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Livres - Page 63

  • [Livre] Rouge armé

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    Résumé : Patricia, journaliste au Spiegel, enquête sur les personnes qui, dans les années soixante, ont fui l'Allemagne de l'Est au péril de leur vie. Inge est passée de l'autre côté du Mur quarante ans plus tôt et accepte de lui raconter son enfance, son arrivée à l'Ouest, son engagement...

    Mais certains épisodes de la vie d'Inge confrontent Patricia à ses propres démons, à son errance.

    Leur rencontre n'est pas le fruit du hasard.

    Dans les méandres de la grande Histoire, victimes et bourreaux souvent se croisent. Ils ont la même discrétion, la même énergie à se faire oublier, mais aspirent rarement au pardon.

     

    Auteur : Maxime Gillio

     

    Edition : Ombres noires

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 02 novembre 2016

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce livre mais j’ai failli m’étrangler en le lisant.
    J’avoue volontiers que je n’ai pas été la plus assidue des élèves, que ce soit au collège ou au lycée, mais ôtez-moi d’un doute : la destruction du mur de Berlin, c’était bien en 1989 ? Et 1977 plus 22 ans, ça fait bien 1999 ? Parce que à un moment du livre, un des personnages dit qu’un évènement s’est passé en 1977 et que rien n’a changé jusqu’à la destruction du mur vingt-deux ans plus tard.
    Alors de deux choses l’une, soit l’auteur était encore pire que moi en cours d’histoire, soit, et je vais pencher pour cette explication, parce que le bonhomme est quand même un ancien prof, c’est une énorme coquille ! Ou alors je suis encore plus mauvaise en histoire que je le pensais !
    Mais mis à part ce petit point (et oui c’est tout petit, c’est une phrase, une seule, dans un livre de 342 page, mais j’aime bien être chichiteuse).
    Nous suivons dans ce livre deux personnages principaux : Patricia et Inge.
    Patricia est une journaliste qui prend contact avec Inge en prétextant écrire un livre sur les personnes qui ont réussir à fuir la RDA et qui y sont retournés ensuite. Je dis « en prétextant » parce que, dès la première visite de Patricia, j’ai eu du mal à la croire. Je la trouvais d’une agressivité étrange, qui ne collait pas avec le sujet qu’elle voulait couvrir.
    Je n’ai pas apprécié ce personnage. En plus de son agressivité, elle a une attitude complètement autodestructrice sans pour autant susciter la compassion. On a l’impression qu’elle est toujours à la limite de la folie.
    Tout le contraire de Inge qui, malgré une enfance difficile puis une adolescence passée dans l’Allemagne de l’est avec tout ce que cela comporte de restriction et de tension, à toujours craindre que la Stasi ne s’intéresse de trop près à vous, c’est une vieille femme un peu revêche au premier abord (mais vu comment elle est abordée, qui ne le serait pas ?) mais qui montre un grand cœur et une grande compassion sans pour autant se laisser marcher sur les pieds.
    Autour de ces personnages, on fait la connaissance de Paul, un collègue de travail de Patricia, mais surtout de personnes ayant jalonnées la vie d’Inge, comme Anna, sa maman, Frieda et Richard ses parents adoptifs, Helmut, son frère ou encore Christian, son amour de jeunesse et que l’on découvre au fil du récit de la vieille dame.
    Le récit oscille ainsi entre le présent, en 2006 ; la fin de la seconde guerre mondiale où on va connaître la vie d’Anna et la période à partir de la construction du mur jusqu’à la fin des années 70 où l’on s’attache à la jeunesse d’Inge.
    L’écriture de l’auteur est addictive. Parfois on se demande où il veut en venir. Par exemple, il a fallut que je relise deux fois la fin de la partie « présent » du chapitre 11 pour être sûre que j’avais bien compris ce que j’avais lu la première fois tellement je ne m’attendais pas à ça. Et puis, plus rien, on ne reparle plus d’un évènement qui a l’air important et ce pendant des chapitres entiers. Et oui, pendant ces chapitres, je me suis demandé pourquoi l’auteur avait écrit ça si ce n’était pas pour s’en servir.
    Mais en fait, ne vous inquiétez pas, il sait parfaitement où il veut en venir, et au fil des révélations, on se rend compte que des passages qui nous avaient semblé n’être que du remplissage étaient en réalité des indices qui nous amenaient tout doucement vers la fin complètement inattendue que nous offre l’auteur.
    Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, je n’ai trouvé aucune longueur dans ce livre, toutes les descriptions, toutes les explications se justifiaient.
    Ce n’est pas un coup de cœur, mais on en n’était pas loin !

    Un extrait : Elle ne répond pas, car elle sait, mieux que quiconque, que j’ai raison. Les gens de ma génération ont vécu l’édification du Mur et les années de guerre froide comme le plus gros traumatisme de leur vie. Familles déchirées, décimées parfois, la suspicion permanente, des frères qui deviennent des étrangers, les cicatrices qui ne se referment pas.

    — Admettons, finit-elle par concéder. Cela ne m’explique toujours pas comment vous êtes remontée jusqu’à moi, et surtout, pourquoi ? Nous ne nous connaissons pas, que je sache ? Nous n’avons aucun lien.

    La cendre de ma cigarette commence à trembler dangereusement. Je cherche autour de moi après un cendrier. Je me résous à l’écraser à l’intérieur de mon paquet et annonce :

    — Les archives disparues…

    L’une de ses paupières tressaille.

    — Les jours qui ont précédé la chute du mur, les officiers de la Stasi avaient entrepris de détruire les archives les plus compromettantes. Notamment celles sur les espions, les agents doubles, les transfuges, les prisonniers, les morts… Les déchiqueteuses ont fonctionné à plein régime, mais tout n’a pas pu être détruit. On a trouvé près de seize mille sacs contenant chacun environ soixante-quinze mille fragments de papier. Soit l’équivalent d’un puzzle géant de seize millions de pages. Si certaines archives ne seront jamais retrouvées, d’autres en revanche sont en cours de recomposition. Je vous laisse imaginer le travail de fourmi : près de douze milliards de morceaux de papier à recoller. Il paraît que des chercheurs planchent sur un prototype de scanner géant qui permettrait d’avancer plus vite dans cette tâche titanesque.

    Elle ne réagit toujours pas, mais s’est tassée sur sa chaise. Je profite de mon avantage, me lève et vais m’adosser à l’évier. Je ne la quitte pas du regard. Mon débit est posé, sans interruption.

    — La curiosité du journaliste est un très vilain défaut, surtout quand votre instinct vous souffle que vous tenez un sujet brûlant pour une enquête. J’ai trouvé cette histoire d’archives détruites passionnante. Qu’avaient donc ordonné les dirigeants de l’époque, pour qu’on veuille faire disparaître toutes ces preuves dans une si grande précipitation ? Combien de secrets d’État honteux voulait-on cacher ? J’ai décidé d’enquêter. C’est notre histoire. C’est l’histoire de chaque famille allemande, et à travers elle, celle de notre pays. Il nous faut savoir. C’est mon rôle que de contribuer à ce que la vérité soit connue de tous, même si ce n’est pas simple. À force d’opiniâtreté, j’ai réussi à recomposer partiellement un dossier. Le vôtre, Inge Oelze. C’était comme une loterie, ça aurait pu être n’importe qui d’autre, mais le hasard m’a fait tomber sur vous… J’ai appris tellement de choses à votre sujet. Plus que vous ne pourriez le croire. Mais c’est votre interprétation de l’histoire que j’aimerais recueillir. Pour la confronter avec la version officielle.

    Elle a pris dix ans d’un coup. Pour la première fois depuis que je l’ai rejointe devant la cour de l’école, elle évite mon regard et elle ressemble enfin à ce qu’elle est : une femme perdue et isolée.

    — Que… Que savez-vous au juste ?

    Je m’approche, pose les mains sur le dossier de sa chaise, me penche sur son oreille et souffle :

    — Ce que je sais sur vous, madame Oelze, c’est tout ce que la Stasi a consigné. Mais il ne tient qu’à vous de rétablir la vérité… ou de la confirmer. C’est votre version des faits qui m’intéresse. Votre histoire. Je veux vos larmes, vos joies, vos espérances et vos drames. Je veux l’histoire d’une femme, pas le compte rendu froid et impersonnel d’un bureaucrate.

    Je regagne ma place, ramasse mon sac et en sors mon portefeuille. Inge Oelze a relevé la tête et regarde par la fenêtre obstruée.

    Je ressors une carte de visite que je fais glisser sur la table.

    — Je ne suis pas de la police. Si vous décidez de me parler, je vous promets que votre témoignage sera anonyme et que vous ne serez pas embêtée. Si vous préférez vous taire, je respecterai votre choix, mais serai obligée d’écrire mon livre à partir du simple témoignage d’un dossier morcelé. Or, si j’en crois ce qui y est écrit, vous n’avez plus vos parents, pas d’époux, pas d’enfants. Vous n’avez donc rien à perdre, mais tout à gagner. Je vous laisse mon numéro de téléphone. Je rentre à Berlin ce soir. Libre à vous de me rappeler ou non. Mais mon livre sortira de toute façon. Reste à savoir avec quelle version des faits.

  • [Livre] Un noël avec Darcy

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    Résumé : Georgiana Darcy, hantée par ce qu’elle a vécu avec Wickham, décide de privilégier désormais la raison à la passion, et la proposition de mariage du beau, riche et bien né M. Moresby est parfaite pour cela. Mais Darcy trouve cet homme ennuyeux, et Elizabeth a des doutes : s’agirait-il réellement d’un mariage heureux ?

    Pendant que la famille se rassemble à Pemberley pour célébrer Noël, l’envieuse Caroline Bingley répand des rumeurs venimeuses sur Georgiana.

    La jeune femme aura-t-elle le courage de se battre pour sauver sa réputation ? Et l’attirant et sympathique Sir Giles Hawkins arrivera-t-il à lui faire de nouveau écouter son cœur ?

     

    Auteur : Elizabeth Aston

     

    Edition : Bragelonne

     

    Genre : Romance

     

    Date de parution : 08 décembre 2014

     

    Prix moyen : 2€

     

    Mon avis : 5 ans après le mariage d’Elizabeth et Darcy, c’est la petite sœur de ce dernier qui est sur le point de convoler. Mais dès le départ, et ce sans même avoir lu le quatrième de couverture, on sent que quelque chose ne va pas.
    D’une part, il ne semble y avoir aucune alchimie entre Georgiana et son austère fiancé, et d’autre part, il semblerait que la sœur de Mr Bingley, Caroline, ait eu des vues sur le bonhomme et que l’annonce des fiançailles entre Georgiana et lui soit assez dure à avaler. Et connaissant la méchanceté de Caroline, on peut s’attendre au pire.
    Et grâce à cette pimbêche aigrie, il ne faut pas longtemps pour que l’histoire Wickham soit remise sur le tapis.
    Georgiana semble complètement échaudée après sa mésaventure avec le jeune coureur de dot, elle sait qu’elle l’a échappé belle et refuse de se laisser prendre dans les filets d’un homme trop avenant. Elle recherche la sécurité et une vie sans surprise et avec un homme aussi terne que M. Moresby il semblerait bien qu’elle n’ait pas de soucis à se faire : pas la moindre petite étincelle d’excitation ne risque de s’immiscer dans sa vie !
    Caroline est telle qu’on pouvait s’y attendre : aussi venimeuse qu’une vipère.
    Quant à M. Moresby, je l’ai trouvé hypocrite. Quand on se targue d’être aussi droit, aussi intègre, aussi moral qu’il le dit, on ne prête pas foi aux rumeurs, sans même en discuter avec la principale intéressée. Son attitude montre qu’il n’est pas fait pour le mariage, il devrait plutôt se mettre en couple avec une statue, ainsi il serait sûr qu’elle ne risque pas d’avoir la moindre pensée contraire à ses « principes ». Si au début il parait seulement sérieux et ennuyeux, il m’est vite apparu comme totalement ridicule.
    En dehors des personnages, il y a Pemberley et l’ambiance qui s’y attache. Ici, c’est Noël et au milieu des rires et des jeux des enfants de Jane et Elizabeth, on assiste à un noël traditionnel de l’Angleterre du XVIIIème siècle.
    Du côté de la romance, on se doute de la fin dès qu’on a lu les premières pages, mais ce n’est pas important, ce qui compte c’est de voir comment l’auteur nous emmène vers cette fin et ce qu’elle va infliger à ses personnages pour y arriver.
    C’était une agréable petite nouvelle pour en savoir un peu plus sur Georgiana qu’on ne voit qu’assez peu dans Orgueil et Préjugés. Bien sûr, on est assez loin de la plume de Jane Austen. Ça n’en rend pas moins cette histoire divertissante.

    Un extrait : Chaudement emmitouflée dans sa pelisse et coiffée de son élégant chapeau, Georgiana Darcy fit ses adieux et monta dans la voiture. Mr Darcy échangea quelques mots avec le cocher avant de la rejoindre, puis le garçon d’écurie s’écarta de l’attelage qui s’ébranla enfin.

    Alors que la voiture descendait en cahotant la longue allée, Georgiana contempla par la fenêtre le paysage pris dans le froid matinal. Elle aurait aimé être déjà à Pemberley. Elle songea alors que ce Noël était le dernier qu’elle passerait en tant que Miss Darcy et que c’était vraisemblablement la dernière fois qu’elle séjournerait à Pemberley pour les fêtes. À cette même période l’année suivante, elle serait Mrs Moresby et passerait les mois d’hiver avec la famille de son époux à Moresby Hall, dans le Sussex.

    Son frère se pencha en avant pour jeter un regard au pâle soleil que menaçaient à présent des nuages sombres en provenance du nord-est.

    — On dirait qu’il va neiger, fit-il remarquer.

    Il s’adossa de nouveau et sortit plusieurs documents de la mallette en cuir posée sur ses genoux.

    Georgiana connaissait bien son frère et savait qu’il resterait absorbé par ces papiers tant qu’il ferait jour, puis à la lueur du plafonnier de la voiture lorsque le crépuscule tomberait. Elle ne lui tenait pas rigueur d’être un compagnon aussi taciturne, consciente de l’importance des affaires gouvernementales dont il s’occupait pour servir son pays en guerre.

    Tout comme Elizabeth Darcy, Georgiana avait craint que Mr Darcy ne soit pas en mesure de quitter Londres. Mais en cette avant-veille de Noël, la vie normale avait finalement repris ses droits, en dépit de la guerre. Georgiana ne doutait pas que son frère était impatient d’arriver à Pemberley pour y célébrer Noël en compagnie de sa femme et de ses filles.

    Ils étaient partis la veille de la demeure londonienne familiale et avaient passé la nuit chez des amis dans le Northamptonshire. Ils entamaient à présent la dernière étape de leur trajet, avec de longues heures monotones en perspective avant de parvenir à destination.

    Georgiana avait emmené un livre mais le laissa fermé sur ses genoux. Elle se blottit dans un coin et tira sur elle sa couverture tout en regardant défiler le paysage morne et désolé, perdue dans ses réflexions. Elle songeait à Francis Moresby, l’homme qu’elle s’apprêtait à épouser. Le faire-part n’était pas encore paru dans La Gazette de Londres ; seulement quelques jours s’étaient écoulés depuis que Mr Moresby avait rendu visite à son frère pour la demander formellement en mariage.

    Mr Darcy lui avait donné son consentement, mais Georgiana se demandait dans quelle mesure la nouvelle de ces fiançailles le réjouissait. Elle esquissa une grimace en se remémorant la conversation qu’elle avait eue avec lui après le départ de son prétendant. Avec un grand sérieux, son frère avait tenu à s’assurer qu’elle désirait vraiment épouser Mr Moresby et suivait ce que lui dictait son cœur, et pas uniquement sa raison.

  • |Livre] Les portes du néant

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    Résumé : Figure de l’opposition au régime de Bachar al-Assad, Samar Yazbek est contrainte de quitter son pays tant aimé en juin 2011. Depuis son exil, elle ressent l’urgence de témoigner. Au mépris du danger, elle retourne clandestinement dans son pays, en s’infiltrant par une brèche dans la frontière turque. Trois voyages en enfer dans la région d’Idlib où elle vit de l’intérieur l’horreur de la guerre civile, aux côtés des activistes. Des premières manifestations pacifiques pour la démocratie, à la formation de l’Armée Syrienne Libre, jusqu’à l’émergence de l’État islamique, Samar Yazbek livre un témoignage courageux sur le quotidien des combattants, des enfants, des hommes et des femmes ordinaires qui luttent pour survivre. Elle dit l’odeur de la terre après l’explosion d’une bombe, l’effroi dans le regard des mères, les corps mutilés ; elle dit l’une des plus grandes tragédies du XXIe siècle.

     

    Auteur : Samar Yazbak

     

    Edition : Stock

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 09 mars 2016

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Ce témoignage n’est pas un livre qui se lit vite. Il manque un certain engagement de l’auteur que l’on sent détachée de son récit. Elle nous livre les faits assez froidement et surtout avec des répétitions qui nous font vite décrocher. A chacune de ses sorties, elle rencontre des familles avec des histoires similaires. On se dit qu’elle aurait pu nous raconter l’histoire de l’une de ces familles puis préciser que chaque famille qu’elle a rencontrée a une histoire similaire. Mais non, l’auteur s’obstine à répéter, pages après pages, les mêmes histoires, histoires qui, entre parenthèses, ne sont guère exceptionnelles et ont lieu, avec plus ou moins de similitudes, dans toutes les guerres, qu’elles soient civiles ou non.
    Chacun des chapitres du livre, que l’auteur appelle « porte » représente un de ses retours clandestins en Syrie. Chacun est d’ailleurs plus long que le précédent.
    L’auteur raconte la guerre entre les rebelles et le régime de Bachar al-Assad auquel un autre groupe va se mêler, celui des djihadistes qui profitent de cette guerre et de tout le désespoir qui en découle pour s’implanter de plus en plus dans le pays.
    Je n’ai que moyennement apprécié la remarque sur les autres pays, la Turquie en l’occurrence mais qui peut être appliqué à tous les pays, quand l’auteur dit qu’ils se plaignent de la présence massive des Syriens mais qu’ils sont bien content qu’ils soient là pour s’enrichir. Alors non, ils ne sont pas « bien content », ils s’en accommodent, nuance. Quant à s’enrichir… Encore faudrait-il que les Syriens aient de l’argent à dépenser, eux qui vivent dans ces pays des aides qu’on leur apporte !
    Je n’arrive pas à savoir si ses retours en Syrie sont dû à son mal du pays et son envie d’aider le peuple syrien encore sur place ou à son besoin de témoigner, quoi que dans ce cas là plusieurs retours n’étaient pas nécessaires. Surtout avec une petite fille qui l’attend en France et qui n’a pas d’autre famille qu’elle. Etre militante, c’est bien, mettre en jeu la vie d’une petite fille qui n’a rien demandé, c’est autre chose.
    On se demande si sa « cause » n’est pas plus importante que sa propre fille.
    Un témoignage qui ne m’a pas convaincu. Trop répétitif, trop long, il ne m’a pas plongé dans la compassion pour les victimes de cette guerre, pas plus en tout cas que les quelques infos qu’on voit à la télé ou sur internet. Pourtant pour être une adepte des témoignages, j’en ai lu bon nombre qui nous plongeait vraiment au cœur de leur histoire. Celui-ci a raté son objectif.

     

    Un extrait : Les barbelés me lacérèrent le dos. J’étais secouée de tremblements incontrôlables. Après de longues heures passées à attendre la tombée de la nuit pour éviter d’attirer l’attention des soldats turcs, je levai enfin la tête et regardai le ciel qui virait au noir. Sous les barbelés qui délimitaient la frontière, on avait creusé un fossé juste assez grand pour une personne. Mes pieds s’enfoncèrent dans le sol et les pointes du fil de fer griffèrent mon dos alors que je rampais sous la ligne de démarcation entre les deux pays.
    Je pris une profonde inspiration, me relevai et courus aussi vite que possible, comme on m’avait dit de le faire. Vite. Une demi-heure en sprint, c’est la distance à couvrir avant d’être à l’abri de l’autre coté de la frontière. Je courus, courus sur un sol traître et rocailleux d’un pied léger pourtant. Les battements de mon cœur me portaient, me soulevaient. Essoufflée, je ne cessais de murmurer : Je suis revenue ! Ce n’est pas une scène de film ! C’est réel. Je courais en répétant : Je suis revenue… Je suis ici.
    Derrière nous, on pouvait entendre des coups de feu et le roulement des blindés du côté turc, mais nous avions réussi : nous étions passés.

  • [Livre] L'écrivain abominable

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

     

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    Résumé : Manolo, allergique à la lecture, redoute la venue à l'école de Roland Dale, célèbre auteur pour la jeunesse invité par la maîtresse. A peine arrivé, Dale capture les enfants grâce à un sort. Epargnés, le garçon et son amie Joanna partent secourir leurs amis enfermés dans le manoir de l'écrivain qui tente de leur voler leur imagination

     

    Auteur : Anne-Gaëlle Balpe

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : jeunesse

     

    Date de parution : 05 avril 2017

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce livre que les enfants pourront qualifier de « qui fait peur, mais pas trop ».
    J’ai retrouvé avec plaisir les bonus de la collection pépix, bien qu’ils soient ici un peu moins nombreux que dans les autres livres de la collection, en appréciant particulièrement la carte du manoir, qui permet aux enfants de se situer à la fois dans l’histoire et dans leur lecture, et la page expliquant les différences existant entre un phoque et une otarie.
    Concernant l’histoire en elle-même, je pense que beaucoup d’adultes auront le sourire en découvrant le nom de l’auteur qui doit visiter la classe de Manolo : Roland Dale. Difficile, en effet, de ne pas faire le rapprochement avec Roald Dahl (qui sera lui aussi cité dans le texte).
    Manolo est complètement réfractaire à l’enseignement traditionnel (et on ne peut que le comprendre) et aux livres. Comme lui, j’ai trouvé ridicule d’obliger les élèves à poser chacun une question à l’auteur : déjà, c’est le meilleur moyen pour braquer les plus récalcitrant (parler en public n’est pas facile pour tout le monde) et ensuite la rencontre perd de sa spontanéité.
    Manolo est très débrouillard même s’il manque un peu de finesse et de patience. La relation qu’il a avec Honk, son otarie est très forte ; d’ailleurs celle-ci se comporte avec lui comme un petit chien.
    Dès le début, Manolo, par son agitation, échappe aux phénomènes bizarres qui entourent l’écrivain qui n’a rien de sympathique.
    On suit avec plaisir et intérêt l’avancée du petit groupe qui entoure Manolo dans son avancée à l’intérieur du manoir, véritable labyrinthe dont ils devront comprendre la logique avant de pouvoir se déplacer efficacement.
    Un bon petit roman, mi-aventure, mi-thriller, qui plaira sans aucun doute à tous les petits fonceurs !

    Un extrait : Ca ne faisait pas trois jours que ses parents avaient installé le cirque à Saint-Laurent-sur-Grole, et Manolo n’en pouvait déjà plus. Il en avait super marre.
    Super marre de rester assis dans cette classe.
    Super marre de devoir supporter la voix nasillarde de Madame Gastraud (Ok, pour son nom, le premier jour c’était marrant).
    Super marre de l’imparfait du subjonctif des verbes du premier groupe (qui ne sert à rien, on est d’accord ?)
    Super marre des hommes préhistoriques avec leur peau de bête et leurs dents toutes pourries.
    Et surtout…surtout…
    Super-Archi-marre des divisions posées. C’est bien simple : la seule chose que Manolo avait pigée à ce truc, c’était que ça ressemblait à une potence à laquelle on aurait pendu un quotient. Vous trouvez ça réjouissant ?
    D’autant qu’il suffisait de sortir une calculatrice, et hop, l’affaire était dans le sac, pas la peine d’y passer des semaines !
    En récré, ça n’était pas mieux. Les autres gamins de la classe le traitaient comme un extraterrestre. Ils n’arrêtaient pas de lui poser des questions débiles, du genre :
    - Hé Manolo, y’a une douche dans ta caravane ?
    - Ton père, il enlève son nez rouge pour manger ?
    - On peut avoir une entrée gratuite ?
    - Ta mère, c’est la femme à barbe ?
    C’était comme ça depuis deux jours, et Manolo avait franchement envie de se pendre dans son cahier de maths avec les quotients. Ou alors, de libérer les tigres et de les lâcher dans l’école (ou les lamas, ce qui serait moins grave mais quand même marrant).

  • [Livre] Au commencement du septième jour

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    Résumé : 4 h du matin, dans une belle maison à l’orée du bois de Vincennes, le téléphone sonne. Thomas, 37 ans, informaticien, père de deux jeunes enfants, apprend par un appel de la gendarmerie que sa femme vient d’avoir un très grave accident, sur une route où elle n’aurait pas dû se trouver.

    Commence une enquête sans répit alors que Camille lutte entre la vie et la mort. Puis une quête durant laquelle chacun des rôles qu’il incarne : époux, père, fils et frère devient un combat. Jour après jour, il découvre des secrets de famille qui sont autant d’abîmes sous ses pas.

    De Paris au Havre, des Pyrénées à l’Afrique noire, Thomas se trouve emporté par une course dans les tempêtes, une traversée des territoires intimes et des géographies lointaines.

    Un roman d’une ambition rare.

     

    Auteur : Luc Lang

     

    Edition : Stock

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 24 août 2016

     

    Prix moyen : 22,50€

     

    Mon avis : Le titre était sibyllin, le quatrième de couverture, intriguant. Au final, je cherche encore la signification du titre et le quatrième de couverture n’a pas tenu les promesses qu’il nous a faite.
    A sa lecture, on imaginait une quête pour comprendre pourquoi Camille se trouvait là où elle était lors de son accident. Mais non, Camille, c’est le livre 1. Il n’en est plus question par la suite.
    On reste sur notre faim, on ne sait pas le fin mot de l’histoire.

    Trop de sujets se télescopent dans ce livre. J’aurais aimé aller au bout de l’histoire de Camille. A chaque fois qu’on passe à un autre livre, je ne trouve aucun lien avec le précédent qui nous laisse sans réponses. C’est comme si l’auteur avait écrit trois livres inachevés, qui multiplient les retours en arrière, les passages du rêve à la réalité, sans aucun marqueur nous permettant de nous y retrouver..

    Mais cette histoire, ou plutôt ces histoires décousues ne sont qu’un moindre mal dans un livre pesant.
    Ainsi l’auteur nous livre des pages entières de description qui non seulement ne nous apportent rien, mais alourdissent un texte déjà étouffant.
    En effet, dans ce livre, il n’y a aucune mise en page. On se trouve face à des pages et des pages de texte compact, écrit au kilomètre. Pas d’aération du texte, pas de chapitre, pas même de paragraphe (un paragraphe qui fait plus de trois pages, ce n’est plus un paragraphe).
    Il y a, certes, des dialogues, mais ils sont sans marqueurs, intégrés dans le texte (pas de tiret, pas même de retour à la ligne). On a du coup du mal à savoir qui parle, quand on réalise du premier coup qu’on est dans un dialogue.
    Le tout est étouffant, monotone.
    A tout cela s’ajoute des phrases parfois difficiles à comprendre, incomplètes.

    Pour résumer, je dirai que si ce livre était un discours, on reprocherait à l’auteur de s’écouter parler.
    L’histoire en elle-même était peut être intéressante. Je ne saurais le dire car elle est tellement noyée dans les descriptions, dans ce style étouffant et parfois pompeux, qu’on finit par l’occulter totalement et par n’en retirer aucun plaisir.
    Un livre qui ne restera ni dans ma mémoire, ni dans ma bibliothèque !


    Un extrait : … c’est elle qui raccroche ? Qui lui raccroche au… Il appuie fébrilement sur la touche rappel, mais c’est un numéro privé. Il essaye d’appeler son portable. Qui est éteint, il tombe de suite sur la messagerie. C’est mort, elle ne répondra plus. Pas ce soir, nom de Dieu, pas ce soir… Elsa vient de glisser la tête par la porte de sa chambre, sa longue chevelure bouclée submerge son visage : Vous vous êtes disputés ?… Mais non, ma puce, t’inquiète pas. Lorsqu’il songe maintenant à l’effondrement intérieur qu’il a soudain éprouvé, il se demande s’il avait alors l’intuition d’une dérobade aussi définitive. L’image qui s’impose à présent est plus minérale, plus narrative, celle d’un à-pic, il la tient encore par la main, elle se débat, suspendue dans le vide, il ne lâchera pas, mais l’épuisement gagne, leurs mains se dénouent, elle va disparaître dans l’abîme, il demeurera seul, musculairement coupable de n’avoir pu la hisser, coupable et vaincu. Quand elle rentre du Havre, chaque vendredi, après sa semaine de travail, elle est nerveusement à bout de forces. C’était plus sage de célébrer demain leurs dix ans de vie commune. Il la reprend chaque fois : de mariage. Mais elle éprouve une espèce de réticence à prononcer ce mot. Il la cloue au mur avec son regard : on est mariés, non ? C’est pourtant bien comme ça que… Ce vendredi soir, il a malgré tout acheté un saumon d’Écosse chez le traiteur, du riz pilaf et des petits légumes, mis au frais un graves blanc. Cela fait quatre vendredis qu’elle plante la famille après le travail en moins de sept semaines. Elle rentre donc le samedi en fin de matinée, lui-même a des dossiers à boucler, doit s’occuper d’Elsa et d’Anton, lui aussi il… Il est 19 h 34, elle sort à l’instant de l’entreprise Delta quelque chose, un gros marché, 250.000 euros, peut-être plus, sans parler de la maintenance, elle configure leur parc Internet-téléphonie, elle dirige une équipe d’ingénieurs et de concepteurs-développeurs, elle est responsable de la région Basse-Normandie et de la zone industrielle du Havre, elle occupe ce poste depuis dix-huit mois, une carrière en ascension géométrique, en sept ans de société Orange elle a doublé son revenu avec un intéressement aux marchés conquis, lui-même est impressionné par sa réussite, elle va bientôt gagner plus que lui qui pourtant… Si ça continue, ma chérie, pour moi c’est la reconversion : homme d’intérieur et père de famille. Ils en rient ensemble. Sinon que ses absences toute la semaine… Elle essaye de rentrer le mercredi en début d’après-midi pour voir les enfants, elle y parvient une fois sur deux, repart le jeudi matin à 6 h, trois heures de route. Jusqu’à présent le vendredi soir elle arrivait à la maison autour de 21 h 30 au plus tard. Mais là, on dirait qu’elle s’installe au Havre, lorsqu’elle est avec eux il la sent là-bas, elle n’est plus si attentive, si centrée sur leur vie de famille, elle est distraite, dans ses bras il pense tenir une ombre. Enfin, ce soir, elle devait rentrer, elle se devait de… Ça flotte entre eux, ça devient lâche, moins immédiat, le regard s’effrite, se dilue dans une zone invisible à l’autre, sont comme démagnétisés, ils dérivent, chacun emporté dans l’irrépressible courant de sa vie professionnelle, sans plus de force pour se baigner ensemble dans la même rivière, deviennent béants l’un face à l’autre. Ils ne parlent plus de faire ce troisième enfant. Ce soir, tout de même, elle se devait… Il a gravi l’escalier, se tient sur le palier de leurs chambres On mange dans cinq minutes ! D’accord, répond Anton qui joue avec ses figurines de chevaliers autour du château fort. Et maman ? demande Elsa qui lève la tête de son livre de pliages Elle rentre demain matin, elle est retenue… C’est dommage, glisse-t-elle, les yeux de nouveau happés par les images de son album. Il ne répond rien, il redescend, gagne la cuisine, enfourne le riz dans le micro-ondes, sort le saumon du frigo, la table est mise, il enlève le couvert de Camille, range les chandeliers, ce soir quand Elsa et Anton seraient couchés, il avait justement l’intention de lui évoquer ce troisième enfant Tu as 36 ans, ma chérie, moi 37, il est temps qu’on y songe. Et puis ce projet pourrait à nouveau les aimanter, combler le fossé. Il envisage qu’elle a peut-être un amant chez qui, ses vendredis soir, elle… Il traverse leur vaste chambre donnant sur le jardin, s’installe devant l’ordinateur de Camille, entre sur sa messagerie, parcourt ses mails, 457 non lus qu’elle doit ouvrir et consulter sur son smartphone, un nombre important de pubs, des échanges entre amis, collaborateurs, rien qui puisse éveiller le soupçon. Il va dans le dossier images, la regarde sur l’écran, une nappe est dépliée sous un cèdre, sa peau métis vibre dans le soleil, elle s’élance vers Anton qui trébuche. Dans cette photo-ci, elle tient leur fils alors âgé de 3 ans dans les bras, elle est grande, elle le regarde, ses yeux verts. Aigue-marine, elle dit. Elle est vive, malicieuse, elle manie les mots comme un maître de sabre Tu scannes tes doléances dans un fichier, on validera ensemble. Clac ! elle a raccroché.

     

  • [Livre] J'étais là

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    Résumé : Quand j'ai appris la mort de Meg, j'ai cru qu'elle me faisait une blague. Une de celles dont elle avait le secret.

    Elle avait tout prévu : la méthode, le lieu, ce qu'il faudrait faire de ses biens. Et même ce fichu mail, envoyé en différé, annonçant qu'elle en finissait avec la vie.

    Ensuite, il a fallu affronter la pitié des habitants de Plouc-la-ville. Faire face aux questions que je lisais sur tous les visages.

    Oui, Meg était ma meilleure amie.

    Non, je n'étais pas au courant.

    Pourquoi ne m'avait-elle rien dit? Elle avait eu besoin de moi, et je n'avais pas été à la hauteur.

    Pourtant, j'étais là.

     

    Auteur : Gayle Forman

     

    Edition : Hachette

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 09 septembre 2015

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Dans « Si je reste » Gayle Forman traitait du coma, du choix de vivre ou mourir et du deuil, dans « Là où j’irais » plus de la reconstruction après un drame. Dans « J’étais là », elle s’attaque au suicide, sujet tout aussi délicat à traiter.
    Après le décès de son amie, Cody l’idéalise un peu. Elle refuse d’accepter que Meg ait pu agir différemment à Seattle de ce qu’elle avait toujours fait dans leur petite ville ; elle refuse également d’imaginer une seule seconde que quiconque dans cette ville ait pu connaitre une Meg différente de celle qu’elle connaissait. Pour elle, il n’y a qu’une Meg et c’est celle qu’elle connait par cœur, celle qui est son amie depuis le jardin d’enfants, celle dont les parents l’ont pratiquement élevée, elle qui a une mère totalement dénué du moindre instinct maternel et pas de père.
    Après une interrogation du petit frère de Meg, Cody en est persuadée : Meg n’aurait jamais eu l’idée de se suicider, c’est donc que quelqu’un l’y a poussé.
    Elle a tellement besoin que son amie ne l’ait pas abandonnée de son propre chef, qu’elle saute sur ce que dit un gamin de 10 ans comme s’il détenait la moindre parcelle de vérité. Elle en oublie qu’il est lui aussi dans ce cas : il cherche une preuve que sa sœur ne l’a pas abandonné volontairement, qu’elle était manipulée.
    Cody va aller chercher les affaires de Meg, et compte en profiter pour se renseigner un peu, mais elle tombe de haut : la Meg qu’on lui décrit n’a rien à voir avec son amie.
    Immédiatement, elle en conclu que ces gens, qui ont vécu avec Meg pendant des mois, ne la connaissait pas et n’ont donc pas leur mot à dire sur sa copine.
    Cody est complètement repliée sur elle-même. Si je comprends son besoin de chercher une explication rationnelle à l’acte de Meg, je ne comprends pas qu’elle n’informe pas les parents de cette dernière de ses découvertes au fur et à mesure qu’elle les fait. Ils sont quand même les premiers concernés, non ?

    Une chose qu’on ne peut pas retirer à Cody, c’est qu’elle est tenace. Elle va très très loin pour comprendre ce qui est arrivé à Meg, mais elle est aussi un peu naïve. Heureusement, elle est entourée. Et va se rendre compte qu’elle peut bien plus compter sur sa mère que ce qu’elle croyait.
    Au travers de la quête de Cody pour comprendre Meg, Gayle Forman la fait passer par toutes les étapes du deuil.
    Cody va devoir admettre qu’elle n’était pas dans la tête de Meg, que celle-ci ne lui disait pas tout. Mais surtout elle va devoir se pardonner d’avoir été là, et de n’avoir rien vu. Parce que parfois, il est impossible de voir quoi que ce soit.
    Le roman a un petit côté polar, avec Cody prête à tout pour découvrir la vérité.
    Pour une fois, je n’ai pas pleuré. Peut-être parce qu’on n’a pas l’occasion de voir Meg et Cody ensemble, de ressentir leur amitié. J’ai eu l’impression de ne pas connaitre Meg, de ne pas la découvrir réellement. Je suis restée concentrée sur Cody.
    Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’émotions dans ce roman, mais la quête de Cody et le côté positif (que Cody reprenne sa vie et fasse le deuil de son amie) m’a empêchée de lâcher les grandes eaux.

    Un extrait : Le lendemain de la mort de Meg, j’ai reçu le mail suivant :

    J’ai le regret de vous informer qu’il m’a fallu en finir avec la vie. Cette décision, je l’ai prise il y a longtemps. Elle m’appartient entièrement. Je sais qu’elle vous causera du chagrin et j’en suis désolée, mais comprenez que je devais mettre un terme à mes souffrances. Ça n’a rien à voir avec vous, et tout avec moi. Ce n’est pas votre faute.

    Meg.

     

    Elle en avait envoyé une copie à ses parents et une au commissariat de Tacoma, cette dernière accompagnée d’une note indiquant aux policiers dans quelle chambre de quel motel ils la trouveraient, quel poison elle avait absorbé et comment les employés de la morgue pouvaient sans risques récupérer son cadavre. Sur son oreiller, un mot ordonnait à la femme de ménage de prévenir les secours et de ne pas toucher à son corps. Elle y avait joint cinquante dollars de pourboire.

    Elle avait veillé à expédier ses messages en différé. Ainsi, elle serait bel et bien morte quand nous les recevrions.

    Ces détails, je ne les ai appris que plus tard, bien sûr. En découvrant sa lettre d’adieu sur l’ordinateur de la bibliothèque municipale, j’ai cru à une farce. À un mauvais canular. Je l’ai appelée. Comme elle ne répondait pas, j’ai contacté ses parents.

    — Vous avez eu le mail de Meg ? leur ai-je demandé.

    — Quel mail ?

     

  • [Livre] Le joyau – T03 – La clé noire

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    Résumé : L'avenir se bâtit sur les ruines du passé.

    Cela fait trop longtemps que Violet et les habitants des anneaux extérieurs de la Cité solitaire sont soumis au moindre caprice de la noblesse du Joyau. La société secrète connue sous le nom de la Clé Noire s'apprête à lancer l'offensive pour renverser ces dirigeants cruels et corrompus.

    Violet a conscience du rôle crucial qu'elle doit jouer dans cette révolte, mais c'est une raison encore plus personnelle qui la pousse à s'engager corps et âme pour la cause.

     

    Auteur : Amy Ewing

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 24 novembre 2016

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai retrouvé avec plaisir les personnages d’Amy Ewing pour la fin de cette trilogie pleine de magie et de rebondissement.
    Violet m’a énervée dans ce tome. Je comprends qu’elle veuille s’impliquer et prendre des risques, au vu des circonstances. Sa décision de s’introduire dans le joyau est tout à fait légitime mais sa manière d’agir vis-à-vis de ses compagnons, elle, laisse un peu à désirer.
    D’abord, j’ai trouvé qu’elle ne discutait avec personne, elle se pose en chef, prend des décisions sans consulter quiconque et les mets devant le fait accompli.
    De plus, elle agit comme si elle était la seule à pouvoir prendre des risques, comme si ses pouvoirs la rendaient unique. Alors déjà elle n’est pas la seule à avoir des pouvoirs, et ensuite, il y a bon nombre de membres de la clé noire qui se battait, sans pouvoir, pour leur liberté, quand elle croyait encore au mythe de la maison de retraite pour mères porteuses. Sa réaction envers Ash est à la limite du : « je t’interdis de bouger d’ici, peu importe que tu te sentes inutile, d’ailleurs si je pouvais je te mettrais en laisse. »
    Surtout, elle m’a donné l’impression de ne réfléchir qu’après avoir agi. Parfois, je l’ai comprise, car elle se devait de réagir rapidement, sans avoir le temps de peser le pour et le contre, et dans d’autre cas, j’ai trouvé qu’elle s’exposait inutilement. D’ailleurs ses actes vont parfois avoir de graves conséquences.
    J’ai un peu regretté qu’on voit si peu les personnages auxquels on s’était attachés dans les deux premiers tomes.
    Garnett a murit, il sait ce qu’il fait, ou en tout cas il donne drôlement bien le change.
    La date butoir, à savoir la prochaine vente aux enchères qui va avoir lieu en avance par rapport à la date habituelle, donne une certaine tension car on ne sait pas si les protectrices seront prêtes à temps. De plus on a la crainte que des choses soient changées au dernier moment à cause des attentats par des rebelles dont on ne sait pas trop s’ils sont indépendants ou des membres de la clé noire qui font plus ou moins sécession.
    Il y a plusieurs morts dans ce tome, dont deux auxquelles je ne m’attendais vraiment pas et qui m’ont fait pleurer toutes les larmes de mon corps.
    Quand on rentre dans l’action, la vraie, celle qui casse tout sur son passage, on est en plein dans la magie, tout va très vite et les protectrices vont déployer tout leur potentiel. Mais j’ai bien apprécié que l’auteur n’en fasse pas des filles indestructibles. Certaines ne s’en sortiront pas. Ca me paraissait évident, mais parfois, les auteurs ont du mal à tuer leurs personnages. Ce n’est pas le cas d’Amy Ewing, elle ne nous aura rien épargné, ou presque dans ce tome qui clôt en beauté cette trilogie.
    Le seul petit bémol est l’absence d’épilogue et donc l’absence de visibilité sur les conséquences de la révolution.

    Un extrait : La date de la prochaine Vente aux Enchères ayant été avancée d’octobre à avril, le Cercle de la Clé Noire – les forces rebelles de la Cité solitaire dirigées par Lucien – travaille d’arrache-pied pour rallier un maximum de personnes à notre cause, stocker armes et explosifs, et infiltrer les bastions de la royauté dans les cercles extérieurs.

    Toutefois, tous ces efforts seront vains si la royauté peut rester cachée, retranchée derrière le mur d’enceinte massif qui protège le Joyau. C’est là que nous intervenons. Nous, les mères porteuses. Nous sommes plus puissantes lorsque nous unissons nos forces. Nous devons rassembler autant de filles que possible pour détruire ce mur infranchissable. Pour arracher à la royauté son bouclier principal. Pour permettre au peuple de pénétrer dans le Joyau.

    Raven et moi sommes allées dans les quatre instituts, accompagnées des mères porteuses que Lucien a exfiltrées du Joyau – Sienna, Olive et Indi. Northgate fut de loin le pire, avec son sol glacé constitué d’acier et de pierre, ses uniformes ternes et son règlement draconien interdisant toute possession d’effets personnels. Pas étonnant que Sienna en garde un souvenir épouvantable. Elle y est retournée à reculons, or nous avions vraiment besoin d’un guide, d’une personne qui connaisse non seulement les lieux mais aussi les autres pensionnaires.

    Nous les avons prises à part par petits groupes et leur avons ouvert les yeux ; nous leur avons montré comment se connecter aux éléments, leur révélant ainsi leur véritable nature – au-delà du simple rôle de mère porteuse. Raven possède un pouvoir unique et intangible – celui d’accéder à un lieu sacré, une falaise qui surplombe l’océan. Elle est notamment capable d’y transporter d’autres personnes. C’est un endroit en dehors du réel, magique, où les filles telles que nous peuvent s’unir instantanément aux éléments de la nature. J’y suis moi-même allée un nombre incalculable de fois au cours des derniers mois.

    Avec Raven, je me tiens à présent devant mon ancien institut, que je contemple d’un air songeur. Nous devons choisir prudemment celles avec qui nous partagerons notre secret – uniquement celles qui vont se rendre aux Enchères, qui seront à bord des trains en direction du Joyau. Lucien nous a fourni les listes de noms.

    Contrairement à la Maison des compagnons, Southgate ne possède aucune entrée secrète ; aucun régimentaire ne patrouille alentour non plus. Southgate est une forteresse plantée au beau milieu d’une mer de taudis décrépits aux murs de boue séchée. Le Marais me paraît encore plus triste que dans mes souvenirs. L’odeur de soufre de la gadoue à mes pieds, les arbres épars et rachitiques, les masures délabrées… La pauvreté est omniprésente, elle saute aux yeux, vous assaille avec brutalité. Une réalité dont je n’ai vraiment pris conscience qu’à partir du moment où j’ai commencé à vivre dans le Joyau.

     

  • [Livre] Et si...

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    Résumé : Quand Cal retrouve Nicole à des milliers de kilomètres de leur ville natale, il n’en croit pas ses yeux. Son amie d’enfance dont il a toujours été amoureux prétend s’appeler Nyelle, et son caractère semble à l’opposé de ce qu’elle était. Qui est vraiment Nyelle ? Nicole, frappée d’amnésie ? Un simple sosie ? La seule chose dont Cal est sûr, c’est qu’il ne peut plus vivre sans elle…

     

    Auteur : Rebecca Donovan

     

    Edition : PKJ

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 01 octobre 2016

     

    Prix moyen : 18,50€

     

    Mon avis : Lu pendant le weekend à lire de Mars, ce livre a été mon coup de cœur de la semaine (et peut être même du mois).
    Le récit alterne entre le présent qui est du point de vue de Cal, et le passé, du moment où Nicole a emménagé dans leur petite bourgade jusqu’à la fin du lycée, qui est raconté alternativement du point de vue de Nicole et de celui de Richelle.
    Dès les premiers souvenirs de Nicole et Richelle, on ressent un vrai malaise dans la famille de Nicole. Un malaise qui tourne autour du père, même si la mère n’est pas en reste.
    Au fil de la lecture de ces souvenirs, le malaise se précise. Le père est un personnage qu’on ne peut que détester, et pourtant on ne le voit que deux ou trois fois, il est la plupart du temps évoqué par son épouse ou par Nicole.
    On voit que la vie de Nicole est quasiment insupportable. Il y a une telle pression qui pèse sur ses épaules. Des parents pareils ne devraient pas avoir le droit de voir leurs enfants sans la surveillance d’un tiers.
    D’ailleurs, un des derniers souvenirs de Cal, avant que Nicole ne disparaisse, est une dispute entre la jeune fille et ses parents. C’est très frustrant pour le lecteur, car d’une part cal ne se souvient de cette scène que par bribes (il était saoul quand il a entendu la dispute) et d’autre part, il n’a pas tous les éléments, n’ayant pas été présent lors de la scène, mais ayant juste entendu les éclats de voix depuis la rue. Et ce n’est qu’à la quasi fin du livre qu’on saura ce qu’il s’est exactement passé ce soir-là.
    Autre mystère : le déménagement précipité de la famille de Richelle. Je veux bien qu’un père puisse être muté, surtout aux USA. Mais de là à déménager dans la précipitation, sans même laisser le temps à leur fille de faire ses adieux à ses amis ? Il y a quelque chose autour de ce déménagement, et j’ai passé le livre à essayer de comprendre quoi. Mais Je m’attendais à tout sauf à la réponse que j’ai fini par avoir !
    Le mystère principal auquel on est confronté est : Est-ce que Nyelle est Nicole ?
    Cal semble en être persuadé mais quand on voit le caractère de Nicole dans les souvenirs et qu’on constate celui de Nyelle, on ne peut qu’avoir un doute.
    Si tel est le cas, se pose alors la question de savoir pourquoi elle se fait passer pour une autre ? Pourquoi elle prétend qu’elle n’est pas Nicole ? Pourquoi tant de mystères ?
    J’ai adoré le personnage de Nyelle, qui est pleine de vie et à multiple facettes, même si c’était parfois agaçant d’avoir l’impression d’avoir une anguille en face de Cal.
    Cal aussi est attachant, surtout avec son problème majeur : il ne sait pas dire non à une fille, ce qui fait qu’il a partout des ex qui lui en veulent.
    J’ai eu un peu plus de mal avec Rae, que j’ai trouvée agressive et péremptoire.
    La romance entre Cal et Nyelle est bien amenée, de même que les révélations de la fin. Tout au long du livre, on a des indices qui sont distillés, ce qui fait que la fin n’est pas une totale surprise, mais le voir écrit noir sur blanc dissipe les doutes qu’on aurait pu avoir.
    J’ai bien aimé le fait que tout le mystère ne soit pas concentré sur l’identité de Nyelle. Le roman va bien au-delà de ça et, au final, cette révélation-là est presque secondaire.
    J’avais déjà eu un coup de cœur pour la trilogie « ma raison d’espérer » du même auteur, et là, rebelote. Je pense que Rebecca Donovan est bien partie pour être, comme Jennifer Brown, un auteur coup de cœur pour moi.
    Avec ce roman plein d’émotions, elle me donne envie de découvrir au plus vite sa prochaine histoire (c’est tout juste si on lui laisse le temps de l’écrire !)

    Un extrait : En faisant la queue chez Bean Buzz, je sens qu’il me faut à tout prix de la caféine pour me secouer. J’ai joué à fond mon rôle d’étudiant bourré… Ça ne m’arrive pas souvent. C’était vraiment n’importe quoi, cette soirée.

    Je remercie Mel quand elle me tend mon gobelet. En marchant vers la porte, les paupières mi-closes, j’ai l’impression d’être un somnambule. Je me concentre sur la lumière qui provient de la sortie, et je m’efforce d’avancer dans cette direction.

    — Cal ?

    J’écarquille les yeux et j’inspire profondément par le nez afin de me concentrer. Carly est devant moi. Comment savait-elle que je serais ici ? Je ne l’ai jamais emmenée chez Bean Buzz. Je n’y ai jamais invité de filles. J’ai choisi exprès un café situé loin du campus pour ne pas tomber par hasard sur l’une d’elles.

    — Carly, mais qu’est-ce que tu fais ici ?

    Je suis trop surpris pour le cacher.

    — Euh, je prends un café ? répond-elle en soulevant son gobelet.

    — Ah, bah oui ! dis-je avec un léger hochement de tête.

    Je me sens vraiment stupide.

    — T’as une seconde ? J’aurais bien aimé qu’on parle.

    — Euh…

    J’ai déjà du mal à tenir debout, alors parler…

    — J’en ai pas pour longtemps, promis.

    — OK.

    Je la suis à contrecœur jusqu’à une table devant la baie vitrée. Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre. J’imagine qu’elle veut s’excuser d’avoir cassé comme ça avec moi la veille.

    — Je crois que j’ai fait une erreur, dit-elle alors que je m’assieds. Je n’aurais pas dû te plaquer.

    Pour une surprise, c’est une surprise.

    Voyant que je reste bouche bée, elle poursuit :

    — Je crois que j’ai flippé parce que je commence à avoir des sentiments pour toi. Mais après ton départ hier soir, je me suis rendu compte que le campus grouillait de gros blaireaux. Tu n’es pas comme eux. J’ai fait une bêtise, et j’aimerais qu’on se donne une seconde chance.

    Je ne suis pas assez lucide pour affronter un truc pareil. Alors j’essaie de gagner du temps en buvant lentement mon café tout en évitant soigneusement de regarder la fille assise en face de moi qui attend ma réponse. C’est alors que je vois les yeux bleus incroyables de la nuit dernière. Ils me scrutent depuis le canapé en cuir à l’autre bout du café – mais sans le masque. Carly me ramène à la réalité : — Cal ?

    — Pas possible ! je murmure, subjugué.

    — Quoi ? me demande Carly, prise de panique. Ça veut dire non ?

    — Désolé.

    Je me remets de mes émotions, et je me force à détourner le regard.

    — Euh, j’ai cru voir… Laisse tomber !

    Je secoue la tête et tente de me concentrer sur la conversation. La nuit dernière, cette fille m’a montré la porte. Alors je l’ai prise. De toute façon, notre histoire n’aurait pas duré beaucoup plus longtemps, surtout si elle attendait plus de moi.

    J’inspire un petit coup avant de répondre :

    — En fait, non. On ne peut pas se remettre ensemble.

    — Hein ? Quoi ?

    Carly plisse les yeux.

    — Pourquoi ?

    — Désolée, Carly. Ce n’est pas possible.

    Je me lève et je m’en vais sans attendre sa réaction. Je devrais continuer mon chemin et sortir. Mais au lieu de ça, je traverse le café jusqu’au canapé en cuir marron où la fille de la nuit dernière, sans masque, est en train de lire, les pieds posés sur la table basse.

    Et puis je reste planté devant elle à la regarder. Elle ne me remarque pas, et c’est sans doute mieux car j’ai vraiment l’air d’un pauvre type. Je suis à court de mots parce que je me trouve devant Nicole Bentley. Et en même temps, cette fille paraît… différente. Elle ne ressemble pas exactement à celle qui a emménagé dans mon quartier il y a quinze ans. Peut-être que ce n’est pas elle. Je ne vois pas ce qu’elle ferait ici. Mais… ces yeux-là, ce sont les siens.

     

  • [Livre] J'ai dix ans, ma vie est un cauchemar

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    Résumé : " Erreur de casting ", abandonné par son père à la naissance, Christian Faison subira les humiliations maternelles toute son enfance... Quand sa mère rencontre enfin un homme, celui-ci se révèle être un tortionnaire. Pendant plusieurs années, il maltraite Christian et sa maman. Jusqu'à leur fuite. Le petit garçon découvre alors le monde de la nuit, ses dangers et sa liberté. Quelques rares personnes, touchées par son intelligence et ses qualités humaines, lui ouvriront d'autres horizons. Sans haine mais avec une détermination sans faille, il décide seul de se réinsérer dans la société.

     

    Auteur : Christian Faison

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 07 novembre 2007

     

    Prix moyen : 6€

     

    Mon avis : Ecrit à la première personne ce témoignage a plus une valeur thérapeutique pour l’auteur qu’une réelle valeur de quelque nature que ce soit pour le lecteur.
    J’ai regretté que l’auteur se sente obligé de se justifier toutes les deux pages en assurant qu’il n’invente pas, qu’il n’exagère pas, que tout s’est réellement passé comme il le raconte. Le dire une fois au début du livre aurait largement suffit, mais on dirait qu’il cherche un moyen d’étirer son témoignage.
    De la même façon, il répète inlassablement les mêmes choses concernant sa mère : on a un peu l’impression de tourner en rond.
    Il est effarant de réaliser que la majorité de sa vie dans la rue n’est finalement du qu’à l’orgueil et l’égoïsme de sa mère qui refuse catégoriquement de demander les aides sociales auxquelles elle aurait pourtant droit. Elle préfère faire travailler son fils la moitié de la nuit avant de l’envoyer à l’école, quasiment mort de fatigue, où, bien entendu, il n’est pas en état de faire quoi que ce soit.
    Toute sa vie, cette femme détruit son fils psychologiquement. On se demande ce que font les services sociaux, quand, alors qu’il travaille toute la nuit, des policiers de la Brigade Spéciale de Nuit le voient s’épuiser à la tâche. Comment une telle mère a-t-elle pu conserver la garde de son fils.
    Heureusement, il va croiser la route de quelques personnes qui vont l’aider à garder la tête hors de l’eau et à maintenir un niveau d’instruction suffisant pour, s’il ne va pas jusqu’au BAC, lui permettre de trouver sa voie professionnelle.
    Si ce livre est un exercice thérapeutique pour l’auteur on peut lui reprocher d’avoir un peu trop de distance, de ne pas décrire ses sentiments. Il énonce parfois les faits comme un journaliste narrant une affaire.
    Mais quelques soient les défauts d’écriture de ce livre, on en peut nier que Christian Faison a fait preuve d’un courage et d’une détermination sans faille pour s’en sortir, pour se faire une vie « normale », malgré le mauvais départ qu’il a eu dans la vie : enfant non désiré par sa mère, abandonné à la naissance par son père, brutalisé et quasiment réduit en esclavage par son beau-père, un vrai sociopathe.
    C’est sa foi, quelques religieux qui ont été ses professeurs, et celle qui deviendra sa femme qui l’ont soutenu envers et contre tout pour qu’il réussisse sa vie et dans sa vie.

    Un extrait : Je suis né à l’hôpital public Hoche, à Nîmes, le 9 février 1963. C’était le tout début de l’après midi. Je n’étais pas le bienvenu.
    Lorsque les sages-femmes me présentèrent à maman, elle détourna la tête et refusa de poser sur moi le moindre regard. Du moins est-ce l’unique récit de ma naissance qu’elle me fera plus tard, répétée à satiété des années durant. Au cas où je risquerais d’oublier que je n’étais pas le fruit béni d’un amour épanoui.
    A tout prendre – puisque de toute façon un accident de la nature lui imposait cette naissance de trop, cet être non désiré entré par effraction dans sa déjà triste vie -, elle eût préféré une fille. Double désillusion, double peine que je paierai jusqu’à plus soif, avec une inlassable régularité.
    Quelques année plus tard, cheveux bouclés, visage fin, silhouette androgyne, je serai souvent pris pour une fille et maman ne démentira pas, ou si peu. Ce mensonge par omission faisait naitre en elle un curieux sentiment de rêve non abouti, de possibilité avortée.
    Quand j’aurai atteint l’âge de comprendre ces choses-là, je prendrai conscience de sa haine tenace envers les hommes. Tous les hommes. Et j’en étais un, du moins en devenir. Présent tous les jours devant elle, ma vue lui rappellera constamment ce hic, cet os tenace dont elle ne voudra jamais tenter de se débarrasser.
    Elle aurait tant souhaité que je devienne danseuse ! Combien de fois l’entendrai-je invoquer ce manque qui semblait abyssal : elle n’avait pas eu de fille et n’en aurait jamais. Pas de fille à son image pour la modeler selon sa propre révolte, son caractère ombrageux d’un entêtement rare dans l’autodestruction, afin de pouvoir se venger du sexe fort par procuration.
    Elle rêvera toujours cette fille impossible, rêve trouble et malsain, me faisant partager malgré moi sa rancœur et son amertume, sans prendre conscience – ou ne voulant pas la voir – de la souffrance muette qu’elle créera en moi. Ce poison fera lentement son office destructeur au plus intime de mon esprit.

     

  • [Livre] L'expédition

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    Résumé : Archipel du Svalbard. Un appel au secours en provenance du 87e parallèle nord parvient à Knut Fjeld. Une expédition norvégienne est en difficulté, alors qu’elle cherche, sur les traces des grands explorateurs, à rejoindre le pôle Nord. Un projet mal ficelé, que les spécialistes critiquent pour l’itinéraire retenu, et pour le choix du mois de février, trop tôt en saison. Mais le challenge est là, précisément : réussir ce qui ne s’est jamais fait. Lorsque courage et ambition riment avec folie. L’expédition est partie, mal préparée, mal financée. Deux attelages, huit chiens et quatre hommes.
    Ce sont les chiens qui tombent en premier.
    Knut Fjeld, le flic norvégien du Svalbard, se rend sur place. En plein désert arctique, sur la banquise qui dérive. Bientôt prisonnier d’un huis clos sur glace, angoissant, et périlleux.

     

    Auteur : Monica Kristensen

     

    Edition : Gaïa polar

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 05 octobre 2016

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, mais une fois ceci fait, impossible de lâcher le roman.
    Il y a une tension presque palpable dans ce huis-clos glacial.
    Le policier, Knut, n’est pas sur place pour officiellement enquêter, il est venu rejoindre l’expédition après un appel de détresse. Mais quand il voit l’état des chiens et du musher, il décide de rester sur place pour essayer de comprendre ce qu’il s’est passé.
    Les membres de l’expédition ne sont guère sympathiques : les deux amis d’enfance à l’origine du départ sont d’une arrogance insupportable, le troisième membre est plus renfermé, plus secret.
    Quand aux deux épouses restées en arrière, l’une semble cacher un secret, l’autre ne penser qu’à la gloire quelque en soit les conséquences.
    Difficile dans ces circonstances de définir les responsabilités de chacun.
    Difficultés supplémentaires : toutes communications est coupée avec la civilisation et un ours polaire affamé rode. Mener une enquête dans ces conditions n’est pas franchement l’idéal.
    J’ai été sidérée par l’inconscience de ces hommes qui ont fait des promesses et pris des engagements qu’il était impossible à tenir tant l’expédition a été mal préparée. Karsten est sans doute celui qui est le plus arrogant et qui manque le plus de discernement. Il semble croire que du moment qu’il pense à un objectif, il va forcément l’atteindre. Il refuse d’admettre qu’il n’est qu’un amateur et qu’il fonce droit dans le mur. Sans doute le fait qu’il ait été un enfant-star puis qu’il ait brillamment réussi ses études d’avocat lui ont-ils fait croire qu’il réussirait tout ce qu’il entreprendrait. Il semble croire aussi que la fin justifie les moyens et qu’il n’aura jamais à faire face à aucune conséquence.
    Si pendant la majorité du livre, on suit les membres de l’expédition et Knut qui évolue complètement à l’aveugle, certains chapitres suivent le chef de la police, et patron de Knut, qui mène lui-même une enquête pour comprendre ce qui est arrivé au musher et aux chiens. D’autres chapitres, moins nombreux, et écris à la première personne, suivent les pensées de l’épouse de Karster, Karin Hauge, qui raconte la préparation de l’expédition ainsi que les informations que les deux épouses reçoivent tandis que leurs maris se dirigent vers le pôle.
    Ainsi on en sait plus que Knut sur ce qui est arrivé au musher et aux chiens, mais cela ne nous aide guère à savoir qui est le coupable parmi les membres de l’expédition, ni même s’il y a un ou plusieurs coupables.
    La chute est inattendue quoique pas assez développée à mon goût. On reste un peu sur sa faim.
    Mais pour l’essentiel, c’était un thriller très prenant et qui tient en haleine.

    Un extrait : La couche de glace à 87 degrés nord s’étendait à perte de vue autour d’eux, jusqu’à l’horizon, où elle disparaissait dans un rai de lumière. Les chenaux et les crêtes de compression dessinaient des lignes sombres au tracé aléatoire. Au-dessus d’eux, la voûte céleste semblait tapissée de couvertures de laine grise. Et entre le ciel et l’océan, ces deux immensités : l’hélicoptère, un cylindre de métal noir vrombissant maintenu en suspension par un lourd rotor qui fouettait l’air de ses pales. Quatre hommes se trouvaient à son bord : deux pilotes, un mécanicien de la compagnie aérienne Airlift et un policier dépendant du bureau du gouverneur à Longyearbyen.

    Il faisait chaud dans la cabine réservée aux passagers dans laquelle étaient assis Knut Fjeld et le mécano. Les discussions dans l’intercom s’étaient tues. Il flottait dans l’habitacle une atmosphère paisible, ils étaient un peu comme plongés en plein rêve. Knut somnolait sur son siège, sa tête dodelinait au rythme des mouvements de l’hélicoptère. Peu lui importait de calculer le temps qui s’était écoulé depuis le décollage, il laissait ses pensées vagabonder au petit bonheur, il glissait dans cet agréable état de somnolence, puis en ressortait, avant de repiquer du nez.

    L’hélicoptère avait fait une escale sur un navire océanographique allemand dans le détroit de Framstredet, entre le Svalbard et le Groenland, pour remplir les réservoirs de carburant, mais ils étaient repartis aussitôt, sans même prendre le temps de boire un café avec l’équipage. Le Polastern avait disparu derrière eux depuis quelques minutes, quand ils avaient aperçu l’île de Danskøya à tribord, avant d’entrevoir au loin le minuscule

    îlot de Moffen, une réserve naturelle abritant une des dernières colonies de morses du Svalbard. Aucun n’était visible ce jour-là.

    Ils n’avaient plus eu ensuite que la banquise au-dessous d’eux.

    Ils se dirigeaient vers la dernière position connue du campement d’une expédition norvégienne en route pour le pôle Nord – un petit point dans la blancheur d’un désert de solitude. Un appel de détresse par téléphone satellite était à l’origine de cette opération de sauvetage. D’ordinaire, il en fallait beaucoup pour que le gouverneur déclenche une intervention coûteuse nécessitant d’envoyer un hélicoptère très au large du Svalbard, mais le message selon lequel un ours polaire rôderait dans les parages

    les avait poussés à agir.

    La procédure habituelle, lors du signalement d’un ours, voulait qu’un policier et une personne chargée de l’environnement au bureau du gouverneur se rendent sur les lieux afin d’évaluer la situation, mais l’agent du service environnement n’était pas là depuis longtemps et comme Knut était le policier de terrain le plus expérimenté, ses supérieurs avaient décidé de l’envoyer seul sur place.

     « Dis-toi que c’est là une super occasion de monter plus au nord que tu ne l’as jamais fait », avait déclaré Tom Andreassen, le chef de la police, en conduisant Knut au hangar de l’hélicoptère.

    « Il suffira probablement d’effrayer l’ours pour qu’il s’en aille. Il y a de fortes chances que ce ne soit qu’une pure mission de routine. »

    Knut ne lui avait pas répondu. Il avait comme l’impression d’avoir déjà entendu cette phrase.