Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Livres - Page 59

  • [Livre] Une robe couleur du temps – T01 – A bord du Titanic

    une robe couleur du temps.jpg

    Résumé : Louise, 12 ans, n’a qu’un mot à la bouche : la mode, la mode, la mode ! Alors, quand elle reçoit l’invitation des mystérieuses Glenda et Marla à une « Vente Vintage pour les Fashionistas Voyageuses », elle se voit déjà dénicher la robe de ses rêves. Elle sera la plus belle pour aller danser au bal du collège ! Au magasin, Louise a un véritable coup de foudre vestimentaire. Mais à peine a-t-elle enfilé la robe qu’elle perd connaissance. À son réveil, elle se retrouve dans la peau de Miss Baxter, actrice prodige de 17 ans, près d’un siècle dans le passé, en pleine croisière... Cette aventure magique va-t-elle virer au naufrage ?

     

    Auteur : Bianca Turetsky

     

    Edition : Hachette

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 24 août 2011

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Au début de ma lecture, j’ai été assez dubitative. Je trouvais l’écriture vraiment jeunesse et le manque de profondeur des personnages me gênait un peu.
    J’ai quand même insisté et heureusement ! Dès qu’on bascule sur le Titanic, on oublie les faiblesses de l’écriture et le manque de développement des personnages pour se plonger dans une histoire bien menée et rythmée.
    Louise est parfois un peu trop naïve et irréfléchie (comme quand elle demande à regarder la télé alors qu’elle se trouve en 1912) mais on a tendance à oublier qu’elle n’a que 12 ans et oui, n’en déplaise à celles qui ont un peu plus que ça aujourd’hui et qui pense qu’elles étaient vraiment plus matures à cet âge-là, c’est une impression ! On n’était vraiment pas fut-fut à 12 ans !
    Je trouve que le personnage aurait dû être plus âgé, pour plus de crédibilité. Parce que déjà entre 12 ans et 17 ans à la même époque, il y a une énorme différence en terme d’expérience, de maturité et d’état d’esprit, mais la différence entre 12 ans en 2011 et 17 ans en 1912 est énorme. A 17 ans, en 1912, on était une femme adulte que l’entourage s’attendait à voir se marier, avoir des enfants, se comporter en parfaite femme du monde… On n’était plus vu comme une petite fille, ni même comme une adolescente. Celles qui ne venaient pas de familles aisées étaient déjà sur le marché du travail.
    Louise ne réalise pas tout de suite qu’elle est sur le Titanic, mais à sa décharge, elle n’a pas vraiment écouté avec attention ses cours d’histoire (que celle qui n’a jamais rêvé en cours lui jette la première pierre) et le film de James Cameron étant sorti quelques années avant sa naissanceIl est paradoxalement trop vieux (comprendre pas une nouveauté qu’elle peut aller voir au ciné avec ses copines), mais trop récent pour l’intéresser (Elle est plus passionnée par les films de Marilyn Monroe ou de Vivien Leigh). Bref, le Titanic, c’est très vague pour elle !
    J’aurais certes aimé plus de profondeur, un développement plus abouti, mais j’ai bien aimé ces passages où Louise se rend compte à quel point personne n’écoutait une femme à l’époque et combien c’était frustrant pour elle de savoir quelque chose et de ne pas réussir à le faire admettre à son entourage.
    J’aurais aussi aimé en savoir plus sur Marla et Glenda, même si le peu qu’on les voie ne me les a pas forcément fait apprécier.
    Il y a deux autres tomes sur cette série, je pense que je me laisserais tentée.

    Un extrait : Cette nuit-là, Louise rêva du bal. C’était bien celui des cinquièmes, mais rien n’avait l’air normal. Le gymnase s’était transformé en salle de danse. Tous les visages étaient à la fois étrangement familiers et étrangement différents. Ils ressemblaient à ceux de ses amis, mais ce n’était pas eux. Louise réalisa qu’elle ne devait pas être à la bonne soirée pile au moment où un garçon avec un sweat-shirt à capuche noir passa devant elle sur son skate. Elle courut après lui en criant « Todd ! », espérant qu’il lui indiquerait où aller. Mais il ne se retourna pas. Comme si elle n’était pas là.

    Louise se réveilla en sursaut. Elle jeta un œil à son radio-réveil : la lumière rouge indiquait 2 h 20. Pourquoi était-elle si stressée à l’idée de ce bal ? À quoi voulait-elle échapper ? Elle ne pensait qu’à ça ! Elle se tourna dans tous les sens le reste de la nuit. Elle n’avait dormi que cinq heures quand son réveil sonna à 7 h 17 le lendemain matin. Une nouvelle journée de cours se profilait.

    Louise s’extirpa de son lit. Elle retira son immense tee-shirt de nuit Gap pour se glisser dans son pull vintage préféré en cachemire lavande, qui n’avait qu’un minuscule trou de mite au coude, son Levi’s délavé à la perfection et des Converse rose flashy. Elle tira ses cheveux en arrière et les coinça en chignon avec un chouchou bien serré, sans laisser à la moindre boucle la chance de s’évader.

    Elle prit un autre cliché avec son Polaroïd, l’étiqueta « 15 avril » et l’observa se développer lentement. Rien. Pas de changement. Excepté deux cernes sous ses yeux qui lui donnaient l’air hanté. La journée avait à peine commencé, et elle était déjà épuisée.

    Comme chaque matin, elle arracha une page à son calendrier horoscope du signe de la Vierge, dans l’espoir de découvrir une prédiction excitante. Aujourd’hui elle eut droit à : « Vous allez entreprendre un intéressant voyage. Restez vous-même et savourez l’aventure ! » Ah ha ! Peut-être arriverait-il quelque chose dans le bus scolaire qui passerait dans vingt minutes ?

    – Bonjour, ma chérie, l’accueillit Mme Lambert avec affection, sur un ton étonnamment plein d’entrain pour une heure si matinale.

  • [Livre] La belle et la bête

    la belle et la bete.jpg

    Résumé : " Le monstre se fit entendre. Un bruit effroyable, causé par le poids énorme de son corps, par le cliquetis terrible de ses écailles et par des hurlements affreux, annonça son arrivée. En voyant approcher la Bête, qu'elle ne put envisager sans frémir en elle-même, la Belle avança d'un pas ferme, et d'un air modeste salua fort respectueusement la Bête. Cette démarche plut au monstre et, se retournant vers la Belle, il lui dit : "Bonsoir, la Belle" ".

     

    Auteur : Gabrielle-Suzanne De Villeneuve

     

    Edition : Folio

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 19 septembre 2001

     

    Prix moyen : 2€

     

    Mon avis : J’avais déjà lu la version de Mme Leprince de Beaumont et j’ai vu, bien sûr, les adaptations de Cocteau et de Disney. Mais je voulais absolument lire la version originale du conte.
    L’écriture est la plupart du temps assez fluide, mais parfois, l’auteur nous pond des phrases de plusieurs lignes qu’il est assez dur de suivre jusqu’à la fin.
    Le conte est en deux parties. La première partie est la plus connue. C’est elle qui a été adaptée que ce soit par d’autres auteurs ou par des réalisateurs. Il n’y a quasiment aucune interaction entre la belle et la bête, si ce n’est cette brève visite qu’il lui fait tous les soirs et lors de laquelle il se borne à lui demander ce qu’elle a fait de sa journée et si elle veut coucher avec lui (vous remarquerez qu’il ne parle pas de mariage).
    D’ailleurs la belle voit le prince en rêve et est nettement plus intéressé par lui que par la bête qui la dégoûte, même si elle lui est reconnaissante pour ses bienfaits.
    Contrairement aux films ou aux réécritures, la belle n’est pas amoureuse de la bête et ne ressent envers lui qu’une obligation dictée par le devoir.
    La seconde partie est plus indigeste. Elle est là pour dévoiler les histoires des différents personnages et expliquer comment et pourquoi ils en sont arrivés là. Le problème c’est que tout se fait au travers d’un long monologue de la fée. C’est donc assez difficile de garder de l’intérêt pour l’histoire.
    De plus, la morale est discutable puisque en gros, si Belle avait vraiment été une roturière, elle n’aurait pas pu épouser le prince, quand bien même elle aurait été la seule à avoir eu assez de bonté pour rompre le sortilège.
    J’aurais préféré que la fée sanctionne la reine pour le mépris qu’elle a de son peuple. Mais dans cette version, la métamorphose du prince ne relève pas d’une sanction due à son attitude, mais à la vengeance d’une fée amère et cruelle.
    Je suis donc mitigée : j’ai aimé la première partie autant que la seconde m’a ennuyée. Et j’ai trouvé que l’histoire manquait de morale (mais sans doute était-ce conforme à la « morale » des aristocrates à l’époque où le conte a été écrit).

    Un extrait : Les filles de leur côté ne manquèrent pas d’emploi. Comme des paysannes, elles se virent obligées de faire servir leurs mains délicates à toutes les fonctions de la vie champêtre. Ne portant que des habits de laine, n’ayant plus de quoi satisfaire leur vanité, ne pouvant vivre que de ce que la campagne peut fournir, bornées au simple nécessaire, mais ayant toujours du goût pour le raffinement et la délicatesse, ces filles regrettaient sans cesse et la ville et ses charmes. Le souvenir même de leurs premières années, passées rapidement au milieu des ris et des jeux, faisait leur plus grand supplice.

    Cependant la plus jeune d’entre elles montra, dans leur commun malheur, plus de constance et de résolution. On la vit par une fermeté bien au-dessus de son âge prendre généreusement son parti. Ce n’est pas qu’elle n’eût donné d’abord des marques d’une véritable tristesse. Eh! qui ne serait pas sensible à de pareils malheurs! Mais après avoir déploré les infortunes de son père, pouvait-elle mieux faire que de reprendre sa première gaieté, d’embrasser par choix l’état seul dans lequel elle se trouvait, et d’oublier un monde dont elle avait, avec sa famille, éprouvé l’ingratitude, et sur l’amitié duquel elle était si bien persuadée qu’il ne fallait pas compter dans l’adversité ?

    Attentive à consoler son père et ses frères par la douceur de son caractère et l'enjouement de son esprit, que n’imaginait-elle point pour les amuser agréablement? Le marchand n’avait rien épargné pour son éducation et celle de ses sœurs. Dans ces temps fâcheux, elle en tira tout l’avantage qu’elle désirait. Jouant très bien de plusieurs instruments, qu’elle accompagnait de sa voix, c’était inviter ses sœurs à suivre son exemple, mais son enjouement et sa patience ne firent encore que les attrister.

    Ces filles, que de si grandes disgrâces rendaient inconsolables, trouvaient dans la conduite de leur cadette une petitesse d’esprit, une bassesse d’âme, et même de la faiblesse à vivre gaiement dans l’état où le Ciel venait de les réduire. « Qu’elle est heureuse, disait l’aînée! Elle est faite pour les occupations grossières. Avec des sentiments si bas, qu'aurait-elle pu faire dans le monde?» Pareils discours étaient injustes. Cette jeune personne eût été bien plus propre à briller qu’aucune d’elles.

  • [Livre] Vous n'aurez pas mon fils

    Vous n'aurez pas mon fils.jpg

    Résumé : La vie de Léa, avocate française, bascule dans le cauchemar le jour où son ex-mari, en proie au démon du fanatisme religieux et soupçonné d'appartenir à une cellule terroriste, enlève leur fils de 12 ans et disparaît.

    Devant l'échec des démarches officielles, Léa n'a plus le choix : il lui faut retrouver la trace de son ex-mari et découvrir ce que son fils est devenu.

     

    Auteur : John La Galite

     

    Edition : KS éditions

     

    Genre : Témoignage/ document

     

    Date de parution : 08 février 2014

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Tiré d’une histoire vraie, ce livre diffère des autres de différentes manières :
    D’abord rien n’est édulcoré. L’écriture est brute, voire brutale. L’auteur ne nous épargne rien. Il n’adoucie pas l’histoire par des pensées positives comme on a tendance à le voir dans ce genre de livre, ou en survolant les passages violents. Ici tout est minutieusement détaillé.
    Ensuite, et c’est cela qui justifie le « tiré d’une histoire vraie », plutôt que « histoire vraie » tout court, l’auteur extrapole certains passages que la femme qui lui a raconté l’histoire ne peut pas connaitre : les motivations des djihadistes, leurs pensées, leurs actions quand ils sont entre eux, à l’abri des regards… ces passages relèvent de la fictions, même si l’auteur s’est suffisamment renseigné sur ce genre de personnages pour qu’on puisse se douter qu’il est proche de la vérité.
    J’ai lu ce livre sous le titre « Vous n’aurez pas mon fils ». J’ai trouvé ce titre parlant et collant bien avec l’histoire. En revanche, je n’aime pas l’autre titre (A-t-il été utilisé avant, ou lors d’une réédition, je ne sais pas) « Je vous salue imams ». Ce second titre me parait moins adéquat car il sous-entend que tous les imams sont à l’image de ceux présentés dans ce livre. Or il ne faut pas oublier que dans cette histoire, on a affaire à des extrémistes, des terroristes (enfin, qui préfèrent quand même que les risques soient pris par d’autres). Considérer que tous les imams sont ainsi revient à dire que tous les prêtres catholiques sont pédophiles sous prétexte qu’il y a eu des pommes pourris dans le verger.
    J’ai beaucoup aimé les personnages qui entourent Léa et tentent de lui venir en aide. Même quand Léa manque de tout faire rater par impatience, elle ne m’a pas agacé car on sent son désespoir et sa terreur de ne pas retrouver son fils à temps.
    Pas de conte de fée ici. Je ne vous dirai pas si l’histoire fini bien ou mal, mais sachez qu’elle finit mal pour certains et que cet aspect des choses non plus ne nous est pas épargné.
    C’était un livre court, mais très dur et il a me falloir des lectures toutes légère pour m’en remettre !

    Un extrait : Léa déboucla sa ceinture, attrapa son sac et se fraya un chemin dans l’allée étroite, jusqu’au fond du jet d’Etihad Airlines. Depuis l’escale d’Abu Dhabi, elle était la seule femme, la seule Occidentale à bord de cet avion, et les autres passagers la dévisageaient avec un air de surprise, comme si quelque part sa présence choquait. Elle atteignait la seconde et dernière étape du voyage qui la menait de Paris à Islamabad, « la demeure de l’Islam », la capitale du Pakistan.

    C’est dans ce pays survolté, dont la presse américaine disait qu’il était à la fois l’antre du diable et un laboratoire de la terreur, que commençait son enquête.

    Dans moins d’une heure, Léa s’enfoncerait en territoire inconnu, hostile. Elle ne connaissait rien de l’islamisme radical, de ses codes et de sa hiérarchie. Ces nouveaux possédés de Dieu, ces mollahs de cauchemar dopés au fanatisme qui prêchaient la haine et le jihad, elle ne les avait vus qu’à la télévision. Mais elle savait que près de 4000 personnes avaient été tuées depuis l’été 2007 dans une vague de plus de 400 attentats. Des attaques revendiquées par les talibans pakistanais, qui faisaient allégeance à Al Qaïda, et par des groupes alliés. Les kamikazes visaient les bâtiments officiels et les forces de sécurité. Mais ces derniers mois, ils s’en prenaient de plus en plus aux civils et aux édifices religieux des chiites, des soufis et des ahmadis, des confessions minoritaires de l’islam qu’ils considéraient comme hérétiques.

    Léa s’enferma dans les toilettes de l’avion. Le miroir lui renvoya l’image d’une femme au dernier stade de la panique. Celle de ne pas réussir ou d’arriver trop tard.

    Cette éventualité la terrorisa. Alors, elle essaya d’occuper son esprit. Elle rafraîchit son maquillage, tenta de se donner la meilleure apparence possible. La peur, à cet instant précis, était un mauvais sentiment, pas un bon conseiller.

    Rien n’avait encore commencé de ce périlleux voyage qui devait la conduire au coeur de l’inconnu et elle était déjà désemparée. Elle venait d’avoir trente-sept ans, à cet âge, une femme était censée avoir sa vie bien en main.

    Comment avait-elle pu perdre le contrôle de la sienne ? Comment ne s’était-elle aperçue de rien ? Y avait-il eu des signes, des alertes auxquels elle n’avait pas pris garde ? Peut-être n’avait-elle pas fait attention, mais on ne vit pas en « faisant attention. »

    Se plonger dans le passé ne l’aiderait pas. Et puis, la nécessité et l’urgence la privaient du moindre choix.

    Combien cela prendrait-il ?

    Des jours ? Des semaines ? Des mois ?

    Combien de temps pourrait-elle tenir ?

    Son compte épargne suffirait-il à couvrir les dépenses ?

    Elle refusait de penser en termes d’argent ou d’années.

    Dans les toilettes de l’avion le signal « Attachez vos ceintures » s’alluma. Léa fouilla dans son sac à la recherche des collants noirs qu’elle avait achetés. Elle les enfila et lissa la jupe de son tailleur vert foncé, classique. Elle noua sous son menton le foulard sombre qui complétait la panoplie qu’une femme portait au Pakistan quand elle se trouvait dans un lieu public.

    Léa regagna sa place. Le personnel de cabine débarrassait les plateaux-repas, se préparait à la descente. L’atterrissage était prévu aux alentours de 20 h 30.

  • [Livre] Zoo City

    zoo city.jpg

    Résumé : Ancienne journaliste et ex-junkie, Zinzi habite Zoo City, un quartier de Johannesburg peuplé de marginaux et de criminels qui se sont vus attribuer la charge d'un animal symbiotique. Si l'animal meurt, son propriétaire aussi.

    " Animalée " après la mort de son frère, Zinzi est affublée d'un paresseux qu'elle porte sur son dos. Elle vit désormais de petites arnaques et recherche ce ou ceux que les gens ont perdu(s). Elle est exceptionnellement douée pour cela.

    Justement, une célèbre pop star s'est volatilisée. Zinzi espère tenir là son billet de sortie de Zoo City. Mais elle devra pour cela s'enfoncer plus encore dans les bas-fonds du ghetto...

     

    Auteur : Lauren Beukes

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Fantasy urbaine

     

    Date de parution : 14 avril 2016

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : la couverture et le résumé de ce roman m’avaient beaucoup intriguée mais le contenu n’a pas été à la hauteur de mes espérances.
    Premier points négatif, du moins pour moi : l’histoire se passant à Johannesburg, le texte est émaillé d’argot sud-africain. Ce ne serait pas en soi un problème si le sens du terme était marqué en bas de page à chaque fois qu’on en rencontre un nouveau, mais non, l’auteur a préféré faire un lexique en fin de roman, ce qui est très désagréable. En effet on est obligé d’interrompre sa lecture pour aller parcourir le lexique à la recherche de la définition du mot, quand il y en a une. J’ai d’ailleurs trouvé vraiment anormal qu’un mot aussi important pour l’histoire que Shavi, que l’on trouve dès le début du livre, se voit attribué dans le lexique la mention : voir au chapitre 19… Sur le moment, on ne va pas aller lire près de 15 chapitres plus loin, au risque de se spoiler soi-même (finalement n’hésitez pas, le chapitre 19 n’est qu’une définition du mot, sans aucun élément nouveau pour l’histoire).
    Ensuite, j’avais trouvé l’idée de la symbiose entre la personne et l’animal qui, semble-t-il, représente sa culpabilité, très intéressante. Mais cet aspect de l’histoire a été complètement bâclé.
    Le roman n’est pas mauvais pour autant. Ça se laisse lire, comme on dit. Mais c’est long. L’action ne démarre que vers la moitié du livre et la construction du roman est particulière avec des chapitres qui sont des articles de journaux ou des échanges de mail dont on perd assez vite le fil.
    Les explications, que ce soit sur la notion d’animalés ou sur d’autres aspect du roman sont toujours nébuleuses et assez difficiles à suivre.

    Je n’ai pas trouvé que c’était un roman dans lequel on pouvait s’immerger totalement car il nous perd un peu en route et on doit se forcer à rester sur les rails, ce qui empêche de s’y abandonner.
    La fin est inattendue mais pas assez développée.
    Au final je reste très mitigée sur cette lecture, d’un côté je n’ai à aucun moment eu envie de l’abandonner, d’un autre j’attendais que l’histoire soit traitée différemment avec un accent plus marqué sur la symbiose avec l’animal.

    Un extrait : La lumière du matin, soufrée comme les déchets des mines, se faufile sur la ligne d’horizon de Johannesburg et transperce ma fenêtre. Mon Bat-signal personnel. Ou un simple rappel que je n’ai toujours pas acheté de rideaux.
    Je me couvre les yeux. Le matin a éclaté ; inutile de chercher à ramasser les morceaux. Je repousse les draps et m’extirpe du lit. Benoît ne tressaille même pas. Seuls ses pieds calleux dépassent de la couette, comme deux souches de bois flotté. Des pieds pareils, ça dit toute une histoire. On raconte qu’il a marché depuis Kinshasa, avec sa Mangouste attachée contre la poitrine.
    La Mangouste en question est lovée comme une virgule velue sur mon ordinateur portable, dont les diodes clignotent juste sous son museau. Comme si elle ne savait pas que l’objet lui était interdit. Disons que je veille jalousement sur mon travail. Disons qu’il n’est pas tout à fait légal.
    J’empoigne le portable par les bords et l’incline doucement au-dessus de mon bureau. Lorsqu’il atteint un angle de trente degré, la Mangouste commence à glisser. Elle s’éveille en sursaut, ses petites griffes tentent de trouver une prise. Elle se contorsionne et réussit à atterrir sur ses pattes, puis rentre le tête dans ses épaules zébrées et me souffle dessus, toutes dents dehors. Je lui rends la pareille. Alors, elle se rappelle subitement qu’elle a des morsures de puces à gratter.
    Je la laisse à son épouillage, me glisse sous l’une des boucles de corde qui pendent du plafond et constituent ce que je peux faire de mieux en matière de lianes amazoniennes, puis arpente le linoléum moisi jusqu’au buffet. Qualifier cette chose de buffet est assez optimiste, de même que qualifier d’appartement cette pièce humide au sol pentu, bosselé, et à la plomberie approximative. Le buffet est une boîte, fermée par un pan de tissu tenu par des punaises afin d’empêcher la poussière de se déposer sur mes vêtements ; et sur paresseux, bien sûr. Lorsque je tire le drap imprimé de tournesols, il cligne des yeux, endormi sur son perchoir, comme un manteau de fourrure mal taillé entre deux cintres métalliques. Il n’est pas du matin.
    Sa fourrure et ses griffes exhalent une odeur moussue, désagréable, qui paraît pourtant sèche et propre comparée aux relents de détritus et de moisissure qui remontent de la cage d’escalier. Elysium Heights a été condamné voilà des années.

  • [Livre] Le couple d'à côté

    le couple d'a cote.jpg

    Résumé : La baby-sitter leur a fait faux bond, et alors ? Invités à dîner chez leurs voisins, Anne et Marco décident de ne pas renoncer à leur soirée. Cora, leur bébé de six mois, dort à poings fermés et ils ne sont qu’à quelques mètres. Que peut-il arriver ? Toutes les demi-heures, l’un ou l’autre va vérifier que tout va bien. Pourtant quand à une heure déjà avancée, le couple regagne son domicile, c’est un berceau vide qui les attend.

    Désespérés mais aussi dépassés, les jeunes parents attirent les soupçons de la police : Anne en dépression depuis son accouchement, Marco au bord de la ruine, les victimes ont soudain des allures de coupables. Dans cette sombre histoire, chacun semble dissimuler derrière une image lisse et parfaite de terribles secrets. L’heure de la révélation a sonné…

     

    Auteur : Shari Lapena

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2017

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Dès que la disparition de l’enfant est signalée, l’inspecteur en charge de l’affaire, Rasbach, se focalise immédiatement sur les parents, sans prendre en compte la possibilité d’autres pistes. Pourquoi ? Parce que en ce qui le concerne « ce sont toujours les parents ». Et parce que personne n’a vu de personne inconnu sortir par la porte principale et que pour lui, c’est impossible de sortir avec un bébé dans les bras sans se faire remarquer. Sauf que l’enlèvement a eu lieu entre minuit et demi et 1h30 du matin… c’est bien connu, les gens ont tous le nez à la fenêtre à cette heure-ci.
    Du coup, je n’ai pas vraiment été en phase avec cet inspecteur, surtout quand il est persuadé que la mère est la coupable au seul motif qu’elle souffre de dépression post-partum… Que toutes celles qui ont souffert de baby blues lui jette une tonne de pierre… et à l’auteur aussi car, après tout, c’est son personnage !
    Que l’inspecteur suive la piste des parents ne m’a pas dérangée, mais j’aurais préféré soit qu’il ait une raison valable de le faire, soit qu’il démontre clairement que, même s’il suit cette piste, il n’a pas pour autant laissé de côté l’hypothèse d’un enlèvement d’opportunité. La vie d’un bébé est en jeu quand même !
    Pour moi presque tous les personnages sont susceptibles d’avoir commis l’enlèvement. A part Anne. A aucun moment je n’ai soupçonné Anne, elle est fragile, c’est vrai, elle est fatiguée et elle se reproche sans cesse de ne pas être à la hauteur… mais je ne la vois pas une seconde s’en prendre à sa fille.
    Les parents d’Anne m’ont énervée parce que pour eux Marco, leur gendre, ne vaut rien, pour la seule et unique raison qu’il ne vient pas d’une famille fortunée.
    J’ai eu quelques doutes sur le fin mot de l’histoire vers le milieu de l’histoire. Mais je n’ai fait qu’effleurer la vérité car il y avait tellement plus… un peu comme si j’avais repéré un iceberg sans savoir la masse qui se cache sous l’eau.

    Quant à la fin après la fin, si j’ose dire, elle m’a laissée stupéfaite !

    Un extrait : La baby-sitter a annulé, et alors ? Ils auraient dû amener Cora, en prenant son lit parapluie. Mais Cynthia avait dit : « Pas d’enfants. » Ce devait être une soirée entre adultes, pour l’anniversaire de Graham. Encore une des raisons pour lesquelles Anne a pris Cynthia en grippe, alors qu’elles ont été amies à une époque : elle n’aime pas les bébés. Comment peut-on déclarer qu’un nourrisson de six mois n’est pas le bienvenu à une soirée ? Comment Anne a-t-elle pu laisser Marco la persuader que ce n’était pas grave ? C’est irresponsable. Elle se demande ce qu’en penseraient les autres participantes à son groupe de jeunes mamans, si elle leur racontait ça : « Nous avons laissé notre petite de six mois toute seule à la maison, pour aller dîner chez les voisins. » Elle imagine leurs expressions stupéfaites, le silence gêné. Mais elle ne leur dira jamais. On la fuirait.
    Marco et elle se sont disputés à ce propos. Quand la jeune fille a appelé pour annuler, Anne s’est proposée pour rester avec la petite – de toute manière, ce dîner ne lui disait rien. Mais Marco n’a rien voulu savoir.
    « Tu ne vas quand même pas rester ici ! » a-t-il protesté, chez eux, dans la cuisine.
    Elle a répondu à voix basse, ne voulant pas que Cynthia les entende se quereller au sujet de son invitation, de l’autre côté du mur.
    « Ca ne me dérange pas du tout.
    - Ca te fera du bien de sortir un peu », l’a contrée Marco en lui aussi la voix.
    Puis il a ajouté : « Tu sais bien ce que t’a dit le médecin. »
    Toute la soirée, elle a tâché de déterminer si ce dernier commentaire était perfide, ou égoïste, ou s’il avait simplement lancé cela pour l’aider. Elle a fini par céder. Marco l’a convaincue que, grâce au babyphone, ils entendraient la petite aussitôt qu’elle bougerait ou se réveillerait. Ils iraient jeter un coup d’œil sur elle toutes les demi-heures. Rien ne pouvait lui arriver.

  • [Livre] La mécanique du Chaos – T02 – Entre chien et loup

     

    Je remercie chaleureusement Tom Joad pour cette lecture

    la mécanique du chaos tome 2.jpg


    Résumé
     : Ils atteignirent la ligne de crête et s'immobilisèrent, stupéfaits.

    Ce n’était pas l’astre pâle et figé qui captait leur attention. Leurs yeux étaient rivés sur le grouillement humain et mécanique qui fourmillait à une centaine de mètres en-dessous d’eux. La bande de plaine herbeuse qui se déroulait loin vers le sud, jusqu’à disparaître au milieu d’une forêt de pins enchevêtrés, était le théâtre d’une agitation aussi fébrile que démesurée. Des dizaines de véhicules se croisaient en tous sens : jeeps, half-tracks, Humvees – ces trois catégories appartenant à l’armée américaine – côtoyaient bulldozers, camions-benne et autres engins de levage.

    Trônant au milieu de ce capharnaüm, et semblable à une mante religieuse au bras gracile, s’affairait une gigantesque grue couleur de sable.

     

    Auteur : Tom Joad

     

    Edition : Librinova

     

    Genre : Aventure/ Anticipation

     

    Date de parution : Juillet 2017

     

    Prix moyen : 2€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce second tome qui est à la hauteur du premier.
    De nouveaux personnages font leur apparition dans ce tome, comme Helen, l’ex épouse de Terry, ancien garde du corps de Price ou encore Virginia, la mère de Noah qui a recueilli Alex et Lana alors qu’ils erraient sur les routes.
    Honnêtement, ce ne sont pas des personnages que j’apprécie. Helen est pénible, toujours sur le dos de son ex. Parfois elle semble parfaitement consciente du danger que représente ce nouveau monde et la seconde d’après elle fait de vrais caprices pour des actions complètement irresponsables (comme vouloir suivre Terry en zone noire avec ses deux fillettes de moins de 10 ans). Je me demande comment Terry se retient de lui en coller une dans les gencives.
    Virginia non plus n’est pas des plus agréables. Déjà, je n’ai aucune compassion ni empathie pour les anarchistes : aucun gouvernement n’est parfait, mais un pays ne peut pas se passer de gouvernement. A un moment donné il faut arrêter de vivre dans un fantasme.
    En revanche, j’ai été agréablement surprise par Serena et Vincent. Chacun d’eux s’affirme à sa manière. Serena montre une autre facette de sa personnalité que celle de bimbo décérébrée et Vincent prouve qu’il peut faire preuve d’une certaine audace.
    Le livre n’a pas de chapitres et les différentes parties sont séparées par des astérisques. Chacune des parties est consacrée alternativement à Serena, Terry et le reste de leur petit groupe et à Alex, Lana et Noah.
    Mais vu le tournant que prend l’histoire, je pense que les deux groupes, plus ou moins au complet, vont finir par se rejoindre.
    Concernant les questions que je me posais à la fin du tome 1, j’ai eu la réponse à l’une d’entre elle, ou plus exactement la confirmation de ce que je soupçonnais : l’identité de la « taupe » engagée par Price (par l’intermédiaire de son garde du corps Gomez) pour retrouver Lana.
    En revanche, on n’a toujours pas la réponse à la question de savoir ce qu’il est advenu de Franck, même si j’ai ma petite idée. Peut-être une réponse dans le chapitre 3.
    Lana va surprendre pas mal de monde, tous ayant tendance à la sous-estimer. Pour ma part, j’ai eu 16 ans, j’ai été amoureuse, j’ai très peu supporté qu’on me donne des ordres : j’ai vu venir sa réaction (plus ou moins).
    Maintenant, je n’ai qu’une hâte, savoir la suite. Savoir comment Lana va se sortir du guêpier dans lequel elle est en train de se fourrer, savoir ce qui est arrivé à Franck, savoir, enfin, ce que va faire Terry.
    Ce tome sort courant juillet et le tome 3 et en cours d’écriture, il va donc falloir que je sois patiente. Mais je suis certaine que ma patience sera récompensée !

     

    Un extrait : Lana se débarrassa de son sac à dos et se laissa tomber lourdement sur une souche. Patch vint immédiatement se coucher à ses côtés, ventre contre terre et  langue pendante. L'adolescente lui caressa le dessus de la tête et se mit à enlever les teignes accrochées dans ses poils.

    − Moi je m'arrête là, annonça-t-elle. Ras le bol de crapahuter comme une c... (Elle tourna la tête vers Noah et vit son air réprobateur :)... comme une idiote. Hein, mon chien, qu'on en a par-dessus la tête ? Après tout, personne ne nous attend.

    Noah s'arrêta à sa hauteur et soupira. Il vivait dans l'angoisse permanente d'une agression, ou de quelqu'autre événement dramatique – résultat de plusieurs années de conditionnement par sa chère mère -, et la tension intérieure que lui imposait leur progression l'avait éreinté.

    − Je suis d'accord pour prendre une pause, reconnut-il de bonne grâce. Mais pas ici. On est beaucoup trop exposés. Et puis, si cette saleté de bruine se remet à tomber, on n'aura nulle part où s'abriter. Il y a une petite grotte pas très loin d'ici, ce sera nettement mieux à tout point de vue. Je préfère galérer encore dix minutes et être vraiment à mon aise.

    Alex les rejoignit en hochant la tête. Il était évident qu'il se rangeait à l'opinion de Noah, comme la plupart du temps. Lana avait l'impression d'avoir déjà vécu cette scène : la voix de la raison contre celle de l'instinct, de l'émotion. Sauf que là, elle était disposée à faire un effort. Les épreuves qu'elle venait de traverser l'avaient suffisamment ébranlée.

    − C'est bon, c'est bon... vous avez gagné, dit-elle en tendant la main pour qu'on l'aide à se relever. J'ai toujours rêvé de dormir dans une grotte, comme une bonne petite sauvageonne.

    Noah se précipita, et lorsqu'elle fut debout il en profita pour lui passer un bras autour de la taille.

    − Ma pauvre, tu veux que je t'aide à marcher ? Demanda-t-il sans trop y croire.

    − Non, t'inquiète, ça va aller, fit Lana en le repoussant gentiment. J'en suis quand même pas à ce point... le jour où je serai au bord du suicide, et que Patch sera le seul à vouloir encore de moi, je te le ferai savoir. Peut-être qu'alors tu auras ta chance...

  • [Livre] Le sari vert

    Le sari vert.jpg

    Résumé : Une brève rencontre amoureuse tandis que l'aube se lève sur la plage de Bombay, la paix d'un village chinois épargné par la guerre, des cendres qui vont se dispersant sur les flots du Gange l'impossible dialogue entre un soldat américain et une jeune coréenne, la nostalgie d'une vieille orientale perdue dans les rues de New York...

    De Pékin à Delhi, des Philippines à la Corée, - d'un récit à l'autre -, Pearl Buck nous livre les multiples visages de cette Asie qui n'a cessé d'occuper son esprit et son cœur depuis plus de trente ans et dont elle connaît comme personne les rites et les couleurs, les raffinements et la misère, la sagesse, la permanence...
    L'Orient pose encore à l'Occident de multiples énigmes. Pour les résoudre, Pearl Buck nous propose des clefs précieuses.

     

    Auteur : Pearl Buck

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 1969

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Bien que classé par l’éditeur français en roman contemporain, il s’agit ici d’un recueil de nouvelles n’ayant aucun lien les unes avec les autres.
    D’ailleurs le titre français : « Le sari vert » n’est que le titre de l’une d’entre elle. En anglais, le titre était plus révélateur du contenu proposé dans ce livre puisqu’il s’intitule : « The Good Deed and Other Stories ». L’une des nouvelles s’intitulant « la bonne action » on comprenait aisément qu’il y avait là une compilation de petites histoires.
    Du coup, m’attendant à un roman, j’ai été un peu déçue de voir que ce n’était pas le cas.
    Les histoires sont sympathiques, mais sans plus. Je n’ai pas eu l’impression d’en apprendre plus que ce que les films et livres de fictions nous apprennent de la culture chinoise. J’attendais bien plus de Pearl Buck et d’un livre dont le quatrième de couverture dit : « L'Orient pose encore à l'Occident de multiples énigmes. Pour les résoudre, Pearl Buck nous propose des clefs précieuses. » Ces fameuses clefs, je les cherche encore.
    Même si chaque petite histoire est intéressante, je leur reproche un défaut commun : une fin en queue de poisson. A aucun moment je n’ai eu l’impression que ces histoires étaient finies tant leur chute est abrupte et appelle au moins une phrase de conclusion.
    La lecture n’est pas pénible, mais voilà un livre qui sera oublié aussi vite qu’il a été lu !

    Un extrait : Un jour, brusquement, Wu Lien décida de rentrer dans son pays. Depuis six ans qu'il habitait New York, il s'était fait à cette existence agréable où il menait librement sa vie privée et exposait ses aquarelles une fois par an dans une célèbre galerie d'art. Mais au fond de lui-même il s'avouait qu'il avait le mal du pays : il regrettait la Chine et spécialement Pékin où il avait fait la connaissance de la vie, au sortir de son village natal, Wu Chia Hsiang. A New York, il avait appris à apprécier les Américains, sans mal d'ailleurs car il les trouvait d'une gentillesse puérile, mais il avait des crises de nostalgie, surtout au printemps, obsédé par la pensée de Pékin avec ses grandes rues poussiéreuses, les bourgeons de grenade prêts à éclater et aussi le village natal des Wu, avec ses saules et ses cerisiers en fleurs.

    En tant qu'artiste, il refusait fermement de céder à cette nostalgie d'un pays maintenant gouverné par une puissance étrangère. Car il était persuadé que, chinois ou non, le communisme était une idéologie étrangère et il ne tenait pas à vivre sous sa coupe.

             Toutefois, il avait l'esprit trop pratique pour se leurrer : certains Chinois, sur le plan individuel, se trouveraient aussi à l'aise sous ce régime que des canards dans une mare. Même dans son village, il se rappelait un cousin au neuvième degré, dont le caractère tyrannique était modéré à grand-peine par le reste de la famille. Ce cousin, il en était sûr, serait le premier à se dresser pour combattre des êtres tels que lui, Wu Lien, c'est-à-dire des artistes qui ne cherchaient qu'à peindre leurs aquarelles en paix.

  • [Livre] Vers la liberté

    vers la liberté.jpg

    Résumé : Fille d'une Américaine et d'un médecin iranien installé depuis plusieurs années aux Etats-Unis, Mahtob a 4 ans lorsqu'elle part pour des vacances en Iran avec ses parents. Une fois sur place, son père révèle la véritable raison de ce voyage :

    « Maintenant, vous êtes dans mon pays. Vous devrez respecter mes règles. Vous resterez ici jusqu'à la mort. »

    Pendant un an et demi, la fillette et sa mère seront retenues prisonnières, subissant les coups et la folie d'un père. Elles finiront par s'évader.

    Dans Vers la liberté..., Mahtob Mahmoody revient sur ces événements dramatiques et raconte sa vie après leur fuite d'Iran : comment, des années durant, elle a vécu dans la peur d'un nouvel enlèvement ; l'obligation de prendre un nom d'emprunt pendant toute sa scolarité, la maladie grave qui a failli lui voler la vie à l'adolescence ; l'ombre menaçante et les chantages de son père, la célébrité de sa mère, les trahisons, la haine, les cauchemars, les petits bonheurs de l'existence et la force de l'espérance aussi

     

    Auteur : Mahtob Mahmoody

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 07 mai 2014

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Mahtob Mahmoody, avec ce livre, va venir nous donner sa propre version de l’histoire de jamais sans ma fille. Mahtob raconte comment elle a vécu sa séquestration en Iran, les souvenirs sont assez identiques à ceux de sa mère, mais elle les a ressenti différemment. Le récit de Betty est étoffé par tous ces moments où Mahtob et elle étaient séparées (l’école, quand Moody avait emmené Mahtob) et que seule mahtob pouvait nous révéler. D’ailleurs elle précise qu’elle n’a jamais lu le livre de sa mère, parce qu’elle voulait être sûre que ses souvenirs étaient bien les siens et pas des souvenirs induits.

    Mahtob était une fillette très mature et c’est parfois effrayant de voir la haine profonde qu’elle ressent envers son père. Betty a tout fait pour apaiser cette haine et pour que sa fille ne rejette pas en bloc son héritage iranien.
    On peut voir aussi que Mahtob n’a pas toujours vu d’un très bon œil l’implication de sa mère dans sa fondation destinée à venir en aide aux familles confrontées à l’enlèvement d’un enfant par un parent étranger. Les déménagements successifs, les voyages, les coups de fils à toutes heures, semblent lui avoir pesés et, sans être capricieuses, elle a fini par se rebiffer.
    Mahtob a une relation avec Dieu plus profonde que sa mère. Elle s’est vraiment appuyé sur la foi pour traverser tout ce qu’elle a dû vivre, que ce soit la peur de son père ou sa maladie.
    Quand on voit la peur dans laquelle elle a vécu toute sa vie, les intimidations, le harcèlement même à certaines périodes, on se dit qu’elle a vécu presque aussi prisonnière de l’ombre de son père qu’elle l’a été physiquement en Iran.
    Pendant des années, elle a craint un enlèvement, puis, devenue adulte, elle a très lucidement craint que son père, voyant qu’il ne la ramènerait ni vers la foi musulmane, ni sous son autorité, n’en viennent à commanditer un crime d’honneur.
    Aujourd’hui Sayeed Bozorg Mahmoody est mort et j’espère que Mahtob a pu retrouver la sérénité.
    J’ai beaucoup apprécié, à la fin de son livre, le petit glossaire nous éclairant sur certains termes. Ainsi, j’ai toujours cru que Ameh Bozorg était le nom de la sœur de Moody. En lisant le glossaire, j’ai appris que cela voulait simplement dire « grand tante ».
    J’ai beaucoup aimé ce livre qui, d’une certaine façon, complète ceux de Betty Mahmoody en apportant un nouvel éclairage sur leurs vies.

    Un extrait : J’ai été parcourue d’un frisson. Maman et moi n’avions pas les documents nécessaires. Mon père avait gardé nos vrais passeports. Ceux que nous avions, bien qu’authentiques, n’étaient pas valides. Ils nous avaient été envoyés par l’ambassade américaine de Berne, en Suisse, par le biais de l’ambassade suisse à Téhéran, l’automne passé, pour une tentative d’évasion qui était tombée à l’eau. Sans les cachets adéquats, nos passeports n’étaient que de petits carnets adéquats, nos passeports n’étaient que de petits carnets sans valeur avec nos photos d’identité et il en serait ainsi jusqu’à ce que nous atteignions l’ambassade américaine d’Ankara. Si les soldats consultaient nos passeports avant, nous serions renvoyés en Iran – soit pour y être emprisonnées soit chez mon père. Quoi qu’il en soit, je ne reverrais pas ma mère.
    […]
    Je me suis rendormie et, cette fois, je me suis réveillée quand l’autocar s’est arrêté. J’ai regardé autour de moi pour voir ce qu’il se passait, puis mes yeux se sont fixés sur le chauffeur qui s’apprêtait à ouvrir la portière. Instinctivement, mon regard s’est dirigé vers les portes battantes et là, quelle horreur, se tenait un soldat.
    Me recroquevillant, je me suis agrippée à ma mère. Je ne les laisserais pas me l’enlever. Nous avons regardé le chauffeur descendre du bus et discuter avec le soldat. Les deux hommes s’entretenaient à grand renfort de gestes. Ils montraient du doigt puis parlaient puis montraient de nouveau du doigt. Ca n’était certainement pas une conversation amicale. Pendant ce qui m’a paru une éternité, ils ont poursuivi leur discussion et maman et moi retenions notre respiration, attendant l’issue, craignant le pire. Enfin le soldat a laissé remonter le chauffeur dans l’autocar. Sans un mot, il s’est laissé tomber sur son siège. L’autocar a repris vie dans un teuf-teuf, puis la route.
    Cela s’est produit plusieurs fois.

    ­[…]

    Le chauffeur nous a déposées à l’hôtel devant l’ambassade où, avec force appréhension, ma mère fut obligée de donner nos passeports non valides. C’était quasiment un miracle que, depuis la gare routière de Van, c’était la première fois que nous avions à les montrer. En échange de nos passeports, on nous a donné la clé de notre chambre où, pendant de précieuses heures, maman et moi pourrions nous reposer dans une paix relative derrière la solidité rassurante d’une porte verrouillée.
    Maman et moi, main dans la main, avons vite rejoint notre chambre, la tête nous tournant à l’idée de prendre enfin un bain et de nous brosser les dents. Nous nous sentions plus libres que jamais.
    […]
    Notre bulle a explosé quelques minutes après que nous soyons entrées dans notre chambre d’hôtel : on a frappé fort à la porte. Notre couverture avait été découverte. L’employé de l’hôtel nous demandait de partir sur-le-champ. Maman l’a imploré de nous laisser rester jusqu’au matin. Le personnel de l’ambassade tamponnerait nos passeports et tout s’arrangerait. Il n’y eut cependant aucun moyen de le persuader. Nous étions des clandestins et il ne prendrait pas le risque de nous héberger, même pour une nuit.

  • [Livre] Ensorcelée

    Ensorcelee.jpg

    Résumé : Depuis la mort de son mari, Rachel Stone mène une existence désastreuse mais, pour Edward, son fils de cinq ans, elle est prête à tout, jusqu’à retourner à Salvation dans l’espoir de récupérer un trésor. Lorsqu’elle découvre qu’un poste est à pourvoir dans le drive-in de Gabriel Bonner, c’est pour Rachel une joie inespérée et, malgré la rudesse de Gabriel, elle se sent irrépressiblement attirée. Mais son frère, Ethan Bonner, ne l’entend pas de cette oreille et d’étranges incidents lui confirment qu’elle n’est pas la bienvenue à Salvation.

     

    Auteur : Susan Elizabeth Phillips

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : Chick lit

     

    Date de parution : 21 septembre 2011

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Ce livre fait partie d’une saga qui semble se concentrer sur les joueurs de football. Il se démarque donc un peu du reste de la saga puisque le personnage masculin principal n’est pas footballeur. En revanche, son frère aîné l’est, et il était le héros du tome précédent.
    A priori, il y a d’ailleurs un gros problème de traduction, puisque ce frère qui s’appelait Cal dans son propre tome (diminutif de Calvin) est devenu Charles dans celui-ci.
    Ça ne me pose personnellement pas de problème, puisque je n’ai lu que ce tome là, mais je me doute que pour ceux qui ont lu toute la saga, ce doit être un peu énervant.
    Gabriel est un vrai ours des cavernes. Il n’arrive pas à se remettre de la mort de sa femme et de son fils, survenue deux ans plus tôt, et il se montre odieux avec presque tout le monde, à l’exception de ses frères qui le dorlotent comme un invalide et ne l’aident, du coup, pas à faire son deuil.
    En revanche, comme il n’était pas à Salvation quand les choses ont mal tourné pour Rachel, il n’a aucun a priori sur elle et du coup, va la voir telle qu’elle est.
    La seule chose que je n’ai vraiment pas supporté chez lui, c’est son attitude envers Edward. Il y a un passage qui m’a profondément choquée :

    « Gabriel avait beau se répéter que l’enfant n’y était pour rien, quand il voyait Edward, il songeait à Jamie et se disait que le plus valeureux des deux était mort. » Tout ça parce que Edward est de nature plus calme, plus réservé (et quand on voit la vie qu’il mène depuis 3 ans, on le comprend).
    Il a parfois certaines réaction, ou réflexions qui font que, à la place de Rachel, je lui aurais sauté à la gorge.

    Rachel, elle, est en butte à l’hostilité de la petite ville qui la tient pour responsable des escroqueries de son défunt mari. D’ailleurs, ça m’a tué : les gens déjà, sont crédules qu’ils en peuvent plus, filent tout leur pognon à un escroc, mais en plus, quand il se fait arrêter, sa seule excuse est : c’est ma femme qui m’a entraîné et tout le monde décrète que ce pauvre homme, qui a été reconnu coupable des escroqueries quand même, est un pauvre homme manipulé par une vraie harpie.
    Et puis comme le bonhomme a eu la bonne idée de ne pas sortir vivant de sa tentative de fuite, c’est bien pratique d’avoir sa veuve sous la main pour servir de bouc-émissaire.
    Rien à redire sur l’écriture qui est exactement telle qu’on l’attend de ce genre de roman. On a de la romance, un poil d’intrigue (mais qui fait tout pour que Rachel s’en aille ?) et beaucoup d’humour, surtout dans les joutes verbales entre Rachel qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et Gabriel qui ne semble pas avoir l’habitude d’être contrarié.
    C’est un livre parfait à lire après une lecture difficile, pour faire redescendre la pression, ou simplement pour se détendre.

    Un extrait : Les derniers espoirs de Rachel Stone s’envolèrent dans un nuage de fumée noire jaillissant du capot de sa voiture. Elle eut à peine le temps de se garer sur le bas-côté de la route, en face d’un drive-in, juste en dessous d’un énorme panneau jaune et violet représentant un feu d’artifice.

    Ce fut là que, sous un soleil étincelant, sa vieille Impala brinquebalante rendit son ultime soupir.

    Bras croisés sur le volant, Rachel laissa retomber sa tête entre ses mains et succomba au désespoir. C’est sur cette route à deux voies, à la lisière de la ville de Salvation, en Caroline du Nord, que prenait fin un interminable parcours en enfer.

    — Maman ?

    Elle s’essuya les yeux et se redressa.

    — Je te croyais endormi, mon chéri.

    — C’est ce drôle de bruit qui m’a réveillé.

    Elle se tourna pour contempler son fils, qui venait de fêter son cinquième anniversaire. Sur la banquette arrière, il paraissait perdu parmi les paquets minables qui constituaient leurs maigres possessions. Rachel les avait entassés à l’intérieur de la voiture, la serrure du coffre étant coincée depuis des années à la suite d’un accident.

    La joue d’Edward était plissée là où il avait dormi, et ses cheveux étaient ébouriffés. Il était petit pour son âge, trop mince, encore pâle après la pneumonie qui avait menacé de l’emporter. Rachel sentit un élan d’amour l’envahir.

    Il la dévisageait solennellement par-dessus la tête de Jeannot, le lapin en peluche qu’il traînait partout depuis son plus jeune âge.

    — Tu as encore un problème ?

    Elle s’efforça de sourire.

    — Un petit souci avec la voiture, c’est tout.

    — On va mourir ?

    — Mais non, mon trésor, ne t’inquiète pas. Si tu marchais un peu, pendant que je jette un coup d’œil sous le capot ? Fais attention à la route.

    Il prit entre ses dents ce qui restait de l’unique oreille de Jeannot et, de ses jambes maigres, essaya de franchir l’obstacle que constituait un panier à linge rempli de vêtements usés et de serviettes de bain. Rachel se pencha par-dessus le dossier de son siège pour l’aider à ouvrir la portière, qui fonctionnait à peine mieux que le coffre.

    On va mourir ? Combien de fois lui avait-il posé cette question ? Son dernier repas à peu près correct remontait à plusieurs heures : une orange, un peu de lait et un sandwich à la confiture. Quelle sorte de maman était-elle, pour le nourrir aussi mal ?

    Une mère démunie, à qui il ne restait plus que neuf dollars et un peu de monnaie.

    Apercevant son image dans le rétroviseur, elle songea que, autrefois, on la trouvait jolie. Aujourd’hui, des ridules d’angoisse encadraient sa bouche, et ses grands yeux verts semblaient lui manger la figure. Sous les taches de rousseur, sa peau était blanche comme de la porcelaine. Elle n’avait pas de quoi s’offrir une visite chez le coiffeur, et ses cheveux auburn étaient en désordre. En guise de maquillage, il ne lui restait qu’un morceau de bâton de rouge à lèvres. Elle ne s’en était pas servie depuis des semaines. À quoi bon ? À vingt-sept ans, elle avait l’impression d’en avoir cent.

    Sa robe en toile bleue lui tombait sur les épaules. Le tissu était délavé, la coupe informe, et elle avait dû remplacer l’un des six boutons rouges par un bouton marron, faute de pouvoir en racheter une série. Elle avait expliqué à Edward que c’était « la nouvelle mode ».

    La portière grinça. Le goudron était brûlant sous les fines semelles de ses sandales. L’une des brides était cassée. Rachel l’avait raccommodée, et depuis, à l’endroit de la réparation, elle avait une ampoule. Tant pis. C’était peu de chose. L’essentiel était de survivre.

    Une camionnette passa à toute allure, sans s’arrêter. Rachel leva le bras pour se protéger le visage du vent et de la poussière. Elle jeta un coup d’œil vers Edward. Il se tenait près d’un buisson, Jeannot sous le coude, la tête renversée en arrière pour lire le gigantesque panneau au-dessus de lui : Drive-in L’Orgueil de la Caroline.

    Résignée, elle souleva le capot, puis recula précipitamment pour éviter les projections de vapeur. A Norfolk, le garagiste l’avait prévenue que le moteur était à bout. Cette fois, c’était grave.

    Elle s’assit par terre, dépitée. Non seulement elle n’avait plus de voiture, mais elle n’avait plus de maison, puisque, depuis une semaine, l’impala leur servait de toit. Elle avait expliqué à Edward qu’ils allaient faire « comme les tortues ».

    Elle soupira, accablée par cette nouvelle catastrophe, dernière d’une longue série de calamités qui l’avaient ramenée dans cette ville où, pourtant, elle s’était promis de ne jamais remettre les pieds.

  • [Livre] Jamais sans ma fille 2 – Pour l’amour d’un enfant

    jamais sans ma fille 2.jpg

    Résumé : 5 février 1986 : hagardes, épuisées, Betty et sa fille voient flotter le drapeau américain devant leur ambassade à Ankara. Elles sont libres. Le cauchemar iranien s'efface alors peu à peu. Mais Betty devra encore braver ses peurs les plus secrètes pour raconter son histoire.

    Son livre, le film la rende célèbre. Et des centaines d’autres parents la contactent. Présidente de la fondation "un monde pour les enfants" elle raconte leurs histoires.

     

    Auteur : Betty Mahmoody

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 1992

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai lu le premier livre de Betty Mahmoody, « Jamais sans ma fille », et j’ai vu le film. Mais je me suis bien doutée que tout n’était pas rentré dans l’ordre à la seconde où Betty et Mahtob avait mis le pied hors d’Iran.
    Quand j’ai vu que Betty avait écrit une suite à son premier livre, j’ai eu très envie de le lire mais il m’a fallu des années pour l’avoir entre les mains.
    Ce livre est divisé en deux parties : dans la première, Betty raconte comment les choses se sont passées à leur retour d’Iran, les difficultés qu’elle et Mahtob ont pu rencontrer, que ce soit au niveau affectif, psychologique ou matériel. Elle explique comment lui est venue l’idée du livre et pourquoi elle a accepté non seulement de l’écrire mais de le voir adapté en film. Dans la seconde partie, elle raconte 3 cas auquel elle a été confrontée au sein de l’association qu’elle a fondée.
    Dans la première partie, donc, Betty et Mahtob reviennent enfin aux USA après ces 18 mois de captivité et l’éprouvant et dangereux trajet qu’elles ont dû emprunter pour sortir d’Iran.
    La première chose qui m’a un peu choquée, c’est la réaction de la famille de Betty. Ils sont en mode : « bon c’est fini, vous êtes rentrée, c’est plus la peine d’en parler ». Sauf que Betty semble en souffrir de ne pas pouvoir en parler. Pendant 18 mois, il a fallu qu’elle fasse bonne figure, que ce soit pour endormir la méfiance de son mari ou pour ne pas effrayer Mahtob plus qu’elle ne l’était déjà, et là qu’elle pourrait enfin se lâcher, parler de ce qu’elle a vécu, faire sortir ses sentiments, on lui demande encore de se taire.
    La deuxième chose qui m’a marqué, c’est l’insécurité dans laquelle Betty et Mahtob vont devoir vivre : d’abord insécurité matérielle, puisque Moody a pratiquement liquidé tous leurs biens, et insécurité financière puisque Betty n’a plus ni travail ni économies. Heureusement qu’elle va être entourée par ses parents comme par d’autres personnes comme ce banquier qui lui accorde un prêt quasiment sans garanties.
    Mais le pire, je crois que c’est l’insécurité psychologique. Betty ne peut pas divorcer sans informer son mari du lieu où elle réside et tant qu’elle est mariée elle ne peut avoir la garde exclusive de Mahtob, son père pourrait donc la ramener en Iran sans être intercepté (depuis des lois ont été adoptées). Elle vit donc dans une perpétuelle crainte d’un enlèvement.
    L’écriture du livre a permis à Betty non seulement de travailler à la maison (et donc d’être sans arrêt avec Mahtob) mais aussi d’être tant en lumière qu’un enlèvement par Moody deviendrait plus difficile.
    Dans la seconde partie, Betty, qui nous a parlé de différents cas de parents étant confrontés à des enlèvements d’enfants, revient plus en détail sur trois cas : deux mères et un père qui se sont vus arracher leurs enfants avec différentes issues.
    Ces histoires, qui si elles sont différentes, concernent tout de même en majorité des personnes ayant épousés des ressortissants de pays musulmans (pays ayant refusés, au moment de la sortie de ce livre, de signer la convention de la Haye de 1980. Certains d’entre eux l’on finalement signée comme la Turquie en 1998 ou le Maroc en 2010), sont tout aussi révoltantes que l’histoire de Betty. Dans chaque cas, je ne vois aucun acte d’amour, pas d’enlèvement parce que le parent en question ne supportait pas d’être séparé de son enfant. Je n’ai vu qu’une volonté de punir l’autre parent, de le faire souffrir ou d’affirmer sa supériorité en s’appropriant un enfant dont ils n’ont rien à faire.
    la seule chose que je regrette c’est qu’il n’y ait jamais eu, dans aucune de ces histoires, de vraies sanctions contre ces personnes qui ne méritent pas le nom de parents.

    Un extrait : Je supplie encore le consul de s’arranger pour que prenions le premier vol en partance. La police turque n’est que le dernier d’une longue série de problèmes au travers desquels nous sommes passées miraculeusement. D’abord, nous n’aurions pas dû quitter l’Iran sans une permission écrite de Moody, conformément à la loi. Ensuite, entre Téhéran et la frontière, notre chauffeur s’est fait arrêter plusieurs fois par les pasdar de la sécurité, pour des contrôles de routine. Chaque fois qu’un garde s’approchait du véhicule, mon cœur s’emballait. Figée derrière mon tchador, pauvre camouflage, j’attendais la fin. Or, jamais on ne nous a demandé nos papiers !
    La chance a persisté en Turquie. Sur la route de Van à Ankara, j’ai vu d’autres cars que le nôtre contraints de se garer sur le bas-côté, les passagers brutalement poussés dehors, sommés de présenter leurs papiers pour vérification.
    Régulièrement, notre propre car était stoppé, pris d’assaut par des hommes en uniforme kaki ; ils discutaient rapidement avec le chauffeur puis d’un signe de la main le laissait continuer.
    Finalement, nous n’avons été contrôlées qu’au moment de notre arrivée à l’hôtel, situé en face de l’ambassade américaine. Je n’ai aucune explication à donner là-dessus. Je crois simplement que nous le devons à la grâce de Dieu.
    Nous sommes invitées à déjeuner dans un salon de l’ambassade, avec le consul et le vice-consul. Le menu annoncé est une fête de retrouvailles pour nous : « cheeseburger et frites » !

    Deux marines ouvrent avec une lenteur précautionneuse les gigantesques portes de bois de l’enceinte américaine et là, les diplomates tout autant que moi nous perdons dans un dédale de courtoisie à n’en plus finir :
    - Après vous, Madame, je vous en prie, dit le consul
    J’enchaîne sans réfléchir :
    - Non, après vous, monsieur le consul…
    Et le vice-consul :
    - Après vous…
    Et moi d’insister :
    - Non, après vous…
    Ce numéro à la Marx Brothers s’arrête lorsque je me rends soudain compte à quel point j’ai pris l’habitude de marcher derrière Moody, et derrière tous les hommes, en Iran.
    Personne ne m’a obligée à agir ainsi ; je suis tout simplement tombée dans la routine des vingt-cinq millions de femmes de là-bas. La femme derrière l’homme, obéissante et humble.
    Il me faudra des mois avant de retrouver mon aisance et de précéder naturellement un homme pour franchir une simple porte.