Résumé : Peut-on imaginer histoire plus riche en rebondissements et en violences que celle du règne de Henry VIII ? La Renaissance est à son apogée. Aux côtés de François Ier et de Charles Quint, le roi d'Angleterre fait et défait les alliances dans une Europe ensanglantée par les guerres de Religion, où fleurissent pourtant les arts et les lettres. Brillant, cruel, cynique, jouisseur, Henry est un amateur de femmes. Il en aura six, qu'il aimera, répudiera ou supprimera au gré de ses envies, obsédé par le souci d'assurer au trône une descendance. De l'austère Catherine d'Aragon à la troublante Anne Boleyn, de la fragile Jane Seymour à la légère Katherine Howard, ces " lionnes d'Angleterre " vont se livrer une lutte sans merci pour régner sur le cœur du souverain et lui offrir l'héritier mâle qui leur donnerait enfin pouvoir et reconnaissance. Des fastes de la cour au pied de l'échafaud, Catherine Hermary-Vieille évoque avec un rare talent les vies brèves ou brisées des " reines maudites " du Crépuscule des rois.
Auteur : Catherine Hermary-Vieille
Edition : Le livre de poche
Genre : Historique
Date de parution : 03 novembre 2004
Prix moyen : 8€
Mon avis : Ce troisième et dernier tome du crépuscule des rois est consacré aux épouses d’Henry VIII.
Je n’ai pas été à proprement parlé déçue de ce roman, mais j’ai regretté certains choix de l’auteur.
Plus de la moitié du livre est consacré à Anne Boleyn, tous les détails du divorce du roi, de la vie d’Anne, de sa chute, sont minutieusement décris. Puis l’auteur passe rapidement sur Jane Seymour qui s’est sottement laissée mourir en couche et qui ne mérite donc apparemment pas de chapitre digne de ce nom et sur Anne de Clèves, qui elle, petite maligne, a accepté l’annulation de son mariage sans sourciller et a donc sauvé sa peau, ensuite elle revient à un récit très détaillé de l’histoire de Katherine Howard. Quand à Catherine Parr, qui a eu l’outrecuidance de survivre à barbe-bleue, elle n’a même pas droit à un paragraphe entier.
De toute évidence, pour plaire à l’auteur et être digne de son intérêt, il faut avoir posé sa tête sur le billot (oui je sais qu’Anne a été exécutée à l’épée, ne chipotons pas).
C’est un peu dommage de laisser de côté tant de passages alors que l’auteur est capable de faire deux pages sur le menu d’un banquet.
D’autant que par ailleurs le livre est agréable à lire et, s’il ne nous apprend rien de fondamental nous révèle des petits détails amusants, comme le fait que la dernière duchesse de Sufolk, âgée de 15 ans, était à l’origine destinée au fils de Charles Brandon mais que celui-ci avait finalement écarté son fils pour épouser lui-même la demoiselle.
Finalement c’est un troisième tome qui se laisse lire, mais qui, au vu de la qualité de ce qui est relaté, nous fait regretté que toutes les épouses d’Henry VIII ne soit pas logée à la même enseigne.
Un extrait : - Faites en sorte que la Cour ecclésiastique expédie les débats, Wolsey. Je désire une conclusion rapide à l’annulation de mon mariage.
Vêtu de velours et de soie, coiffé d’un béret noisette où brillait une topaze, la haute et massive silhouette d’Henry se découpait dans l’encadrement d’une des fenêtres de son cabinet de travail donnant sur le fleuve.
Les rayons du soleil caressaient le damas feuille-morte du pourpoint rebrodé d’arabesques dont les basques un peu longues couvraient la culotte de satin pourpre. Soigneusement tirés, les bas de soie révélaient des jambes fines, des cuisses musclées. Malgré sa corpulence, le roi gardait sa prestance et sa majesté.
- J’y veillerai, Milord
Le roi observa un instant de silence.
- Ma cause est juste, n’est ce pas, mon ami ? interrogea-t-il soudain d’une voix dénuée de son habituelle assurance.
Depuis des semaines, le souverain ressassait d’éventuels empêchements. Mais les Saintes Ecritures ne laissaient aucune place à la chicanerie : nul ne pouvait épouser la femme de son frère sans vivre en état de péché mortel. Sa punition avait été la mort prématurée de cinq de ses six enfants et la survie d’une fille. Certes, il avait aimé la reine pendant de longues années. Plus âgée que lui, douce, attentionnée, digne, Catherine n’avait pas failli à ses devoirs, elle avait accepté ses fausses couches et la mort de ses nouveau-nés avec courage. Mais désormais il ne la désirait plus.
- Elle l’est, Milord. La cour ecclésiastique se prononcera en votre faveur.
En réalité, le cardinal était sur des charbons ardents. Sans une bulle du pape, le mariage du roi ne pourrait être annulé. Faible, timoré, Clément VII ne signerait rien s’il pressentait une opposition de Charles Quint.
- Vous avez lu mon mémoire, Wolsey ?
- Les tourments de votre conscience ne peuvent y être plus clairement exposés, Milord.
Le roi soupira. Sans Anne, son charme, son intelligence, sa science de le faire se sentir désirable et désiré, il aurait sombré dans la mélancolie. Chaque regard de la reine, ses silences mêmes étaient des reproches. Malgré tout, elle continuait à le traiter avec tendresse, prenait soin de lui comme aux premiers jours de leur mariage, supportait la présence d’Anne qu’elle traitait avec courtoisie.