Résumé : Archipel du Svalbard. Un appel au secours en provenance du 87e parallèle nord parvient à Knut Fjeld. Une expédition norvégienne est en difficulté, alors qu’elle cherche, sur les traces des grands explorateurs, à rejoindre le pôle Nord. Un projet mal ficelé, que les spécialistes critiquent pour l’itinéraire retenu, et pour le choix du mois de février, trop tôt en saison. Mais le challenge est là, précisément : réussir ce qui ne s’est jamais fait. Lorsque courage et ambition riment avec folie. L’expédition est partie, mal préparée, mal financée. Deux attelages, huit chiens et quatre hommes.
Ce sont les chiens qui tombent en premier.
Knut Fjeld, le flic norvégien du Svalbard, se rend sur place. En plein désert arctique, sur la banquise qui dérive. Bientôt prisonnier d’un huis clos sur glace, angoissant, et périlleux.
Auteur : Monica Kristensen
Edition : Gaïa polar
Genre : Thriller
Date de parution : 05 octobre 2016
Prix moyen : 21€
Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, mais une fois ceci fait, impossible de lâcher le roman.
Il y a une tension presque palpable dans ce huis-clos glacial.
Le policier, Knut, n’est pas sur place pour officiellement enquêter, il est venu rejoindre l’expédition après un appel de détresse. Mais quand il voit l’état des chiens et du musher, il décide de rester sur place pour essayer de comprendre ce qu’il s’est passé.
Les membres de l’expédition ne sont guère sympathiques : les deux amis d’enfance à l’origine du départ sont d’une arrogance insupportable, le troisième membre est plus renfermé, plus secret.
Quand aux deux épouses restées en arrière, l’une semble cacher un secret, l’autre ne penser qu’à la gloire quelque en soit les conséquences.
Difficile dans ces circonstances de définir les responsabilités de chacun.
Difficultés supplémentaires : toutes communications est coupée avec la civilisation et un ours polaire affamé rode. Mener une enquête dans ces conditions n’est pas franchement l’idéal.
J’ai été sidérée par l’inconscience de ces hommes qui ont fait des promesses et pris des engagements qu’il était impossible à tenir tant l’expédition a été mal préparée. Karsten est sans doute celui qui est le plus arrogant et qui manque le plus de discernement. Il semble croire que du moment qu’il pense à un objectif, il va forcément l’atteindre. Il refuse d’admettre qu’il n’est qu’un amateur et qu’il fonce droit dans le mur. Sans doute le fait qu’il ait été un enfant-star puis qu’il ait brillamment réussi ses études d’avocat lui ont-ils fait croire qu’il réussirait tout ce qu’il entreprendrait. Il semble croire aussi que la fin justifie les moyens et qu’il n’aura jamais à faire face à aucune conséquence.
Si pendant la majorité du livre, on suit les membres de l’expédition et Knut qui évolue complètement à l’aveugle, certains chapitres suivent le chef de la police, et patron de Knut, qui mène lui-même une enquête pour comprendre ce qui est arrivé au musher et aux chiens. D’autres chapitres, moins nombreux, et écris à la première personne, suivent les pensées de l’épouse de Karster, Karin Hauge, qui raconte la préparation de l’expédition ainsi que les informations que les deux épouses reçoivent tandis que leurs maris se dirigent vers le pôle.
Ainsi on en sait plus que Knut sur ce qui est arrivé au musher et aux chiens, mais cela ne nous aide guère à savoir qui est le coupable parmi les membres de l’expédition, ni même s’il y a un ou plusieurs coupables.
La chute est inattendue quoique pas assez développée à mon goût. On reste un peu sur sa faim.
Mais pour l’essentiel, c’était un thriller très prenant et qui tient en haleine.
Un extrait : La couche de glace à 87 degrés nord s’étendait à perte de vue autour d’eux, jusqu’à l’horizon, où elle disparaissait dans un rai de lumière. Les chenaux et les crêtes de compression dessinaient des lignes sombres au tracé aléatoire. Au-dessus d’eux, la voûte céleste semblait tapissée de couvertures de laine grise. Et entre le ciel et l’océan, ces deux immensités : l’hélicoptère, un cylindre de métal noir vrombissant maintenu en suspension par un lourd rotor qui fouettait l’air de ses pales. Quatre hommes se trouvaient à son bord : deux pilotes, un mécanicien de la compagnie aérienne Airlift et un policier dépendant du bureau du gouverneur à Longyearbyen.
Il faisait chaud dans la cabine réservée aux passagers dans laquelle étaient assis Knut Fjeld et le mécano. Les discussions dans l’intercom s’étaient tues. Il flottait dans l’habitacle une atmosphère paisible, ils étaient un peu comme plongés en plein rêve. Knut somnolait sur son siège, sa tête dodelinait au rythme des mouvements de l’hélicoptère. Peu lui importait de calculer le temps qui s’était écoulé depuis le décollage, il laissait ses pensées vagabonder au petit bonheur, il glissait dans cet agréable état de somnolence, puis en ressortait, avant de repiquer du nez.
L’hélicoptère avait fait une escale sur un navire océanographique allemand dans le détroit de Framstredet, entre le Svalbard et le Groenland, pour remplir les réservoirs de carburant, mais ils étaient repartis aussitôt, sans même prendre le temps de boire un café avec l’équipage. Le Polastern avait disparu derrière eux depuis quelques minutes, quand ils avaient aperçu l’île de Danskøya à tribord, avant d’entrevoir au loin le minuscule
îlot de Moffen, une réserve naturelle abritant une des dernières colonies de morses du Svalbard. Aucun n’était visible ce jour-là.
Ils n’avaient plus eu ensuite que la banquise au-dessous d’eux.
Ils se dirigeaient vers la dernière position connue du campement d’une expédition norvégienne en route pour le pôle Nord – un petit point dans la blancheur d’un désert de solitude. Un appel de détresse par téléphone satellite était à l’origine de cette opération de sauvetage. D’ordinaire, il en fallait beaucoup pour que le gouverneur déclenche une intervention coûteuse nécessitant d’envoyer un hélicoptère très au large du Svalbard, mais le message selon lequel un ours polaire rôderait dans les parages
les avait poussés à agir.
La procédure habituelle, lors du signalement d’un ours, voulait qu’un policier et une personne chargée de l’environnement au bureau du gouverneur se rendent sur les lieux afin d’évaluer la situation, mais l’agent du service environnement n’était pas là depuis longtemps et comme Knut était le policier de terrain le plus expérimenté, ses supérieurs avaient décidé de l’envoyer seul sur place.
« Dis-toi que c’est là une super occasion de monter plus au nord que tu ne l’as jamais fait », avait déclaré Tom Andreassen, le chef de la police, en conduisant Knut au hangar de l’hélicoptère.
« Il suffira probablement d’effrayer l’ours pour qu’il s’en aille. Il y a de fortes chances que ce ne soit qu’une pure mission de routine. »
Knut ne lui avait pas répondu. Il avait comme l’impression d’avoir déjà entendu cette phrase.