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Livres - Page 55

  • [Livre] 40 morts à la con de l'histoire

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    Résumé : "Il ne suffit pas de réussir sa vie pour entrer dans l'histoire... Encore faut-il réussir sa mort !" Les grands de ce monde ne sont pas épargnés par le destin ! S'ils réussissent de grandes choses de leur vivant, encore leur faut-il réussir leur sortie... histoire d'éviter de rentrer dans les mémoires pour une mauvaise raison. Au menu de ce livre cocasse, des fins de vie stupides, ridicules, honteuses ou simplement malchanceuse ! Attila, Felix Faure, Barberousse, Francis Garnier, Louis XVI, Mussolini, Vercingétorix, Charles le téméraire, Eschyle, Richard Coeur de lion, Cyrano de Bergerac, Henri IV, Lully et autre Sigmund Freud figurent au générique de cet ouvrage historique impertinent et indispensable !

     

    Auteur : Dimitri Casali

     

    Edition : L'OPPORTUN

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 1 octobre 2015

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Quelle est la définition de « mort à la con » pour les auteurs ? Car si je suis d’accord avec cette appellation pour les morts, entre autre, de Cyrano, d’Henry II, d’Eschyle ou encore de Charles VIII, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre la présence dans cet ouvrage de Louis XVI, d’Henry IV, ou d’Edward II. A croire que pour les auteurs, être assassiné, parfois d’une manière humiliante, avilissante et atroce, est mourir d’une mort à la con. Pour ma part je trouve que c’est un manque de respect envers des hommes qui ont déjà bien assez souffert que de réduire leur mort, souvent leur meurtre à une farce.
    C’est dommage car l’ouvrage, en plus d’avoir un ton enlevé et plein d’humour, nous fait découvrir (ou redécouvrir) des personnages historiques méconnus et nous apprend bon nombre de choses, certes, souvent anecdotiques, mais intéressantes à savoir : comme le fait que Cyrano n’était pas Gascon mais parisien et que Rostand en faisant faire ses adieux à Roxanne par son personnage dans un couvent a entériné une méprise ayant confondu deux Cyrano : Ce n’était pas Hercule Savinien qui est enterré au sein d’un couvent, mais son frère Abel ; ou encore le fait que le Général Custer a fini bon dernier de sa promotion à West Point.

    Composé de dizaines de chapitres indépendants les uns des autres, il a l’avantage de pouvoir être mis de côté et repris à tout instant sans qu’on perde le fil. Idéal quand on n’a qu’une demi-heure devant soi, ou qu’on a besoin de faire une pause dans un livre éprouvant.
    Concernant les illustrations, certaines sont assez drôles, mais on aurait pu se passer de la plupart qui ne sont ni drôle, ni pertinentes.
    Mais quand même, même si je trouve que certains personnages n’avaient pas leur place dans le livre (par rapport à son titre), il reste très intéressant de savoir comment tous ces personnages importants de l’histoire ont fini leurs jours.

    Un extrait : Pour un acteur de l’histoire, il existe mille et une façons de mourir : au combat, en héros romantique, en martyr, pour ses idées ; ou encore en sage, emporté par la maladie ou la vieillesse au terme d’une longue et respectable existence…
    Cependant, dans ce domaine, la réalité est souvent plus cocasse, plus insolite et bien plus vulgaire. Certains personnages ont ainsi totalement raté leur sortie de scène, comme le roi de France Charles VIII. Le 7 avril 1498 au château d’Ambroise, il oublie de se baisser en passant sous une porte basse et heurte de plein fouet le linteau. Parmi les autres matériaux tueurs de l’Histoire, on trouve encore des tuiles, des poutres ou des bûches.
    Du destin glorieux à la mort stupide, il n’y a qu’un pas. On peut ainsi, en bon disciple de Rousseau, chercher le « bon sauvage » et, quand on le trouve, se faire manger tout cru. Ou régner sur le plus grand royaume d’Europe et trouver la mort sur un trône d’un genre particulier. Des héros se trouvent alors privés de leur statut d’hommes illustres par le hasard d’un trépas subit. D’autres, plus chanceux, restent dans l’Histoire pour leurs grands succès en dépit d’une sortie de scène ratée.
    D’empereurs en philosophes, de l’Egypte antique aux Etats-Unis, arrêtons-nous un moment sur les derniers instants des grandes gloires de l’Histoire, et partons à la recherche de la mort la plus idiote ou, à tout le moins, la moins glorieuse.

     

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  • [Livre] Du feu de l’enfer

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    Résumé : Manon maquille les cadavres, Ariel maquille les voitures. Elle est thanatopractrice, il est délinquant. Ils sont frère et soeur. Un jour, l'une des combines d'Ariel tourne mal et Manon se retrouve complice malgré elle. Lorsque les assassinats les plus sordides s'accumulent autour d'eux, traçant un jeu de piste sanglant vers une secte satanique, le capitaine Raynal s'intéresse à leur cas. Commence alors une traque qui brouillera les limites entre alliés et prédateurs et mettra à l'épreuve les liens du sang.

     

    Auteur : Sire Cédric

     

    Edition : Presse de la Cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 09 mars 2017

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Première chose à savoir dans ce livre, surtout pour les âmes sensibles : Les chiens en prennent plein la tronche !!! Bon ok, les humains aussi, mais c’est moins grave !
    Ce livre est seulement le second que je lis de Sire Cédric (et la lecture du  premier, l’enfant des cimetières, remonte à un bout de temps) et c’est un coup de cœur.
    L’intrigue est prenante, glauque, oui, flippante, très certainement, mais prenante.
    Les personnages sont bien définis et, quand on découvre certains éléments sur certains d’entre eux (et un en particulier) on se rend compte que tout ce qu’on a lu sur ce personnage pouvait être interprété de différentes manière.
    Concernant les membres de la secte, je soupçonnais un personnage tout en me disant « ce qui serait vraiment bien, c’est que ce ne soit pas lui, mais tel autre » et en fait j’avais raison alors que je me disais que ce n’était pas possible, que j’aurais vu la chose venir… Et bien non, j’ai rien vu venir et j’ai relu trois fois le passage pour être sûre que mon cerveau ne me jouait pas des tours.
    On sent bien que l’auteur s’est documenté, que ce soit sur les pratiques sectaire (du moins j’espère qu’il s’est documenté et que ça ne lui ai pas venu tout seul !!) ou sur le métier de thanatopracteur. A aucun moment, que ce soit dans les actes des malades qui composent la secte ou dans les activités professionnelles de Manon on n’a l’impression de lire n’importe quoi. Les actes sont précis, même quand ils relèvent de la pure folie.
    Côté personnage, j’ai vraiment beaucoup aimé Manon même si j’ai parfois trouvé qu’elle n’était pas assez ferme sur ses positions (que ce soit sur ce qui leur est arrivé quand ils étaient enfants ou sur son attitude au début de l’histoire.)
    Ariel, son frère, en revanche, je n’ai pas pu le supporter. Etre arrogant à ce point quand on a aussi peu à offrir, qu’on est lâche, immature… ce type semble cumuler tous les défauts de la terre.
    Il semblerait que Sire Cédric ait pour habitude d’intégrer un élément surnaturel dans ses romans mais ce n’est pas le cas ici. Quelque tout puissant que les membres de la secte semblent être, ils n’en demeurent pas moins humains.
    La fin n’est moralement que peu satisfaisante mais est vraiment très efficace sur le plan littéraire. En tout cas, elle laisse une porte ouverte pour que l’auteur puisse, peut-être un jour, reprendre le personnage de Manon pour une éventuelle suite.
    Voilà un thriller qui prend à la gorge, qu’il vaut mieux éviter si on est impressionnable car l’auteur ne nous épargne aucune horreur, mais qui est un régal si on est fan de ce genre.

     

    Un extrait : — La police ne va pas tarder, annonça Manon en revenant dans la cuisine.

    Ariel venait de se faire un espresso. Il avala le contenu de la tasse d’une gorgée, sans croiser le regard de sa sœur.

    — Je vais te laisser gérer, si ça ne te dérange pas.

    Évidemment. Le lâche.

    Manon sentit sa colère envers son frère revenir. Une furieuse envie de le secouer pour qu’il grandisse enfin.

    — Ariel, tu ne peux pas t’en aller tout de suite, lui expliqua-t-elle aussi posément qu’elle le pouvait. Ils voudront nous poser des questions, je sais que c’est comme ça qu’ils procèdent. Nous avons trouvé le corps tous les deux.

    — Attends, grogna Ariel en ouvrant le frigo. Tu es montée toute seule. Je n’ai rien à voir avec tout ça, moi. Je n’habite même pas ici.

    Il attrapa la bouteille de nectar de pêche et but de longues gorgées.

    — Ne bois pas à la bouteille ! Merde ! explosa Manon. Je te l’ai dit combien de fois !

    — Désolé, dit Ariel en reposant le nectar à sa place. Ne te mets pas dans cet état pour ça.

    Il passa une main sur son crâne glabre. Il avait meilleure mine que cette nuit. Ce qui ne voulait pas dire grand-chose. Aux yeux de sa sœur, Ariel n’avait jamais réussi à avoir une bonne mine tout court. Elle n’arrivait à voir que ses dents abîmées par la consommation de drogue, ses paupières tombantes et son teint trop pâle, quelle que soit la saison. Pas étonnant qu’il passe rarement l’étape des entretiens d’embauche.

    — Merci pour cette nuit, OK ?

    — Attends au moins que les policiers soient là. S’il te plaît, Ariel.

    — Je préfère pas. Sérieux. Je n’ai rien à leur dire. Je n’ai rien vu. C’est toi qui es allée voir ce type.

    Manon fulmina. Son frère réussirait donc à la pousser à bout chaque fois qu’ils se voyaient.

    — Dans quoi tu trempes, maintenant ? Que je sache quel sujet je dois oublier.

    — Dans rien. T’inquiète pas.

    — Tu as retrouvé du travail, alors ?

    Il évitait son regard.

    — Non. Mais je cherche. C’est vrai.

    — Alors pourquoi la police te fait aussi peur ? insista-t-elle.

    Cette fois, ce fut au tour de son frère de pousser un juron entre ses dents. Il pointa un index peu assuré vers elle.

    — Et puis merde. Me fais pas la morale, OK ? La police a toujours quelque chose à te reprocher. Même si tu n’as rien fait. Tu le sais. Tu peux pas dire le contraire.

    Des conneries, oui, songea-t-elle.

    — Ce qui est certain, c’est que toi, tu agis comme si tu avais quelque chose à te reprocher, Ariel. Ou est-ce que tu es encore trop défoncé pour t’en rendre compte ?

    Il ouvrit le robinet de l’évier, se lava les mains, s’humecta le visage.

    — La psychanalyse est finie ? C’est tout de même pas de ma faute si ce con s’est suicidé, non ?

    Manon se sentit bouillir.

    — Tu n’as pas honte de dire une chose pareille ? Tu n’as pas de cœur. Merde, tu ne changeras donc jamais !

    — Faut croire que non. C’est ce que m’a dit Anne-Sophie avant de m’éclater une putain d’assiette sur la tête.

    — Je suis sûre qu’elle avait une bonne raison !

    — Oh et puis tu m’emmerdes, Manon ! Je me casse et c’est tout !

     

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  • [Livre] Mousseline la sérieuse

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    Résumé : Sylvie Yvert se glisse dans les pas de Madame Royale et donne voix à cette femme au destin hors du commun qui traversa les événements avec fierté et détermination. Sous sa plume délicate et poignante, la frontière entre victoire collective et drame intime se trouble pour révéler l’envers du décor de cette histoire de France que nous croyons connaître.

     

    Auteur : Sylvie Yvert

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 11 février 2016

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : De Marie-Thérèse Charlotte de France, Madame Royale, puis duchesse d’Angoulême, j’avais déjà lu : « La princesse effacée » d’Alexandra de Broca.
    Ici, on (re)découvre la princesse dans un récit à la première personne, comme un témoignage qui nous serait délivré par-delà le temps.
    L’auteur a fait de nombreuses recherches. Elle s’est bien sûr appuyée sur les 18 feuilles du journal écrit par Marie-Thérèse durant sa captivité, mais aussi sur les archives, sur les minutes des différents procès, sur les témoignages des contemporains ayant approchés les prisonniers du temple de plus ou moins près…
    Le récit est bien sûr fictif mais sonne étrangement juste à nos oreilles. Il est évident qu’une fillette de onze ans qui voit sa vie basculer sans réellement comprendre pourquoi et qui va rester prisonnière jusqu’à ses 17 ans, dont plus d’un an sans avoir connaissance de l’exécution de sa mère et de sa tante, va avoir un regard sans complaisance sur les révolutionnaires.
    Le titre du livre vient du surnom que lui donnait sa mère, Marie-Antoinette, et un de ses oncles (je ne sais plus si c’était le comte de Provence ou le comte d’Artois) : Mousseline la sérieuse ou Mousseline la triste, du à son exceptionnelle gravité.
    Très proche de ses parents, tout en précisant que sa mère était plus stricte que son père, la fillette a le caractère de  Marie-Antoinette (un révolutionnaire dira de la reine : « Louis XVI n’a qu’un homme à ses côtés, c’est la reine » et napoléon qualifiera, des années plus tard, Marie-Thérèse de « seul homme de la famille ») et de sa grand-mère qui lui a donné son nom.
    C’est (selon l’histoire) au crépuscule de sa vie qu’elle décide de rendre public les évènements tels qu’elle les a vécus. Si la majorité du livre tourne autour de la révolution, une seconde partie, plus courte, raconte ce qu’il s’est passé après qu’elle ait été échangée contre des prisonniers (dont l’infâme Drouet, celui qui a dénoncé son père lors de la « fuite » de Varenne).
    Marie-Thérèse a embarrassé les révolutionnaires. D’un côté elle était fille de roi, donc une « ennemie », d’autant plus que les révolutionnaire ne reconnaissait pas comme valable la loi salique qui interdit aux femmes de régner. D’un autre côté, c’était une fillette, un peu trop grave, un peu trop réservée, ayant vécu un emprisonnement éprouvant, et les chefs de la révolution craignaient que le peuple ne prenne fait et cause pour elle (d’ailleurs lorsque l’échange contre les prisonniers a eu lieu, ils l’ont fait partir de nuit et sous un faux nom… juste au cas où).
    Le mieux pour eux était de la laisser dans l’ombre, oubliée. Dans des conditions de détentions lamentables qui ne se sont légèrement améliorées qu’après la chute de Robespierre.
    Marie-Thérèse a toujours gardé une haine tenace envers les révolutionnaires (on peut le comprendre), haine qui ne s’est pas étendu à la France ou au peuple français qu’elle a toujours aimé. Quitter la France pour l’exil fut un vrai déchirement pour elle.
    Lorsque son oncle d’Artois va monter sur le trône, elle va le voir, impuissante, se rapprocher d’un extrémisme monarchique qu’elle condamne aussi sévèrement que l’extrémisme révolutionnaire. Hélas, il ne prendra en compte ses conseils que trop tard.
    Par la voix de la duchesse, Sylvie Yvert nous livre un portrait nouveau de Louis XVI, plus qu’un homme incapable de décision et faible, elle nous dépeint un homme résolu à ne pas recourir à la violence, prêt à renoncer à la monarchie absolue mais pas à ses convictions (d’où son refus de signer la loi faisant des prêtres réfractaires des criminels).
    Quelques soient les souffrances du peuple, quelle que soit la part de manipulation de la part des grand bourgeois, les conditions de détention de la famille royale après l’exécution de Louis XVI ont été lamentables, surtout en ce qui concerne les enfants.
    On a un peu trop tendance à parer les révolutionnaires de toutes les vertus, et les nobles de tous les vices, en oubliant que les monstres, eux, n’ont pas de classe sociale.

     

    Un extrait : De votre roi j’étais la fille. La fille oubliée de Louis XVI et de Marie-Antoinette. La sœur aînée de Louis XVII et la seule rescapée de la prison du temple. Née princesse royale sous le drapeau blanc, dans une monarchie de droit divin, au milieu des ors d’un palais voulu par le Roi-Soleil, j’ai assisté il y a peu à la première élection d’un président de la République au suffrage universel sous la bannière tricolore. Entre-temps, j’ai affronté les convulsions de l’Histoire : trois révolutions, l’Empire, la Restauration, la monarchie de juillet, la Seconde République.
    Aujourd’hui exilée, j’avais dix ans lorsque la monarchie s’est effondrée, et jamais princesse ne fut davantage poursuivie par le malheur. Qu’on en juge : emprisonnée plus de trois années, dont une sans savoir que ma mère et ma tante, à l’instar de mon père, avaient été exécutées ni que mon frère les avait suivi dans la tombe. Libérée, je fus trois fois contrainte à l’exil, pendant quatre décennies, passant ainsi la moitié de mon existence éloignée de ma chère France.

    A soixante-dix ans, usée et lucide, je suis une survivante. Aujourd’hui, en 1850, je prends la plume, au bord du Grand Canal de Venise – et non celui de Versailles où, enfant, je pêchais à la ligne. Si j’ai fait montre d’une réserve légendaire, ne confiant mes peines qu’au ciel, je cède maintenant au besoin que mon cœur éprouve de témoigner et de léguer mon histoire qui se confond avec celle, Ô combien tourmentée de notre pays.
    Si la Révolution évoque la Bastille, le serment du Jeu de Paume, Varennes, l’incarcération de ma famille, la décapitation de mes parents et la mort de mon frère au temple, peu en connaissent les cruels détails. Ceux-ci paraitront minutieux aux cœurs froids qui n’ont pas connu nos misères. Et je n’y pense jamais sans m’étonner d’être encore en vie, étant restée sur le volcan révolutionnaire si souvent en éruption, prêt à m’ensevelir dans ses gouffres où tant de malheureux, en sus des miens, ont péri.
    Que sait-on, en vérité, des évènements qui ont suivi, hormis qu’un général corse a prétendu fonder un nouvel Empire romain ? Se souvient-on que les Bourbons ont repris, une dernière fois, la destinée du royaume, rétablissant la paix et la prospérité dans un pays exsangue ?
    Fille, nièce et belle-fille des trois derniers rois de France, j’ai été l’ultime et furtive reine de France et de Navarre, selon Napoléon « le seul homme de la famille ». Qui se le rappelle ?

    Depuis la disparition des miens, j’ai été regardée comme une « mangeuse de reliques » voire comme « ce qui nous reste de Louis XVI », ou encore la fille du roi martyr, l’orpheline du temple, l’Antigone française. N’ai-je été que cela ?
    Au seuil de la tombe, j’entends défendre les Bourbons devant le seul tribunal recevable ici-bas : la postérité. Tant de sottises ont été écrites, tant de contrevérités assénées… Faisant violence à mon tempérament peu loquace, je veux enfin raconter une histoire vécue, de chair et de sang. Si l’on venait à croire que j’ai voulu sacrifier la vérité à la reconnaissance, cela n’est pas mon intention. Je ne cherche pas non plus à attirer la pitié, je ne l’ai que trop subie. Mais si l’Histoire est un mensonge que personne ne conteste, alors qu’on me permette de la réfuter, car les faits que je vais rapporter pourraient se révéler plus surprenants que les œuvres de l’imagination.

     

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  • [Livre] Le crépuscule des rois – T03 – Les lionnes d’Angleterre

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    Résumé : Peut-on imaginer histoire plus riche en rebondissements et en violences que celle du règne de Henry VIII ? La Renaissance est à son apogée. Aux côtés de François Ier et de Charles Quint, le roi d'Angleterre fait et défait les alliances dans une Europe ensanglantée par les guerres de Religion, où fleurissent pourtant les arts et les lettres. Brillant, cruel, cynique, jouisseur, Henry est un amateur de femmes. Il en aura six, qu'il aimera, répudiera ou supprimera au gré de ses envies, obsédé par le souci d'assurer au trône une descendance. De l'austère Catherine d'Aragon à la troublante Anne Boleyn, de la fragile Jane Seymour à la légère Katherine Howard, ces " lionnes d'Angleterre " vont se livrer une lutte sans merci pour régner sur le cœur du souverain et lui offrir l'héritier mâle qui leur donnerait enfin pouvoir et reconnaissance. Des fastes de la cour au pied de l'échafaud, Catherine Hermary-Vieille évoque avec un rare talent les vies brèves ou brisées des " reines maudites " du Crépuscule des rois.

     

    Auteur : Catherine Hermary-Vieille

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 03 novembre 2004

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Ce troisième et dernier tome du crépuscule des rois est consacré aux épouses d’Henry VIII.
    Je n’ai pas été à proprement parlé déçue de ce roman, mais j’ai regretté certains choix de l’auteur.
    Plus de la moitié du livre est consacré à Anne Boleyn, tous les détails du divorce du roi, de la vie d’Anne, de sa chute, sont minutieusement décris. Puis l’auteur passe rapidement sur Jane Seymour qui s’est sottement laissée mourir en couche et qui ne mérite donc apparemment pas de chapitre digne de ce nom et sur Anne de Clèves, qui elle, petite maligne, a accepté l’annulation de son mariage sans sourciller et a donc sauvé sa peau, ensuite elle revient à un récit très détaillé de l’histoire de Katherine Howard. Quand à Catherine Parr, qui a eu l’outrecuidance de survivre à barbe-bleue, elle n’a même pas droit à un paragraphe entier.
    De toute évidence, pour plaire à l’auteur et être digne de son intérêt, il faut avoir posé sa tête sur le billot (oui je sais qu’Anne a été exécutée à l’épée, ne chipotons pas).
    C’est un peu dommage de laisser de côté tant de passages alors que l’auteur est capable de faire deux pages sur le menu d’un banquet.
    D’autant que par ailleurs le livre est agréable à lire et, s’il ne nous apprend rien de fondamental nous révèle des petits détails amusants, comme le fait que la dernière duchesse de Sufolk, âgée de 15 ans, était à l’origine destinée au fils de Charles Brandon mais que celui-ci avait finalement écarté son fils pour épouser lui-même la demoiselle.
    Finalement c’est un troisième tome qui se laisse lire, mais qui, au vu de la qualité de ce qui est relaté, nous fait regretté que toutes les épouses d’Henry VIII ne soit pas logée à la même enseigne.

    Un extrait : - Faites en sorte que la Cour ecclésiastique expédie les débats, Wolsey. Je désire une conclusion rapide à l’annulation de mon mariage.

    Vêtu de velours et de soie, coiffé d’un béret noisette où brillait une topaze, la haute et massive silhouette d’Henry se découpait dans l’encadrement d’une des fenêtres de son cabinet de travail donnant sur le fleuve.
    Les rayons du soleil caressaient le damas feuille-morte du pourpoint rebrodé d’arabesques dont les basques un peu longues couvraient la culotte de satin pourpre. Soigneusement tirés, les bas de soie révélaient des jambes fines, des cuisses musclées. Malgré sa corpulence, le roi gardait sa prestance et sa majesté.
    - J’y veillerai, Milord

    Le roi observa un instant de silence.

    - Ma cause est juste, n’est ce pas, mon ami ? interrogea-t-il soudain d’une voix dénuée de son habituelle assurance.
    Depuis des semaines, le souverain ressassait d’éventuels empêchements. Mais les Saintes Ecritures ne laissaient aucune place à la chicanerie : nul ne pouvait épouser la femme de son frère sans vivre en état de péché mortel. Sa punition avait été la mort prématurée de cinq de ses six enfants et la survie d’une fille. Certes, il avait aimé la reine pendant de longues années. Plus âgée que lui, douce, attentionnée, digne, Catherine n’avait pas failli à ses devoirs, elle avait accepté ses fausses couches et la mort de ses nouveau-nés avec courage. Mais désormais il ne la désirait plus.
    - Elle l’est, Milord. La cour ecclésiastique se prononcera en votre faveur.

    En réalité, le cardinal était sur des charbons ardents. Sans une bulle du pape, le mariage du roi ne pourrait être annulé. Faible, timoré, Clément VII ne signerait rien s’il pressentait une opposition de Charles Quint.
    - Vous avez lu mon mémoire, Wolsey ?
    - Les tourments de votre conscience ne peuvent y être plus clairement exposés, Milord.
    Le roi soupira. Sans Anne, son charme, son intelligence, sa science de le faire se sentir désirable et désiré, il aurait sombré dans la mélancolie. Chaque regard de la reine, ses silences mêmes étaient des reproches. Malgré tout, elle continuait à le traiter avec tendresse, prenait soin de lui comme aux premiers jours de leur mariage, supportait la présence d’Anne qu’elle traitait avec courtoisie
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  • [Livre] L’avenir oublié

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    Résumé : Dans un avenir très lointain, on a peut-être vécu une étrange aventure ensemble dans un groupe de 7.

    Tout a commencé par le sauvetage en catastrophe de cinq d'entre vous et puis il y a eu un gros problème. On a basculé dans un monde perpendiculaire, un multi-monde selon la physique quantique. Celui-là était dominé par une femme, une sorte de demi-déesse, le genre d'individu qu'il vaut mieux éviter.

    Pourtant elle nous a permis de connaître le secret des cathédrales et celui de la genèse. Il y a eu un prix à payer. J'en ignore encore le montant.

    Sous l'éclairage du cosmos il n'y a pas grand-chose qui tienne debout.

     

    Auteur : Pascale Ponsart

     

    Edition : Librinova

     

    Genre : Science-fiction

     

    Date de parution : 19 juin 2017

     

    Prix moyen : 5€ (format numérique)

     

    Mon avis : Quand on s’aventure à lire des livres auto édités on tombe souvent d’un extrême à l’autre : soit on découvre une petite pépite passée inaperçue comme la mécanique du chaos de Tom Joad ou Otage de ma mémoire de Marilyse Trecourt, qui peuvent avoir besoin de petites corrections mais que l’on dévore ; soit on tombe sur des livres dont on comprend pourquoi ils ont dû être autoédité et qui confirment qu’être écrivain n’est pas donné à tout le monde.
    Dans le cas de l’avenir oublié, dès le quatrième de couverture, on se doute qu’on est dans le second cas, et la lecture ne fait, malheureusement que confirmer cette intuition.
    Dès le début, on en peut que remarquer la lourdeur de l’écriture, comme si l’auteur avait transcrit ses idées sans les mettre en ordre, sans non plus faire une sorte d’adaptation de l’histoire au format « parlé » à l’histoire au format « roman ». En résulte un texte lourd et difficile à suivre.

    Ce côté brouillon se ressent dans tout le roman, avec parfois, souvent, des phrases qui s’enchainent sans suite logique, sans qu’on sache bien où l’auteur veut en venir. On commence, continue et termine le livre sans vraiment comprendre quel en était le but.
    Les personnages ne sont pas assez approfondis, comme si on avait un début de portrait qui aurait été abandonné en route pour passer à autre chose.
    Et ce ne sont pas les dizaines de coquilles et les passages intempestifs du récit du passé au présent qui vont nous aider à y voir plus clair.
    Le pire pour moi a été ces long monologues, qui s’ouvrent souvent sur un « - » et dont on ne sait jamais avec certitude s’ils sont pensés ou dit à voix haute. Je pense que l’auteur a voulu aller trop vite pour nous faire connaitre son univers au début, puis pour faire avancer l’histoire. Mais ces monologues sont tout sauf naturels.
    J’ai eu l’impression de perdre mon temps. Je serais incapable de résumer l’histoire tant elle est restée nébuleuse à mes yeux.

    Si je devais ne me baser que sur ce roman, je ne donnerais plus leur chance à des auteurs autoédités. Peut-être ne dois-je lire que ceux qui proposent aussi bien un format numérique qu’un format papier. Ce dernier nécessitant un investissement, peut être que cela permettra de faire un premier tri. A méditer.

     

    Un extrait : Claude avait trimballé des pénibles qui voulaient, à tout prix, faire un détour par le lac neigeux de la troisième galaxie. Probablement des touristes en panne de romantisme qui souhaitaient se requinquer à la vision d’une civilisation disparue dans un magma de gaz lourds. Pourtant, il n’en restait rien, qu’une immensité rose et bleue, percée de flèches cruciformes, tourmentées par l’horreur qui avait ravagé leurs fondations.

    Sous le regard compréhensif et professionnel de Lydie, la copilote, les clients s’étaient longuement extasiés sur la grandiose beauté du site, mais aussitôt déposés, ils s’étaient crus obligés de prendre la mine navrée de ceux qui ne savent pas marchander. Lydie avait l’habitude, ce qui explique que cinq minutes plus tard, elle comptabilisait un bien gros chiffre pour une course aussi peinarde.

    Elle se voyait déjà rentrer tranquillement au bercail, lorsque le central couina un appel.

    — 713 pour Dénébola. 144/28/47, point 0…

    Le message continua, égrenant des sons creux, des chiffres sans grand intérêt. Dans un taxi sans client pour ne pas les comprendre, ils paraissaient dévitalisés, amorphes dans le silence.

    Lydie traduisit de sa voix chaleureuse :

    — Claude, il faut ramener discrètement deux « huiles » sur terre !

    Il s’agissait sûrement de la dernière mode. Les « cinq barrettes » se glissaient avec plaisir et effroi dans les quartiers miteux de Dénébola et pour compléter leurs sensations de frissons inconnus, ils se faisaient reconduire dans leurs palaces par des taxis miteux.

    Claude, pilote de son état rêvassait avec langueur :

    — Lydie, c’est vraiment une fille superbe, sculpturale, ravissante quoi ! Elle fait rêver tous les copains et tous les clients mâles. Bien sûr, c’est pour çaqu’elle peut faire ce boulot ! N’empêche ! Elle a vraiment le physique d’une « grande » de ce monde, même s’il lui manque ce rien de chic, de distinction, d’élégance qui pourrait en faire une femme somptueuse, comme celles qu’on voit à la télé. Le travail de copilote lui accentue peut-être certaines rides, celles qui rejoignent le nez aux lèvres, mâchurées de fatigue, celles du front creusées par des fins de mois difficiles ou par les ambitions frustrées. Comment savoir ? C’est normal ! Elle est presque trop belle pour ce qu’elle fait. Sa crinière blonde de lionne, sa taille de guêpe, ses jambes parfaites…Ça en fait beaucoup trop pour une « taxi » !

    Comme Claude, Lydie était née « en bas », de père marteleur et de mère féconde. Elle avait brillamment réussi tous les diplômes et examens qu’ils avaient pu lui payer, mais à la fin de ses études, elle n’avait pu qu’entrer au S.E.V.I.C.E.S* Il lui manquait les relations nécessaires pour trouver un poste à sa mesure. Son brave homme de père ne lui avait dégoté qu’un mi-temps de stérilisatrice de sérielles. Des parents comme ceux-là, on les traitait d’« une barrette » depuis qu’un bijoutier génial avait commercialisé des bijoux adaptés à chaque budget.


    * S.E.V.I.C.E.S signifie Service d’Essai Visant à l’Insertion des Candidats à l’Escalade Sociale.

     

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  • [Livre] Le passé meurtri

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    Résumé : Ecrivain reconnu, Elizabeth Walker offre au monde l’image d’une femme réservée et distante, soucieuse avant tout de protéger sa vie privée. Mais derrière cette froideur se cachent en réalité des blessures que le temps n’a jamais pu cicatriser : orpheline à cinq ans, elle a vécu une enfance solitaire, ballottée de famille d’accueil en famille d’accueil, sans jamais revoir ses deux jeunes sœurs. Autant d’épreuves qui l’ont amenée à ériger autour d’elle des murs infranchissables…

    Mais sa vie bien ordonnée bascule le jour où sa meilleure amie Gina est menacée de perdre la garde de sa fille Jesse. Le père de l’enfant, un homme aussi influent que violent, a pour cela fait appel à Ryan Paxton, l’un des meilleurs avocats de la ville. Bouleversée, Elizabeth se révolte contre ce qu’elle considère comme une injustice de trop. Puisqu’il faut se battre, elle le fera. Pour Gina. Pour Jesse, sa filleule adorée. Et aussi pour se donner à elle-même une chance de tourner enfin la page du passé…

     

    Auteur : Karen Young

     

    Edition : Harlequin Bestseller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 01 janvier 2006

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Dans ce thriller, le nom du coupable ne nous pose pas de problème puisqu’on le connait depuis le début. On sait aussi ce qu’il a fait (ou disons qu’on a de très fortes certitudes). L’essentiel de l’intrigue repose plus sur le fait de savoir comment il va être confondu et comment protéger sa fille de lui.
    La petite Jesse fait de la peine quand on voit la gamine vivante et volubile que l’on rencontre dès les premières pages et la gosse muette et terrifiée qu’elle devient après l’accident. D’ailleurs quand on voit sa réaction à chaque fois qu’elle croise son père, il n’y a pas besoin d’être psy pour se douter de ce qu’il s’est exactement passé.
    J’ai trouvé ce thriller encore plus angoissant que lorsqu’on cherche qui peut bien être le coupable car ici, on connait presque les faits à l’avance, on sait ce qu’il va probablement se passer et on voit les personnages impuissant à empêcher les évènements qu’ils redoutent se produire.
    La fille de Ray, Jen, est probablement le personnage qui évolue le plus avec Elizabeth.
    Si Elizabeth sort de la coquille dans laquelle elle s’est réfugiée depuis l’incendie qui a fait d’elle une orpheline (d’ailleurs j’ai beaucoup de mal avec cette décision des services sociaux de faire adopter deux des trois sœurs et de laisser la troisième errer d’une famille à l’autre), Jen, elle, montre à tous qu’elle n’est pas seulement une adolescente qui a pris quelques mauvaises décisions.
    Dès le début, je savais que Louis gardait un secret, mais j’étais loin de me douter duquel. Je n’ai compris que peu de temps avant la révélation à cause d’une réflexion qu’il fait en parlant avec Ray.
    Lindsay est un peu énervante au début, à vouloir forcer Elizabeth à reprendre contact avec elle sans sembler se soucier de ses sentiments. Sur ce coup-là, j’ai nettement préférée Megan, plus encline à laisser Elizabeth venir vers elles à son rythme si elle le souhaite.
    Mais Lindsay remonte dans mon estime dans sa détermination à aider Elizabeth et Jesse.
    Ray est quelqu’un de solide qui sait reconnaitre ses torts que ce soit ceux qu’il a envers sa fille ou ceux qu’il a d’avoir mal jugé Elizabeth à cause de l’identité de son père.
    Enfin il y a Austin, le père de Jesse et le « méchant » de l’histoire. A un moment, la fille de Ray dit qu’il est plus pathétique qu’autre chose. Je comprends ce qu’elle veut dire. Quand on voit son père, on comprend bien l’exemple qui lui a été donné et l’enfance qu’il a vécu. Cependant, je ne trouve pas que ce soit une raison suffisante pour tout ce qu’il fait. Etre réticent à payer une pension alimentaire, ça je peux le comprendre. Tout le reste : non.
    Tout le livre se dévore. Il n’y a pas forcément d’action époustouflante mais le rythme reste quand même élevé avec cette angoisse sur le sort de la fillette qui ne nous lâche pas même lorsqu’il n’est pas au premier plan. Si je ne l’avais pas vu de mes propres yeux, jamais je n’aurais cru que ce livre faisait plus de 500 pages quand je vois la vitesse à laquelle je l’ai lu. Quand je l’ai refermé, j’avais l’impression de n’avoir lu que 200 ou 300 pages. Il n’y a pas de temps mort et tout s’enchaîne avec une précision diabolique.

     

    Un extrait : - Je me fiche de savoir comment vous allez vous y prendre. Détruisez-la, un point c’est tout !
    Ryan Paxton laissa retomber son stylo sur le bloc-notes qu’il venait de couvrir d’une écriture nerveuse, et s’adossa à son fauteuil. Impassible, il regarda son collègue, le visage tordu par la colère et les mâchoires crispées, faire les cent pas dans le bureau.
    - Vous y allez un peu fort, Austin, protesta-t-il. Rien de ce que vous venez de me dire n’est de nature à convaincre un juge de refuser à Gina la compensation financière à laquelle elle peut prétendre après huit ans de vie commune.
    - C’est bien pourquoi nous devons la détruire.
    Ryan ne put retenir un soupir de frustration. Il avait accepté de représenter Austin Leggett uniquement parce que son père, principal associé de Leggett, Jones & Brunson, lui avait demandé comme un service personnel de tirer son rejeton d’une « sale affaire ». Curtiss voulait régler cette situation rapidement, proprement et définitivement afin qu’elle n’entache pas la réputation de la firme.
    Sans se faire d’illusions quant à ses chances de succès, Ryan consulta ses notes d’un œil songeur. Austin s’était accroché aux basques de Gina d’Angelo aussitôt qu’elle avait mis les pieds chez LJ&B, huit ans plus tôt. Ensemble, ils avaient une petite fille de cinq ans. Et maintenant, celui qui avait initié cette relation voulait  mettre un terme sans en assumer les conséquences financières. S’il s’était écouté, Ryan serait allé sans tarder informer Curtiss qu’il ne voulait en aucun cas être mêlé de près ou de loin aux sordides mésaventures sentimentales de son fils. Mais en tant qu’associé à part entière de la firme, il était concerné par la réputation de LJ&B. Hélas, Austin Leggett, lui, ne semblait pas étouffé par de tels scrupules…
    - Vous n’en seriez pas là, lança Ryan sèchement, si vous aviez respecté la règle de non-fraternisation avec le personnel qui est en vigueur dans cette entreprise.
    Austin haussa les épaules. Les mains plongées au fond de ses poches, il avait l’air d’un adolescent boudeur, forcé de se justifier après un écart de conduite.

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  • [Livre] Le refuge de l'ange

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    Résumé : Seule rescapée d'un horrible massacre, la jeune Reece pense avoir trouvé la sécurité dans un village reculé du Wyoming, où de longues randonnées solitaires l'aident à oublier les cauchemars de son passé. Un jour en scrutant la nature avec ses jumelles, elle est le témoin d'un meurtre. Mais lorsqu'elle parvient sur les lieux du crime, sur l'autre versant de la vallée, plus aucune trace de la victime ou du tueur. Devant l'incrédulité de la police locale, confrontée à une série d'incidents qui la menacent directement, Reece n'aura d'autre choix que de traquer elle-même l'assassin.

     

    Auteur : Nora Roberts

     

    Edition : j’ai lu

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 19 février 2014

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Comme toujours avec Nora Roberts, j’ai embarqué sans problème dans son histoire.
    Certes, n’on échappe pas à la romance entre les deux personnages que tout séparent au premier abord, mais c’est un classique des polars, comme si l’enquête ne pouvait exister sans la présence d’un couple.
    Cependant, excepté cela, l’histoire est bien menée. Les indices sont bien disséminé ce qui ne permet pas forcément de trouver le coupable avec facilité.
    Pour ma part, j’ai soupçonné deux personnages et je me suis royalement plantée. Bon le premier, je m’en doutais un peu, il avait tellement le profil du tueur qu’au final il était presque impossible qu’il le soit (mais sait-on jamais, parfois, les évidences sont les bonnes).
    Pour le second, je savais qu’il manquait un élément pour que ça puisse être lui, mais je ne voyais pas qui d’autre pouvait être le coupable (et pourtant, une fois qu’on le sait, on se dit que c’est plus qu’évident).
    Il est dommage que le 4ème de couverture nous dévoile le passé de Reece car j’ai bien aimé que l’on ne découvre ce dernier que petit à petit, au fil des souvenirs et des cauchemars de cette dernière.
    Il y a peut-être un peu moins d’action que dans d’autres romans de Nora Roberts et très nettement moins que dans la plupart des thrillers, mais bon une enquête qui repose sur des déductions et de la réflexion plutôt que de voir deux apprentis enquêteurs foncer dans le tas tête baissée change agréablement.
    J’ai surtout aimé le côté un peu perdu de l’héroïne qui ne sait pas très bien elle-même si ce qu’elle découvre est le fruit de son état mental fragile ou celui d’un persécuteur.
    J’ai bien aimé aussi l’ambiance petit village où un secret ne peut pas être gardé et où on n’imagine pas trouver un tueur.
    La patronne de Reece est, de loin, mon personnage préféré : brusque, impatiente, mais qui cache un cœur d’or, elle sera un pilier pour Reece, autant pour se reconstruire que pour faire face à tous ses évènements.
    Sans grande surprise, Nora Roberts nous a livré un thriller correct sans pour autant qu’il soit inoubliable.

     

    Un extrait : Non loin de là, à travers les branches dénudées des saules et des peupliers, elle aperçut quelques-uns des bungalows que Mac avait mentionnés. Des petits pavillons de bois et de verre pourvus de vérandas qui offraient une vue magnifique. Ce devait être agréable de s'y asseoir pour jouir du paysage, regarder les gens qui s'aventuraient à travers les marécages couverts de roseaux des étangs, disposer de tout cet espace autour de soi, de toute cette quiétude. Un jour peut-être, mais pas aujourd'hui. Elle aperçut des tiges de jonquilles dans un demi-tonneau à whisky, devant l'entrée d'un restaurant. Certes, elles s'agitaient un peu dans le vent frisquet, mais elles évoquaient le printemps. Tout se renouvelait au printemps, à commencer par elle-même, avec un peu de chance...

    Elle s'arrêta pour admirer les jeunes pousses. Cela faisait du bien de sortir enfin de ce long hiver. Les signes de renaissance allaient se multiplier, désormais. Son guide touristique glorifiait les étendues de fleurs sauvages qui poussaient le long des marécages, des lacs et des étangs.

    Son regard glissa vers la vitrine du restaurant, plutôt une gargote familiale d'ailleurs, avec des tables pour deux et pour quatre, des box, des murs rouge et blanc plutôt défraîchis. Sur le comptoir étaient présentés des gâteaux et des tartes et derrière on apercevait la cuisine. Deux serveuses allaient et venaient, armées de plateaux et de cafetières. La foule du déjeuner. Reece avait oublié le déjeuner. C'est alors qu'elle remarqua l'affichette manuscrite collée sur la vitre :

    ON RECHERCHE UN CUISINIER S'ADRESSER ICI

    Fallait-il y voir un nouveau signe ?

     

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  • [Livre] La perle et la coquille

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    Résumé : Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses sœurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu’à ce qu’elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d’une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.

     

    Auteur : Nadia Hashimi

     

    Edition : Milady

     

    Genre : roman contemporain

     

    Date de parution : 17 juin 2016

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : L’auteur nous dévoile parallèlement les histoires de Shekiba et de Rahima, la première étant l’arrière-arrière-grand-mère de la seconde. Les deux histoires, qui ont eu lieu à un siècle d’intervalle, sont étrangement similaires malgré les années qui les séparent. A première vue, on se dit que les choses n’ont pas changé et puis on se rend compte que non, certaines choses ont changé, mais qu’il y a eu un retour en arrière, surtout au niveau du sort des femmes.
    En 1911, Shekiba perd toute sa famille du choléra. Si elle essaie de continuer à vivre seule un temps, son secret est vite découvert, et, ses oncles convoitant la terre de son père, l’envoie vivre avec sa grand-mère qui la traite en esclave. Il faut dire que Shekiba traine deux boulets : le premier est un visage à moitié brûlé lors d’un accident domestique dans un pays qui ne tolère pas les handicaps. Le second est que son père a refusé d’épouser la femme qui lui destinait pour choisir à la place celle qui sera la mère de Shekiba. Avec un prénom qui, ironiquement, signifie cadeau, Shekiba va passer de mains en mains pour échouer au harem du roi, non pas comme concubine, mais comme garde. En effet, le roi, paranoïaque, refuse que ses femmes soient gardées par des hommes et leur préfère des femmes déguisées en homme. Une nouvelle liberté pour Shekiba, mais aussi un cadeau empoisonné.
    Un siècle plus tard, Rahima, 9 ans, est retirée de l’école avec ses sœurs par son père car des garçons les ennuient sur le trajet, et que dans ces cas-là, la faute retombe sur les filles qui sont vite mal vues par les voisins.
    Sur les conseils de leur tante Shaima, Rahima va être transformée en Bacha Posh : une fillette que l’on déguise en garçon jusqu’à ce qu’elle soit en âge de se marier afin qu’elle puisse aider sa famille et servir de chaperon à ses sœurs. Mais après avoir goûté une telle liberté, le retour à une vie de femme, avec en plus un mariage détestable va être un véritable drame dans la vie de Rahima.
    A travers les deux histoires, l’auteur dénonce les conditions de vie des femmes qui ne sont que des objets que l’on peut déplacer, vendre, louer, au gré des envies des hommes de la famille, et qui ne connaissent qu’une vie d’esclavage et de violence, souvent sous la coupe d’une belle-mère qui prend une revanche sur la vie en maltraitant ses belles-filles.
    Au cours de l’histoire de Shekiba, on reprend espoir pour les femmes quand le nouveau roi veut les libérer de leur voile, leur donner une voix. Mais force est de constater qu’un siècle plus tard, surtout dans les campagnes, les conditions de vie ne se sont absolument pas améliorées, et ceux malgré des lois censées en faire des citoyennes à part entière.
    La plume de Nadia Hashimi est puissante, pendant la moitié du livre, j’ai tremblé pour ses héroïnes, j’ai pleuré, j’ai trépigné… bref, comme on dit, je l’ai vécu intensément et j’ai eu un énorme coup de cœur !

     

    Un extrait : En effet, quand vint le moment d’affronter notre père, la petite fille de neuf ans que j’étais alors ne fit pas la fière. Lèvres scellées, je gardai mes pensées pour moi. Au bout du compte, Padar-jan décida une fois de plus de nous retirer de l’école.

    Nous le suppliâmes de changer d’avis. Une des professeurs de Parwin, une amie d’enfance de Madar-jan, vint même à la maison pour raisonner mes parents. Padar-jan avait déjà fléchi par le passé mais cette fois-ci, c’était différent. Il aurait préféré que nous soyons scolarisées mais ne voyait pas comment faire pour que cela se passe sans encombre. Que penseraient les gens en voyant ses filles pourchassées par des garçons du village ? Des choses affreuses, pour sûr.

    — Si j’avais eu un fils, ce genre de choses n’arriverait pas ! Bon sang ! Fallait-il que nous ayons une maison pleine de filles ? Pas une, pas deux, mais cinq ! s’énervait-il.

    Pendant ce temps, Madar-jan s’occupait des tâches domestiques, le dos courbé sous le poids de la déception.

    Les humeurs de notre père avaient empiré ces derniers temps. Madar-jan nous conseillait de nous taire et de nous montrer respectueuses. Elle nous expliqua qu’une accumulation de malheurs s’était abattue sur Padar-jan, d’où ses colères répétées. Si nous nous comportions bien, nous dit-elle, il reviendrait bientôt à son état normal. Pourtant, nous avions de plus en plus de mal à nous souvenir d’un temps où Padar-jan n’était pas furieux et ne criait pas.

    Comme nous étions à la maison, je reçus pour mission de m’occuper des courses. Mes sœurs aînées étaient mises en quarantaine puisqu’elles étaient plus âgées et attiraient donc davantage l’attention. Quant à moi, encore parfaitement transparente aux yeux des garçons, je ne risquais rien.

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  • [Livre] Les 76 jours de Marie-Antoinette à la Conciergerie – T01 – la conjuration de l’œillet

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    Résumé : Jetant sur l'épouvantable épisode de la Terreur un éclairage original nourri de plusieurs années de recherches dans les archives de la Révolution, Paul Belaiche-Daninos révèle la lutte acharnée du baron Jean de Batz pour libérer Marie-Antoinette de la prison de la Conciergerie. Aidé dans son combat par le chevalier Alexandre de Rougeville, le baron de Batz monte un vaste complot contre-révolutionnaire en achetant à prix d'or tous les responsables de la détention de la Reine. C'est cette intrigue qui restera dans l'Histoire sous le nom de "conjuration de l'Oeillet". Réquisitoire contre la peine de mort, dénonciation de la folie sanguinaire des artisans de la Terreur et récit palpitant de ces soixante-seize jours de détention, cet ouvrage publié par Actes Sud a séduit un grand nombre de lecteurs avant d'être couronné par le prix Jacques de Fouchier de l'Académie française

     

    Auteur : Paul Belaiche-Daninos

     

    Edition : Actes Sud

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 08 mars 2006

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Ce premier tome, qui est consacré au premier mois de l’incarcération de la Reine à la conciergerie, nous relate au jour le jour non seulement les conditions dégradantes et inacceptables de la détention de Marie-Antoinette mais également le déroulement de la conjuration des œillets que les révolutionnaires vont réduire au rang d’intrigue de prison par peur du ridicule.
    L’auteur se montre incisif envers les révolutionnaires, pointant sans relâche non seulement leur avidité de pouvoir mais aussi leur soif de sang et leur haine.
    L’auteur, qui s’est documenté pendant plus de quatre ans, qui dans son récit qu’il nous livre sous forme de roman nous livre les paroles réellement prononcées par les protagonistes dès lors qu’il en a trouvé une trace, nous livre des statistiques qui montrent bien l’hypocrisie des révolutionnaires.
    En effet, la majorité des victimes de la révolution, la majorité des 40 000 personnes envoyées à la guillotine sous le moindre prétexte, était des gens du peuple (84% des guillotinés sont issus du peuple, 14% sont issus de la noblesse et seulement 2% des privilégiés).
    La lâcheté de l’empereur d’Autrice, neveu de la Reine, ainsi que le manque de réaction de ceux qui avaient juré de la protéger lorsqu’elle est devenue dauphine de France, comme le comte de Mercy Argenteau, qui se désintéresse du sort de Marie-Antoinette au seul prétexte qu’elle ne peut rien lui apporter, est une honte. L’impératrice Marie-Thérèse n’aurait jamais toléré une telle attitude.
    L’auteur ne se montre guère tendre avec Axel de Fersen qu’il dépeint comme une royaliste refusant la moindre concession et dont les mauvais conseils aurait fait du tort à la Reine en faisant échouer la monarchie constitutionnelle.
    Finalement, ce sont le baron Jean de Batz et surtout le peuple (notamment les perruquiers qui se retrouvent sans travail, mais aussi les simple commerçants, pris à la gorge par la loi du maximum qui les empêche d’avoir une vie décente).
    On ne peut qu’être choqué par certaines pratiques comme le fait de condamner une personne à la place d’une autre à cause de noms similaires mais de refuser de réparer son erreur, de pré-remplir les actes d’accusation avec le même motif de comparution pour tous, ou encore de déférer devant le tribunal des jurés qui n’auraient pas voté la peine de mort d’un accusé.
    A la lecture de ce tome, sentiment qui ne va sûrement pas s’arranger avec le second tome, comment garder ne serait-ce qu’une once de sympathie pour toute une clique qui a utilisé les souffrances du peuple pour s’emparer du pouvoir (sans pour autant améliorer les conditions de vie de ceux qu’ils prétendaient vouloir sauver). Cela me fait penser au peuple iranien qui a destitué le Shah d’Iran pour mettre au pouvoir l’ayatollah Khomeiny qui, très vite, s’est révélé bien pire que celui qu’il a remplacé.
    Ici, on peut se poser la même question, les rois, quelques aient été leurs fautes, ont-ils réellement été pire que les hommes assoiffés de sang qui leur ont succédés ?

     

    Un extrait : Poussée par ses geôliers, la Reine Marie-Antoinette pénètre dans les profondeurs de la Conciergerie. Louis Larivière le guichetier ouvre devant elle une lourde grille de fer qui donne accès à une première salle appelée « avant-greffe ».
    L’avant-greffe est le passage obligé pour tout visiteur qui entre ou qui sort de la Conciergerie. C’est le vestibule de la prison. On lui a donné le nom d’«avant-greffe » parce qu’il précède une autre salle appelée « chambre du greffe », véritable antichambre de la mort où les condamnés attendent le bourreau pour être conduits à l’échafaud.
    A la Conciergerie, chaque issue est barrée par une grille que garde un factionnaire en armes escorté d’un molosse. Ces grilles s’appellent « guichets » et leurs gardiens « guichetiers » ou « porte-clefs ». La grille en fer disposée à l’intérieur même d’une porte ajourée est limitée dans sa partie inférieure par une haute dalle de pierre contraignant le visiteur à lever le pied, et dans sa partie supérieure par une poutre basse l’obligeant à se courber profondément. Cette disposition a été conçue pour ralentir la fuite éventuelle d’un prisonnier.
    La Reine, en franchissant ce premier carrefour de la mort, entend la lourde porte métallique se refermer derrière elle. C’est habituellement là, dans l’avant-greffe, que Richard se tient derrière une grande table, bien installé dans un grand fauteuil de cuir noir à oreilles. Derrière lui, des casiers contiennent les dossiers des prisonniers. C’est à ce fauteuil que les victimes du régime s’adressent pour solliciter l’appui du maître, dont  l’humeur changeante peut être un regard foudroyant ou une attitude bienveillante. Quand le groupe  atteint l’avant-greffe, le concierge se précipite aussitôt au devant de Michonis
    - Bonsoir citoyen administrateur ! Tout est prêt ! 

     

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  • [Livre] Un palais d’épines et de roses – T01

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    Résumé : En chassant dans les bois enneigés, Feyre voulait seulement nourrir sa famille. Mais elle a commis l'irréparable en tuant un Fae, et la voici emmenée de force à Prythian, royaume des immortels.

    Là-bas, pourtant, sa prison est un palais magnifique et son geôlier n'a rien d'un monstre. Tamlin, un Grand Seigneur Fae, la traite comme une princesse.

    Et quel est ce mal qui ronge le royaume et risque de s'étendre à celui des mortels ?

    A l'évidence, Feyre n'est pas une simple prisonnière. Mais comment une jeune humaine d'origine aussi modeste pourrait-elle venir en aide à de si puissants seigneurs ?

    Sa liberté, en tout cas, semble être à ce prix.

     

    Auteur : Sarah J. Maas

     

    Edition : La Martinière Jeunesse

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 09 février 2017

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Si on veut donner une définition superficielle de ce livre, on peut dire que c’est une réécriture de la Belle et la Bête. Mais il est tellement plus que cela. Oui, on est dans la Belle et la Bête mais ici la Belle a une véritable identité, elle n’est pas que l’innocence dont on attend qu’elle défaille entre les bras de la Bête, laquelle, elle aussi est pourvue d’un nom et ne harcèle pas la demoiselle pour qu’elle l’épouse.
    Au-delà de leurs noms, Feyre (la belle) et Tamlin (la bête) ont un passé, des sentiments, de la famille, des ennemis, des amis. Ils ne sont pas isolés du monde mais sont au milieu d’un univers très riche, où chaque personnage a été approfondi et développé au point qu’on a l’impression d’avoir déjà lu un livre sur eux. Que ce soit la grande méchante (digne de Maléfique) ou l’ami qui apporte une touche d’humour, on sait comment et pourquoi ils sont arrivés là où ils sont.
    Si l’histoire prend sa source dans le conte de la belle et la bête, on trouve des clins d’œil à d’autres contes, comme Cendrillon avec le tri des lentilles.
    J’ai beaucoup aimé Feyre qui se sacrifie pour sa famille sans jamais rien obtenir en retour. Je comprends sa réaction face aux immortels, surtout qu’on lui raconte des horreurs sur eux depuis son enfance et qu’ils ne font pas grand-chose pour se rendre agréable avec leur mépris affichés des humains.
    Tamlin est sans doute le plus agréable de tous, car même si Lucien et Alis sont sympathiques, ils laissent assez souvent échapper que pour eux les mortels sont inférieurs, alors que Tamlin essaie de ne pas laisser entendre trop souvent ce genre de choses.
    La sœur aînée de Feyre, Nesta, est assez difficile à cerner : quand on croit s’être fait une idée assez précise d’elle, elle dévoile une autre part de sa personnalité qui remet (presque) tout en cause.
    Ce roman est classé en Young adult et je ne le conseille pas aux plus jeunes car, surtout dans la seconde partie, il y a beaucoup de scène assez difficile que ce soit de pure violence ou avec des sous-entendus sexuels.
    L’histoire d’amour commence assez rapidement au vu de la longueur du livre, mais prend forme progressivement avec des doutes, des craintes, des hésitations, de parts et d’autres.
    Pour résumé c’est une réécriture de conte qui se développe bien au-delà de l’histoire originale, qu’elle étoffe et rend plus moderne, plus mature, plus complexe.
    Et au vue de la réaction d’un des personnages vis-à-vis de Feyre, à la presque fin, je suis très impatiente de lire la suite pour savoir ce que cela implique !

     

    Un extrait : La neige gelée crissa sous les semelles de mes bottes usées jusqu’à la trame et je grimaçai : visibilité réduite et bruit inopportun – j’allais rentrer encore bredouille.

    La nuit tomberait bientôt. Si je m’attardais ici, je devrais rentrer chez moi dans l’obscurité et j’avais encore en mémoire les avertissements des chasseurs de la ville : des meutes de loups géants rôdaient dans les environs. Sans parler des rumeurs sur d’étranges créatures aperçues dans les parages, des êtres de haute taille et mortellement dangereux.

    Tout sauf des immortels – c’étaient les prières que nos chasseurs adressaient à des dieux pourtant oubliés depuis longtemps, et je joignais secrètement les miennes aux leurs. Depuis huit ans que nous habitions ce village, à deux jours de voyage de la frontière de Prythian, terre des immortels, ces derniers nous avaient épargnés. Mais des marchands ambulants nous parlaient parfois de lointaines villes frontalières réduites en cendres. Ces récits, autrefois assez rares pour être considérés comme de simples rumeurs, étaient devenus quotidiens dans les nouvelles qu’on se chuchotait les jours de marché au cours de ces derniers mois.

    J’avais pris un risque considérable en m’aventurant aussi loin dans la forêt, mais nous avions fini notre dernière miche de pain la veille et nos restes de viande séchée l’avant-veille. Je préférais pourtant passer encore une nuit le ventre creux que de satisfaire l’appétit d’un loup – ou d’un immortel.

    J’aurais néanmoins constitué un maigre festin, car depuis le début de cet hiver, je pouvais compter la plupart de mes côtes. J’évoluais aussi légèrement et aussi discrètement que possible entre les arbres, le poing pressé contre mon estomac vide et douloureux. Je savais d’avance l’expression que je lirais sur le visage de mes sœurs aînées si je rentrais de nouveau les mains vides.

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