sur la création des creux et des estres sont captivante et j'ai été bluffée par tout ce dont on se rend compte quand Jacob parle avec l'estre à la presque fin. Je ne m'attendais vraiment pas à ce que ça aille si loin. Vu comment se termine ce tome, ça promet pour les suivants dans lesquels on sera vraiment au cœur de l’action !

    Un extrait : La salle de repos des employés était une pièce aveugle, froide et humide. Linda, l’assistante en pharmacie, grignotait un sandwich sans croûte dans la lumière criarde du distributeur de sodas. Elle m’a indiqué du menton le téléphone fixé au mur.

    — Un type te demande sur la deux. Il a l’air complètement flippé.

    J’ai récupéré le récepteur qui pendouillait au bout de son fil.

    — Yakob ? C’est toi ?

    — Salut, Grandpa.

    — Yakob, Dieu soit loué ! J’ai besoin de ma clé. Ou est ma clé ?

    Il était essoufflé et paraissait inquiet.

    — Quelle clé ?

    — Ne te moque pas de moi, a-t-il rétorque sèchement. Tu sais parfaitement laquelle.

    — Tu as dû la ranger au mauvais endroit.

    — Tu es de mèche avec ton père. Dis-le-moi. Il n’en saura rien.

    — Je ne suis de mèche avec personne.

    Puis, pour changer de sujet :

    — Tu as pris tes médicaments, ce matin ?

    — Ils viennent me chercher ! Je ne sais pas comment ils m’ont retrouvé après toutes ces années, mais ils sont là. Avec quoi je vais les combattre ? Avec un couteau à beurre ?

    Ce n’était pas la première fois que j’entendais mon grand-père tenir ce genre de discours. Il vieillissait et, franchement, il commençait à perdre la boule. Au début, les signes de son déclin étaient presque imperceptibles : il oubliait de faire ses courses, donnait à ma mère le prénom de ma tante… Mais pendant l’été sa confusion mentale était devenue cruellement évidente. Les histoires qu’il avait inventées sur sa vie pendant la guerre – les monstres, l’île enchantée – l’obsédaient. Il semblait convaincu de leur réalité. Il était particulièrement agité depuis quelques semaines, et mes parents, craignant qu’il ne se mette en danger, envisageaient sérieusement de le placer dans une maison de retraite. Pour une raison mystérieuse, j’étais le seul à recevoir ses coups de fil apocalyptiques.

    Comme d’habitude, j’ai fait mon possible pour le calmer :

    — Tu ne crains rien. Tout va bien. Je passerai te voir tout à l’heure avec un DVD. On le regardera ensemble. D’accord ?

    — Non ! Reste où tu es ! C’est dangereux, ici !

    — Grandpa, il n’y a plus de monstres : tu les as tous tués pendant la guerre, souviens-toi.

    Par souci de discrétion, j’ai tourné le dos à Linda, qui lorgnait d’un air curieux par-dessus son magazine de mode.

    — Pas tous ! a protesté mon grand-père. J’en ai tué beaucoup, c’est vrai, mais il y en a toujours plus.

    Je l’entendais ouvrir des tiroirs, claquer des portes, se cogner partout… Il était en pleine crise de démence.

    — Je t’interdis de venir, tu m’entends ? Je vais me débrouiller : leur couper la langue et les poignarder dans les yeux. C’est la meilleure méthode ! Si seulement je trouvais cette maudite clé !

    La clé en question ouvrait une armoire métallique dans son garage, où il stockait assez de fusils et de couteaux pour armer une petite milice. Grandpa avait consacré la moitié de sa vie à collectionner ces armes, achetées dans des expositions aux quatre coins du pays. En semaine, il partait pour d’interminables parties de chasse et, le dimanche, il traînait ses enfants dans des concours de tir pour leur apprendre le maniement des armes. Il aimait tellement ses fusils qu’il dormait avec. Pour preuve, un vieux cliché que mon père me montrait parfois. On y voyait Grandpa Portman assoupi, un revolver à la main.

    Quand j’ai demandé à mon père pourquoi Grandpa était fasciné par les armes à feu, il m’a expliqué que c’était souvent le cas des anciens soldats, ou des personnes victimes de traumatismes. Avec tout ce que mon grand-père avait vécu, on pouvait comprendre qu’il ne se sente en sécurité nulle part, même pas chez lui. Et, par une triste ironie du sort, maintenant que les illusions et la paranoïa l’emportaient sur sa raison, il n’était effectivement plus en sécurité chez lui, avec tous ces pistolets. C’est pourquoi mon père lui avait subtilisé sa clé.

    J’ai répété que j’ignorais où elle était. Grandpa a proféré de nouveaux jurons et claqué encore quelques portes, signe qu’il reprenait ses recherches.

    Après quelque temps, il a renoncé :

    — Bah ! Ton père n’a qu’à garder cette clé si ça lui chante. Il aura mon cadavre sur la conscience !

     

     

  • [Livre] Madeleine Project

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    Résumé : "On appellerait cela un « docutweet », ou un récit d’ordre documentaire construit avec les outils – et la grammaire – de Twitter. C’est l’exercice inédit, périlleux mais jubilatoire, auquel s’est livré Clara Beaudoux il y a quelques mois, à partir des trésors retrouvés dans la cave de son nouvel appartement. Les souvenirs d’une vie, ceux de Madeleine, que ses héritiers ont accepté de divulguer par l’intermédiaire de la jeune réalisatrice. Deux séries de tweets disséminés tout au long d’une semaine allaient permettre aux internautes de découvrir ces histoires, celle de Madeleine et celle que Clara a nourrie avec son personnage. « Madeleine Project », un récit très réussi qui devient aujourd’hui un livre."

     

    Auteur : Clara Beaudoux

     

    Edition : Sous-sol

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 26 mai 2016

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai été très déçue par ce « livre ». Pour moi il n'a rien à faire dans un prix littéraire parce que la compilation de tweets n'a rien d'un travail d'écriture.
    Même si, avant même de le lire, j’étais assez réticente devant le projet, je me disais qu’il devait y avoir au moins un point positif : dans la mesure où, sur twitter, chaque tweet est limité à 140 caractères, je me suis dit que la personne qui a initié le projet avait certainement dû faire preuve d’imagination et de vocabulaire pour réussi à commenter ses trouvailles en si peu de mots.
    Mais finalement ça a été une nouvelle déception car soit elle a fait des tweet très long simplement en les numérotant sur le mode : 1/3 ; 2/3 ; 3/3 ; soit elle a fait des tweets très basiques, sans aucune recherche et souvent dignes d’ados commentant Closer.
    Ex : 1er tweet sous une photo d’un objet apparemment plat enveloppé de papier kraft : « Un Picasso dans ce paquet ? »
    2nd tweet sous une photo d’une tableau : « Euh non..
    Je pensais aussi que la vie de Madeleine avait dû comporter quelque chose de fascinant pour qu’on en fasse ainsi l’étalage. Genre une héroïne méconnue de la résistance comme il y en a tant eu. Mais non. Tout ce que l'on a c'est la vie entière et intime livrée aux regards d'inconnus d'une pauvre femme qui n'avait rien demandé et qui n'avait pas de descendant pour empêcher une arriviste de faire le buzz, pour commencer, puis du pognon (18€ le recueil quand même) sur son dos.

    J'ai trouvé ça choquant. Du vrai voyeurisme. Avec en plus des photos de qualités médiocres.

    J'ai honte pour « l'auteur » et pour la maison d'édition qui porte bien son nom d'éditions du sous-sol.

    Un extrait : 

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  • [Livre] Syrli - T01

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    Résumé : Dans un monde normal, Syrli pourrait être une jeune fille comme les autres. Aller au lycée. Tomber amoureuse. Se disputer avec ses parents… Mais Syrli ne vit pas dans ce monde-là. Son monde est en lambeaux, l’humanité ne tient qu’à un fil. Une seule ville a réchappé de la destruction, protégée du chaos extérieur par une barrière d’énergie. Pour fonctionner, elle est alimentée par l’énergie vitale dégagée par certains adolescents aux pouvoirs particuliers : les renouvelables. Syrli serait des leurs, mais refuse d’être réduite à une simple batterie humaine. Une seule issue : la fuite.

     

    Auteur : Meagan Spooner

     

    Edition : Milan Jeunesse

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 16 Janvier 2013

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Il y a longtemps que cette dystopie attendait dans ma PAL. Le fait que le 3ème tome ne soit pas traduit et ne le sera pas (cela a été confirmé par les éditions Milan, encore une fois, saluons le professionnalisme de cette maison d’édition qui ne fait pas traduire le troisième tome d’une trilogie…Super respect pour les lecteurs…) m’avait clairement freiné. Et puis bon, la curiosité l’a emportée (éventuellement j’essaierais de lire le troisième tome en anglais…j’ai bien dis éventuellement !). La curiosité et aussi une consigne dans un challenge : choisir un livre par sa couverture. Et il faut bien dire que la couverture de Syrli est superbe (même si je ne m’attache pas vraiment à ce genre de détails).
    L’écriture de Meagan Spooner est agréable. J’ai beaucoup aimé l’univers qu’elle a créé même si, au début j’ai eu un peu de mal à m’y retrouver. En effet, on nous parle de réajustement, de collecte, de pixies…comme si on était supposé savoir ce que c’était, et ce n’est qu’au fil des pages que l’on découvre peu à peu ce qu’il en est.
    C’est un univers très riche et on a vraiment l’impression d’en apprendre quasiment à chaque page. Il faut dire que l’on suit l’histoire du point de vue de Syrli et que, étant donné que des choses aussi familières pour nous que la pluie ou le ciel, sont d’immenses découvertes pour nous, on voit tout sous un jour nouveau.
    Concernant les personnages, j’aime beaucoup Syrli parce que ce n’est pas vraiment une héroïne : elle se plante, elle tâtonne, elle n’est pas toujours très douée…ce n’est même pas le courage qui la pousse à poursuivre sa route, mais la peur. J’ai un peu regretté qu’on n’explore pas un peu plus les personnages secondaires. A part Oren, ils passent de manière si superficielle dans la vie de Syrli qu’on n’a pas vraiment le temps de les apprécier ou non.
    Autant pour l’un d’entre eux, j’ai vu clair en lui dès le début, autant les révélations vers la fin du tome sur Oren m’ont vraiment laissée sur le …hmmm, m’ont vraiment surprise. Sérieux je ne m’attendais pas à ça, mais en même temps, je me suis traitée de quiche, de tanche et de cruchon en bois parce qu’il y avait une centaine d’indice, au moins, qui pointait dans cette direction. Mais pour ma défense, Syrli non plus n’a rien vu venir (oui c’est un personnage, et alors ?).
    Nixe aussi est un personnage particulier parce qu’il n’est pas à proprement parlé vivant et il est difficile de savoir s’il ressent de vrais sentiments ou s’il ne répond qu’à une programmation. Même après la fin du tome, j’ai encore du mal à le cerner.
    J’ai trouvé que la fin était un peu rapide, j’aurais aimé plus de détails, plus de « lenteur », de descriptions dans l’action (oui je sais, d’habitude c’est le contraire). Là j’ai eu l’impression que tout était fini sans qu’on sache vraiment ce qu’il s’était passé.
    Je suis quand même impatiente de lire le tome 2 dont le résumé est prometteur.

    Un extrait : La trappe s’ouvrait dans le local du concierge. Après l’avoir refermée soigneusement derrière moi, je dirigeai mon attention sur la porte : fermée à clé, comme toujours. Mais Basil m’avait appris quoi faire dans ces cas-là. J’avais maintenant plusieurs années de pratique. Saisir la poignée, tirer, et donner un coup de hanche dans le panneau en laminé.

    Clic ! Les tambours de la serrure se mirent en place.

    La porte s’ouvrit sans résistance, et je me faufilai dans l’école.

    Même si j’avais fait ça chaque jour de la Collecte depuis les cinq dernières années, en priant pour être la prochaine à figurer sur la liste, voir mon école déserte et sombre me donnait toujours froid dans le dos. Je descendis le couloir plongé dans la pénombre. Mes pieds se décollaient du sol avec un bruit de succion, laissant des empreintes humides sur le carrelage immaculé. Quel que soit le groupe que j’avais entendu en bas, j’étais arrivée la première. J’en éprouvai une étrange fierté. Basil m’avait bien formée.

    Le bureau du directeur se trouvait juste après les salles de classe. Son mécanisme de verrouillage souffrait du même défaut que celui du local du concierge, et après un clic sonore, je me faufilai à l’intérieur. Le petit matin s’infiltrait par les fenêtres et jetait une clarté diffuse sur le mobilier.

    Une chemise en cuir traînait sur le bureau. Tout le reste disparut tout à coup ; la pièce parut se rétrécir. Le sang grondait à mes oreilles. Rien ne comptait plus sinon le contenu de cette chemise – mon billet de sortie.

    Je savais que cette fois, mon nom serait inscrit sur le papier. C’était obligé. Obligé. Comme si mon regard avait pu transpercer le cuir et voir les lettres imprimées, nettes et claires. Ainsley, Syrli.

    J’avais les mains tremblantes en soulevant la chemise. Mes doigts mouillés allaient laisser des traces sur le cuir et sur le papier mais je m’en fichais. Ma vue se brouillait. Les lettres, pourtant inscrites en bon ordre, se confondaient devant moi en un charabia incompréhensible jusqu’à ce que je me force à les déchiffrer.

    Baker, Zekiel, lus-je, les oreilles bourdonnantes. Dalton, Margaret. Kennedy, Tam. Smithson, James.

    Je ne m’étais pas rendu compte que les noms étaient classés par ordre alphabétique. J’aurais dû comprendre dès le premier. Je les relus deux fois. Je retournai la feuille, mais le verso était vierge. Vide.

    Quelques gouttes tombèrent sur le papier, formant des taches translucides qui diluaient les noms. Un bref instant, je me demandai avec détachement si je ne me serais pas mise à pleurer. Puis je compris que cette eau gouttait de mes cheveux.

    Quand je repris mon sang-froid, je remarquai un bruit dans le calme presque surnaturel de l’école déserte. D’abord léger, comme le ronronnement de mon propre sang contre mes tympans. Puis je reconnus ce bourdonnement, presque mécanique, qui augmentait et diminuait de manière régulière. Je perdis un temps précieux à l’écouter, n’en croyant pas mes oreilles.

    Des pixies.

     

  • [Livre] N’oublier jamais

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    Résumé : Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper. A Yport, parti s’entraîner sur la plus haute falaise d’Europe, il a d’abord remarqué l’écharpe, rouge, accrochée à une clôture, puis la femme brune, incroyablement belle, la robe déchirée, le dos face au vide, les yeux rivés aux siens. Ils sont seuls au monde ; Jamal lui tend l’écharpe comme on lance une bouée.

    Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, gît sous les yeux effarés de Jamal le corps inerte de l’inconnue.

    A son cou, l’écharpe rouge.

     

    Auteur : Michel Bussi

     

    Edition : Presses de la Cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 7 Mai 2014

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Bon on ne va pas se voiler la face, pendant la moitié du livre on se dit que le personnage principal est fou, pendant l’autre moitié on se dit que peut être qu’en fait c’est nous qui le sommes. C’est du Bussi quoi.
    On ne sait jamais d’où va venir la prochaine baffe, seulement qu’il va y en avoir, et pas qu’une.
    Ici le personnage principal est Jamal. Sportif de haut niveau, malgré sa jambe artificielle, Jamal court tous les jours le long de la falaise pour atteindre son rêve, participer à une course très difficile sur le Mont Blanc. Quand il voit une jeune femme sur le point de se jeter dans le vide, il essaie immédiatement de la dissuader, en vain, sans se douter que sa vie va devenir un véritable enfer.
    Autant le dire j’ai changé d’avis sur Jamal toutes les 15 pages, un coup il était innocent, un coup il était coupable, un coup il était fou…
    Soupçonné par la police d’avoir en fait assassiné la « suicidée », il clame son innocence. Mais j’ai eu beaucoup de mal à le croire puisqu’il prend la fuite. Pour moi, s’il était vraiment innocent il aurait dû se ruer chez un avocat.
    Et puis il y a le fait que pas un journal ne parle de ce suicide. Là je me suis demandé si Jamal n’était pas fou et si le flic qui le poursuit n’essaie pas juste de le protéger de lui-même. Je me suis même demandé si les personnages secondaires existaient ou n’étaient que des produits de l’imagination de Jamal, ou des souvenirs…

    C’est ce que j’aime avec Bussi, c’est qu’on n’est sûr de rien, et que, quand enfin on pense avoir tout compris, quand enfin on se dit qu’on tient le coupable, tout bascule ! On n’a pas forcément tort, c’est ça qui fait la force de cet auteur. On n’est pas dans la situation où on se dit untel est le coupable et en fait non c’était un autre qu’on aurait jamais soupçonné. Non ici, c’est plus subtil. On peut découvrir le coupable, mais il nous manque toujours quelque chose. Untel est le coupable…mais pas que…
    Tout au long du livre, chaque personnage a une importance et justement, il y avait une donnée que je n’arrivais pas à rattacher à l’histoire, c’était ce par quoi elle commence, la découverte de trois squelettes après un éboulement de falaise. Impossible de savoir comment ces morts, anciennes, et n’ayant apparemment pas eu lieu en même temps, avait comme impact sur l’affaire de Jamal.
    Ce n’est qu’à la fin qu’on le découvrira. Et comme souvent, le dénouement coupe le souffle tant on ne s’attendait pas à ça !

    Un extrait : Elle avait beaucoup pleuré, mais la fontaine semblait tarie. Le maquillage autour de ses yeux avait coulé, puis séché. Jamal eut du mal à ordonner les signes contradictoires qui se bousculaient dans sa tête.

    Le danger.

    L’urgence.

    L’émotion surtout. L’émotion qui le submergeait. Jamais il n’avait vu de femme aussi belle. Sa mémoire enregistra pour l’éternité l’ovale parfait du visage face à lui, comme arrondi par la caresse de deux cascades de cheveux de jais, les deux yeux charbon plantés dans une peau de neige, le dessin des sourcils et de la bouche, fin et vif, comme trois traits guerriers tracés par un doigt plongé dans le sang et la suie. Il essaya par la suite d’évaluer si la surprise avait eu une influence sur son jugement, la situation aussi, la détresse de cette inconnue, la nécessité de lui saisir la main, sans trouver de réponse.

    — Mademoiselle…

    Jamal tendit la main.

    — N’approchez pas, fit la fille.

    Une prière plus qu’un ordre. Les braises semblaient s’être définitivement éteintes dans ses iris charbon.

    — D’accord, balbutia Jamal. D’accord. Ne bougez pas non plus, on a tout le temps.

    Le regard de Jamal glissa sur la robe impudique. Il imagina que la fille sortait du casino, cent mètres plus bas. Le soir, ils transformaient la salle de spectacle du Sea View en discothèque.

    Une sortie de boîte qui aurait mal tourné ? Grande, fine, sexy, la fille avait de quoi aiguiser les convoitises. Les boîtes étaient pleines de gars qui ne venaient que pour ça, mater la bombe de la soirée.

    Jamal s’exprima de la voix la plus calme qu’il put.

    — Je vais avancer lentement, je vais vous donner la main.

    La fille baissa les yeux pour la première fois et s’arrêta un instant sur la prothèse de carbone. Elle ne put retenir un mouvement de surprise, qu’elle contrôla presque aussitôt.

    — Si vous faites le moindre pas, je saute…

    — OK, OK, je ne bouge pas…

    Jamal se statufia, bloquant même sa respiration. Seuls ses yeux couraient, de cette fille sortie de nulle part à dix pas de lui jusqu’à l’aube orange tout au bout de l’horizon.

    Des gars bourrés qui se rincent l’œil en suivant chaque déhanchement de la reine de la piste de danse, repensa Jamal. Et parmi eux, au moins un malade, peut-être plusieurs, suffisamment vicieux pour suivre la fille à la sortie. La coincer. La violer.

    — On… on vous a fait du mal ?

    Les boules de charbon fondirent en larmes de glace.

    — Vous ne pouvez pas comprendre. Continuez votre route. Partez ! Partez vite.

    Une idée…

    Jamal passa les mains autour de son cou. Lentement. Pas assez pourtant. La fille recula d’un coup, un pied presque dans le vide.

    Jamal se figea. Cette fille était un moineau apeuré à attraper au creux de la main. Un oiseau tombé du nid, incapable de voler.

    — Je ne vais pas bouger, mademoiselle. Je vais juste vous lancer mon écharpe. Je vais tenir une extrémité. Attrapez l’autre, simplement. Vous déciderez ou non de lâcher.

    La fille hésita, une nouvelle fois surprise. Jamal en profita pour jeter le pan de cachemire rouge. Deux mètres le séparaient de la jeune suicidaire.

    L’étoffe tomba à ses pieds.

    Elle se pencha délicatement, colla par pudeur dérisoire un lambeau de robe sur son sein dénudé, puis se releva, agrippant l’écharpe offerte par Jamal.

    — Doucement, fit Jamal. Je vais tirer sur le tissu, l’enrouler autour de mes mains. Laissez-vous entraîner jusqu’à moi, deux mètres, seulement deux mètres plus loin du vide.

    La fille serra plus fort l’étoffe.

    Jamal comprit alors qu’il avait gagné, qu’il avait exécuté le geste juste, lancer cette écharpe comme un marin lance une bouée au noyé, la ramener à la surface en douceur, centimètre par centimètre, avec une infinie précaution pour ne pas briser le fil.

    — Doucement, répéta-t-il. Venez vers moi.

    Il réalisa un bref instant qu’il venait de croiser la plus belle fille qu’il ait jamais vue. Et qu’il venait de lui sauver la vie.

    Cela suffit à le déconcentrer, une infime seconde.

    Soudain, la fille tira sur l’écharpe. Jamal s’attendait à toutes les réactions sauf à celle-ci. Un mouvement sec, rapide.

    L’écharpe lui glissa des mains.

    La suite dura moins d’une seconde.

    Le regard de la fille se planta en lui, indélébile, celui d’une fille à la fenêtre d’un train qui part. Celui de la fatalité.

    — Nooon ! hurla Jamal.

    La dernière chose qu’il vit fut l’écharpe de cachemire rouge flotter entre les doigts de la fille. L’instant d’après, elle bascula dans le vide.

    La vie de Jamal aussi, mais cela, il ne le savait pas encore.